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17 novembre 2024

Est-ce que je suis juif, moi ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Est-ce que je suis juif, moi ?

 

Homélie pour la fête du Christ Roi / Année B
24/11/24

Cf. également :
Christ-Roi : idéologie ou spiritualité ?
Christ-Roi : Comme larrons en foire
Le jugement des nations
Un roi pour les pires
Église-Monde-Royaume
Le préfet le plus célèbre
Christ-Roi : Reconnaître l’innocent
La violence a besoin du mensonge
Non-violence : la voie royale
Le Christ-Roi, Barbara et les dinosaures
Roi, à plus d’un titre
Divine surprise
Le Christ-Roi fait de nous des huiles

D’Anubis à saint Michel
Faut-il être humble ou jupitérien pour gouverner ?
Roi, à plus d’un titre
Les trois tentations du Christ en croix
Le préfet le plus célèbre
Des « juifs perfides » à « nos frères aînés »

 

Des chiffres inquiétants

Le nombre d’actes antisémites recensés en France a bondi à 1676 lors de l’année 2023, contre 436 l’année précédente, alerte un rapport du CRIF de 2024. Cette quasi-multiplication par quatre en un an doit être mise en perspective : on avait quelques dizaines d’actes par an dans les années 1990, quelques centaines sur la période 2000-2022.

Entre le jour de l’attaque terroriste du Hamas en Israël et le 31 août, 1660 citoyens français de confession juive ont décidé de faire leur alya (‘montée’ ou retour à Jérusalem).

On constate une hausse de 300 % des actes antisémites au premier trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023. Et, en 2023, les actes antisémites représentaient 60% des actes antireligieux [1], contre 26% en 2022, alors que les juifs ne sont que 0,6% de la population française (la communauté juive de France est la première communauté juive d’Europe, avec environ 500 000 personnes vivant sur le territoire national).

 

De manière inquiétante, les vieilles calomnies sur une influence juive supposée dans les médias ou les affaires gagnent en audience : plus de la moitié des Français y croient ! Pire encore, les doutes sur la manipulation du statut de victimes de la Shoah atteignent désormais un Français sur deux.

Antisémitisme 1

Source : https://www.fondapol.org/etude/radiographie-de-lantisemitisme-en-france-2/ 

 

Si 17 % des Français aux globales sont sensibles aux thèses antisémites, les moins de 35 ans sont 23 % : les jeunes générations semblent à nouveau sensibles aux thèses antijuives.

Antisémitisme 2 

Indice de pénétration (en %), de l’antisémitisme : par tranche d’âge

 

Comme on s’y attendait, les Français de confession musulmane sont 3 fois plus nombreux que les autres à penser que l’antisémitisme n’est pas leur problème.

Antisémitisme 3 

Une attitude « à la Pilate » en quelque sorte, comme le rapporte notre Évangile du Christ Roi (Jn 18,33-37) : « Est-ce que je suis juif, moi ? » clame Pilate pour se dédouaner des troubles survenus au sein de Jérusalem pendant la Pâque. Et bientôt, il se lavera les mains du sort de Jésus, ne voulant avoir rien en commun avec ce peuple qu’il gouverne militairement au nom de Rome.

 

Depuis les massacres terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, nombre de nos concitoyens allument leur télévision en souhaitant regarder ailleurs : « Est-ce que je suis juif, moi ? »

Sous-entendu : cela ne me regarde pas. Pourquoi se mêler d’un conflit où il n’y a que des coups à prendre ? Cette indifférence se transforme en hostilité ouverte pour certaines générations plus jeunes, musulmanes ou LFI (ou les deux) : « ils n’ont que ce qu’ils méritent ! ». « Ce sont des colons, capitalistes, qui font subir aux Palestiniens un ‘génocide’ qu’ils légitiment par la Shoah, cherchant ainsi à faire oublier la Naqba = la catastrophe de la création de l’État d’Israël en 1948″.

 

Cette dégradation de l’opinion publique en France appelle de la part des chrétiens un sursaut courageux.

Revenons au face-à-face entre le roi des juifs et le préfet romain le plus célèbre de l’histoire : que peut nous apprendre Pilate sur la lâcheté politique ?

 

Pilate, où l’antisémitisme passif

 

- Qui était Ponce Pilate ?

Ponce PilateSon nom le désigne comme membre de l’ordre équestre du sud de l’Italie, les Pontii (d’où Ponce), du clan des Samni. C’est à ces chevaliers que Rome confiait les préfectures des territoires perdus de l’empire. Son nom est peut-être la trace de son origine marine : Pontius = de la mer / Pilatus = armé (d’une lance).

Quoi qu’il en soit, on ne sait rien de lui avant qu’il soit nommé en Judée par Tibère (de 26 à 37). Là, il réside à Césarée de Philippe pour éviter la populace de Jérusalem et ses violences récurrentes. Il restera 11 ans à ce poste : longévité assez rare pour un préfet à l’époque, grâce à ses soutiens auprès de Tibère. Il se fait remarquer par un cynisme et une violence extrêmes. Il brave la fierté juive en installant des boucliers d’or avec des images de l’empereur dans Jérusalem (or la foi juive proscrit le culte des images). Devant l’indignation du peuple, il recule cette fois-ci. Mais sa main ne tremblera pas pour donner l’ordre de massacrer à coups de gourdins des manifestants juifs protestant contre le détournement de l’argent du Temple de Jérusalem pour faire construire un aqueduc. Et sa répression sanglante d’un rassemblement de samaritains au monde Garizim fait tant de bruit que le légat voisin de Syrie, son hiérarchique, le déferrera à Rome pour être jugé. Mais Tibère meurt avant que Pilate n’arrive à Rome. Selon une tradition reprise par Eusèbe, il tomba en disgrâce sous le règne de Caligula et finit par se suicider, à Vienne (France) ou Lucerne (Suisse) selon des légendes peu crédibles (la tradition éthiopienne le fait mourir martyr à Rome, une fois converti au christianisme). On perd ensuite sa trace.

 

Tacite (Annales, XV, 44) fait mention de Pilate très brièvement en parlant des chrétiens : « Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus ».

