Quatre lettres qui changèrent le monde
Quatre lettres qui changèrent le monde
Homélie pour le 3° Dimanche de Carême / Année C
23/03/25
Cf. également :
Dieu au détour
Le malheur innocent
Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent
Les résistances de Moïse… et les nôtres
Les catholiques ne s’en sont guère aperçus, mais depuis 2008 une petite révolution liturgique s’est opérée dans les textes. En effet, la Congrégation romaine pour le culte divin publiait une directive sur le « Nom de Dieu », demandant expressément à toutes les conférences épiscopales de faire disparaître la transcription Yahvé de la liturgie catholique, par respect de l’usage de la communauté juive qui s’interdit de prononcer le nom YHWH révélé à Moïse dans notre première lecture (Ex 3,1-15) [1]. Elle demandait de substituer Dominus à YHWH, ce qui se traduit en français par : Seigneur. « L’omission de la prononciation du tétragramme du nom de Dieu de la part de l’Église a donc sa raison d’être. En plus d’un motif d’ordre purement philologique, il y a aussi celui de demeurer fidèle à la tradition ecclésiale, puisque le tétragramme sacré n’a jamais été prononcé dans le contexte chrétien, ni traduit dans aucune des langues dans lesquelles on a traduit la Bible ». Benoît XVI donnait aussitôt l’exemple : dans son livre sur Jésus de Nazareth (tome 2, 2011), il écrivit le Tétragramme YHWH sans y mettre aucune voyelle.
Un nom de 4 lettres – 4 consonnes – qui s’écrivent mais ne se prononcent pas…
Quel peut donc être le sens de cette énigme pour nous aujourd’hui ?
Tout dépend de la traduction que l’on fait de ces 4 lettres, qui se rapportent au verbe être en hébreu.
1. « Je suis Celui qui est »
Le nom YHWH (יהוה), connu comme le Tétragramme, provient de l’hébreu biblique. Il est dérivé de la racine הוה (h-w-h) ou היה (h-y-h), qui signifie « être ». Selon Ex 3,14, il est lié à l’expression Ehyeh Asher Ehyeh, que l’on peut traduire par « Je suis Celui qui est » (d’autres traductions sont possibles, cf. infra).
Cette traduction affirme en creux que les autres divinités ne sont pas, n’existent pas réellement. La longue et difficile émergence du monothéisme est d’abord passée par une disqualification des autres divinités adorées parmi les Cananéens, les Hittites, les Philistins, les Sumériens, les Assyriens, les Babyloniens, les Égyptiens etc. : Mardouk, Baal, Astarté, Horus, Amon-Râ… Il y avait bien eu un pharaon ‘impie’, Akhénaton (ex Amenothep IV), qui au XIV° siècle avant J.-C. avait tenté d’instaurer le culte d’Aton ‑ le disque solaire ‑ comme Dieu unique. Sa réforme religieuse n’avait pas séduit le peuple, et les Égyptiens enterrèrent le culte solaire avec leur pharaon sacrilège, pour revenir à leurs divinités multiples. Il y avait eu également Zoroastre en Iran, le zoroastrisme s’étendant du X° siècle au VI° siècle avant J.-C. environ, qui avait élaboré une forme de monothéisme centrée sur Ahura Mazda, le dieu de la sagesse et de la lumière. Sa conception dualiste du bien et du mal affaiblissait cependant l’unicité divine. Mais l’influence du zoroastrisme a pu s’étendre jusqu’en Israël.
Chez les Hébreux, la transition vers un monothéisme strict s’est réalisée progressivement, probablement entre le XIII° et le VI° siècle avant J.-C. [2]. Les textes bibliques et l’archéologie montrent des traces de polythéisme et de monolâtrie (culte exclusif d’un dieu tout en reconnaissant l’existence d’autres dieux), avant l’affirmation du monothéisme pur.
