L'homélie du dimanche (prochain)

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6 juillet 2013

Briefer et débriefer à la manière du Christ

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Briefer et débriefer à la manière du Christ

 

Homélie du 14° dimanche du temps ordinaire /Année C
07/07/2013

 

Beaucoup d’entreprises ont mis en place dans leur management ce qu’elles appellent à juste titre le brief et le débrief. Avant de lancer des collaborateurs dans une action quelconque, on les briefe, c’est-à-dire qu’on leur explique ce qu’il y a à faire et pourquoi. Après l’action, il est alors logique de les débriefer, c’est-à-dire d’entendre ce qu’ils ont à partager sur leur succès, leurs difficultés, leurs échecs ou leurs découvertes pendant cette mission professionnelle.

Afficher l'image d'origineLe débrief est ainsi devenu un rituel incontournable : impossible de progresser en savoir-faire et en savoir-être si on ne prend pas le temps, individuellement et/ou collectivement, de raconter ce qui s’est passé à quelqu’un qui va aider à y repérer les points à améliorer pour la suite.

L’envoi en mission des 72 par Jésus témoigne que cette pratique managériale vient du fond des siècles ! En effet, avant de les projeter 2 par 2 sur les routes de Palestine, Jésus prend bien soin de leur expliquer le sens de leur mission. Et après leur triomphe apparent, il les rassemble à nouveau pour les écouter, et les aider à aller au-delà des apparences et ainsi comprendre ce qui est en jeu dans l’annonce de l’Évangile.

 

Il y a donc beaucoup de points communs entre la mission des évangélisateurs et la pratique managériale du brief et du débrief. Cela devrait convaincre l’Église de se former à la sagesse entrepreneuriale actuelle, pour y puiser de quoi accompagner ceux et celles qu’elle envoie aujourd’hui en mission ! Quelques diocèses commencent à le faire, en prenant conseil auprès de DRH, en écrivant avec leurs salariés une charte précisant le statut, les droits et devoirs, et l’accompagnement des laïcs embauchés comme « ouvriers pour la moisson ». Cela pourrait prendre plus d’ampleur, car des notions aussi élémentaires que le brief et le débrief sont peu ritualisés au sein de l’univers professionnel ecclésial….

 

En retour, les entreprises pourraient apprendre beaucoup de la manière si originale dont le Christ assume la nécessité d’être un bon manager pour ceux qu’il embauche à son service.

 

 Comment choisir ses collaborateurs ?

Regardez par exemple la manière dont il constitue cette ?dream team’ des 72. Il n’attend pas que des volontaires se désignent d’eux-mêmes. Le risque serait grand de voir les opportunistes ou les mercenaires de tout poil se faufiler dans les rangs pour tirer leur épingle du jeu, détourner la mission à leur profit et selon leur vision. Non : il appelle les 72, c’est lui qui les choisit.

Depuis Max Weber, on se souvient que le mot métier en français se dit Beruf en allemand, c’est-à-dire : appel, vocation, et qu’il vient lui-même d’une contraction (une crase) du mot latin ministerium = service, office, ministère.

Personne dans l’Église ne s’attribue à lui-même une mission. Il la reçoit d’un autre. Symétriquement, toute responsabilité professionnelle est fondamentalement confiée par un autre. Que ce soient les actionnaires, le N+1 ou une équipe, le métier est la réponse à un appel, ce qui empêche d’en être absolument propriétaire. Même si c’est de sa propre initiative que quelqu’un s’engage dans tel chantier, c’est au nom d’une reconnaissance, d’une validation par d’autres (fussent-ils en dernier ressort les clients pour une profession libérale) que quelqu’un exerce une mission précise. La notion d’appel est essentielle à une authentique spiritualité chrétienne du travail, en réponse à une vocation qui vient finalement de Dieu lui-même.

 

Regardez ensuite comment le Christ choisit les 72 : parmi ses disciples. Donc parmi ceux qui le connaissent de près, qui l’ont vu parler et agir, qui ont compris sa vision de la bonne nouvelle à annoncer (« le règne de Dieu est tout proche de vous »). Ce compagnonnage est nécessaire en amont de l’appel aux responsabilités. Mieux que des chasseurs de têtes ou des parcours de formation à l’excellence, Jésus sait bien que seule une certaine intimité partagée permet de bien choisir ses collaborateurs. Pour l’avoir oublié, certaines entreprises se retrouvent avec des équipes hétérogènes et incohérentes, en contradiction avec leur culture et leurs valeurs essentielles.
Jésus pratique la promotion interne en quelque sorte…

 

De l’art de briefer son équipe 

Le brief de Jésus à ses 72 serait assez déroutant dans la bouche d’un leader d’équipe aujourd’hui ! :

