L'homélie du dimanche (prochain)

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8 janvier 2011

« Laisse faire » : l’étrange libéralisme de Jésus

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

« Laisse faire » :

l’étrange libéralisme de Jésus

 

Homélie pour la fête du Baptême du Seigneur / Année A

Dimanche 9 Janvier 2011

 

http://storage.canalblog.com/77/29/249840/21041018.jpg« Laisse faire ».

Par deux fois.  

« ‘Laisse faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste.’

Alors Jean le laisse faire. » (Mt 3,5)


Une expression rare dans la Bible

·       L’expression est étrange. Elle est singulière également, car elle n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament, dans cette scène du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.

En effet, Jean-Baptiste résiste à l’idée d’être celui qui baptise Jésus et non l’inverse. Jésus est obligé de lui intimer cet impératif : « laisse faire ». On y sent une pointe d’incompréhensible : « tu ne peux pas saisir la porte de ton geste maintenant. Accepte de ne pas tout maîtriser. Laisse Dieu agir à sa manière ».

·       Dans toute la Bible, une rapide enquête montre que l’expression n’est utilisée formellement qu’une seule autre fois. Lorsque le roi d’Israël, Josias, voit le roi d’Égypte Neko monter combattre à Karkemish, sur le fleuve Euphrate, il croit qu’il doit le combattre au nom de Dieu. Neko essaie de le dissuader : « laisse donc faire Dieu qui est avec moi. Ce n’est pas toi que je viens attaquer ». Josias s’entête, livre bataille à Megiddo. Ne pas « laisser-faire » Dieu lui sera fatal : il est blessé mortellement (2Ch 35,20-27).

Lui, Josias, le grand roi de la réforme religieuse, qui avait restauré le Temple et la Loi à Jérusalem après l’exil, s’est pourtant mortellement trompé en ne laissant pas agir de Dieu à sa manière (et la manière de Dieu ici, c’était la paix !, la non-guerre avec l’Égypte…).

 

On trouve quelques rares autres allusions à ce « laisse faire », par exemple dans l’injonction de Dieu à Pharaon : « laisse aller mon fils » (Ex 4,23). C’est le fameux : « do let my people go », magnifié par les gospels. Pharaon endurcit son coeur et ne veut pas laisser Dieu faire l’histoire. Les 10 plaies d’Égypte seront la rançon de ce refus du « laisse faire ».

On peut également penser à l’attitude de laisser-faire qui caractérise Marie : elle ne comprend pas pourquoi, elle ne sait pas comment, mais elle laisse l’Esprit de Dieu agir en elle, elle le laisse faire… (Lc 1,28-38 ; 2,19.33.41-52).

·       Bref, cette expression est suffisamment rare dans la Bible pour lui accorder tout son poids d’étrangeté ici. Ce « laisse faire » pourrait bien être une clé majeure de l’identité profonde de Jésus : il est celui qui se laisse entièrement façonner par son Père, qui se laisse entièrement conduire par l’Esprit du Père, et le  laisse parler et agir à travers lui.

 

Le « laisser-faire » des libéraux

·       En Europe, cette expression a immédiatement un autre écho, et cela vaut la peine de s’y confronter. Le « laisser-faire » est en effet au coeur du libéralisme philosophique, conçu comme un projet de libération de toutes les entraves étatiques émanant du Prince ou de l’Église.

« Il y a une querelle historique sur cette humble supplique de commerçants pour que l’État corporatiste d’Ancien régime desserre l’étau de ses règlementations. L’origine s’en trouve chez Turgot, dans son Éloge de M. de Gournay. Il prête la maxime « laissez-nous faire » à un commerçant lyonnais du temps de Colbert, mais il semble bien que la formule soit de Gournay lui-même. « Laissez-faire, laissez passer » les grains entre les provinces. A cette époque, la France était hérissée d’octrois et de droits contre la circulation libre. L’État avait le contrôle du commerce des grains, ce qui provoquait de nombreuses famines.