Le nom divin biblique Élohim, qui est un pluriel du nom générique EL (Dieu), est le témoin de la persistance du polythéisme en Israël, de même que le pluriel de majesté employé lorsque Dieu est supposé dire Nous et parler au pluriel (exemple : « Faisons l’homme à notre image » Gn 1,26), comme le fait régulièrement le Coran.. Cette persistance montre que les idoles résistent, toujours et encore…
L’Ancien Testament commence par montrer que YHWH est plus fort que les idoles païennes (victoires militaires, libération d’Égypte, prodiges…), puis ridiculise les cultes idolâtriques où les fidèles se prosternent devant des bouts de bois ou de métal qu’ils ont eux-mêmes taillés et fabriqués. Tous ces faux dieux ne sont qu’« ouvrages de mains humaines », c’est-à-dire des projections de notre désir inconscient attribuant à ces faux dieux des pouvoirs imaginaires, tels les supers héros de Marvel sortis de l’imagination de Stan Lee et autres comics… « Leurs idoles : or et argent, ouvrages de mains humaines. Elles ont une bouche et ne parlent pas, des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas, des narines et ne sentent pas. Leurs mains ne peuvent toucher, leurs pieds ne peuvent marcher, pas un son ne sort de leur gosier ! » (Ps 114,4-8).
Démasquer l’inanité et l’inexistence des idoles modernes est toujours la tâche des héritiers de Moïse que nous sommes, que ce soit les idoles du marché financier, des idéologies totalitaires, des superstitions magiques etc.
« Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS’ » : la pensée occidentale a exploré cette révélation de Dieu comme l’ÊTRE suprême, la source de l’être. La métaphysique de Thomas d’Aquin repose largement sur une philosophie de l’être (ontologie) mariant Moïse et Aristote, la relation et la substance. Synthèse admirable qui pendant des siècles a structuré la théologie et la pratique des catholiques.
2. « Je suis qui je suis »
En traduisant YHWH ainsi, on insiste sur l’impossibilité pour l’homme de mettre la main sur l’identité profonde de YHWH. Il est l’Inconnaissable, celui qui échappe sans cesse à nos concepts, nos définitions. Seul Dieu parle bien de Dieu, et tout ce que l’homme pourra en balbutier est très loin de la réalité divine !
« Je suis qui je suis » : cette tautologie est également l’affirmation d’une radicale altérité Dieu–homme, d’une grandeur telle que l’homme ne peut la concevoir. Un peu comme la célèbre formule du général De Gaulle : « la France, c’est la France ! », qui produisait sur son auditoire un effet de grandeur et d’absolu.
YHWH est, par lui-même, sans aucun rapport avec le peu que l’homme en saisit.
On rejoint par-là la tradition de la « docte ignorance » prônée par tant de mystiques : ignorer qui est Dieu est plus grand que croire le connaître. Le véritable savoir sur Dieu culmine dans le non-savoir, voire le silence (théologie apophatique). « Si tu comprends, ce n’est pas Dieu » répétait inlassablement Saint Augustin…
Laisser à YHWH sa part de mystère, d’inconnaissance est l’héritage de ceux qui comme Moïse enlèvent leurs sandales et se prosternent devant Celui qui les dépasse.
Or beaucoup prétendent sonder les profondeurs divines, et s’autoproclament interprètes exclusifs de sa volonté (cf. les Mormons, les Témoins de Jéhovah etc.). La charia islamique prétend enfermer l’obéissance à Dieu dans un code juridique (répressif et daté !). Les Églises chrétiennes ont trop souvent voulu régenter le quotidien de leurs fidèles au nom de leur « savoir » sur Dieu.
Mais, comme l’écrivait Maurice Clavel en son temps avec colère et humour : « Dieu est Dieu, nom de Dieu ! » Laissez-le exister tel qu’il est, et non tel que vous voudriez le modeler. Le Nom de Dieu – YHWH – rappelle à tous les apprentis sorciers qu’ils ne peuvent mettre la main sur lui. Ce qui devrait nous inciter à dénoncer inlassablement toute instrumentalisation du Nom de Dieu dans nos guerres, nos systèmes politiques, nos réussites ou nos échecs. « Gott mit uns » est l’anti-YHWH par excellence ! Annexer Dieu sur une boucle de ceinturon, un drapeau, un billet de banque ou une devise étatique, c’est le trahir, le réduire à une idole fabriquée pour servir nos intérêts…
Comment puis-je laisser Dieu être Dieu dans ma vie ?
3. « Je suis qui je serai »
Cette autre traduction a le mérite de lier le présent au futur, pour Dieu comme pour l’homme. C’est comme si YHWH disait à Moïse : « tu verras bien en cours de route qui je suis. Marche, avance, guide ton peuple à travers le désert, et tu découvriras peu à peu Celui qui te porte comme sur les ailes de l’aigle« .
