L'homélie du dimanche (prochain)

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10 avril 2010

Riches en miséricorde ?

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Riches en miséricorde ?

 

Homélie du 2° dimanche de Pâques /Année C

11/04/2010


C’est Jean-Paul II qui a voulu faire de ce 2° Dimanche de Pâques un jour pour fêter la miséricorde divine.

 

Riches en miséricorde ? dans Communauté spirituelle« Voici que le Fils de Dieu, dans sa résurrection, a fait l’expérience radicale de la miséricorde, c’est-à-dire de l’amour du Père plus fort que la mort. Et c’est aussi le même Christ, fils de Dieu, qui, au terme – et en un certain sens au-delà même du terme – de sa mission messianique, se révèle lui-même comme source inépuisable de la miséricorde, de l’amour qui, dans la perspective ultérieure de l’histoire du salut dans l’Église, doit continuellement se montrer plus fort que le péché. Le Christ de Pâques est l’incarnation définitive de la miséricorde, son signe vivant : signe du salut à la fois historique et eschatologique. Dans le même esprit, la liturgie du temps pascal met sur nos lèvres les paroles du Psaume : Misericordias  Domini in aeternum  cantabo, « Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur ». (Dieu riche en miséricorde, n° 8)

 

Effectivement, il y a un lien très fort selon l’évangile entre Pâques et le pardon, entre la résurrection du Christ et la miséricorde du Père.

Le premier mot du Ressuscité est le mot de paix : « la paix soit avec vous ». Cette paix du coeur qui ne s’obtient qu’en la recevant d’un autre qui nous aime.

Le don que le Ressuscité fait à son Église pour vivre de cette paix est l’Esprit.

Le Pape Jean-Paul II le décrivait ainsi :

« Comme les apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l’humanité d’aujourd’hui accueille elle aussi dans le cénacle de l’histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix  à vous ! Il faut que l’humanité se laisse atteindre et imprégner par l’Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C’est l’Esprit qui guérit les blessures du coeur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l’amour du Père et celle de l’unité fraternelle. » (Homélie du 30 avril 2000).

 

La petite Pentecôte d’aujourd’hui est donc liée à la circulation du pardon entre nous, entre Dieu et nous.

Car l’Esprit, c’est la relation vivante, personnifiée.

Relation de profonde communion entre Jésus et celui qu’il appelle « Abba », Père.

Relation d’unité fraternelle entre les hommes qui se reconnaissent dans cette filiation partagée en Jésus.

 

Fêter le pardon à la lumière de Pâques, et Pâques à la lumière du pardon : voilà un enjeu existentiel de ce dimanche de la divine miséricorde !

Et qui a des conséquences très concrètes.

 

- Si renaître, c’est pardonner, alors comment rester dans des amertumes, des conflits, des  silences meurtriers ?

- Si ressusciter, c’est être pardonné, pourquoi ne pas s’ouvrir à cette humble confiance envers Dieu et envers ceux avec qui la relation est difficile ?

- Si la miséricorde est le signe de la victoire sur la mort, comment la réserver à quelques-uns ?

- Si la relation vivante est plus importante que tout, pourquoi laisser des objets ou des choses matérielles nous éloigner les uns des autres ?

 

Dans chaque famille, il y a des sources de blessure, d’opposition, de friction, de  séparation…

Que cette fête de la miséricorde renouvelle nos relations familiales !

Dans chaque communauté, professionnelle, amicale ou ecclésiale, il y a des pardons à échanger.

Que cette identification entre Pâques et la miséricorde divine nous pousse à voir autrement nos collègues, nos amis, nos communautés de vie, pour y pratiquer cette miséricorde, et devenir « artisans de paix ».

 

1ère lecture : La communauté des premiers chrétiens (Ac 5, 12-16)

À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul coeur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge,
et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi.
On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards : ainsi, quand Pierre passerait, il toucherait l’un ou l’autre de son ombre. Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais. Et tous, ils étaient guéris.

Psaume : Ps 117, 1.4, 22-23, 24-25, 26ab.27a.29

R/ Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux. 

Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! 
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire ! 

