L'homélie du dimanche (prochain)

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6 avril 2013

Croire sans voir

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Croire sans voir

Homélie du deuxième dimanche de Pâques  /Année C
07/04/2013

 

Qui a vu – de ses yeux vu – le Christ ressuscité ?

Sans doute Jean dans sa vision de l’Apocalypse, ou les 11 réunis avec Marie au Cénacle après Pâques. Mais sur 1,2 milliards de chrétiens habitant la planète, aucun n’a vu de ses yeux Jésus de Nazareth en chair et en os. C’est donc que la demande de Saint-Thomas n’a été exaucée par le Christ que pour justement ne plus jamais l’être à nouveau.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu ».
C’est la seconde béatitude de l’Évangile de Jean qui n’en comporte que deux.
La première porte sur le service : « heureux êtes-vous si du moins vous faites de même » (vous laver les pieds les uns aux autres).
La seconde porte ici sur la foi. Le service et la foi sont pour Jean les deux sources du vrai bonheur de vivre.

Saint-Thomas voulait appuyer sa foi sur des preuves indiscutables. Il anticipe en cela une mentalité très moderne, qui voudrait que la foi s’impose par la raison, qui voudrait utiliser la science pour démontrer la foi (ou au contraire l’infirmer, ce qui revient au même). À l’image de ceux qui font du suaire de Turin une évidence de la Résurrection, ou des exaltés qui font des « miracles » pour forcer l’adhésion des foules, notre brave Thomas tombe lui aussi dans le piège de ses sens. « Je ne crois que ce que je vois » est devenu après lui un slogan rationaliste qui entend disqualifier la foi comme attitude non scientifique.

Croire sans voir dans Communauté spirituelle saint-thomas 

Or les sciences actuelles ont mis en pièces cette vision expérimentale trop physique de la réalité.

Déjà on savait depuis longtemps que le vent existe même s’il est invisible : on voit les feuilles de l’arbre bouger, on ne voit pas le vent, qui pourtant existe et souffle.

Les sciences de l’infiniment grand nous disent de même que bien des planètes que nous croyons voir n’existent plus en fait depuis les millions d’années. Bien des galaxies invisibles nous échappent et pourtant sont bien réelles. Il y aurait même peut-être des multi-univers parallèle aux nôtres où d’autres réalités se superposeraient à la nôtre !

Les sciences de l’infiniment petit sont encore plus déroutantes. Nous croyons voir et toucher de la matière solide et pourtant la physique moderne nous dit que le vide est l’élément le plus important de la matière. La mécanique quantique nous fait douter de la vie ou de la mort du chat de Schrödinger, et nous rappelle encore avec  le principe d’incertitude d’Heisenberg que les particules sont insaisissables, sinon sous le mode probabiliste. La relativité d’Einstein nous invite à nous méfier de ce que nous croyons percevoir, car tout dépend de la position et de la vitesse de l’observateur…

Bref, le réel n’est plus ce qu’il était.

L’évidence des sens nous induit en erreur, et il ne faut surtout pas croire ce que l’on voit !

D’ailleurs, nos jeunes générations reliées et connectées le savent d’instinct. Personne ne LE_CHAT_DE_GELUCK2 croire dans Communauté spirituellevoit les réseaux qui nous environnent : 3G, Wifi, ondes radio, signaux GPS etc. et pourtant chacun y « croit » dur comme fer en téléphonant sans fil, en surfant en Wifi en écoutant la radio ou en se guidant sur son TomTom. Le virtuel est omniprésent, et compte autant que ce que l’on appelait autrefois le réel.

Les techniques d’effets spéciaux et de transformations numériques sont d’ailleurs si performantes qu’il ne faut surtout pas croire comme réel tout ce qui est vu à la télé, au cinéma ou sur Internet !

 

Croire sans voir paraît donc aujourd’hui une attitude hautement compatible avec l’état le plus avancé des sciences et technologies contemporaines.

Croire sans voir redevient crédible.

 

Bizarrement, quand il s’agit de relations humaines, nous devenons soudain terriblement plus exigeants qu’avec nos écrans.
Les couples veulent du sonnant et du trébuchant dans leurs relations. S’il n’y a apparemment plus de retour sur investissement, alors la séparation devient urgente, et beaucoup pensent que c’est légitime. C’est que l’amour est par essence invisible. Comme l’écrivait saint Augustin (qui s’y connaissait en la matière) : « il la voit, elle  le voit, personne ne voit l’amour ». Seuls des signes de l’amour sont perceptibles. Ils correspondent aux traces des clous sur les mains et les pieds du ressuscité, ainsi que son côté blessé. Les signes de l’amour ne sont pas des preuves, plutôt des encouragements.

