L'homélie du dimanche (prochain)

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11 juin 2011

La paix soit avec vous

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Homélie du Dimanche de Pentecôte

 

« La paix soit avec vous »

Cette salutation du Ressuscité revient trois fois dans l’Évangile de Jean, et précisément dans ce chapitre 20. Luc le mentionne lui aussi dans le contexte de la résurrection, une seule fois (Lc 24,36).

Ce sont les seuls usages de cette expression dans le Nouveau Testament. Et le premier Testament ne l’emploie qu’une fois : dans la bouche de Raphaël, l’envoyé de Dieu à Tobie (Tb 12,17). C’est donc une expression assez rare, liée à la personne du Ressuscité et à l’envoi de l’Esprit Saint.

 

« La paix soit avec vous »

C’est encore ainsi qu’aujourd’hui un évêque (et lui seul) peut ouvrir une célébration eucharistique en saluant l’assemblée après le signe de croix initial. C’est donc que le ministère épiscopal doit nous rappeler le lien entre la résurrection et la paix.

 

« La paix soit avec vous »

Aujourd’hui comme hier, accueillir le Ressuscité c’est entrer dans la paix.

Alors que la peur nous inquiète, ceux que Dieu envoie sur notre route nous redisent comme Raphaël : « n’ayez pas peur ; la paix soit avec vous » (Tb 12,17).

Cherchez bien : il y a sûrement dans votre vie des envoyés (des « anges » !) qui vous ont aidé à trouver la paix, à la recevoir, à la reconnaître, à y entrer… Faites mémoire de ceux et celles par qui la paix est venue, qui vous l’a annoncée, offerte (quelquefois sans s’en rendre compte eux-mêmes). Dans des moments de trouble, ils ont su trouver les mots, les gestes, vous inspirer la confiance malgré tout, l’espérance contre toute espérance.

 

Dans l’Évangile, cette paix survient alors que les portes du lieu où se trouvent les disciples sont fermées à clé.

Peur et fermeture vont ensemble, paix et ouverture également.
Déverrouiller, sortir vers les autres, leur parler : ce sera toute l’aventure de la Pentecôte juste après. La Pentecôte est le fruit de la paix…

 

Une déclaration de paix

D’habitude, c’est la guerre qu’on déclare. Pour la paix, les hommes font des traités, des négociations, des compromis. Dieu, lui, la déclare. Unilatéralement, gratuitement, inconditionnellement. Ce qui pourrait s’apparenter à de la faiblesse chez les hommes en conflit permanent apparaît ici comme la puissance du Ressuscité. Il dit la paix et il la fait en même temps.

Être témoin du Ressuscité, c’est alors recevoir de lui cette force extraordinaire de savoir déclarer la paix sans conditions.

À ceux qui ont douté, qui l’ont trahi, se sont enfuis, le Christ déclare la paix. Comment pourrions-nous refuser d’en faire autant ? Pas de manière volontariste, pour être à la hauteur. Non : en accueillant la paix en nous, en la laissant nous traverser pour aller toucher ceux qui en ont besoin autour de nous.

La paix soit avec vous dans Communauté spirituelle 

Cette paix intérieure ne se confond pas avec l’absence de conflit. Les apôtres en feront l’expérience : persécution, prison, martyre, rien ne les empêchera de souhaiter la paix à ceux qui leur sont proches comme à ceux qui leur font du mal.

Des martyrs de Lyon au IIIe siècle à ceux de l’Ouganda en juin 1886, les récits abondent où la paix de ceux qui risquent leur vie panique leurs bourreaux. « On dirait qu’ils vont à la noce » s’étonnaient les témoins du bûcher des martyrs de l’Ouganda, en les voyant prier le Notre Père au milieu des flammes.

Nous n’en sommes pas là chez nous, heureusement. Mais les combats de chacun pour sa famille, son travail, ses engagements sont de vraies tensions où plus que jamais la paix promise peut faire son chemin.

 

La paix soit avec vous : elle peut venir alors que des combats sont à mener en entreprise, en politique, dans les débats publics sur le respect de la vie et des plus faibles.