- « n’employez pas les mêmes les armes que la concurrence (je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups) ;

- ne vous laissez pas fasciner par le comment, par les moyens à mettre en oeuvre (n’emportez ni argent, ni sac, sandales) ;

- prenez le temps d’habiter votre projet, de vous ancrer en lui au lieu de  surfer de modes en recettes en étant prisonnier du court terme (ne passez pas de maison en maison) ;

- acceptez de recevoir et d’être nourris en cours de route au lieu de ne poursuivre que des résultats extérieurs à vous-mêmes (mangez ce qu’on vous offrira)…

Plus encore, avec courage – et même un certain panache – Jésus éduque ses associés à affronter l’échec qui fera partie de leur mission. C’est le fameux geste de secouer la poussière de ses sandales : « ne vous laissez pas détruire par les refus que vous essuierez, n’emportez pas avec vous les traces la violence subie, ne laissez pas les salissures de l’exclusion infligée coller à vos basques, n’endossez par le rôle de la victime, mais proclamez de manière non violente la proximité du règne de Dieu avec ceux qui vous maltraitent ».

Cette formidable bienveillance vis-à-vis des adversaires rend l’envoyé serein et paisible. Subir un échec professionnel est une invitation à le traverser, pas à le laisser nous détruire ni nous transformer à l’image de nos ennemis.

 

Sans oublier le débrief après

 Le débrief après la mission est tout aussi détonant lorsque c’est le Christ qui le préside !

Comme de bons VRP, les 72 reviennent en racontant leurs succès commerciaux et en se vantant de leurs victoires éclatantes : « même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom ». Remarquons au passage qu’ils ne s’attribuent pas tout le mérite du succès. Il redisent être des ambassadeurs (« en ton nom ») plus que des petits chefs autonomes. Dans un premier temps, le Christ semble accueillir et même amplifier leurs succès : « je voyais Satan tomber comme l’éclair ». C’est ce qui s’appelle « fêter la victoire » en termes managériaux : on prend le temps en équipe, avec les N+1 pour valoriser l’équipe, de fêter le succès obtenu (autour d’un bon repas ou d’une bonne bouteille le plus souvent?), et c’est capital.

Mais Jésus va plus loin. Il va les initier à une relecture plus fine de ce qui est arrivé. Il les éduque à ne pas s’arrêter aux apparences : ne vous réjouissez pas contre les autres, mais pour ce que cela vous révèle de vous-mêmes (« vos noms sont inscrits dans les cieux »). Autrement dit : allez plus loin que les effets immédiats, allez plus profond que les chiffres, et découvrez ce que ces événements vous révèlent de vous-mêmes.

Briefer et débriefer à la manière du Christ dans Communauté spirituelle How-to-facilitate-a-game-debrief 

C’est ce que la tradition jésuite a appelé, à la suite de St Ignace de Loyola, la relecture spirituelle.

La forme la plus populaire de la relecture ignatienne est le traditionnel examen de conscience le soir avant de se coucher : qu’ai-je reçu en cette journée qui s’achève ? Qui ai-je refusé ou ignoré ? Pour qui, pourquoi rendre grâce ou demander pardon ?

Dans les exercices spirituels de St Ignace, cette relecture tient une grande place. Il s’agit, en prenant du recul, et éclairé par la présence fraternelle d’un accompagnateur, de discerner ce que les événements me disent de la part de Dieu.

Pour Ignace, ce n’est pas la succession des heures monastiques qui est la référence, mais la suite des événements qui surviennent dans le travail, la vie familiale etc. Pour lui, il est possible de « chercher et trouver Dieu en toutes choses », les plus quotidiennes, grâce à cette pratique spirituelle qu’est la relecture.

En décollant le regard de l’immédiateté, la relecture permet – après-coup – de discerner ce que Dieu nous donne et ce à quoi il nous appelle.

À l’image de Moïse qui voit Dieu de dos, après son passage (Ex 36,23) ; comme Jacob qui enfin se réveille : « Dieu était là je ne le savais pas » (Gn 28,16) ; comme Élie qui lui aussi ne peut voir Dieu que de dos et ne l’entendre qu’à travers « le murmure d’un fin silence » (1R 19,11-13) ; comme Marie qui ne comprend pas tout tout de suite, mais « méditait toutes ces choses en son coeur » (Lc 2,19)…

 

La relecture des évènements, qu’ils soient professionnels ou personnels, nourrit la vraie joie dont parle Jésus, et prépare les vrais succès de demain.

 

Briefer et débriefer à la manière du Christ : l’Église comme les entreprises feraient bien de s’en inspirer lorsqu’elles envoient en mission leurs collaborateurs !

