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27 août 2023

Que signifie : prendre sa croix ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Que signifie : prendre sa croix ?

Homélie pour le 22° Dimanche du temps ordinaire / Année A
03/09/2023

Cf. également :
Vendredi Saint : La vilaine mort du Christ
Mon âme a soif de toi
Le serpent temporel
L’effet saumon
Le jeu du qui-perd-gagne
N’arrêtez pas vos jérémiades !
La différence entre martyr et kamikaze ou djihadiste
Les trois soifs dont Dieu a soif

Le calvaire n’est pas là où on pense
Le Huitième Jour
Une de mes nièces est handicapée. Autiste, depuis une quarantaine d’années. Quand mon frère et ma belle-sœur l’annonçaient autour d’eux, la plupart de leurs amis réagissaient avec une mine attristée : ‘chacun sa croix !…’ Comme si le handicap avait remplacé la crucifixion aujourd’hui ! Comme si l’éducation d’un enfant autiste était un long chemin de croix épouvantable. L’expression évangélique de ce dimanche (Mt 16,21-27) : « porter sa croix »  est devenue dans le langage courant synonyme de douleur et d’épreuve imposée par la vie, par Dieu. Or ma nièce n’est pas une punition, ni son handicap une sadique épreuve imposée par un Dieu pervers ! L’expression populaire n’a gardé des Évangiles que le côté supplice physique, avec la croyance que tout cela est une épreuve à laquelle il faut bien se résigner.

Or une enfant autiste rit, pleure, embrasse, fait la joie de ses parents. Elle est un chemin d’amour et non de croix, un appel à aimer davantage et non un calvaire absurde. Son autisme ne serait une croix que si elle était rejetée à cause de cela par les autres – ce qui est arrivé bien sûr – ou pire encore si elle se croyait rejetée de Dieu (car sa foi est vive).

Essayons de réfuter cette conception trop païenne de la croix du Christ pour mieux discerner ce que signifie la phrase de Jésus rapporté par Mathieu dans notre Évangile : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ».

 

La croix dans l’histoire

- Un châtiment ancien, horrifique pour l’exemple
La crucifixion est probablement apparue en Mésopotamie, pratiquée par les Assyriens puis les Babyloniens. Ces grands empires régnaient par la terreur inspirée aux peuples soumis : rien de tel que des exécutions publiques pour maintenir l’ordre… Les Perses adoptèrent cette sinistre coutume judiciaire. Au IV° siècle avant J.-C., Alexandre le Grand a apporté le châtiment aux pays de la Méditerranée orientale. Alexandre et ses troupes ont assiégé la ville de Tyr (dans l’actuel Liban), qui était réputée imprenable. Lorsqu’ils y sont finalement entrés, ils ont crucifié environ 2 000 habitants.

L’historien juif Flavius Josèphe décrit une crucifixion collective vers 88 av. J.-C. en Israël, perpétrée par le roi Alexandre Jannée : « Alors qu’il faisait la fête avec ses concubines dans un endroit bien en vue, il ordonna la crucifixion de quelque 800 Juifs, ainsi que la mise à mort de leurs enfants et de leurs femmes, sous les yeux des malheureux qui vivaient encore »…

Tout naturellement (si l’on peut dire !), les Romains adoptèrent cette torture infamante pour dissuader les ennemis de l’Empire. Car cette exécution capitale était en même temps un spectacle public dégradant, inspirant horreur et répulsion. C’était une combinaison de cruauté absolue et d’évènement populaire pour susciter le plus de terreur possible chez les spectateurs, qui le raconteraient ensuite avec force détails à leurs proches, si bien que la rumeur atroce se répondrait très vite à tous et leur ôteraient toute velléité de révolte.

On le sait : le supplice en lui-même consistait à laisser le condamné s’étouffer sous son propre poids, ne pouvant plus se soulever pour respirer. Finalement, après de longs jours d’agonie à lutter pour le moindre souffle, le crucifié meurt d’asphyxie, le diaphragme écrasé par le poids de son propre corps, que ses muscles tétanisés ne parviennent plus à soulever. Les condamnés restaient là, exposés nus sur le bois à la curiosité malsaine et la raillerie des passants, pendant plusieurs jours. Leur corps subissait un mélange de suffocation, de perte de sang, de déshydratation, souillés par leurs excréments et la défaillance de différents organes… Rien de très noble. Le but du supplice était de déshumaniser au maximum la mort et d’enlever au condamné toute dignité dans sa manière de mourir.
La violence infligée au crucifié était physique certes, mais symbolique bien plus encore, comme en témoigne la conception juive.

- Une malédiction juive
Que signifie : prendre sa croix ? dans Communauté spirituelle Kim_Crucifixion_500
Devant tant d’horreur accumulée, la pensée juive s’est imaginé que Dieu lui-même détournait le regard et se bouchait le nez. De tels réprouvés de la société ne peuvent qu’être réprouvés par Dieu également. Si bien que les rédacteurs de la Loi juive avertissent le peuple pour qu’il évite d’être ainsi déshonoré : « On ne laissera pas le cadavre sur le bois durant la nuit. Tu devras le mettre au tombeau le jour même, car celui qui pend sur le bois est maudit de Dieu. Ainsi tu ne souilleras pas le sol que le Seigneur ton Dieu te donne en héritage » (Dt 21,23).

Voilà d’où vient l’idée d’assimiler la croix à une malédiction, et celui qui la porte à un impur, un intouchable dont il faudrait s’écarter sous peine de souillure. Pour un juif, le crucifié est donc un maudit de Dieu. Impossible que le Messie subisse cette fin ignominieuse !

Pour les juifs, le fait que Jésus ait été crucifié prouve que ce n’est pas le Messie. Pour les musulmans – qui ont la même horreur de la croix que les juifs – le fait que Jésus soit le Messie implique qu’il n’a pas pu être crucifié, selon le Coran : « ils ne l’ont ni tué ni crucifié; mais ce n’était qu’un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude: ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué mais Allah l’a élevé vers Lui » (Sourate 4,157-158). La croix serait une fin indigne d’un prophète d’Allah, et le Coran fait directement monter Jésus au ciel sans passer par la mort !

Pour les chrétiens, Jésus sur la croix subvertit la conception païenne de la malédiction : c’est en faisant corps avec les damnés de la terre qu’on peut les sauver, et non en les traitant comme des impurs ou des intouchables.
En bon pharisien formé à l’école de Gamaliel, Paul argumente sans cesse dans ses lettres pour accréditer cette subversion de la malédiction opérée en Christ : « Quant à cette malédiction de la Loi, le Christ nous en a rachetés en devenant, pour nous, objet de malédiction, car il est écrit : « Il est maudit, celui qui est pendu au bois du supplice » (Dt 21,23). Tout cela pour que la bénédiction d’Abraham s’étende aux nations païennes dans le Christ Jésus, et que nous recevions, par la foi, l’Esprit qui a été promis » (Ga 3,13-14).
Ainsi celui qui meurt asphyxié est celui qui partage le souffle de l’Esprit, ce que l’anthropologue René Girard traduisait comme une rupture du cercle infernal de la violence mimétique. En s’identifiant aux victimes, Jésus brise la répétition infinie de la violence, abat le mur de haine qui séparait des ennemis.

