L'homélie du dimanche (prochain)

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15 septembre 2019

Peut-on faire l’économie de sa religion ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Peut-on faire l’économie de sa religion ?

Homélie du 25° Dimanche du Temps Ordinaire / Année C
22/09/2019

Cf. également :
Trompez l’Argent trompeur !
Prier pour la France ?
Éthique de conviction, éthique de responsabilité

Le double lien foi-économie

Y a-t-il un lien entre les croyances d’un groupe et le type d’économie qu’il pratique ? Pourquoi le capitalisme est-il né dans des sociétés majoritairement judéo-chrétiennes et pas ailleurs ? L’emprise des religions magiques en Afrique serait-elle un obstacle au développement économique tel que l’entend l’Occident ?

Ces questions autour du lien foi-économie sont ici posées au niveau collectif. Mais elles sont tout autant redoutables au niveau individuel ! Comment concilier par exemple l’impératif chrétien de charité et de partage avec la rivalité et la compétition régnant dans les économies modernes ? Comment le dimanche entendre parler d’amour du prochain et à l’usine ou au bureau ensuite exécuter des ordres en complète contradiction ?

Le prophète Amos (vers 750 avant JC) avait déjà observé cette dichotomie foi/économie, où les puissants font semblant d’être religieux à la synagogue et exploitent les pauvres sans vergogne à peine sortis :

Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. (Am 8, 4-7) 

Son constat est d’actualité : les riches pestent contre les obligations religieuses parce qu’elles leur font perdre de l’argent ! Ne pas travailler ni vendre les jours de fête, respecter la justice et notamment le droit des pauvres : tous les impératifs religieux sont mauvais pour le commerce… Vivement qu’on en soit débarrassé : l’enrichissement sera alors plus facile et sans limites !

Dans sa parabole du gérant malhonnête qui se fait des amis avec l’argent de sa commission exorbitante, Jésus dans notre évangile (Lc 16, 1-13) plaide pour un autre usage de l’argent que l’accumulation et la domination. « Vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’argent » : voilà une situation où le fameux « en même temps » est impossible ! Il nous faut choisir : soit mettre l’argent (et tout ce qui va avec : pouvoir, renommée, vie facile, rang social etc.) au-dessus des autres objectifs, soit le mettre au service de ces autres objectifs, Dieu en premier.

Mauvais maître, l’argent devient bon serviteur lorsqu’il est remis à sa place.

 

Peut-on faire l’économie de sa religion ?

Peut-on faire l’économie de sa religion ? dans Communauté spirituelle 51GJogm-kBL._SX359_BO1,204,203,200_La question est double : peut-on / doit-on mettre sa religion entre parenthèses dans son travail, sa consommation, son impact sur la planète, car ce sont des réalités distinctes qu’il ne faut surtout pas mélanger ? Peut-on / doit-on à  l’inverse traduire ses convictions religieuses par des mesures économiques radicales ?

On peut penser aux banques islamiques, qui donnent l’exemple d’une finance tenant compte de l’interdit du prêt à intérêt dans le Coran.

En Tanzanie, dès qu’un agriculteur s’enrichit trop, il est accusé de sorcellerie et se retrouve contraint de devoir redistribuer l’excédent de sa production aux autres agriculteurs s’il veut échapper à des sanctions plus violentes. Des situations semblables peuvent être observées au Cameroun ou encore au Liberia.

La croyance en la sorcellerie pèse sur le budget des habitants de ces pays, dans la mesure où une telle croyance engendre des dépenses visant à se prémunir contre les supposées menaces. On comprend alors que la prise en compte de ces phénomènes est une nécessité, dès lors qu’il s’agit de penser la forme que doit prendre l’aide au développement. En effet, une aide qui prendrait la forme de subventions faites à certains agriculteurs aurait, dans les pays précités, vraisemblablement peu d’effets du fait des pressions religieuses qui pèsent sur les membres de ces sociétés. L’étude de l’imbrication du religieux et de l’économique doit en conséquence être un point essentiel de l’aide à la décision en matière de politique de développement.