L’idée, géniale, qui se cachait derrière le « laissez-nous faire », était que la liberté de circulation des grains entraînerait un enrichissement général. Qui peut dire qu’il n’en a pas été ainsi ? La société d’Ancien régime, avec 25 millions d’habitants, vivait de famine en crise de subsistances. A partir du moment où la liberté a été instaurée, la disette ne fut plus jamais qu’un souvenir. »

Source : http://www.wikiberal.org/wiki/Laissez-faire

 

·       On attribue la paternité de cette formule en économie politique au marquis d’Argenson : « Laissez faire les hommes, laissez passer les marchandises ».

« Ces deux mots, laisser faire et laisser passer, étant deux sources continuelles d’actions, seraient donc pour nous deux sources continuelles de richesses » (Conclusion des « Réflexions sur la contrebande » de Vincent de Gournay, Grenoble Septembre 1753).

« Laissez-nous faire » est la réponse du marchand Legendre à Colbert qui lui demandait : « que peut-on faire pour vous aider ? » (rapportée par Turgot).

Turgot attribue le « laisser-faire, laisser-passer » à Vincent de Gournay en 1759, dans son éloge funèbre. C’est en tout cas une injonction au pouvoir de cesser d’intervenir sans cesse dans l’économie. Turgot écrit dans l’encyclopédie de d’Alembert et Diderot :

« Ce que l’État doit à chacun de ses membres c’est la destruction des obstacles qui les gêneraient dans leur industrie (…). Les hommes sont-ils puissamment intéressés au bien que vous voulez leur procurer ? LAISSEZ-LES FAIRE. Voilà le grand, l’unique principe. » (Turgot, article « Fondation » pour l’Encyclopédie de D’Alembert et Diderot)

François Quesnay, médecin-chirurgien de Louis XV et précurseur de la macroéconomie moderne, ira encore plus loin :

« Que faire ? demande le roi ;
Rien, Sire, répond Quesnay.
Qui gouvernera ?
Les lois »
(Tableau économique, 1758).

·       Le projet libéral du XVIII° siècle est donc bien de faire sauter les entraves royales à la libre circulation des hommes et des marchandises. On a beaucoup critiqué cette formule du laisser-faire, lorsqu’elle est devenue un slogan ultralibéral contre toute forme de régulation et de réglementation économique. Mais à l’origine, il s’agissait de desserrer l’étau qui asphyxiait le commerce et empêchait les gens de circuler, d’acheter et de vendre librement. Cette maxime traduit une certaine confiance (à tort ou à raison), soit dans la capacité des hommes à créer de la richesse, soit dans une « main invisible » (l’expression est d’Adam Smith, 1776) qui va providentiellement faire concourir la liberté de chacun au bien de tous, plus sûrement qu’une administration dirigiste ou un pouvoir planificateur et centralisateur.

 

Le libéralisme de Jésus

·       Jésus serait-il libéral lorsqu’il demande de laisser-faire ?

Cet anachronisme est volontairement provocant… On n’imagine pas Jésus en champion de l’individualisme capitaliste ! Pourtant, lorsqu’il dit : « laisse faire », il fait confiance à une autre liberté, celle de Dieu. Son libéralisme est centré sur Dieu et non sur l’intérêt individuel. Il veut faire sauter les entraves à la libre réalisation du projet divin. Il veut assurer la libre circulation de l’initiative divine entre les hommes. À cause de cette revendication de la pleine liberté pour l’action de Dieu, Jésus osera contester les pouvoirs totalitaires, les institutions religieuses. Il osera renverser le comptoir des marchands du Temple justement pour « laisser-faire » la gratuité entre les hommes et Dieu (Jn 2,13-16). Il sera le premier surpris qu’une force sorte de lui pour guérir une cananéenne impure, mais il « laissera faire » le salut de Dieu là où il ne l’avait pas prévu (Lc 8,43-48). De même avec la libanaise qui réclame la guérison de sa fille, comme les petits chiens réclament les miettes tombant de la table de leur maître : Jésus ne s’attendait pas à cet universalisme-là, mais il la laissera faire ; elle obtiendra cette guérison, révélant à Jésus qu’il est envoyé même aux païens (Mc 7,24-30)…

 

·       Voilà le « libéralisme » de Jésus : se laisser conduire par les événements là où il n’aurait jamais pensé aller, laisser à son Père la liberté de prendre les hommes à contre-pied, se laisser conduire par l’Esprit jusqu’au laisser-faire ultime : être accusé d’être un maudit de Dieu, être jugé, condamné et crucifié comme tel…

 

·       Et nous, comment « laisser-faire » Dieu à travers les imprévus de notre existence ?

