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21 mai 2011

La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société

Homélie pour le 5° Dimanche de Pâques / Année A

22/05/2011

 

 « La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

 

Ce verset du psaume 118, repris par Pierre (1P 2,4-9), a dû habiter la pensée de Jésus depuis son enfance. Au moment de la trahison, du procès, de la condamnation et de la croix, plus que jamais ce verset viendra éclairer son chemin. Sur la croix, Jésus est identifié par son Père à ceux que tout le monde rejette : le pouvoir romain pour cause d’agitation politique, les autorités religieuses pour cause de blasphème, le peuple pour cause de banditisme criminel. Abandonné de tous, Jésus fait l’expérience absolue du rejet. Il fait corps avec ceux qui sont rejetés de tous. Il devient « la pierre rejetée par les bâtisseurs ».

 

Sa résurrection par Dieu est alors le signe que lorsque Dieu reconstruit une humanité nouvelle, il le fait à partir de ceux qui sont en bas de l’échelle.

Il part des exclus pour relever tout le peuple.

Il s’appuie sur les damnés, les criminels, les bandits, les blasphémateurs pour que l’homme nouveau ne reproduise plus ces mises à l’écart terribles.

 

Le Père Joseph Wresinski

Quelqu’un a bien compris la dimension politique et sociale de ce renversement opéré par La pierre angulaire : bâtir avec les exclus, les rebuts de la société dans Communauté spirituellela pierre rejetée et devenue angulaire. C’est le Père Joseph Wresinski. Né à Angers au XXe siècle dans une famille pauvre marquée par la séparation, la violence, l’humiliation des bidonvilles, il inventera le terme de Quart Monde pour redonner à ces familles marginales la dignité et la fierté d’appartenir à un peuple en marche.

« Devenir combattant pour les exclus n’est pourtant pas si simple, car on ne se fait pas militant pour des individus épars : une mère ivrogne, une sorcière, un gosse malingre, par-ci, par-là. Il a fallu que je les rencontre en un peuple, il a fallu que je me découvre faisant partie de ce peuple, que je me retrouve à l’âge adulte dans ces gosses des cités dépotoirs autour de nos villes, dans ces jeunes sans travail et qui pleurent de rage. Ils perpétuent la misère de mon enfance et me disent la pérennité d’un peuple en haillons.

Il est en notre pouvoir de mettre en échec cette pérennité. La misère n’existera plus, demain, si nous acceptons d’aider ces jeunes à prendre conscience de leur peuple, à transformer leur violence en combat lucide, à s’armer d’amour, d’espoir et de savoir, pour mener à sa fin la lutte de l’ignorance, de la faim, de l’aumône et de l’exclusion. » [1]

 

Les pauves sont l’Église

Prêtre, il reste pourtant du poil-à-gratter pour son Église ! Car si « les pauvres sont l’Église », selon sa très belle formule, force est de constater que bien souvent l’Église parle sur les pauvres, prie pour les pauvres, agit en leur faveur, mais rarement leur laisse la parole, la responsabilité, l’action au coeur de l’Église.

« L’Église invente à chaque époque pour faire reculer tel genre nouveau de misère et l’éternelle misère de malchance qui niche partout, mais elle finit par n’avoir pas assez de moyens et peut-être plus assez de coeur devant ces trop difficiles à aider. Elle ne sait plus leur parler, elle n’ose plus. Il y a des lieux, des temps et des gens d’Église qui perdent le contact avec les plus pauvres. L’histoire est remplie de ces élans vers la misère qui finissent en collèges pour les riches. Mais je le dis, je l’affirme, prise globalement et surtout regardée dans son c?ur profond et ses saints, l’Église est l’Église des pauvres. Là où je suis je vois très bien pourquoi c’est elle qui peut aller le plus loin pour eux.

- Pourquoi?

