L'homélie du dimanche (prochain)

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17 février 2021

Ce déluge qui nous rend mabouls

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 10 h 30 min

Ce déluge qui nous rend mabouls

Homélie pour le 1° dimanche de Carême / Année B
21/02/2021

Cf. également :

Gravity, la nouvelle arche de Noé ?
Poussés par l’Esprit
L’île de la tentation
Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Une recette cocktail pour nos alliances
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…

Noé au Mont-Saint-Michel

Mt St MichelEntre deux confinements cet été, j’en avais profité pour visiter à nouveau cette merveille qu’est le Mont-Saint-Michel, improbable monastère fortifié entouré de mer et de sables. La vue depuis la terrasse de pierres de l’abbaye est splendide. À marée basse, le regard se perd dans les circonvolutions des sables mouvants tout autour, la rêverie se dilate à l’infini le long des sillons de vase transformant la laisse de mer en un vaste désert marron. Puis vient le flot de la marée montante, spectacle magnifique et angoissant à la fois. Même si l’eau ne monte pas à la vitesse d’un cheval au galop comme l’affirme la légende (6 à 8 km/h quand même !), elle submerge rapidement le désert de vase, et ceinture très vite les murailles du Mont. Impossible au fond de soi de ne pas avoir peur d’être englouti par cette puissance que rien n’arrête ! Et là, sur le caillou coiffé par l’abbaye, on se sent tout petit, protégé par seulement quelques mètres de hauteur… Les récentes crues de la Garonne et de la Charente suite aux pluies diluviennes nous ont hélas fait expérimenter à nouveau la puissance de l’eau qui monte sans que rien ne puisse l’arrêter.

Toutes proportions gardées, c’est à un mini-déluge que s’expose le pèlerin de marée montante au Mont-Saint-Michel ! Être cerné par l’eau, chercher un refuge, échapper à la submersion : Noé et sa famille ont dû eux aussi ressentir cette frayeur, à la puissance deux car l’eau venait aussi du ciel avec la pluie ! L’Arche fut leur Mont-Saint-Michel : bien au sec au sommet des vagues, protégés de la violence des flots par le bois de ce bateau étrange comportant un condensé du règne animal avec quelques humains.

Noé est le personnage central de notre première lecture (Gn 9, 8-15) ; il est cité à l’appui de la seconde.
Mais de quoi Noé est-il le nom ?

 

La promesse de l’arc-en-ciel

Ce déluge qui nous rend mabouls dans Communauté spirituelle rainbow-67902_960_720Bien des civilisations antiques ont raconté de tels phénomènes de submersion que nous appellerions aujourd’hui tsunamis. Les mésopotamiens, les perses, les babyloniens et tant d’autres ont connu de tels événements dramatiques depuis 5000 ans avant notre ère. Leurs nombreux récits – dont l’épopée de Gilgamesh est la plus connue – relataient déjà comment un héros a su échapper à ces flots meurtriers. Les chapitres de la Genèse sur Noé s’inspirent directement de ces textes plus anciens, perpétuant dans l’humanité le souvenir de sa fragilité : tout peut être englouti, balayé en quelques jours ! Des collapsologies avant le mot en quelque sorte.

La différence avec la Bible est que, avec Noé, Dieu promet de ne jamais recommencer ! Il s’engage – unilatéralement – à ne plus jamais détruire l’humanité : « Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre » (Gn 9, 11). Nous n’avons donc plus à vivre sous la menace d’une extinction globale, malgré les peurs contemporaines. La Bible a cette espérance chevillée au corps. Il est de la responsabilité humaine – et de sa compétence – désormais de ne pas provoquer d’autre déluge, et l’humanité a reçu l’intelligence et l’éthique pour cela. Il n’y a pas de menaces que nous ne puissions écarter : l’arc-en-ciel scintille de cette promesse divine, source de force et d’inspiration dans l’épreuve.

 

L’Arche, notre humanité enfin réconciliée

arche_de_noe-69bd8 arc en ciel dans Communauté spirituelleLes Pères de l’Église interprètent de façon allégorique la composition animale de l’Arche de Noé. Ils notent que les bêtes sauvages ne s’entredévorent pas, que de farouches  adversaires dans la nature vivent pacifiquement ensemble pendant des semaines au sein de l’Arche. Alors ils y ont vu l’image des passions bestiales qui se déchaînent d’habitude en l’être humain. Dans l’Arche, ces passions s’apaisent, la violence s’efface, les ennemis d’hier vivent en paix. L’Arche est donc la figure de notre humanité enfin réconciliée avec elle-même, avec ses passions. En elle, nous pouvons accueillir les lions et les serpents, les colombes et les gazelles qui peuplent notre personnalité et jadis la déchiraient. Le psychologue Carl Jung dirait que l’Arche nous permet d’apprivoiser notre part d’ombre, en la nommant, en lui permettant de monter à bord, en l’inscrivant dans un projet plus grand.

Aujourd’hui, nous pourrions prolonger en voyant dans l’arche le symbole de la réconciliation de l’humanité avec la Création qui l’entoure. Dans l’Arche, l’homme lui-même est pacifique : il ne tue ni par besoin ni par plaisir, il apprend à vivre en symbiose avec toutes les espèces. Le monde nouveau qu’annoncera un vol de colombe sera habité de cette autre promesse : il est possible de vivre en paix entre nous avec toutes nos différences, en paix avec les animaux dans leur diversité, en paix avec la nature qui devient une alliée après avoir été une menace (la pandémie actuelle nous rejoue la même partition…).

 

L’Arche figure de l’Église

1759 ArcheLa comparaison s’est imposée tout de suite aux premiers chrétiens : l’Église est la nouvelle arche que Dieu nous envoie, avec Jésus comme nouveau Noé pour nous sauver du déluge du péché et de la mort. L’analogie est facile : le bois de la croix renvoie à celui de l’Arche, les flots du baptême à ceux du déluge, la barque de Pierre au vaisseau de Noé, le baptême comme l’Arche nous gardent la tête hors de l’eau après avoir failli nous noyer etc. C’est cette image qui a inspiré Jean Vanier (malgré ses autres travers inacceptables) pour créer des foyers où des personnes handicapées mentales et physiques seraient accueillies pour vivre avec des bénévoles comme dans une famille. Dans ces maisonnées aujourd’hui encore, ces handicapés échappent au déluge de mépris, de dérision, d’incompréhensions ou de maltraitance qui serait leur lot autrement.