Comment lui laisser la liberté réelle d’agir comme lui seul sait le faire, de façon si surprenante ?

 

« Laisse faire » : quelle traduction concrète allez-vous donner à cette attitude si paradoxale ?

 

 

1ère lecture : Le serviteur de Dieu consacré pour le salut des hommes (Is 42, 1-4.6-7)

Lecture du livre d’Isaïe

Ainsi parle le Seigneur :
Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis toute ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ; devant les nations, il fera paraître le jugement que j’ai prononcé.
Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique.
Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité.
Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu’à ce qu’il impose mon jugement dans le pays, et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions.
Moi, le Seigneur, je t’ai appelé selon la justice, je t’ai pris par la main, je t’ai mis à part, j’ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations ; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres.

Psaume : Ps 28, 1-2, 3ac-4, 3b.9c-10

R/ Dieu, bénis ton peuple, donne-lui la paix.

Rendez au Seigneur, vous, les dieux,
rendez au Seigneur gloire et puissance.
Rendez au Seigneur la gloire de son nom,
adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.

La voix du Seigneur domine les eaux,
le Seigneur domine la masse des eaux.
Voix du Seigneur dans sa force,
voix du Seigneur qui éblouit.

Le Dieu de la gloire déchaîne le tonnerre.
Et tous dans son temple s’écrient : « Gloire ! »
Au déluge le Seigneur a siégé ;
il siège, le Seigneur, il est roi pour toujours !

2ème lecture : Le ministère du Sauveur commence à son baptême (Ac 10, 34-38)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Quand Pierre arriva à Césarée, chez un centurion de l »armée romaine, il s’adressa à ceux qui étaient là : « en vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. Il a envoyé la Parole aux fils d’Israël, pour leur annoncer la paix par Jésus Christ : c’est lui, Jésus, qui est le Seigneur de tous.
Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui. »

Evangile : Le baptême de Jésus (Mt 3, 13-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui, le ciel s’est ouvert, l’Esprit descend sur Jésus, et la voix du Père domine les eaux : « Voici mon Fils, mon bien-aimé ! » Alléluia. (cf. Mt 3, 16-17, Ps 28, 3)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus, arrivant de Galilée, paraît sur les bords du Jourdain, et il vient à Jean pour se faire baptiser par lui.
Jean voulait l’en empêcher et disait : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi, et c’est toi qui viens à moi ! »
Mais Jésus lui répondit : « Pour le moment, laisse faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Alors Jean le laisse faire.
Dès que Jésus fut baptisé, il sortit de l’eau ; voici que les cieux s’ouvrirent, et il vit l’Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.
Et des cieux, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui j’ai mis tout mon amour. »
Patrick Braud 

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1 janvier 2011

Éloge de la mobilité épiphanique

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Éloge de la mobilité épiphanique

Homélie pour la fête de l’Épiphanie / Année A
Dimanche 2 Janvier 2011

·       Dimanche dernier, la Sainte Famille était projetée sur les routes de l’émigration en Égypte pour fuir Hérode.

En cette fête de l’Épiphanie, ce sont les mages qui prennent la route, passent par Hérode, et reviennent chez eux. De l’Orient à Bethléem en passant par Jérusalem, ces savants astrologues (le texte ne dit pas qu’ils sont rois ni qu’ils sont trois) n’ont pas peur de la mobilité ! Car voyager en ce temps-là, sur d’aussi longues distances, c’est toute une affaire ! En plus, quand on est savant comme ces mages, on ne part pas sans un matériel assez sophistiqué qui demande beaucoup de serviteurs et un « convoi exceptionnel » : lunettes astronomiques, ouvrages scientifiques, cabinet de travail…

 Éloge de la mobilité épiphanique dans Communauté spirituelle visite_mages_2

·       La mobilité des mages résonne d’une manière particulièrement heureuse dans notre monde interconnecté et globalisé. Bien davantage que les mouvements de migration (qui ne représente que 1/400° des mouvements à la frontière en France), les allers-retours des touristes et autres passagers à nos frontières révèlent une population en quête de quelque chose, à l’instar des mages.