L’affinité entre l’expérience spirituelle et les bouleversements économiques

Faisons un détour par l’histoire.

FRANCOIS D'ASSISE - LE RETOUR A L'EVANGILE.: ELOI LECLERC.Une présentation de la vie de François d’Assise, par Eloi Leclerc [1], à l’occasion du huitième centenaire de la naissance de François, peut aider à deviner les enjeux proprement spirituels des liens existants entre foi et économie.

L’époque de François est celle d’une véritable mutation de société. D’une société féodale, solidement installée depuis quatre siècles environ, les XII° et XIII° siècles basculent vers une société urbaine. Dans l’une, le personnage-clé est le seigneur; dans l’autre: le marchand, et bientôt le bourgeois. Le premier univers était marqué par la terre et la stabilité. Le second développe les valeurs du commerce, de l’économie de marché, de la libre-circulation, et le goût des voyages. Aux relations verticales de subordination qui caractérisaient la vassalité, le monde nouveau, aux origines du capitalisme, développe des relations horizontales de libre-association (hanses, guildes, corporations…). A la terre, il substitue l’or, l’argent et la monnaie. L’importance des foires européennes, la montée en puissance des communes, déstabilisent la cohésion féodale rurale. Bref: un monde ancien s’écroule, les prémices d’un nouveau prolifèrent, pour le meilleur et pour le pire.

Pourtant, l’Église du temps de François est encore liée, trop liée, à cet ancien monde. Les évêques sont des seigneurs et veulent vivre comme eux. Les clercs et les religieux ont d’immenses propriétés terriennes et de substantiels « bénéfices ». Ils ne vont  guère par les routes pour rencontrer leur peuple. Ils détestent pour la plupart le mouvement communal et sont incapables de le comprendre. Les relations dans l’Église sont calquées sur la verticalité féodale avec laquelle elles formaient autrefois un art de vivre cohérent.

François, lui, est issu du monde nouveau des communes. Par son père, il appartient à la nouvelle classe des marchands. Il a 16 ans lorsque les habitants d’Assise assiègent et démantèlent la forteresse féodale de La Rocca qui dominait la ville. Il en a 18 quand Assise s’érige en commune libre. Il partage l’ambition de la bourgeoisie d’affaires, ambition faite de liberté, d’amour courtois, de promotion sociale par la chevalerie, de rivalités communales et de goût pour l’argent.

Sa conversion sera pour l’Église une nouvelle rencontre de l’Évangile et de l’histoire. En François, la société nouvelle est introduite au cœur de la vie de l’Église, moyennant une triple conversion:

- conversion par accomplissement: le meilleur des valeurs de liberté et de fraternité que prônait le monde des marchands, François en fait l’esprit de son ordre: mobilité géographique, vie itinérante et rencontre avec la population urbaine, égalité des frères, redécouverte de l’humilité de Dieu (la crèche) au lieu de porter l’accent sur la « seigneurie » divine etc…

- conversion par redressement: l’esprit du mouvement communal n’est pas exempt de lutte pour le prestige et le pouvoir; la rivalité entre Assise et Pérouse l’a appris à François. Tout en reprenant l’esprit du serment communal, qui liait la personne à un groupe et qui en même temps engageait le groupe tout entier, François combattait cette tentation du pouvoir qui divisait les communes libres, et qui faisait des bourgeois les nouveaux maîtres dans la commune elle-même. Les pauvres n’avaient fait souvent que changer de maîtres…

- conversion par redressement: François connaît bien la passion pour l’argent de cette classe de marchands dont il est issu. Il y discerne cette force d’auto-destruction qui est capable de faire échouer l’aspiration à la fraternité et à la liberté qui travaille le monde nouveau. En dénonçant prophétiquement la puissance de l’argent, en retournant la logique de domination qu’elle suppose en logique de fraternité, François indique une voie pour que la nouvelle organisation économique ne désespère pas de sa capacité à surmonter les contradictions qui la traversent.

