L'homélie du dimanche (prochain)

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26 janvier 2013

L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies

 

Homélie du 3° Dimanche ordinaire / Année C
27/01/13

 

« Aujourd’hui s’accomplit à vos oreilles cette Écriture. »

Dans l’Évangile de St Luc, l’aujourd’hui du salut est un leitmotiv, un refrain obsédant qui parcourt toute la vie du Christ.

 

* Il y a d’abord celui de Noël, tout proche, celui de l’annonce aux bergers : « aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Luc 2, 11). Ce n’est pas seulement l’anniversaire de la naissance de Jésus que nous avons fêté à Noël, c’est notre propre naissance, aujourd’hui, à la vie divine.

 

* Il y a ensuite celui du baptême : « aujourd’hui, je t’ai engendré ; tu es mon enfant bien-aimé. » (3,22)

Cette déclaration d’amour de Dieu n’est pas seulement celle de notre baptême autrefois, elle nous rejoint jour après jour : aujourd’hui, tu peux naître de nouveau? Chacun de nous peut dire : je n’ai pas été baptisé il y a tant d’années, c’est aujourd’hui que je suis baptisé, que je deviens baptisé?

 

* Puis vient l’aujourd’hui de l’Écriture, à Nazareth dans la synagogue de son enfance. « Aujourd’hui, cette écriture est accomplie pour vous qui l’entendez » (4,21).

La Bible que nous entendons le dimanche ou que nous lisons à la maison n’est pas un vieux texte pour les historiens : elle peut devenir une parole vivante pour moi aujourd’hui, qui me parle d’une façon si bouleversante que j’ai parfois l’impression qu’elle a été écrite pour moi, en connaissant le secret de ma vie?

 

* Quand Jésus guérit un homme paralysé – et qui n’est pas paralysé par des peurs et des blocages intérieurs ? – quand il lui pardonne ses péchés – et qui n’est pas pécheur ? – la foule s’écrit : « aujourd’hui, nous avons vu des choses extraordinaires » (5,26). C’est notre propre cri d’émerveillement et de louange lorsque nous savons nous arrêter pour discerner, aujourd’hui, les signes de l’action de Dieu en nous ou chez les autres.

 

* Devant l’hostilité d’Hérode, Jésus affirme la permanence de son action : « allez dire à ce renard : voici, je chasse les démons et j’accomplis des guérisons aujourd’hui et demain, et le 3ème jour j’atteins mon but. » (13,32) Il me faut poursuivre ma route aujourd’hui et demain et le jour suivant : ne pas baisser les bras, et continuer jour après jour la route qui est la mienne?

 

* Plus spectaculaire encore est l’aujourd’hui du salut qui est adressé à Zachée : « Zachée, descends vite, aujourd’hui il me faut demeurer chez toi » (19,5) et devant la conversion de Zachée, Jésus constate avec joie : « aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison » (19,5). Pourquoi attendre à demain pour remettre de l’ordre dans ma vie alors que c’est aujourd’hui que le Christ s’invite chez moi ?

 

* Car malheureusement, l’aujourd’hui du salut renvoie également à l’aujourd’hui de la trahison de Pierre qui est aussi la mienne : « Je te le déclare, Pierre, le coq ne chantera pas aujourd’hui que tu ne m’aies renié 3 fois » (que tu n’aies par 3 fois nié me connaître) (22, 34-61).

 

* Pourtant l’aujourd’hui du salut sera plus fort que celui de mes reniements. À tel point que le criminel suspendu en croix à la droite de Jésus s’entendra dire cette parole, inouïe et injuste à première vue : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis  » (23,43). La puissance de la résurrection du Christ peut se manifester dès maintenant en moi ! Il suffit que je l’accueille, que je la désire pour maintenant, et non pour hier ou pour plus tard, et que je croie de tout mon c?ur à l’accomplissement de cette promesse dès maintenant?

 

* Vous voyez, ce thème de l’aujourd’hui du salut est un thème cher à Luc, du début à la fin de son Évangile. Qu’est-ce que cela veut dire pour nous ?

Certains vivent dans le passé, en étant comme écrasés par des événements qui les ont blessés autrefois : il y a des paroles et des gestes si lourds, des faits si graves qu’on a l’impression qu’ils ne pourront jamais être guéris?

Certains au contraire semblent n’exister que pour le futur :faire des projets, maîtriser l’avenir, tout sacrifier à une réussite future semble être leur unique obsession, aux dépens d’une réelle présence aux gens et aux situations qui les entourent actuellement.