 

 

1ère lecture : La joie de l’ère messianique (Is 66, 10-14)

Lecture du livre d’Isaïe

Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil !
Ainsi vous serez nourris et rassasiés du lait de ses consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire.
Voici ce que dit le Seigneur : Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux.
De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai, dans Jérusalem vous serez consolés.
Vous le verrez, et votre c?ur se réjouira ; vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

Psaume : Ps 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu, qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2ème lecture : La croix du Christ, orgueil du chrétien (Ga 6, 14-18)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde.
Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir la circoncision, c’est la création nouvelle.
Pour tous ceux qui suivent cette règle de vie et pour le véritable Israël de Dieu, paix et miséricorde.
Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter. Car moi, je porte dans mon corps la marque des souffrances de Jésus.
Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

Evangile : Les soixante-douze en mission annoncent la joie du règne de Dieu (brève : 1-9) (Lc 10, 1-12.17-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Sur toute la terre est proclamé la Parole, et la Bonne Nouvelle aux limites du monde. Alléluia. (cf. Ps 18, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route.
Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : ‘Le règne de Dieu est tout proche de vous.’
Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites : ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.’
Je vous le déclare : au jour du Jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville. »
Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. »

Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Vous, je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal. Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »
Patrick Braud

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29 juin 2013

Exigeante et efficace : la non-violence

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Exigeante et efficace : la non-violence

 

Homélie du 13e dimanche du temps ordinaire/ Année C
30/06/013

Les affrontements politiques à l’occasion de la loi sur le « mariage pour tous » ont mis en lumière deux façons de combattre pour ses idées.

L’une, faite de convictions, de drapeaux, de pancartes et de familles en cortège paisible, et l’autre, en marge de cette foule, faite de vitrines brisées, de provocations à la bagarre, se terminant en jets de cocktails Molotov et charges musclées des CRS. Hélas, cette deuxième forme de militance peut aller jusqu’à tuer. La mort de Clément Méric début juin rappelle que la violence des extrêmes devient vite meurtrière.

Pourtant, dans l’entreprise comme en politique, beaucoup vous diront qu’il faut rendre coup pour coup. Qu’on n’est pas dans le monde des Bisounours. Que tendre l’autre joue fait encore plus mal et n’arrête pas l’injustice.

Bref : que les cathos sont de doux rêveurs à parler de non-violence et d’amour des ennemis.

Regardons-y de plus près.

 

Éliminer ses ennemis ?

« Veux-tu que nous fassions tomber sur eux le feu du ciel ? » demandent Jacques et Jean en désignant leurs adversaires. C’est donc que l’évangélisation suscite toujours hostilité et opposition farouche. Faut-il répondre aux violents avec leurs propres armes ? La tentation séduit les disciples. Après tout, persuadés qu’ils sont d’être dans la vérité, pourquoi ne pas l’imposer par la force ?

C’est le piège dans lequel est tombé Mohamed lors de sa reconquête de la Mecque et de l’Arabie tout entière. C’est l’erreur fatale de l’Inquisition, du stalinisme ou de tout autre idéologie sûre d’elle-même.

Le Christ réfute vigoureusement ce remède pire que le mal : répondre à la violence par la violence n’engendre qu’un cycle infernal de vengeance et de représailles, dans chaque camp alternativement.

La seule exception tolérée ensuite à ce principe non-violent est celle de la légitime défense : devant Hitler envahissant la Pologne ou déportant les juifs, il est légitime de recourir à la violence pour arrêter la barbarie. À condition toutefois de n’avoir pas la haine au coeur, fut-ce contre Eichmann ou Goebbels, mais la volonté de sauver les plus faibles. Car la haine nous fait ressembler aux bourreaux que nous détestons. Car la vengeance nous ravale au rang des criminels dont nous dénonçons les actes, pas la personne.

Ne pas confondre une personne avec ses actes ? quels qu’ils soient – reste en effet le socle de l’éthique chrétienne. Jésus a cru en l’autre quoi qu’il fasse. C’est pourquoi il pardonne à ceux qui le condamnent et le crucifient. C’est pourquoi nous sommes contre la peine de mort. C’est pourquoi nous croyons que la rédemption d’un être est toujours possible.

 

Le Christ ne veut pas utiliser la puissance pour s’imposer.

Lors de son arrestation, il dit à Pierre qui veut s’y opposer par la force : « Rengaine ton glaive; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? » (Mt 26,52-53). Dans l’évangile aujourd’hui, il refuse de faire tomber le feu du ciel, le « feu de Dieu », sur ses ennemis. Il sait qu’il s’expose ainsi à être lui-même broyé par la violence qu’il refuse d’utiliser. Mais c’est en allant jusqu’au bout de sa non-violence que le Christ pourra nous libérer de l’emprise que la violence exerce sur nous dès l’origine (cf. le premier homicide d’Abel par Caïn).