L’intérêt de cette traduction est multiple. Elle se situe d’emblée Dieu dans la relation avec Moïse, le peuple, et non dans l’Être (la substance). Elle privilégie l’histoire à l’éternité. Elle annonce l’Alliance par laquelle Moïse et le peuple (puis Jésus et l’Église) vont entrer dans une intimité de plus en plus grande avec Dieu. En même temps, elle réaffirme l’impossibilité humaine de savoir à l’avance comment Dieu va se manifester. C’est en marchant avec YHWH qu’on apprend à le connaître, ou du moins découvrir combien il est plus grand que nous. Ce qui là encore interdit l’instrumentalisation du Nom de Dieu : tu ne peux pas dire à l’avance où YHWH va te conduire. Seul le cheminement avec lui le révélera. N’essaie pas de l’amener là où tu veux, laisse-toi conduire par lui.
Accepter de ne pas savoir à l’avance, tout en se mettant en route : YHWH est celui qui permet l’histoire, l’alliance, le compagnonnage, le respect absolu de l’altérité divine.
Comment nourrir en moi cette confiance dans le chemin plus que dans le but ?
4. YHWH l’Imprononçable
La dernière traduction de YHWH n’en est pas une ! Elle consiste justement à s’interdire de traduire, car ce serait réduire Dieu à ce que je comprends de lui. Le peuple juif s’interdit même de prononcer ce Nom. Pas seulement parce qu’on ne sait plus quelles voyelles on a pu utiliser autrefois pour vocaliser ce texte qui ne comportait que des consonnes. Bien davantage parce que nommer quelqu’un, c’est déjà avoir un pouvoir sur lui, une forme de domination. Ainsi quand Adam nomme les animaux à l’invitation de YHWH (Gn 2,19-20), il exprime sa grandeur, sa seigneurie sur toute la création, sa différence. Ce que YHWH avait fait en nommant la terre, le ciel, les cieux, les astres lors de la genèse de l’univers.
Nommer quelqu’un, c’est affirmer un pouvoir sur lui ! Or YHWH par nature échappe à la maîtrise humaine. Prononcer son nom serait le convoquer, l’utiliser, l’asservir, l’enfermer dans des mots. C’est pourquoi traduire YHWH par YaHWeH (ou pire par Jéhovah) serait un « blasphème ». Dieu est plus grand que ce que la voix humaine peut en dire.
L’illéité divine : trace et éthique (Emmanuel Lévinas)
Un (trop) rapide détour par l’immense philosophe juif Emmanuel Lévinas (1906-1995) peut nous aider à traduire en termes contemporains ce que la transcendance du Tétragramme imprononçable peut signifier aujourd’hui.
« Je vais vous conter un trait singulier de la mystique juive. Dans certaines prières très anciennes, fixées par d’antiques autorités, le fidèle commence par dire à Dieu « tu » et finit la proposition commencée en disant « il », comme si, au cours de cette approche du « toi » survenait sa transcendance en « il ». C’est ce que j’ai appelé, dans mes descriptions, l’ »illéité » de l’Infini [3] ».
Parler de Dieu à la troisième personne – ‘il’– c’est le reconnaître à la fois absent (sinon, ce serait ‘tu’) et pourtant proche. Un peu comme le buisson ardent manifeste que Dieu est invisible et que pourtant il m’appelle. Dieu ne se voile ni ne se dévoile : il nous appelle à marcher avec lui.
« Le Dieu biblique ne se laisse pas enfermer dans une image ou une idée. Il est l’absolument Autre, celui qui ne peut être réduit à une totalité ». Dans Difficile liberté, Lévinas écrit : « Le Dieu biblique ne se manifeste pas dans une théophanie ; il ne s’offre pas à la contemplation mais à l’écoute. »
Moïse fera l’expérience qu’on ne peut voir YHWH de face, mais seulement de dos, après son passage : « YHWH dit encore : “Tu ne pourras pas voir mon visage, car un être humain ne peut pas me voir et rester en vie.” Le Seigneur dit enfin : “Voici une place près de moi, tu te tiendras sur le rocher ; quand passera ma gloire, je te mettrai dans le creux du rocher et je t’abriterai de ma main jusqu’à ce que j’aie passé. Puis je retirerai ma main, et tu me verras de dos, mais mon visage, personne ne peut le voir” » (Ex 33,20–23).