Au total, les historiens comme Flavius Joseph ou Philon d’Alexandrie font de lui un portrait beaucoup moins flatteur que les Évangiles. Pour les premiers chrétiens, il fallait en effet atténuer la responsabilité des Romains dans l’assassinat de Jésus si on voulait vivre en bonne intelligence avec eux partout dans l’empire. Quitte à charger les autorités juives (ou le peuple entier pour Jean) d’une culpabilité beaucoup plus écrasante. Ce qui hélas sera à la source d’un antisémitisme ecclésial indigne de Jésus.

 

Bref, Pilate était un sale type, un fonctionnaire dur et inflexible, dont les chrétiens ont cherché à adoucir les traits pour ne pas compromettre leurs relations déjà précaires avec les autorités romaines (les persécutions commenceront très vite après la mort du Christ).

 

Tel qu’il est, cruel kapo à l’image retravaillée par la tradition orale chrétienne et la plume des évangélistes, Ponce Pilate nous intéresse cependant à plus d’un titre.

 

- Antisémitisme passif

Pilate a donc été capable des pires cruautés et exactions contre le peuple juif qu’il  gouvernait d’une main de fer. Ici, devant Jésus, il paraît plutôt hésitant. Ce ‘roi des juifs’  est si dérisoire, si entêté… Il voudrait bien ne pas être impliqué dans ces dissensions compliquées. Mais se proclamer roi – fût-ce de pacotille – est un acte politique qui conteste l’autorité de l’Empire : impossible de s’en désintéresser totalement. Se lavant les mains du problème, Pilate incarne une ligne de conduite qui n’en est pas une : laisser les juifs endosser la responsabilité des événements, quoi qu’il arrive. Et pouvoir ensuite les accuser si cela tourne mal. Bien sûr, Pilate rejette Jésus à cause de sa prétention royale plus que de sa judéité, mais finalement il englobe tous les protagonistes dans son mépris du peuple d’Israël.

 

L’antisémitisme passif aujourd’hui encore renvoie les juifs à leur responsabilité comme s’ils étaient les uniques acteurs et coupables de leurs malheurs. Les braves gens de la France occupée en 1939-45 fermaient les yeux sur ce qu’ils auraient pu voir ou entendre à propos des 200 camps de détention construits chez eux, des trains emmenant des familles juives qu’on ne revoyait plus, des théories raciales sur les Untermenschen (les sous-hommes) au nez crochu… « Est-ce que je suis juif, moi ? »

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Aujourd’hui, les mêmes braves gens trouvent que, quand même, la guerre en Israël coûte trop cher, que Tsahal en fait trop, que tout cela va mal se terminer pour tout le monde si  Israël s’entête. Pourquoi se mobiliser pour un camp plutôt qu’un autre ? « Est-ce que je suis juif, moi ? »

 

Heureusement il y eut Pie XI, qui n’a pas détourné son regard de la tragédie en préparation dans les années 30 : « L’antisémitisme est inadmissible ». « Spirituellement, nous sommes des sémites » (1938). Il condamne l’Action Française dès 1926 pour son antisémitisme, et publie en 1937 l’encyclique Mit brenneder Sorge (avec une brûlante inquiétude) écrite en allemand, et lue en chaire dans toutes les églises d’Allemagne le dimanche des Rameaux pour contourner l’interdiction d’Hitler.

 

Heureusement il y eut le cardinal Saliège qui ne détourna pas les yeux du sort réservé aux juifs de Toulouse et de France, au milieu d’une fausse indifférence générale.

 

Heureusement, il y eut tous les justes qui cachèrent, protégèrent et exfiltrèrent leurs compatriotes juifs poursuivis par les nazis.

 

Heureusement, il y eut Vatican II qu’il a lavé les juifs de l’accusation de « peuple déicide » :

« Ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. […]

En outre, l’Église, qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu’ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs » (Nostra Aetate n°4).

 

Heureusement, il y eut Paul VI qui promulgua en 1970 une nouvelle version de la grande prière universelle du Vendredi Saint pour qu’il ne soit plus fait mention des « juifs perfides » (« Prions aussi pour les Juifs perfides afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur ») : « Prions pour les Juifs, à qui Dieu a parlé en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité de son Alliance. (Tous prient en silence. Puis le prêtre dit :) Dieu éternel et tout-puissant, toi qui as choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, comme ton Église t’en supplie. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur ».

 

Heureusement, il y eut Jean-Paul II qui lors de sa visite à la synagogue de Rome en 1986 osa rappeler les liens de famille qui nous unissent : « Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés ». C’était la première fois qu’un pape se rendait dans une synagogue.

 

Au lieu de se laver les mains du sort des juifs à la Pilate, ces chrétiens et tant d’autres ont lavé le peuple juif des fausses accusations millénaires proférées de tous bords contre lui !

Allons-nous rester sur le côté, regardant le Moyen-Orient de loin, en nous excusant : « Est-ce que je suis juif, moi ? Est-ce que je suis palestinien ? »

Allons-nous  répéter la lâcheté de Caïn : « Est-ce que je suis le gardien de mon frère ? »

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[1]. Voici les chiffres des actes anti-religieux à date recensés sur l’année 2023 par le Ministère de l’Intérieur :
- 1762 actes antisémites (pour 0,6% de la population !)
- 564 actes antichrétiens
- 131 actes antimusulmans

 

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Excursus sur les différents visages de l’antisémitisme

 

L’antisémitisme actuel prend de nombreuses formes, combinant parfois des éléments religieux, économiques, raciaux et politiques aux origines très anciennes. Il est alimenté par les tensions au Moyen-Orient, la montée des théories du complot, et les divisions sociales croissantes en Europe et aux États-Unis. L’antisémitisme a évolué à travers les siècles, passant d’une hostilité religieuse à des formes plus politiques, économiques et raciales. Chaque époque a vu l’émergence de figures clés qui ont attisé ces sentiments de haine, influençant la perception du peuple juif.

 

L’antijudaïsme chrétien

C’est une opposition religieuse où beaucoup de Pères de l’Église dénonçaient le rejet par les juifs du Christ comme Messie  d’Israël. Les croisades et l’Inquisition ont nourri une féroce haine populaire contre les juifs, engendrant pogroms et discriminations en tous genres.

Cela allait jusqu’à l’accusation de « peuple déicide » dont on a vu que Vatican II a lavé le peuple juif, mettant fin à plus d’un millénaire d’hostilité chrétienne. 

