L'homélie du dimanche (prochain)

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12 mars 2023

Les faits sont têtus !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Les faits sont têtus !

Homélie pour le 4° Dimanche de Carême / Année A
19/03/2023

Cf. également :

Rousseur et cécité : la divine embauche !
Témoin, à la barre !
Faut-il shabbatiser le Dimanche ?
La barre de fraction de la foi
Ne vous habituez pas à vivre dans le mensonge
La violence a besoin du mensonge

Faites tourner la danseuse…
Les faits sont têtus ! dans Communauté spirituelle danseuse-deux-sensRegardez bien cette image. Voyez la danseuse tourner.
Oui, mais dans quel sens ? Fixez-la un certain temps et vous serez surpris de la voir tourner en sens inverse, alors qu’évidemment l’image n’a pas changé d’un iota ! Le plus étrange, c’est qu’à aucun moment nous n’avons conscience de la moindre ambiguïté : on est sûr de la voir tourner comme ceci ou comme cela. L’ambiguïté n’apparaît qu’après coup, quand on se rend compte que notre point de vue a changé alors que le film est toujours le même. Cette perception, que l’on appelle perception bistable oscille entre deux interprétations possibles.
Comme quoi notre cerveau nous joue des tours, il ne voit que ce qu’il veut bien voir…
Ces illusions d’optique sont connues et exploitées depuis longtemps. Il faut croire malheureusement que l’aveugle-né de notre évangile (Jn 9,1-41) est un peu une danseuse aux yeux des pharisiens : ils veulent qu’il tourne dans un sens, et ne comprennent pas pourquoi lui dit tourner en sens inverse !

Niels Bohr vs Albert Einstein

Niels Bohr vs Albert Einstein

Les faits sont têtus
C’est le propre des idéologues que de tordre la réalité jusqu’à ce qu’elle corresponde plus ou moins à leur conception théorique.
En science, ce genre d’aveuglement a empêché de grands savants d’accepter des théories nouvelles pourtant plus performantes. Bien sûr on se souvient de l’Église romaine, si imbue de son interprétation (littérale) de la Bible qu’elle ne pouvait accepter la réalité d’une Terre tournant autour du soleil et non l’inverse.
Même le grand Einstein est tombé par deux fois dans ce piège. Quand il a voulu sauver la fixité de l’univers à laquelle il croyait dur comme fer, a priori, il a rajouté une « constante cosmologique » dans ses équations de l’univers pour que la réalité s’ajuste à son schéma préconçu. Et quand il a voulu prouver que « Dieu ne joue pas aux dés » dans sa célèbre controverse avec Niels Bohr. Il a perdu, car le hasard est bel et bien à l’œuvre dans l’infiniment petit. Et ce fut un échec cuisant, très difficile à accepter pour Einstein car cela heurtait toutes ses idées sur le réel. Si même Einstein a voulu tordre la réalité pour qu’elle colle à ses représentations, n’espérons pas éviter cette tentation, ce piège de l’intelligence et du cœur.
Comme quoi un schéma préconçu peut empêcher de constater l’évidence physique ! Rassurez-vous, il paraît qu’il y encore 9 % de ‘platistes’ en France, c’est-à-dire de gens qui croient que la Terre est plate ! 

Pendant le Covid, nous avons eu droit aux théories délirantes des antivax et autres complotistes refusant de constater la réalité et bricolant de faux arguments pour contredire les faits. Pendant la guerre en Ukraine, nous avons droit aux contrevérités ahurissantes doctement énoncées par Poutine et ses sbires, mentant ‘les yeux dans les yeux’ à la caméra comme autrefois Mitterrand devant Chirac dans un débat télévisé célèbre… Il faut dire que côté russe, le déni de la réalité est une tradition de plus de 70 ans, et ça laisse des traces. Le sultan d’une époque ancienne aurait dit à propos de l’ambassadeur de Russie, le comte Ignatov : « Cet homme est tellement menteur que même le contraire de ce qu’il dit n’est pas toujours vrai ». TRUTH___PRAVDA_by_asyenka-257x300 aveugle dans Communauté spirituelleUne vieille blague soviétique circulait au sujet de la Pravda (« Vérité ») et Izvestia (« Les informations »), les deux grands journaux de l’URSS : « Il n’y a aucune vérité dans Les informations, et pas la moindre information dans La Vérité ».

On attribue à Lénine la phrase apparemment solide : « les faits sont têtus ». Il l’emploie pour la première fois dans une « lettre aux camarades » de 1917, à propos du soulèvement paysan en Russie :
« Le fait capital dans la vie actuelle de la Russie, c’est le soulèvement paysan. Voilà comment s’effectue en réalité le passage du peuple aux côtés des bolcheviks ; la démonstration est faite non point en paroles, mais en actes. […] Ainsi, les faits confirment la justesse de la ligne du bolchévisme et ses progrès. […] C’est un fait. Les faits sont têtus ». En réalité, il va choisir dans les évènements ceux qui confortent sa thèse…
Il réemploie l’expression pour opposer les matelots de Petrograd, qui se révoltaient, à leurs amiraux en fuite : « Ce sont les héroïques matelots qui combattent, mais cela n’a pas empêché deux amiraux de prendre la fuite avant la prise de l’île d’Œsel !! C’est un fait. Les faits sont têtus. Les faits prouvent que des amiraux sont capables de trahir tout comme Kornilov. Le commandement est partisan de Kornilov, c’est un fait incontestable ».
On apprend quand même au détour d’une autre lettre de 1918 que Lénine reconnaît avoir emprunté le dicton à la sagesse anglaise…
On sait surtout que ce même Lénine, que l’on présente quelquefois comme un ‘doux’ que Staline aurait trahi, était partisan du mensonge, et même de la terreur, pour faire aboutir la cause bolchevique :
« Si pour l’œuvre du communisme il nous fallait exterminer les neuf dixièmes de la population, nous ne devrions pas reculer devant ces sacrifices », écrit-il froidement. Il  ajoute : « Le mensonge n’est pas seulement un moyen qu’il est permis d’employer, c’est le moyen le plus éprouvé de la lutte bolchévique ». Parfois le masque se lève.
C’est lui qui écrivit au Commissaire du peuple Koursky en 1921 : « Camarade Koursky, d’après moi il faut étendre l’application de la fusillade… Pour compléter notre conversation je vous envoie une esquisse d’un paragraphe supplémentaire du Code pénal….La pensée de base, j’espère, est claire, malgré tous les défauts du brouillon : il faut exposer ouvertement une position véridique du point de vue des principes et de la politique (et non pas étroitement juridique), de façon à motiver l’essence et la justification de la terreur, sa nécessité, ses limites. La Justice ne doit pas supprimer la terreur (promettre cela serait tromper ou se tromper) mais la fonder et la légitimer en principe, clairement, sans faux-fuyants ni ornements ».

citation4-1 cécité

Le mensonge totalitaire comme moyen de gouvernement impose par le contrôle des communications et par la terreur répressive une vérité obligatoire, conduisant au double langage et à la construction d’une « surréalité » sans rapport avec le réel.
Tordre la réalité est légitime aux yeux de Lénine si c’est pour faire réussir la lutte ! Malheureusement, le mensonge et la terreur vont de pair comme l’avait si bien diagnostiqué Soljenitsyne : le communisme est le règne du mensonge, et il est terrifiant. Le pouvoir russe actuel est le digne héritier de ces pratiques soviétiques.
Vous me direz : les mensonges des Américains pour envahir l’Irak n’étaient pas plus vrais ! Et vous aurez raison. Et il faut y ajouter pêle-mêle les affolantes ‘post-vérités’ de Donald Trump, l’obstination déraisonnable des climatosceptiques, le déni du génocide arménien par les Turcs, des Vendéens par la République française, des Ouïghours par les Chinois, le refus de la différence sexuée en Occident, le négationnisme contestant la réalité de la Shoah ou de l’Holodomor, le déni de la réalité de l’IVG etc.
Arrêtons là, car la liste est épouvantable.
 