C’est un peu cela notre Église : une arche où il nous est donné d’expérimenter une communion venant de Dieu lui-même. Communion trinitaire entre nous – si juxtaposés, si séparés d’ordinaire – ; avec nos compagnons animaux dont on redécouvre la sensibilité, l’intelligence, et ce n’est que justice ; avec le monde créé qui nous entoure et dont les chrétiens partagent avec les écologistes de tous bords l’amour, le respect, la volonté de protection.

 

Les huit personnes sauvées dans l’Arche

La Menorah : histoire et signification du chandelier juifL’Arche est donc lieu de salut, pour tous les vivants. Notre deuxième lecture (1 P 3, 18-22) l’affirme à travers le nombre symbolique des personnes sauvées grâce à l’Arche : 8. « Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau ». Car il y a Noé et sa femme, ainsi que ses trois fils et leurs femmes, donc 8 personnes en tout. Or 8 est le chiffre messianique par excellence : le Messie viendra le huitième jour car c’est le premier jour de la nouvelle Création, après les sept jours de l’ancienne. Le chandelier de la fête juive de Hanoucca a 8 branches, car la fiole d’huile retrouvée dans les ruines du premier Temple a permis d’allumer les lampes pendant huit jours, le temps de fabriquer les nouvelles pour le nouveau Temple. Les chrétiens se sont appropriés cette symbolique messianique du 8 : Jésus est ressuscité un dimanche, le huitième jour de la semaine juive. Nos clochers et nos baptistères s’en souviennent, grâce à leur forme octogonale qui ne doit rien au hasard ni à l’architecture.

Bref : souligner que 8 personnes ont été sauvées grâce à l’Arche, c’est voir en Noé la figure de Jésus instaurant les temps messianiques pour toute l’humanité à travers sa résurrection. Efficace et convaincant pour les lecteurs familiers de la Genèse !

 

Le déluge à la lettre

silvioL’hébreu biblique est une langue merveilleuse, autant imagée que le français est conceptuel. En hébreu le mot déluge s’écrit מַּבּוּל et se prononce… « maboul » ! En français, le mot « Maboul » est un mot familier signifiant « fou ». Il vient de l’arabe ma’hbul, « fou, sot, stupide ». Mais en hébreu, Maboul, sans H, c’est le Déluge, selon Gn 6, 17 : « Et Moi, Je vais faire venir le déluge d’eaux (הַמַּבּוּל מַיִם, HMBWL MYM, HaMaboul Mayim) sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra ».

On pourrait d’ailleurs traduire ce terme par confusion d’eaux, folie furieuse de flots déchaînés, plutôt que par le latin diluvium = inondation. En effet, la confusion est à son comble pendant le déluge, car l’eau d’en-haut (la pluie) se joint à l’eau d’en-bas (la mer) pour faire disparaître tout horizon et tout repère. Sans GPS, impossible de se repérer dans cette confusion liquide ! Or le fou est celui qui vit dans la confusion et a perdu tout repère. L’homme devient maboul lui-même dans cette folie destructrice. Car la folie est la perte des repères, alors que la création est l’acte de séparer le ciel de la terre, la mer du sol  ferme etc. (Gn 1). Ne plus distinguer le bien du mal, l’homme de la femme, le juste de l’injuste, le droit du devoir, voilà un déluge qui à toutes les époques rend l’homme maboul de se laisser submerger par l’indifférenciation…

L’épisode de la tour de Babel sera à ce titre une reviviscence du déluge : les hommes – devenus fous à vouloir prendre la place de Dieu grâce à cette tour montant vers le ciel – s’élancent, comme les flots montant autour de Noé ou du Mont-Saint-Michel, engendrant une confusion meurtrière de l’humain et du divin. Du coup, Dieu répond par un anti-déluge en quelque sorte : la pluralité des langues, qui fait redescendre les bâtisseurs de la tour en d’un immense mascaret humain dispersant les nations à la surface de la terre pour les obliger à se parler à travers leurs différences.

Décidément, il y a mille manières de devenir maboul !

Les autres étymologies de notre récit du déluge sont elles aussi éclairantes.

- Le nom de Noé signifie : repos, tranquillité, en hébreu, selon Gn 5, 29 : « Il (Lamek) l’appela du nom de Noé, en disant : “Celui-ci nous soulagera de nos labeurs et de la peine qu’impose à nos mains un sol maudit par le Seigneur” »
La vocation de Noé et donc d’être le repos, non pas du guerrier mais de son père, Lameck, dans le nom signifie « puissant ». La puissance n’est pas tout : elle a besoin de s’apaiser. D’ailleurs, c’est vrai aussi de Dieu lui-même, car le terme Noé est utilisé pour décrire le Temple de Jérusalem : « Et maintenant, monte, Seigneur Dieu, vers le lieu de ton repos, toi, et l’arche de ta force ! Que tes prêtres, Seigneur Dieu, soient vêtus de salut, que tes fidèles exultent dans le bonheur ! » (2 Ch 6, 41). Tiens ! Dans la traduction française l’arche d’alliance est associée au repos–Noé, comme l’arche du déluge….

- Le seul autre usage du mot désignant l’Arche (הַתֵּבָ֔הcf. Gn 9,18) du déluge est… pour Moïse, sauvé des eaux lui aussi grâce au panier d’osier posé sur le Nil que la Bible appelle arche : « La fille de Pharaon descendit au fleuve pour s’y baigner, tandis que ses suivantes se promenaient sur la rive. Elle aperçut la corbeille (הַתֵּבָ֔ה) parmi les roseaux et envoya sa servante pour la prendre. » (Ex 2, 5).
Les figures de Noé et de Moïse se superposent ainsi, annonçant Jésus en filigrane comme le Messie du huitième jour venant accomplir les promesses de l’arc-en-ciel et de l’Exode.

Quant aux fils de Noé, leurs prénoms sont riches de signification.

Fils de Noé: Japhet, Cham, Sem à l'origine des ethnies de la terre- Cham signifie : chaud, bouillant. Autant son père Noé est calme et reposant, autant Cham  est « chaud-bouillant », tempérament que les Égyptiens incarneront dans l’histoire, « au pays de Cham » : « Alors Israël entre en Égypte, Jacob émigre au pays de Cham. » (Ps 105, 23).

- Japhet est « celui qui s’étend » : la Bible lui attribue une expansion sur les bords de la Méditerranée, vers le nord en Europe et une partie de l’Asie.