 

Le mythe du juif errant

Le roman-feuilleton d’Eugène Sue, « Le Juif errant », connaît l’un des plus grands succès publics du XIX° siècle (1844-45). Sue exploite l’idée de la malédiction qui accompagne le Juif errant en faisant coïncider son arrivée à Paris avec l’épidémie de choléra d’avril 1832 qui a fait plus de 12 000 victimes – on ignorait alors presque tout sur cette maladie et son mode de propagation. À ce mythe du Juif errant viennent s’ajouter les vieilles calomnies médiévales accusant les juifs de pratiques sataniques : sacrifices d’enfants vivants ou de chrétiens, profanation d’hosties, empoisonnement de sources, crachats sur des crucifix, etc.

 

L’antijudaïsme musulman

5-189x300 antisémitisme dans Communauté spirituelleLe Coran reproche aux juifs d’avoir falsifié le message des prophètes, et ne tolère les juifs que s’ils payent une taxe et reconnaissent l’Islam comme religion d’État. C’est la dhimmitude, statut censé protéger les minorités comme les juifs ou les chrétiens moyennant taxe financière et statut inférieur : « Combattez ceux qui ne croient ni en Dieu ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés » (Coran 29,9).

« À cause de leur violation de l’engagement, Nous avons maudits les Juifs et endurci leurs cœurs : ils détournent les paroles de leur sens et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé. Tu ne cesseras de découvrir leur trahison, sauf d’un petit nombre d’entre eux. Pardonne-leur donc et oublie [leurs fautes]. Car Dieu aime, certes, les bienfaisants » (Coran 5,13).

Du côté du Hamas, du Hezbollah ou de l’Iran, l’objectif final est au mieux un pays où les trois religions abrahamiques cohabiteraient pacifiquement « à l’ombre de l’islam », donc dans la situation inégalitaire qui était celle des États islamiques anciens. Et leur référence aux « Protocoles des Sages de Sion » (un célèbre faux, inventé de toutes pièces par la Russie tsariste pour calomnier les Juifs) est récurrente, ce qui transforme l’histoire en un vaste complot juif.

 

L’antisémitisme de gauche

La critique de Marx sur le pouvoir financier international des grandes familles juives rejoint la position de nombre d’autres penseurs révolutionnaires socialistes voulant abolir la religion, et la religion juive tout particulièrement. 

« Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l’utilité personnelle. Quel est le culte profane du Juif ? Le trafic. Quel est son Dieu profane ? L’argent. Eh bien, en s’émancipant du trafic et de l’argent, par conséquent du judaïsme réel et pratique, l’époque actuelle s’émanciperait elle-même » (Karl Marx, La question juive, 1843). Ayant des adversaires dans les milieux économiques, certains socialistes, sous une certaine forme radicale, cultivent l’idée que les Juifs sont surreprésentés à ce niveau-là. Ils ne se rendent peut-être pas compte, ou bien ce n’est pas leur problème, mais ces athées puisent leur imaginaire dans le Moyen Âge chrétien, où les Juifs étaient exclus des métiers liés à la terre et poussés à s’investir par exemple dans la finance, interdits aux chrétiens à cause du commandement biblique sur l’usure et le prêt à intérêt.
Voltaire n’a pas de sarcasmes assez cinglants envers le peuple juif, « le plus abominable de la terre », « peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine » (Dictionnaire philosophique, 1764).

La France a été la première nation à attribuer la pleine égalité de droits aux Juifs par le vote de l’Assemblée constituante en 1791. Le député Clermont-Tonnerre, lors des débats de l’Assemblée sur la citoyenneté active, avait cependant affirmé : « Aux Juifs, en tant que nation, il faut tout refuser ; mais aux Juifs, en tant qu’hommes, il faut tout accorder [...] il ne peut y avoir de nation dans la nation ». On voit qu’en poussant un peu loin ce précepte, en soi légitime, on pouvait s’acheminer vers l’alternative suivante : ou les Juifs perdent leurs particularités, autrement dit ou ils s’assimilent complètement (renonçant au sabbat, à l’alimentation casher, etc.), et dès lors ils sont pleinement Français car ils ont cessé d’être Juifs ; ou bien, ils gardent leurs coutumes et leurs lois, et dès lors ils doivent être « expulsés ». Tandis que la droite (l’abbé Maury notamment) disait : respectons les convictions religieuses des Juifs mais n’en faisons pas des citoyens, la gauche, elle, pouvait, en offrant la citoyenneté aux Juifs, leur interdire à terme ce qu’on n’appelait pas encore ‘le droit à la différence’.

Proudhon écrit dans ses Carnets :

« Juifs. Faire un article contre cette race qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte » Pour lui, le juif est « l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l’exterminer ».

En mai 1895, Jaurès, en voyage en Algérie, décèle « sous la forme un peu étroite de l’antisémitisme… un véritable esprit révolutionnaire » (La Dépêche de Toulouse, 8 mai 1895), et il y stigmatise « l’usure juive ».

La gauche française prendra certes le parti de Dreyfus, mais certains extrêmes continueront de propager des thèses antijuives.

 

L’antisémitisme racial

Il n’est hélas que trop célèbre, depuis Hitler et les pseudos théories scientifiques aryennes voulant démontrer l’infériorité d’une prétendue race juive qui n’existe pas. On espère que cette haine n’est plus que résiduelle dans le monde…

 

L’antisionisme

Les États et courants politiques ou religieux (musulmans essentiellement) qui s’opposent à la création de l’État d’Israël ne parlent jamais du peuple juif ni d’Israël, mais des « sionistes » et de « l’entité sioniste » qu’ils veulent combattre jusqu’à son élimination pure et simple. C’est l’idéologie du Hamas qui veut libérer la Palestine « du fleuve à la mer », c’est-à-dire du Jourdain à la Méditerranée en expulsant tous les juifs. C’était l’idéologie du grand Mufti de Jérusalem dont les alliances et l’amitié avec Hitler ont discrédité l’autorité religieuse. C’est toujours l’idéologie du Hezbollah, et du régime chiite en Iran, combattant pour la destruction et l’anéantissement d’Israël.