À la limite, demander sans cesse des signes est pathologique. Que dirait-on d’un convalescent qui refuse de se séparer de sa béquille ? À force de demander trop souvent des signes visibles, la moitié des couples s’épuise vite et change de partenaires pour enfin être payé de retour, croit-on.

En entreprise également, croire sans voir est une attitude devenue rare. La pression est forte pour avoir des résultats immédiats. Le court-termisme n’afflige pas seulement les actionnaires, mais encore les managers, les directeurs de recherche, les responsables opérationnels. Car croire sans voir demande de laisser le temps au temps, de parier sur ce qui va naître et pas seulement sur ce qui existe déjà. Les politiques eux-mêmes échappent difficilement à ce piège, eux qui pourtant devraient incarner le rêve commun et pas seulement la gestion au coup par coup.

La foi au Christ ressuscité nous éduque à un autre regard sur l’invisible. Ce n’est pas parce que c’est invisible que c’est vrai. Mais le vrai souvent ne se voit pas.

Il en va ainsi de la dignité du sans-abri, de la beauté de la prostituée, de la grandeur du délinquant, du trésor d’âme de l’enfant difficile…

Heureux ceux qui croient en eux sans les avoir vu manifester de telles qualités ! Ils deviendront de vrais éducateurs, de vrais compagnons de route ; ils ouvriront les portes d’une résurrection personnelle étonnante.

Cachée ou publique, la résurrection du Christ appelle une libre adhésion que ne force aucune évidence, aucune preuve, aucune manipulation.

Saint-Jean de la Croix en témoignait avec force à partir de son expérience mystique :

« Mais aujourd’hui que la foi est fondée sur le Christ et que la loi évangélique est manifestée dans cette ère de la grâce qu’il nous a donnée, il n’y a plus de motif pour que nous l’interrogions comme avant, ni pour qu’il nous parle ou nous réponde comme alors. Dès lors qu’il nous a donné son Fils, qui est sa Parole, il n’a pas d’autre parole à nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette seule Parole; il n’a donc plus à nous parler. (?)

L’Apôtre nous donne à entendre par là que Dieu s’est fait comme muet; il n’a plus rien à dire; car ce qu’il disait par parties aux prophètes, il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous donnant ce tout qu’est son Fils.

Voilà pourquoi celui qui voudrait maintenant l’interroger, ou désirerait une vision ou une révélation, non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre chose ou quelque nouveauté. Dieu pourrait en effet lui répondre de la sorte: Si je t’ai déjà tout dit dans ma parole, qui est mon Fils, je n’ai maintenant plus rien à te révéler ou à te répondre qui soit plus que lui. Fixe ton regard uniquement sur lui; c’est en lui que j’ai tout déposé, paroles et révélations; en lui tu trouveras même plus que tu ne demandes et que tu ne désires. Tu me demandes des paroles, des révélations ou des visions, en un mot des choses particulières; mais si tu fixes les yeux sur lui, tu trouveras tout cela d’une façon complète, parce qu’il est toute ma parole, toute ma réponse, toute ma vision, toute ma révélation. »

Jean de la Croix, La montée du Carmel

Le chrétien croit « sur parole ».
Tout au plus savoure-t-il quelques signes qui l’aident à croire.
Beaucoup de maîtres spirituels témoignent qu’après les premiers éblouissements, leur vie religieuse ne fut qu’une longue fidélité aride où tout point d’appui tangible semblait avoir disparu.
C’est sans doute comme cela que Dieu traite ses amis : en leur enlevant la béquille du visible.

« Heureux ceux qui croient sans avoir vu » : laissons résonner en nous cette béatitude.

Qu’elle nous rende plus libres pour ne rien exiger en retour de nos engagements précieux.

Qu’elles nous rendent attentifs à ce qui naît, et donc à ce qui n’est pas encore.

Qu’elles nous apprennent à remercier pour les signes reçus, et remercier plus encore pour l’absence de signes…

 

1ère lecture : La communauté des premiers chrétiens (Ac 5, 12-16)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul c?ur, se tenaient sous la colonnade de Salomon.
Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge,
et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi.
On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards : ainsi, quand Pierre passerait, il toucherait l’un ou l’autre de son ombre.
Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais. Et tous, ils étaient guéris.

Psaume : Ps 117, 1.4, 22-23, 24-25, 26ab.27a.29

R/ Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! 
Éternel est son amour ! 
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’?uvre du Seigneur, 
la merveille devant nos yeux. 

Voici le jour que fit le Seigneur, 
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! 
Donne, Seigneur, donne le salut ! 
Donne, Seigneur, donne la victoire ! 