- Un avertissement romain
Davantage que la décapitation, le bûcher et même la mort infligée par les bêtes voraces dans les arènes, la crucifixion est décrite par les sources romaines comme le « summum supplicium », le « pire des supplices », généralement réservé à des criminels (brigands ou pirates) qui n’étaient pas citoyens romains, ainsi qu’à des esclaves, des prisonniers de guerre ou des condamnés politiques. Les Romains y recouraient sans hésiter, dans des proportions effrayantes. Par exemple, après leur défaite, les gladiateurs et esclaves en révolte menés par Spartacus avaient ainsi été mis en croix, en 71 av. J.-C. On vit alors 6 000 condamnés cruellement exhibés, pour l’exemple, le long de la voie qui reliait Rome à Capoue, un crucifié tous les trente ou quarante mètres. Néron quant à lui fit crucifier plusieurs milliers de chrétiens de tous âges et, histoire d’apporter un peu de distraction, il faisait enduire leurs corps de résine, ce qui lui permettait de s’en servir comme flambeaux la nuit … Au tournant de l’ère chrétienne, on compte des milliers de crucifiés : 2 000 lors de la seule répression de la révolte de Simon, nous dit encore Flavius Josèphe.

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L’avertissement du pouvoir romain était clair : ne faites pas comme les crucifiés, sinon vous finirez comme eux. Suspendre au bois de la croix n’était pas seulement éliminer le séditieux, mais aussi son message, son action sociale ou politique, sa doctrine. Ainsi ceux qui ne voulaient pas que le monde change avec Jésus ont voulu en finir avec lui, et la façon dont ils ont décidé de l’exécuter montre qu’ils voulaient faire comprendre que son message ne devait pas continuer. Avis aux disciples : s’ils s’obstinaient à suivre leur maître, ils seraient balayés comme lui, dans la disgrâce et le déshonneur.

- L’abolition constantinienne
Tout change avec la conversion de l’empereur Constantin au christianisme (vers 310). Il interdit la crucifixion et l’Église sort de la clandestinité illégale. Les évêques réunis en concile à Nicée en 325 osèrent proclamer sans rougir que Jésus a été « crucifié sous Ponce Pilate », ce que nous proclamons avec eux chaque dimanche dans le Credo.

L’horreur des crucifix est cependant si présente que pendant des siècles, Jésus ne fut que rarement représenté sur une croix : c’était trop épouvantable. Un peu comme si on portait maintenant une guillotine avec une chaîne en or autour du cou… Le symbole des chrétiens dans les catacombes était plutôt le poisson (ictus) que la croix.
Il faut attendre le V° siècle pour voir des crucifix, et encore représentent-ils Jésus habillé « posé » sur une croix, serein et victorieux. Le Christ des mosaïques byzantines est le Pantocrator, le Tout-puissant, et les icônes du crucifié le montrent somptueusement vêtu, rayonnant de gloire, apaisé, déjà hors du monde. Ce n’est qu’à partir des innombrables guerres interminables du Moyen-Âge, et plus encore avec la grande peste d’Occident, que sont apparus les crucifix tels que nous les connaissons aujourd’hui. La peste ressuscitait l’antique terreur, et il fallait l’exorciser en montrant que le Christ avait traversé tout cela avant nous, pour nous en délivrer.

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Conclusion
Dans l’univers païen et juif, la croix est une horreur absolue, signe que le condamné est absolument rejeté des hommes et de Dieu. Prendre sa croix n’est pas tant pour Jésus endurer le supplice physique que faire corps avec les exclus de son époque, selon le sens qu’il donne lui-même à sa mission : « je suis venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 19,10). Pour lui, cela ne peut se faire de l’extérieur, par compassion, condescendance, aide humanitaire ou sociale. Il veut ne faire qu’un avec eux, jusque dans leur opprobre, jusqu’aux enfers. Il leur apporte le salut de l’intérieur, étant l’un des leurs. Par la croix, il sait ce que c’est d’être méprisé, tourné en dérision, insulté, moqué, considéré comme un moins-que-rien. Prendre sa croix à sa suite n’est donc pas se résigner à je ne sais quelle épreuve imaginaire envoyée par un destin cruel, mais au contraire lutter courageusement aux côtés des rebuts de l’humanité, ou du moins considérés comme tels.

 

Prendre sa croix : les différentes lectures chrétiennes
Au cours des siècles, la spiritualité chrétienne s’est emparée de ce thème à travers plusieurs prismes (et ce n’est pas fini !), déclinant ainsi les multiples harmoniques de cette folie initiale de Jésus. Listons (trop) rapidement quelques-unes de ces interprétations.

- Une lecture messianique
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Devant le scandale que constitue toujours la proclamation d’un Messie crucifié aux premiers  siècles, les chrétiens sont allés chercher dans l’Ancien Testament les passages permettant de comprendre qu’un Juste soit persécuté à tort. Ainsi les jérémiades des prophètes (Jérémie le premier !) se plaignant d’être maltraités à cause de la Parole de Dieu ; ainsi la plainte de Job l’innocent dont la vie s’écroule sans raison ; ainsi les cris des psaumes dont sont truffés les récits évangéliques de la Passion ; ainsi les chapitres d’Isaïe sur le Serviteur souffrant (Is 42,1-9;49,1-7;50,4-11;52,13-53,12), figure emblématique du peuple/prophète/Messie défiguré et rejeté par tous, mais finalement exalté par Dieu.

Cette conception messianique s’oppose en tous points à celle des juifs et des musulmans, on l’a dit. Elle est à l’opposé des rêves de gloire et de domination qui animent les puissants de ce siècle, de Poutine à Elon Musk, des djihadistes aux extrémistes écolos. Les messianismes temporels contemporains ne sont jamais que de mauvaises transpositions sécularisées du messianisme biblique…
Prendre sa croix, c’est choisir de devenir un Messie humble et pacifique, fraternel et serviteur.
On est bien loin de la conception païenne du châtiment ou de l’épreuve imposée par je ne sais qui…

- Une lecture doloriste
Pour être honnête, il y a bien eu des courants discernant dans la croix un appel à souffrir avec le Christ. Ce courant a même eu ses lettres de noblesse (Blaise Pascal, Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux, Chesterton, Padre Pio, Mel Gibson etc.).