- Elle transforme leur coeur, elle les sauve, elle les remet dans l’espérance et dans l’amour. Ces démunis en viennent à se donner eux aussi, ils cherchent à rendre service et ça desserre l’étau de leur misère, ils sont capables de penser aux autres, de se priver. Devant des choses pareilles je vous assure qu’on est avec Dieu, dans l’action de Dieu. » [2]

 

Construire à partir des rebuts de la société

Le Père Joseph ne cesse de plaider pour que l’Église se reconnaisse dans « le visage des  exclus dans Communauté spirituellemisérables ». Unie au Christ, pierre rejetée par les bâtisseurs, l’Église doit elle aussi faire l’expérience d’être avec ces « rebuts de l’Humanité », d’être elle-même considérée comme un rebut.  « Jusqu’à l’heure présente, nous avons faim, nous avons soif, nous sommes nus, maltraités et errants; nous nous épuisons à travailler de nos mains. On nous insulte et nous bénissons; on nous persécute et nous l’endurons; on nous calomnie et nous consolons. Nous sommes devenus comme l’ordure du monde, jusqu’à présent l’universel rebut » (1Co 4,11-13)

« Tu as fait de nous des balayures, un rebut parmi les peuples. » (Lm 3,45)

« Tout ce que j’ai d’oppresseurs fait de moi un scandale; pour mes voisins je ne suis que dégoût, un effroi pour mes amis. Ceux qui me voient dans la rue s’enfuient loin de moi, comme un mort oublié des coeurs, comme un objet de rebut. » (Ps 31,12-13)

 

« En fait, nous sommes une contestation permanente pour l’État, nous lui rappelons son rôle de défenseur des plus défavorisés, nous lui proposons, par notre action, des expérimentations. Nous sommes un signe de contradiction vis-à-vis de toute institution qui cherche d’abord à se perpétuer. Y compris l’Église qui fut longtemps l’asile des exclus, leur recours, leur lieu de révolte et de libération. L’Église semble ne plus vouloir se reconnaître dans le visage des misérables, qui est celui du Christ souffrant. Elle y perd son identité? Et pourtant ce rebut de l’humanité, ce déchet, c’est le petit reste des élus, le Peuple sauvé par Dieu ». [3]

 

Qui sont les « pierres angulaires » aujourd’hui ?

« La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ».

Du combat du Père Joseph Wresinski à la place centrale à donner aux exclus dans nos entreprises, nos assemblées, nos familles même, que la pierre d’angle qu’est Jésus nous inspire une vraie politique de résurrection, chacun à notre échelle.

 


[1]« Les Pauvres sont l’Église », entretiens du père Joseph Wresinski avec Gilles Anouil, Le Centurion, 1983, pp. 7-15.

[2]in : « Si nous parlions de Dieu ? », André Sève, Le Centurion, 1985.

[3]Témoignage Chrétien n° 1741, 17 novembre 1977, Interview du Père Joseph par Philippe Warnier.

 

1ère lecture : Les premiers auxiliaires des Apôtres (Ac 6, 1-7)

 

Lecture du livre des Actes des Apôtres

En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque : ils trouvaient que, dans les secours distribués quotidiennement, les veuves de leur groupe étaient désavantagées.
Les Douze convoquèrent alors l’assemblée des disciples et ils leur dirent : « Il n’est pas normal que nous délaissions la parole de Dieu pour le service des repas.
Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, qui soient des hommes estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous leur confierons cette tâche.
Pour notre part, nous resterons fidèles à la prière et au service de la Parole. »
La proposition plut à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un païen originaire d’Antioche converti au judaïsme.
On les présenta aux Apôtres, et ceux-ci, après avoir prié, leur imposèrent les mains.

La parole du Seigneur était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs accueillaient la foi.

 

Psaume : Ps 32, 1.2b-3a, 4-5, 18-19

 

R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Jouez pour lui sur la harpe à dix cordes.
Chantez-lui le cantique nouveau.

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait. 
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour. 

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour, 
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

 

2ème lecture : La pierre éliminée devient la pierre d’angle (1P 2, 4-9)

 

Lecture de la première lettre de saint Pierre Apôtre

Frères,
approchez-vous de lui : il est la pierre vivante que les hommes ont éliminée, mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur.
Vous aussi, soyez les pierres vivantes qui servent à construire le Temple spirituel, et vous serez le sacerdoce saint, présentant des offrandes spirituelles que Dieu pourra accepter à cause du Christ Jésus.
On lit en effet dans l’Écriture : Voici que je pose en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie et de grande valeur ; celui qui lui donne sa foi ne connaîtra pas la honte.
Ainsi donc, honneur à vous qui avez la foi, mais, pour ceux qui refusent de croire, l’Écriture dit : La pierre éliminée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber. Ces gens-là butent en refusant d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver.
Mais vous, vous êtes la race choisie, le sacerdoce royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

 