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! 
Dieu, le Seigneur, nous illumine. 
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! 
Éternel est son amour !

2ème lecture : « Je suis le Vivant : écris ce que tu vois » (Ap 1, 9-11a.12-13.17-19)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus, je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus. C’était le jour du Seigneur ; je fus inspiré par l’Esprit, et j’entendis derrière moi une voix puissante, pareille au son d’une trompette.
Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure. »
Je me retournai pour voir qui me parlait. Quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d’or ;  et au milieu d’eux comme un fils d’homme, vêtu d’une longue tunique ; une ceinture d’or lui serrait la poitrine. 
Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant : j’étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. Écris donc ce que tu auras vu : ce qui arrive maintenant, et ce qui arrivera ensuite. »

Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Thomas a vu le Seigneur : il a cru. Heureux celui qui croit sans avoir vu ! Alléluia. (cf. Jn 20, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »

Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »

Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Patrick Braud

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23 mars 2013

Le tag cloud de la Passion du Christ

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Le tag cloud de la Passion du Christ

 

Homélie pour le Dimanche des rameaux / Année C
24/03/2013

 

Quand les mots-clés d’un texte forment un nuage

Une méthode simple et rapide pour visualiser ce qui est important dans un long texte comme celui de la Passion du Christ est facilement accessible sur Internet 1. Il s’agit de constituer un nuage de mots-clés (tag cloud en anglais). Les mots les plus fréquemment utilisés y apparaissent en plus gros, proportionnellement à leurs occurrences.

Voici le nuage de mots-clés obtenus sur le texte de la Passion selon saint Luc.

Passion-Tag-Cloud

 

On y discerne plusieurs dominantes.

- les verbes importants : déclarer, servir, sauver.

- les objets qui comptent : la table, la coupe, les épées, la croix

- les noms des principaux acteurs

Bien sûr il y a Jésus, Hérode, Dieu, mais aussi les prêtres (et grand prêtre), les « autres », les juifs, et les femmes.

Si on liste et regroupe les mots employés, en matière par ordre d’occurrence :

Christ              31   homme            16   Pilate               10

peuple             9    Pierre              8     Dieu                 8

Prêtre(s)          8    Femme(s)        6     chef                 6

Hérode             5   roi                   5     Seigneur          5

nation              4   jour                 4     juif                  4

Israël               4   malfaiteur        4     croix                4

royaume           4   Père                4     épée                4

table                4   fils                  4     fait                   4

heure               4   foule               3      corps               3

motif               3    Simon             3      Temple            3

coupe              3    cri(s)               3     Galilée            3

coq                  3

Quand on affine les relations entre ces acteurs en passant le texte à la moulinette d’un autre logiciel d’analyse sémantique 2, en obtient le graphe suivant :

 

Passion-Tropes-1

 Ce graphe représente la concentration de relations entre acteurs.
Il permet de faire une comparaison visuelle du poids des relations entre les principales références.
L’axe des X (horizontal) indique le taux actant/acté (de gauche à droite).
L’axe des Y (vertical) indique la concentration de relations pour chaque référence affichée.
Les traits indiquent les relations entre la variable sélectionnée et les autres références affichées. Un trait en pointillé indique une relation peu fréquente.
Seules les références présentant un grand nombre de relations sont représentées sur le graphe. 

Les actants et les actés

- On y voit que les femmes sont du côté des actants, c’est-à-dire de ceux qui sont sujets d’une action, avec une certaine relation réelle au Christ. Alors que les autres actants (Pilate, Hérode, le Seigneur, Simon) sont loin du Christ et sans vraie relation avec lui. Ce qui est étonnant pour le mot « Seigneur » d’ailleurs, utilisé cinq fois dans le texte, mais pas dans la bouche de Jésus, uniquement dans celle de Pierre et de ses disciples. Faut-il y voir l’indication que la manière dont les disciples imaginaient Jésus être « Seigneur » est très loin de ce que le Christ vit et connaît de sa seigneurie véritable ? Sans doute, tellement est surprenante pour Pierre et ses compagnons cette arrestation, puis ce procès et cette fin lamentables.

Par contre, le substantif Christ est en relation étroite avec le mot malfaiteur(s) ! C’est donc que cette identification Christ ? malfaiteur(s) est au coeur du texte : impressionnant…

Les autres relations vont dans le même sens : les plus proches du Christ sont les termes homme et peuple (foule, gens). Après, on trouve les chefs du peuple, Israël, Dieu lui-même !

- Du côté des « actés », c’est-à-dire de ceux qui subissent l’action, il y a : le Christ, Dieu, le peuple, les prêtres juifs… Comme si tous ces personnages se faisaient manipuler à leur insu, ou se laissaient faire de plein gré. Ce qui est strictement la vérité !