Malheureusement, il y a également une littérature dégoulinant de complaisance et de lâcheté envers la souffrance, jusqu’à en faire un incompréhensible présent de l’amour de Dieu. Cette interprétation frise la perversion : quel Dieu sadique et pervers demanderait à ses créatures d’aimer souffrir pour être sauvées ?
Qu’on puisse faire de sa souffrance – physique, morale spirituelle – une offrande est concevable : si cette souffrance est inévitable, autant en faire quelque chose ! D’ailleurs, ce qu’on offre alors n’est pas la douleur en elle-même mais le désir de continuer à aimer à travers cette douleur. Ce n’est pas pareil.

- Une lecture héroïque
En temps de persécutions – et ce siècle hélas n’y échappe pas - prendre sa croix est très concrètement s’exposer au risque capital en professant ou pratiquant publiquement sa foi au Christ. L’héroïsme des martyrs de sang peut inspirer notre héroïsme ordinaire, celui du témoignage chrétien malgré les insultes, les moqueries, les condamnations des bien-pensants. Suivre le Christ quand on n’est plus qu’une petite minorité à contre-courant des idéologies ambiantes, c’est bien prendre sa croix en France en 2023.

- Une lecture mystique
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Les béguines des pays du Nord de l’Europe (Hildegarde de Bingen, Hadewijch d’Anvers etc.), les mystiques rhénans des XIV-XV° siècles (Eckhart, Tauler, Suso, Angelus Silesius etc.) ont approfondi une autre interprétation : prendre sa croix, c’est vivre le détachement intérieur (Abgelassenheit ou Abgeschiedenheit en allemand) qui permet de renoncer à soi-même pour se laisser conduire par l’Esprit du Christ. La place manque pour développer ici, mais c’est peut-être la piste la plus féconde à revivifier pour notre siècle : ne pas s’attacher à ses œuvres, ‘agir sans agir’, ‘laisser-faire’ l’Esprit, laisser Dieu engendrer Dieu en moi…

Prendre sa croix est ici le consentement actif au travail de détachement intérieur que Dieu produit en soi, jusqu’à être libéré de vouloir être ceci ou cela, ou même simplement être.

- Une lecture anthropologique
« Désire, et ne cède pas sur ton désir » : la célèbre phrase de Lacan improvisant sur celle d’Augustin (« aime et fais ce que tu veux ») nous introduit à une interprétation tout autre. Jésus a découvert en lui le désir constitutif de son être : chercher et sauver ceux qui étaient perdus. Ayant identifié le centre de gravité de son identité personnelle, Jésus mettra tout en œuvre pour aller au bout de son désir, fût-ce au prix de la croix. Rappelons-nous que Jésus au début pensait être lapidé comme les prophètes (Lc 13,34). Puis il  pressent en cours de route que sa fin sera bien plus dégradante encore. Il en sue du sang et de l’eau à Gethsémani. Si les hommes lui imposent d’en passer par là (via des condamnations juives et romaines), alors il accepte. Le but à atteindre est trop clair, trop important à ses yeux pour que la frayeur de la croix l’en détourne. Il n’est ni doloriste ni suicidaire : il accepte la croix qui se profile à l’horizon s’il persiste à vouloir aller au bout de la volonté de son Père.

Chacun de nous peut faire ce parcours, à sa mesure : identifier le moteur le plus vrai de son existence, mobiliser toutes ses énergies pour y être fidèle, quel que soit le prix à payer pour soi-même. Prendre sa croix, c’est alors devenir fidèle à soi-même, aller jusqu’au bout du désir le plus vrai qui me constitue. Cela pourrait paraître contradictoire avec l’injonction du Christ de renoncer à soi-même. Mais celui à qui il me demande de renoncer est le « moi »  fabriqué par la reproduction sociale, nos déterminismes de tous ordres. Une surcouche en quelque sorte, qui nous empêche d’appartenir à Dieu en nous livrant à des désirs désordonnés et superficiels.
Prendre sa croix, c’est consentir à soi, tel que nous sommes appelés à être en Dieu.

- Conclusion
Impossible de développer davantage en quelques lignes ! Les interprétations du ‘prendre sa croix’ sont inépuisables et infinies. Qu’au moins ce rapide survol nous aide en récuser les lectures fatalistes, païennes, résignées, et finalement complices de la violence déferlant sur nos vies.

Car le but est de suivre le Christ, et non de prendre sa croix : il s’agit de trouver notre chemin de vie pour devenir ce que nous sommes, en union avec lui qui a su le faire en se laissant conduire par l’Esprit de son Père.

Bosch Portement de croixTerminons avec ce beau texte de Pierre Chrysologue (IV°-V° siècles), qui renverse la signification de la croix :

« La grandeur de la Passion, dont vous êtes cause, vous couvre peut-être de confusion.
Ne craignez pas !
Cette croix n’est pas mon gibet, mais celui de la mort.
Ces clous ne fixent pas la douleur en moi, mais ils enfoncent plus profondément en moi l’amour que j’ai pour vous.
C’est blessures ne m’arrachent pas des cris, elles vous introduisent davantage au fond de mon cœur.
L’écartèlement de mon corps vous donne une plus large place en mon sein, il n’accroît pas mon supplice.
Je ne perds pas mon sang, je le verse pour payer le vôtre.
Venez donc, revenez, reconnaissez en moi un père que vous voyez rendre le bien pour le mal, l’amour pour l’injustice, une telle tendresse pour de telles blessures ».
(Sermon 108)

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« La parole du Seigneur attire sur moi l’insulte » (Jr 20, 7-9)

Lecture du livre du prophète Jérémie
Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit ; tu m’as saisi, et tu as réussi. À longueur de journée je suis exposé à la raillerie, tout le monde se moque de moi. Chaque fois que j’ai à dire la parole, je dois crier, je dois proclamer : « Violence et dévastation ! » À longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l’insulte et la moquerie. Je me disais : « Je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son nom. » Mais elle était comme un feu brûlant dans mon cœur, elle était enfermée dans mes os. Je m’épuisais à la maîtriser, sans y réussir.

PSAUME
(Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9)
R/ Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu ! (cf. Ps 62, 2b)

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube :
Mon âme a soif de toi ;
Après toi languit ma chair,
Terre aride, altérée, sans eau.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi,
ta main droite me soutient.

DEUXIÈME LECTURE
« Présentez votre corps en sacrifice vivant » (Rm 12, 1-2)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Je vous exhorte, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps, votre personne tout entière , en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte. Ne prenez pas pour modèle le monde présent, mais transformez-vous en renouvelant votre façon de penser pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui est capable de lui plaire, ce qui est parfait.

ÉVANGILE
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même » (Mt 16, 21-27)
Alléluia. Alléluia. Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, pour que nous percevions l’espérance que donne son appel. Alléluia. (cf. Ep 1, 17-18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches : « Dieu t’en garde, Seigneur ! cela ne t’arrivera pas. » Mais lui, se retournant, dit à Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »
Alors Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. »
Patrick BRAUD

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13 août 2023

Assomption : Marie est-elle morte ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Assomption : Marie est-elle morte ?