 

Or le Christ nous demande de l’accueillir aujourd’hui : non pas hier, dans nos regrets, nos nostalgies ou nos souvenirs, non pas demain dans nos rêves ou nos projections, mais dès maintenant en ce jour.

 

Quand nous étions petits, nos parents nous ont appris : « Ne remets pas à demain ce que tu peux faire aujourd’hui.  » Le Christ nous le dit d’une façon plus radicale encore : « Crois-tu qu’aujourd’hui quelque chose peut changer en toi ? Croyez-vous que dès maintenant cette parole de salut et d’espérance commence à s’accomplir en vous ? Avez-vous le désir de vivre dès aujourd’hui, de vivre chaque journée qui passe comme un présent, un cadeau qui vous est fait pour aimer et vous donner à votre tour ? « 

 

N’est-ce pas cette espérance d’un salut aujourd’hui qui manque à tant de gens, de leur vie conjugale ou professionnelle ? Les couples en crise qui n’osent pas affronter leurs difficultés présentes, ou qui au contraire s’y enfoncent en se disant : ça ne changera jamais? La détresse sociale des millions de famille en dessous du seuil de pauvreté en France, et qui se demandent : comment vivre aujourd’hui, comment retrouver une espérance dès à présent ?

 

* À tous ceux qui désespèrent et qui disent : « Je ne vois plus de sens à ma vie, je ne sais plus quelle est la signification de mon histoire », le Christ adresse cet encouragement et cet appel :

« Regarde ta propre histoire.
C’est toujours chaque instant présent qui contient la signification de ton histoire.
Tu ne peux pas regarder cette histoire en spectateur.
Tu dois l’envisager à partir de tes décisions, à partir de ta responsabilité.
Dans chaque instant présent de ta vie sommeille la possibilité qu’il soit l’instant du salut. À toi de le réveiller ».

(Bultmann, Histoire et eschatologie, Delachaux & Niestlé, Neuchâtel-Paris, 1959).

 

C’est maintenant le moment favorable, pas hier, pas demain.
C’est maintenant le jour du salut.  » (2 Co 6, 2).
Aujourd’hui, cette parole du Christ s’accomplit pour nous qui l’entendons.

 

 

 

1ère lecture : Le peuple de Dieu redécouvre la Parole (Ne 8, 1-4a.5-6.8-10)

Lecture du livre de Néhémie

Quand arriva la fête du septième mois, tout le peuple se rassembla comme un seul homme sur la place située devant la Porte des eaux. On demanda au scribe Esdras d’apporter le livre de la loi de Moïse, que le Seigneur avait donnée à Israël.
Alors le prêtre Esdras apporta la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois.
Esdras, tourné vers la place de la Porte des eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi.
Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès.
Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout.
Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre.
Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.
Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi.
Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 15

R/ La joie du Seigneur est notre rempart

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le c?ur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon c?ur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

2ème lecture : Diversité des membres dans l’unité du corps du Christ (1Co 12, 12-30 (lecture brève : 12, 12-14.27))
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre au Corinthiens

Frères,
Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.
Le corps humain se compose de plusieurs membres, et non pas d’un seul.
[ Le pied aura beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait toujours partie du corps.
L'oreille aura beau dire : « Je ne suis pas l'?il, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait toujours partie du corps.
Si, dans le corps, il n'y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S'il n'y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ?
Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l'a voulu.
S'il n'y en avait qu'un seul, comment cela ferait-il un corps ?
Il y a donc à la fois plusieurs membres, et un seul corps.
L'?il ne peut pas dire à la main : « Je n'ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n'ai pas besoin de vous ».
Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables.
Et celles qui passent pour moins respectables, c'est elles que nous traitons avec plus de respect ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ;
pour celles qui sont décentes, ce n'est pas nécessaire. Dieu a organisé le corps de telle façon qu'on porte plus de respect à ce qui en est le plus dépourvu :
il a voulu qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres.
Si un membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l'honneur, tous partagent sa joie. ]
Or, vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes les membres de ce corps.
[ Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l'Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui sont chargés d'enseigner, puis ceux qui font des miracles, ceux qui ont le don de guérir, ceux qui ont la charge d'assister leurs frères ou de les guider, ceux qui disent des paroles mystérieuses.
Tout le monde évidemment n'est pas apôtre, tout le monde n'est pas prophète, ni chargé d'enseigner ; tout le monde n'a pas à faire des miracles,
à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter. ]

Evangile : Prologue de Saint Luc ? « Aujourd’hui, s’accomplit la Parole » (Lc 1, 1-4; 4, 14-21)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur a envoyé Jésus, son Sauveur, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres. Alléluia. (cf. Lc 4, 18)

Commencement de l’Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Plusieurs ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début, furent les témoins oculaires et sont devenus les serviteurs de la Parole.
C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après m’être informé soigneusement de tout depuis les origines, d’en écrire pour toi, cher Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus.