Il n’y a pas pire aveugle…
Jésus et les PharisiensDécidément, l’aveuglement des pharisiens est de toutes les époques et de toutes les cultures, hélas !
Le pauvre aveugle de naissance a beau leur fournir son dossier médical, la preuve de son opération par Jésus, et son état actuel de voyant, les pharisiens n’en démordent pas : Jésus n’est qu’un pécheur, donc il ne peut pas guérir, encore moins un jour de shabbat, donc soit l’aveugle n’est pas vraiment guéri, soit il n’était pas vraiment aveugle.
Croit-on ce que l’on voit ou voit-on ce que l’on croit ?
Nier la réalité ne change pas la réalité mais la perception que nous en avons.
Un peu comme la danseuse qui tourne dans un sens ou dans un autre selon ce que le cerveau a décidé de voir, les témoins de la scène de l’aveugle-né tournent comme des girouettes au vent de leurs croyances.
« N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? » Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble ».
Et lui est obligé de réaffirmer l’évidence : « c’est bien moi ».
Pour être juste avec les pharisiens, il faut noter qu’ils sont divisés eux aussi. Certains croient une réalité, d’autres une autre :
« Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat ». D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés ».
Les parents de l’aveugle restent prudents : ils se contentent de constater les faits, mais refusent de les interpréter, par peur des juifs.
« Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle. Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer ».
Pour la seconde fois, les pharisiens veulent tordre la réalité des faits jusqu’à ce qu’ils correspondent à leur vision a priori :
« Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur ».
Et à nouveau le pauvre homme les ramène à la réalité des faits, que lui ne peut nier car il en est le centre :
« Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois ».
Décidément, il y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir !
 

Ceux qui voient deviennent aveugles
D’où le constat amer que fait Jésus à la fin : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles ».
La remise en question (en grec κρίμα = krima= jugement) apportée par Jésus nous concerne chacun et tous.
C’est bien rare si à l’échelle d’une vie vous n’aurez pas de radicales questions à vous poser, de radicales remises en cause à opérer, dans un domaine ou un autre.
 LénineD’anciens marxistes disciples de Che Guevara comme Régis Debray ont ouvert les yeux sur la folie de leur engagement de jeunesse. Des traders de Lehman Brothers n’ont échappé au suicide que par une reconversion totale. Des salariés démissionnent d’un bullshit job après que les confinements successifs leur aient fait voir l’inanité ou la dangerosité de leur emploi. Bienheureuse crise qui nous lave le regard…. !

Une vraie crise personnelle relève du traitement de Siloé : de la boue pour se rappeler l’humus de notre condition humaine, s’en frotter les yeux pour qu’une nouvelle Création débute comme à la Genèse, une marche vers Siloé pour apprendre à être autonome, un plongeon dans la piscine pour se laver de ce qui nous empêchait de voir, un retour parmi les nôtres pour témoigner de la réalité de l’action du Christ en nous…

Bienheureuse crise qui verra s’effondrer nos certitudes idéologiques aveuglantes !
Bienheureuse boue qui nous obligera à nettoyer en profondeur notre manière de voir les choses et les êtres !
Quand cette crise, quand ce jugement arrive, réjouissons-nous, laissons-nous faire !
Et surtout ne laissons pas les autres raconter à notre place ce qui nous est arrivé…

 

LECTURES DE LA MESSE

1ère lecture : Dieu choisit David comme roi de son peuple (1S 16, 1b.6-7.10-13a)

Lecture du premier livre de Samuel
Le Seigneur dit à Samuel : « J’ai rejeté Saül. Il ne règnera plus sur Isaraël. Je t’envoie chez Jessé de Bethléem, car j’ai découvert un roi parmi ses fils. Prends une corne que tu rempliras d’huile, et pars ! »
En arrivant, Samuel aperçut Éliab, un des fils de Jessé, et il se dit : « Sûrement, c’est celui que le Seigneur a en vue pour lui donner l’onction ! »
Mais le Seigneur dit à Samuel : « Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l’ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur. »
Jessé présenta ainsi à Samuel ses sept fils, et Samuel lui dit : « Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là. N’as-tu pas d’autres garçons ? »
Jessé répondit : « Il reste encore le plus jeune, il est en train de garder le troupeau. »
Alors Samuel dit à Jessé : « Envoie-le chercher : nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé. »
Jessé l’envoya chercher : le garçon était roux, il avait de beaux yeux, il était beau.
Le Seigneur dit alors : « C’est lui ! donne-lui l’onction. »
Samuel prit la corne pleine d’huile, et lui donna l’onction au milieu de ses frères. L’esprit du Seigneur s’empara de David à partir de ce jour-là.

Psaume : Ps 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6
R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer. 

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; 
il me conduit par le juste chemin 
pour l’honneur de son nom. 

Si je traverse les ravins de la mort, 
je ne crains aucun mal, 
car tu es avec moi : 
ton bâton me guide et me rassure. 

Tu prépares la table pour moi 
devant mes ennemis ; 
tu répands le parfum sur ma tête, 
ma coupe est débordante. 

Grâce et bonheur m’accompagnent 
tous les jours de ma vie ; 
j’habiterai la maison du Seigneur 
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : Vivre dans la lumière (Ep 5, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtres aux Éphésiens
Frères,
autrefois, vous étiez ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes devenus lumière ; vivez comme des fils de la lumière ? or la lumière produit tout ce qui est bonté, justice et vérité ? et sachez reconnaître ce qui est capable de plaire au Seigneur.
Ne prenez aucune part aux activités des ténèbres, elles ne produisent rien de bon ; démasquez-les plutôt.
Ce que ces gens-là font en cachette, on a honte d’en parler.
Mais quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité apparaît grâce à la lumière, et tout ce qui apparaît ainsi devient lumière. C’est pourquoi l’on chante :
Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

Évangile : L’aveugle-né (Jn 9, 1-41 [Lecture brève : 9, 1.6-9.13-17.34-38])
Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Lumière du monde, Jésus Christ, celui qui marche à ta suite aura la lumière de la vie.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Jn 8, 12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En sortant du Temple, Jésus vit sur son passage un homme qui était aveugle de naissance.
Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, pourquoi cet homme est-il né aveugle ? Est-ce lui qui a péché, ou bien ses parents ? »Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents. Mais l’action de Dieu devait se manifester en lui. Il nous faut réaliser l’action de celui qui m’a envoyé, pendant qu’il fait encore jour ; déjà la nuit approche, et personne ne pourra plus agir. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

Cela dit, il cracha sur le sol et, avec la salive, il fit de la boue qu’il appliqua sur les yeux de l’aveugle, et il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom signifie : Envoyé). L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.
Ses voisins, et ceux qui étaient habitués à le rencontrer ? car il était mendiant ? dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »
Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui affirmait : « C’est bien moi. »
Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »
Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il m’en a frotté les yeux et il m’a dit : ‘Va te laver à la piscine de Siloé.’ J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »
Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »
On amène aux pharisiens cet homme qui avait été aveugle.
Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.
À leur tour, les pharisiens lui demandèrent : « Comment se fait-il que tu voies ? » Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et maintenant je vois. »
Certains pharisiens disaient : « Celui-là ne vient pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres répliquaient : « Comment un homme pécheur pourrait-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.

Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »
Les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme, qui maintenant voyait, avait été aveugle. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents
et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’il voie maintenant ? »
Les parents répondirent : « Nous savons que c’est bien notre fils, et qu’il est né aveugle.
Mais comment peut-il voir à présent, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »
Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, les Juifs s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de la synagogue tous ceux qui déclareraient que Jésus est le Messie.
Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »
Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien ; mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et maintenant je vois. »
Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »
Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous aussi vous voulez devenir ses disciples ? »
Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples. Moïse, nous savons que Dieu lui a parlé ; quant à celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »
L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux. Comme chacun sait, Dieu n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce. Jamais encore on n’avait entendu dire qu’un homme ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »
Ils répliquèrent : « Tu es tout entier plongé dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.

Jésus apprit qu’ils l’avaient expulsé. Alors il vint le trouver et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »
Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »
Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »
Il dit : « Je crois, Seigneur ! », et il se prosterna devant lui.
Jésus dit alors : « Je suis venu en ce monde pour une remise en question : pour que ceux qui ne voient pas puissent voir, et que ceux qui voient deviennent aveugles. »
Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent ces paroles et lui dirent : « Serions-nous des aveugles, nous aussi ? »
Jésus leur répondit : « Si vous étiez des aveugles, vous n’auriez pas de péché ; mais du moment que vous dites : ‘Nous voyons !’ votre péché demeure. »
Patrick Braud

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5 mars 2023

Le rocher frappé

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Le rocher frappé

Homélie pour le 3° Dimanche de Carême / Année A
12/03/2023

Cf. également :

Augustin commente la Samaritaine
Le chien retourne toujours à son vomi
Leurre de la cruche…
Les trois soifs dont Dieu a soif
Passons aux Samaritains !
La soumission consentie

Plus célèbre que Justin Bridou : le bâton de Moïse !
Dans les années 80, dès qu’on disait : « bâton de berger », vous répondiez sans réfléchir : « Justin Bridou ! », tant la pub de Patrick Sébastien vantant ce saucisson emballé avait envahi nos écrans !


Dans la Bible par contre, « bâton de berger » est immédiatement associé à Moïse bien sûr. On a tous en mémoire les images du film de Cecil B. DeMille : Les 10 commandements, où l’on voit Moïse frapper le Nil avec son bâton, et les eaux se changèrent en sang. Ou bien frapper la mer Rouge avec ce bâton, et les eaux se fendirent.
Dans la première lecture de ce dimanche (Ex 17,3-7), le bâton de Moïse frappe le rocher de l’Horeb, et l’eau jaillit !
Explorons quelques significations de ce rocher et de cette eau pour nous aujourd’hui.


L’eau vive : les relectures chrétiennes
Saint Longin perçant le flanc du Christ de sa lance, Musée Saint Marc, Florence.
Le rapprochement entre notre première lecture et l’Évangile (Jn 4,5-42) nous met sur une première piste : l’eau que Jésus promet à la Samaritaine est bien l’eau qui jaillit du rocher dans le désert de l’Horeb. C’est l’eau de la vie, l’eau indispensable au peuple assoiffé. Jésus a sans doute pensé à cet épisode de l’Exode lorsqu’il déclare dans le Temple : « Comme dit l’Écriture, celui qui croit en moi, de son cœur couleront des fleuves d’eau vive » (Jn 7,38). Les chrétiens persécutés pouvaient ainsi lire dans leurs blessures la promesse d’une source de vie jaillissant pour tous, même pour leurs ennemis. Où l’on voit au passage que nous pouvons nous-même – uni au Christ - devenir ce rocher frappé pour donner l’eau de vie ! 

Et sur la croix, Jean – le seul – mentionne le coup de lance qui frappe le crucifié au côté, faisant jaillir du sang et de l’eau. Le sang fait allusion à l’eucharistie, et l’eau au baptême dans l’Esprit Saint. Le crucifié frappé sur le côté devient la source jaillissante de l’Esprit qui fait vivre grâce aux sacrements de l’Église. Il est le Nouvel Adam : le Père tire de son côté ouvert son épouse, l’Église. 

La lance du soldat romain et le bâton de Moïse s’unissent pour libérer l’eau de vie là où la mort semblait régner (le désert/le calvaire). Comme l’écrivait Paul qui faisait cette relecture christique de l’Exode : « tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ » (1Co 10,4).

Approchons-nous donc du corps du Christ : il est le rocher frappé d’où jaillit l’Esprit qui nous donne la vie. Unis à lui, nous devenons source pour les autres.


Les interprétations juives

Bien sûr nos frères aînés ne font pas cette relecture Jésus–rocher ! Leurs interprétations sont cependant pour nous toujours très nourrissantes.

- Le rocher peut dans un premier temps désigner Dieu lui-même.
Les passages abondent dans l’Ancien Testament qui le qualifient ainsi :
« Il est le Rocher : son œuvre est parfaite ; tous ses chemins ne sont que justice. Dieu de vérité, non pas de perfidie, il est juste, il est droit » (Dt 32,4).
« Tu dédaignes le Rocher qui t’a mis au monde ; le Dieu qui t’a engendré, tu l’oublies » (Dt 32,18).
« Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! » (Ps 95,1).
Quand Moïse frappe le rocher, il nous invite aujourd’hui à frapper Dieu lui-même, avec insistance, par la prière, la supplication et la charité, pour obtenir de lui de quoi ne pas mourir de soif ici-bas dans notre traversée du désert.

On pense également au combat de Jacob contre Dieu (Gn 32) : Jacob frappe Dieu en se roulant avec lui dans la poussière du combat toute la nuit, jusqu’à ce qu’il obtienne de lui la bénédiction qui lui permettra de rencontrer son frère Ésaü sans violence. Frappeur, Jacob est lui-même frappé : sa hanche se déboîte pendant la lutte, et il restera boiteux toute sa vie. Come quoi frapper Dieu-notre-rocher laisse des traces en nous…

- Le rocher-Torah
De manière plus subtile, les deux seuls autres emplois du mot rocher (צוּר = tsuwr) dans le livre de l’Exode nous mettent sur une autre voie. Il s’agit du célèbre passage où YHWH se manifeste à Moïse, non pas face-à-face mais de dos :
« Il dit encore : ‘Tu ne pourras pas voir mon visage, car un être humain ne peut pas me voir et rester en vie.’ Le Seigneur dit enfin : ‘Voici une place près de moi, tu te tiendras sur le rocher (צוּר); quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que j’aie passé. Puis je retirerai ma main, et tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir’ » (Ex 33,20–23).

Le rocher frappé dans Communauté spirituelle don-de-la-torahLe rocher est ici ce qui à la fois expose à la vision de Dieu et en protège, ce qui révèle la gloire de Dieu et la cache pour qu’elle soit supportable. Voir Dieu de dos, c’est reconnaître après coup sa trace dans les événements de notre histoire. C’est aussi scruter les Tables de la Loi pour y découvrir un chemin de vie. Nous sommes immergés dans le texte biblique comme Moïse était caché au creux du rocher, jusqu’à ce que Dieu passe devant nous, de dos.

Et juste après l’épisode du rocher, Moïse a frappé à nouveau la pierre mais cette fois-ci pour y tailler les deux nouvelles Tables de la Loi, et pour y graver les 10 Paroles (Ex 34).

Frapper le rocher pour en faire jaillir l’eau vive va donc avec graver la pierre pour y inscrire la Loi de vie, et ainsi caché au creux du rocher, au cœur de la Torah, apercevoir la gloire divine de dos, c’est-à-dire déchiffrer les événements de notre histoire grâce à l’Écriture, pour y discerner après coup – de dos – la présence divine…

Le rocher est donc la Torah, toute la Torah. Les deux premières Tables brisées représentent dans la tradition juive la Torah orale, non écrite, qui englobe les interprétations rabbiniques jusqu’à la fin des temps. Notre vraie soif est de frapper ce rocher, de scruter les Écritures et la Tradition, pour en faire jaillir de quoi traverser nos désert, nos exodes…

À nous de frapper ce rocher jusqu’à ce que le Livre s’ouvre et nous révèle le sens de ce que nous vivons. Quel amour de la Bible devrait être le nôtre si nous réalisions l’immense nappe phréatique de sens qui nous attend sous la croûte des mots !