 

Frère Roger (de Taizé) l’écrivait de Russie en 1989 : « dans la paix du coeur se dissipe les inquiétudes sur toi-même, et tu vas jusqu’à découvrir à quel point tu te réalises dans une vie donnée »…

 

 

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses ?uvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

sequence : 

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle

Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.
 Patrick Braud

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28 mai 2011

Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous

 

Homélie du 6° dimanche de Pâques  29/05/11

 

« Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous » (1P 3,16).

·      Les trois lectures de ce dimanche insistent sur l’importance de ce témoignage dont Soyez toujours prêts à rendre compte de l'espérance qui est en vous dans Communauté spirituelle croix-camargue-gdeparle Pierre. Jésus promet que « l’Esprit de vérité » assurera lui-même la défense de ses disciples. Philippe, « l’un des sept » (l’un des diacres), proclame le Christ en Samarie. Et  Pierre appelle à «s’expliquer devant tous », « avec douceur et respect».

 

Rendre compte de l’espérance qui est en nous : voilà un beau programme pour ce temps pascal !

Quelle espérance ? Celle de Pâques bien sûr : en Christ, la mort est déjà vaincue, la mort ne peut avoir le dernier mot si nous faisons confiance en la puissance de la résurrection du Christ.

 

·      Rendre compte de cette espérance, cela veut dire quoi dans notre société actuelle ? Sûrement pas chercher à convaincre à tout prix, ni chercher à séduire, ou à utiliser l’argent, l’éducation, la position sociale pour contraindre l’autre.

 

Rendre compte, c'est faire un compte-rendu de la façon dont cette espérance pascale transforme nos vies. C’est donc pouvoir raconter ce qui nous est arrivé à chacun et collectivement pour que nous fassions confiance à cette incroyable annonce !

 

Rendre compte, c’est encore rendre des comptes sur la gestion de cette formidable espérance dont nous sommes dépositaires.

Que faisons-nous de la joie pascale ? Comment laissons-nous la victoire du Ressuscité  transformer nos relations personnelles et communautaires ?

Rendre compte de l’espérance qui est en nous, c'est accepter de répondre à qui posera des questions et cherchera à se renseigner au sujet de ce Jésus de Nazareth.

 

Cela peut arriver au travail. On pense aux drames qui suscitent tant de questions sur la valeur de la vie humaine, ou son insignifiance.

 dans Communauté spirituelleC’est peut-être une discussion sur l’actualité, sur un événement professionnel, sur une recherche personnelle partagée au détour d’un café ou d’un trajet pour l’entreprise… L’occasion peut venir à travers la haie du voisin et la conversation avec lui sur le temps qu’il fait, l’évolution du monde…

On peut nous demander ce témoignage à l’occasion de la béatification de Jean-Paul II, de l’arrestation de DSK ou des grèves pour la revalorisation des bas salaires etc?

Il y a tant de moments propices, sans s’imposer le moins du monde, où nous sommes au contraire invités à nous « expliquer », « avec douceur et respect », sur ce qui nous anime profondément.

 

·      D’ailleurs, c’est un vrai service que nous rendent sans le savoir ceux qui nous convoquent ainsi au témoignage. Car l'espérance grandit lorsqu’elle annoncée. Augustin écrivait à propos de la parole symbolisée par la multiplication des pains : « dum dividetur, augetur ». « Lorsqu'elle est partagée, elle augmente. » À l’image des flammes des cierges de la veillée pascale illuminant progressivement toute l’église obscure à mesure que les fidèles se la communiquent, l’espérance grandit lorsque nous la proposons à d'autres. Car il faut trouver les mots pour la dire. Cela nous oblige à revenir notre propre histoire, à accepter le regard critique des autres sur ce que nous avons cru y discerner, à fonder plus solidement notre expérience.

Espérer pour annoncer, annoncer pour espérer.

De la même manière que le chant magnifie la joie et lui donne des ailes, rendre compte élargit l’espérance et l'enracine.

 

Inévitablement, cette « explication » suscitera moquerie, dérision, voire rejet et exclusion. Mais elle touchera également le coeur de ceux qui attendent quelque chose, une piste, une ouverture pour ne pas en rester à une existence superficielle et vide.