Lorsque Jésus, avec la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues des Juifs, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait grandi. Comme il en avait l’habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui présenta le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres, et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui.
Alors il se mit à leur dire : « Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. »
Patrick Braud

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19 janvier 2013

La hiérarchie des charismes

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La hiérarchie des charismes

Homélie du 2° Dimanche du temps ordinaire / Année C
20/01/2013

 

Dans les entretiens d’embauche, une question revient souvent, censée déstabiliser le candidat et le révéler en vérité : « quelle est votre plus grande qualité ? »
Le piège n’est pas simple à éviter. Si le demandeur d’emploi cite une trop grande qualité (ex : je suis le meilleur dans mon métier), il passera pour un prétentieux avec un ego difficile ; si au contraire ils se sous-estime (ex : je suis plutôt gentil), il n’inspirera pas confiance pour des postes à responsabilités.

Bref, discerner son talent principal demande beaucoup de sagesse, de connaissance de soi, et d’humilité réaliste.

Saint-Paul semble aider la communauté de Corinthe à réussir son entretien d’embauche ! Quelles sont les qualités principales de cette Église locale ? Quels sont les dons les plus importants qu’elle a reçus de l’Esprit Saint ? Autrement dit : quelle est la hiérarchie des charismes qui doit orienter l’action de La hiérarchie des charismes dans Communauté spirituelle b2-cdb---des-criteres-pour-discerner-les-charismesl’assemblée ? 

Visiblement, les corinthiens étaient fascinés par les charismes les plus spectaculaires. Certains semblaient « parler en langues », c’est-à-dire prier en chantant au-delà des mots, comme dans une langue inconnue. D’autres semblaient avoir des pouvoirs de guérison, toujours impressionnants. Si vous allez visiter les communautés baptistes, évangéliques, ou du renouveau charismatique, vous retrouverez ces charismes et d’autres encore. Auprès des populations africaines notamment, l’attrait de ces pouvoirs extraordinaires est énorme.

Comment réagit Paul ?

Il remet les choses dans l’ordre, avec tact. Il prend de la hauteur. Aux fidèles trop friands de « charismes » plus visibles, il montre la diversité des dons qui concourent tous à l’oeuvre du Seigneur. Tous les dons ont la même source et le même but. L’unité d’origine est marquée par les trois expressions sur pied d’égalité : « le même Esprit », « le même Seigneur », « le même Dieu ». L’unité de but, car les charismes sont donnés pour le bien de l’Église, non pour une gloire personnelle, est exprimée par l’oikodomé, « l’édification », la construction de la communauté. Ce sera l’ultime critère dont l’Apôtre se servira pour juger de la valeur d’un charisme : « Je préfère dire cinq paroles intelligibles pour instruire les autres plutôt que dix mille en langues ». On notera que l’ordre des charismes est à gradation descendante : les derniers nommés sont ceux que les Corinthiens sont portés à trop priser.

 charismes dans Communauté spirituelle 

C’est donc qu’un charisme ne vaut que par la finalité qu’il sert. Les talents d’Hitler (éloquence, ascendant sur les foules, stratégie industrielle?) auraient peut-être fait des merveilles s’il ne s’était mis au service du nazisme. Un charisme n’est jamais qu’un moyen au service d’une fin, pas un but en soi. Pour Paul, le but ultime est l’édification de la communauté, ce qui implique son unité et sa croissance.

Ce but n’est pas individuel : répétons-le, un charisme n’est pas donné pour la gloire personnelle de quelqu’un, mais pour le mettre au service de tous.

Dans la vie de l’Église actuelle, cela met clairement certains charismes au-dessus des autres : le sens de l’unité avant la recherche du spectaculaire, le discernement de ce qui est sage avant la radicalité de la foi, la défense des pauvres avant la connaissance intellectuelle. Attention cependant : hiérarchiser les charismes ne veut pas dire les dévaloriser. Chaque talent reçu compte, chaque don individuel mérite d’être reconnu, respecté, encouragé. Mais il y a un ordre d’importance qui ne les met pas tous au même rang.

Transposez cela au monde professionnel.