 

Une non-violence terriblement exigeante.

Exigeante et efficace : la non-violence dans Communauté spirituelle Rajneesh-Osho-Viens-Suis-Moi-Livre-864529556_MLReste que le Christ n’est pas tendre avec ceux qui veulent le suivre. Il place la barre très haut. Il est presque plus exigeant avec ses amis que ses ennemis ! C’est que combattre la violence à l’extérieur de soi commence par la débusquer d’abord en soi. Elle provient d’attachements trop exclusifs, d’identités trop marquées, de racines culturelles ou familiales trop exclusives et donc jalouses.

Trop ou mal à posséder empêchent d’être non-violent : « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ».

Trop ou mal honorer sa famille empêche d’être libre, détaché : « laisse les morts enterrer leurs morts ».

Trop ou mal s’attacher à son passé empêche d’être disponible à l’avenir de l’autre : « celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».

Ces paroles sont dures, et il ne faut surtout pas en émousser l’exigence.

La non-violence du Christ est d’abord un combat intérieur, pour éliminer non pas ses ennemis du dehors, mais ces adhérences du dedans qui nous maintiennent complices de la violence passée ou possible.

 

Une non-violence terriblement efficace.

Ce combat intérieur vaut la peine. Car au bout de ce pèlerinage intime il y a la terrible efficacité de la non-violence.

La pression que Gandhi et Martin Luther King ont su mettre sur leurs adversaires a changé le cours de l’histoire : en émancipant une société coloniale, en réformant des lois raciales injustes.

La lutte non violente du syndicat Solidarnosc en Pologne (1981 – 1989) est exemplaire. Qui pouvait imaginer dans ces années 80 que le communisme – si meurtrier, si inhumain – pourrait tomber autrement que sous les obus et les missiles de l’Ouest ? Pourtant, comme l’écrivait Jean Paul II, acteur essentiel de ce bouleversement :

« Parmi les nombreux facteurs de la chute des régimes oppressifs, certains méritent d’être rappelés d’une façon particulière. Le facteur décisif qui a mis en route les changements est assurément la violation des droits du travail. On ne saurait oublier que la crise fondamentale des systèmes qui se prétendent l’expression du gouvernement et même de la dictature des ouvriers commence par les grands mouvements survenus en Pologne au nom de la solidarité. Les foules ouvrières elles-mêmes ôtent sa légitimité à l’idéologie qui prétend parler en leur nom, et elles retrouvent, elles redécouvrent presque, à partir de l’expérience vécue et difficile du travail et de l’oppression, des expressions et des principes de la doctrine sociale de l’Église.

Un autre fait mérite d’être souligné : à peu près partout, on est arrivé à faire tomber un tel « bloc », un tel empire, par une lutte pacifique, qui a utilisé les seules armes de la vérité et de la justice. Alors que, selon le marxisme, ce n’est qu’en poussant à l’extrême les contradictions sociales que l’on pouvait les résoudre dans un affrontement violent, les luttes qui ont amené l’écroulement du marxisme persistent avec ténacité à essayer toutes les voies de la négociation, du dialogue, du témoignage de la vérité, faisant appel à la conscience de l’adversaire et cherchant à réveiller en lui le sens commun de la dignité humaine.

Apparemment, l’ordre européen issu de la deuxième guerre mondiale et consacré par les Accords de Yalta ne pouvait être ébranlé que par une autre guerre. Et pourtant, il s’est trouvé dépassé par l’action non violente d’hommes qui, alors qu’ils avaient toujours refusé de céder au pouvoir de la force, ont su trouver dans chaque cas la manière efficace de rendre témoignage à la vérité. Cela a désarmé l’adversaire, car la violence a toujours besoin de se légitimer par le mensonge, de se donner l’air, même si c’est faux, de défendre un droit ou de répondre à une menace d’autrui. Encore une fois, nous rendons grâce à Dieu qui a soutenu le coeur des hommes au temps de la difficile épreuve, et nous prions pour qu’un tel exemple serve en d’autres lieux et en d’autres circonstances. Puissent les hommes apprendre à lutter sans violence pour la justice, en renonçant à la lutte des classes dans les controverses internes et à la guerre dans les controverses internationales ! » (Centesimus Annus n° 23)

La liste est longue de ces campagnes de non-violence qui ont abouti à rétablir l’être humain dans sa dignité :

- les ‘folles de la place de mai’ en Argentine dans les années 70

- le ‘people power’ aux Philippines contre le règne du dictateur Marcos en 1986

- la longue traversée du désert de Nelson Mandela (27 ans de prison !) aboutissant au pardon et à une réconciliation au-delà de l’apartheid.