- Sem quant à lui porte un nom qui atteste de la grandeur de Dieu : Sem signifie « le nom, la renommée » en hébreu, et on sait que le nom de Dieu – YHWH – est imprononçable dans la tradition juive. « Béni soit son nom » (Sem) accompagne toute mention de l’Éternel. Sem est l’incarnation de ce respect du Nom de Dieu, le Tout-Autre, qui a donné aux hommes le pouvoir de nommer tout être, toute chose, excepté Dieu lui-même, plus grand que tout, échappant à toute mainmise. Les peuples sémites se reconnaissent de la descendance de Sem.

Évidemment, il manque dans cette liste les noms des quatre femmes qui accompagnaient ces quatre hommes aux noms si symboliques… La Genèse est encore très patriarcale !
Reste que les étymologies employées, par notre récit du déluge nous mettent sur la piste de notre vocation chrétienne pour nous aujourd’hui : être un lieu de repos, chaud-bouillant pour agir dans l’histoire, être celui qui s’étend au-delà des frontières connues, nommer  toutes choses… le tout pour ne pas devenir maboul !

En ce début de Carême, la liturgie nous remet en mémoire la figure de Noé pour y déchiffrer celle du Christ qui devient la nôtre par le baptême. En quoi me parle-t-elle ?

En outre, la liturgie fait le parallèle entre les tentations des 40 jours déserts et le déluge des 40 jours dans l’arche ! Mais ceci est une autre histoire…


LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Alliance de Dieu avec Noé qui a échappé au déluge (Gn 9, 8-15)

Lecture du livre de la Genèse

Dieu dit à Noé et à ses fils : « Voici que moi, j’établis mon alliance avec vous, avec votre descendance après vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous : les oiseaux, le bétail, toutes les bêtes de la terre, tout ce qui est sorti de l’arche. Oui, j’établis mon alliance avec vous : aucun être de chair ne sera plus détruit par les eaux du déluge, il n’y aura plus de déluge pour ravager la terre. » Dieu dit encore : « Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous, et avec tous les êtres vivants qui sont avec vous, pour les générations à jamais : je mets mon arc au milieu des nuages, pour qu’il soit le signe de l’alliance entre moi et la terre. Lorsque je rassemblerai les nuages au-dessus de la terre, et que l’arc apparaîtra au milieu des nuages, je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous, et tous les êtres vivants : les eaux ne se changeront plus en déluge pour détruire tout être de chair. »

PSAUME
(24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9)
R/ Tes chemins, Seigneur, sont amour et vérité pour qui garde ton alliance. (cf. 24, 10)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

DEUXIÈME LECTURE
Le baptême vous sauve maintenant (1 P 3, 18-22)

Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre

Bien-aimés, le Christ, lui aussi, a souffert pour les péchés, une seule fois, lui, le juste, pour les injustes, afin de vous introduire devant Dieu ; il a été mis à mort dans la chair, mais vivifié dans l’Esprit. C’est en lui qu’il est parti proclamer son message aux esprits qui étaient en captivité. Ceux-ci, jadis, avaient refusé d’obéir, au temps où se prolongeait la patience de Dieu, quand Noé construisit l’arche, dans laquelle un petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. C’était une figure du baptême qui vous sauve maintenant : le baptême ne purifie pas de souillures extérieures, mais il est l’engagement envers Dieu d’une conscience droite et il sauve par la résurrection de Jésus Christ, lui qui est à la droite de Dieu, après s’en être allé au ciel, lui à qui sont soumis les anges, ainsi que les Souverainetés et les Puissances.

ÉVANGILE
« Jésus fut tenté par Satan, et les anges le servaient » (Mc 1, 12-15)
Ta Parole, Seigneur, est vérité,et ta loi, délivrance.
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Ta Parole, Seigneur, est vérité,et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus venait d’être baptisé. Aussitôt l’Esprit le pousse au désert et, dans le désert, il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
Après l’arrestation de Jean, Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. »
 Patrick BRAUD

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14 février 2021

Cendres : « Revenez à moi ! »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Cendres : « Revenez à moi ! »

Homélie pour le Mercredi des Cendres/ Année B
17/02/2021

Cf. également :

Cendres : une conversion en 3D
Cendres : soyons des justes illucides
Mercredi des Cendres : le lien aumône-prière-jeûne
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements
Mercredi des cendres : de Grenouille à l’Apocalypse, un parfum d’Évangile
La radieuse tristesse du Carême
Carême : quand le secret humanise
Mercredi des Cendres : 4 raisons de jeûner
Le symbolisme des cendres

L’homélie du pape François pour le Mercredi des Cendres 2019 n’a rien perdu de sa force, dans sa simplicité. Nous pouvons la relire, en attendant celle de 2021…:

« Sonnez du cor, prescrivez un jeûne sacré » (Jl 2, 15), dit le prophète dans la Première Lecture. Le Carême s’ouvre avec un son strident, celui d’une corne qui ne caresse pas les oreilles, mais organise un jeûne. C’est un son puissant, qui veut ralentir notre vie qui va toujours au pas de course, mais souvent ne sait pas bien où. C’est un appel à s’arrêter, à aller à l’essentiel, à jeûner du superflu qui distrait. C’est un réveil pour l’âme.
Au son de ce réveil est joint le message que le Seigneur transmet par la bouche du prophète, un message bref et pressant : « Revenez à moi » (v. 12).
Revenir.
Voltemos ao Evangelho
Si nous devons revenir, cela signifie que nous sommes allés ailleurs. Le Carême est le temps pour retrouver la route de la vie. Parce que dans le parcours de la vie, comme sur tout chemin, ce qui compte vraiment est de ne pas perdre de vue le but. Lorsqu’au contraire dans le voyage, ce qui intéresse est de regarder le paysage ou de s’arrêter pour manger, on ne va pas loin. Chacun de nous peut se demander : sur le chemin de la vie, est-ce que je cherche la route ? Ou est-ce que je me contente de vivre au jour le jour, en pensant seulement à aller bien, à résoudre quelques problèmes et à me divertir un peu ? Quelle est la route ? Peut-être la recherche de la santé, que beaucoup disent venir avant tout mais qui un jour ou l’autre passera ? Peut-être les biens et le bien-être ? Mais nous ne sommes pas au monde pour cela. Revenez à moi, dit le Seigneur. À moi. C’est le Seigneur le but de notre voyage dans le monde. La route est fondée sur Lui.