Evangile : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 1-12)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Tu es le Chemin, la Vérité et la Vie, Jésus, Fils de Dieu. Celui qui croit en toi a reconnu le Père. Alléluia. (cf. Jn 14, 6.9)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ?
Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi.
Pour aller où je m’en vais, vous savez le chemin. »
Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas ; comment pourrions-nous savoir le chemin ? »
Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi.
Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. »
Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. »
Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père.
Comment peux-tu dire : ‘Montre-nous le Père’ ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; mais c’est le Père qui demeure en moi, et qui accomplit ses propres oeuvres.
Croyez ce que je vous dis : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne croyez pas ma parole, croyez au moins à cause des oeuvres.
Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi accomplira les mêmes oeuvres que moi. Il en accomplira même de plus grandes, puisque je pars vers le Père. »
Patrick Braud

 

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26 février 2011

L’insouciance de Jésus : du fatalisme à la recherche de l’essentiel

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L’insouciance de Jésus :
du fatalisme à la recherche de l’essentiel

Homélie pour le 8° dimanche ordinaire / Année A

Dimanche 27 Février 2011


Le souci du lendemain est au coeur de la modernité

·       Ce passage de l’évangile de Matthieu (Matthieu 6,24-34) est assez déconcertant pour un homme du XXIe siècle. Certaines phrases résonnent d’une actualité étonnamment prophétique et pertinente. Par exemple : « vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent ». Alors que nous souffrons encore des conséquences des crises économiques successives, on se dit que beaucoup d’acteurs des milieux bancaires et financiers auraient dû relire cet avertissement en le prenant au sérieux…

 

·       Par contre, d’autres phrases paraissent complètement obsolètes, inefficaces, voire dangereuses prises au pied de la lettre. Par exemple : « qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ? ».

Regardez le graphique ci-dessous. À partir du XVIIIe siècle, l’espérance de vie en France s’accroît régulièrement (excepté pendant les guerres bien sûr) et de façon spectaculaire. Du temps de Jésus, plus d’un enfant sur deux mourait à la naissance, et vivre vieux (40-50 ans) était réservé à une petite minorité. Aujourd’hui, la mortalité infantile est réduite à zéro ou presque en France, et en moyenne on a tous des chances de vivre jusqu’à 80 ans, avec au milieu de nous des centenaires à la pelle !

 

Heureusement donc que l’Occident n’a pas pris au pied de la lettre ce triste constat que Jésus fait à son époque : ‘on ne peut pas prolonger sa vie’, pensait-on.

Ce n’est pas une fatalité de mourir à 40 ans !

Collectivement, c’est bien le souci du lendemain qui a permis de prolonger notre existence, contrairement à ce que semble constater Jésus. Individuellement, c’est également efficace : arrêter de fumer, faire un régime, avoir un bon suivi médical préventif etc…. vous fera gagner quelques années de vie si vous avez le souci de votre santé.

 

·       Plus important encore, cette amélioration de la vie, en qualité et en durée, est due à  la faculté de prévision et d’anticipation modernes que Jésus semble rejeter. « Ne vous faites pas donc pas tant de souci pour demain ». C’est pourtant en s’inquiétant fortement pour demain qu’on a pu bâtir des systèmes de retraite performants (que l’on défend becs et ongles !), qu’on a pu dépister des maladies avant qu’elles n’arrivent etc…

C’est en refusant une conception ‘providentialiste’ que la science occidentale a pu découvrir les lois du climat, la physique, de la génétique, de la création des richesses économiques etc… Si on en était resté à la lettre des conseils de Jésus sur l’imitation des lis des champs et l’insouciance du lendemain, tous ces progrès modernes n’auraient guère été possibles…

D’ailleurs, l’aversion de l’Église catholique pour le prêt à intérêt (qu’elle confondait avec l’usure), véritable outil de l’émergence du capitalisme dès le XIIIe siècle, vient de là en partie ! Les marchands, les ingénieurs et les banquiers du Moyen Âge voulaient (à juste titre) anticiper, maîtriser les risques, changer les lendemains grâce à leur intelligence et leurs techniques. Apparemment tout le contraire de ce que dit Jésus ici de sa méfiance envers l’argent et de son insouciance du lendemain !

 

Car ne pas se soucier du lendemain s’est révélé dans l’histoire inefficace sur le plan économique et social, voire dangereux… Qui oserait aujourd’hui contester le souci écologique du lendemain pour notre planète par exemple !

« Gouverner c’est prévoir » : le souci du lendemain est au coeur de la modernité.

 

Comment se tirer de ces contradictions bien réelles ?

- Certains voudraient revenir à une conception providentialiste. Dans le domaine religieux par exemple, « s’abandonner à la Providence » est un thème qui revient en force.