Cette affinité entre deux types d’expérience, celle du monde économique et celle de l’Esprit, est en soi une motivation vitale pour l’Église de s’intéresser à la vie économique et d’essayer de la comprendre pour elle-même. De plus, s’il y a des racines économiques et sociales à l’expérience spirituelle, il est vraisemblable qu’en retour il y ait des racines spirituelles à toute forme de transformation économique et sociale: c’est alors la responsabilité de l’Église dans cette transformation qui est en jeu.

 

Quand l’Église entre en économie

Un sociologue réputé, Émile Poulat, soulignait l’importance du phénomène de l’intervention des épiscopats locaux en matière économique [2], intervention qui à la fin du siècle dernier devenait quantitativement et qualitativement le signe de nouveaux rapports entre les Églises et leur environnement économique [3]. L’Église « entre en économie », écrivait-il, « est-ce pour cela que l’économie va entrer en religion ? » Depuis une vingtaine d’années, l’épiscopat français est plus frileux et n’intervient plus guère sur les questions économiques, hélas.

Compendium de la doctrine sociale de l'ÉglisePourtant, depuis Léon XIII (1891), l’Église s’est inlassablement dotée d’une pensée sociale face aux défis de société. En revanche, elle ne s’est jamais véritablement souciée d’avoir une pensée économique. Le peut-elle ? Le doit-elle ? Quelles conditions sont requises pour que l’intervention de l’Église soit crédible ? Et suffit-il d’avancer ici au nom de l’éthique ? Peut-on concevoir une pratique chrétienne de l’économie [4] sans imaginer une pensée chrétienne de l’économie ? « Une critique, généreusement inspirée par la misère du monde, les maux de société et la dignité de tout homme, mais qui ne prendrait pas à bras-le-corps les problèmes économiques, ne risque-t-elle pas d’être inopérante, d’apparaître insignifiante et futile ? »

Les chrétiens qui sont passés par les formations des grandes écoles d’ingénieurs ou de commerce, ou par d’autres écoles de pensée façonnant fortement les mentalités en matière d’économie, savent ce que c’est que d’avoir une double culture. En situation de responsabilité dans les entreprises, les administrations, la recherche etc… ces chrétiens devront tôt ou tard affronter un conflit d’identité : d’un côté les souvenirs qu’ils auront gardé de leur éducation religieuse où des attitudes d’amour, de service et de pauvreté sont valorisées; de l’autre, un univers professionnel qui leur paraît d’une logique terriblement hétérogène, faite d’efficacité, de compétition, de rentabilité, de lois contraignantes où la marge de manœuvre est quasi-nulle.

Un économiste professionnel prenait un jour cette comparaison:

« Il y a un trou énorme entre nos convictions morales et les réalités économiques. Les principes de l’analyse économique n’ont rien à voir avec ma foi chrétienne, et le discours de l’Église ne m’aide pas du tout à faire le pont. C’est comme si les habitants d’un immeuble se plaignaient de ce que les chiens de leurs voisins de palier aboient après 22 heures. Mais dire: ‘faites en sorte que vos chiens n’aboient plus après 22 heures’, c’est faire tomber l’impératif moral dans l’impuissance pratique, car on ne peut à la fois se réjouir de la compagnie des chiens et les empêcher d’aboyer même quand on ne le souhaiterait pas. Le discours de l’Église dénonce très bien les chiens qui aboient et gênent les voisins après 22 heures, mais sa réponse est souvent comme si elle conseillait… d’acheter une montre à son chien ! Ce qui bien évidemment n’est pas une réponse… »

41ZGFR5F6KL._SX308_BO1,204,203,200_ dans Communauté spirituelleCette déchirure intérieure, ce conflit entre deux logiques et deux identités guette les acteurs économiques chrétiens. Soit ils se réfugient dans une vie d’Église très chaleureuse d’où les dimensions économiques et sociales de leurs responsabilités seront gommées. Soit ils vivent douloureusement cette déchirure intérieure avec un sentiment d’impuissance, et l’impression que leur existence est cloisonnée en plusieurs compartiments étanches. Soit ils identifient leur pratique professionnelle avec la solution du problème, et alors toutes les légitimations au nom de la foi, même les plus dangereuses, deviennent possibles.