Pour retrouver la route, aujourd’hui nous est offert un signe : des cendres sur la tête. C’est un signe qui nous fait penser à ce que nous avons en tête. Nos pensées poursuivent souvent des choses passagères, qui vont et viennent. La légère couche de cendres que nous recevrons est pour nous dire, avec délicatesse et vérité : des nombreuses choses que tu as en tête, derrière lesquelles chaque jour tu cours et te donne du mal, il ne restera rien. Pour tout ce qui te fatigue, de la vie tu n’emporteras avec toi aucune richesse. Les réalités terrestres s’évanouissent, comme poussière au vent. Les biens sont provisoires, le pouvoir passe, le succès pâlit. La culture de l’apparence, aujourd’hui dominante, qui entraîne à vivre pour les choses qui passent, est une grande tromperie. Parce que c’est comme une flambée : une fois finie, il reste seulement la cendre. Le Carême est le temps pour nous libérer de l’illusion de vivre en poursuivant la poussière. Le Carême c’est redécouvrir que nous sommes faits pour le feu qui brûle toujours, non pour la cendre qui s’éteint tout de suite; pour Dieu, non pour le monde ; pour l’éternité du Ciel, non pour la duperie de la terre ; pour la liberté des enfants, non pour l’esclavage des choses. Nous pouvons nous demander aujourd’hui : de quel côté suis-je ? Est-ce que je vis pour le feu ou pour la cendre ?

Cendres : « Revenez à moi ! » dans Communauté spirituelle slide_8Dans ce voyage de retour à l’essentiel qu’est le Carême, l’Évangile propose trois étapes que le Seigneur demande de parcourir sans hypocrisie, sans comédie : l’aumône, la prière, le jeûne. À quoi servent-elles ? L’aumône, la prière et le jeûne nous ramènent aux trois seules réalités qui ne disparaissent pas. La prière nous rattache à Dieu ; la charité au prochain ; le jeûne à nous-mêmes. Dieu, les frères, ma vie : voilà les réalités qui ne finissent pas dans le néant, sur lesquelles il faut investir. Voilà où le Carême nous invite à regarder : vers le Haut, avec la prière qui nous libère d’une vie horizontale, plate, où on trouve le temps pour le ‘je’ mais où l’on oublie Dieu. Et puis vers l’autre avec la charité qui libère de la vanité de l’avoir, du fait de penser que les choses vont bien si elles me vont bien à moi. Enfin, il nous invite à regarder à l’intérieur, avec le jeûne, qui nous libère de l’attachement aux choses, de la mondanité qui anesthésie le cœur. Prière, charité, jeûne : trois investissements pour un trésor qui dure.

Jésus a dit : « Là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur » (Mt 6, 21). Notre cœur regarde toujours dans quelque direction : il est comme une boussole en recherche d’orientation. Nous pouvons aussi le comparer à un aimant : il a besoin de s’attacher à quelque chose. Mais s’il s’attache seulement aux choses terrestres, tôt ou tard, il en devient esclave : les choses dont on se sert deviennent des choses à servir. L’aspect extérieur, l’argent, la carrière, les passe-temps : si nous vivons pour eux, ils deviendront des idoles qui nous utilisent, des sirènes qui nous charment et ensuite nous envoient à la dérive. Au contraire, si le cœur s’attache à ce qui ne passe pas, nous nous retrouvons nous-même et nous devenons libres. Le Carême est un temps de grâce pour libérer le cœur des vanités. C’est un temps de guérison des dépendances qui nous séduisent. C’est un temps pour fixer le regard sur ce qui demeure.

Où fixer alors le regard le long du chemin du Carême ? Sur le Crucifié. Jésus en croix est la boussole de la vie, qui nous oriente vers le Ciel. La pauvreté du bois, le silence du Seigneur, son dépouillement par amour nous montrent les nécessités d’une vie plus simple, libre de trop de soucis pour les choses. De la Croix Jésus nous enseigne le courage ferme du renoncement. Parce que chargés de poids encombrants, nous n’irons jamais de l’avant. Nous avons besoin de nous libérer des tentacules du consumérisme et des liens de l’égoïsme, du fait de vouloir toujours plus, de n’être jamais content, du cœur fermé aux besoins du pauvre. Jésus sur le bois de la croix brûle d’amour, il nous appelle à une vie enflammée de Lui, qui ne se perd pas parmi les cendres du monde ; une vie qui brûle de charité et ne s’éteint pas dans la médiocrité. Est-il difficile de vivre comme lui le demande ? Oui, mais il conduit au but. Le Carême nous le montre. Il commence avec la cendre, mais à la fin, il nous mène au feu de la nuit de Pâques ; à découvrir que, dans le tombeau, la chair de Jésus ne devient pas cendre, mais resurgit glorieuse. Cela vaut aussi pour nous, qui sommes poussière : si avec nos fragilités nous revenons au Seigneur, si nous prenons le chemin de l’amour, nous embrasserons la vie qui n’a pas de couchant.

Et nous serons dans la joie.

 


LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements » (Jl 2, 12-18)

Lecture du livre du prophète Joël

Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et laisser derrière lui sa bénédiction : alors, vous pourrez présenter offrandes et libations au Seigneur votre Dieu. Sonnez du cor dans Sion : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront : « Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ?” »
Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.

PSAUME
(50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17)
R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché ! (cf. 50, 3)

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

DEUXIÈME LECTURE
« Laissez-vous réconcilier avec Dieu. Voici maintenant le moment favorable » (2 Co 5, 20 – 6, 2)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé,au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut.

ÉVANGILE
« Ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6, 1-6.16-18)
Ta Parole, Seigneur, est vérité,et ta loi, délivrance.
Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur.
Ta Parole, Seigneur, est vérité,et ta loi, délivrance. (cf. Ps 94, 8a.7d)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux. Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra. Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Patrick BRAUD

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7 février 2021

Quand parler ? Quand se taire ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Quand parler ? Quand se taire ?