- La pluralité des interprétations
Le Coran, lorsqu’il mentionne l’épisode de Mériba, rajoute douze sources au jaillissement du rocher pour bien montrer que chaque tribu sera désaltérée :
Sourates 2,60 & 7,160 : Et [rappelez-vous], quand Moïse demanda de l’eau pour désaltérer son peuple, c’est alors que Nous dîmes : “Frappe le rocher avec ton bâton.” Et tout d’un coup, douze sources en jaillirent, et certes, chaque tribu sut où s’abreuver ! – “Mangez et buvez de ce qu’Allah vous accorde; et ne semez pas de troubles sur la terre comme des fauteurs de désordre”.

51RBX5TPEHL._SX317_BO1,204,203,200_ bâton dans Communauté spirituelleLe Coran rejoint ainsi sans le savoir un thème cher à la tradition juive : la pluralité des interprétations. Il y a au moins 12 façons de comprendre un même texte ! Pour les rabbins, un passage peut donner lieu à des exégèses très différentes, et même contradictoires, car Dieu est au-delà des contraires, et la source qu’est la Parole est inépuisable. Aucune exégèse ne peut prétendre en détenir le sens ultime. D’où les belles expressions de juifs  contemporains : lire aux éclats (Marc-Alain Ouaknin), la lecture infinie (David Banon), car du rocher de la Torah coulent des fleuves d’eau vive incommensurables, inépuisables, et toujours en mouvement.
En frappant le rocher, Moïse libère la possibilité d’une pluralité d’interprétations, qui est en même temps une interprétation de la pluralité…

- le bâton du Nil
Notre texte d’Ex 17 précise curieusement : « Le Seigneur dit à Moïse : Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! » (Ex 17,5). C’est une allusion à Ex 7,17 : « À ceci tu reconnaîtras que je suis le Seigneur. Voici que moi, je vais frapper les eaux du Nil avec le bâton que j’ai dans la main, et elles se changeront en sang ». Notons d’ailleurs que quand YHWH frappe les eaux, c’est Moïse qui agit, et quand Moïse frappe, c’est YHWH qui agit.  

Mais pourquoi se limiter à cette seule référence au Nil changé en sang ? Le bâton de Moïse avait aussi fait des prodiges en se transformant en serpent qui engloutit les serpents des magiciens de Pharaon, en faisant monter les grenouilles sur l’Égypte, en transformant la terre du sol en poux envahissants, en faisant descendre le tonnerre, le feu et la grêle du ciel sur l’Égypte, en faisant se lever le vent qui apportait l’invasion des sauterelles, et enfin en fendant la mer en deux pour que le peuple la traverse à pied sec.

Mazette ! Tant d’exploits liés au bâton de Moïse, et seule la référence au Nil changé en sang ? Pourquoi se limiter ainsi ?
C’est peut-être parce que le Nil est le cœur battant de l’Égypte. Il est même devenu son dieu, de qui le pays attend richesse et santé, puissance et fécondité. L’Égypte adore le Nil, littéralement. C’est lui son vrai dieu, son idole. Et comme toutes les idoles, l’Égypte a fini par ressembler à ce qu’elle adorait : un empire envahissant régnant par la force et soumettant les autres peuples par la contrainte et la violence, comme le Nil débordant de son lit à chaque crue :
« Qui est-ce qui monte comme le Nil, et dont les eaux bouillonnent comme les eaux des fleuves ? C’est l’Égypte qui monte comme le Nil, et ses eaux bouillonnent comme les eaux des fleuves. Elle disait : ‘Je monterai, je submergerai la terre, je ferai périr toute ville avec ses habitants’ » (Jr 46,7-8).
« Parle. Tu diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu : Me voici contre toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon tapi parmi les bras du Nil ; tu as dit : il est à moi, le Nil, c’est moi qui l’ai fait » (Ez 29,3).

Le bâton qui change l’eau du Nil en sang avertit Pharaon : cette idolâtrie ne conduit qu’à la mort, elle fait couler le sang au lieu de désaltérer le peuple. Elle conduit à tuer les premiers-nés des hébreux en les noyant dans le Nil : « Pharaon donna cet ordre à tout son peuple : ‘Tous les fils qui naîtront aux Hébreux, jetez-les dans le Nil. Ne laissez vivre que les filles’ » (Ex 1,22).
Et c’est vrai que le culte idolâtre des Égyptiens était sans pitié pour leurs ennemis, les vaincus, les esclaves etc. Les pyramides, les tombeaux, les temples égyptiens sont couverts de bas-reliefs où la cruauté du pouvoir s’étalait pour terroriser les rebelles potentiels. Un peu comme les empires Olmèques, Aztèques, Mayas et Incas régnaient par la terreur des sacrifices humains, des victimes offertes aux dieux, écorchées vives, décapitées, éviscérées, exposées à l’humiliation publique.
Hélas, les civilisations idolâtres se sont montrées tout autant sanguinaires au fil des âges, et notre siècle n’a pas son pareil, comme le précédent, pour changer en sang tout ce qu’il touche…

Ce bâton qui a dévoilé le visage sanguinaire du Nil égyptien sert désormais à Moïse pour révéler la force de vie se cachant dans l’Écriture, pour peu qu’on la frappe avec obstination, par la prière, l’étude, la charité. Il dénonce toute forme d’idolâtrie comme meurtrière et inhumaine.

- La faute de Moïse à Mériba
Signalons pour terminer que la Bible propose une deuxième version de notre épisode de Mériba, en Nb 20,1–14. Encore une autre version, très différente de la première (car la pluralité des interprétations est constitutive de l’interprétation de la pluralité…). Ici, Dieu demande à Moïse de parler au rocher, mais Moïse va le frapper, par deux fois, alors qu’il parlera – mal ! – au peuple en l’insultant :
« Le Seigneur parla à Moïse. Il dit : ‘Prends ton bâton de chef et, avec ton frère Aaron, rassemble la communauté. Puis, sous leurs yeux, vous parlerez au rocher, et il donnera son eau. Pour eux tu feras jaillir l’eau du rocher, et tu feras boire la communauté et ses bêtes.’
« Moïse leur dit : ‘Écoutez donc, rebelles. Est-ce que nous pouvons faire jaillir de l’eau pour vous de ce rocher ?’ Moïse leva la main et, de son bâton, il frappa le rocher par deux fois : l’eau jaillit en abondance, et la communauté put boire et abreuver ses bêtes ».

Frapper est ici négatif. L’eau obtenue par la force privera Moïse d’entrer Canaan… :
« Le Seigneur dit alors à Moïse et à son frère Aaron : ‘Puisque vous n’avez pas eu assez de foi pour manifester ma sainteté devant les fils d’Israël, vous ne ferez pas entrer cette assemblée dans le pays que je lui donne’ ».
Le bâton de chef est utilisé par Moise pour frapper au lieu de parler, et c’est pourquoi il n’entrera pas en Terre promise ! Parce qu’il a traité le peuple de rebelles, et qu’il n’a pas cru pouvoir faire jaillir l’eau rien qu’en parlant.
Il a frappé le rocher avec son bâton au lieu de parler à Dieu pour qu’il fasse sortir de l’eau du rocher, comme il lui avait été ordonné. En raison de cette faute, Moïse n’a pas été autorisé à entrer en Terre promise avec le peuple d’Israël.
Il fallait parler à Dieu et croire que cela suffirait pour irriguer le peuple. Moïse a parlé au peuple en l’insultant (‘peuple de rebelles’) et a au contraire frappé le rocher deux fois (allusion aux deux Torah, écrite et orale ?). Cette insulte faite au peuple et à Dieu – le rocher frappé – privera Moïse de l’entrée en Canaan.