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année A
15/08/2023

Cf. également :
Le grand dragon rouge feu de l’Assomption
Assomption : entraîne-moi !
Marie et le drapeau européen
Quelle place a Marie dans votre vie ?
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
Marie, notre sœur
Vendredi Saint : la déréliction de Marie

Marie est-elle morte ?
La question peut paraître saugrenue.

La main d’Eve, la pomme et le serpent, détail du diptyque d’Albrecht Dürer (1507). Peut-être ne vous l’êtes-vous jamais posée ? Cependant, le flou qui l’entoure révèle qu’un débat intéressant n’est toujours pas tranché dans l’Église catholique : quel est le lien entre la mort et le péché ? Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle la position officielle (n° 1008), tirée d’une lecture immédiate de certains passages de l’Écriture :
La mort est conséquence du péché. Interprète authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2,17 ; 3,3 ; 3,19 ; Sg 1,13 ; Rm 5,12 ; 6,23) et de la Tradition, le Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du péché de l’homme. Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2,23 24). “ La mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché ” (GS 18), est ainsi “ le dernier ennemi ” de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15,26).

Les fervents défenseurs de la piété mariale ont cru pouvoir tirer le fil de l’Immaculée Conception de Marie pour lui épargner la mort, avec ce raisonnement simple : si Marie n’a pas connu le péché, elle ne peut avoir connu la mort qui est la conséquence du péché. C’est un peu l’argumentation de Pie XII, le pape qui a proclamé le dogme de l’Assomption le 1er novembre 1950 :
« En vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps » (Constitution Apostolique Munificentissimus Deus).

Même si le Pape Pie XII n’évoque pas directement la « mort » de Marie, on peut comprendre de ce texte qu’elle a eu le privilège d’être exemptée de cette loi générale selon laquelle le plein effet de la victoire sur la mort ne s’accordera qu’à la fin des temps. Elle a eu la grâce d’être libérée de la loi de demeurer dans la corruption du tombeau et d’attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.

Pourtant, nombre de théologiens ont fait remarquer que la mort physique de tout être vivant fait intégralement partie de la condition de créature. Sinon, l’être créé serait une émanation divine, possédant comme Dieu la propriété d’être immortel, et non une création. Si création n’est pas émanation, Dieu ne peut créer de l’immortel ! Dieu ne peut créer que du non-Dieu, donc mortel. Parler d’une condition humaine non soumise à la mort relève d’une pensée mythique qui dans la Bible à toute sa valeur pour parler du sens des origines (Gn 1–15), mais ne dépeint aucune condition historique. C’est un irréel du passé que d’évoquer le sort humain en dehors du péché ou de la mort ! Notre finitude d’êtres vivants limités dans le temps par nature est ainsi la garantie de la transcendance du Dieu Tout-Autre.

Jean-Paul II développera cette position, quasiment inverse de celle de Pie XII. Citons le longuement (Audience générale du 25/06/1997), car c’est rare de voir deux papes se quereller post-mortem… Il commence par dédouaner Pie XII d’une quelconque volonté de nier la mort de Marie (ce qui n’est guère convaincant vu le passage cité plus haut) :

1. À propos de la fin de la vie terrestre de Marie, le Concile Vatican II a repris les termes de la définition de bulle du dogme de l’Assomption et déclare : « La Vierge immaculée, préservée de toute tache du péché originel, au cours de sa vie terrestre, a été prise dans la gloire céleste, corps et âme » (Lumen Gentium).
Avec cette formule, la Constitution dogmatique Lumen Gentium, à la suite de mon vénéré prédécesseur Pie XII, est muet sur la question de la mort de Marie. Pie XII n’a pas eu l’intention de nier le fait de la mort, mais simplement ne juge pas opportun de déclarer solennellement, comme une vérité digne d’être acceptée par tous les croyants, la mort de la Mère de Dieu. En fait, certains théologiens ont soutenu que la Vierge n’eut pas à mourir et passa directement de la vie terrestre à la gloire céleste. Cependant, cette opinion est inconnue jusqu’au XVII° siècle, alors qu’il existe une tradition commune qui voit dans la mort de Marie son entrée dans la gloire céleste.

 Assomption : Marie est-elle morte ? dans Communauté spirituelle dormitionPuis il développe un argument christologique massue : la Mère n’est pas supérieure au Fils. Or le Fils a connu le tombeau, et la mort, trois jours durant. La Mère ne peut être affranchie du passage que même son Fils a dû faire :

2. Est-il possible que Marie de Nazareth ait vécu dans sa chair le drame de la mort ? En réfléchissant sur le sort de Marie et de sa relation avec son divin Fils, il semble légitime de répondre par l’affirmative : puisque le Christ est mort, il serait difficile de prétendre le contraire pour la mère. C’est dans ce sens qu’ont réfléchi les Pères de l’Église, qui n’avaient aucun doute à ce sujet.

Jean-Paul II cite alors de nombreux Pères de l’Église favorables à l’hypothèse de la mort physique de Marie :

Il suffit de mentionner Saint Jacques de Saroug (+ 521), pour qui, lorsque pour Marie fut arrivé « le temps de parcourir le chemin de toutes les générations », c’est à dire le chemin de la mort, « le chœur des douze Apôtres » se rassembla pour enterrer « le corps virginal de la bienheureuse » (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu).
Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après une longue évocation de la Dormition « de la Sainte glorieuse Mère de Dieu », conclut sa louange en vantant l’intervention miraculeuse du Christ qui l’a « relevée de la tombe » afin de la prendre avec lui dans la gloire.
Saint Jean Damascène (+ 704) se demande pour sa part :
Comment se fait-il que celle, qui pour enfanter dépassa toutes les limites de la nature, se plie maintenant à ses lois et que son corps immaculé soit soumis à la mort ? (Et il répond:) Il est clair que la partie mortelle a été déposée pour revêtir l’immortalité, puisque même le maître de la nature n’a pas refusé l’expérience de la mort. En effet, il meurt selon la chair et par la mort détruit la mort, la corruption devient incorruptibilité et de la mort il donne la source de la résurrection (Saint Jean Damascène, Panégyrique sur la Dormition de la Mère de Dieu, 10).

Jean-Paul II reprend l’argument de la supériorité du Christ sur Marie pour en conclure que Marie ne peut avoir part pleinement à la Résurrection de son Fils sans d’abord mourir elle-même :

3. Il est vrai que la mort est présentée dans l’Apocalypse comme une punition pour le péché. Toutefois, le fait que l’Église proclame Marie libérée du péché originel par un privilège singulier divin ne conduit pas à la conclusion qu’elle a également reçu l’immortalité physique. La Mère n’est pas supérieure au Fils qui a assumé la mort en lui donnant un sens nouveau et en la transformant en instrument de salut. Impliquée dans l’œuvre de rédemption et associée à l’offrande du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l’humanité. À elle s’applique également ce que Sévère d’Antioche dit à propos du Christ : « Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir lieu ? ». Pour participer à la résurrection du Christ, Marie devait d’abord en partager la mort.