Voilà pourquoi le maître de l’espérance est l'Esprit Saint en personne. Il nous donne le courage de nous risquer en vérité dans ce témoignage. Il nous souffle des mots qui nous étonnent nous-mêmes pour toucher nos interlocuteurs. Il assure notre défense lorsque nous sommes attaqués sur notre espérance, en nous inspirant les arguments, les attitudes, les gestes et les explications auxquelles nous n’aurions jamais pensé tout seul.

 

·      « Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous ».

En descendant du métro, en prenant le café avec un collègue, en faisant vos courses, dans la salle d’attente d’un médecin ou le salon de coiffure, vous pouvez à tout moment être inopinément convoqués à témoigner : « et vous, qu’en pensez-vous ? »

Recueillons dans le silence et la solitude les mots et gestes que l’Esprit de vérité déposera en nos c?urs, pour nous expliquer « avec douceur et respect » sur l'espérance qui est en nous.

 

 

 

 

1ère lecture : Évangélisation de la Samarie (Ac 8, 5-8.14-17)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Philippe, l’un des Sept, arriva dans une ville de Samarie, et là il proclamait le Christ.
Les foules, d’un seul coeur, s’attachaient à ce que disait Philippe, car tous entendaient parler des signes qu’il accomplissait, ou même ils les voyaient.
Beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits mauvais, qui les quittaient en poussant de grands cris. Beaucoup de paralysés et d’infirmes furent guéris.
Et il y eut dans cette ville une grande joie.

Les Apôtres, restés à Jérusalem, apprirent que la Samarie avait accueilli la parole de Dieu. Alors ils leur envoyèrent Pierre et Jean.
A leur arrivée, ceux-ci prièrent pour les Samaritains afin qu’ils reçoivent le Saint-Esprit ; en effet, l’Esprit n’était encore venu sur aucun d’entre eux : ils étaient seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus.
Alors Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils recevaient le Saint-Esprit.

 

Psaume : Ps 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

 

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes. 

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne. 
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

 

2ème lecture : Soyez les témoins de notre espérance au milieu des hommes (1P 3, 15-18)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frère,
c’est le Seigneur, le Christ, que vous devez reconnaître dans vos coeurs comme le seul saint. Vous devez toujours être prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous ; mais faites-le avec douceur et respect.
Ayez une conscience droite, pour faire honte à vos adversaires au moment même où ils calomnient la vie droite que vous menez dans le Christ.
Car il vaudrait mieux souffrir pour avoir fait le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt que pour avoir fait le mal.
C’est ainsi que le Christ est mort pour les péchés, une fois pour toutes ; lui, le juste, il est mort pour les coupables afin de vous introduire devant Dieu. Dans sa chair, il a été mis à mort ; dans l’esprit, il a été rendu à la vie.

 

Evangile : « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 15-21)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dans l’Esprit Saint, rendez témoignage que Jésus est le Fils de Dieu, car l’Esprit est vérité. Alléluia. (cf. 1 Jn 5, 6)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements.
Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : c’est l’Esprit de vérité. Le monde est incapable de le recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas ; mais vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.
D’ici peu de temps, le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous reconnaîtrez que je suis en mon Père, que vous êtes en moi, et moi en vous.
Celui qui a reçu mes commandements et y reste fidèle, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père ; moi aussi je l’aimerai, et je me manifesterai à lui. »
Patrick Braud 

14 mai 2011

Le berger et la porte

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le berger et la porte

 

Homélie pour le 4° Dimanche de Pâques / Année A

15/05/2011

 

Deux paraboles apparemment semblables ont été réunies par Jean dans ce chapitre 10,1-10.

Dans la première, Jésus se désigne comme « le berger des brebis ». Dans la seconde, c’est à la « porte » qu’il s’identifie.

Les deux images ne se superposent donc pas.

Essayons d’actualiser chacune, et les relations qu’elles entretiennent.

 

1. Le berger, le pasteur

Le berger et la porte dans Communauté spirituelle

La première parabole évoque Jésus comme celui qui entre par la porte, grâce au portier qui lui ouvre, pour appeler les brebis à sortir. Les Pères de l’Église, habitués à une lecture allégorique, voyaient dans la porte le symbole des Écritures, et dans le portier celui de Moïse, le prophète annonçant Jésus.