On ne peut entrer en Terre promise en méprisant le peuple qui nous a été confié, et encore moins en forçant Dieu à nous donner ce que nous voulons !

La relecture chrétienne ira encore plus loin : le Christ est le rocher frappé par deux fois : dans sa Passion au Golgotha et dans sa descente aux enfers. Celui qui maltraite et insulte l’Église replonge le Christ en agonie, et se prive lui-même de l’entrée en Terre promise, en vie éternelle…


Conclusion
On le voit, selon les interprétations, le rocher frappé de l’Horeb peut être Dieu lui-même qu’il nous faut questionner, ou bien l’Écriture et la Tradition qu’il nous faut scruter pour vivre, ou bien Jésus crucifié laissant couler de son côté ouvert l’Esprit qui donne la vie, ou bien nous-même uni au Christ devenant source pour les autres, ou bien…

Frappons ce rocher sans nous lasser, par l’étude biblique, par la supplication priante, par la charité agissante : alors des sources incroyables feront fleurir nos déserts…

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE

« Donne-nous de l’eau à boire » (Ex 17, 3-7)

Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, dans le désert, le peuple, manquant d’eau, souffrit de la soif. Il récrimina contre Moïse et dit : « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir de soif avec nos fils et nos troupeaux ? » Moïse cria vers le Seigneur : « Que vais-je faire de ce peuple ? Encore un peu, et ils me lapideront ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va ! Moi, je serai là, devant toi, sur le rocher du mont Horeb. Tu frapperas le rocher, il en sortira de l’eau, et le peuple boira ! » Et Moïse fit ainsi sous les yeux des anciens d’Israël.
Il donna à ce lieu le nom de Massa (c’est-à-dire : Épreuve) et Mériba (c’est-à-dire : Querelle), parce que les fils d’Israël avaient cherché querelle au Seigneur, et parce qu’ils l’avaient mis à l’épreuve, en disant : « Le Seigneur est-il au milieu de nous, oui ou non ? »

PSAUME

(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! (cf. Ps 94, 8a.7d)

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

DEUXIÈME LECTURE

« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5, 1-2.5-8)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. Alors que nous n’étions encore capables de rien, le Christ, au temps fixé par Dieu, est mort pour les impies que nous étions. Accepter de mourir pour un homme juste, c’est déjà difficile ; peut-être quelqu’un s’exposerait-il à mourir pour un homme de bien. Or, la preuve que Dieu nous aime, c’est que le Christ est mort pour nous, alors que nous étions encore pécheurs.

ÉVANGILE

« Une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4, 5-42)
Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Tu es vraiment le Sauveur du monde, Seigneur ! Donne-moi de l’eau vive : que je n’aie plus soif. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Jn 4, 42.15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 En ce temps-là, Jésus arriva à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » – En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : ‘Donne-moi à boire’, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en a eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !… Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » À ce moment-là, ses disciples arrivèrent ; ils étaient surpris de le voir parler avec une femme. Pourtant, aucun ne lui dit : « Que cherches-tu ? » ou bien : « Pourquoi parles-tu avec elle ? »
La femme, laissant là sa cruche, revint à la ville et dit aux gens : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » Ils sortirent de la ville, et ils se dirigeaient vers lui.
Entre-temps, les disciples l’appelaient : « Rabbi, viens manger. » Mais il répondit : « Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas. » Les disciples se disaient entre eux : « Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas : ‘Encore quatre mois et ce sera la moisson’ ? Et moi, je vous dis : Levez les yeux et regardez les champs déjà dorés pour la moisson. Dès maintenant, le moissonneur reçoit son salaire : il récolte du fruit pour la vie éternelle, si bien que le semeur se réjouit en même temps que le moissonneur. Il est bien vrai, le dicton : ‘L’un sème, l’autre moissonne.’ Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucun effort ; d’autres ont fait l’effort, et vous en avez bénéficié. »
Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »
Patrick BRAUD

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26 février 2023

En descendant de la montagne…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

En descendant de la montagne…

Homélie pour le 2° Dimanche de Carême / Année A
05/03/2023

Cf. également :
Abraham, comme un caillou dans l’eau
Transfiguration : le phare dans la nuit
Transfiguration : la métamorphose anti-kafkaïenne
Leikh leikha : Va vers toi !
Dressons trois tentes…
La vraie beauté d’un être humain
Visage exposé, à l’écart, en hauteur
Figurez-vous la figure des figures
Bénir en tout temps en tout lieu

Tous les matins du monde

Tous les matins du monde (1991)Face à l’immense écran de cinéma du Grand Rex à Paris qui enveloppait toute la salle, tous  restèrent jusqu’à la dernière ligne du long générique final, hypnotisés par la plainte de la viole de gambe qui n’avait cessé de les bouleverser tout au long du film. Écouter et voir Tous les matins du monde en THX dans cette bulle sonore exceptionnelle fut une expérience musicale et visuelle des plus rares. Nous étions pétrifiés, paralysés, incapables de rompre le charme, déchirés de devoir quitter ce pur moment de beauté. Pourtant il fallut, au bout d’un long silence, les lumières allumées, lever les sièges et s’en aller un à un, à regret. Dehors le boulevard Poissonnière était gris, le grondement du métro Bonne Nouvelle n’était que fracas, les vêtements de la foule étaient quelconques, le flux du quotidien recouvrait peu à peu ce que la splendeur de la viole de gambe avait découvert…

C’est quelque chose de cet ordre-là que nous éprouvons tous « en descendant de la montagne », comme l’écrit l’Évangile du dimanche de la Transfiguration (Mt 17,1-9).

Ceux qui se sont enlacés desserrent leur étreinte ; ceux qui étaient éblouis clignent des yeux et se réajustent à la lumière ambiante ; ceux qui étaient transportés ailleurs sur une haute montagne grâce à leur lecture, leur musique, leur passion, leur jouissance du moment doivent redescendre et affronter l’étuve du métro, la banalité des conversations quotidiennes, la grisaille de l’ordinaire. Pas étonnant que les Chartreux choisissent le silence et la solitude, pour demeurer sur la ligne de crête ! Pas étonnant que les junkies se piquent encore et encore, conscients de se détruire : mais l’extase là-haut est si forte qu’ils ne veulent pas redescendre…

L'Assekrem dans les montagnes du Hoggar,Je me souviens d’une semaine sur la montagne, littéralement : celle de l’Assekrem, dans le désert du Hoggar, en Algérie. J’avais passé une semaine de solitude dans un petit ermitage de rochers brûlants, avec pour seule rencontre la messe du matin célébrée par un petit frère de Charles de Foucauld dans la chapelle de cailloux que l’ermite avait construite. Redescendre sur Tamanrasset fut un crève-cœur : plus jamais je ne pourrais vivre à ces altitudes du cœur, pensais-je en pleurant de voir les pics du Hoggar s’éloigner…

En descendant de la montagne du Thabor où il a été ébloui, saisi de la beauté divine, Jésus a peut-être pleuré intérieurement de devoir quitter cette communion si intense pour une Passion qui s’annonçait si dégradante. En descendant de la montagne, Pierre Jacques et Jean ont dû eux aussi être immensément tristes de ne pas demeurer là-haut, à contempler, à s’immerger dans la Transfiguration de Jésus. Alors Jésus leur livre la clé pour ce qui va suivre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ».