Quête de beauté des paysages et des cités pour les touristes.

Quête de rendez-vous avec des partenaires économiques pour les hommes d’affaires (pas toujours si pressés que cela).

Quête d’amitié et de rencontres pour les familles, les amis et autres militants de la solidarité à travers les frontières…

L’Épiphanie nous donne donc de bonnes raisons de lire avec bienveillance cette frénésie de mobilité moderne qui multiplie les voyages, les contacts, les découvertes, les quêtes « païennes » pas si éloignées de la quête des mages.

tourisme-mondial-par-anamorphose1 émigration dans Communauté spirituelle

Ci-dessus une carte par anamorphose qui déforme volontairement la taille des pays en fonction du nombre de touristes qui ont visité les états. La France est énorme car c’est le pays qui a accueilli le plus de touristes l’an passé. L’Afrique et l’Amérique du sud sont minuscules car elles n’ont reçu que très peu de touristes.

 Source: http://www.blogg.org/blog-76418-date-2009-04-08-billet-le_tourisme_mondial-1008102.html

·       Le contraste est d’autant plus saisissant avec Hérode, les chefs des prêtres juifs et les scribes Israël : ils refusent de bouger, tant géographiquement que spirituellement. Ils demeurent immobiles, « scotchés » à Jérusalem, et envoient quasiment les mages voyager à leur place. Ils demeurent également immobiles dans leur lecture de l’Écriture. Ils « savent » la prophétie sur Bethléem, mais ils n’en tirent aucune conséquence. Même l’événement de l’étoile ne les fait pas bouger, ne déplace pas leur interprétation de l’Écriture.

Le fondamentalisme, c’est hélas cela : une lecture immobile.

Les mages n’avaient que l’étoile, mais elle les a mis en route, en mouvement.

Les notables juifs de Jérusalem avaient l’Écriture, mais ils ont refusé de se déplacer, d’être dé-placés…

·       Voilà donc un des secrets de l’Épiphanie : seuls ceux qui acceptent de bouger dans leurs représentations, dans leur savoir, dans leur identité même, peuvent découvrir où Dieu se cache en l’humain.

« Pour nous, accompagnons les mages, débarrassons-nous des moeurs païennes, faisons un long voyage pour voir le Christ ; car, s’ils n’étaient pas partis loin de leur pays, ils ne l’auraient pas vu. 

Qu’est-ce donc qui les persuade d’agir ainsi ? Cela même qui les a jetés sur les routes pour entreprendre un tel voyage » (saint Jean Chrysostome : homélies sur l’évangile selon saint Matthieu, VII).

Ceux dont les certitudes sont immobiles ne pourrons le reconnaître, et deviendront bientôt jaloux, pire : violents.

Même l’étoile n’est pas immobile dans le ciel : elle bouge, elle se déplace, elle effectue une trajectoire qui devient symbolique.

Oui vraiment dans ce texte, la mobilité des acteurs (mages, étoile, Dieu, bergers, Joseph et Marie) devient épiphanique ! C’est-à-dire qu’elle manifeste la présence de Dieu en l’homme.

  caldermobile Epiphanie

·       Le premier à avoir revêtu la mobilité, c’est Dieu lui-même. « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu… s’est anéanti… est devenu semblable aux hommes… jusqu’à la mort » (Ph 2,6-11). Cet hymne célèbre la trajectoire étonnante d’un Dieu qui quitte sa patrie d’origine (le « ciel ») pour émigrer chez les hommes, en allant même jusqu’à descendre aux enfers. Tout le contraire d’un Dieu immobile !

Pour nous, Dieu s’est mis en mouvement.

Comme les mages, il est parti « loin de chez lui ».

Comme eux, il a été jeté sur les routes des hommes, « sans une pierre où reposer sa tête ». ComUnitas-Trinitas_reference magesme eux, il a cherché où Dieu se cachait en l’humain, et il l’a adoré à chaque fois que cela se manifestait.

