L'homélie du dimanche (prochain)

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5 novembre 2011

L’anti terreur nocturne

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L'anti terreur nocturne

 

Homélie du 32° dimanche ordinaire / Année A / 6/11/2011

 

Terreur nocturne

Pour les parents, tout commence par un cri au milieu de la nuit.

Un cri de panique venant de la chambre d'enfant. Les yeux dans le vide, le gamin est terrifié, en larmes et fait des mouvements de terreur. Même si ses parents tentent de le rassurer, cela n'a aucun effet sur lui puisqu'il ne les reconnaît pas et continue à proférer des phrases incompréhensibles et incohérentes. L’enfant est souvent assis sur son lit, les yeux écarquillés et fixes, en mydriase. Il a l’air terrifié, hurle, et est insensible aux tentatives de ses parents pour le rassurer : il se débat, lorsqu’on tente de le toucher pour le calmer. De plus, sa respiration s'accélère, son visage devient rouge ou pâle et il est très agité. La crise dure environ 20 minutes puis l'enfant se rendort. Au matin, il ne gardera aucun souvenir des évènements de la nuit. Qui a vu un enfant tétanisé dans cette posture hypnotique en restera effrayé pour toujours.

 

 

Le cri évangélique

Dans la parabole des vierges sages et folles, il y a également un cri au milieu de la nuit. Mais justement, c’est quasiment le symétrique inverse de celui de la terreur nocturne qui réveille les parents affolés. Et la terreur nocturne peut nous permettre de comprendre, a contrario, le cri évangélique.

- Ce cri au milieu de la nuit ne provient pas de l’endormissement, mais au contraire de la veille de ceux qui persévèrent à guetter la venue de l’époux. Malgré son retard énorme – et en quelque sorte impardonnable ! – certains ne désespèrent pas de voir l'époux arriver. Ils préviennent aussitôt celles qui ont sombré dans le sommeil à cause de la longueur de l’attente (quel mufle ce mari de faire ainsi poireauter ses invités !).

- Ce cri au milieu de la nuit ne provoque pas la terreur, mais la joie.

Les yeux ne sont pas dans le vide, mais à la recherche de l’époux.

La posture n’est pas hypnotique, mais consciente et désirante.

- Ce cri au milieu de la nuit ne se résout pas par le retour au sommeil, mais par l’entrée dans la salle de noces, bien éveillées.

- Ce cri au milieu de la nuit ne se fait pas oublier. Le gamin terrorisé ne se souvient de rien au matin. Les vierges et l'époux se souviennent de tout, et personne ne pourra faire comme s’il ne s’était rien passé.

- La terreur nocturne  rend l’enfant affreux, quasi possédé. Le cri au milieu de la nuit rend les lampes belles et décorées (le verbe employé en grec, cosmeo, évoque la cosmétique dont les vierges usent pour orner leurs lampes, selon le texte original). Paul Claudel notait d'ailleurs avec perplexité en marge de sa Bible précieusement conservée : « Curieuse expression ! Orner sa lampe. Que faut-il entendre par là ? »

 

Le cri de la parabole n’a donc rien à voir avec celui de la terreur nocturne, ni avec le L'anti terreur nocturne dans Communauté spirituelle AFP_080521cri_munch_oslo_gcélèbre tableau plein d’angoisse du cri de Munch.

C’est une joyeuse annonce qui réveille les consciences.

C’est un signal qui met en mouvement vers l’être aimé.

C’est la fin de l’attente alors qu’elle paraissait interminable.

C’est le moment de vérité qui révèle si l’huile de chacune va suffire ou non pour éclairer le trajet qui reste à parcourir.

 

Les cris contemporains

« Debout! Pousse un cri dans la nuit au commencement des veilles; répands ton coeur comme de l’eau devant la face de Yahvé, élève vers lui tes mains pour la vie de tes petits enfants ! » (Lm 2,19)

 

Quels sont les cris au milieu de la nuit qui déchirent nos assoupissements ?