De fait, entre Transfiguration et Résurrection, les épisodes à venir ne seront pas très beaux. Lâchetés, reniements, délations, faux procès, peine de mort (la pire possible)… Ce moment sur la montagne ressemble à un avertissement : dernière station avant le désert, faites le plein si vous voulez tenir bon et aller jusqu’au bout !

 

Affronter le mal

En descendant de la montagne… dans Communauté spirituelle 220px-Veau_d%E2%80%99orQuand Jésus descend de la montagne, on pense bien sûr à Moïse descendant du Sinaï (Dt 9), son visage rayonnant de la gloire divine au point de devoir se voiler la face pour ne pas éblouir le peuple ! À peine descendu, il est confronté à l’adultère du Veau d’or : en l’absence de Moïse, le peuple est capable de se prostituer devant l’argent, les idoles, la volonté de puissance.

Jésus, descendant du Thabor, rencontre la foule et combat le mal à l’œuvre (Lc 9,37 ; Mt 8,1). Il s’affronte à un esprit démoniaque qui est en train de détruire un enfant. En Mc 9,9 et Mt 17,9, il annonce plonger résolument dans l’océan pestilentiel de sa Passion, qu’il accepte pleinement à partir de ce moment de la Transfiguration. Et Jean, qui pourtant faisait partie du petit groupe du Thabor, ne raconte pas l’épisode mais parle de la gloire divine sur Jésus juste après l’image du grain de blé en terre (Jn 12,24), car pour Jean également la gloire et la croix sont indissociables.

Quand Moïse et Jésus descendent de la montagne, c’est donc pour affronter le mal sous toutes ses formes, la mort étant l’ultime combat à mener.

N’espérons pas passer à côté de ce changement radical de perspective : de la beauté de nos extases à la laideur de nos péchés, du sommet de l’éblouissement à la bassesse des lâchetés ordinaires, de la transfiguration à la défiguration, du Thabor au Golgotha…
Nos transfigurations nous sont données pour faire le plein avant nos Passions : le plein d’espérance, de force, le courage, de beauté, de communion intense, avant le doute, la laideur, la faiblesse, la peur, la nuit de la foi.

 

Un jour de lumière pour des années de nuit

S’il en est une qui a connu cette séquence : un moment de transfiguration / des années d’obscurité, c’est bien Mère Teresa. Son Thabor à elle fut un voyage en train, de Calcutta à Darjeeling, le 10 septembre 1946 pour aller à une retraite de sa communauté. Pendant qu’elle essaye de dormir :

« soudain, j’entendis avec certitude la voix de Dieu. Le message était clair : je devais sortir du couvent et aider les pauvres en vivant avec eux. C’était un ordre, un devoir, une certitude. Je savais ce que je devais faire mais je ne savais comment ».

Mère Teresa parle de cette journée comme étant le « jour de l’inspiration », « l’appel dans l’appel ».

Un seul jour, et sa vie a basculé.
Amazon.fr - Le royaume de sa nuit : Mère Teresa, le récit d'une vie -  Alberti, Olympia - Livres
Mais quel chemin d’obscurité ensuite ! Elle fonde son ordre des Missionnaires de la Charité en 1948. Tout le monde la voit en sari bleu auprès des mourants de Calcutta, toujours le sourire aux lèvres, apparemment habitée. Pourtant, en elle-même, elle n’éprouve plus que vide et désolation. Après l’avoir effleuré de son aile dans la fulgurance de l’expérience à bord du train, la beauté divine la quittait, elle ne ressentait plus rien de l’amour de Dieu qui l’avait mise en mouvement :

« Seigneur mon Dieu, qui suis-je pour que Tu m’abandonnes ?… J’appelle, je m’accroche, je veux. Et il n’y a personne pour répondre. Personne à qui je puisse m’accrocher. Non, personne. Seule. L’obscurité est si sombre et je suis seule. Non désirée, abandonnée. La solitude du cœur qui désire l’amour est insupportable. Où est ma foi ? Même tout au fond, jusque là, il n’y a que le vide et l’obscurité. Mon Dieu, comme est douloureuse cette douleur inconnue. Elle me fait souffrir sans cesse… Amour, le mot n’évoque rien. On me dit que Dieu m’aime et pourtant l’obscurité, la froideur et le vide sont une réalité si grande que rien ne touche mon cœur ».
« J’éprouve que Dieu n´est pas Dieu, qu´Il n´existe pas vraiment. C´est en moi de terribles ténèbres. Comme si tout était mort, en moi, car tout est glacial », écrit-elle.
En 1958, elle avoue : « Tout le temps à sourire. Les Sœurs et les gens pensent que ma foi, mon espérance, mon amour me comblent en profondeur, et que l´intimité avec Dieu et l´union avec Sa volonté imprègnent mon cœur. Si seulement ils pouvaient savoir ».
« C’est seulement la foi aveugle qui me transporte, parce que, en vérité, tout est obscurité pour moi. »

Cette nuit de la foi fut terrible, et dura jusqu’à sa mort en 1997.
Quelques lueurs de Thabor pour des décennies de froideur, sans aucun signe pour être réconfortée.

N’espérons pas éviter ce genre de nuit lorsque nous descendons de nos montagnes  familiales, intellectuelles, spirituelles, artistiques ou autres.

Lorsque votre Thabor s’éloignera, durcissez votre visage comme le Christ montant à Jérusalem : il suffit d’une seule illumination pour aller jusqu’au bout de la route, il ne faut qu’un moment de pur bonheur pour qu’il irrigue toute une existence…

Mais quelle est donc votre Transfiguration à vous ?

 

BONUS
Je me suis amusé à demander à ChatGPT (Intelligence artificielle qui rédige des textes automatiquement pour vous) d’écrire une homélie sur la Transfiguration de Jésus, et voilà le résultat (cohérent, pas transcendant, mais néanmoins solide !) :

Question : Écris une homélie en français sur la Transfiguration de Jésus

Réponse de Chat GPT :

Chers frères et sœurs,
La Transfiguration de Jésus est un événement important dans la Bible, qui montre la gloire de Jésus et sa divinité. C’est l’un des moments les plus importants de la vie de Jésus, où il est transfiguré devant ses disciples, Pierre, Jacques et Jean, et où la voix de Dieu le Père est entendue.
La Transfiguration nous rappelle que Jésus est le Fils de Dieu, et que sa vie, sa mort et sa résurrection ont un sens divin. C’est un moment de révélation, où les disciples voient la gloire de Jésus et comprennent sa véritable nature.
Mais cette Transfiguration n’est pas seulement un événement passé. Elle est aussi un appel pour nous, pour que nous transfigurions notre propre vie en suivant Jésus et en vivant selon ses enseignements. Cela signifie vivre une vie de foi, d’amour et de service aux autres.
Enfin, la Transfiguration nous rappelle que notre vie terrestre n’est qu’un passage vers une vie éternelle avec Dieu. En suivant Jésus, nous pouvons être transfigurés et partager sa gloire éternelle.
Que Dieu nous bénisse tous, et qu’il nous guide sur le chemin de la Transfiguration. Amen.

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Vocation d’Abraham, père du peuple de Dieu (Gn 12, 1-4a)

Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là, le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai. Je ferai de toi une grande nation, je te bénirai, je rendrai grand ton nom, et tu deviendras une bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront ; celui qui te maudira, je le réprouverai. En toi seront bénies toutes les familles de la terre. » Abram s’en alla, comme le Seigneur le lui avait dit, et Loth s’en alla avec lui.