Cela demande d’abord que chacun puisse découvrir, se dire à lui-même et aux autres ce qu’il a reçu comme talent : untel sait bien parler et emporter la conviction ; un autre est le champion de l’organisation ; un autre encore sait créer les liens indispensables etc…

Un chef d’équipe qui voudra être « servant leader » aura à coeur d’aider chacun des membres de son équipe à mettre au jour ses charismes professionnels. Impossible de manager une équipe sans avoir cette passion du chercheur d’or, qui passe et repasse au tamis l’eau de la rivière, même la plus boueuse, pour y discerner des pépites de toutes tailles. Ensuite, le travail du « boss » est reconnaître ou de manifester ces charismes à l’intéressé lui-même, à son équipe, et de les valoriser pour leur permettre de donner toute leur puissance. Et enfin il doit veiller à ce qu’ils soient mis au service du bien commun de l’équipe, de l’entreprise. Ce dernier point fait toute la différence entre la réussite individuelle et le progrès commun, entre le mercenaire et le mousquetaire en quelque sorte.

 

Le critère paulinien un vaut également pour l’entreprise : le but ultime est l’unité et la croissance. C’est là un critère de discernement finalement assez simple. Les qualités qui le-voyage-du-directeur-des-ressources-humaines-affiche-19b81 discernementpeuvent faire progresser cette« édification » sont à privilégier sur les autres. Les collaborateurs qui s’inscrivent dans cette dynamique de l’édification commune sont à promouvoir en priorité. Les « patrons » qui seront dans cet esprit de servant leader par rapport à leurs équipes sont à valoriser avant les autres.

Introduire cette hiérarchie dans les charismes professionnels peut obliger à revoir bien des progressions de carrière, bien des politiques de recrutement, voire beaucoup de méthodes d’évaluation et les grilles salariales afférentes.

Corinthe, c’était un port de commerce à la jointure de monde, où la mondialisation par la mer faisait bouillonner le chaudron des cultures et des classes sociales. L’Église corinthienne était faite de dockers – des durs, des tatoués - et des classes sociales les plus basses. Pourtant, une multitude de charismes y éclatait. Et Paul, sans en étouffer aucun, met patiemment de l’ordre, invite la communauté à pacifier sa vie interne en partant de l’essentiel, sans se laisser fasciner par les charismes de moindre importance.

Si Paul a pu faire ce travail de discernement à Corinthe, nous pouvons en faire un semblable dans nos communautés ecclésiales comme dans nos entreprises.

Prendre conscience des charismes reçus et aider chacun à le faire, les hiérarchiser pour ne pas perdre de vue l’essentiel, les mettre au service de l’édification commune : voilà un chemin qui parlera au maître spirituel comme au DRH soucieux de la progression de ses collaborateurs…

 

1ère lecture : Les noces de Dieu et de son peuple (Is 62, 1-5)

Lecture du livre d’Isaïe

Pour la cause de Jérusalem je ne me tairai pas,
pour Sion je ne prendrai pas de repos,
avant que sa justice ne se lève comme l’aurore
et que son salut ne flamboie comme une torche.
Les nations verront ta justice,
tous les rois verront ta gloire.
On t’appellera d’un nom nouveau,
donné par le Seigneur lui-même.
Tu seras une couronne resplendissante
entre les doigts du Seigneur,
un diadème royal dans la main de ton Dieu.
On ne t’appellera plus : « La délaissée »,
on n’appellera plus ta contrée : « Terre déserte »,
mais on te nommera : « Ma préférée »,
on nommera ta contrée : « Mon épouse »,
car le Seigneur met en toi sa préférence
et ta contrée aura un époux.
Comme un jeune homme épouse une jeune fille,
celui qui t’a construite t’épousera.
Comme la jeune mariée est la joie de son mari,
ainsi tu seras la joie de ton Dieu.

Psaume : Ps 95, 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac

R/ Allez dire au monde entier
les merveilles de Dieu !

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture.

2ème lecture : Diversité des charismes dans l’unité (1Co 12, 4-11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit. Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.
À celui-ci est donné, grâce à l’Esprit, le langage de la sagesse de Dieu ; à un autre, toujours par l’Esprit, le langage de la connaissance de Dieu ;
un autre reçoit, dans l’Esprit, le don de la foi ; un autre encore, des pouvoirs de guérison dans l’unique Esprit ;
un autre peut faire des miracles, un autre est un prophète, un autre sait reconnaître ce qui vient vraiment de l’Esprit ; l’un reçoit le don de dire toutes sortes de paroles mystérieuses, l’autre le don de les interpréter.
Mais celui qui agit en tout cela, c’est le même et unique Esprit : il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté.

Evangile : Les noces de Cana (Jn 2, 1-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Soyons dans la joie pour l’Alliance nouvelle :
heureux les invités aux noces de l’Agneau !
Alléluia. (Cf. Ap 19, 7.9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là.
Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. 