 

L’islamo-gauchisme

L’alliance d’opportunité électorale entre des haines musulmanes antijuives et les critiques de gauche sur le capitalisme juif supposé fait que dans les sondages en France aujourd’hui, les électorats LFI des quartiers populaires plutôt musulmans sont 3 à 4 fois plus antisémites que la moyenne des Français…

 

L’antisémitisme d’extrême droite

Héritier de Drumont, de l’affaire Dreyfus et les théories du complot, certains courants d’extrême droite véhiculent encore des idées nauséabondes sur l’élimination du « pouvoir juif ».

 

L’histoire montre qu’il n’y a pas d’atavisme antisémite. Jaurès n’a-t-il pas finalement défendu Dreyfus ? L’écrivain Georges Bernanos, disciple de l’antisémite Drumont, n’a-t-il pas combattu courageusement le franquisme et le régime de Vichy ?

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Lectures de la messe

Première lecture
« Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)

Lecture du livre du prophète Daniel

Moi, Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Psaume
(Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5)
R/ Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence.
 (Ps 92, 1ab)

Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force.

Et la terre tient bon, inébranlable ;
dès l’origine ton trône tient bon,
depuis toujours, tu es.

Tes volontés sont vraiment immuables :
la sainteté emplit ta maison,
Seigneur, pour la suite des temps.

Deuxième lecture
« Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

À vous, la grâce et la paix, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.

Évangile
« C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37) Alléluia. Alléluia. 
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Alléluia. (Mc 11, 9b-10a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Patrick BRAUD

 

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10 novembre 2024

Apprendre à ne pas savoir

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Apprendre à ne pas savoir

 Homélie pour le 33° Dimanche du Temps ordinaire / Année B
17/11/24

Cf. également :
Ephapax : une fois pour toutes
Jésus, Fukuyama ou Huntington ?
Lire les signes des temps
« Même pas peur »…
La destruction créatrice selon l’Évangile
La « réserve eschatologique »
L’antidote absolu, remède d’immortalité
Plus je sais, plus j’ignore

La docte ignorance
Divine surprise

1. Un livre, un article, le silence
Apprendre à ne pas savoir dans Communauté spirituelle pere_shynse
Dans les années 70, j’ai eu la chance de passer deux années de coopération en Afrique de l’Ouest, auprès des Pères Blancs à la gandoura imposante et la barbe vénérable. Dans les premières semaines, j’étais tellement enthousiaste et volubile que je n’arrêtais pas de leur parler de mes découvertes qui s’enchaînaient. Ils m’écoutaient avec bienveillance, en souriant. Au bout d’un mois de mes verbiages, le Père Blanc le plus âgé, qui avait passé plus de 40 ans dans le pays et en avait appris la langue, les coutumes, les proverbes, la mentalité, la culture etc., me confie à mi-voix : « Tu sais, nous aussi quand on est arrivés on était tout excités et chacun écrivait de longues lettres à sa famille pour tout raconter. Au début, on a envie d’écrire un livre. Puis, quelques années après, on s’aperçoit que c’est si complexe qu’on se dit qu’un article ou deux ce ne serait déjà pas mal. Aujourd’hui, j’avoue que je reste toujours un étranger avec de gros yeux qui ne voient rien, et je crois que le silence convient mieux… »

Si un ancien comme lui reconnaissait finalement ignorer davantage de choses dans la culture du peuple qui l’accueillait que tout ce qu’il y avait appris, alors ma prétention aurait été insupportable de pérorer avec assurance sur « l’Afrique » après seulement deux années de présence ! Il m’a ainsi appris à ne pas savoir, à accepter que ce qui reste à découvrir est infiniment plus grand que le peu déjà découvert. Il m’a aidé à accepter de demeurer un étranger au milieu d’un peuple avec qui pourtant je vibrais à l’unisson. Loin d’éteindre la soif de savoir, le côté mystérieux de ce voile d’ignorance qui recouvrait ma perception de l’ethnie locale me stimulait pour continuer à l’explorer, en renonçant à croire maîtriser, contrôler ou tout comprendre.

Dans l’Évangile de ce dimanche (Mc 13,24–32), il semble que Jésus fasse une expérience semblable, assez troublante pour ceux qui croient en sa divinité [1] . En effet, il assure à ses disciples ne pas tout savoir, et en particulier il ignore la date du Jour de sa venue dans la gloire : « Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père » (Mc 13,32 ; cf. Mt 24,36).

Comment comprendre cette confession de non-savoir ? Quel impact pour nous aujourd’hui ?
Parcourons quelques interprétations de ce verset difficile pour essayer d’en situer les enjeux contemporains.


2. Les différentes interprétations de l’ignorance de Jésus

Hérésies tableau

a) Il ne sait pas, donc il n’est pas Dieu
311208_trinite ignorance dans Communauté spirituelle
Dans les premiers siècles, Arius, Eunome et d’autres prêtres ou évêques ont vu dans ce verset l’indice de l’infériorité de Jésus par rapport à son Père. Parce qu’il ignore ce que son Père connaît, Jésus est en dessous de lui en termes de rang et d’honneur. Les Ariens ont donc professé l’humanité de Jésus, mais pas sa divinité. Au mieux, il aurait été adopté par Dieu au moment du baptême dans le Jourdain. Mais il lui reste inférieur. De nombreuses sectes d’origine chrétienne se sont engouffrées dans ce type d’argumentation pour nier la divinité de Jésus : ébionites, marcionistes, adoptianistes etc. Les Mormons, les Témoins de Jéhovah, et même le Coran ne font que reprendre l’argument : puisque Jésus ne sait pas tout alors que Dieu est omniscient, il n’est donc pas Dieu. C.Q.F.D.

Danger : canoniser trop vite l’ignorance de Jésus peut conduire à la résignation au lieu de l’acceptation. Se résigner à ne pas savoir conduit à se soumettre, à obéir aveuglement, à croire au destin (mektoub !). Or accepter n’est pas se résigner. Accepter de ne pas tout connaître ne signifie pas renoncer à connaître davantage…

b) Il ne sait pas, donc il dépend du Père
Une autre réponse (II°–III° siècles) vient de ce que l’on appelle le monarchianisme, essentiellement oriental. Soucieux de préserver la primauté et la transcendance du Dieu unique (mon-archie = un seul principe), les monarchianistes soutiennent que le Fils est engendré par le Père, qui lui reste supérieur. Jésus émane du Père mais le Père garde toutes les prérogatives ‘monarchiques’ de la divinité, dont l’omniscience.