Pour permettre l’unification personnelle des acteurs économiques chrétiens, et notamment de ceux qui sont en situation de responsabilité, une parole d’Église devra donc éviter deux dangers :

- une parole morale plaquée de l’extérieur sur les injustices économiques. C’est le plus souvent condamner les acteurs de ces situations économiques à l’impuissance morale, car l’Évangile ne suffit pas pour transformer d’un coup de baguette magique les dures contraintes économiques ;

- une acceptation, voire une légitimation (inconsciente) des pratiques et coutumes courantes. L’Église catholique a ainsi prêché la résignation aux pauvres pendant la Révolution industrielle, et l’a même légitimée par la promesse d’un paradis inversement proportionnel à la misère ici-bas… Ou inversement, certaines Églises ont pu être complices du discours marxiste de certains extrémistes en Amérique latine, croyant défendre les opprimés en épousant la lutte des classes.

Dans tous les cas, c’est une rupture ruineuse entre culture économique et foi chrétienne. Le souci de l’unification personnelle et de la cohérence entre foi et culture nous oblige à reformuler autrement les termes du débat.

En France, les Semaines Sociales organisent chaque année trois jours de débat / confrontation sur des thèmes de société et d’économie où l’éclairage mutuel foi / économie produit des inspirations nouvelles. Pour 2019 et 2020, les SSF ont retenu le thème «Refaire société ». L’événement national aura lieu à Lille les 16 et 17 novembre 2019.
Des revues et journaux – notamment chrétiens, mais pas uniquement – publient régulièrement des dossiers sur l’engagement des chrétiens en matière économique.
Des mouvements de laïcs (JOC, ACO, MCC, EDC, L’Emmanuel etc.) tissent un réseau de petites équipes où chacun confronte ses responsabilités professionnelles et sa foi chrétienne.
De grands témoins comme Jacques Delors autrefois, de grands patrons ou syndicalistes aujourd’hui écrivent des livres sur leur synthèse personnelle entre leur foi et leur vision de l’entreprise.
L’encyclique Laudato si renouvelle la façon de concevoir l’écologie et les combats qu’elle implique etc.
Bref : il y a de multiples moyens pour chacun de se cultiver sur cette problématique si importante soulevée par nos textes ce Dimanche.
 

Qu’allez-vous décider, afin de devenir aussi habiles que « les enfants de ce monde » avec l’argent, mais en agissant en « enfants de la lumière » ?

 


[1]. Eloi LECLERC, François d’Assise, Desclée de Brouwer, 1981.

[2]. Émile POULAT, Pensée chrétienne et vie économique, Lettre du Centre Lebret no 155-157, Paris, 1987.

[3]. Les documents récents les plus marquants sont la Lettre pastorale des évêques américains, Justice économique pour tous, Documentation Catholique no 1942, 2 Juin 1987; et le document de la Commission sociale de l’épiscopat français, Face au défi du chômage, Créer et Partager, Documentation Catholique no 1943, 21 Juin 1987.

[4]. cf. Michel FALISE, Une pratique chrétienne de l’économie, Le Centurion, Paris, 1985.

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Contre ceux qui « achètent le faible pour un peu d’argent » (Am 8, 4-7)

Lecture du livre du prophète Amos

Écoutez ceci, vous qui écrasez le malheureux pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix et fausser les balances. Nous pourrons acheter le faible pour un peu d’argent, le malheureux pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté de Jacob : Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits.

PSAUME
(Ps 112 (113), 1-2, 5-6, 7-8)
R/ Louez le nom du Seigneur : de la poussière il relève le faible. ou : Alléluia ! (Ps 112, 1b.7a)

Louez, serviteurs du Seigneur,
louez le nom du Seigneur !
Béni soit le nom du Seigneur,
maintenant et pour les siècles des siècles !

Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ?
Lui, il siège là-haut.
Mais il abaisse son regard
vers le ciel et vers la terre.

De la poussière il relève le faible,
il retire le pauvre de la cendre
pour qu’il siège parmi les princes,
parmi les princes de son peuple.

DEUXIÈME LECTURE
« J’encourage à faire des prières pour tous les hommes à Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tm 2, 1-8)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre à Timothée

Bien-aimé, j’encourage, avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous. Aux temps fixés, il a rendu ce témoignage, pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’apôtre – je dis vrai, je ne mens pas – moi qui enseigne aux nations la foi et la vérité. Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en élevant les mains, saintement, sans colère ni dispute.

ÉVANGILE
« Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent » (Lc 16, 1-13)
Alléluia. Alléluia. Jésus Christ s’est fait pauvre, lui qui était riche, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Alléluia. (cf. 2 Co 8, 9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé comme dilapidant ses biens. Il le convoqua et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’apprends à ton sujet ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus être mon gérant.’ Le gérant se dit en lui-même : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gestion ? Travailler la terre ? Je n’en ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, des gens m’accueillent chez eux.’ Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ?’ Il répondit : ‘Cent barils d’huile.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.’ Puis il demanda à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ?’ Il répondit : ‘Cent sacs de blé.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu, écris 80’.
Le maître fit l’éloge de ce gérant malhonnête car il avait agi avec habileté ; en effet, les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’argent malhonnête, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles.
Celui qui est digne de confiance dans la moindre chose est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est malhonnête dans la moindre chose est malhonnête aussi dans une grande. Si donc vous n’avez pas été dignes de confiance pour l’argent malhonnête, qui vous confiera le bien véritable ? Et si, pour ce qui est à autrui, vous n’avez pas été dignes de confiance, ce qui vous revient, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’argent. »
Patrick BRAUD

21 novembre 2018

Publication du recueil des homélies 2017-18

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le nouveau recueil des homélies 2017-18 est paru !

 

Comme l’oued au désert

Homélies Année B / 2017-2018

Comme l'oued au désert

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En prévision de l’Année C qui débute Dimanche prochain 25 Novembre 2018, vous pouvez également commander les recueils des années liturgiques C précédentes : une mine d’idées par avance !

 

Comme une ancre jetée dans les cieux

Homélies Année C / 2015-2016

Couverture 2015-16

 

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L’effet papillon de la foi

Homélies Année C / 2012-2013

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Le bonheur illucide

Homélies Année C / 2009-2010

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26 décembre 2017

Aimer nos familles « à partir de la fin »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Aimer nos familles « à partir de la fin »


Homélie pour la fête de la Sainte Famille / Année B
31/12/2017

Cf. également :

Une sainte famille « ruminante »
Fêter la famille, multiforme et changeante
La vieillesse est un naufrage ? Honore la !
La Sainte Famille : le mariage homosexuel en débat
Une famille réfugiée politique
Familles, je vous aime ?
Trinité : ne faire qu’un à plusieurs
Personne dans la famille ne porte ce nom-là
Vendredi Saint : la déréliction de Marie
À partir de la fin !
 

Une table pour deux dans une brasserie. L’homme a la cinquantaine poivre et sel. Christophe repose sa bière sur la table du restaurant et laisse échapper, les yeux ailleurs :
- « Tu sais, c’est dur à admettre, mais la mort de ma mère m’a libéré ».
Un silence intense s’installe, et je résiste à l’interrompre.
- « Elle ne m’a jamais aimé, et toute mon enfance j’ai souffert de sa volonté de me faire du mal, consciemment. J’en avais des crampes à l’estomac tous les jours. Elle ne manquait jamais une occasion de me faire savoir que je n’étais pas le bienvenu ».
Nous avons ainsi longuement évoqué les conséquences pour lui de sa vie familiale infirme et douloureuse. La mort de sa mère a été la fin d’une longue domination froide et cruelle.