En devenant mobile, en se « mobilisant » par amour pour nous, Dieu se révèle mobile en lui-même. L’amour trinitaire n’est pas un océan de tranquillité absolue. C’est une circulation, un échange intense entre trois personnes, une visitation permanente, une « circumincessio » disait les latins pour évoquer le mouvement circulaire qui unit les trois, une « périchorèse » disait les Grecs pour évoquer le mouvement de danse qui relie les trois…

 

L’Épiphanie nous révèle un Dieu mobile ! Dont le seul mobile est de s’offrir, par amour…

Les mages itinérants saluent en l’enfant de l’étable un compagnon de voyage.

Hérode immobile verra en Jésus arriva un rival redoutable à éliminer.

 

·       Et nous : quelle est notre immobilité actuelle ?

À quelle mobilité (intellectuelle, spirituelle, géographique, amicale…) sommes-nous appelés ?

  

 

 

1ère lecture : Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem (Is 60, 1-6)

 

Lecture du livre d’Isaïe

Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Regarde : l’obscurité recouvre la terre, les ténèbres couvrent les peuples ; mais sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux, regarde autour de toi : tous, ils se rassemblent, ils arrivent ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur les bras. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton coeur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi avec les richesses des nations. Des foules de chameaux t’envahiront, des dromadaires de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens et proclamant les louanges du Seigneur.

Psaume : Ps 71, 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

R/ Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents,
les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

2ème lecture : L’appel au salut est universel (Ep 3, 2-3a.5-6°

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous :
par révélation, il m’a fait connaître le mystère du Christ. Ce mystère, il ne l’avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l’a révélé maintenant par l’Esprit à ses saints Apôtres et à ses prophètes. Ce mystère, c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

Evangile : Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus (Mt 2, 1-12)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les chefs des prêtres et tous les scribes d’Israël, pour leur demander en quel lieu devait naître le Messie. Ils lui répondirent : « A Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem en Judée, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Judée ; car de toi sortira un chef, qui sera le berger d’Israël mon peuple. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, avertissez-moi pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Sur ces paroles du roi, ils partirent. Et voilà que l’étoile qu’ils avaient vue se lever les précédait ; elle vint s’arrêter au-dessus du lieu où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils éprouvèrent une très grande joie. En entrant dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais ensuite, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick Braud 

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25 décembre 2010

Une famille réfugiée politique

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Une famille réfugiée politique 

 

Homélie pour la fête de la Sainte Famille / Année A

Dimanche 26 Décembre 2010

 

·       D’habitude, pour la fête de la Sainte Famille, on parle… de la vie familiale ! Une foisn’est pas coutume, projetons une autre lecture sur l’évangile de cette fête. Peut-être à cause des récentes Semaines Sociales de France qui avaient pour thème : « Migrants. Un avenir à construire ensemble » les 26 – 28 novembre derniers à Paris (cf. http://www.ssf-fr.org )

 

·       Car notre Sainte Famille traverse visiblement ce que beaucoup de familles réfugiées politiques traversent aujourd’hui.

Lisez bien les deux premiers chapitres de l’évangile de Matthieu : on ne sait pas dans le texte où habitait Joseph avant la naissance de Jésus. Comme si son village d’origine était « flouté ». Bon nombre de clandestins vous diront qu’ils ne peuvent parler de leur pays d’origine, sous peine d’y être ramenés de force, et qu’ils sont obligés à cause de cela de cacher leur passé.

Matthieu précise ensuite que Jésus est né à Bethléem, et qu’après la venue des mages, la famille a été obligée de fuir : « va te réfugier au pays d’Égypte » entend-il en rêve… C’est donc trois réfugiés politiques qui arrivent d’Israël en Égypte : ils fuient la violence du régime d’Hérode où leur vie est menacée. Ils sont obligés de rester immigrés en Égypte jusqu’à la mort du tyran. Quand ils pourront enfin revenir, après cette période d’exil et de migration, ils ne pourront même pas revenir dans le village d’origine de Joseph. En effet, le fils d’Hérode règne en Judée, et Joseph a peur d’y retourner. Il subit alors comme une deuxième émigration, intérieure à son pays, en allant s’établir à Nazareth (toujours averti en rêve), village dont il ne connaît rien sinon qu’il est en Galilée, région plus sûre pour sa famille.