Danger : rompre l’égalité entre le Fils et le Père interdit à terme la participation humaine à la nature divine, qui est pourtant l’espérance de la foi chrétienne.

c) La théorie des deux fils
Une autre explication (Nestorius, Sabellius au III° siècle) – certes capillotractée ! – avance qu’en Jésus coexistent non pas deux natures (humaine et divine) mais deux personnes : le Fils de l’homme et le Fils de Dieu. Côté humain, le Fils de l’homme ignore le Jour de sa venue. Côté divin, le Fils de Dieu pleinement manifesté en Jésus après sa résurrection partage l’omniscience du Père.
Bien sûr, cette façon de couper Jésus en deux pour sauver sa divinité fut rapidement condamnée par les premiers conciles.

Danger : diviser Jésus en deux, c’est empêcher la communication en lui comme en nous entre le divin et l’humain.

d) Dans son incarnation, le Christ renonce à la connaissance divine (théorie kénotiste)
parabole-philippiens omniscience
L’hymne de Ph 2,6–11 évoque la kénose du Verbe de Dieu en Jésus de Nazareth : lui, de condition divine, ne considéra pas comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu, mais il s’est vidé de lui-même (kénose), pour prendre la condition humaine. L’ignorance de Jésus sur le jour J relèverait alors de cet abaissement volontaire et temporaire par lequel Jésus renonce à l’omniscience divine le temps de son passage parmi nous. Exalté auprès du Père par sa résurrection, Jésus partagerait désormais l’omniscience du Père sur toute chose, mais ce n’était pas encore le cas avec ses disciples.

Évidemment, cette position est largement compromise par la réponse de Jésus à ses disciples après la Résurrection : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité » (Ac 1,7).

Intérêt : souligner l’humilité du Christ qui ne fait pas semblant d’être à nos côtés.
Danger : réduire l’ignorance humaine un détail anecdotique et provisoire.

e) « C’est chez lui un dessein secret de se taire »
Récusant toutes les précédentes interprétations jugées hérétiques, les Pères de l’Église sont bien embarrassés pour interpréter ce verset !
Augustin y lit la volonté de Jésus de laisser le Père communiquer lui-même sur le jour du jugement :

« Le Père fait connaître ce jour au Fils ; et s’il est dit du Fils qu’il ne sait pas, c’est parce qu’il ne communique point cette connaissance aux hommes ».

Thomas d’Aquin reprendra cette lecture en parlant de « simulation édifiante » : le Christ aurait fait semblant de ne pas savoir pour apprendre à ses disciples à tout attendre du Père.
Hilaire de Poitiers préfère prendre acte du refus de Jésus de répondre à la demande de ses disciples sur la date du jour J, sans avoir d’explication autre que le désir de Jésus de se taire là-dessus :

« Le Fils n’ignore donc pas ce que n’ignore pas le Père. Et si le Père seul connaît, ce n’est pas que le Fils ne le sache : mais, puisque tous deux demeurent dans l’unité d’une seule nature, si le Fils ‘en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science’ (Col 2,3), ignore quelque chose, c’est chez lui un dessein secret de se taire, comme l’affirme le Seigneur lorsqu’il répond à ses Apôtres qui s’enquièrent de la fin des temps : ‘Ce n’est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a fixés dans sa puissance divine’ » (Ac 1,7).

Intérêt : accepter de ne pas savoir pourquoi Jésus ne sait pas.
Danger : réduire le mystère à une exigence d’obéissance. Figer le mouvement de l’interprétation alors que c’est une invitation à explorer sans cesse.

f) Il ne nous appartient pas de tout connaître
Jean Chrysostome a posé les bases de l’interprétation qui est sans doute la plus féconde pour nous : Jésus a appris à ses disciples à ne pas vouloir tout savoir, ce qui est finalement le meilleur moyen d’en savoir toujours davantage !

« Il ajoute à dessein que les anges ne savaient rien de ce jour, afin d’ôter à ses disciples le désir d’apprendre une chose que les anges même ne savaient pas; mais en disant que le Fils même ne le savait pas, non-seulement, il leur ôte le désir de le connaître, mais la volonté même de s’en informer. Et pour confirmer ce que je dis, il ne faut que considérer ce qu’il dit à ses disciples après sa résurrection, et de quelle manière il arrête leur curiosité lorsqu’ils s’informaient trop curieusement de l’avenir. Car il prédit ici beaucoup de signes ; mais il leur dit alors clairement : « Ce n’est pas à vous à savoir les temps et les moments ». (Ac 1,7). Et pour qu’ils ne regardent point ce refus comme une marque de mépris, et qu’ils ne s’imaginent pas que le Sauveur les jugeait indignes de cette connaissance, il ajoute aussitôt : « que le Père a mis dans sa puissance ». Car il a toujours au contraire témoigné avec grand soin à ses apôtres qu’il les traitait avec honneur, et qu’il ne leur voulait rien cacher. C’est pourquoi il attribue cette connaissance au Père, et il la fait passer dans leur esprit pour une chose trop élevée au-dessus d’eux ».

Hilaire de Poitiers était lui aussi sur cette piste lorsqu’il examine la même question des disciples de Jésus après sa résurrection :

« Ayant compris que ce mystère du non-savoir du Fils relève d’un dessein divin de se taire, maintenant qu’il est ressuscité, ils l’interrogent à nouveau, croyant que le temps est venu pour lui de parler. Et ici, le Fils ne leur répond plus qu’il l’ignore, mais leur dit que ce n’est pas à eux de connaître ce moment que le Père a fixé dans sa puissance divine ».


De l’intérêt de ne pas (tout) savoir
Tel un pédagogue, Jésus a éveillé ses disciples à désirer les réalités les plus hautes, à accueillir la révélation des mystères les plus inaccessibles. Pourquoi alors leur fixer une limite (la date du jour J) ?

Cela nous renvoie au premier interdit de la Genèse : « du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas ». Interdire cette connaissance-là est salutaire pour l’humanité, car elle se suiciderait à décider par elle-même ce qui est bien ou ce qui est mal (ce que l’on constate hélas de nos jours…) en dehors de YHWH. Le psychanalyste Jacques Lacan rappelle fort justement que l’inter-dit est ce qui est dit entre partenaires du dialogue, qui n’existe pas sans cet espace de communication (entre l’homme et Dieu, entre l’homme et la femme etc.).

