La paix soit avec vous
Homélie du Dimanche de Pentecôte
« La paix soit avec vous »
Cette salutation du Ressuscité revient trois fois dans l’Évangile de Jean, et précisément dans ce chapitre 20. Luc le mentionne lui aussi dans le contexte de la résurrection, une seule fois (Lc 24,36).
Ce sont les seuls usages de cette expression dans le Nouveau Testament. Et le premier Testament ne l’emploie qu’une fois : dans la bouche de Raphaël, l’envoyé de Dieu à Tobie (Tb 12,17). C’est donc une expression assez rare, liée à la personne du Ressuscité et à l’envoi de l’Esprit Saint.
« La paix soit avec vous »
C’est encore ainsi qu’aujourd’hui un évêque (et lui seul) peut ouvrir une célébration eucharistique en saluant l’assemblée après le signe de croix initial. C’est donc que le ministère épiscopal doit nous rappeler le lien entre la résurrection et la paix.
« La paix soit avec vous »
Aujourd’hui comme hier, accueillir le Ressuscité c’est entrer dans la paix.
Alors que la peur nous inquiète, ceux que Dieu envoie sur notre route nous redisent comme Raphaël : « n’ayez pas peur ; la paix soit avec vous » (Tb 12,17).
Cherchez bien : il y a sûrement dans votre vie des envoyés (des « anges » !) qui vous ont aidé à trouver la paix, à la recevoir, à la reconnaître, à y entrer… Faites mémoire de ceux et celles par qui la paix est venue, qui vous l’a annoncée, offerte (quelquefois sans s’en rendre compte eux-mêmes). Dans des moments de trouble, ils ont su trouver les mots, les gestes, vous inspirer la confiance malgré tout, l’espérance contre toute espérance.
Dans l’Évangile, cette paix survient alors que les portes du lieu où se trouvent les disciples sont fermées à clé.
Peur et fermeture vont ensemble, paix et ouverture également.
Déverrouiller, sortir vers les autres, leur parler : ce sera toute l’aventure de la Pentecôte juste après. La Pentecôte est le fruit de la paix…
Une déclaration de paix
D’habitude, c’est la guerre qu’on déclare. Pour la paix, les hommes font des traités, des négociations, des compromis. Dieu, lui, la déclare. Unilatéralement, gratuitement, inconditionnellement. Ce qui pourrait s’apparenter à de la faiblesse chez les hommes en conflit permanent apparaît ici comme la puissance du Ressuscité. Il dit la paix et il la fait en même temps.
Être témoin du Ressuscité, c’est alors recevoir de lui cette force extraordinaire de savoir déclarer la paix sans conditions.
À ceux qui ont douté, qui l’ont trahi, se sont enfuis, le Christ déclare la paix. Comment pourrions-nous refuser d’en faire autant ? Pas de manière volontariste, pour être à la hauteur. Non : en accueillant la paix en nous, en la laissant nous traverser pour aller toucher ceux qui en ont besoin autour de nous.
Cette paix intérieure ne se confond pas avec l’absence de conflit. Les apôtres en feront l’expérience : persécution, prison, martyre, rien ne les empêchera de souhaiter la paix à ceux qui leur sont proches comme à ceux qui leur font du mal.
Des martyrs de Lyon au IIIe siècle à ceux de l’Ouganda en juin 1886, les récits abondent où la paix de ceux qui risquent leur vie panique leurs bourreaux. « On dirait qu’ils vont à la noce » s’étonnaient les témoins du bûcher des martyrs de l’Ouganda, en les voyant prier le Notre Père au milieu des flammes.
Nous n’en sommes pas là chez nous, heureusement. Mais les combats de chacun pour sa famille, son travail, ses engagements sont de vraies tensions où plus que jamais la paix promise peut faire son chemin.
La paix soit avec vous : elle peut venir alors que des combats sont à mener en entreprise, en politique, dans les débats publics sur le respect de la vie et des plus faibles.
Frère Roger (de Taizé) l’écrivait de Russie en 1989 : « dans la paix du coeur se dissipe les inquiétudes sur toi-même, et tu vas jusqu’à découvrir à quel point tu te réalises dans une vie donnée »…
1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)
Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient :
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »
Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34
R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !
Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses ?uvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.
2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.
Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.
sequence :
Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.
Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.
O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle
Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus.
Patrick Braud