Sa mort est singulière, car transfigurée par l’amour l’unissant à son Fils, si bien que le terme « Dormition » évoque davantage une expérience spirituelle d’amour qu’une fin organique banale :

4. Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances de la mort de Marie. Ce silence laisse supposer qu’il est arrivé naturellement, sans aucun détail particulièrement remarquable. Si ce n’était pas le cas, comment la nouvelle aurait-elle pu  être cachée de ses contemporains et de ne pas parvenir, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à nous ? Quant à la cause de la mort de Marie, les opinions qui voudraient exclure des causes naturelles semblent sans fondement. Plus importante est la recherche de l’attitude spirituelle de la Vierge au moment de son départ de ce monde. À cet égard, saint François de Sales est d’avis que la mort de Marie a eu lieu à la suite d’un transport d’amour. Il parle de la mort dans l’amour, à cause de l’amour et par amour, allant même à dire que la Mère de Dieu est morte d’amour pour son fils (Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, Lib. 7, c. XIII-XIV). Quel que soit le fait biologique ou organique qui causa, sur un plan physique, la fin de la vie du corps, on peut dire que le passage de cette vie à l’autre fut pour Marie une maturation de la grâce dans la gloire, si bien que jamais autant que dans ce cas, la mort ne put être considérée comme une Dormition.

La Dormition de la Vierge, par Fra Angelico | Miguel Hermoso Cuesta wikipedia

5. Chez certains Pères de l’Église, nous trouvons la description de Jésus qui vient lui- même prendre sa mère au moment de la mort pour son introduction dans la gloire céleste. Ils présentent ainsi la mort de Marie comme un événement de l’amour qui l’a amenée à rejoindre son divin Fils pour partager sa vie immortelle. À la fin de son existence terrestre, elle a connu, comme Paul et plus que lui, le désir d’être libérée et d’être avec le Christ pour toujours (cf. Ph 1,23). L’expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge à travers le sort commun des hommes, elle est en mesure d’exercer plus efficacement sa maternité spirituelle envers ceux qui atteignent l’heure suprême de la vie.

Que retenir pour nous de cette controverse ? Le concile Vatican II nous met sur la voie en parlant de Marie à l’intérieur du texte sur l’Église (Lumen Gentium), et non dans un texte à part. Car Marie et l’Église sont indissociables : Marie est la figure de l’Église à venir. Il ne lui arrive rien d’autre que ce que l’Église est appelée à recevoir. En ce sens, Marie est l’anticipation eschatologique de ce que nous sommes tous appelés à devenir : pleinement ressuscités, « corps et âme », avec Christ, par lui et en lui. Le « corps » dont nous parlons ici a connu la mort. Mais dans la nouvelle Création où tous ressusciteront, Dieu saura redonner à chacun un autre corps, un « corps glorieux », un « corps spirituel », qui sera notre interface avec ce monde nouveau, comme notre chair présente est l’interface de notre relation avec le monde actuel (Cf. le « moi-peau » de Didier Anzieu, 1974).

Ce qui est certain, c’est que Marie est ressuscitée. Le dogme de l’Assomption proclame qu’elle est dans la gloire avec son corps et son âme. On ne le dit d’aucun autre disciple du Christ. Même les saints « se sont endormis dans l’attente de la résurrection », comme dit la liturgie (Prière eucharistique n° 2). On pourrait poétiquement dire de Marie qu’elle n’a pas été enterrée mais « encièlée » corps et âme…

Que l’Assomption de Marie nourrisse notre espérance d’être nous-même « encièlé » à la fin des temps, dans la communion de tous les saints [1] !

 


[1]. Le fait que Pie XII ait proclamé le dogme de l’Assomption le jour de la fête de la Toussaint 1950 signifie clairement qu’il ne faut jamais séparer Marie et l’Église. Marie anticipe ce qui sera réalisé en plénitude dans la communion de tous les saints. Elle est bien « notre espérance » (spes nostra) d’une humanité totalement ressuscitée, comme nous le chantons dans le Salve Regina.

 

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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7 avril 2023

Un Vendredi saint avec Paul Claudel

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Un Vendredi saint avec Paul Claudel

Homélie pour le Vendredi Saint / Année A
07/04/2023

Cf. également :

Le Vendredi Saint du Serviteur souffrant
Le grand silence du Samedi Saint
Vendredi saint : les soldats, libres d’obéir
Vendredi Saint : la Passion musicale
Comme un agneau conduit à l’abattoir
Vendredi Saint : paroles de crucifié
Vendredi Saint : La vilaine mort du Christ
Vendredi Saint : les morts oubliés
Vendredi Saint : la déréliction de Marie
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
La Passion du Christ selon Mel Gibson

Un Vendredi saint avec Paul Claudel dans Communauté spirituelle il_794xN.4401318137_4hy7Paul Claudel (1868-1955) a longuement médité la Passion du Christ et l’énigme de la souffrance.
Il en est venu à un déplacement de perspective que seul le Vendredi Saint peut opérer : le Christ n’est pas venu expliquer la question de la souffrance, mais l’emplir de sa présence…

« À cette question terrible, la plus ancienne de l’humanité à la quelle Job a donné sa forme quasi officielle et liturgique, Jésus répond.
Le Fils de Dieu n’est pas venu pour détruire la souffrance, mais pour souffrir avec nous.
Il n’est pas venu pour détruire la croix, mais pour s’étendre dessus.
De tous les privilèges spécifiques de l’humanité, c’est celui-là qu’il a choisi pour lui-même, c’est du côté de la mort qu’il nous a appris qu’il était le chemin de la sortie et la possibilité de la transformation. L’interrogatoire était si énorme que le Verbe seul pouvait le remplir en fournissant
non pas une explication, mais une présence, c’est-à-dire remplacer par sa présence le besoin même d’explication ».

Claudel a écrit un long poème sur le Chemin de Croix de ce Vendredi [1]. Il y voit une révélation sur l’homme, « créature si ouverte et si profonde », plus encore que le sépulcre creusé dans le rocher…
En voici la finale, qui peut nous accompagner dans le silence du tombeau, jusqu’à dimanche matin…

Treizième Station
Ici la Passion prend fin et la Compassion continue.
Le Christ n’est plus sur la Croix, il est avec Marie qui l’a reçu.
Comme elle l’accepta, promis, elle le reçoit, consommé.
Le Christ qui a souffert aux yeux de tous de nouveau au sein de sa Mère est caché.
L’Église entre ses bras à jamais prend charge de son bien-aimé.
Ce qui est de Dieu, et ce qui est de la Mère, et ce que l’homme a fait,
Tout cela sous son manteau est avec elle à jamais.
Elle l’a pris, elle voit, elle touche, elle prie, elle pleure, elle admire.
Elle est le suaire et l’onguent, elle est la sépulture et la myrrhe.
Elle est le prêtre et l’autel et le vase et le Cénacle.
Ici finit la Croix et commence le Tabernacle.