Passer par la porte ici, c’est accomplir les Écritures, être habité par les psaumes, la Torah, la Sagesse. Le Christ au plus haut point est celui qui est imbibé du premier Testament. Il ne s’impose pas par la magie, la puissance politique ou le génie de l’intelligence. Il vient à nous (les brebis) à travers la Bible, et Moïse lui-même reconnaît en Jésus celui que toute l’espérance d’Israël annonçait. C’est pourquoi il lui ouvre la porte, il se ?porte’ garant auprès des brebis de l’accomplissement des Écritures en Jésus.

 

Très belle image rurale, mais avouons-le assez étrangère aux citadins que nous sommes devenus. Qui a vu de ses yeux cette scène entre un berger et ses brebis dans une bergerie ? À part les randonneurs en montagne ou les touristes dans les Landes, seule une infime partie de la population – et particulièrement des jeunes – peut savoir d’expérience de quoi il s’agit.

Nul doute que Jésus inventerait aujourd’hui une autre parabole… Mais laquelle ?

 

2. Le berger, le président

Difficile de comparer le rôle de berger à un rôle social actuel.

 

On pourrait penser au leader d’un groupe, au meilleur sens de ce terme. Un leader est par définition celui qui conduit son peuple (to lead, en anglais). En temps de crise, un leader comme De Gaulle est celui qui va à la rencontre du peuple français pour le faire sortir de l’Occupation. Par contre l’ambivalence du mot montre qu’il n’est pas facile de discerner qui est un vrai leader. Hitler s’est fait appeler le Führer, le guide, en prétendant justement sortir le peuple allemand de l’humiliation de 1918 et de l’inflation de la crise de 1929… Mussolini a lui aussi sali ce terme en se faisant appeler le « Duce », le « conducteur ».

 

En français, le mot dirigeant reste connoté négativement. Le comportement scandaleux de dirigeants qui se servent au lieu de servir, qui tondent la laine des brebis au lieu de les nourrir, a trop compromis ce terme pourtant très noble.

 

 berger dans Communauté spirituelleIl y a un mot qui désigne le ministère pastoral des prêtres et qui pourrait convenir : la présidence. Présider, c’est faire sortir les gens hors de chez eux, les rassembler dans l’ekklesia, les rendre libres, les nourrir de la Parole et des sacrements, les renvoyer à leurs responsabilités dans le monde.

Evidemment, la perspective de 2012 peut engendrer à nouveau une confusion entre la présidence liturgique / ecclésiale et la présidence républicaine. Mais cela ne suffit pas à disqualifier ce beau (et ancien) terme pour désigner le ministère des prêtres.

 

3. La porte, l’interface

Quant à l’image de la porte, elle reste très parlante. « Je suis la porte » : on voit bien qu’en disant cela, Jésus invite à passer par lui pour aller vers Dieu, vers « la vie en abondance ».

Les portes d’aujourd’hui sont multiples ; elles sont virtuelles le plus souvent. Le ?portail’ Internet d’un groupe est la page qui permet d’entrer sur une multitude d’autres sites. Un ?port’ USB ou HDMI est l’interface qui permet de passer d’un appareil à un autre, d’échanger des données…

 Jésus

Interface est d’ailleurs un joli mot qui reprend le meilleur de la porte (inter = entre deux mondes) et du visage (la face).

Jésus est l’interface par excellence !

Il conduit vers le Père ; il est le Médiateur ; il appartient à la fois au monde des hommes et au monde de Dieu ; dans l’eucharistie il assure « l’admirable commerce » entre Dieu et les hommes… Bref : « prendre la porte » en christianisme, c’est être uni au Christ pour aller vers Celui qui est la source de « la vie en abondance ». Le moment le plus solennel de l’eucharistie le chante avec force : « par lui, avec lui et en lui, à toi Dieu le Père tout-puissant, dans l’unité du Saint Esprit… ».

 

4. Entre le berger et la porte

Entre le berger et la porte, entre la présidence et l’interface, il y a des points communs : rassembler / faire sortir, appeler / faire passer.

 management

Ceux qui assument des responsabilités en entreprise, dans une association, une famille etc. se reconnaîtront dans ce portrait christique (et le baptême fait de nous d’autres Christs).