Homélie pour le 6° dimanche du Temps Ordinaire / Année B
14/02/2021

Cf. également :

Fréquenter les infréquentables
Quelle lèpre vous ronge ?
Pour en finir avec les lèpres
Carême : quand le secret humanise
Ce n’est pas le savoir qui sauve

Confier un secret

Bande-annonce Tu peux garder un secret ?« Est-ce que tu sais garder un secret ? »
L’enfant qui dans la cour de récréation a besoin de raconter quelque chose d’important, d’intime, veut d’abord s’assurer qu’il peut faire confiance à l’oreille amie qui va l’entendre. Qui n’a pas eu envie en grandissant de se confier, de parler de choses importantes, à condition qu’elles ne soient pas divulguées à tout le monde ? À tout âge, confier un secret à quelqu’un est une marque de maturité humaine et spirituelle : à un confesseur, à un ami véritable, au contraire à des inconnus parce qu’on ne se reverra plus après. Il y a ainsi des groupes d’échanges éphémères où chacun peut être vrai parce que chacun reprendra sa vie indépendamment des autres après. Ceux qui ne déposent jamais leur fardeau – ou leur merveille ! – au pied d’un écoutant risquent fort de laisser le fardeau s’infecter et pourrir en eux, ou la merveille pâlir et s’estomper de ne pas la partager.

Confier un secret, c’est accepter de se présenter vulnérable devant quelqu’un, protégé  cependant par le fait que « ça reste entre nous ». Certes, il y a des secrets qui ne devraient pas en être, et les récentes affaires d’inceste ne l’ont hélas que trop rappelé. Il y a également des secrets de famille qui sont de véritables cadavres dans le placard, et qui empoisonnent l’atmosphère familiale tant qu’on n’ose pas les regarder en face et en parler avec tous.

Restent tous les secrets positifs qui nous ont aidés à devenir plus humains lorsque nous les avons partagés en toute confiance. C’est ici que confiance et confidence vont de pair. Lorsque la confidentialité est assurée, on peut dire des choses plus vraies, plus personnelles, plus intimes. Ainsi, sans le secret de la confession, quelles confidences  pourrait recueillir un prêtre qui les répéterait aussitôt à d’autres personnes ?

 

Le secret messianique

Quand parler ? Quand se taire ? dans Communauté spirituelle 41lsK-01cRL._SX302_BO1,204,203,200_L’évangile de ce dimanche (Mc 1, 40-45) montre Jésus expérimenter lui aussi ce besoin de se confier, en secret. En effet, en guérissant le lépreux, il sait qu’il lève un coin de voile sur son identité profonde. Purifier un lépreux de sa maladie était considérée par les juifs de l’époque comme un signe messianique (cf. Mt 10,8 ; 11,5) : seul l’Oint de Dieu (le Messie, le Christ) peut guérir les lépreux, au même titre que ressusciter les morts.

L’horreur inspirée par la dégradation du corps du lépreux était inversement proportionnelle à l’admiration de celui qui saurait délivrer ces malades ! Jésus sait donc fort bien le risque qu’il prend en guérissant ce lépreux : si le bruit s’en répand, il va avoir des ennuis, car on va le prendre pour le Messie. Et pour Jésus (dans l’évangile de Marc [1]) c’est trop tôt : un Messie faiseur de miracles et adulé pour cela serait à l’opposé du Messie humble et crucifié. Comment les foules pourraient-elles comprendre la Passion plus tard si on leur dit tout de suite que ce guérisseur-prophète est le Messie ? Aussi, dans la première partie de son Évangile (chapitres 1 à 8), Marc prend bien soin de noter que Jésus demande de garder le secret de son identité messianique jusqu’à la Transfiguration. Le risque est multiple : provoquer des mouvements de foule qui vont l’exposer à la répression romaine, générer une confusion entre Messie et distributeur magique de guérisons, empêcher sa mission d’aller à son terme en se contentant d’un succès qui flatte les intérêts immédiats, susciter un fol espoir d’un royaume de Dieu trop terrestre etc. Jésus voudrait rester maître du timing de sa mission. Seulement voilà, dès le début de sa vie publique, il est confronté à la détresse de tous ces malades qu’on porte vers lui en foules (Mc 1,32–34), et ici à la supplication du lépreux tombant à genoux devant lui (Mc 1,40). Le texte dit qu’il fut « pris de pitié », ce qui l’a incité à agir sans réfléchir, pour annuler l’exclusion dont était frappé cet homme en tant que lépreux. Mais juste après, le texte mentionne que Jésus s’est « irrité » contre lui. Pourquoi donc s’irriter après l’avoir guéri ? Parce que Jésus réalise alors que ce geste public va le mettre en danger en l’exposant à la curiosité romaine ; parce que si le bruit s’en répond les foules vont affluer et réclamer des miracles (cf. Mc 1,45), alors que Jésus veut avant tout annoncer un royaume de Dieu qui n’est pas de ce monde.

D’où le secret sur sa personne qu’il demande lépreux de garder, tout en l’appelant à se manifester purifié aux prêtres du Temple de Jérusalem pour être officiellement déclaré pur et réintégré dans la communauté humaine.

Le secret messianique est parcouru de cette tension interne : ne pas aller trop vite pour parler du Christ – sinon il y aura maldonne, confusion et déception – et pourtant témoigner publiquement que le salut est offert à chacun. Ce qui était une nécessité s’imposant à Jésus au sujet de son identité est devenu par la suite une pédagogie missionnaire : ne pas trop vite parler du Christ, mais témoigner en actes que du radicalement neuf est possible dans notre condition humaine d’aujourd’hui.

 

Garder le secret

415G46MOIEL._SX331_BO1,204,203,200_ évangile dans Communauté spirituelleCeci implique de se mordre la langue plusieurs fois avant d’afficher sa foi, sinon le risque est grand de plaquer la foi de l’extérieur sur une coutume, une histoire, une culture, une vie. Il y a vraiment « un temps pour se taire et un temps pour parler » (Qo 3,7). Jésus a gardé le secret messianique pendant une trentaine d’années à Nazareth, puis ensuite deux ou trois ans environ sur les chemins de Palestine. Dans sa vie cachée au sein de sa famille, de son village, puis dans sa vie publique à enseigner les foulées et parcourir les routes, ce n’est guère que dans les derniers mois que Jésus a annoncés explicitement qui il était. Cette proportion extraordinairement déséquilibrée doit nous faire réfléchir sur notre propre manière d’annoncer l’Évangile. De plus, la laïcité à la française nous oblige à respecter une certaine neutralité de parole en matière de religion, que ce soit au travail, en politique, sur la voie publique ou autre.