Les fondateurs comptent sur la générosité des riches pour faire vivre leurs oeuvres ; mais est-ce cela la Providence ? ?

- D’autres prêchent une attitude quasi fataliste : ‘c’est écrit’. Quoi que vous fassiez, c’est écrit ; et si vous arrivez à prolonger votre vie, c’est que Dieu en avait décidé ainsi. Si quelqu’un meurt trop tôt, ce que ‘c’était son heure’Mektoub !’, diraient les croyances populaires musulmanes…

 

Ces visions, fataliste ou providentialiste, ne sont guère compatibles avec l’ensemble de la révélation biblique. Depuis la responsabilité initiale de la Genèse où Dieu confie la terre à l’homme (« croissez et multipliez-vous ») jusqu’à la ville de l’Apocalypse, symbole de l’effort humain pour mieux vivre ensemble, la Bible n’incite guère à l’insouciance !

 

Alors ? Comment interpréter cette expression devenue proverbiale : « à chaque jour suffit sa peine » ?

 

Ne pas confondre la fin et les moyens

Comme pour le lien entre Dieu et la pluie (Mt 5,45), Jésus semble s’appuyer ici sur une évidence culturelle indépassable à son époque (‘la nature nourrit l’homme gratuitement’) pour conduire vers une révélation d’un autre ordre : Dieu le premier vous nourrit gratuitement.

Non pas en faisant tout arriver de manière magique et cruelle (la pluie/la sécheresse, les récoltes/la famine…).

Mais en assurant à l’homme qu’ « il vaut beaucoup plus que les oiseaux du ciel ».

En invitant à ne pas se tromper d’objectif : c’est « chercher le Royaume et sa justice » qui est au coeur du désir humain, tout le reste n’est que de l’ordre des moyens (bien manger, bien boire, s’habiller, vivre vieux), pas de l’ordre de la fin ultime.

 

·       D’ailleurs, Jésus ne dit pas : « soyez insouciants », mais : « ne vous faites pas tant de souci ». C’est-à-dire : souciez-vous du lendemain, de votre retraite, de votre santé, de la planète – oui, mais n’y mettez pas tout votre coeur, toute votre énergie, au risque de passer à côté de l’essentiel. Tout en poursuivant ceci (assurer les lendemains), n’oubliez pas cela (habiter le présent, chercher l’essentiel).

Quand on visite des maisons de retraite et qu’on voit des personnes âgées assises en silence tout l’après-midi en rond sur leurs fauteuils, on peut se demander effectivement si l’augmentation quantitative de la durée de vie ne s’est pas faite au détriment de la qualité relationnelle et humaine de ces longues années, surtout sur la fin…

 

Un avertissement salutaire

·       « À chaque jour suffit sa peine » résonne alors comme un avertissement aussi salutaire aujourd’hui que : « vous ne pouvez servir à la fois Dieu et l’Argent ». Au lieu de s’inquiéter toujours pour beaucoup de choses, ne perdez pas de vue l’essentiel. « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire… » (Mc 10,41)

 

À force de trop vivre dans le lendemain, le risque est réel de passer à côté du présent.

 

 

Sans renoncer à l’exceptionnelle capacité de prévision et d’anticipation que nous ont donnée les sciences modernes, pourrons-nous nous entendre cet appel à mettre tout cela au service du présent ?

 

« Père céleste », donne-nous d’habiter la peine où la joie de chaque jour.

Apprends-nous à recevoir gratuitement ce que la recherche de l’essentiel peut produire dans nos vies.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour »… (Lc 11,3)

 

 

1ère lecture : Dieu ne peut pas oublier son peuple (Is 49, 14-15)

Lecture du livre d’Isaïe

Jérusalem disait : « Le Seigneur m’a abandonnée, le Seigneur m’a oubliée. »

Est-ce qu’une femme peut oublier son petit enfant, ne pas chérir le fils de ses entrailles ? Même si elle pouvait l’oublier, moi, je ne t’oublierai pas. – Parole du Seigneur tout-puissant.

Psaume : 61, 2-3, 8, 9

R/ En Dieu seul, le repos de notre âme.

Je n’ai de repos qu’en Dieu seul,
mon salut vient de lui.
Lui seul est mon rocher, mon salut,
ma citadelle : je suis inébranlable.

Mon salut et ma gloire 
se trouvent près de Dieu. 
Chez Dieu, mon refuge, 
mon rocher imprenable ! 