Or, on manqua de vin ; la mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. »
Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. »
Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. »
Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs ; chacune contenait environ cent litres.
Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d’eau les cuves. » Et ils les remplirent jusqu’au bord.
Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent.
Le maître du repas goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l’eau.
Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »

Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Patrick Braud

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21 décembre 2012

Enfanter le Verbe en nous…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Enfanter le Verbe en nous…

Homélie du 4° Dimanche de l’Avent Dimanche / Année C
23/12/2012

Une rencontre tout en rondeurs

Que font deux femmes enceintes lorsqu’elles se rencontrent ?

Elles parlent de leur grossesse !

Elisabeth et Marie ne font pas exception. Comme toutes les femmes du monde qui attendent un enfant, elles aiment à partager ce que le mystère de la vie en elles produit comme émotions et sentiments. La rencontre entre les deux cousines est d’abord la rencontre profondément humaine de deux femmes déjà habitées par quelqu’un d’autre. Enfanter le Verbe en nous... dans Communauté spirituelle visitation-2Elles s’embrassent comme toutes les futures mères :

- guettant la transformation de leur corps qui s’arrondit, qui s’alourdit.

- désirant et redoutant à la fois la croissance de ce petit être en elles jusqu’à la naissance.

- attentives au miracle qui s’accomplit au plus intime d’elles-mêmes.

- soucieuses de ce qui pourrait menacer cette croissance.

- attendant chaque échographie avec soulagement et émerveillement.

- ayant besoin de parler de tout cela, pour en partager la joie et en exorciser les peurs?

 

Images de l’Église enceinte

Par cette visite, Elisabeth et Marie célèbrent le temps de leur grossesse ; elles la vierge_trois_quarts_sm Eckhart dans Communauté spirituellesavourent. En cela, elles sont l’image de l’Église, notre Église que nous formons chacun et ensemble.

Car nous aussi nous portons le Christ en nous, comme Marie l’abritait en elle.
Nous aussi nous sommes habités par un Autre qui déjà transforme notre corps et notre coeur.
Nous aussi nous sommes ‘enceint(e)s’ du Verbe de Dieu qui, depuis Noël, désire être engendré en chacun, engendré par l’Église et dans l’Église

Il y a en nous une allégresse qui nous est donnée, qui nous fait tressaillir de l’intérieur.
Il y a en nous un amour qui nous presse à « nous mettre en route rapidement », comme Marie, pour le partager à notre famille humaine.
Il y a en nous une joie qui nous vient de plus grand que nous, et qui est le signe d’une naissance à venir?

Oui : Elisabeth et Marie partageant leur bonheur d’être enceintes figurent l’Église : tantôt femme âgée qu’on croyait stérile (comme certains désespèrent de notre Église en France, âgée et faible…), tantôt jeune femme qu’on croyait incapable d’engendrer (comme les jeunes Églises d’Afrique).

Toutes deux se rencontrent et laissent éclater leur allégresse d’être habitées par quelqu’un d’autre.

C’est notre allégresse, puisque nous sommes nous aussi appelés à devenir la Mère du Christ. Écoutez comment St Augustin rappelait aux chrétiens d’Hippone leur vocation maternelle divine :

« Faites attention, je vous en supplie, à ce que dit le Christ Seigneur, étendant la main vers ses disciples : Voici ma mère et mes frères. Et ensuite : Celui qui fait la volonté de mon Père, qui m’a envoyé, c’est lui mon frère, ma soeur, ma mère.

Est-ce que la Vierge Marie n’a pas fait la volonté du Père, elle qui a cru par la foi, qui a conçu par la foi, qui a été élue pour que le salut naquît d’elle en notre faveur, qui a été créée dans le Christ avant que le Christ fût créé en elle ? Sainte Marie a fait, oui, elle a fait la volonté du Père, et par conséquent, il est plus important pour Marie d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été mère du Christ ; il a été plus avantageux pour elle d’avoir été disciple du Christ que d’avoir été sa mère.

Donc, Marie était bienheureuse, parce que, avant même d’enfanter le Maître, elle l’a porté dans son sein. Voyez si ce que je dis n’est pas vrai. Comme le Seigneur passait, suivi par les foules et accomplissant des miracles divins, une femme se mit à dire : Heureux, bienheureux, le sein qui t’a porté! Et qu’est-ce que le Seigneur a répliqué, pour éviter qu’on ne place le bonheur dans la chair ? Heureux plutôt ceux qui entendent la parole de Dieu et la gardent!

naissancedieuame MarieDonc, Marie est bienheureuse aussi parce qu’elle a entendu la parole de Dieu, et l’a gardée: son âme a gardé la vérité plus que son sein n’a gardé la chair. La Vérité, c’est le Christ; la chair, c’est le Christ. La vérité, c’est le Christ dans l’âme de Marie ; la chair, c’est le Christ dans le sein de Marie. Ce qui est dans l’âme est davantage que ce qui est dans le sein.