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! 
Dieu, le Seigneur, nous illumine.
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

2ème lecture : « Je suis le Vivant : écris ce que tu vois » (Ap 1, 9-11a.12-13.17-19)

Moi, Jean,votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus, je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus.
C’était le jour du Seigneur ; je fus inspiré par l’Esprit, et j’entendis derrière moi une voix puissante, pareille au son d’une trompette.
Elle disait :« Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée. »
Elle disait :« Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure. »
Je me retournai pour voir qui me parlait. Quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d’or ;
et au milieu d’eux comme un fils d’homme, vêtu d’une longue tunique ;une ceinture d’or lui serrait la poitrine ;
Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier,
je suis le Vivant : j’étais mort,mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts.
Écris donc ce que tu auras vu : ce qui arrive maintenant, et ce qui arrivera ensuite. »

 

Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
1l y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Patrick BRAUD

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3 avril 2010

Incroyable !

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Incroyable !

 

Homélie du dimanche de Pâques / Année C

04/04/2010

 

Incroyable !

Ce ne peut être qu’un « délire » de femmes, hystériques d’avoir perdu un être cher ! Raisonnablement, c’est inconcevable, inimaginable. Que cet homme Jésus, exécuté devant tous, mort avec certitude, mis au tombeau, soit maintenant réellement en vie, c’est une drôle d’invention de disciples désemparés… C’est ce qu’ont dû se dire Pierre et Jean, puis les compagnons qui avaient connu Jésus, puis les Romains ou les Grecs qui en avait entendu parler…

 

- Incroyable pour des gens raisonnables pour qui évidemment la mort est sans retour.

- Scandaleux pour les juifs qui attendent la résurrection générale à la fin des temps, pas la résurrection d’un seul à la moitié du temps.

- Folie pour les païens dont les dieux n’offrent pas ainsi aux hommes de partager leur intimité en traversant la mort.

 

C’est justement parce que c’est inconcevable que finalement c’est très croyable !

On voit mal en effet des juifs inventer un événement qui va autant à l’encontre de leur représentation du jugement final.

On voit mal des évangélistes inventer la visite au tombeau vide et s’appuyer ainsi sur le témoignage – si peu crédible à l’époque – des femmes.

On voit mal ce qui aurait pu retourner Paul sur le chemin de Damas, ce qui aurait pu motiver des milliers de martyrs à verser leur sang, les Romains militaires ou les Grecs philosophes à suivre une idée aussi folle, s’il n’y avait pas d’abord quelque chose qui s’impose, et que les mots peinent à décrire.

 

On peut l’appeler résurrection, transfiguration, traversée de la mort, vie nouvelle, glorification, exaltation, ascension, session à la droite de Dieu… : cet événement de Pâques est tellement hors normes que le Nouveau Testament essaiera des dizaines de mots ou expressions pour approcher l’inconcevable…

  Incroyable ! dans Communauté spirituelle 220308_resurrection1


À nous aujourd’hui de décliner l’espérance de Pâques avec nos propres mots.

- Ceux qui ont perdu un être cher liront dans l’annonce de Pâques le signal joyeux de leurs retrouvailles à venir.

- Ceux qui ont été blessés, abattus par le mal ou la haine y entendront un chant de victoire : l’amour est plus fort que tout.

- Ceux qui ont été passionnés de vivre y découvriront l’annonce d’une plénitude dont ils ont déjà goûté bien des saveurs.

- Ceux qui ont légitimement douté de l’origine ou du sens de l’aventure humaine y accueilleront la promesse d’une clé pour enfin savoir et comprendre.

- Ceux qui n’ont rien cherché d’autre que de mener une vie tranquille y sentiront un appel d’air extraordinaire, pour se risquer à plus de profondeur…

 

La liste est interminable !

Puisque le Christ est ressuscité, tout peut être relu autrement.

Puisque le Christ est vraiment ressuscité, rien ne peut enfermer cette immense espérance !

 

Laissons la battre et palpiter en nous, cette espérance pascale qui rend folle la sagesse humaine?

Que nos défis, nos traversées, nos passages, soient déjà éclairés de cette plénitude qui nous est promise en Jésus relevé d’entre les morts, et qui nous est déjà partagée dans la vie nouvelle offerte dès maintenant…

 

 


Evangile : Les femmes au tombeau vide (Mc 16, 1-8)

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus.
De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil.
Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »
Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande.
En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur.
Mais il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé.
Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.’ »
Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Patrick BRAUD

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27 mars 2010

Il a été compté avec les pécheurs

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Il a été compté avec les pécheurs

 

Homélie du Dimanche des Rameaux / Année C

28/03/10

 

« Il a été compté avec les pécheurs » (Is 53,12).