D’où l’idée de Lévinas de parler de trace pour évoquer le passage de YHWH dans nos vies : il passe « de dos », mais nous pouvons discerner la trace de son passage.
Comment ? Essentiellement pour Lévinas à travers le visage d’autrui :
« L’illéité est la manière dont l’infini se signale dans le visage, non comme une présence, mais comme une trace. La trace ne signifie pas l’absence d’un être, mais l’au-delà de l’être ».
En résumé, l’illéité chez Lévinas désigne la dimension absolument autre de l’autre, son irréductibilité à la totalité et à la compréhension. Elle est une trace de l’infini, qui appelle à une responsabilité éthique infinie. Ce concept est central pour comprendre la pensée de Lévinas, qui place l’éthique comme philosophie première, avant toute ontologie ou épistémologie.
Dieu ne se mélange pas au monde, mais laisse une trace qui interpelle l’homme. Cette trace se manifeste dans le visage d’autrui, qui est porteur de l’exigence divine.
« Le nom de Dieu est une trace, non une présence. Il est ce qui passe sans se laisser saisir, ce qui appelle sans se montrer ».
« La trace signe le retrait de celui qui se manifeste dans son évasion, qui se retire dans sa gloire en laissant une trace de son passage. »
Le concept d’illéité s’applique bien au Dieu juif YHWH, car il exprime une vision de Dieu comme transcendance radicale, insaisissable et irreprésentable, mais qui se manifeste dans l’éthique et la responsabilité envers autrui. YHWH, tel que présenté dans la Bible et les commentaires talmudiques, correspond pleinement à cette idée d’un Dieu qui « se dérobe » à l’intellect humain tout en interpellant l’homme par une exigence éthique infinie. Cela fait de Lévinas un penseur profondément enraciné dans la tradition juive, tout en proposant une philosophie universelle de la transcendance et de la responsabilité.
Quelles sont les traces du passage de YHWH dans ma vie ?
À quels engagements éthiques l’écoute de YHWH m’appelle-t-elle ?
La transcendance comme donation et pur amour (Jean-Luc Marion)
Le philosophe chrétien Jean-Luc Marion (académicien, né en 1946) a lui aussi exploré les traductions contemporaines du Tétragramme, au-delà de toute spéculation sur l’être.
« Dieu ne doit pas être pensé comme un étant, même suprême, mais comme ce qui excède toute ontologie » [4].
Marion met l’accent sur la manifestation de Dieu dans les expériences qu’il qualifie de « saturées », c’est-à-dire remplies d’un excès qui nous bouleverse (la beauté, l’amour humain, l’art, la création intellectuelle, scientifique, technique etc.). Loin d’être une pure absence, Dieu est pour Marion une pure donation, l’acte de se communiquer à l’homme librement, gracieusement, entièrement.
« Dieu se donne sans se laisser enfermer dans les catégories de l’être. Il est l’excès même, la surabondance de la donation ».
Chez Levinas, c’est le visage d’autrui qui est la trace de l’infini passant dans nos vies, et qui nous appelle à la responsabilité éthique. Chez Marion, c’est l’icône (et tout ce qui peut jouer ce rôle iconique) qui porte la révélation divine.
L’icône, contrairement à l’idole, ne cherche pas à capturer ou à représenter Dieu, mais à ouvrir une relation où Dieu se donne à voir sans être réduit à une image.
« L’icône ne représente pas Dieu, mais elle rend possible une rencontre où Dieu se donne à voir dans son excès ».
Cette expérience de l’infini se fait dans l’amour et par l’amour.
« L’amour est ce qui précède l’être, ce qui le fonde et l’excède. Dieu est amour avant d’être être ».
« La révélation n’est pas une information sur Dieu, mais une donation de soi qui excède toute compréhension ».
« Ce qui définit Dieu n’est pas d’être, mais d’aimer et de se donner comme amour ».
« Aimer ne signifie pas seulement recevoir ou donner, mais recevoir pour donner, et ainsi entrer dans la logique de l’excès. L’amour seul ouvre à l’infini ».
Quels sont les moments saturés ou quelque chose de l’infini s’est manifesté à moi dans mon parcours ?