Sainte Marie, heureuse Marie ! Et pourtant l’Église vaut mieux que la Vierge Marie.Pourquoi ? Parce que Marie est une partie de l’Église. Un membre éminent, un membre supérieur aux autres, mais enfin un membre du corps entier. S’il s’agit du corps entier, le corps est certainement davantage qu’un seul membre. Le Seigneur est la tête, et le Christ total est à la fois la tête et le corps. Bref, nous avons un chef divin, nous avons Dieu pour tête. Donc, mes très chers, regardez vous-mêmes: vous êtes les membres du Christ, et vous êtes le corps du Christ. Comment l’êtes-vous ? Faites attention à ce qu’il dit: Voici ma mère et mes frères.

Comment serez-vous la mère du Christ ? Celui qui entend, celui qui fait la volonté de mon Père, qui est aux cieux, celui-là est mon frère, ma soeur, ma mère. »
(Homélie sur l’évangile de Matthieu)

Maître Eckhart précisait :

«  Le Père engendre dans l’éternité le Fils, comme son image.  » Le Verbe était auprès de Dieu et Dieu était le Verbe  » : comme le même que lui et de la même nature. Mais je vais plus loin et je dis : il l’a engendré dans mon âme ! Elle n’est pas seulement auprès de lui et lui auprès d’elle, comme étant semblable à lui, mais il est en elle. Et le Père engendre son Fils dans l’âme exactement comme dans l’éternité et pas autrement. Il faut qu’il le fasse, que cela lui plaise ou non ! Il l’engendre sans interruption. Et je dis en outre : il m’engendre comme son Fils, comme le même Fils ! Oui, il ne m’engendre pas seulement comme son Fils, il m’engendre comme lui, et lui comme moi, il m’engendre comme son essence propre, sa propre nature : dans la source la plus profonde je jaillis dans l’Esprit saint, là il n’y a qu’une vie, une essence, une oeuvre !
Tout ce que Dieu opère est un, c’est pourquoi il m’engendre comme son Fils, sans qu’une séparation intervienne. Mon père corporel n’est pas à proprement parler mon père, il ne l’est qu’avec une petite partie de sa nature, et je suis séparé de lui : il peut être mort et moi vivre. Mais le Père céleste est bien vraiment mon père : parce que je suis sien et que tout ce que je possède je le tiens de lui, et, en tant que fils, je suis le même que lui, et pas un autre. Comme le Père n’accomplit somme toute qu’une oeuvre, cette oeuvre : m’établir comme son fils, ne produit pas quelque chose de séparé. »
(La grâce divine de l’accomplissement, sur Lc 1,26).

Visitez-vous les uns les autres

Vous avez  là, dans cet évangile de la Visitation, le sens profond des visites entre Églises locales. La coopération missionnaire c’est cela : aller chez l’autre, le visiter pour s’émerveiller du travail de l’Esprit chez lui.? Car c’est une grande joie de découvrir l’action de l’Esprit de Dieu ailleurs comme chez nous. En allant là-bas, nous vivons la même Visitation qu’entre Marie et Élisabeth…

Et vous, où en êtes-vous de votre grossesse spirituelle ?
Que sentez-vous bouger en vous d’un désir spirituel bien vivant ?
Quels projets, quelle joie, quel amour grandit en vous et vous fait tressaillir d’allégresse ?

Pour le savoir, rien ne vaut une bonne visite comme celle de Marie à Elisabeth : une échographie spirituelle en quelque sorte !
C’est bon d’avoir des amis avec qui partager la joie d’être « habité(e)s ».
C’est bon d’avoir un accompagnateur spirituel à qui rendre visite pour mesurer la croissance de la Vie en nous.
C’est bon d’avoir une équipe de chrétiens avec qui parler de nos transformations les plus personnelles?

Quand nous nous rendons visite, pour ces fêtes de fin d’année par exemple, nous pouvons être, comme Marie et Elisabeth, des « échographes » de la Vie qui grandit en nous, à tout âge.

 

Le Verbe de Dieu est engendré en nous depuis notre baptême, nous le portons en nous comme on porte un trésor dans un vase d’argile, comme une femme enceinte porte l’enfant, miracle permanent de l’engendrement de Dieu en chacun.

Puissent nos visites, familiales et amicales, s’inspirer de la Visitation de Marie à Elisabeth, pour laisser grandir au plus intime de nous-mêmes la joie d’être aimés, d’être habités, d’être transformés dans la chair de notre chair.