 

Cette citation du prophète Isaïe est sans doute la clé, propre à Luc, qui lui permet de déchiffrer l’énigme de la passion de Jésus que nous lisons en ce dimanche des Rameaux.

Luc est en effet le seul évangéliste à aller chercher dans les « chants du Serviteur souffrant » d’Isaïe l’explication du déchaînement du mal contre Jésus, et son apparente faiblesse tout au long de son procès et de sa passion.

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

De Etty Hillesum à Nelson Mandela, du capitaine Dreyfus aux erreurs judiciaires d’aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui peuvent se reconnaître dans cette expérience douloureuse : être injustement rangé au rang des criminels.

Mais, en plus, dans cette passion singulière, c’est Dieu lui-même qui est compté avec les pécheurs ! Le Dieu trois fois saint est plongé dans l’abîme de la dérision, de l’insulte, du mépris, et on veut faire croire à Jésus qu’il est un blasphémateur, qu’il est loin de Dieu, lui l’Intime !

 

L’extrême souffrance de l’accusé Jésus n’est alors pas d’abord la douleur physique des épines ou des clous. C’est l’affreuse immersion dans « l’océan pestilentiel du péché », selon l’expression des mystiques. Il fait corps avec les pécheurs, avec les rejetés, les réprouvés, les exclus de la société, les sans-Dieu, les contre-Dieu…

 

- Contemplez son angoisse au Mont des Oliviers : ce n’est pas la douleur physique qui le fait suer du sang ; c’est l’opprobre de la croix (cf. He 13,13) qui approche, symbole de la malédiction (« maudit soit qui pend au gibet de la croix », dit le Deutéronome 21,23 // Ga 3,13) et de l’éloignement absolu.

- Ressentez sa tristesse, lorsqu’il découvre que les amis et les gestes d’amitié deviennent des armes utilisées contre lui :« Judas, c’est par un baiser que tu livres le fils de l’homme ? » « Pierre, tu vas me renier trois fois ».

- Partagez son indignation lorsqu’on le traite comme un moins que rien : « suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? »

 

- Plongez dans son désarroi lorsqu’on l’insulte : « fais le prophète ! » ; lorsqu’on l’accuse de blasphème (lui, le fils de Dieu !), lorsque Hérode le traite avec mépris et se moque de lui.


- Laissez résonner cet immense silence qui étonne ses accusateurs : Jésus se tait devant le tribunal, comme il s’était tu devant les accusateurs de la femme adultère…

- Mesurez son sentiment d’abandon, et peut-être de honte, lorsque la foule de son peuple lui préfère le meurtrier Barabbas, et crie sa haine : « crucifie-le ! ».

 

- Même l’un des malfaiteurs le traite comme un inférieur : suspendu à la croix, Jésus se fait injurier par l’un de ses compagnons d’infortune…

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

Lui qui était Dieu, il s’est abaissé jusque là (cf. 1° lecture : Philippiens 2,6-11), jusqu’à cette descente aux enfers où on le range avec les blasphémateurs, les sans-Dieu, les criminels à éliminer…

 

 Il a été compté avec les pécheurs dans Communauté spirituelle 3715247704_79de661a56

Pourquoi a-t-il bu cette coupe jusqu’à la lie ?

Pourquoi a-t-il accompli cette prophétie d’Isaïe : être assimilé aux derniers des pécheurs?

·     Pour que nul ne désespère.

·     Pour que nul enfer ne soit scellé à jamais.

·     Pour que ceux dont la dignité est bafouée soient sûrs qu’en Dieu elle est pleinement reconnue.

·     Pour que les exclus, les rejetés des hommes découvrent en Jésus leur frère, qui les  réintroduit dans la famille de Dieu.