Penser YHWH comme donation et pur amour : quelles conséquences pour moi ?
Au terme de cette évocation (non exhaustive, et trop limitée !) des différentes interprétations du Tétragramme, revisitez en vous-même les pistes abordées : la transcendance ; la source de l’Être et l’inanité des idoles ; une identité qui est un cheminement ; un appel à faire confiance sans savoir ; un passage qui laisse des traces sur le visage d’autrui et exige une éthique ; une pure donation dont l’icône est l’amour dont nous sommes capables…
YHWH : ces 4 lettres changèrent le monde.
Qu’elles changent aussi notre vie !
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[1]. Dans la traduction grecque de la Torah – la Septante (LXX) – le nom hébreu YHWH est toujours traduit par Κύριος (Kyrios) = Seigneur.
[2]. La plus ancienne mention épigraphique connue du Tétragramme est un nom théophore, c’est-à-dire « portant [le nom de] Dieu », daté de 820 av. J.-C. sur la stèle de Tel Dan au nord d’Israël. Une inscription plus explicite, datée de 810 av. J.-C., a été trouvée sur la stèle de Mesha en Jordanie.
[3]. Références principales :
Totalité et infini (1961) : Introduction à l’éthique comme philosophie première et à l’altérité radicale.
Autrement qu’être ou au-delà de l’essence (1974) : Texte fondamental pour comprendre l’illéité et la notion de trace.
Difficile liberté (1963) : Essais qui relient sa philosophie à la tradition juive.
[4]. Références principales :
Dieu sans l’être (1982) : Fondation de la critique de l’ontologie appliquée à Dieu.
Étant donné (1997) : Concept du phénomène saturé et de la donation.
De surcroît (2001) : Approfondissement de la révélation divine comme excès.
Le phénomène érotique (2003) : L’amour comme mode de révélation divine.
Certitudes négatives (2010) : Dieu comme dérobade et certitude excédante.
La croisée du visible (1996) : Excès du visible et analogie avec la transcendance divine.
LECTURES DE LA MESSE
1ère lecture : « Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis » (Ex 3, 1-8a.10.13-15)
Lecture du livre de l’Exode
En ces jours-là, Moïse était berger du troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à la montagne de Dieu, à l’Horeb. L’ange du Seigneur lui apparut dans la flamme d’un buisson en feu. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer. Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne se consume-t-il pas ? » Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour voir, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! » Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire les sandales de tes pieds, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte ! » Et il déclara : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu. Le Seigneur dit : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de ce pays vers un beau et vaste pays, vers un pays, ruisselant de lait et de miel. Maintenant donc, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. » Moïse répondit à Dieu : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : ‘Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.’ Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? » Dieu dit à Moïse : « Je suis qui je suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : Je-suis’. » Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est Le Seigneur, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob’. C’est là mon nom pour toujours, c’est par lui que vous ferez mémoire de moi, d’âge en d’âge. »
Psaume : Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 6-7, 8.11
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié. (Ps 102, 8a)
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
Le Seigneur fait œuvre de justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.
2ème lecture : La vie de Moïse avec le peuple au désert, l’Écriture l’a racontée pour nous avertir (1 Co 10, 1-6.10-12)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer que, lors de la sortie d’Égypte, nos pères étaient tous sous la protection de la nuée, et que tous ont passé à travers la mer. Tous, ils ont été unis à Moïse par un baptême dans la nuée et dans la mer ; tous, ils ont mangé la même nourriture spirituelle ; tous, ils ont bu la même boisson spirituelle ; car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher, c’était le Christ. Cependant, la plupart n’ont pas su plaire à Dieu : leurs ossements, en effet, jonchèrent le désert. Ces événements devaient nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer ce qui est mal comme l’ont fait ces gens-là. Cessez de récriminer comme l’ont fait certains d’entre eux : ils ont été exterminés. Ce qui leur est arrivé devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a raconté pour nous avertir, nous qui nous trouvons à la fin des temps. Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.
Évangile : « Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même » (Cl 13, 1-9)
Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.
Convertissez-vous, dit le Seigneur, car le royaume des Cieux est tout proche.
Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (Mt 4, 17)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Un jour, des gens rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’ Mais le vigneron lui répondit : ‘Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ »
Patrick BRAUD
Mots-clés : Carême, Levinas, Marion, Tétragramme, YHWH