- la ‘révolution de velours’ avec Waclav Havel en Tchécoslovaquie et RDA en 1989

- le mouvement du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi en Birmanie

- les printemps arabes récents (dont le combat n’est pas terminé hélas)

- etc.

 

Ne laissons plus dire que la non-violence est faite pour les doux rêveurs dans un monde de Bisounours !

C’est au contraire l’arme la mieux adaptée à l’éradication du mal et non de ceux qui le commettent.

C’est la seule stratégie qui combat la cause et non pas les symptômes.

C’est l’attitude qui peut changer le coeur du bourreau et l’aider à se détourner de la violence commise.

 

Appliquez-la au couple ou à l’entreprise, et vous verrez que, alliée au pardon - cas de légitime défense mise à part - elle est largement plus efficace que la revanche ou la stricte justice.

 

« Veux-tu que nous fassions tomber sur eux le feu du ciel ? »

Laissons le Christ nous interpeller vivement lorsque cette tentation sauvage de détruire l’autre résonnera à nos oreilles…

 

 

 

 

1ère lecture : Élisée abandonne tout pour suivre Élie (1R 19, 16b.19-21)
Lecture du premier livre des Rois

Le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafate, comme prophète pour te succéder. » 
Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafate, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau.
Alors Élisée quitta ses boeufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. »
Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de boeufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

Psaume : Ps 15, 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b-11

R/ Dieu, mon bonheur et ma joie !

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon c?ur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon c?ur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

2ème lecture : L’Esprit s’oppose à la chair et nous rend libres(Ga 5, 1.13-18)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Frères, 
si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage.
Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres.
Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 
Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.
Je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu ; alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez.
Mais en vous laissant conduire par l’Esprit, vous n’êtes plus sujets de la Loi.

Evangile : Suivre Jésus sans condition sur la route de la Croix(Lc 9, 51-62)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui le Seigneur nous appelle. Suivons-le sur les chemins de l’Évangile. Alléluia. (cf. 1 S 3, 9 ; Lc 9, 59)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.
Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? »
Mais Jésus se retourna et les interpella vivement.
Et ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » Patrick Braud

22 juin 2013

Le consentement de soi à soi

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le consentement de soi à soi

 

Homélie du 12° Dimanche du temps ordinaire / Année C
21/06/2013

 

Je me souviens d’une rencontre il y a quelques années en lien avec l’évangile d’aujourd’hui. J’avais conduit ma voiture au garage pour faire faire la vidange. Un peu pressé comme souvent, je me trouvais bloqué par une voiture à l’entrée de l’atelier du garage. Je descends, mais une femme sort de cette petite Austin Metro devant moi et je sens son regard qui parcourt rapidement le revers de ma veste : habitué à ce regard, je sais que la croix épinglée là vient de produire quelque chose en cette femme.

Avant même que j’ai eu le temps d’ouvrir la bouche, elle a commencé à m’expliquer qu’elle était en pleine procédure de divorce, une de ces séparations violentes, où chacun dispute à l’autre, facture à l’appui, le téléviseur, la voiture, les meubles, l’appartement? quand ce ne sont pas les enfants. On en parle ensemble. À un moment, elle s’arrête : son regard se pose à nouveau sur la petite croix au revers de ma veste : « Je vous dis tout cela parce que pour moi, le Christ, c’est quelqu’un, malgré tout ce qu’on peut penser de moi ». Je ne l’ai jamais revu après.

         J’étais venu au garage 5 mn pour une vidange, j’y suis resté ¾ d’heure à cause d’une croix et de la question qu’elle a fait jaillir au c?ur de cette femme : « Et toi, qui dis-tu que je suis ? Pour toi, qui suis-je ? ».

 

         Alors j’ai redécouvert qu’on ne peut pas répondre à cette question que le Christ Le consentement de soi à soi dans Communauté spirituelle declarintpose à chacun de nous dans l’évangile d’aujourd’hui sans se dévoiler soi-même. Une réponse théorique, même théologique, une réponse apprise par c?ur ne suffit pas : le Christ demande une réponse personnelle, qui jaillisse du plus profond de notre histoire avec nos mots à nous.

Un peu comme pour des fiancés à qui l’Église demande d’écrire des déclarations d’intention – des déclarations d’amour ! – avant leur mariage. On leur donne bien le langage commun qui parle de liberté, de fidélité, d’indissolubilité et d’ouverture à la vie, mais presque toujours ils le retraduisent avec leurs mots à eux, leurs rencontres, leur histoire, si bien qu’aucune déclaration d’intention n’est semblable à une autre alors qu’elles disent toutes une même visée profonde.

 

C’est toute la différence entre le langage et la parole.