·     Pour que ceux dont on se moque, qu’on insulte, qu’on maltraite, qu’on exclut de la compagnie des hommes entendent cette parole incroyable : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

 

Que la passion du Christ vienne soutenir toutes nos passions humaines…

 

 


1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Is 50, 4-7)

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre :je sais que je ne serai pas confondu.
Parole du Serviteur de Dieu : Le Seigneur Dieu m »a ouvert l »oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.

 

Psaume : Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais.

Tu me mènes à la poussière de la mort. +
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. +
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m’as répondu ! +
Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur, + glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël.
Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! »
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son oeuvre !

 

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Ph 2, 6-11)

Lui qui était dans la condition de Dieu,il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.

Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement,
il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir,et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur »,pour la gloire de Dieu le Père.
Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n »a pas jugé bon de revendiquer son droit d »être traité à l »égal de Dieu ;

 

Evangile : La Passion (Lc 22, 14-71; 23, 1-16.18-56)

Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous.
Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Mais non. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait :
« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre.
Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »
Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin.
Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là. Pierre était parmi eux.
Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je n’en suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes.
Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l’emmenèrent devant leur grand conseil.
Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « C’est vous qui dites que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche. »
Quand l »heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à tables, et les Apôtres avec lui.
Ils se levèrent tous ensemble et l’emmenèrent chez Pilate.
Ils se mirent alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et se dit le Roi Messie. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. »
Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu’ici. »
A ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
A la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l’accusaient avec violence.
Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant ils étaient ennemis.
Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
Les chefs des prêtres et les scribes emmenèrent Jésus chez Pilate.
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. »
Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande.
Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous’.
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée,
ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché.
Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c’était un juste. »
Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.
Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste.
Il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

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13 mars 2010

Ressusciter, respirer, se nourrir…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Ressusciter, respirer, se nourrir…

ou

le lien entre Pâques et l’eucharistie

 

Homélie du 4° dimanche de carême / Année C

14/03/10

 

Nous sommes en plein carême. Nous accompagnons les catéchumènes, ces adultes qui se préparent – que nous préparons – au baptême pour la nuit de Pâques. L’événement du baptême est si fort qu’il en vient parfois à occulter les deux autres aspects de ce qui se passe dans la nuit de Pâques pour eux : la confirmation, et la première communion au corps du Christ (dans l’ordre).

 

Or ce lien entre les trois sacrements est capital. Le rituel de l’initiation chrétienne des adultes l’affirme avec force : « Par les sacrements de l’initiation chrétienne, les hommes, délivrés de la puissance des ténèbres, morts avec le Christ, ensevelis avec lui et ressuscités avec lui, reçoivent l’Esprit d’adoption des fils et célèbrent avec tout le peuple de Dieu le mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur » (n° 1).

« Les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie constituent la dernière étape de l’initiation chrétienne.  Recevant le pardon de leurs péchés, les catéchumènes sont incorporés au peuple de Dieu, adoptés comme fils de Dieu, introduits par l’Esprit Saint dans le temps de l’accomplissement des promesses, et ils goûtent déjà au festin du Royaume de Dieu par le sacrifice et le repas eucharistiques » (n° 202).

 

Ressusciter, respirer, se nourrir... dans Communauté spirituelle rdv_pessah_matzah_275Notre première lecture est facilement réinterprétable dans ce sens : « les fils d’Israël célébrèrent la Pâque. Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent le produit de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés ». (Jo 5,10-12)

 

Célébrer la Pâque conduit logiquement à se nourrir d’autre chose que de la manne.

De même, être baptisé amène à chercher d’autres nourritures qu’avant le baptême, et le « pain sans levain » de l’eucharistie est la nourriture de celui qui est entré au-delà du Jourdain dans la terre de sa liberté.

Traverser le Jourdain, comme traverser la mer Rouge, c’est symboliquement traverser la mort, mourir à ses anciens esclavages.

Comme dans la parabole dite « du fils prodigue » d’aujourd’hui : le fils cadet traverse la famine, la misère, la honte d’être moins qu’un porc, et revient vers son père… pour manger ! (« Moi ici je meurs de faim » Lc 15,17)

Et d’ailleurs, aussitôt son fils retrouvé, le père célèbre la Pâque de son fils? en faisant un festin ! (« mangeons et festoyons, car mon fils était mort et il est revenu à la vie » v. 24)

 

Jésus fait lui aussi ce lien entre la résurrection et la nouvelle nourriture : il ordonne de donner à manger à la jeune fille de 12 ans qu’il vient de réveiller (Lc 8,55) ; il va manger avec les pécheurs (Lc 5,30) ; il n’est pas comme la manne incapable de conjurer la mort, mais comme le pain de vie : « celui qui en mangera ne mourra pas » (Jn 6,50).