Car « le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ».

 

 

1ère lecture : Le Messie viendra de Bethléem (Mi 5, 1-4)

Lecture du livre de Michée

Parole du Seigneur :
Toi, Bethléem Ephrata,le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles.
Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d’Israël.
Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormaissa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix !

Psaume : Ps 79, 2.3bc, 15-16a, 18-19

R/ Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Berger d’Israël, écoute,
toi qui conduis ton troupeau, resplendis !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Deu haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

2ème lecture : « Je suis venu pour faire ta volonté » (He 10, 5-10)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Frères,
en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps.
Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ;
alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté,c ar c’est bien de moi que parle l’Écriture.
Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir.
Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau.
Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

Evangile : La Visitation (Lc 1, 39-45)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Chante et réjouis-toi, Vierge Marie : celui que l’univers ne peut contenir demeure en toi. Alléluia. (cf. So 3, 14.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth.
Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint,
et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Patrick Braud

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15 décembre 2012

La joie parfaite, et pérenne

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La joie parfaite, et pérenne

 

Homélie du 3° dimanche de l’Avent / Année C
16/12/2012

 

Ce troisième dimanche de l’Avent est appelé le dimanche de la joie (du Gaudete = réjouis-toi en latin).

Patrick BraudÀ cause bien sûr de l’appel de Sophonie à Jérusalem : « pousse des cris de joie ! ». Et à cause de Paul qui surenchérit : « soyez toujours dans la joie du Seigneur ».

 

Il y a des moments où la joie nous est naturelle et facile. Un succès, une rencontre, une musique… : la liste est longue des événements qui peuvent déclencher en nous cette sérénité joyeuse qui nous transporte ailleurs.

Mais Paul parle de la joie « du Seigneur », et pas de la seule joie humaine. Il conjugue cette joie-là avec l’adverbe toujours : en tout temps, en tout lieu ; même lorsqu’il n’y a pas ces événements sources de joie ordinaire ; même lorsqu’il y a d’autres événements apportant le malheur avec eux. D’ailleurs, au moment où Paul écrit ces mots, il est « dans les chaînes » de sa prison (Ph 1,1-15), et aurait toutes les raisons de désespérer car il sait bien que le pouvoir romain ne va pas le laisser en vie.

 

Comment peut-on rester ancré dans la joie lorsque tout va mal ? ou lorsque tout va gris ?

Comment distinguer la joie humaine – déjà bonne en elle-même – de la joie de Dieu, la joie parfaite (Jn 16,24).

 

Voilà ce que François d’Assise a répondu à son compagnon, frère Léon, qui lui posait en substance la même question.

Patrick Braud« Quand nous arriverons à Sainte-Marie-des-Anges, ainsi trempés par la pluie et glacés par le froid, souillés de boue et tourmentés par la faim, et que nous frapperons à la porte du couvent, et que le portier viendra en colère et dira : « Qui êtes-vous ? » et que nous lui répondrons : « Nous sommes deux de vos frères », et qu’il dira : « Vous ne dites pas vrai, vous êtes même deux ribauds qui allez trompant le monde et volant les aumônes des pauvres; allez-vous en » ; et quand il ne nous ouvrira pas et qu’il nous fera rester dehors dans la neige et la pluie, avec le froid et la faim, jusqu’à la nuit, alors si nous supportons avec patience, sans trouble et sans murmurer contre lui, tant d’injures et tant de cruauté et tant de rebuffades, et si nous pensons avec humilité et charité que ce portier nous connaît véritablement, et que Dieu le fait parler contre nous, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous persistons à frapper, et qu’il sorte en colère, et qu’il nous chasse comme des vauriens importuns, avec force vilenies et soufflets en disant : « Allez-vous-en d’ici misérables petits voleurs, allez à l’hôpital, car ici vous ne mangerez ni ne logerez », si nous supportons tout cela avec patience, avec allégresse, dans un bon esprit de charité, ô frère Léon, écris que là est la joie parfaite.

Et si nous, contraints pourtant par la faim, et par le froid, et par la nuit, nous frappons encore et appelons et le supplions pour l’amour de Dieu, avec de grands gémissements, de nous ouvrir et de nous faire cependant entrer, et qu’il dise, plus irrité encore : « ceux-ci sont des vauriens importuns, et je vais les payer comme ils le méritent », et s’il sort avec un bâton noueux, et qu’il nous saisisse par le capuchon, et nous jette par terre, et nous roule dans la neige, et nous frappe de tous les noeuds de ce bâton, si tout cela nous le supportons patiemment et avec allégresse, en pensant aux souffrances du Christ béni, que nous devons supporter pour son amour, ô frère Léon, écris qu’en cela est la joie parfaite.