Nous avons appris le langage de la confession de foi : ?Je crois en Dieu le Père Tout Puissant’. Nous apprenons le langage de la prière. Mais ce langage est au service d’une prise de parole personnelle : « Oui Seigneur, je crois en Toi. Tu es celui qui a bouleversé ma vie lors de tel évènement, telle rencontre précise, à travers tel texte ou tel visage. Et depuis tu m’accompagnes comme un chant intérieur de joie et de confiance »?

 

« Qui dis-tu que je suis ? » « Pour vous, qui suis-je ? ».

Avec cette question, Jésus nous invite à passer du langage à la parole.

pour-vous-qui-suis-je consentement dans Communauté spirituellePersonne ne peut répondre à ma place et c’est avec ma vie, mon existence, que je réponds. Quand Jean-Paul II était venu à Lyon, c’était une des phrases qui avait beaucoup marqué les jeunes avec qui j’étais : « Quand j’étais adolescent, disait-il avec son accent de l’Est où roulaient les r, j’ai du moi aussi passer d’une foi héritée à une foi personnelle, d’une foi reçue à une foi où je pouvais dire ?Je crois’ ».

Sans doute, ce mouvement n’est jamais fini car on n’a jamais fini de devenir soi-même, et je ne peux pas répondre à la question que le Christ me pose sans révéler qui je suis. Un peu comme la femme qui devant la croix commence par raconter sa vie pour pouvoir répondre à la question qu’elle lui posait. Il n’y a pas de foi par procuration. Si le langage de foi de l’Église ne vient pas nourrir ma parole personnelle, c’est un alphabet qu’on donne à un autiste ou le message d’un répondeur téléphonique qui se déroule en mon absence?

 

         Pascal avait une formule de génie pour exprimer ce caractère personnel unique et irremplaçable de la réponse de foi :

« C’est le consentement de vous à vous-même, et la voix constante de votre raison,
et non des autres, qui doit vous faire croire ».

Ce qui veut dire que dans la foi il y a cet appel :  « Ais le courage d’être toi-même ». Au lieu de nous réfugier derrière l’opinion des autres : « il y en a qui disent ceci, d’autres disent cela »?, au lieu de nous cacher derrière un savoir objectif, « on m’a appris que? », le Christ nous appelle au beau risque de la foi : « Pour toi – pas pour les autres ! – pour toi, qui suis-je ? » Répondre à cette question fait naître en nous le courage d’être soi-même au lieu de démissionner de soi et de sa propre responsabilité. Alors, prendre sa croix chaque jour, comme dit St Luc, c’est s’accepter soi-même tel que l’on est, dans le regard du Christ. Suivre le Christ, c’est se rencontrer soi-même.

 

Les Pères de l’Église disaient : « Celui qui se voit tel qu’il est, est plus grand que celui qui 9782266122221 identitéressuscite des morts ». Porter sa croix chaque jour, c’est découvrir que le Christ m’a aimé et s’est livré pour moi : c’est de lui que me viendra le courage d’être moi-même. Les êtres les plus orgueilleux, les plus assoiffés d’amour propre sont ceux qui se sentent mal avec eux-mêmes, ceux qui se haïssent secrètement. « Il est plus facile qu’on le croit de se haïr- écrivait Bernanos dans ?le journal d’un curé de campagne’ -. La grâce est de s’oublier. Mais la grâce des grâces, si tout orgueil était mort en nous, serait de s’aimer humblement soi-même. Comme n’importe lequel des membres souffrants de Jésus Christ ».

 

Avoir le courage d’être soi pour suivre le Christ, et – en reconnaissant qui est le Christ - devenir réellement ce que nous sommes : il y a tellement de gens qui ne s’acceptent pas eux-mêmes et qui passent leur temps à se fuir !

Certains voudraient être grands alors qu’ils sont petits, ou l’inverse.

Certains refusent leur milieu social et se mettent à singer le dessus ou le dessous, comme s’il y avait un dessus et un dessous.

D’autres encore voudraient changer d’enfance et de passé.

Bref chacun risque de passer son temps et d’épuiser son énergie à rêver d’être un autre que soi-même. Or  dans la question du Christ : « Et pour toi, qui suis-je ? », toutes nos défenses, toutes nos barrières et toutes nos peurs peuvent s’évanouir dans le regard de celui qui nous révèle sans honte ni crainte à nous-même parce qu’il est l’Amour.
Le mouvement de la foi est lié au consentement de soi à soi-même.

 

         Ne croyons surtout pas que cette question n’intéresse plus nos contemporains.