Garder le secret messianique, c’est aujourd’hui pour nous : respecter le cheminement de l’autre, guetter patiemment le moment où l’annonce explicite pourra se faire, incarner d’abord le salut reçu comme le lépreux purifié. Le temps pour se taire est celui du compagnonnage avec les non-chrétiens, du partage de combats communs, de la confiance échangée qui permet les confidences mutuelles. Le temps pour parler viendra peut-être d’un événement qui fera brèche (lecture, décès, mariage, naissance, émotion…), d’un dialogue où les questions seront plus intimes. Rien ne sert de brusquer de rythme de l’autre ! Au contraire, cela le cabrerait. Il faudra bien des témoignages comme celui de notre lépreux guéri pour que la proclamation de foi : Jésus est le Messie soit reçue  librement avec joie.

Saint Jean de la Croix faisait dans ses poèmes l’éloge de la nuit obscure qui permettait à son âme d’aller en secret à la rencontre du bien-aimé :

J’étais dans les ténèbres et en sûreté,
Quand je sortis déguisée par l’escalier secret,
Oh ! l’heureux sort !
J’étais dans les ténèbres et en cachette,
Tandis que ma demeure était en paix.

Dans cette heureuse nuit
Je me tenais dans le secret; nul ne me voyait.
Et je n’apercevais rien
Pour me guider que la lumière
Qui brûlait dans mon cœur.

Ce secret-là est celui de notre rencontre intime avec Dieu, et demande lui aussi à être bien gardé pour que cette communion soit authentique.

Alors, est-ce le temps pour se taire ? Ou le temps pour parler ?
Posez-vous cette question avant de réagir trop vite.

Tourner sa langue sept fois dans sa bouche est toujours une pratique pleine de sagesse, surtout dans le monde de Twitter, Tik Tok, Instagram et Facebook…

 


[1]. Cf. les autres références au secret messianique dans Marc : Mc 1, 24 – 25; 34; 43 ; 3, 11-12 ; 5, 43 ; 7, 44 ; 8, 26 ; 30 ; 9, 9

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
Le lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp » (Lv 13, 1-2.45-46)

Lecture du livre des Lévites
Le Seigneur parla à Moïse et à son frère Aaron, et leur dit : « Quand un homme aura sur la peau une tumeur, une inflammation ou une pustule, qui soit une tache de lèpre, on l’amènera au prêtre Aaron ou à l’un des prêtres ses fils. Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !” Tant qu’il gardera cette tache, il sera vraiment impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp. »

PSAUME
(31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11)
R/ Tu es un refuge pour moi ; de chants de délivrance, tu m’as entouré.   (31, 7acd)

Heureux l’homme dont la faute est enlevée,
et le péché remis !
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,
dont l’esprit est sans fraude !

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts.
J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés. »

Toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
Que le Seigneur soit votre joie !
Exultez, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !

DEUXIÈME LECTURE
« Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ » (1 Co 10, 31 – 11, 1)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu. Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu. Ainsi, moi-même, en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ.

ÉVANGILE
« La lèpre le quitta et il fut purifié » (Mc 1, 40-45)
Alléluia. Alléluia.Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. Alléluia. (Lc 7, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.
Patrick BRAUD

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6 décembre 2020

Gaudete : je vois la vie en rose

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Gaudete : je vois la vie en rose

Homélie pour le 3° Dimanche de l’Avent / Année B
13/12/2020

Cf. également :
Réinterpréter Jean-Baptiste
Que dis-tu de toi-même ?
Un présent caché
Tauler, le métro et « Non sum »
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter

La rosée biblique

Gaudete : je vois la vie en rose dans Communauté spirituelle pape-francois-gaudete-laetareEn voyant la chasuble rose de votre prêtre de paroisse ce dimanche, vous vous poserez sûrement des questions : est-ce une marque de soutien LGBT ? A-t-il trop fredonné le succès planétaire d’Édith Piaf qui voit « la vie en rose » ? Cette couleur sucrée annonce-t-elle les confiseries sous le sapin ?

Foin de tout cela, bien sûr ! Ce troisième dimanche de l’Avent est traditionnellement appelé le dimanche de la joie, en latin le dimanche du Gaudete, car l’antienne d’ouverture de la liturgie chantait : « Gaudete in Domino semper : iterum dico, gaudete. Modestia vestra nota sit omnibus hominibus : Dominus enim prope est. Nihil solliciti sitis : sed in omni oratione petitiones vestræ innotescant apud Deum ». « Soyez toujours joyeux dans le Seigneur ! Je vous le répète : soyez joyeux. Votre sérénité dans la vie doit frapper tous les regards, car le Seigneur est proche. Ne vous inquiétez de rien, mais dans toutes vos prières exposez à Dieu vos besoins. Elle reprend en cela la deuxième lecture de ce dimanche : « Soyez toujours dans la joie » (1 Th 5,16), ainsi que la première lecture : « Je tressaille de joie dans le Seigneur » et le cantique de Marie qui nos sert de psaume : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !« .

Alors que la couleur des vêtements liturgiques de l’Avent est le violet, en signe de préparation pénitentielle à Noël, le rose peut ce jour-là remplacer le violet pour anticiper en quelque sorte la joie de la venue du Verbe de Dieu, et pour tenir bon jusqu’à Noël, parce que nous savons qu’il est déjà venu et qu’il vient.

wp71658eff_06 aurore dans Communauté spirituellePourquoi le rose ? Les tentatives d’explications sont vagues et embrouillées. Le rose n’est pas une couleur biblique. Par contre, la rosée – qui est de la même racine que la couleur – est un phénomène bien connu à qui l’Ancien Testament fait référence une quarantaine de fois. Pendant l’Exode par exemple, la rosée est associée à la manne, car les deux descendent ensemble du ciel pour nourrir le peuple au petit matin : « Le soir même, surgit un vol de cailles qui recouvrirent le camp ; et, le lendemain matin, il y avait une couche de rosée autour du camp. Lorsque la couche de rosée s’évapora, il y avait, à la surface du désert, une fine croûte, quelque chose de fin comme du givre, sur le sol » (Ex 16, 13 14). La rosée annonce que Dieu va prendre soin de son peuple et ne le laissera pas dépérir en plein désert.

Ce phénomène naturel résonne également comme une promesse de fécondité, car le sol  humidifié par la rosée est le terreau idéal pour la prolifération de la vie. À tel point que la Parole de Dieu y est comparée : « Mon enseignement ruissellera comme la pluie, ma parole descendra comme la rosée, comme l’ondée sur la verdure, comme l’averse sur l’herbe » (Dt 32,2) et que Dieu lui-même s’engage : « Je serai pour Israël comme la rosée, il fleurira comme le lis, il étendra ses racines comme les arbres du Liban » (Os 14,6).