 

·       Voilà donc notre Sainte Famille : d’un village d’origine inconnue, migrante en Égypte, réfugiée politique pendant plusieurs années, déracinée puis replantée ailleurs à Nazareth, l’inconnue…

 

Peut-on alors fêter la Sainte Famille sans penser à toutes ces familles de notre époque encore déracinées, obligées d’émigrer, mendiant le statut de réfugiés politiques là où leurs pas les conduisent ?

Jean-Paul II réaffirmait régulièrement le droit à l’émigration comme un droit fondamental :

« [le bien commun universel] englobe toute la famille des peuples, au-dessus de tout égoïsme nationaliste. C’est dans ce contexte qu’il faut considérer le droit à émigrer. L’Eglise reconnaît ce droit à tout homme, sous son double aspect: possibilité de sortir de son pays et possibilité d’entrer dans un autre pays à la recherche de meilleures conditions de vie » (Message pour la Journée mondiale des migrations 2001).

 

Une famille réfugiée politique dans Communauté spirituelle Familles+r%C3%A9fugi%C3%A9es+%C3%A0+Bassikounou

 

Benoît XVI est lui aussi très clair. Dans son message du 26/10/10 pour la journée mondiale du migrant et du réfugié, il écrit :

« De ce lien profond entre tous les êtres humains découle le thème que j’ai choisi cette année pour notre réflexion : »Une seule famille humaine », une seule famille de frères et s?urs dans des sociétés qui deviennent toujours plus multiethniques et interculturelles, où les personnes de diverses religions aussi sont encouragées au dialogue, afin que l’on puisse parvenir à une coexistence sereine et fructueuse dans le respect des différences légitimes. (?)

Dans le même temps, les États ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières, en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. En outre, les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale ».

 

·       Les récentes Semaines Sociales invitaient à dédramatiser le débat sur l’immigration. Chaque année, 80 millions de passagers franchissent les frontières de la France. Sur ce nombre il y a entre 150 000 et 200 000 migrants, soit un pour 400 !

Environ 3 % (seulement) de la population mondiale (6,5 milliards) se transforme en migrants, en se répartissant ainsi :

Migrations Nord => Nord 53 millions / Sud => Sud 61 millions / Nord => Sud 14 millions

Sud => Nord 62 millions.

Ce n’est donc pas un raz-de-marée massif et incontrôlé…

En France, il y a 3,5 millions d’étrangers (soit 5,8 % de la population totale) dont 2 millions sont devenus français. Cette immigration, relativement stable, date de loin (italiens, polonais…). Elle contribue lentement à renouveler et à transformer la société. On estime que un quart de la population résidante en France a au moins un grand parent né à l’étranger !

 

·       Derrière ces chiffres, il y a des visages, des familles, valises à la main, se retrouvant à la rue dans des pays dont ils ne comprennent pas la langue.

Derrière ces chiffres, il y a tant d’associations, chrétiennes notamment : la Cimade, le Secours Catholique, le CCFD, les conférences Saint-Vincent-de-Paul, la Pastorale des migrants etc….

Derrière ces chiffres, il y a… la Sainte famille elle-même : ballottée de Judée à l’Égypte, de l’Égypte à la Galilée, Joseph et Marie protègent leur enfant de la violence politique et religieuse en partant sur les chemins de la migration…

 

Faisons chacun ce que nous pouvons pour soutenir ceux qui les soutiennent, pour participer au débat public sur l’immigration, et y faire entendre la petite voix de l’Évangile…

 

 

1ère lecture : Les vertus familiales (Si 3, 2-6.12-14)

 

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils.
Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes,
celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor.
Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé.
Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.
Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie.
Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force.
Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.

 

Psaume : Ps 127, 1-2, 3, 4.5bc

 

R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur

Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! A toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.

Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
Tu verras le bonheur de Jérusalem
tous les jours de ta vie.

2ème lecture : Vivre ensemble dans le Christ (Col 3, 12-21)

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Frère,
puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre coeur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience.
Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même.
Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection.
Et que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. 

Vivez dans l’action de grâce.
Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse ; par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans vos coeurs, votre reconnaissance.
Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père.
Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient.
Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle.
Vous les enfants, en toutes choses écoutez vos parents ; dans le Seigneur, c’est cela qui est beau.
Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager.