À contempler ce graphe, on retrouve la place centrale du Christ, vers qui tout le texte converge, et qui est comme son point focal. Ce Messie-là est plus proche des malfaiteurs et des femmes que des notables et des chefs, plus près du peuple que de Dieu, pourtant son Père.

Graphe de la Passion (suite)

Une autre représentation graphique de cette même analyse sémantique du récit de la Passion fait apparaître cette solitude du Christ de manière encore plus frappante :

Passion-Tropes-2 

Sur ce graphe, chaque Référence est représentée par une sphère dont la surface est proportionnelle au nombre de mots qu’elle contient.
La distance entre la classe centrale et les autres Références est proportionnelle au nombre de relations qui les lient : autrement dit, lorsque deux Références sont proches elles ont beaucoup de relations en commun, et lorsque qu’elles sont éloignées elles n’ont que peu de relations en commun.
Ce type de graphe permet d’analyser l’environnement d’une Référence ou d’une catégorie. Ils sont orientés : les Références affichées à gauche de la classe centrale sont ses prédécesseurs, celles qui sont affichées à sa droite sont ses successeurs.

Seuls les malfaiteurs peuvent se dire proches.

Les vrais acteurs du texte se situent du côté de l’homme qu’était Jésus, mais aussi des femmes. La peur (l’angoisse de Gethsémani) et l’obscurité y jouent un rôle qu’on oublie trop souvent, ainsi que le désir de Pilate de relâcher Jésus.

Ceux qui suivent l’action sont plutôt la foule, les prêtres, le chef des juifs… Et Dieu lui-même !

 

Ce type d’analyse sémantique ne peut remplacer la lectio divina, ni l’oraison à partir du texte. Il peut cependant nourrir la contemplation, en respectant ce que la construction du texte donne à penser, en partant de ce qui est dit vraiment plus que de ce que j’en perçois à la seule lecture ou audition.

 

Et pour la Passion du Christ, avouez que cette proximité d’avec les malfaiteurs, les femmes et la foule est pour le moins éclairante !…

 

2. www.tropes.com

Entrée messianique du Seigneur à Jérusalem : (Lc 19, 28-40)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem. À l’approche de Bethphagé et de Béthanie, sur les pentes du mont des Oliviers, il envoya deux disciples :
« Allez au village qui est en face. À l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché : personne ne l’a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin.’ »
Les disciples partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Au moment où ils détachaient le petit âne, ses maîtres demandèrent : « Pourquoi détachez-vous cet âne ? » Ils répondirent : « Le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne à Jésus, jetèrent leurs vêtements dessus, et firent monter Jésus.
À mesure qu’il avançait, les gens étendaient leurs vêtements sur le chemin. Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers, quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus : « Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! »
Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, arrête tes disciples ! » Mais il leur répondit : « Je vous le dis : s’ils se taisent, les pierres crieront. »

 

1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Is 50, 4-7)
Lecture du livre d’Isaïe

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe.J e n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume : Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os.

Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !

Mais tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Ph 2, 6-11)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Evangile : La Passion (brève : 1-49) (Lc 22, 14-71; 23, 1-16.18-56)

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus.

Pour nous, le Christ s’est fait obéissant, jusqu’à la mort, et la mort sur une croix.
Voilà pourquoi Dieu l’a élevé souverainement et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom.
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Ph 2, 8-9)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Luc

Quand l’heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous. Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous. Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table. En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela.

Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »

Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Mais non. »
Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une. Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »

Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent. Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait. Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre. Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »

Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »

Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin. Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là. Pierre était parmi eux. Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je n’en suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.

Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient. Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? » Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes.

Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l’emmenèrent devant leur grand conseil.
Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. »
Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j’interroge, vous ne répondrez pas. Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « C’est vous qui dites que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche. »
Ils se levèrent tous ensemble et l’emmenèrent chez Pilate.
Ils se mirent alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et se dit le Roi Messie. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. »
Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu’ici. »

À ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là. À la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle. Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien. Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l’accusaient avec violence. Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate. Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant ils étaient ennemis.

Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation. D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort. Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville. Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. »
Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande. Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.

Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’ Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous’. Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée,
ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »

L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché. Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.

À la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c’était un juste. »
Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine. Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.

Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste. Il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu. Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus. Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé. C’était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick Braud 

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16 mars 2013

L’adultère, la Loi et nous

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’adultère, la Loi et nous

Homélie du 5ème Dimanche de Carême / Année C
Dimanche 17 Mars 2007

« Jésus s’était baissé, et du doigt, il traçait des traits sur le sol » (Jn 8,6)

L'adultère, la Loi et nous dans Communauté spirituelle 35681285jesus-pardonne-la-femme-adultere-jpgJ’ai toujours été intrigué par cette attitude de Jésus devant les accusateurs de la femme adultère : pourquoi diable s’amuser à dessiner sur le sable alors que la vie d’une femme est en jeu ?