 

Des événements terribles peuvent nous crier qu’il est temps de nous réveiller : une catastrophe naturelle (cf. l’interprétation de la chute de la tour de Siloé par Jésus en Lc 13,4-5), une épreuve imprévue (deuil, maladie, séparation)…

 dans Communauté spirituelleLes événements heureux peuvent également nous faire lever. C’est d’ailleurs le verbe de la résurrection : egeirein = se lever d’entre les morts, qui est employé dans la parabole pour évoquer l’effet du cri sur les 10 vierges. Il peut s’agir d’une naissance, d’un mariage, d’une lecture, d’une musique, d’un paysage, d’une émotion indicible…

Le cri de Marie uni à celui du nouveau-né dans la nuit de Bethléem fait partie de ces signaux. Un peu comme le schofar qui sonne l'appel au rassemblement du peuple pour une fête. Un peu comme un point d'inflexion qui marque un tournant dans l'évolution d'une trajectoire.

 

Le cri vient souvent de témoins à peine connus. Le cri de l’Abbé Pierre en hiver  1954 ; celui du Père Joseph Wresinski pour réclamer la dignité due aux peuples du quart-monde ; celui de Stéphane Hessel qui provoque la révolte des « indignés » etc….

 

L’important est de se laisser réveiller par ce cri.

Alors que la tentation est de ronronner sur sa propre quiétude, en faisant comme si notre histoire n’avait pas de fin, le cri au milieu de la nuit nous remet en état de désirer, de rencontrer, de marcher vers l’autre.

Après, bien sûr, il y a la question de la provision d’huile, et c’est un autre enjeu : celui de notre responsabilité personnelle.

 

Mais, si nous sommes sourds aux cris qui nous relèvent, comment aller vers l’être aimant (l'époux) ?

Figure du Christ, l’époux vient à notre rencontre dans la nuit, et nous devons faire confiance à d’autres pour l’entendre venir et le reconnaître. À travers les visages des défigurés, sous les haillons des mal- vêtus et des mal-logés, dans l’obscurité qui enveloppe toujours les exclus de nos villes ou de nos familles, l’époux vient, méconnaissable, inattendu, imprévisible.

Seul un cri au milieu de notre nuit pourra nous lancer à sa rencontre : joie intense qu’aucune terreur nocturne ne pourra nous enlever…

 

Patrick Braud

 

 

1ère lecture : La Sagesse vient à la rencontre de ceux qui la cherchent (Sg 6, 12-16)

Lecture du livre de la Sagesse

La Sagesse est resplendissante, elle est inaltérable .Elle se laisse aisément contempler par ceux qui l’aiment, elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent.
Elle devance leurs désirs en se montrant à eux la première.
Celui qui la cherche dès l’aurore ne se fatiguera pas : il la trouvera assise à sa porte.
Ne plus penser qu’à elle prouve un parfait jugement, et celui qui veille en son honneur sera bientôt délivré du souci.
Elle va et vient pour rechercher ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; chaque fois qu’ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre.

 

Psaume : Ps 62, 2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu.

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau. 

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire. 
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres ! 

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom. 
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange. 

Dans la nuit, je me souviens de toi
et je reste des heures à te parler. 
Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.

 

2ème lecture : L’espérance devant la mort (brève : 13-14) (1Th 4, 13-18)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères,
nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance.
Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils.
Car, sur la parole du Seigneur, nous vous déclarons ceci : nous les vivants, nous qui sommes encore là pour attendre le retour du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui se sont endormis.
Au signal donné par la voix de l’archange, à l’appel de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et les morts unis au Christ ressusciteront d’abord.
Ensuite, nous les vivants, nous qui sommes encore là, nous serons emportés sur les nuées du ciel, en même temps qu’eux, à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur.
Retenez ce que je viens de dire, et réconfortez-vous les uns les autres.