Sans interdit, pas de parole (inter-dit = dit entre), pas de communication ni de communion, mais seulement la violence de la prédation (s’emparer du fruit et le manger). D’où la reprise de cet interdit fondamental dans le Décalogue : « Tu ne convoiteras pas ».

Vers l'infini et au-delàAccepter de ne pas tout savoir est libérateur. À plusieurs titres :

– ceux qui veulent tout savoir bâtissent des théories totalitaires, inventent des idoles pour boucher les trous de leur connaissance, et verrouillent des sociétés fermées où il n’est pas possible de contester le savoir officiel. Imposer une explication à tout, qu’elle soit mythologique, religieuse ou politique, transforme les relations humaines en soumission obligée à l’unique savoir dominant. Les sociétés communistes, les États islamiques, les dictateurs de tout poil savent manier à merveille hélas cette soumission à l’omniscience du parti, d’Allah, du grand leader.

- l’ignorance nourrit la gratuité
Une homélie anonyme du II° siècle établit clairement ce lien :
« Parmi les justes, aucun n’a recueilli un fruit précoce : il faut savoir attendre. Si Dieu donnait immédiatement aux hommes justes leur récompense, ce serait bientôt un marché que nous pratiquerions, et non le culte de Dieu. Nous aurions l’apparence de la justice en recherchant non pas la religion, mais notre profit ».
Ne pas connaître la date du Jour J, ni celle de notre mort, nous empêche de calculer d’ici là, de compter sur le temps qui nous reste, d’exiger un retour immédiat sur investissement…

– croire tout savoir fige la recherche
Les failles, les béances, les contradictions des savoirs actuels sont justement le moteur de la quête scientifique. Si l’on accepte de ne pas savoir, alors la recherche est toujours possible, car le savoir absolu n’est jamais atteint et il en reste toujours plus à découvrir. La quête scientifique est par essence inachevée (Karl Popper) ; c’est sa grandeur et sa puissance. Pour les chrétiens, la quête spirituelle est de même nature : Dieu est l’au-delà de tout, et accepter de ne pas le posséder n’est pas se résigner à ignorer.
Au contraire, « dans l’éternité du siècle sans fin, celui qui court vers Toi devient toujours plus grand et plus haut que lui-même, augmentant toujours par l’accroissement des grâces (…) ; mais comme ce qui est recherché ne comporte pas en soi de limite, le terme de ce qui est trouvé devient pour ceux qui montent le point de départ de la découverte de biens plus élevés. Et celui qui monte ne s’arrête jamais d’aller de commencement en commencement par d’éternels commencements qui n’ont jamais de fin » (Grégoire de Nysse).


Que veut dire savoir pour Dieu ?
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Si Dieu est le Tout-Autre, non soumis à l’espace-temps, l’acte de savoir lui est complètement étranger. Car savoir suppose un passé et un futur (je sais ce qui s’est passé, je sais ce qui va arriver ici…). Savoir la date du jour J, c’est encore se situer dans le temps (et donc dans l’espace), ce qui convient à des idoles mais pas au Tout-Autre. Donc nous pouvons dire en un sens que Dieu lui-même renonce à savoir, puisqu’il est au-delà des catégories de la connaissance… L’omniscience n’est pas un attribut divin, mais une projection humaine ! C’est inventer Dieu sous les traits d’un humain sans limites (anthropomorphisme). Dieu « ne sait pas », car l’acte de savoir ne s’applique pas à Dieu.

La docte ignoranceVertige métaphysique certes, qui a l’immense mérite de nous dépouiller de toute velléité de convoitise dans l’acte de chercher à savoir…


Conclusion :
Il est bon pour nous de chercher à savoir, il est meilleur encore d’apprendre à ne pas savoir.
La question de la date du jour J est dans l’Évangile le meilleur exemple de l’utilité de cette « docte ignorance » : ne connaître ni le jour ni l’heure nous rend libres pour vivre ce Jour aujourd’hui tout en l’espérant demain.

Apprendre à ne pas savoir s’applique à tant d’autres domaines de recherche : ne pas chercher à savoir si je suis sauvé, heureux, riche, aimé ou admiré etc. est libérateur, et suscite une quête infinie, désintéressée, gratuite.

Car le salut, le bonheur, la vraie richesse, l’amour etc. sont illucides : dès que j’ai conscience de les posséder, ces réalités m’échappent.
Mieux vaut alors ignorer tout en désirant sans cesse… 

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 [1] . Jean a bien perçu cette difficulté, et se garde bien d’évoquer cette ignorance de Jésus. Au contraire, ses disciples lui reconnaissent l’omniscience : « Maintenant nous savons que tu sais toutes choses, et tu n’as pas besoin qu’on t’interroge : voilà pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu » (Jn 16,30).


 
Lectures de la messe

Première lecture
« En ce temps-ci, ton peuple sera délivré » (Dn 12, 1-3)

Lecture du livre du prophète Daniel
En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui se tient auprès des fils de ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent, jusqu’à ce temps-ci. Mais en ce temps-ci, ton peuple sera délivré, tous ceux qui se trouveront inscrits dans le Livre. Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront, les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles. Ceux qui ont l’intelligence resplendiront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude brilleront comme les étoiles pour toujours et à jamais.

Psaume
(Ps 15 (16), 5.8, 9-10, 11)
R/ Garde-moi, mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge.
(Ps 15, 1)

Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

 Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

 Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

Deuxième lecture
« Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie » (He 10, 11-14.18)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Dans l’ancienne Alliance, tout prêtre, chaque jour, se tenait debout dans le Lieu saint pour le service liturgique, et il offrait à maintes reprises les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds. Par son unique offrande, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qu’il sanctifie. Or, quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour le péché.

Évangile
« Il rassemblera les élus des quatre coins du monde » (Mc 13, 24-32) Alléluia. Alléluia. 

Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous pourrez vous tenir debout devant le Fils de l’homme. Alléluia. (cf. Lc 21, 36)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « En ces jours-là, après une grande détresse, le soleil s’obscurcira et la lune ne donnera plus sa clarté ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, depuis l’extrémité de la terre jusqu’à l’extrémité du ciel.
Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant à ce jour et à cette heure-là, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. »

 

 

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28 octobre 2024

La roue de Gaza

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 30 min

La roue de Gaza

 

Homélie pour le 31° Dimanche du Temps ordinaire / Année B
03/11/24

Cf. également :
Sorcières ou ingénieurs ?
Conjuguer le verbe aimer à l’impératif
Simplifier, Aimer, Unir
J’ai trois amours
Aime ton Samaritain !
Le pur amour : pour qui êtes-vous prêts à aller en enfer ?
Boali, ou l’amour des ennemis
Conjuguer le « oui » et le « non » de Dieu à notre monde

Dorothée de GazaGaza résonne aujourd’hui à nos oreilles comme le lieu d’un drame apparemment insoluble, avec ses milliers de morts de civils de chaque côté des belligérants… Il n‘en fut pas toujours ainsi : Gaza était dans les premiers siècles un foyer du christianisme naissant, rayonnant de sainteté par ses monastères, ses écrits, son insertion paisible dans l’Empire romain, ses figures spirituelles (Procope, Jean l’Ancien, Dosithée, Barsanuphe de Gaza etc.). Méditant l’évangile de ce dimanche (Mc 12,28b-34), Dorothée de Gaza (VI° siècle), un père abbé devenu célèbre, prêchait ainsi aux fidèles des environs de Gaza venus l’écouter nombreux dans son monastère [1] :


Appliquez votre esprit à ce que je vous dis.

Imaginez un cercle. Imaginez que ce cercle c’est le monde, le centre Dieu, et les rayons les différentes voies ou manières de vivre des hommes. Quand les saints, désirant approcher de Dieu, marchent vers le milieu du cercle, dans la mesure où ils pénètrent à l’intérieur, ils se rapprochent les uns des autres en même temps que de Dieu. Plus ils s’approchent de Dieu, plus ils se rapprochent les uns des autres ; et plus ils se rapprochent les uns des autres, plus ils s’approchent de Dieu.

Et vous comprenez qu’il en est de même en sens inverse, quand on se détourne de Dieu pour se retirer vers l’extérieur : il est évident alors que, plus on s’éloigne de Dieu, plus on s’éloigne les uns des autres, et que plus on s’éloigne les uns des autres, plus on s’éloigne aussi de Dieu.

Telle est la nature de la charité. Dans la mesure où nous sommes à l’extérieur et que nous n’aimons pas Dieu, dans la même mesure nous avons chacun de l’éloignement à l’égard du prochain. Mais si nous aimons Dieu, autant nous approchons de Dieu par la charité pour lui, autant nous communions à la charité du prochain ; et autant nous sommes unis au prochain, autant nous le sommes à Dieu.

Roue Gaza

Une roue pour montrer combien l’amour de Dieu et l’amour de l’homme sont intimement liés : il fallait y penser ! C’est la pointe de l’Évangile d’aujourd’hui : dans l’Écriture, tout dépend de ces deux commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu … Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Oui, ce triple amour est vraiment la clé qui ouvre le cœur à l’intelligence de toute l’Écriture, depuis la Genèse jusqu’à l’Apocalypse.

Essayons de mieux saisir l’originalité et la force de cette réponse de Jésus :


1 impératif / 2 commandements / 3 amours 
 

 

1/ Ce sont des commandements

La roue de Gaza dans Communauté spirituelle army-160087_1280Jésus dit : « Tu aimeras ».  Ce n’est pas facultatif, c’est impératif ! Vous vous rendez compte ? Conjuguer le verbe aimer à l’impératif ! Est-ce qu’on peut commander à quelqu’un d’aimer ? Il ne faut pas évacuer trop vite ce paradoxe : il y a une loi de l’Amour, et c’est pourtant l’Amour qui fait la loi… Peut-être, à travers cet impératif catégorique qui parcourt toute la Bible, nous est-il signifié qu’aimer n’est ni immédiat, ni naturel.  Ce n’est ni simple ni facile en effet d’aimer un Dieu dont on éprouve souvent l’absence et le silence.  Ce n’est ni simple ni facile d’aimer le prochain qui ne pense pas comme moi, n’a pas la même couleur, la même culture, qui est laid et repoussant.  Et, en plus le Christ nous appelle à aimer même nos ennemis, ceux qui nous veulent du mal et nous font mal !  Ce n’est ni simple, ni facile, et pourtant c’est capital et c’est passionnant ! Oui, chacun de nous, homme, femme, enfant ou adulte, nous sommes faits pour aimer. Pour aimer, c’est-à-dire être passionné pour l’autre, jusqu’à accepter de mourir soi-même pour que l’autre puisse vivre. Vivre pour l’autre, tous les autres, pour Dieu le Tout-Autre, et non plus pour nous-mêmes uniquement. Telle est la loi évangélique, qui n’est pas une contrainte imposée de l’extérieur, mais au contraire le secret du bonheur, le secret d’une vie vraiment humaine.


2/
 Ces commandements sont au nombre de deux

Ici encore, c’est une tentative de piège pour discréditer Jésus.  Pourquoi un piège ? Parce que les Pharisiens très pointilleux voulaient maintenir l’importance de toute la Loi de Moïse dans le détail et ils comptabilisaient  à l’époque 613 commandements à observer, avec 365 interdictions et 248 autres prescriptions !  Les rabbins discutaient à perte de vue et les croyants étaient un peu perdus dans ces listes d’interdictions et de préceptes.  Jésus tranche.  Sans innover  totalement, car il prend le premier commandement dans le livre du Deutéronome (Dt 6,5), et le second dans le livre du Lévitique (Lv 19,18).  Là où il apporte du neuf, c’est qu’il simplifie et qu’il unifie. Jésus simplifie la piété un peu maniaque des Pharisiens.

Dieu est simple : ne nous perdons pas trop dans les détails ; ne perdons jamais de vue quel est l’essentiel de la vie : l’amour pour Dieu, l’amour pour les autres, le prochain, l’amour pour soi (« aime … comme toi-même »).

Mais ne confondons pas non plus trop vite ces 3 amours : Jésus ne réduit pas la Loi à un seul commandement, comme on le lui demande d’ailleurs, mais à deux, ce qui veut dire qu’ils ne sont pas interchangeables.


Ces 3 amours ne sont pas identiques mais équivalents.
  C’est-à-dire qu’ils sont distincts mais que l’un implique l’autre et l’autre implique l’un.  