 

La personne de Jésus fascine toujours, et nous devrions nous en réjouir. Car cette question qui résonne à travers le monde appelle notre témoignage : c’est en prenant le beau risque de la foi, une foi personnelle, enracinée dans notre histoire propre, que nous retrouverons le courage d’être nous-même en portant notre croix chaque jour ;

         « Et pour toi, qui suis-je ? »?

 

1ère lecture : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Za 12, 10-12a ; 13, 1)
Lecture du livre de Zacharie

Parole du Seigneur :
En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication. Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ; ils feront une lamentation sur lui comme sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né. En ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.
En ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure.

Psaume : Ps 62, 2, 3-4, 5-6, 8-9

R/ Levons les yeux vers le Seigneur : il nous sauve par sa croix.

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau. 

Je t’ai contemplé au sanctuaire, 
j’ai vu ta force et ta gloire. 
Ton amour vaut mieux que la vie : 
tu seras la louange de mes lèvres ! 

Toute ma vie je vais te bénir, 
lever les mains en invoquant ton nom. 
Comme par un festin je serai rassasié ; 
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. 

Oui, tu es venu à mon secours : 
je crie de joie à l’ombre de tes ailes. 
Mon âme s’attache à toi, 
ta main droite me soutient.

2ème lecture : La foi au Christ surmonte les barrières entre les hommes (Ga 3, 26-29)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Frères,
en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi.
En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus.
Et si vous appartenez au Christ, c’est vous qui êtes la descendance d’Abraham ; et l’héritage que Dieu lui a promis, c’est à vous qu’il revient.

1ère lecture : Confession de foi de Pierre et annonce de la Passion (Lc 9, 18-24)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour, Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? »
Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit : « Le Messie de Dieu. »
Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » 

Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. »
Patrick Braud

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14 juin 2013

La pierre noire du pardon

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La pierre noire du pardon

Homélie du 16° Dimanche du temps ordinaire / Année C
16/06/2013

Connaissez-vous la « pierre noire » des Pères Blancs ?

Elle est célèbre dans les pays d’Afrique où ils sont passés. Imaginez que vous soyez mordus par un serpent très venimeux comme il s’en cache dans les broussailles en été. À partir de la morsure, le temps est court. Si on ne fait rien, le venin se répand dans les veines, va bientôt empoisonner les muscles, puis paralyser le coeur, atteindre le cerveau.  La pierre noire, c’est un antidote sûr et pratique à cette diffusion du venin dans le corps. C’est comme une pierre ponce, très poreuse, très absorbante * : on l’applique immédiatement sur la plaie laissée par ce serpent. Elle vient se coller à la chair, et par un effet ventouse, elle commence aussitôt à stopper la course du poison. Puis elle se gorge du venin qu’elle pompe, par capillarité. Après plusieurs heures, elle se détache d’elle-même de la morsure, saturée de poison mais laissant la chair vidée du venin.

La pierre noire du pardon dans Communauté spirituelle image008 

Le pardon dont les trois textes de ce Dimanche nous parlent ressemble à cette pierre noire.

Lorsque le mal vous a mordu, que ce soit par la violence d’un proche, l’infidélité d’un conjoint, la dépendance à une drogue quelconque ou le démon de la jalousie, lorsque ce mal vous a mordu, vous avez en vous comme un venin qui va être instillé dans tout votre être, et qui peut devenir mortel pour votre vie spirituelle.

Ne rien faire, c’est devenir complice du mal subi ou commis.

Croire qu’on va y arriver tout seul (à surmonter l’épreuve) c’est serrer la plaie sans la soigner.

Seul le recours à un autre – la pierre noire par exemple – permet de faire sortir de soi le poison qui me gâche la vie. Seul le pardon permet de stopper, puis d’absorber hors de moi le mal qui circulait en moi.

Paul est un bon témoin de la « pierre noire » du pardon lorsqu’il nous en conjure :« Il n’est pas question pour moi de rejeter la grâce de Dieu. En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien ». C’est-à-dire : acceptez que Dieu lui-même vienne vous soigner, à travers le pardon donné au nom du Christ. Ne restez pas seul avec votre blessure : laissez-vous approcher par un Autre, laissez-vous purifier de ce qui vous empoisonne.

Lorsqu’on n’a pas de pierre noire sous la main, on peut en urgence aspirer soi-même le venin pour un autre, en osant aspirer le poison avec ses lèvres à même la plaie. Eh bien : laissez le Christ approcher ses lèvres de votre cœur, de votre intelligence, de votre histoire ; laissez-le prendre en lui la violence, la dépendance, la jalousie, tout péché qui vous paralyse dans votre course spirituelle.