Je repense à lui au moment de fêter la Sainte-Famille. Comment glorifier maintenant nos familles humaines telles qu’elles sont, alors qu’elles engendrent tant de souffrances et de blessures ? Or c’est bien la Sainte-Famille que nous fêtons et non la nôtre au présent.
Autrement dit : c’est à la famille de Jésus que sont appelées nos familles humaines. Pas besoin de sacraliser nos liens du sang actuels alors qu’ils ne sont pas encore transformés en liens d’amour tel qu’ils seront en Dieu.

Aimer nos familles « à partir de la fin » dans Communauté spirituelle

Dieu n’est pas la projection imaginaire de nos manques. La famille du Christ n’est pas une idéalisation des nôtres. C’est d’ailleurs improbable et impossible avec une vierge-mère, un père adoptif et un enfant unique en son genre !

C’est l’homme qui est à l’image de Dieu et non l’inverse. Nos familles sont appelées à se transformer profondément pour correspondre mieux/moins mal à la famille de Nazareth.

« Souviens-toi de ton futur » : cette maxime des rabbins vaut également pour notre vie familiale. C’est du futur que nous viennent les repères pour aimer nos proches autrement, à la manière de Dieu et non à la manière des hommes.

Le passé importe bien moins que notre avenir en Dieu : de lui peut refluer sur notre présent de quoi métamorphoser nos façons d’être mari/femme, père/mère, conjoint, beaux-parents, frères/sœurs etc.

Christophe me racontait comment il s’est battu pour que son passé familial ne l’handicape pas trop. Il a découvert comment en faire une opportunité pour mieux écouter, mieux comprendre les failles des autres. Et dans son métier de consultant où il accompagne des personnes et des groupes, c’est finalement fort utile… La mort de sa femme, la galère de son fils et les défis ordinaires de la vie lui ont donné l’énergie pour construire son avenir sans rester rivé à son passé.

Image21.png-gu%C3%A9rison-de-lh%C3%A9morro%C3%AFse1 famille dans Communauté spirituelleVous pouvez vous épuiser - et épuiser votre argent ! - à fouiller les poubelles votre histoire pour faire l’inventaire interminable de ce qui vous a marqué et conditionné. Les psys et méthodes de développement personnel en tout genre prospèrent sur cette anamnèse du passé censée vous libérer par la seule magie de la nomination du mal subi ou commis autrefois. Si cela peut parfois aider, cela suffit rarement. Alors certains complètent à coups d’antidépresseurs et autres drogues chimiques dont la France est la championne de consommation. L’évangéliste Luc, également médecin, notait avec malice qu’une femme souffrant de pertes intimes avait dépensé tout son argent à courir de médecins en charlatans sans voir son état s’améliorer, avant qu’elle n’ose se tourner radicalement vers autre chose, vers un avenir impossible à prédire, en touchant la frange du manteau de Jésus passant sur la route. Et cette audace la guérit ! (Lc 8, 43-48) Se tourner vers son avenir est une guérison plus radicale que de se perdre dans l’archéologie de son passé…

Fêter la Sainte-Famille nous donne la même audace d’aimer nos proches à partir du Christ et non à partir de nos affections naturelles. Aimer « à partir de la fin » et non en extrapolant le présent. Aimer son fils à partir de ce qu’il est appelé à devenir en Dieu et non à partir de mes souvenirs de son enfance. Aimer son compagnon à partir de tous les possibles qu’il recèle en lui et non en le réduisant ‘aux acquêts’, à ce que j’ai compris et aimé  de lui jusqu’à présent.