Comptez sur lui en tous temps, 
vous, le peuple. 
Devant lui épanchez votre coeur : 
Dieu est pour nous un refuge.

 

2ème lecture : C’est Dieu qui juge : ne jugez pas (1 Co 4, 1-5)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
il faut que l’on nous regarde seulement comme les serviteurs du Christ et les intendants des mystères de Dieu.

Et ce que l’on demande aux intendants, c’est en somme de mériter confiance.

Pour ma part, je me soucie fort peu de votre jugement sur moi, ou de celui que prononceraient les hommes ; d’ailleurs, je ne me juge même pas moi-même.

Ma conscience ne me reproche rien, mais ce n’est pas pour cela que je suis juste : celui qui me juge, c’est le Seigneur.

Alors, ne portez pas de jugement prématuré, mais attendez la venue du Seigneur, car il mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et il fera paraître les intentions secrètes. Alors, la louange qui revient à chacun lui sera donnée par Dieu.

Évangile : Sermon sur la montagne. Confiance en Dieu notre Père (Mt 6, 24-34)

 Acclamation : Alléluia. Alléluia. Cherchez d’abord le royaume de Dieu, et tout vous sera donné par surcroît. Alléluia. (Mt 6, 33)

 Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Aucun homme ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera l’un et aimera l’autre, ou bien il s’attachera à l’un et méprisera l’autre. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent.

C’est pourquoi je vous dis : Ne vous faites pas tant de souci pour votre vie, au sujet de la nourriture, ni pour votre corps, au sujet des vêtements. La vie ne vaut-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que les vêtements ?

Regardez les oiseaux du ciel : ils ne font ni semailles ni moisson, ils ne font pas de réserves dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ?

D’ailleurs, qui d’entre vous, à force de souci, peut prolonger tant soit peu son existence ?

Et au sujet des vêtements, pourquoi se faire tant de souci ? Observez comment poussent les lis des champs : ils ne travaillent pas, ils ne filent pas.

Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n’était pas habillé comme l’un d’eux.

Si Dieu habille ainsi l’herbe des champs, qui est là aujourd’hui, et qui demain sera jetée au feu, ne fera-t-il pas bien davantage pour vous, hommes de peu de foi ?

Ne vous faites donc pas tant de souci ; ne dites pas : ‘Qu’allons-nous manger ?’ ou bien : ‘Qu’allons-nous boire ?’ ou encore : ‘Avec quoi nous habiller ?’

Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin.

Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par-dessus le marché.

Ne vous faites pas tant de souci pour demain : demain se souciera de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. »

 

Patrick Braud

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11 décembre 2010

Du goudron et des carottes râpées

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Du goudron et des carottes râpées

 

Homélie du 3° dimanche de l’Avent / Année A

Dimanche 12 Décembre 2010

 

 

Du goudron et des carottes râpées

Il est 23 heures.

Je vois un homme s’approcher de la forme humaine dont on ne sait pas si elle est Du goudron et des carottes râpées dans Communauté spirituelle sdfaccroupie, assise ou allongée sur le goudron du trottoir. Devant l’entrée du supermarché spécialisé dans le hard discount en plein quartier populaire de la ville, l’homme distingue ce SDF, un de plus, qui pioche avec une fourchette dans une barquette en plastique de carottes râpées à 1 € (0,99 € exactement, ‘marque repère’…). À côté de la forme, l’inévitable bouteille de vin, elle aussi en plastique, déjà à moitié vidée.

L’homme hésite visiblement, dépasse la silhouette aux carottes râpées, convaincu sans doute (et peut-être avec raison) que l’aide à la mendicité est contre-productive. Mais il fait froid. De plus en plus avec le brouillard qui tombe. Mais la solitude dans le noir de la ville est encore plus glaciale lorsqu’on est dans la galère : même un habitant des beaux quartiers, bien éclairé et bien chauffé, peut deviner cela… Il revient sur ses pas, s’accroupit au côté de la forme noire et rouge. Surprise : c’est une femme. En relevant la tête, elle s’étonne, et bredouille quelques mots : « plus de place. Demain j’irai ». L’homme sort un billet de 20 € de son porte-monnaie et lui met dans la main : « faites attention à ne pas vous le faire voler ». Elle ne dit rien. Elle ne peut rien dire ; l’alcool a déjà embrouillé sa langue. Mais elle le regarde avec une tendresse inattendue sur ce trottoir, et lui caresse doucement la joue…

- « Voulez-vous que j’appelle le 115 ? »

- « Ils sont venus. Pas de place. »

- « Où allez-vous dormir ? »

- « Ailleurs. »

L’homme se relève. Obligé de continuer sa route…

 

Répondre par des actes concrets

Pourquoi raconter longuement cette scène si fréquente dans nos cités ? Parce qu’elle rejoint notre évangile d’Avent. Jean-Baptiste exprime en effet son interrogation au sujet de Jésus : qui est-il vraiment ?