 

Evangile : La Sainte Famille en Égypte et à Nazareth (Mt 2, 13-15.19-23) 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Vraiment, tu es un Dieu caché, Dieu parmi les hommes, Jésus Sauveur ! Alléluia. (cf. Is 45, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Après le départ des mages, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Après la mort d’Hérode, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et reviens au pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »

Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et rentra au pays d’Israël.

Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth.
Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Patrick Braud 

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18 décembre 2010

L’annonce faite à Joseph, ou l’anti Cablegate de Wikileaks

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’annonce faite à Joseph,
ou l’anti Cablegate de Wikileaks

Homélie du 4° dimanche de l’Avent / Année A
Dimanche 19 Décembre 2010

 

L’affaire Wikileaks

Dimanche 28 novembre 2010 : le monde diplomatique tremble, stupéfait d’apprendre la L'annonce faite à Joseph, ou l'anti Cablegate de Wikileaks dans Communauté spirituelle Wikileaks%2Blogopublication de 251 287 câbles diplomatiques ‘fuités’ des États-Unis sur le site de Wikileaks. À tel point que les médias américains parlent d’un ‘Cablegate’, en référence au Watergate du temps de Nixon.

En fait, Wikileaks va les diffuser au compte-gouttes, en les confiant à des titres de presse mondiale : New York Times (USA), Le Monde (France), The Guardian (Grande-Bretagne), El Pais (Espagne) et Der Spiegel (Allemagne).

Le site est habitué à ces coups d’éclat. En juillet, WikiLeaks publiait d’un coup 76 000 documents de l’armée américaine sur la guerre en Afghanistan. En octobre, le site récidivait, avec la masse impressionnante de 400 000 rapports sur la guerre en Irak.

 

Le mythe dangereux de la transparence absolue

Pourquoi publier une telle masse de documents confidentiels sur le site de Wikileaks ? Par souci de transparence, défend son auteur :

« Alors que les documents révèlent des abus et un cynisme épouvantables, le simple fait qu’ils puissent fuiter montre qu’il y existe des individus droits et courageux au sein du gouvernement, qui croient en la transparence et en une politique étrangère plus éthique. Ils cherchent à réformer les organisations dans lesquelles ils travaillent, objectif qui, comme le démontrent les câbles fuités, concerne les citoyens de tous les pays. Cette publication prouve que ces individus courageux ne sont pas impuissants – mais c’est la réaction mondiale à ces câbles qui déterminera à quel point une telle publication amènera le changement. »

On sait hélas ce que produit cette quête quasi ‘cathare’ (obsession de la pureté) de la transparence absolue. Mao avec ses confessions collectives prêchait la transparence absolue de tous devant tous. La société inhumaine de Georges Orwell (cf. son roman : ?1984′) surveille et sait tout de tous. « Big Brother is watching you » : lorsqu’il n’y a plus d’intimité, lorsque tous les secrets sont étalés et connus, la société ainsi « transparente » est en fait devenue totalitaire…

 

L’ambivalence du secret
Quel est le statut du secret dans le Nouveau Testament ?
Est-il plutôt du côté de Wikileaks ou du Quai d’Orsay ?

Comme toujours, la réalité du secret est ambivalente, et décrite comme telle par Jésus.

- Il n’y a rien de secret qui ne doive être un jour être proclamé sur les toits (Lc 8,17 ; Mc 4,22 ; 1Co 4,5 ; 14,25). Les paroles prophétiques ne doivent pas être tenues secrètes (Ap 22,10), et Jésus revendique de parler au grand jour (Jn 18,20).

- Mais il y a pourtant des paroles qui doivent rester secrètes (Ap 10,4). Jésus lui-même ikdlzpkw Joseph dans Communauté spirituellemonte « en secret » à Jérusalem pour une fête de pèlerinage (Jn 7,10). Et surtout, il y a l’appel de Jésus à agir « dans le secret », que ce soit pour l’aumône, la prière où le jeûne :« ton Père est là, dans le secret, il te le revaudra ». (Mt 6,1-18).

Saint François de Sales en tirera la maxime célèbre :« le bien ne fait pas de bruit ; le bruit ne fait pas de bien ».