PSAUME
(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)
R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous, comme notre espoir est en toi ! (Ps 32, 22)

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

DEUXIÈME LECTURE
Dieu nous appelle et nous éclaire (2 Tm 1, 8b-10)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, avec la force de Dieu, prends ta part des souffrances liées à l’annonce de l’Évangile. Car Dieu nous a sauvés, il nous a appelés à une vocation sainte, non pas à cause de nos propres actes, mais à cause de son projet à lui et de sa grâce. Cette grâce nous avait été donnée dans le Christ Jésus avant tous les siècles, et maintenant elle est devenue visible, car notre Sauveur, le Christ Jésus, s’est manifesté : il a détruit la mort, et il a fait resplendir la vie et l’immortalité par l’annonce de l’Évangile.

ÉVANGILE
« Son visage devint brillant comme le soleil » (Mt 17, 1-9)
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmena à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul.
En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. »
Patrick BRAUD

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23 février 2023

Trois histoires pour avoir faim d’autre chose

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 8 h 00 min

Trois histoires pour avoir faim d’autre chose

Homélie pour le 1° Dimanche de Carême / Année A

26/02/2023

Cf. également :
Carême : le détox spirituel
Ne vous habituez pas à vivre dans le mensonge
Poussés par l’Esprit
Un méridien décide de la vérité ?
L’île de la tentation
Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…

« L’homme ne vit pas seulement de pain » : l’Évangile de ce premier dimanche de Carême (Mt 4,1-11) est devenu proverbial. Même les militants politiques les plus matérialistes reconnaissent que la dignité humaine, la justice sociale, la réduction des inégalités etc. sont des causes plus grandes que quelques avantages matériels en plus. Et les écologistes prônent une sobriété qui peut devenir heureuse si elle est choisie, raisonnable, respectueuse de l’avenir de la planète, car l’homme a besoin d’autre chose que de consommer et piller les ressources naturelles.

Voilà un terrain d’entente avec beaucoup de familles de pensées non-chrétiennes : l’être humain a faim et soif d’autre chose que de la seule nourriture ou de l’accumulation des richesses. Il aspire à la beauté, au respect, au don de soi, à plus grand que lui. Que ce soit dans l’art, le combat social, sa famille ou sa croyance, l’homme ne se réduit pas à de simples considérations matérielles. Bien sûr, seuls les croyants entendent la seconde partie de la phrase : « mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ». Reste que pour entendre un jour cette parole, il faut découvrir en soi une faim différente, un manque plus fondamental que le manque de nourriture.

Alors, en ce début de Carême, voici trois histoires vraies pour réveiller en nous cette soif de vivre plus intensément, trois histoires pour avoir faim d’autre chose.


1. Des fleurs avant le pain

Noël 1951 : le Grand-Palais à Paris bruisse d’un brouhaha inhabituel. Des centaines de bénévoles s’activent pour confectionner des milliers de colis de Noël. Ces colis sont pour ceux et celles qu’on appelait les vieillards après-guerre. Dans une France dévastée par les bombardements (regardez l’Ukraine aujourd’hui !), tout était à reconstruire, et beaucoup de vieillards étaient sans logement, sans famille, isolés et en grande précarité. Armand Marquiset avait fondé l’association « Les Petits Frères des Pauvres » en 1946 au sortir de la guerre, justement pour lutter contre la solitude et la précarité des personnes âgées. Armand avait su d’instinct que les pauvres ont autant besoin de beauté que de repas, de considération que d’assistance. Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on doit fêter Noël au rabais. Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on doit réveillonner à l’hospice. Ce n’est pas parce qu’on est seul qu’on doit avoir honte des grandes soirées de gala où le beau monde se retrouve…
Ce réveillon de 1951 fut suivi de beaucoup d’autres, et encore actuellement [1], car les vieillards n’ont pas seulement besoin d’un panier-repas pour réveillonner, mais surtout de compagnie, de chaleur humaine, de musique, de relation, de danse, de belles nappes…

1er octobre 2022 : des jeunes distribuent des fleurs aux passants du métro en leur disant : ‘Si vous connaissez une personne âgée isolée, allez lui porter cette fleur en signe d’amitié. C’est aujourd’hui la journée internationale des personnes âgées : comment mieux la fêter qu’avec ce geste empreint de respect, d’affection, de proximité humaine ?’
Ainsi chaque année c’est plus de 1 300 bénévoles et salariés des Petits Frères des Pauvres qui parcourent rues, marchés, gares, hôpitaux et maisons de retraite, pour distribuer 78000 roses dans 185 villes de France.
Avec ce geste, les bénévoles font vivre la devise de leur fondateur : « des fleurs avant le pain ». Cela peut choquer. Certains diront que, quand même, le plus important c’est la pension, l’alimentaire, le chauffage etc. Heureusement, Armand Marquiset n’a pas dit : « des fleurs au lieu du pain » ! Il a simplement priorisé les besoins fondamentaux des personnes âgées isolées : on crèvera plus de manque d’amour que du manque de pommes de terre, plus de solitude que de froid (même si cela arrive hélas). Et mettre les fleurs en avant ne dispense absolument pas de donner le pain dans le même geste. Simplement, c’est une question de regard sur la personne : ce vieillard isolé n’est pas d’abord un ventre affamé, mais une personne en attente de liens, de reconnaissance, d’amitié venant rompre sa solitude.
Voir une personne âgée retrouver ainsi sa dignité réveille en nous le désir des liens qui nous maintiennent en vie…


2. Quel est votre petit frère ?

Le 24 juin  2016, les élèves de la prestigieuse école de commerce HEC sont rassemblés pour la remise de leur diplôme. La tradition est d’inviter un orateur, ancien élève, qui va les galvaniser en vantant les hautes responsabilités auxquelles ce diplôme les destine. Cette année-là, c’est le directeur général de Danone qui va parler. Multinationale puissante et redoutées, nul doute que son directeur général va chanter les bienfaits du commerce de masse et le brillant avenir des ‘épiciers’ (comme on appelle les étudiants en prépa HEC). Emmanuel Faber prend la parole. Son discours est plus court que d’habitude. Et surtout plus disruptif [2] ! Il ne parle pas de stratégie d’entreprise, de commerce mondial, ni même de business ethics tant à la mode. Non : il raconte la place qu’a prise son frère Dominique dans sa vie, et qui l’a amené à tout reconsidérer sous un jour différent, sa carrière, sa mission, sa rémunération même [3].