 
Quatorzième Station
Le tombeau où le Christ qui est mort ayant souffert est mis,
le trou à la hâte descellé pour qu’il dorme sa nuit,
avant que le transpercé ressuscite et monte au Père,
ce n’est pas seulement ce sépulcre neuf, c’est ma chair,
c’est l’homme, ta créature, qui est plus profond que la terre !
 
Maintenant que son cœur est ouvert et maintenant que ses mains sont percées,
il n’est plus de croix avec nous où son corps ne soit adapté.
Il n’est plus de péché en nous où la plaie ne corresponde.
Viens donc de l’autel où tu es caché, vers nous, Sauveur du monde !
Seigneur, que ta créature est ouverte et qu’elle est profonde !

_______________________________________

[1]. Téléchargeable ici : https://www.rts.ch/espace-2/programmes/emission-speciale/3901702.html/BINARY/Le%20texte%20du%20″Chemin%20de%20croix »%20(pdf)

LECTURES

Première lecture
« C’est à cause de nos fautes qu’il a été broyé » (Is 52, 13 – 53, 12)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ; il montera, il s’élèvera, il sera exalté ! La multitude avait été consternée en le voyant, car il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme. Il étonnera de même une multitude de nations ; devant lui les rois resteront bouche bée, car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit, ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.
Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris. Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait son propre chemin. Mais le Seigneur a fait retomber sur lui nos fautes à nous tous.
Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. Qui donc s’est inquiété de son sort ? Il a été retranché de la terre des vivants, frappé à mort pour les révoltes de son peuple. On a placé sa tombe avec les méchants, son tombeau avec les riches ; et pourtant il n’avait pas commis de violence, on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche. Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.
Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes. C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part, avec les puissants il partagera le butin, car il s’est dépouillé lui-même jusqu’à la mort, et il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs.

Psaume
(30 (31), 2ab.6, 12, 13-14ad, 15-16, 17.25)
R/ Ô Père, en tes mains je remets mon esprit.
 (cf. Lc 23, 46)

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge ;
garde-moi d’être humilié pour toujours.
En tes mains je remets mon esprit ;
tu me rachètes, Seigneur, Dieu de vérité.

Je suis la risée de mes adversaires
et même de mes voisins ;
je fais peur à mes amis,
s’ils me voient dans la rue, ils me fuient.

On m’ignore comme un mort oublié,
comme une chose qu’on jette.
J’entends les calomnies de la foule :
ils s’accordent pour m’ôter la vie.

Moi, je suis sûr de toi, Seigneur,
je dis : « Tu es mon Dieu ! »
Mes jours sont dans ta main : délivre-moi
des mains hostiles qui s’acharnent.

Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !

Deuxième lecture
Il apprit l’obéissance et il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel (He 4, 14-16 ; 5, 7-9)

Lecture de la lettre aux Hébreux
Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours. Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.

Évangile
Passion de notre Seigneur Jésus Christ (Jn 18, 1 – 19, 42)
Le Christ s’est anéanti, prenant la condition de serviteur.
 Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. Le Christ s’est anéanti, prenant la condition de serviteur. (cf. Ph 2, 8-9)

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean
Indications pour la lecture dialoguée : les sigles désignant les divers interlocuteurs sont les suivants :
X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.