En fait, le texte grec dit : « du doigt, Jésus écrivait sur la terre ».
Or cette expression : « écrire du doigt » ne se retrouve que 3 fois dans toute la Bible.


1) En Ex 31,18, où l’on précise que les 2 tables de pierre de la Loi de Moïse étaient 
écrites « du doigt de Dieu ». Donc, devant la femme adultère et grâce à elle, Jésus écrit du doigt une Loi nouvelle, à la manière de Dieu lui-même au Sinaï. Et il l’écrit sur la terre de nos existences, et non plus sur la pierre d’un règlement extérieur.


2) Ensuite en
Dt 9,10, où Moïse lui-même raconte : « Yahvé m’avait donné les deux tables de pierre écrites du doigt de Dieu, selon les paroles qu’il vous avait dites du milieu du feu, sur la montagne, au jour de l’Assemblée ».

Jésus, lui, ne parle plus du milieu du feu, mais dans le silence qu’il oppose aux accusateurs de cette femme.
Il ne parle plus sur la montagne, en haut. Au contraire, il se baisse, et ce détail est mentionné 2 fois dans le texte.

Il se baisse, il s’abaisse dira St Paul, pour faire corps avec cette femme afin de la libérer des conséquences de son péché : « Jésus, de condition divine, ne retient pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est abaissé, il s’est anéanti… » (Ph 2,6-11)
Sur la montagne fumante, le Dieu trois fois Saint aidait Israël à ne pas confondre le bien et le mal, comme un Père.

En se baissant par 2 fois vers le sol, Jésus ne renie rien de la Loi ni de la grandeur de Dieu, mais il va chercher cette femme au plus bas, là où elle est tombée – et elle est tombée bien bas avec son adultère -, pour lui sauver la vie, comme un frère.

Les-tables-de-la-Loi-03 dans Communauté spirituelle


3) Le 3ème emploi de l’expression « écrire du doigt de Dieu » est en Dn 5,5 :
pendant le festin du roi perse Balthasar, fils de Nabuchodonosor qui avait pillé Jérusalem et déporté les Juifs à Babylone ? déjà ! ? « soudain apparurent des doigts de main humaine qui se mirent à écrire sur le plâtre du mur du palais royal ». Le prophète Daniel traduira cette écriture mystérieuse comme une condamnation du roi à cause de son arrogance et de la profanation du Temple de Jérusalem.
Devant la femme adultère et grâce à elle, Jésus n’écrit plus de son doigt la condamnation d’un roi, mais le salut d’une femme infidèle !

Et on sait qu’Israël est bien souvent cette femme, aimée de Dieu, mais qui le trompe avec des idoles et des dieux étrangers.

Voilà donc la nouvelle Loi que Jésus écrit du doigt sur la terre, notre terre : dénoncer le mal comme la Loi de Moïse (« ne pèche plus ») tout en offrant une renaissance possible (« Je ne te condamne pas ; va… »). Faire corps avec cette femme (Jésus se baisse, dans le silence, vers le sol) sans excuser ni cautionner son péché.
Ne pas utiliser la Loi pour exorciser ses angoisses en trouvant une victime, à l’image des scribes et des pharisiens exorcisant leur peur de l’adultère en faisant de cette femme un bouc émissaire.

Mais aller jusqu’au bout de la Loi en reconnaissant qu’elle vaut également pour moi et pas seulement pour les autres : « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. »

D’ailleurs, Jésus connaît mieux la Loi juive qu’eux : « Quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà, dans son coeur, commis l’adultère » (Mt 5, 28 ; cf. Talmud Lévitique Rabba 23, 12).

Qui d’entre nous peut se dire pur de tout adultère ?

S’il faut appliquer la Loi à cette femme, il faut d’abord se l’appliquer à soi-même?
De plus, la même Loi juive prescrivait la mort, non seulement pour la femme, mais aussi pour l’homme ! (Lv 20, 10 ; Dt 22, 22-44 ; Ez 16, 36-40). Car il paraît qu’il faut bien être deux pour commettre un adultère…

Où est donc l’amant que la Loi demanderait d’amener avec sa maîtresse devant Jésus ? Pourquoi n’appliquer que la moitié de la Loi quand on veut paraître soucieux de l’intégralité de la Loi ?