Marie et Joseph ne pouvaient que s’interroger devant leur bébé dans l’étable : que deviendra cet enfant ? Ils n’en avaient aucune idée. Les événements ultérieurs ont suscité leur désarroi, leur surprise, et même leurs reproches, comme devant la fugue de Jésus au Temple de Jérusalem à treize ans : « mon enfant, pourquoi nous as-tu fais cette peine ? Ne sais-tu pas que nous t’avons cherché pendant trois jours, morts d’inquiétude ? » (Lc 2, 41-50)

 MarieMarie avait confiance en son fils, mais sa fréquentation des prostituées, des collabos, des lépreux et autres gens infréquentables l’a évidemment troublée. Et que dire alors de cette mort infâme sur le gibet de la croix, qui a transpercé son cœur comme l’annonçait Syméon dans notre évangile aujourd’hui (Lc 2, 22-40) plus qu’aucune autre mère ? Car la déréliction de Marie n’était pas seulement la mort physique de son enfant (et c’est déjà l’épreuve la plus terrible pour les parents), mais également son anéantissement spirituel (sur la croix, il devenait un maudit de Dieu) et son échec le plus lamentable. Pourtant, c’est sur le Golgotha que la nouvelle famille de Marie lui est donnée : « femme, voici ton fils » et à Jean : « voici ta mère ». (Jn 19, 26-27) Les véritables liens de famille se tissent là, au pied de la croix, quand la mère accepte que son fils lui échappe, d’une manière aussi inexplicable que scandaleuse.

Si les familles veulent devenir saintes, elles ont à faire un parcours semblable, chacune selon son histoire.

Un cousin me confiait combien cela avait été long et difficile pour lui d’admettre que sa fille était homosexuelle. Il n’avait pas voulu aller à son mariage civil. Mais la venue de deux petits-enfants successivement l’a empêché de se durcir sans retour. Peu à peu, en accueillant ses petits-enfants, il a vu les choses autrement. Et pour ses 50 ans de mariage, il a invité la conjointe de sa fille qu’il ne voulait pas voir à la maison jusqu’à présent…

Devenir une Sainte-Famille est un cheminement, une succession d’étapes où les plus radicaux acceptent de s’ouvrir, où les intransigeants apprennent à discerner, où les caractères possessifs découvrent comment lâcher prise, où les indifférents se laissent toucher par le malheur de l’autre, où les forts se découvrent faibles et les faibles reprennent confiance en eux…

Lors du prochain repas de famille, dimanche autour du poulet rôti ou de la galette des rois, égrenez un à un les visages de ceux qui sont là autour de la table, et exercez-vous à les  aimer « à partir de la fin »… N’oubliez pas de faire de même avec ce qui ne sont pas là, et ceux qui ne sont plus là…

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Ton héritier sera quelqu’un de ton sang » (Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3)
Lecture du livre de la Genèse

En ces jours-là,  la parole du Seigneur fut adressée à Abram dans une vision :  « Ne crains pas, Abram !  Je suis un bouclier pour toi.  Ta récompense sera très grande. » Abram répondit :  « Mon Seigneur Dieu, que pourrais-tu donc me donner ?  Je m’en vais sans enfant,  et l’héritier de ma maison, c’est Élièzer de Damas. »  Abram dit encore : « Tu ne m’as pas donné de descendance,  et c’est un de mes serviteurs qui sera mon héritier. » Alors cette parole du Seigneur fut adressée à Abram : « Ce n’est pas lui qui sera ton héritier,  mais quelqu’un de ton sang. » Puis il le fit sortir et lui dit :  « Regarde le ciel,  et compte les étoiles, si tu le peux… »  Et il déclara :  « Telle sera ta descendance ! » Abram eut foi dans le Seigneur  et le Seigneur estima qu’il était juste. Le Seigneur visita Sara  comme il l’avait annoncé ;  il agit pour elle comme il l’avait dit.  Elle devint enceinte,  et elle enfanta un fils pour Abraham dans sa vieillesse,  à la date que Dieu avait fixée.  Et Abraham donna un nom  au fils que Sara lui avait enfanté :  il l’appela Isaac.

Psaume
(104 (105), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9)
R/ Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance. 104, 7a.8a

Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits ;
chantez et jouez pour lui,
redites sans fin ses merveilles.

Glorifiez-vous de son nom très saint :
joie pour les cœurs qui cherchent Dieu !
Cherchez le Seigneur et sa puissance,
recherchez sans trêve sa face.