 

Selon François d’Assise, la vraie joie et donc d’être identifié au Christ lorsque, bafoué et rejeté par les siens, il trouve encore la force de ne pas haïr.

 

Qui peut souhaiter d’en arriver à cet extrême ?

La joie en DieuParfois cela arrive, et c’est alors qu’il faut se souvenir de la joie parfaite selon François.

Le plus souvent, ce n’est pas une telle humiliation, mais les contrariétés habituelles qui nous empêchent d’être « toujours dans la joie ». Là, se souvenir que la joie vient de Dieu plus que de l’homme sera utile : la joie de Dieu vient de sa promesse, la joie de l’homme vient de ses oeuvres.

L’une reflue de la fin pour irriguer le présent, en étant toujours disponible ; l’autre célèbre ce qui est, et manque lorsqu’il n’y a rien à célébrer.

La première est eschatologique, comme une ancre jetée dans les cieux (He 6,17). La seconde est existentielle, basée sur nos réussites.

La joie de Dieu est permanente car enracinée en lui. La joie humaine est fragile et éphémère, car soumise aux aléas de la fortune.

 

L’appel de ce dimanche nous invite à unir les deux : savourer les cadeaux de la vie sans perdre de vue le cadeau ultime qui donne sens à tous les autres.

Si nous faisons ainsi, nous réjouirons Dieu de notre joie, ainsi qu’il est écrit dans le livre de Sophonie : « Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. »

 

Cette inhabitation mutuelle de Dieu en nous et de nous en Dieu est le secret de la pérennité de notre joie. Elle nous est donnée dans la surprise, surabondance de joie que nous n’osions désirer ; elle a un goût pascal parce qu’elle sait ce que traverser la mort signifie ; elle est joie partagée avec l’autre, joie de l’autre, de cet autre en qui est le tout-Autre, infiniment proche…

Que l’Esprit du Christ vienne nous ancrer dans cette sérénité dont Paul souhaite qu’elle soit connue de tous les hommes.

 

 

1ère lecture : « Fille de Sion, réjouis-toi, car le Seigneur est en toi » (So 3, 14-18)
Lecture du livre de Sophonie

Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Éclate en ovations, Israël ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse, fille de Jérusalem !
Le Seigneur a écarté tes accusateurs, il a fait rebrousser chemin à ton ennemi. Le roi d’Israël, le Seigneur, est en toi. Tu n’as plus à craindre le malheur.
Ce jour-là, on dira à Jérusalem : « Ne crains pas, Sion ! Ne laisse pas tes mains défaillir !
Le Seigneur ton Dieu est en toi, c’est lui, le héros qui apporte le salut. Il aura en toi sa joie et son allégresse, il te renouvellera par son amour ; il dansera pour toi avec des cris de joie, comme aux jours de fête. »

Psaume : Is 12, 2, 4bcde, 5-6

R/ Laissons éclater notre joie : Dieu est au milieur de nous.
Voici le Dieu qui me sauve :
j’ai confiance, je n’ai plus de crainte.

Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ;
il est pour moi le salut.

Rendez grâce au Seigneur,
proclamez son nom,
annoncez parmi les peuples ses hauts faits !
Redites-le : « Sublime est son nom ! »

Jouez pour le Seigneur,
car il a fait des prodiges que toute la terre connaît.
Jubilez, criez de joie, habitants de Sion,
car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël !

2ème lecture : Soyez dans la joie : le Seigneur est proche (Ph 4, 4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul aux Philippiens

Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; laissez-moi vous le redire : soyez dans la joie.
Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes.
Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut imaginer, gardera votre c?ur et votre intelligence dans le Christ Jésus.

Evangile : Jean Baptiste prépare les foules à la venue du Messie (Lc 3, 10-18)

Acclamation : Alléluia, alléluia. Prophète du Très-Haut, Jean est venu préparez la route devant le Seigneur et porter témoignage à la Lumière.Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? »
Jean leur répondait : « Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas ; et celui qui a de quoi manger, qu’il fasse de même ! »
Des publicains (collecteurs d’impôts) vinrent aussi se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que devons-nous faire ? »
Il leur répondit : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé. »
À leur tour, des soldats lui demandaient : « Et nous, que devons-nous faire ? » Il leur répondit : « Ne faites ni violence ni tort à personne ; et contentez-vous de votre solde. »
Or, le peuple était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie.
Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu.
Il tient à la main la pelle à vanner pour nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera le grain dans son grenier ; quant à la paille, il la brûlera dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Par ces exhortations et bien d’autres encore, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.
Patrick Braud

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