« Il veut que les faits parlent et disent la différence qui existe entre lui et Jésus. Il envoie donc les deux disciples qu’il croit les plus aptes à comprendre (saint Jean Chrysostome : XXXVI° homélie sur l’évangile selon saint Matthieu, I&2).

Ses disciples demandent à Jésus de répondre : « es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Or Jésus ne répond pas par des discours ou par des paroles. Il renvoie à ses actes : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres… »

 

Autrement dit : la venue du Fils de l’Homme se joue dans les actes concrets qui aujourd’hui encore donnent de la dignité aux méprisés, font confiance aux humiliés, donnent un toit aux sans-abri, de la nourriture et du travail à celui qui est méprisé, et ainsi privé de la fraternité des hommes…

 

Jésus n’a pas fait un long discours sur la Trinité aux envoyés de Jean-Baptiste. Il a simplement renvoyé à ses actes. « Mes oeuvres parlent pour moi » dira-t-il dans l’Évangile de Jean. Ici, il demande seulement aux envoyés de Jean de constater : « allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez ».

 

Jean-Baptiste était la Voix. Jésus est le Verbe fait chair, la parole faite actes.

N’est-ce pas ce que les hommes d’aujourd’hui attendent des chrétiens : qu’ils agissent, que leurs actes traduisent leur conception de l’homme, du respect des plus faibles, de la défense de la vie sous toutes ses formes et à toutes ses étapes ?

 

Le psaume 145 de notre liturgie décline d’ailleurs cette identité divine en une série d’actions de salut et de libération. Dieu se révèle tel qu’il est lorsqu’il agit pour ceux qu’il aime, nous les hommes : il fait justice / donne le pain / délie / ouvre les yeux / redresse / aime / protège / soutient

 

Isaïe était tout aussi concret : « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur? »

 

La feuille de route de l’Église

C’est toujours notre feuille de route pour être à son image, pour le laisser agir à travers nous, pour être « le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain » (Concile Vatican II, Lumen Gentium n° 1). La vocation sacramentelle de l’Église, c’est aussi cela : faire en sorte que : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres… »

 

Paul VI le disait avec courage en 1975 :

« Pour l’Église, le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec un zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maître » disions-Nous récemment à un groupe de laïcs, « ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins ». Saint Pierre l’exprimait bien lorsqu’il évoquait le spectacle d’une vie pure et respectueuse, « gagnant sans paroles même ceux qui refusent de croire à la Parole » (1P 3,1). C’est donc par sa conduite, par sa vie, que l’Église évangélisera tout d’abord le monde, c’est-à-dire par son témoignage vécu de fidélité au Seigneur Jésus, de pauvreté et détachement, de liberté face aux pouvoirs de ce monde, en un mot, de sainteté. »

Evangelii Nuntiandi n° 41, Paul VI (8/12/1975)

  

Puissions-nous traduire en actes concrets, au coeur du froid et des nuits hivernales tout particulièrement, cette feuille de route que le Messie a laissée à son Église ! Il y a tant d’associations, chrétiennes ou non, que nous pouvons soutenir, aider et encourager, et auxquelles participer, pour que des actes soient posés avec les plus petits, les laissés-pour-compte… Il y a tant de gestes efficaces que nous pouvons (devons) faire en ce sens…

 

1ère lecture : Les merveilles du salut à venir (Is 35, 1-6a.10) 

Lecture du livre d’Isaïe

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse,

qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.

Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,

dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »

Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.

Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront.

 

Psaume : Ps 145, 7, 8, 9ab.10a

 

R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !

Le Seigneur fait justice aux opprimés ;

aux affamés, il donne le pain,

le Seigneur délie les enchaînés.

 

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,

le Seigneur redresse les accablés,

le Seigneur aime les justes.

 

Le Seigneur protège l’étranger.

Il soutient la veuve et l’orphelin.

D’âge en âge, le Seigneur régnera.