Souvenez-vous des merveilles qu’il a faites,
de ses prodiges, des jugements qu’il prononça,
vous, la race d’Abraham son serviteur,
les fils de Jacob, qu’il a choisis.

Il s’est toujours souvenu de son alliance,
parole édictée pour mille générations :
promesse faite à Abraham,
garantie par serment à Isaac.

Deuxième lecture
La foi d’Abraham, de Sara et d’Isaac (He 11, 8.11-12.17-19)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères, grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qu’il devait recevoir en héritage, et il partit sans savoir où il allait.  Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’être à l’origine d’une descendance parce qu’elle pensait que Dieu est fidèle à ses promesses. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, a pu naître une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, une multitude innombrable.  Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est par Isaac qu’une descendance portera ton nom. Il pensait en effet que Dieu est capable même de ressusciter les morts ; c’est pourquoi son fils lui fut rendu : il y a là une préfiguration.

Évangile
« L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse » (Lc 2, 22-40)
Alléluia. Alléluia. À bien des reprises, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils. Alléluia. (He 1, 1-2)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes.  Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait, Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. » Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui. Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »  Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage, demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.  Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.
Patrick BRAUD

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29 octobre 2017

Toussaint : la mort comme un poème

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 22 h 00 min

Toussaint : la mort comme un poème

 

Cf. également :
Toussaint : un avenir urbain et unitaire
Toussaint alluvionnaire
Les cimetières de la Toussaint
Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…
Toussaint d’en-haut, Toussaint d’en-bas
Toussaint : le bonheur illucide

Une fois n’est pas coutume : laissons la parole à un poète pour nous introduire dans la tonalité si particulière de cette belle fête de Toussaint, que Verlaine désigne si justement comme « notre double fête à tous ».

Ces vrais vivants qui sont les saints,
Et les vrais morts qui seront nous,
C’est notre double fête à tous,
Comme la fleur de nos desseins,

Comme le drapeau symbolique
Que l’ouvrier plante gaîment
Au faite neuf du bâtiment,
Mais, au lieu de pierre et de brique,

C’est de notre chair qu’il s’agit,
Et de notre âme en ce nôtre œuvre
Qui, narguant la vieille couleuvre,
À force de travaux surgit.

Notre âme et notre chair domptées
Par la truelle et le ciment
Du patient renoncement
Et des heures dûment comptées.

4966 Novembre 2012  pour tous Mais il est des âmes encor,
Il est des chairs encore comme
En chantier, qu’à tort on dénomme
Les morts, puisqu’ils vivent, trésor
Au repos, mais que nos prières
Seulement peuvent monnayer
Pour, l’architecte, l’employer
Aux grandes dépenses dernières.

Prions, entre les morts, pour maints
De la terre et du Purgatoire,
Prions de façon méritoire
Ceux de là-haut qui sont les saints.

Paul Verlaine (1844-1896)
Recueil : Liturgies intimes (1892).

 

 

LECTURES DE LA MESSE

 1ère lecture : « Voici une foule immense que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues » (Ap 7, 2-4.9-14)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de faire du mal à la terre et à la mer : « Ne faites pas de mal à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël. Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Tous les anges se tenaient debout autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants ; se jetant devant le Trône, face contre terre, ils se prosternèrent devant Dieu. Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? » Je lui répondis : « Mon seigneur, toi, tu le sais. » Il me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. »

Psaume : Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6
R/ Voici le peuple de ceux qui cherchent ta face, Seigneur. (cf. Ps 23, 6)

Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent,
qui cherchent la face de Dieu de Jacob !

2ème lecture : « Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-3)
Lecture de la première lettre de saint Jean

Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est. Et quiconque met en lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

Evangile : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! » (Mt 5, 1-12a)

 Acclamation : Alléluia. Alléluia. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau,
dit le Seigneur, et moi, je vous procurerai le repos. 
Alléluia. (Mt 11, 28)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! »
Patrick Braud

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