118327308_o AventEn s’habillant de rose, l’Église célèbre l’Avent comme la rosée de l’avènement ultime. Déjà les premières gouttes de la pluie de grâce bienfaisance de la venue du Christ nous transforment. Elles font disparaître nos raideurs, nos sécheresses. Elles préparent une nourriture incomparable. Elles favorisent l’élan vital qui ne demande qu’à jaillir de nous.

La rosée en vint ainsi à désigner la douceur de vivre ensemble lorsqu’on se sent frères et sœurs d’un seul Père : « Oui, il est bon, il est doux pour des frères de vivre ensemble et d’être unis ! [...] On dirait la rosée de l’Hermon qui descend sur les collines de Sion. C’est là que le Seigneur envoie la bénédiction, la vie pour toujours » (Ps 132, 1.3)

D’ailleurs la couronne de l’Avent est souvent composée de trois bougies rouges et d’une rose, allumée le troisième dimanche.
Cette pédagogie n’est pas propre qu’à l’Avent : pendant le carême, il y a le dimanche du « Laetare », où la couleur rose peut être aussi de mise (anticipation de Pâques).

 

La couleur de l’aurore

Les navigateurs ayant bataillé la nuit entière au creux des vagues de l’océan témoignent souvent de leur éblouissement lorsque l’aube s’annonce : le ciel timidement se réchauffe, une pâle lueur se mélange à la nuit et trace l’horizon bien avant que le soleil le franchisse. Tout se teinte d’un rose délicat aux multiples nuances : c’est l’aurore qui pointe, espérance d’un jour nouveau.

Dès que, fille du matin, parut l'aurore aux doigts de rose...Les poètes l’ont chanté :
L’aurore s’allume ;
L’ombre épaisse fuit ;
Le rêve et la brume
Vont où va la nuit ;
Paupières et rose
S’ouvrent demi-closes ;
Du réveil des choses
On entend le bruit.
[…]
Création pure !
Être universel !
Océan, ceinture
De tout sous le ciel !
Astres que fait naître
Le souffle du maître,
Fleurs où Dieu peut-être
Cueille quelque miel !                                Victor HUGO (1802 – 1885), L’aurore s’allume.

Saint-John Perse guette sa venue, « un peu avant l’aurore et les glaives du jour, quand la rosée de mer enduit les marbres et les bronzes, et l’aboiement lointain des camps fait s’émietter les roses à la ville » (Amers),
La liturgie y voit la figure de Marie, la première arrivée au terme de notre course :
« Aujourd’hui la Vierge Marie, la mère de Dieu, est élevée dans la gloire du ciel, parfaite image de l’Église à venir, aurore de l’Église triomphante, elle guide et soutient l’espérance de ton peuple encore en chemin » (Préface pour la messe de l’Assomption).
Jean-Paul II appelait Marie : « aurore du monde nouveau », car en elle notre humanité a déjà basculé de l’autre côté de la ligne d’horizon, dans le monde de la Résurrection….
S’habiller de rose est alors revêtir par avance la joie dont Marie est déjà comblée en plénitude ; c’est célébrer la venue prochaine du Soleil de justice dissipant nos ténèbres.

 

Les trois joies que l’Avent fait descendre sur nous comme la rosée du ciel.

Une paroisse a demandé à ses fidèles d’écrire librement sur un quart de feuille la joie qui irrigue leur vie en ce moment. L’avalanche de bulletins roses qui en résulta surpris tout le monde, car l’ambiance n’est pas particulièrement à l’optimisme en cette fin de confinement ! On peut en restituer la substantifique moelle à travers la sélection suivante, regroupée autour de trois têtes de chapitres : la joie humaine, la joie de Dieu, la joie chrétienne. Donnons la parole à l’expérience ordinaire de nos assemblées, pour y entendre comment le sens de la foi (sensus fidei) nourrit les chrétiens et leur fait voir la vie en rose :

 

1. La joie humaine

Il y a des moments, dans la vie, qui sont de purs ravissements de bonheur, qui sont des joies simples mais profondes. Ce sont celles-là qui nous nourrissent au plus profond de notre cœur. En voici quelques-unes.

Racontez-nous la joie des hommes.

-    La joie, c’est quand un papa soulève son enfant au bout de ses bras, le lance en l’air et le reprend tout contre lui, quand les deux rient aux éclats et que leurs yeux brillants se mirent les uns dans les autres.
-    La joie, c’est quand la fiancée repose tendrement dans les bras de son fiancé, en silence et en amour, et que ce moment pourrait durer une éternité sans sombrer dans l’ennui ou la distraction.
-    La joie, c’est quand les enfants reviennent de l’école et, tout en savourant une tartine et un verre de lait, racontent en toute confiance leur journée à leur maman qui les écoute avec amour.
-    La joie, c’est quand toute la famille, profitant du congé des Fêtes, va skier et glisser à la montagne, avant de partager ensemble un bon repas chaud.

———-

-     La joie, c’est quand, après avoir vécu une grande angoisse, tu retrouves soudain la paix pour un nouveau départ.
-   La joie, c’est quand ton cœur, las de tristesse et de douleur, trouve consolation et réconfort auprès de personnes que tu aimes et qui t’aiment.
-    La joie, c’est quand tu retrouves un ami perdu depuis longtemps et qui, par un soir d’hiver, frappe à ta porte et te serre chaleureusement dans ses bras.
-     La joie, c’est quand tu es malade ou seul et que, sans s’être annoncée, de la belle visite envahit ton foyer et vient te causer amicalement.
-    La joie, c’est quand une maman met au monde un enfant sous les yeux émus du papa et le montre ensuite, éblouie, à la famille, à la parenté, aux amis, aux visiteurs.