 

2ème lecture : Ayez de la patience : la venue du Seigneur est proche (Jc 5, 7-10)

Lecture de la lettre de saint Jacques

Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la première et la dernière récoltes.

Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche.

Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte.

Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

 

Evangile : Jean Baptiste et Jésus (Mt 11, 2-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples :

« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez :

Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.

Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! »

Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?…

Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois.

Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète.

C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi.

Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »
Patrick Brau

Carton Rouge au logement en France / Fondation Abbé Pierre

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16 octobre 2010

La grenouille qui ne se décourageait jamais

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Homélie du 17/10/2010

29° Dimanche du temps ordinaire / Année C

 

La grenouille qui ne se décourageait jamais

 

 

Grenouiller jusqu’en haut

Afficher l'image d'origineIl était une fois une course …  de grenouilles.
L’objectif était d’arriver en haut d’une grande tour. Beaucoup de gens se rassemblèrent pour les voir et les soutenir.  La course commença.
En fait, les gens ne croyaient pas possible que les grenouilles atteignent le sommet de la tour, et toutes les phrases que l’on entendit furent de ce genre :
« Inutile !!!
Elles n’y arriveront jamais! »
Les grenouilles commencèrent peu à peu à se décourager, sauf une qui continua de grimper.
Les gens continuaient :
« … Vraiment pas la peine  !!! Elles n’y arriveront jamais!… »
Et les grenouilles s’avouèrent vaincues, sauf une qui continuait envers et contre tout !
A la fin, toutes abandonnèrent, sauf cette grenouille qui, seule et au prix d’un énorme effort, rejoignit la cime.
Les autres, stupéfaites, voulurent savoir comment elle avait fait.
A sa descente, l’une d’entre elles s’approcha pour lui demander comment elle avait fait pour terminer l’épreuve.
Et découvrit qu’elle… était sourde !

Cette histoire de grenouilles nous invite à rester sourds à tous ceux qui nous disent que « c’est impossible », à tout ce qui nous décourage d’aller au bout de notre désir le plus vrai.

 

Prier sans se décourager

Ne pas se laisser décourager est bien sûr le La grenouille qui ne se décourageait jamais dans Communauté spirituelle ex17_12bthème central des textes de ce dimanche.

Moïse a besoin de son frère Aaron et de Hour pour le soutenir dans son intercession, les bras levés. S’il « baisse les bras » (l’expression en français vient de là), le peuple perdra le combat.

 

Le psaume 120, comme bien des psaumes, cherche lui aussi du courage dans la prière : « Je lève les yeux vers les montagnes : d’où le secours me viendra-t-il ? »

 

Et Jésus enfonce le clou avec sa parabole « pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager ».

La prière est un combat où le découragement nous guette immanquablement tôt ou tard : devant le silence de Dieu, devant le temps qui passe et où il ne se passe rien, devant tant d’injustices qui se répètent à longueur d’années, de siècles…

Pourtant, prier sans se décourager, c’est trouver du courage en priant.

Et saint Paul rajoute à la prière l’Écriture comme source de courage : « tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ ».

 

La question de ce dimanche taraude bien des ‘combattants de la survie ordinaire’.

29z3c5ig courage dans Communauté spirituelleAujourd’hui comme hier, où trouver la force pour continuer à chercher du travail quand on est chômeur depuis trop longtemps ? Où trouver l’énergie pour continuer à se battre pour ses enfants quand on est une femme seule ? Comment ne pas sombrer dans l’alcool ou la dépression lorsqu’on est à la rue ? Où trouver un soutien pour ne pas « baisser les bras » lorsqu’on entre en chimiothérapie ? lorsque la mort nous enlève un être proche ?

 

Comment apprendre à devenir cette grenouille sourde : sourde à la fatigue, à l’échec, à la frustration, à la peur… ?

 

Du coeur à l’ouvrage

Le mot courage en français vient du latin cor, le coeur_anatomie Expéditcoeur. Quelques expressions en gardent la trace : « avoir du coeur à l’ouvrage », c’est le signe du courage. « Perdre coeur » au contraire, c’est abandonner peu à peu le combat.

Le courage et le coeur ont partie liée. Non pas au plan sentimental, mais anatomique : le coeur est cette formidable pompe qui injecte à tout l’organisme le combustible et l’énergie nécessaires à l’activité de l’ensemble. Aller puiser du courage, c’est retrouver en soi la pompe à énergie qui va galvaniser l’effort et le faire durer. Le coureur de fond harmonise les battements de son coeur avec ses pieds et sa respiration, pour tenir bon des kilomètres durant, sans points de côté, sans se décourager.