C’est le problème des intégristes : ils n’appliquent qu’un peu de Loi, mais pas toute la Loi ; et surtout ils veulent la faire peser sur les autres sans se l’appliquer à eux-mêmes?

Jésus nous libère de cet intégrisme-là de la Loi *.

Ce qu’il écrit sur le sol, c’est l’accomplissement de la Loi : sauver le pécheur et non le détruire, tout en nommant clairement son péché, ce que les pharisiens et les scribes refusaient de faire pour eux-mêmes.


On comprend alors que ce jour-là,
devant la femme adultère et grâce à elle, il ne s’est pas fait que des amis : cette Loi nouvelle, accomplissement de l’ancienne, va le mener à la Croix. Là, sur le bois du Vendredi Saint, c’est lui qui sera accusé, c’est lui qu’on va détruire au Nom de la Loi, sans que personne prenne sa défense.
« Jésus s’était baissé, et du doigt, il traçait des traits sur le sol » : le dernier trait qu’il tracera sur notre terre, c’est le signe de la Croix.


Puissions-nous convertir notre rapport à la Loi pour ne pas l’appliquer qu’aux autres, pour ne pas l’instrumentaliser, pour aller jusqu’à son accomplissement à la manière du Christ :

 « Je ne te condamne pas ; va et ne pèche plus ».

__________________________________

« Contrairement à Jésus qui, selon Jean, refuse de lapider la femme adultère, Mahomet ne craint pas la lapidation (ce qui pose un problème actuellement à l’Islam).  En dehors des spécialistes, peu de gens savent qu’il existe dans la tradition musulmane un épisode qui ressemble de très près à l’épisode johannique de la femme adultère. Il est rapporté dans de nombreuses versions différentes des hadith.  Globalement, la narration se présente ainsi :

« Des juifs vinrent demander le jugement du Prophète sur un homme et une femme juifs qui avaient commis l’adultère. Le Messager d’Allah leur dit : « Que trouvez-vous dans la Tora au sujet de  l’adultère? » Ils répondirent : « Nous les dénonçons et nous les fouettons. » Mais Abd’Allah Ben Salam  dit : « Vous mentez, c’est plutôt la lapidation ». Ils apportèrent alors la Thora et l’exposèrent puis l’un d’entre eux montra du doigt le verset sur la lapidation. Ils dirent ensuite  : « Il dit la vérité, ô Muhammad ! C’est la lapidation ». Le Messager d’Allah  ordonna alors de lapider l’homme et la femme.  Abd’Allah a dit : « J’ai vu l’homme se rapprocher de la femme voulant la protéger contre les pierres.«  »

Cf. http://www.lechampdumidrash.net/articles.php?lng=fr&pg=209 pour les interprétations de ce hadith.

 

1ère lecture : Promesse du nouvel exode (Is 43, 16-21)

Lecture du livre d’Isaïe

Ainsi parle le Seigneur, lui qui fit une route à travers la mer, un sentier au milieu des eaux puissantes, lui qui mit en campagne des chars et des chevaux, des troupes et de puissants guerriers ; et les voilà couchés pour ne plus se relever, ils se sont éteints, ils se sont consumés comme une mèche.
Le Seigneur dit : Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas ? Oui, je vais faire passer une route dans le désert, des fleuves dans les lieux arides. Les bêtes sauvages me rendront gloire ? les chacals et les autruches ? parce que j’aurai fait couler de l’eau dans le désert, des fleuves dans les lieux arides, pour désaltérer le peuple, mon élu.
Ce peuple que j’ai formé pour moi redira ma louange.

Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6

R/ Le Seigneur a fait merveille : nous voici dans la joie.

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous
nous étions en grande fête !

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

2ème lecture : Renoncer à tout pour être avec le Christ (Ph 3, 8-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des balayures, en vue d’un seul avantage, le Christ, en qui Dieu me reconnaîtra comme juste. Cette justice ne vient pas de moi-même ? c’est-à-dire de mon obéissance à la loi de Moïse ? mais de la foi au Christ : c’est la justice qui vient de Dieu et qui est fondée sur la foi.
Il s’agit de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sa résurrection et de communier aux souffrances de sa passion, en reproduisant en moi sa mort, dans l’espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d’entre les morts.
Certes, je ne suis pas encore arrivé, je ne suis pas encore au bout, mais je poursuis ma course pour saisir tout cela, comme j’ai moi-même été saisi par le Christ Jésus.
Frères, je ne pense pas l’avoir déjà saisi. Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but pour remporter le prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus.