L. En ce temps-là, après le repas, Jésus sortit avec ses disciples et traversa le torrent du Cédron ; il y avait là un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples. Judas, qui le livrait, connaissait l’endroit, lui aussi, car Jésus et ses disciples s’y étaient souvent réunis. Judas, avec un détachement de soldats ainsi que des gardes envoyés par les grands prêtres et les pharisiens, arrive à cet endroit. Ils avaient des lanternes, des torches et des armes. Alors Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver, s’avança et leur dit : X « Qui cherchez-vous? » L. Ils lui répondirent : F. « Jésus le Nazaréen. » L. Il leur dit : X « C’est moi, je le suis. » L. Judas, qui le livrait, se tenait avec eux. Quand Jésus leur répondit : « C’est moi, je le suis », ils reculèrent, et ils tombèrent à terre. Il leur demanda de nouveau : X « Qui cherchez-vous? » L. Ils dirent : F. « Jésus le Nazaréen. » L. Jésus répondit : X « Je vous l’ai dit : c’est moi, je le suis. Si c’est bien moi que vous cherchez, ceux-là, laissez-les partir. » L. Ainsi s’accomplissait la parole qu’il avait dite : « Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés. » Or Simon-Pierre avait une épée ; il la tira, frappa le serviteur du grand prêtre et lui coupa l’oreille droite. Le nom de ce serviteur était Malcus. Jésus dit à Pierre : X « Remets ton épée au fourreau. La coupe que m’a donnée le Père, vais-je refuser de la boire ? » L. Alors la troupe, le commandant et les gardes juifs se saisirent de Jésus et le ligotèrent. Ils l’emmenèrent d’abord chez Hanne, beau-père de Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là. Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : « Il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple. » Or Simon-Pierre, ainsi qu’un autre disciple, suivait Jésus. Comme ce disciple était connu du grand prêtre, il entra avec Jésus dans le palais du grand prêtre. Pierre se tenait près de la porte, dehors. Alors l’autre disciple – celui qui était connu du grand prêtre – sortit, dit un mot à la servante qui gardait la porte, et fit entrer Pierre. Cette jeune servante dit alors à Pierre : A. « N’es-tu pas, toi aussi, l’un des disciples de cet homme ? » L. Il répondit : D. « Non, je ne le suis pas ! » L. Les serviteurs et les gardes se tenaient là ; comme il faisait froid, ils avaient fait un feu de braise pour se réchauffer. Pierre était avec eux, en train de se chauffer. Le grand prêtre interrogea Jésus sur ses disciples et sur son enseignement. Jésus lui répondit : X « Moi, j’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné à la synagogue et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi m’interroges-tu ? Ce que je leur ai dit, demande-le à ceux qui m’ont entendu. Eux savent ce que j’ai dit. » L. À ces mots, un des gardes, qui était à côté de Jésus, lui donna une gifle en disant : A. « C’est ainsi que tu réponds au grand prêtre ! » L. Jésus lui répliqua : X « Si j’ai mal parlé, montre ce que j’ai dit de mal. Mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? » L. Hanne l’envoya, toujours ligoté, au grand prêtre Caïphe. Simon-Pierre était donc en train de se chauffer. On lui dit : A. « N’es-tu pas, toi aussi, l’un de ses disciples ? » L. Pierre le nia et dit : D. « Non, je ne le suis pas ! » L. Un des serviteurs du grand prêtre, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, insista : A. « Est-ce que moi, je ne t’ai pas vu dans le jardin avec lui ? » L. Encore une fois, Pierre le nia. Et aussitôt un coq chanta. Alors on emmène Jésus de chez Caïphe au Prétoire. C’était le matin. Ceux qui l’avaient amené n’entrèrent pas dans le Prétoire, pour éviter une souillure et pouvoir manger l’agneau pascal. Pilate sortit donc à leur rencontre et demanda : A. « Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? » L. Ils lui répondirent : F. « S’il n’était pas un malfaiteur, nous ne t’aurions pas livré cet homme. » L. Pilate leur dit : A. « Prenez-le vous-mêmes et jugez-le suivant votre loi. » L. Les Juifs lui dirent : F. « Nous n’avons pas le droit de mettre quelqu’un à mort. » L. Ainsi s’accomplissait la parole que Jésus avait dite pour signifier de quel genre de mort il allait mourir. Alors Pilate rentra dans le Prétoire ; il appela Jésus et lui dit : A. « Es-tu le roi des Juifs ? » L. Jésus lui demanda : X « Dis-tu cela de toi-même, Ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » L. Pilate répondit : A. « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » L. Jésus déclara : X « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » L. Pilate lui dit : A. « Alors, tu es roi ? » L. Jésus répondit : X « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. » L. Pilate lui dit : A. « Qu’est-ce que la vérité ? » L. Ayant dit cela, il sortit de nouveau à la rencontre des Juifs, et il leur déclara : A. « Moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. Mais, chez vous, c’est la coutume que je vous relâche quelqu’un pour la Pâque : voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? » L. Alors ils répliquèrent en criant : F. « Pas lui ! Mais Barabbas ! » L. Or ce Barabbas était un bandit. Alors Pilate fit saisir Jésus pour qu’il soit flagellé. Les soldats tressèrent avec des épines une couronne qu’ils lui posèrent sur la tête ; puis ils le revêtirent d’un manteau pourpre. Ils s’avançaient vers lui et ils disaient : F. « Salut à toi, roi des Juifs ! » L. Et ils le giflaient. Pilate, de nouveau, sortit dehors et leur dit : A. « Voyez, je vous l’amène dehors pour que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » L. Jésus donc sortit dehors, portant la couronne d’épines et le manteau pourpre. Et Pilate leur déclara : A. « Voici l’homme. » L. Quand ils le virent, les grands prêtres et les gardes se mirent à crier : F. « Crucifie-le! Crucifie-le! » L. Pilate leur dit : A. « Prenez-le vous-mêmes, et crucifiez-le ; moi, je ne trouve en lui aucun motif de condamnation. » L. Ils lui répondirent : F. « Nous avons une Loi, et suivant la Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » L. Quand Pilate entendit ces paroles, il redoubla de crainte. Il rentra dans le Prétoire, et dit à Jésus : A. « D’où es-tu? » L. Jésus ne lui fit aucune réponse. Pilate lui dit alors : A. « Tu refuses de me parler, à moi ? Ne sais-tu pas que j’ai pouvoir de te relâcher, et pouvoir de te crucifier ? » L. Jésus répondit : X « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi porte un péché plus grand. » L. Dès lors, Pilate cherchait à le relâcher ; mais des Juifs se mirent à crier : F. « Si tu le relâches, tu n’es pas un ami de l’empereur. Quiconque se fait roi s’oppose à l’empereur. » L. En entendant ces paroles, Pilate amena Jésus au-dehors; il le fit asseoir sur une estrade au lieu dit le Dallage – en hébreu : Gabbatha. C’était le jour de la Préparation de la Pâque, vers la sixième heure, environ midi. Pilate dit aux Juifs : A. « Voici votre roi. » L. Alors ils crièrent : F. « À mort ! À mort ! Crucifie-le ! » L. Pilate leur dit : A. « Vais-je crucifier votre roi ? » L. Les grands prêtres répondirent : F. « Nous n’avons pas d’autre roi que l’empereur. » L. Alors, il leur livra Jésus pour qu’il soit crucifié. Ils se saisirent de Jésus. Et lui-même, portant sa croix, sortit en direction du lieu dit Le Crâne (ou Calvaire), qui se dit en hébreu Golgotha. C’est là qu’ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. Pilate avait rédigé un écriteau qu’il fit placer sur la croix ; il était écrit : « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs. » Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que l’endroit où l’on avait crucifié Jésus était proche de la ville, et que c’était écrit en hébreu, en latin et en grec. Alors les grands prêtres des Juifs dirent à Pilate : F. « N’écris pas : “Roi des Juifs” ; mais : “Cet homme a dit : Je suis le roi des Juifs.” » L. Pilate répondit : A. « Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. » L. Quand les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits ; ils en firent quatre parts, une pour chaque soldat. Ils prirent aussi la tunique ; c’était une tunique sans couture, tissée tout d’une pièce de haut en bas. Alors ils se dirent entre eux : A. « Ne la déchirons pas, désignons par le sort celui qui l’aura. » L. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement. C’est bien ce que firent les soldats. Or, près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : X « Femme, voici ton fils. » L. Puis il dit au disciple : X « Voici ta mère. » L. Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : X « J’ai soif. » L. Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche. Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : X « Tout est accompli. » L. Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit. (Ici on fléchit le genou, et on s’arrête un instant.) Comme c’était le jour de la Préparation (c’est-à-dire le vendredi), il ne fallait pas laisser les corps en croix durant le sabbat, d’autant plus que ce sabbat était le grand jour de la Pâque. Aussi les Juifs demandèrent à Pilate qu’on enlève les corps après leur avoir brisé les jambes. Les soldats allèrent donc briser les jambes du premier, puis de l’autre homme crucifié avec Jésus. Quand ils arrivèrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais un des soldats avec sa lance lui perça le côté ; et aussitôt, il en sortit du sang et de l’eau. Celui qui a vu rend témoignage, et son témoignage est véridique ; et celui-là sait qu’il dit vrai afin que vous aussi, vous croyiez. Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé. Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé. Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Et Pilate le permit. Joseph vint donc enlever le corps de Jésus. Nicodème – celui qui, au début, était venu trouver Jésus pendant la nuit – vint lui aussi ; il apportait un mélange de myrrhe et d’aloès pesant environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus, qu’ils lièrent de linges, en employant les aromates selon la coutume juive d’ensevelir les morts. À l’endroit où Jésus avait été crucifié, il y avait un jardin et, dans ce jardin, un tombeau neuf dans lequel on n’avait encore déposé personne. À cause de la Préparation de la Pâque juive, et comme ce tombeau était proche, c’est là qu’ils déposèrent Jésus.
Patrick BRAUD

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19 février 2023

La radieuse tristesse du Carême

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La radieuse tristesse du Carême

Homélie du Mercredi des Cendres / Année A
22/02/2023

Cf. également :

Cendres : « Revenez à moi ! »
Cendres : une conversion en 3D
Cendres : soyons des justes illucides
Mercredi des Cendres : le lien aumône-prière-jeûne
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements
Mercredi des cendres : de Grenouille à l’Apocalypse, un parfum d’Évangile
Carême : quand le secret humanise
Mercredi des Cendres : 4 raisons de jeûner
Le symbolisme des cendres

La « radieuse tristesse » de ces 40 jours

La radieuse tristesse du Carême dans Communauté spirituelle saint-careme2 « Radieuse tristesse »
C’est par cette belle et énigmatique expression que nos frères orthodoxes saluent ces 40 jours du Carême qui commencent.