 

On comprend alors pourquoi Jésus, le psaume et Moïse lient le courage et la prière.

Prier, c’est se recentrer sur le coeur de soi-même en Dieu, ou de Dieu en soi-même…

Prier, c’est revenir à l’essentiel de ce qui nous anime, et ainsi laisser à nouveau le sang de la confiance irriguer nos combats, même les plus longs, même ceux qui nous semblent interminables…

La prière n’est pas ‘expéditive’

Notre vieux fond païen rêverait une prière « expéditive ». Lorsque le résultat d’une telle demande païenne se fait attendre, nous sommes découragés. On a même inventé un saint dans nos églises pour cultiver cette tendance « expéditive » de la prière : c’est justement… Saint Expédit ! Le jeu de mot qui découle du nom de saint Expédit en dit long sur notre impatience !

 

La légende faisait de saint Expédit un commandant Romain d’Arménie, converti au Christ et décapité pour cette raison en 303 par l’empereur Dioclétien. Le pape Pie XI a rayé son nom du martyrologe romain en 1905, mais rien n’y fait : on continue à espérer de lui un traitement en colissimo de nos prières urgentes… Sans doute à cause de la légende de sa conversion. On raconte qu’Expédit était sur le point de demander le baptême lorsqu’un corbeau arriva en criant : ‘Cras ! cras ! cras ! cras !’ (ce qui signifie : ?demain !’, en latin, et cela ressemble au croassement du corbeau). Expédit l’écrasa en criant à son tour : ‘Hodie ! hodie ! hodie ! hodie !’ (?aujourd’hui !’). Expédit est donc souvent représenté portant la palme du martyre, écrasant un corbeau, avec les inscriptions : Cras ! Hodie !

Mais la ferveur populaire oublie que c’est sur la conversion que porte la rapidité « expéditive » de la prière du saint, pas sur la réalisation d’une demande dans la prière !

La conversion peut être expéditive, la prière plus rarement…

Voilà pourquoi il nous faut apprendre à « toujours prier sans se décourager jamais ».

« Luttez avec moi dans la prière », écrit Saint-Paul (Rm 15,30).

 

La faim heureuse

Telle la grenouille sourde, celui qui va puiser du courage dans la prière et l’Écriture cmic8mu2 grenouilledécouvrira en cours d’ascension ce que saint Augustin appelait la « faim heureuse ». Rien à voir avec le Happy End d’Hollywood ! Mais la lente transformation qu’opère en nous la fidélité qui ne se décourage pas d’attendre, qui ne se décourage pas de se battre encore et encore :

« Quand Dieu tarde à vous donner, c’est, non pour vous refuser ses dons, mais pour vous les faire apprécier. On reçoit avec plus de joie ce qu’on a désiré longtemps ; on n’apprécie pas ce qu’on obtient trop vite. Demandez, cherchez, insistez. En demandant et en cherchant vous grandissez, et vous vous préparez à recevoir ce que vous demandez. Dieu vous réserve ce qu’il ne veut pas vous donner tout de suite, afin que vous appreniez à désirer avec grandeur de grandes choses. Nous demandons ce que nous devons posséder éternellement, ce qui doit nous rassasier éternellement. Mais pour être rassasiés, ayons faim et soif. Il a été dit : « bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice » ; la faim peut donc quelquefois être heureuse ? Oui, lorsqu’elle prépare au rassasiement, car si vous n’aviez que dégoût, vous n’arriveriez pas à la possession des trois pains » 

(saint Augustin : sermon LXI, 5 & 6).

 

 

 

1ère lecture : Moïse ne baisse pas les bras (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim.
Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline.
Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort.
Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil.
Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.

 

Psaume : Ps 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Notre secours, c’est Dieu, le Maître du monde !

Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il empêche ton pied de glisser, 
qu’il ne dorme pas, ton gardien. 
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, 
le gardien d’Israël. 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, 
se tient près de toi. 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, 
ni la lune, durant la nuit. 

Le Seigneur te gardera de tout mal, 
il gardera ta vie. 
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, 
maintenant, à jamais.

2ème lecture : Méditer l’Écriture pour proclamer la Parole(2Tm 3, 14-17; 4, 1-2)

 

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé,
tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné.
Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ.
Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Evangile : Parabole de la veuve qui demandait justice sans se décourager  (Lc 18, 1-8)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’
Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice !
Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ?
Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » 
 Patrick Braud

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