L’initiative ne vient pas de nous. C’est Dieu qui par le Christ a le désir de se réconcilier chacun de nous. Les prêtres, comme Paul, ne sont dans le sacrement de réconciliation que les ambassadeurs de Dieu. Or une ambassade, c’est déjà un peu du pays représenté qui est présent chez nous. Le terrain de l’ambassade de Chine à Paris est considéré comme territoire chinois et non français. Si le confessionnal est un peu l’ambassade du Dieu de la réconciliation, si le prêtre qui donne l’absolution est là en ambassadeur du Christ, alors c’est que le Royaume de Dieu est déjà là au milieu de nous. Il vient nous visiter à travers cette initiative de réconciliation, et nous, nous refuserions d’accueillir sa visite ? Nous renverrions l’ambassadeur sans même voir ses lettres de créance ? Nous nous détournerions de ce sacrement comme si l’ambassade de Dieu n’avait rien à faire chez nous ?

Un Dimanche, c’est court pour stopper l’avance de tout poison de nous. C’est une affaire de longue haleine que de laisser le Christ appliquer la pierre noire de son pardon sur nos morsures, jusqu’à ce qu’elle boive tout notre venin intérieur. Ne passons pas à côté de cet appel pressant, presque angoissé, de Jésus : « Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ».

Nous pouvons toujours redécouvrir la force du pardon : pardon reçu de Dieu ou des autres, pardon donné à ceux qui nous ont fait du mal.

Stoppons au plus vite la course de la rancune, de la vengeance, ou – à l’inverse – de l’indifférence.

« Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour ».

 

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* La pierre noire est en fait un os qu’il faut découper, ensuite limer et puis carboniser. Les petits carrés d’os devenus noirs doivent alors être chauffés dans du lait pendant une heure pour finalement reposer dans du lait froid pendant 48 heures. L’os ayant absorbé le calcium du lait est alors prêt à l’usage. Il suffit de le poser sur la blessure occasionnée par la morsure de serpent et l’os absorbe tout le venin.

 

1ère lecture : David reconnaît sa faute et Dieu lui pardonne (2S 12, 7-10.13)

Lecture du second livre de Samuel

Après le péché de David, le prophète Natan vint le trouver et lui dit : « Ainsi parle le Seigneur Dieu d’Israël: Je t’ai sacré roi d’Israël, je t’ai sauvé de la main de Saül,
puis je t’ai donné la maison de ton maître, je t’ai donné les épouses du roi ; je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas encore assez, j’y ajouterai tout ce que tu voudras.
Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé par l’épée Ourias le Hittite ; sa femme, tu l’as prise pour femme ; lui, tu l’as fait périr par l’épée des fils d’Ammon.
Désormais, l’épée ne cessera plus de frapper ta maison, pour te punir, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Ourias le Hittite pour qu’elle devienne ta femme.
David dit à Nathan : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan lui répondit : « Le Seigneur a pardonné ton péché, tu ne mourras pas. »

Psaume : Ps 31, 1-2, 5abcd, 5ef.7, 10bc-11

R/ Pardonne-moi, mon Dieu, relève-moi !

Heureux l’homme dont la faute est enlevée,
et le péché remis !
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,
dont l’esprit est sans fraude !

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts.
J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés. »

Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
Tu es un refuge pour moi,
mon abri dans la détresse,
de chants de délivrance tu m’as entouré.

L’amour du Seigneur entourera
ceux qui comptent sur lui.
Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !

2ème lecture : C’est par la foi au Christ que nous sommes sauvés (Ga 2, 16.19-21)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Frères, nous le savons bien, ce n’est pas en observant la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru en Jésus Christ pour devenir des justes par la foi au Christ, mais non par la pratique de la loi de Moïse, car personne ne devient juste en pratiquant la Loi.
Grâce à la Loi (qui a fait mourir le Christ) j’ai cessé de vivre pour la Loi afin de vivre pour Dieu. Avec le Christ, je suis fixé à la croix : je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi.
Il n’est pas question pour moi de rejeter la grâce de Dieu. En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien.

Evangile : La pécheresse pardonnée à cause de son grand amour (brève : 36-50) (Lc 7, 36-50; 8, 1-3)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Auprès du Seigneur est la grâce, près de lui, la pleine délivrance. Alléluia. (Ps 129, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table.
Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum.
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus prit la parole : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. ? Parle, Maître. »
Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera davantage ? »
Simon répondit : « C’est celui à qui il a remis davantage, il me semble. ? Tu as raison », lui dit Jésus.
Il se tourna vers la femme, en disant à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m’a versé un parfum précieux sur les pieds. Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. »
Puis il s’adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. »
Les invités se dirent : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? »
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! »
Ensuite Jésus passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qu’il avait délivrées d’esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine (qui avait été libérée de sept démons), Jeanne, femme de Kouza, l’intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les aidaient de leurs ressources.
Patrick BRAUD

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