« Qu’est-ce qui m’a le plus marqué pendant mes trois ans ici (à HEC) ? C’est ce coup de fil que je n’aurais jamais voulu recevoir, à 21 heures […] et où j’ai appris que mon frère venait d’être interné pour la première fois en hôpital psychiatrique, diagnostiqué avec une schizophrénie lourde. Ma vie a basculé. Il m’a fallu apprendre le milieu des hôpitaux psychiatriques, apprendre le langage des fous pour ne pas perdre le dialogue, découvrir la beauté de ce langage – la normalité, ça enferme beaucoup -, découvrir l’altérité, m’ouvrir à plein de choses. À cause de lui j’ai découvert l’amitié de SDF, de temps en temps je vais dormir avec eux, j’ai découvert qu’on pouvait vivre avec très peu de choses et être heureux. Je suis allé dans des bidonvilles… »
Vous aurez à surmonter trois grandes écueils qui viendront facilement avec le statut que vous venez d’obtenir par ce diplôme : le pouvoir, l’argent et la gloire.
Oubliez la gloire, c’est une course qui n’en finit jamais et qui ne mène nulle part. La liste de toutes les personnes renommées existe juste pour qu’elles regardent leur propre nom. Elles ne s’intéressent pas à ceux des autres.
L’argent: j’ai rencontré tant de personnes, quand j’étais banquier d’investissement dans la finance, quand j’ai voyagé dans le monde – j’en rencontre encore – qui sont prisonniers de l’argent qu’ils ont gagné. Ne devenez jamais esclaves de l’argent. Restez libres ! Peu importe la raison pour laquelle vous gagnez de l’argent, peu importe ce que vous en faites, restez libres !
Et la puissance : je pense que vous pouvez regarder autour de vous, il y a tant de personnes qui sont puissantes et qui ne font rien, juste pour garder cette puissance, pour qu’elle dure un jour encore. La puissance n’a de sens que dans le service rendu aux autres. Et c’est ce service qui vous fera devenir qui vous êtes en vérité. Le meilleur de vous-même, dont vous n’avez même pas conscience.
J’ai donc une question à vous poser, avec laquelle je vous laisserai, chacun d’entre vous : qui est votre frère ? Qui est ce petit frère, cette petite sœur, qui habite en vous et qui vous connaît mieux que vous-même et qui vous aime plus que vous ne vous aimez vous-même ? C’est cette petite voix, qui parle de vous étant plus grand encore que vous ne pensez l’être. Qui sont-elles ? Elles vous apporteront cette voix, cette musique interne, cette mélodie qui est véritablement la vôtre. Votre mélodie transformera la symphonie du monde qui vous entoure, qu’elle soit grande ou petite, elle le changera ! Le monde en a besoin et vous méritez cela.
Trouvez votre frère, trouvez votre petite sœur ! Et quand vous les rencontrerez dites-leur bonjour de ma part, nous sommes amis ! Portez-vous bien. »

Les étudiants entendent bouche bée un de leurs aînés leur livrer, non pas le secret d’une belle réussite professionnelle, mais sa vraie motivation pour agir, quelle que soit son action.
Ni le pouvoir, ni la richesse, ni la gloire : son frère handicapé a appris à Emmanuel Faber que la fragilité peut changer le monde, et que la vraie réussite ne se lit pas dans le Who’s who ou dans la liste des promotions à la Légion d’honneur.

Quand le succès vous grisera, quand l’argent vous amollira, quand la puissance vous tournera la tête, réécoutez le discours d’Emmanuel Faber à HEC, et posez-vous la question : quel est mon petit frère ?…


3. À la recherche de mon Ikigaï

Trois histoires pour avoir faim d’autre chose dans Communauté spirituelle schema-ikigai-600x567Il est une île dans l’archipel japonais d’Okinawa qui étonne par sa proportion de centenaires. Un américain, Dan Buettner, a voulu étudier au plus près les raisons de cette longévité peu ordinaire. Bien sûr il y a l’alimentation, l’exercice physique, le climat, la culture ambiante etc. Mais il a découvert que ces japonais vivent plus longtemps parce qu’ils vivent mieux, avec une sorte de cohérence profonde de leur être, qui les rend alignés sur leurs convictions, cohérents avec leurs valeurs.
En 2009, il a formalisé son étude autour de 4 cercles de motivation qui peuvent représenter nos raisons d’agir et de vivre : nos passions, nos talents, notre utilité, notre valeur marchande et sociale. À l’intersection de ces 4 cercles, il y a le cœur du cœur de ce que nous sommes : l’Ikigaï, mot japonais intraduisible (la raison d’être, le cœur, le secret, le centre, la joie de vivre, l’élan vital…). Les habitants d‘Okinawa vivent vieux parce qu’ils habitent en leur Ikigaï.

Découvrez votre Ikigaï et vous n’aurez pas peur d’assumer les ruptures, les choix nécessaires pour habiter au centre de vous-même. Car on peut aimer faire des choses sans vraiment y être doué. On peut avoir des compétences, mais qui nous ennuient. On peut toucher un salaire généreux, avec un travail finalement peu utile et sans beaucoup de sens etc.
Chercher son Ikigaï fait écho à la célèbre injonction de Lacan : « désire, et ne cède pas sur ton désir ». Ou à celle de Saint Augustin : « aime, et fais ce que tu veux ».
Le tout est de ne pas se tromper sur son désir personnel le plus vrai. Le tout est de ne pas courir après des amours idolâtres ou adultères qui pullulent autour de nous.
Descendre en soi pour explorer nos vrais moteurs pour agir, partir à la recherche de son Ikigaï, c’est un peu partir au désert et renoncer à ce qui nous comble immédiatement habituellement (jusqu’à nous gaver parfois !), pour éprouver la joie du pêcheur de perles : j’ai trouvé ce dont j’ai faim en vérité…

Que la parole de Dieu agrandisse en nous cette faim d’autre chose !

 


[1]. En 2022 : 31 968 personnes accompagnées toute l’année, 380 équipes locales, 15 133 bénévoles engagés, 28 maisons, 397 logements indépendants.

[3]. En 2016, sa rémunération s’élevait à 4,8 millions d’euros. Le 25 avril 2019, lors de l’assemblée générale des actionnaires de Danone, il fait approuver une résolution baissant sa rémunération en 2018 à 2,8 millions d’euros. Il annonce également renoncer à son indemnité de départ contraint ainsi qu’à sa retraite chapeau de cadre chez Danone qui s’élève à 1,2 million d’euros par an, pour ne toucher que la retraite classique des salariés du groupe.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Création et péché de nos premiers parents (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a)

Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur Dieu modela l’homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. Le Seigneur Dieu planta un jardin en Éden, à l’orient, et y plaça l’homme qu’il avait modelé. Le Seigneur Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Or le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que le Seigneur Dieu avait faits. Il dit à la femme : « Alors, Dieu vous a vraiment dit : ‘Vous ne mangerez d’aucun arbre du jardin’ ? » La femme répondit au serpent : « Nous mangeons les fruits des arbres du jardin. Mais, pour le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : ‘Vous n’en mangerez pas, vous n’y toucherez pas, sinon vous mourrez.’ » Le serpent dit à la femme : « Pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. » La femme s’aperçut que le fruit de l’arbre devait être savoureux, qu’il était agréable à regarder et qu’il était désirable, cet arbre, puisqu’il donnait l’intelligence. Elle prit de son fruit, et en mangea. Elle en donna aussi à son mari, et il en mangea. Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus.

PSAUME

(Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17)
R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché ! (cf. Ps 50, 3)

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

DEUXIÈME LECTURE
« Là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé » (Rm 5, 12-19)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, nous savons que par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et que par le péché est venue la mort ; et ainsi, la mort est passée en tous les hommes, étant donné que tous ont péché.
Avant la loi de Moïse, le péché était déjà dans le monde, mais le péché ne peut être imputé à personne tant qu’il n’y a pas de loi. Pourtant, depuis Adam jusqu’à Moïse, la mort a établi son règne, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam. Or, Adam préfigure celui qui devait venir. Mais il n’en va pas du don gratuit comme de la faute. En effet, si la mort a frappé la multitude par la faute d’un seul, combien plus la grâce de Dieu s’est-elle répandue en abondance sur la multitude, cette grâce qui est donnée en un seul homme, Jésus Christ.
Le don de Dieu et les conséquences du péché d’un seul n’ont pas la même mesure non plus : d’une part, en effet, pour la faute d’un seul, le jugement a conduit à la condamnation ; d’autre part, pour une multitude de fautes, le don gratuit de Dieu conduit à la justification. Si, en effet, à cause d’un seul homme, par la faute d’un seul, la mort a établi son règne, combien plus, à cause de Jésus Christ et de lui seul, régneront-ils dans la vie, ceux qui reçoivent en abondance le don de la grâce qui les rend justes.
Bref, de même que la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie. En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste.

ÉVANGILE
Jésus jeûne quarante jours, puis est tenté (Mt 4, 1-11)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. 
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. »
Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : 
C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. »
Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient.
Patrick Braud

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