Screenshot-2022-08-15-at-08.46.12-1024x448 amour dans Communauté spirituelleRappelez-vous l’image de la roue de Gaza : le mouvement vers le centre et le rapprochement mutuel sont deux trajectoires différentes, mais qui s’impliquent l’une l’autre :

A <=> B (A implique B et B implique A mais A est différent de B).

Tout le fragile équilibre du christianisme tient dans cette double référence à Dieu et à l’homme, sans séparation ni confusion.

 

Forcez trop le 1er commandement et c’est le drame de l’intégrisme religieux.  

Sous prétexte de défendre l’honneur de Dieu, on sacrifie des vies humaines comme en Iran, où l’on se coupe de la communion de l’Église comme Mgr Lefebvre dans les années 1970. Or comment aimer Dieu sans aimer l’homme, et les pauvres et les petits en premier ?  

Forcez trop le 2nd commandement, et c’est le drame de l’humanisme athée.  

Sous prétexte de défendre l’honneur, on l’asservit dans des systèmes inhumains parce qu’ils nient Dieu, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest. Or comment aimer l’homme en vérité si on ne laisse le Christ lui-même aimer l’homme en nous ?


3/
 Ces deux commandements lient 3 amours en 1 

Car il y a bien 3 amours : de Dieu, de l’autre, de soi.  On oublie trop souvent le 3° : or celui qui ne s’aime pas lui-même le fait chèrement payer aux autres (agressivité, violence…). Soi-même comme un autre (Ricoeur) : pourquoi exclure de mon cercle d’affection la personne que je suis ? Les éducateurs savent bien que les enfants qui ne sont pas sûrs d’eux, sûrs d’être aimés, sombrent plus facilement dans la délinquance, la violence, la drogue… En entreprise ou dans la vie associative, on voit que bien des adultes passent leur temps à utiliser les autres pour essayer de régler leurs questions personnelles non résolues…
3 en 1Mais comment s’aimer soi-même sans se découvrir grâce à l’amour que Dieu a pour nous ? 

Comment aimer l’autre sans faire le détour par Dieu ? Comment aimer Dieu sans aimer l’homme ?…  

La ligne de crête des chrétiens est entre ces deux abîmes : le spirituel désincarné d’une part, et l’horizontalisme réducteur d’autre part. C’est la finale de l’argumentation de Jésus : en indiquant que le second commandement est équivalent au premier, il réconcilie la lutte et la contemplation. Lui seul Jésus peut le dire en plénitude, car lui seul est vrai Dieu et vrai homme.

En lui, Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu. En lui, blesser l’homme, c’est blesser Dieu.

En lui, aimer Dieu, c’est s’engager pour l’homme. Par lui, c’est comme un système de vases communicants qui s’est établi entre le Dieu-Trinité et notre humanité : on ne peut toucher à l’un sans affecter l’autre.

Qui donc est Dieu qu’on peut si fort blesser en blessant l’homme ?

Qui donc est l’homme pour avoir une telle valeur aux yeux de Dieu ?


Aimer Dieu en l’homme, en soi. S’aimer soi-même en Dieu, aimer l’autre en Dieu, sans séparation ni confusion : 
que cette eucharistie nous fasse pénétrer de l’intérieur ce triple amour – l’amour de Dieu / des autres / de soi  - qui ne fait qu’un, dont Jésus lui-même nous a aimé, jusqu’à en mourir.

____________________________________

[1]. Dorothée de Gaza, Œuvres spirituelles, Instruction VI, Cerf, coll. Sources chrétiennes, n° 92.

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« Écoute, Israël : Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur » (Dt 6, 2-6)

Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu. Tous les jours de ta vie, toi, ainsi que ton fils et le fils de ton fils, tu observeras tous ses décrets et ses commandements, que je te prescris aujourd’hui, et tu auras longue vie. Israël, tu écouteras, tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité, dans un pays ruisselant de lait et de miel, comme te l’a dit le Seigneur, le Dieu de tes pères.
Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force.
Ces paroles que je te donne aujourd’hui resteront dans ton cœur. »

Psaume
(Ps 17 (18), 2-3, 4, 47.51ab)
R/ Je t’aime, Seigneur, ma force.
(Ps 17, 2a)

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon ro ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

Louange à Dieu !
Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !

Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire,
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie.

Deuxième lecture
« Jésus, parce qu’il demeure pour l’éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas » (He 7, 23-28)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, dans l’ancienne Alliance, un grand nombre de prêtres se sont succédé parce que la mort les empêchait de rester en fonction. Jésus, lui, parce qu’il demeure pour l’éternité, possède un sacerdoce qui ne passe pas. C’est pourquoi il est capable de sauver d’une manière définitive ceux qui par lui s’avancent vers Dieu, car il est toujours vivant pour intercéder en leur faveur.
C’est bien le grand prêtre qu’il nous fallait : saint, innocent, immaculé ; séparé maintenant des pécheurs, il est désormais plus haut que les cieux. Il n’a pas besoin, comme les autres grands prêtres, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses péchés personnels, puis pour ceux du peuple ; cela, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. La loi de Moïse établit comme grands prêtres des hommes remplis de faiblesse ; mais la parole du serment divin, qui vient après la Loi, établit comme grand prêtre le Fils, conduit pour l’éternité à sa perfection.

Évangile
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu. Tu aimeras ton prochain » (Mc 12, 28b-34) Alléluia. Alléluia.
Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia. (Jn 14, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? » Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier : Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Le scribe reprit : « Fort bien, Maître, tu as dit vrai : Dieu est l’Unique et il n’y en a pas d’autre que lui. L’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, vaut mieux que toute offrande d’holocaustes et de sacrifices. » Jésus, voyant qu’il avait fait une remarque judicieuse, lui dit : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. » Et personne n’osait plus l’interroger.
Patrick BRAUD

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27 octobre 2024

Pour fêter la Toussaint

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Pour fêter la Toussaint

 

Pour fêter la Toussaint dans Communauté spirituelle 5f9165de380fd_autumn-3853469_1920-5052294Toussaint : j’irai prier sur vos tombes…
Toussaint : Heureux ceux qui pleurent !
Toussaint : un avenir urbain et unitaire
Toussaint : la mort comme un poème
Toussaint alluvionnaire
Les cimetières de la Toussaint

Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…
Toussaint d’en-haut, Toussaint d’en-bas
Toussaint : le bonheur illucide
Ton absence…
La mort, et après ?
Le train de la vie

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