Evangile : Jésus et la femme adultère : « Va, et ne pèche plus » (Jn 8, 1-11)

Acclamation : Gloire à toi, Seigneur. Gloire à toi. Auprès du Seigneur est la grâce, près de lui, la pleine délivrance. Gloire à toi, Seigneur. Gloire à toi. (Ps 129, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus s’était rendu au mont des Oliviers ; de bon matin, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en train de commettre l’adultère. Ils la font avancer, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? »
Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il traçait des traits sur le sol.
Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. »
Et il se baissa de nouveau pour tracer des traits sur le sol.
Quant à eux, sur cette réponse, ils s’en allaient l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme en face de lui.
Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-il donc ? Alors, personne ne t’a condamnée ? »

Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »
Patrick Braud

9 mars 2013

Réconciliation verticale pour réconciliation horizontale

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Réconciliation verticale pour réconciliation horizontale

Homélie du 4° Dimanche de Carême / Année C
10 mars 2013

 

« Si l’homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout » (Coluche).

Le fondateur des Restos du coeur se faisait philosophe pour souligner la difficulté de concilier des valeurs contraires comme la justice et la liberté, et en même temps pour en souligner l’urgence et l’importance sociale.

Concilier signifie : amener à un accord des personnes d’opinions contraires, d’intérêts divergents ; mettre ensemble des choses ayant des caractéristiques opposées. Le verbe vient du latin conciliare qui veut dire : unir.

La réconciliation dont parle Paul dans la deuxième lecture (1Co 5,17-21) est donc la Réconciliation verticale pour réconciliation horizontale dans Communauté spirituelle toulouse-lautrec-henri-de-1864-la-ravaudeuse-1849718reprise de ce travail d’harmonisation, qui a dû être interrompu pour nécessiter un tel investissement de la part de l’Apôtre. Tout se passe comme si Dieu avait disposé les êtres et les choses avec justesse dans sa Création, c’est-à-dire de manière à être ajustés les uns aux autres. Mais la rupture introduite par le péché des origines, compilé génération après génération, fait que les êtres humains ne vivent plus en pleine harmonie les uns avec les autres, ni avec les animaux ou le cosmos qui les entourent. Réconcilier, c’est alors entreprendre le patient travail de couture qui occupait les ravaudeuses autrefois : fil après fil, pièce sur pièce, raccommoder, réunir, réajuster, retisser…

C’est constater au départ que les gens ont des intérêts contraires, des antipathies tenaces, et pourtant faire le pari de les réunir au final.

Paul parle de réconcilier Dieu avec les hommes, ou plutôt les hommes avec Dieu, car ce n’est pas la même chose. Du côté de Dieu, nul intérêt divergent avec l’homme, nulle animosité au contraire. Du côté de l’homme, une terrible méprise sur sa liberté qui lui apparaît antagoniste de celle de Dieu (à l’image de la méprise du fils prodigue de notre évangile en Lc 15,1-32).

 

Comment résoudre ce conflit ?

En fait il a déjà été résolu – nous dit Paul – et résolu une fois pour toutes. En Christ, Dieu a retourné comme un gant les accusations qu’il aurait été en droit de porter contre nous. C’est Jésus lui-même qui à été identifié au péché afin que nous soyons identifiés à la justice de Dieu. Condamné en tant qu’homme à l’humiliation de la croix, Jésus est descendu au rang des malfaiteurs, des criminels, des maudits de Dieu. Ressuscité par Dieu au plus haut, le Christ a élevé avec lui notre nature humaine.

Depuis Pâques, nul criminel n’est si loin de Dieu que le Christ ne puisse se réconcilier avec lui, puisqu’il est en personne la passerelle entre les deux mondes. Il suffit de se laisser réconcilier, insiste Paul, c’est-à-dire de laisser le Christ s’unir à nous pour qu’il nous unisse à Dieu.

Mieux qu’une super glu réalisant l’adhésion solide de deux surfaces en quelques secondes, le Christ « recolle » l’homme à Dieu parce qu’il adhère aux deux. Être uni à lui (dans l’eucharistie, la prière, la relation à autrui) est alors suffisant pour à nouveau être prennent pleinement ajusté à Dieu, identifié à la justice de Dieu.

En s’éloignant de la soif de Dieu, l’Occident a pour une bonne part oublié l’urgence de cette réconciliation-là. On sent bien en Europe que la réconciliation entre les hommes est vitale : entre la France et l’Allemagne, entre nos anciennes colonies et nous, entre les générations… Nous cherchons à concilier des valeurs antagonistes : la liberté et l’égalité, la justice et la fraternité etc? Et nous avons raison. Mais nous avons perdu de vue que la réconciliation horizontale (avec les autres) découle de la réconciliation verticale (avec Dieu).

Là comme ailleurs, Dieu est le plus court chemin d’un homme un autre.