 

Un vrai dirigeant n’entrera pas par effraction dans le travail de ceux qu’il doit conduire.

Il ne se servira pas au passage.

Il aura à coeur de faire grandir collaborateurs et clients, de leur permettre « d’aller et venir ».

Il désirera pour eux « la vie en abondance » et non pas l’abondance d’argent ou de pouvoir pour lui-même.

Utopique ? Mais le bon berger qu’est le Christ nous associe à son leadership.

Et cela peut transformer l’exercice de toute responsabilité.

Et chacun de nous est concerné.

 

 

 

1ère lecture : Pierre appelle à la conversion, et il baptise les premiers convertis (Ac 2, 14a.36-41)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, avait pris la parole ; il disait d’une voix forte : « Que tout le peuple d’Israël en ait la certitude : ce même Jésus que vous avez crucifié, Dieu a fait de lui le Seigneur et le Christ. »
Ceux qui l’entendaient furent remués jusqu’au fond d’eux-mêmes ; ils dirent à Pierre et aux autres Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? »
Pierre leur répondit : « Convertissez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit.

C’est pour vous que Dieu a fait cette promesse, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont loin, tous ceux que le Seigneur notre Dieu appellera. »
Pierre trouva encore beaucoup d’autres paroles pour les adjurer, et il les exhortait ainsi : « Détournez-vous de cette génération égarée, et vous serez sauvés. »

Alors, ceux qui avaient accueilli la parole de Pierre se firent baptiser. La communauté s’augmenta ce jour-là d’environ trois mille personnes.

 

Psaume : Ps 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

 

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ; 
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom. 

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure. 

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ; 
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante. 

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ; 
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

 

2ème lecture : Celui qui a souffert pour nous est devenu notre berger (1P 2, 20b-25)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères, si on supporte la souffrance en ayant fait le bien, c’est une grâce aux yeux de Dieu.
C’est bien à cela que vous avez été appelés, puisque le Christ lui-même a souffert pour vous et vous a laissé son exemple afin que vous suiviez ses traces, lui qui n’a jamais commis de péché ni proféré de mensonge : couvert d’insultes, il n’insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice.
Dans son corps, il a porté nos péchés sur le bois de la croix, afin que nous puissions mourir à nos péchés et vivre dans la justice : c’est par ses blessures que vous avez été guéris.
Vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes revenus vers le berger qui veille sur vous.

 

Evangile : Jésus est le bon pasteur et la porte des brebis (Jn 10, 1-10)

 Acclamation : Alléluia. Alléluia. Jésus, le bon Pasteur, connaît ses brebis et ses brebis le connaissent : pour elles il a donné sa vie. Alléluia. (cf. Jn 10, 14-15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus parlait ainsi aux pharisiens :
« Amen, amen, je vous le dis : celui qui entre dans la bergerie sans passer par la porte, mais qui escalade par un autre endroit, celui-là est un voleur et un bandit.
Celui qui entre par la porte, c’est lui le pasteur, le berger des brebis.
Le portier lui ouvre, et les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir.
Quand il a conduit dehors toutes ses brebis, il marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix.
Jamais elles ne suivront un inconnu, elles s’enfuiront loin de lui, car elles ne reconnaissent pas la voix des inconnus. »
Jésus employa cette parabole en s’adressant aux pharisiens, mais ils ne comprirent pas ce qu’il voulait leur dire.
C’est pourquoi Jésus reprit la parole : « Amen, amen, je vous le dis : je suis la porte des brebis.
Ceux qui sont intervenus avant moi sont tous des voleurs et des bandits ; mais les brebis ne les ont pas écoutés.
Moi, je suis la porte. Si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra aller et venir, et il trouvera un pâturage.
Le voleur ne vient que pour voler, égorger et détruire. Moi je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. »
Patrick Braud

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7 mai 2011

Béatification de Karol Wojtyla : trois acquis de Jean-Paul II

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Béatification de Karol Wojtyla :

trois acquis de Jean-Paul II


Homélie pour le 3° Dimanche de Pâques / Année A

08/05/2011

 

L'événement est immense : la béatification de Jean-Paul II dimanche dernier 1° Mai 2011 Béatification de Karol Wojtyla : trois acquis de Jean-Paul II dans Communauté spirituelle 82707489jean-paul-ii-jpg (fête de St Joseph travailleur et jour des défilés ouvriers : tout un symbole) aura eu un écho énorme, et pas seulement dans les anciens pays de l'Est qu'il a contribué à libérer du joug communiste. Des émissions rétrospectives fort bien faites où un quart de siècle de notre histoire défilait sous nos yeux avec le visage de Karol Wojtyla avaient préparé ce rendez-vous.