« Radieuse tristesse » : en français, on appelle cela un oxymore, c’est-à-dire une association de deux contraires logiquement incompatibles (comme ‘aigre-doux’ ou ‘clair-obscur’). Mais Dieu n’est-il pas justement dans l’union des contraires ?


« Radieuse tristesse » : on y entend d’abord la tristesse, en écho à la lecture du prophète Joël : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes, et le deuil ! Entre le portail et l’autel, les prêtres iront pleurer : ‘pitié Seigneur pour ton peuple’ » (Jl 2,12-18).

Impossible de rayer la tristesse de cette période de Carême sous prétexte que ce ne serait pas à  la mode, ou commercialement peu attractif !

Cette tristesse parcourt toute la Bible en fait :

- celle de Marie-Madeleine pleurant sur ses nombreux péchés,

- celle de David se couvrant de cendres en découvrant qu’il a commis un adultère et un meurtre,

- la tristesse de l’enfant prodigue qui revient poussé par la faim,

- ou encore la tristesse de Pierre qui s’entend dire par 3 fois : « M’aimes-tu ? »?

- c’est notre propre tristesse, le front marqué de cendres, conscient de la conversion que nous avons à vivre…

41G4KZSN4RL._SX306_BO1,204,203,200_ Carême dans Communauté spirituelleSaint André de Crète a composé un très bel hymne qui est chanté par l’Église orthodoxe pendant le Carême. Olivier Clément l’appelle « le chant des larmes ». Il constitue une confession publique, dans un élan de sincérité religieuse absolue, après repentance.

« Viens donc, âme endurcie, revêtue de ta chair,
confesse-toi au Créateur de toutes choses ;
rejette loin de toi ton délire et offre à Dieu des larmes de pénitence.

Comme David, je suis tombé dans la folie. Et je me suis roulé dans la boue.
Mais lave moi, ô mon Sauveur, par mes larmes.

Ne t’abandonne pas au désespoir, ô mon âme.
Médite la foi de la Cananéenne, dont la fille fut guérie par une seule parole de Dieu, et avec elle, crie du fond de ton cœur : « Fils de David, sauve-moi !’ »
 

 

Ainsi s’exprime la liturgie orthodoxe dans le chant des larmes du Carême…

Mais cette tristesse est radieuse, parce qu’elle est déjà illuminée de l’évènement pascal.

De même qu’à Noël nous ne faisons pas semblant de faire naître l’enfant Jésus dans la crèche, car cela est accompli une fois pour toutes, de même pendant le Carême nous ne faisons pas semblant de vivre la Passion sans avoir déjà la force de la Résurrection en nous. Comme le dit Paul, il s’agit de « le connaître, lui, le Christ, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances, afin de parvenir si possible à ressusciter d’entre les morts » (Ph 3, 10). 

Dans cet ordre: la Résurrection d’abord (celle du Christ), puis la Passion, puis la Résurrection ensuite (la nôtre) !

Parce que nous sommes d’après Pâques, la tristesse du Carême est radieuse de cette promesse de vie déjà accomplie en Christ.

Les lamentations de la Semaine Sainte sont rayonnantes de la consolation pascale.

L’office des Ténèbres du Vendredi Saint lui-même est diaphane de la victoire du Christ sur le mal et la mort.

Une beauté intérieure illumine ces jours de tristesse, comme les premiers rayons de l’aurore illuminent l’au-delà de l’horizon courbe des marins alors qu’ils naviguent dans la nuit noire?

« Radieuse tristesse » : tristesse de notre exil, du gâchis que nous faisons parfois de notre vie ; radieuse espérance de retrouver par là même le désir de chercher Dieu, le goût de sa présence, la paix du domicile retrouvé…

« Radieuse tristesse »  est donc bien le climat liturgique de ce Carême.

Les orthodoxes, explorant cette piste de l’union des contraires en Dieu, disent aussi : « douloureuse joie », car la joie de la renaissance passe par les douleurs de l’enfantement, ou encore : « triste clarté » car la clarté de Pâques dévoile les ombres de notre existence que nous découvrons alors avec tristesse, au moment même où elles sont dissipées.

Une traduction musicale de cette étonnante tristesse pourrait s’entendre dans l’œuvre d’Arnold Schoenberg : la « nuit transfigurée » : un pèlerinage nocturne magnifique à travers l’épreuve d’un couple qui réussit à surmonter la nuit de sa désunion.


Nuit transfigurée,

triste clarté,

douloureuse joie … 

Que ce Carême nous donne d’expérimenter la radieuse tristesse des enfants de Dieu que nous sommes, pécheurs et aimés, pardonnés et encore en chemin vers la liberté parfaite !

 


1ère lecture : Appel à la pénitence (Jl 2, 12-18)

Lecture du livre Joël

Parole du Seigneur : « Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! »
Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment.
Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et vous combler de ses bienfaits : ainsi vous pourrez offrir un sacrifice au Seigneur votre Dieu.
Sonnez de la trompette dans Jérusalem : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une solennité, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre !
Entre le portail et l’autel, les prêtres, ministres du Seigneur, iront pleurer et diront : « Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra-t-il qu’on dise : ‘Où donc est leur Dieu ?’ »

Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.

Psaume : Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17

R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché.

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, 
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. 
Ne me chasse pas loin de ta face, 
ne me reprends pas ton esprit saint. 

Rends-moi la joie d’être sauvé ; 
que l’esprit généreux me soutienne. 
Seigneur, ouvre mes lèvres, 
et ma bouche annoncera ta louange.

2ème lecture : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Co 5, 20-21; 6, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui-même qui, en fait, vous adresse un appel. Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu.
Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu. Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours. Or, c’est maintenant le moment favorable, c’est maintenant le jour du salut.

Evangile : L’aumône, la prière et le jeûne comme Dieu les aime(Mt 6,1-6.16-18)

Acclamation : Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. « Convertissez-vous, dit le Seigneur, car le Royaume des cieux est proche. » Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

 Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait :
« Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d’agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner de la trompette devant toi, comme ceux qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que donne ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous priez, ne soyez pas comme ceux qui se donnent en spectacle : quand ils font leurs prières, ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et les carrefours pour bien se montrer aux hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi au fond de ta maison, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra.
Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme ceux qui se donnent en spectacle : ils se composent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont touché leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père voit ce que tu fais dans le secret : il te le revaudra. »
Patrick BRAUD

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