———–

-    La joie, c’est quand, de ta fenêtre, tu regardes la neige tomber en silence et décorer tranquillement l’épinette de ta pelouse et que ton cœur chante au-dedans de toi.
-    La joie, c’est quand tu regardes les gens passer dans ta rue et que, même emmitouflés jusqu’au cou, tu les trouves beaux et bons.
-   La joie, c’est quand tu te promènes le soir dans les rues et que tu regardes toutes les décorations de Noël, et que tu te dis : « Que c’est beau ! »
-   La joie, c’est quand tu donnes un cadeau à un enfant ou à un plus pauvre que toi et que tu vois leurs yeux briller comme des soleils, et que tu te dis : « Que c’est bon ! »

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-    La joie, c’est une petite source d’eau claire qui chante sa douce musique au creux de ton cœur, qui rafraîchit tout ton être et te fait trouver bonne la vie.
-    La joie, c’est une petite fleur de rien du tout qui pousse soudainement au jardin de ton âme, qui parfume tout ton être et embellit toute ta vie.
-    La joie, c’est une petite lumière qui vient éclairer ta nuit, une étoile minuscule qui t’indique le chemin, qui te rassure, te console et te pacifie.
-    La joie, c’est un nuage qui te fait un clin d’œil dans le ciel, un oiseau qui passe en chantant, un enfant qui te sourit, un vieillard qui te regarde aimablement, c’est la vie toute simple qui t’apporte un supplément d’être.
-    La joie, c’est l’amour que tu donnes et que tu reçois, qui te réjouit le cœur et allume des lumières dans ta vie…

 

2. La joie de Dieu

S’il y a la joie des humains, il y a aussi celle de Dieu lui-même. Dieu, qui nous envoie son Fils pour nous sauver, n’est pas un Dieu triste et revanchard. Tout au contraire, il est un Dieu aimant et aimable et qui trouve sa joie précisément dans cet amour.

Racontez-nous la joie de Dieu.

-     La joie de Dieu, c’est de nous regarder vivre comme un père ou une mère regardent leurs enfants, avec beaucoup d’amour au cœur et dans les yeux.
-     La joie de Dieu, c’est de nous accompagner sur tous nos chemins, qu’ils soient heureux ou malheureux, bons ou mauvais, et de ne jamais nous abandonner.
-     La joie de Dieu, c’est de nous accueillir dans sa maison en tout temps et encore plus quand nous revenons de loin, de si loin parfois que nous l’avions presque oublié.
-     La joie de Dieu, c’est de s’approcher de nous, d’être avec nous, jusqu’à nous donner son Fils unique comme preuve de son amour de toujours et pour toujours.
-     La joie de Dieu, c’est ce petit enfant qui repose dans une crèche et qui dort paisiblement en notre cœur.


3. La joie chrétienne

La joie chrétienne repose principalement sur notre foi en notre Dieu qui nous aime et qui nous sauve à chaque instant. C’est une joie que même les plus grands malheurs ne peuvent assombrir. Regardons-la un peu.

Racontez-nous la joie chrétienne.

La joie chrétienne, c’est…

-     savoir que Dieu habite au plus profond de ton cœur et que tu peux lui parler où tu veux, quand tu veux, de ce que tu veux…
-     aider un plus malheureux que toi et de reconnaître en lui le Seigneur lui-même qui se cache dans ses frères et sœurs les plus humbles…
-     s’arrêter à l’église en revenant de tes courses de Noël pour dire à Jésus que tu l’aimes et pour l’écouter te dire qu’il t’aime aussi…
-     faire une prière à Jésus avec ton petit enfant quand tu bordes son lit le soir et lui raconter une histoire pour l’endormir…
-     regarder les enfants jouer dans la cour et de demander humblement au Seigneur de leur ressembler un peu…
-     découvrir Jésus en chaque personne, même la pire…

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La joie chrétienne, c’est…

-     quand tu te pâmes pour Dieu, que tu le trouves formidable, merveilleux, extraordinaire, unique, super…
-     quand tu fermes les yeux devant qui te fait du mal et que tu ouvres bien grands ton cœur et ta maison pour l’accueillir au nom de Jésus…
-     quand tu tournes ton cœur vers le Seigneur dans ta vie de pécheur, étant sûr que son cœur est bien plus grand que toutes tes bêtises…
-    quand tu te mets à danser et à chanter avec tes frères et sœurs dans la foi tellement tu es heureux que Jésus soit au rendez-vous de nos vies…
-   quand, même au milieu de grandes épreuves, tu sais que le Seigneur ne t’abandonnera jamais, qu’il sera toujours là pour t’écouter et te tendre la main comme un père aimant et une maman très douce…

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La joie chrétienne, c’est…

-     quand tu donnes ton pardon ou que tu en reçois un au nom de Jésus et qu’ils te lavent l’âme aussi nette qu’une grande ondée de printemps…
-     quand tu découvres, dans l’émerveillement, qu’au fond Dieu seul suffit pour que tu vives le vrai bonheur…
-     quand tu pleures, tellement le bonheur inonde ton cœur, parce que tu comprends de plus en plus de quel amour profond le Seigneur t’aime et t’aimera toujours…
-     quand le Seigneur place sur ton chemin un ange de paix et de lumière qui panse tes plaies et te relance sur le chemin de l’espérance…
-     quand tu découvres qu’en ce petit enfant, couché dans une crèche, il y a tout l’amour du monde, tout l’amour d’un Dieu…

Et vous : qu’écririez-vous de votre joie actuelle sur un quart de feuille rose ?

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Je tressaille de joie dans le Seigneur » (Is 61, 1-2a.10-11)

Lecture du livre du prophète Isaïe

L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.
Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a vêtue des vêtements du salut, il m’a couverte du manteau de la justice, comme le jeune marié orné du diadème, la jeune mariée que parent ses joyaux. Comme la terre fait éclore son germe, et le jardin, germer ses semences, le Seigneur Dieu fera germer la justice et la louange devant toutes les nations.

CANTIQUE

(Lc 1, 46b-48, 49-50, 53-54)
R/ Mon âme exulte en mon Dieu.   (Is 61, 10)

Mon âme exalte le Seigneur,
exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Sa miséricorde s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Il comble de biens les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour

DEUXIÈME LECTURE
« Que votre esprit, votre âme et votre corps soient gardés pour la venue du Seigneur » (1 Th 5, 16-24)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens

Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophéties, mais discernez la valeur de toute chose : ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers ; que votre esprit, votre âme et votre corps, soient tout entiers gardés sans reproche pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, Celui qui vous appelle : tout cela, il le fera.

 

ÉVANGILE
« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas » (Jn 1, 6-8.19-28)
Alléluia. Alléluia.L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Alléluia. (cf. Is 61, 1)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière.
Voici le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il ne refusa pas de répondre, il déclara ouvertement : « Je ne suis pas le Christ. » Ils lui demandèrent : « Alors qu’en est-il ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Je ne le suis pas. – Es-tu le Prophète annoncé ? » Il répondit : « Non. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix de celui qui crie dans le désert :Redressez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, ils avaient été envoyés de la part des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es ni le Christ, ni Élie, ni le Prophète ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale. »
Cela s’est passé à Béthanie, de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où Jean baptisait.
Patrick BRAUD

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