 

Je voudrais vous partager trois caractéristiques de ce pontificat, trois traits marquants qui me semblent toujours pertinents pour notre époque :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1. Une « mondialisation du bien »

(L’expression est de Jacques Attali)

philippines-jean-paul2 dans Communauté spirituellePour beaucoup, la mondialisation galopante est synonyme de dangers, de menace : menace de délocalisation, d’immigrations non contrôlées, de pertes d’identité?


Il y avait à l'époque trois champions de la mondialisation qui marquaient les esprits : Ben Laden et la mondialisation du terrorisme, Bush et la mondialisation du marché? et presque à l’inverse, Jean-Paul II qui symbolisait l’aspiration à une autre mondialisation, celle
du bien.
Ses pèlerinages planétaires, ses visites dans toutes les cultures et toutes les langues (sauf la Chine ! et la Russie?), ses paroles de paix et de réconciliation pour tous les peuples ont soulevé un immense espoir que le monde devenu village pouvait aussi s’unifier sur le dialogue, le respect mutuel, et pas seulement sur l’économique ou la violence.

2. Une réhabilitation de l’émotion

(C’est Max Gallo qui fait ce commentaire)

Avant Jean-Paul II, (souvenez-vous notamment de Paul VI sur la fin), l’Église était sur une pente très rationnelle, mais desséchée ; une liturgie qui devenait très intellectuelle, mais inaccessible et desséchante.

Il était de bon ton de se méfier de l’émotion, du corps, et on parlait beaucoup, longtemps?
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Les rassemblements et les liturgies de Jean-Paul II sont devenues très physiques : des danses, des applaudissements, des costumes locaux (de la coiffe indienne aux fourrures esquimaudes !), des images fortes (avec les enfants, les malades, son assassin Ali Agça?)? On retrouvait cette évidence : le catholicisme n’est pas qu’une religion de la parole, mais aussi de la chair.

Ou plutôt de la Parole qui s’est faite chair, de la chair qui devient parole.

L’émotion physique qui parcourait les foules réunies autour de lui nous a donné des idées dans nos diocèses : JMJ locales, assemblées plus vivantes qui osent bouger, danser, applaudir, des choses à voir, à sentir, à toucher, et pas seulement à comprendre.

En Amérique du Sud ou en Afrique, l’annonce de l’Évangile demande de parler au corps, de susciter le rire, les pleurs, le silence, l’explosion de joie. Et la foule de St Pierre de Rome, en criant « Santo subito » (qu’il soit saint tout de suite) ou « Giovanni Paulo » en tapant des mains, montrait un catholicisme joyeux, populaire, simple.

 

Pensez aux gestes qui ont marqué ce pontificat: embrasser le sol à la descente d’avion, embrasser un enfant sidéen à St Pierre de Rome dans les années 80, prier à genoux en silence devant la grotte de Lourdes, glisser un billet dans le Mur du Temple à Jérusalem, aller dans la prison d’Ali Agça?


 le-pape-au-mur-des-lamentations-300x206Sans renoncer à l’intelligence de la foi, tout en continuant l’effort théologique, la formation exégétique, il ne faudra pas oublier ce que nous avons appris avec Jean-Paul II : l’émotion peut être un des chemins vers le Christ.

 


3) Conjuguer « Mémoire et identité »

Là, l’expression est de Jean-Paul II lui-même : c’est le titre de son dernier livre, ultime message.
jean-paul-ii-memoire-et-p759i1Il nous rappelle que pour être nous-mêmes, il ne faut pas nous couper de nos racines. Pour préparer l’avenir, il faut savoir d’où l’on vient.

Et il médite particulièrement sur les idéologies du mal qui ont tant séduit des millions de personnes au XX° siècle.