 

Le lien entre Pâques et l’eucharistie est donc fortement préfiguré dans toute la Bible, et il rejaillit sur l’unité entre les trois sacrements de l’initiation chrétienne.

- À quoi servirait de renaître si on ne nourrissait pas de cette vie nouvelle ? Ce serait de l’anorexie spirituelle ! Et pourtant, ce lien sans doute a été affaibli dans nos consciences, au point que beaucoup se disent catholiques sans  jamais nourrir cette identité catholique (et cette anorexie peut nous guetter tous, même temporairement…).

- Et réciproquement, quel sens cela aurait-il de venir communier sans enraciner cette démarche dans la Pâque du Christ ? Que voudrait dire « prendre l’hostie » si c’est seulement pour faire comme tout le monde (ou presque !), sans d’abord passer par la mort et la résurrection, c’est-à-dire sans vivre d’abord ce chemin de conversion ou nous mourons à nos esclavages pour renaître à notre vraie liberté, intérieure et extérieure ?

 

Josué fait traverser le fleuve, le peuple célèbre la Pâque, puis se nourrit du pain de la Terre promise.

Aujourd’hui, nous menons le combat spirituel du Carême, demain nous célébrerons la Pâque avec les catéchumènes en les baptisant, et avec eux nous nourrirons cette vie nouvelle grâce au pain de la Parole et de l’eucharistie.

 

C’est l’Esprit qui guide son peuple à travers toutes ces étapes.

C’est l’Esprit du sacrement de confirmation qui suscite la faim de liberté et le désir d’une autre nourriture.

C’est l’Esprit qui nous rend fermes (nous « con-firme ») dans cet état de ressuscités en nous faisant prendre une autre alimentation, bien plus « bio », « durable », « équitable » et « éthiquable » que l’ancienne !

 

Les catéchumènes baptisés, confirmés et eucharistiés lors de la nuit de Pâques nous conduirons ainsi à redécouvrir l’unité et la cohérence de l’initiation chrétienne.

Oui il y a un lien entre Pâques et l’eucharistie, et ce lien c’est l’Esprit « vivifiant » (cf. le Credo).

Oui il y a un lien entre notre baptême, notre confirmation, et notre participation au repas eucharistique.

Oui il y a un lien entre se réveiller d’entre les morts, se laisser conduire par l’Esprit, et se nourrir et du pain eucharistique.

Oui : ressusciter, respirer et se nourrir vont bien ensemble, au point que cesser l’un c’est mettre en péril les deux autres.

 

Et vous, sur lequel de ces trois verbes devez-vous mettre l’accent pour terminer ce Carême en beauté ?

 

1ère lecture : L’arrivée en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 10-12)

Lecture du livre de Josué

Après le passage du Jourdain, les fils d’Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho.
Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés.
A partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient les produits de la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan.

 

Psaume : Ps 33, 2-3, 4-5, 6-7

R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur

 

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

 

2ème lecture : Réconciliés avec Dieu par le Christ (2Co 5, 17-21)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né.
Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation.
Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui ; il effaçait pour tous les hommes le compte de leurs péchés, et il mettait dans notre bouche la parole de la réconciliation.
Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.
Frères, si quelqu »un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s »en est allé, un monde nouveau est déjà né
Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c »est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.

 

Evangile : Parabole du père et de ses deux fils (Lc 15, 1-3.11-32)

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
Jésus disait cette parabole : « Un homme avait deux fils.
Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient.’ Et le père fit le partage de ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre.
Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère.
Il alla s’embaucher chez un homme du pays qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.
Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.
Alors il réfléchit : ‘Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !
Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi.
Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils…’
Mais le père dit à ses domestiques : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds.
Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons.
Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent la fête.
Le fils aîné était aux champs. A son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses.
Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait.
Celui-ci répondit : ‘C’est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a vu revenir son fils en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait.
Mais il répliqua : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.
Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »

Patrick BRAUD 

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