De même pour la réconciliation avec la nature environnante : le désir écologique d’une vie ajustée à notre univers vivant ignore que l’harmonie avec Dieu en est la clé de voûte. Si nous savions davantage faire le détour par Dieu, nous pourrions plus facilement retisser les liens manquants ou abîmés avec nos proches, avec notre environnement, notre planète…

À l’instar de Moïse se détournant pour voir le buisson ardent, nous ne pouvons libérer nos frères qu’en acceptant d’être d’abord rencontrés par Dieu, habités par lui, jusqu’à devenir ses ambassadeurs, comme l’écrit Paul. Un ambassadeur vient au nom d’un autre, plus grand que lui. Un ambassadeur a un pouvoir pour agir au nom de cet autre.

Tel est Paul dans son ministère de réconciliation.

Tels sont les prêtres dans le ministère de la confession.

Telle est l’Église dans le rôle sacramentel qu’elle joue au milieu des nations.
En Afrique du Sud par exemple, pour unir à nouveau les anciennes victimes de l’apartheid et leurs anciens maîtres (cf. la Commission nationale de vérité et réconciliation). En pays d’islam pour poser les pierres d’attente d’une possible harmonie entre chrétiens et musulmans. Partout où la haine a déchiré des familles, des ethnies (au Rwanda, au Libéria…), des peuples, les chrétiens inlassablement reprennent le fil de leur dévidoir pour raccommoder le lien social, les liens interreligieux etc.

 

Si nous nous laissons réconcilier avec le Christ, nous serons acteurs de cette même réconciliation autour de nous.

Et Dieu sait que ces fractures (d’argent, de séparations familiales, d’oppositions idéologiques…) sont nombreuses, auxquelles nous participons parfois hélas.

À travers le sacrement de réconciliation, grâce au jeûne, à l’aumône, à la prière, laissons le Christ patiemment réunir à nouveau ceux que tout semble opposer.

 

1ère lecture : L’arrivée en Terre Promise et la célébration de la Pâque (Jos 5, 10-12)

Lecture du livre de Josué

Après le passage du Jourdain, les fils d’Israël campèrent à Guilgal et célébrèrent la Pâque le quatorzième jour du mois, vers le soir, dans la plaine de Jéricho.
Le lendemain de la Pâque, ils mangèrent les produits de cette terre : des pains sans levain et des épis grillés.
À partir de ce jour, la manne cessa de tomber, puisqu’ils mangeaient les produits de la terre. Il n’y avait plus de manne pour les fils d’Israël, qui mangèrent cette année-là ce qu’ils récoltèrent sur la terre de Canaan.

Psaume : Ps 33, 2-3, 4-5, 6-7

R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur.

Je bénirai le Seigneur en tout temps, 
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur : 
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur, 
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond : 
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira, 
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend : 
il le sauve de toutes ses angoisses

2ème lecture : Réconciliés avec Dieu par le Christ (2Co 5, 17-21)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, si quelqu’un est en Jésus Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né.
Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné pour ministère de travailler à cette réconciliation.
Car c’est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui ; il effaçait pour tous les hommes le compte de leurs péchés, et il mettait dans notre bouche la parole de la réconciliation.
Nous sommes donc les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu.
Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.

Evangile : Parabole du père et de ses deux fils (Lc 15, 1-3.11-32)

Acclamation : Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. Comme la tendresse d’un père pour son enfant, le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus. (cf. Ps 102, 8.13)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter.
Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! »
Alors Jésus leur dit cette parabole :
Jésus disait cette parabole : « Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : ‘Père, donne-moi la part d’héritage qui me revient.’ Et le père fit le partage de ses biens.
Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il gaspilla sa fortune en menant une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans cette région, et il commença à se trouver dans la misère. Il alla s’embaucher chez un homme du pays qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il réfléchit : ‘Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je vais retourner chez mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Prends-moi comme l’un de tes ouvriers.’
Il partit donc pour aller chez son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers.
Le fils lui dit : ‘Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils…’
Mais le père dit à ses domestiques : ‘Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller. Mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds. Allez chercher le veau gras, tuez-le ; mangeons et festoyons. Car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.’ Et ils commencèrent la fête.

Le fils aîné était aux champs. À son retour, quand il fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des domestiques, il demanda ce qui se passait.
Celui-ci répondit : ‘C’est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a vu revenir son fils en bonne santé.’
Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père, qui était sorti, le suppliait.
Mais il répliqua : ‘Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais désobéi à tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis.
Mais, quand ton fils que voilà est arrivé après avoir dépensé ton bien avec des filles, tu as fait tuer pour lui le veau gras !’
Le père répondit : ‘Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait bien festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé ! »
Patrick Braud

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