 

Voici quelques extraits pour mesurer l’importance de l’analyse spirituelle et politique qu’il fait du siècle passé:

 

« Il m’a été donné de faire l’expérience personnelle des ‘idéologies du mal’.

C’est une chose qui ne peut s’effacer de ma mémoire. Ce fut tout d’abord le nazisme. Ce que l’on pouvait voir en ces années-là était quelque chose de terrible. A ce moment, pourtant, beaucoup d’aspects du nazisme demeuraient encore cachés. La véritable dimension du mal qui se déchaînait en Europe ne fut pas perçue de tous, ni même de ceux d’entre nous qui étaient au centre de ce tourbillon. Nous vivions plongés dans une grande éruption du mal et ce n’est que peu à peu que nous avons commencé à nous rendre compte de sa réelle importance [?].

Plus tard, en réalité une fois la guerre finie, je pensais en moi-même : ‘Le Seigneur Dieu a accordé 12 années d’existence au nazisme et après 12 années, ce système s’est écroulé [?]. Si le communisme a survécu plus longtemps et s’il a encore devant lui une perspective de développement ultérieur, c’est qu’il doit y avoir un sens à tout cela.’ » (Mémoire et identité, 2005)


Jean-Paul%20II%20&%20Ali%20AgcaDans l’un des chapitres, intitulé « démocratie contemporaine », le Pape écrit:

« Un Parlement régulièrement élu a porté Hitler au pouvoir, ce même Parlement lui a ouvert la route pour la politique d’invasion de l’Europe, pour l’organisation des camps de concentration et la mise en oeuvre de la solution finale. Il suffit de rappeler à la mémoire ces seuls événements [...] pour comprendre clairement que la loi établie par l’homme a des limites précises ».

Et le Pape poursuit : « c’est dans cette perspective que nous devons nous interroger au début d’un nouveau siècle et d’un nouveau millénaire sur certains choix législatifs, ce qui vient immédiatement à l’esprit, ce sont les législations sur l’avortement », « les parlementaires qui autorisent de telles lois doivent être conscients d’outrepasser leurs compétences et de se mettre en conflit ouvert avec la loi de Dieu et la loi de la nature ».

Jean-Paul II sait sans doute qu'il ne se fait pas que des amis lorsqu'il prend ainsi des postions courageuses à contre-courant pour dénoncer les « nouvelles idéologies du mal ». La force prophétique de ses appels à la conscience doit longtemps encore venir troubler les évidences culturelles de nos sociétés occidentales notamment.

 

Mondialiser le bien, réhabiliter l'émotion en religion, conjuguer mémoire et identité : Karol Wojtyla a porté bien d'autres trésors au monde' (cf. la réunion interreligieuse d'Assise en 1996, le fameux « n’ayez pas peur », la lutte contre le communisme, la visite à  la synagogue de Rome etc?). Mais ces trois acquis-là font partie de son héritage vivant. A nous de ne pas l'oublier !

Et rendez-vous pour la canonisation dans quelques années…. 

 

Patrick Braud

 

 

1ère lecture : Pierre annonce le Christ ressuscité (Ac 2, 14.22b-33)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire.
Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien.
Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens.
Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir.
En effet, c’est de lui que parle le psaume de David :J e regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas.
Oui, mon coeur est dans l’allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance :
tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption.
Tu m’as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence.
Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu’il est mort, qu’il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous.
Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants.
Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption.
Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins.
Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez. »

 

Psaume : Ps 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11

 

R/ Tu m’as montré, Seigneur, le chemin de la vie

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon coeur m’avertit. 
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable. 

Mon coeur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance : 
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie : 
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

 

2ème lecture : Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens (1P 1, 17-21)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères,
vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d’après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu.
Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache.
Dieu l’avait choisi dès avant la création du monde, et il l’a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers.
C’est par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

 

Evangile : Apparition aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, fais-nous comprendre les Écritures ! Que notre c?ur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia. (cf. Lc 24, 32)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux.
Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas.
Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes.
L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. »
Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié.
Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé.
A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant.
Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes !
Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? »
Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin.
Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna.
Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards.
Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? »
A l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent :
« C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. »
A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

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