 

- C’est donc à un discernement que le Christ se livre : certains secrets sont garants de l’action de Dieu, d’autres doivent impérativement être levés.

 

Éloge du secret

Dans l’évangile de ce troisième dimanche de l’Avent, l’éloge du secret de l’action divine est impressionnant.

Malgré son amour pour Joseph, Marie ne lui secret_inside_m rêvea rien dit de la transformation secrète de son corps, ni de l’origine étonnante de sa grossesse.

Joseph découvre que sa fiancée est enceinte, d’un autre que lui. Et parce qu’il est « juste », il décide de la répudier « en secret ». Ici, la justice et le secret sont donc liés en la personne de Joseph. À l’inverse de la volonté de tout étaler sur la place publique, qui caractérise Wikileaks, Joseph veut préserver la réputation de Marie, et accepte de ne pas dévoiler sa faute apparente.

Mais tout cela l’a tellement travaillé qu’il en rêve la nuit, et un songe lui permet de découvrir la vérité de ce secret. L’Esprit Saint lui-même est à l’oeuvre en Marie, mais c’est « en secret ». Joseph choisit alors de coopérer à ce secret de Dieu agissant en Marie. Il assume la paternité de cet enfant qui n’est pas de lui, en gardant le secret de son origine, jusqu’à ce que Jésus lui-même lève le voile.

Le temps du secret

Pendant près de 30 ans, le couple marié de Nazareth gardera ce secret aux yeux de tous (sauf de quelques proches : Élisabeth la cousine, et Zacharie, sans doute Jean-Baptiste…).

Autrement dit : Dieu a le temps. Les années cachées à Nazareth permettent au Verbe de Dieu de s’accoutumer à l’homme, et à ses parents de s’accoutumer à son origine divine… Mais c’est en secret que le temps fait son oeuvre. Il n’a nul besoin de publicité pendant toutes ces années, loin de la curiosité publique.

 

Le secret du temps

Sachant ainsi garder un secret aussi essentiel, Marie et Joseph contribuent à révéler le secret du temps de Dieu : accepter de ne pas tout comprendre, laisser le temps au temps, relire après coup les événements, patienter dans le lent déchiffrement des signes des temps…

C’est donc un à un autre rapport au temps que nous initie le père adoptif de Jésus.
Un événement surgit (la grossesse de Marie), imprévu et incompréhensible au début. Le « juste » ne va pas sur-réagir à cet événement. Il va le travailler, le digérer (c’est le rôle du songe de Joseph), et peu à peu l’intégrer dans une vision d’avenir renouvelé (« il prit chez lui son épouse » tout en connaissant désormais son secret).

Où en sommes-nous de ce discernement du temps présent ?

Quels sont les secrets qu’il nous faut jalousement garder pour laisser le temps de Dieu travailler nos vies ?

Que Joseph nous apprenne le temps du secret, et le secret du temps !

 


1ère lecture :
 Dieu promet un sauveur (Is 7, 10-16)

Lecture du livre d’Isaïe
Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz :« Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. »
Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »
Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu !
Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
De crème et de miel il se nourrira, et il saura rejeter le mal et choisir le bien.
Avant même que cet enfant sache rejeter le malet choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te font trembler. » 

Psaume : Ps 23, 1-2, 3-4ab, 5-6 

R/ Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire !

 Au Seigneur, le monde et sa richesse, la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au coeur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles. 

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche la face de Dieu ! 

2ème lecture : L’Apôtre annonce le salut en Jésus Christ (Rm 1, 1-7)

 Commencement de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Moi Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé par Dieu pour être Apôtre, mis à part pour annoncer la Bonne Nouvelle que Dieu avait déjà promise par ses prophètes dans les saintes Écritures, je m’adresse à vous, bien-aimés de Dieu qui êtes à Rome. Cette Bonne Nouvelle concerne son Fils : selon la chair, il est né de la race de David ; selon l’Esprit qui sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur. Pour que son nom soit honoré, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.
Vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, que la grâce et la paix soient avec vous tous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur. 

Evangile : La venue de l’Emmanuel annoncée à Joseph (Mt 1, 18-24)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia.(Mt 1, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ.
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète :
Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Patrick Braud 

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