 

Evangile : La venue du Fils de l’homme. « Voici l’époux, sortez à sa rencontre » (Mt 25, 1-13)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Soyez vigilants et demeurez prêts : vous ne connaissez pas l’heure où le Fils de l’homme viendra. Alléluia. (Mt 24, 42.44)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole :
« Le Royaume des cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe et s’en allèrent à la rencontre de l’époux.
Cinq d’entre elles étaient insensées, et cinq étaient prévoyantes : les insensées avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leur lampe, de l’huile en réserve.
Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : ‘Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre.’
Alors toutes ces jeunes filles se réveillèrent et préparèrent leur lampe.
Les insensées demandèrent aux prévoyantes : ‘Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.’
Les prévoyantes leur répondirent : ‘Jamais cela ne suffira pour nous et pour vous ; allez plutôt vous en procurer chez les marchands.’
Pendant qu’elles allaient en acheter, l’époux arriva. Celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle des noces et l’on ferma la porte.
Plus tard, les autres jeunes filles arrivent à leur tour et disent : ‘Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !’
Il leur répondit : ‘Amen, je vous le dis : je ne vous connais pas.’
Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »

22 octobre 2011

L’amour du prochain et le « care »

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L’amour du prochain et le « care »


Homélie du 30° dimanche ordinaire / Année A
23/10/2011

 

Une tentation du catholicisme en France pourrait bien être de devenir une religion de la « relation courte ». Devenue minoritaire, la communauté catholique pourrait tomber dans le piège d’un repli sur des relations interpersonnelles chaleureuses entre les happy few de petites communautés très identitaires.

 

L'amour du prochain et le « care » dans Communauté spirituelleDans ce contexte, le deuxième commandement cité par Jésus en Mt 22,34-40 serait interprété selon une logique très individualiste. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » serait traduit par : souris à ton voisin ; prend soin de tes collègues ; fais attention à tes proches. Les théoriciens du « care » aux États-Unis se sont engouffrés dans cette voie. « To take care » en anglais, c’est prendre soin de l’autre, individuellement, être attentif à lui dans les multiples services que je peux lui rendre. C’est déjà énorme. Le deuxième commandement biblique ne nie pas le care, mais ne veut pas l’absolutiser non plus. Aimer son prochain ne se réduit pas à restaurer des petits îlots communautaires où l’on guérit les blessures de la vie de quelques-uns. Si l’Église se laissait réduire à ce rôle d’atelier de réparation pour quelques accidentés de la vie, elle s’éloignerait de sa grande tradition sociale. Même minoritaire, elle s’est toujours considérée comme sel de la terre et levain dans la pâte pour la transformation de la société tout entière.

Et c’est là où l’Ancien Testament demeure irremplaçable. Le Nouveau Testament n’a pas eu le temps ni l’espace pour développer toutes les conséquences sociales de la foi en Jésus-Christ. D’ailleurs pour l’essentiel, il assume tout ce que l’Ancien Testament a déjà établi comme repères sociaux et politiques en la matière. La première lecture de ce dimanche vient ainsi en complément indispensable de notre évangile.

 

 

« Aimer son prochain comme soi-même », ce n’est pas seulement prendre soin de ses  amour dans Communauté spirituelleproches (ce qui déjà est énorme, répétons-le), mais c’est ordonner la vie sociale autour de la protection des plus faibles. Ne pas maltraiter l’immigré, ne pas accabler la veuve et l’orphelin, ne pas prêter à des taux usuraires, ne pas dépouiller les pauvres pour des raisons financières : avouons-le, ces impératifs divins énoncés dans le livre de l’Exode (22,20-26) constituent un programme politique qui est toujours d’actualité. Quand on compile toutes les protestations sociales des prophètes, toutes les prescriptions légales de la Tora, tous les principes de gouvernement énoncés par les sages, on se dit que le commandement de l’amour du prochain est décidément beaucoup plus large que le care anglo-saxon !

 

L’ultralibéralisme ambiant voudrait transformer le christianisme en thérapie individuelle. La recherche du bien-être personnel devient un petit dieu, et fait perdre de vue le bien commun, les réformes structurelles, une vision globale. Bien des chrétiens tombent dans ce piège de la « relation courte » quasi exclusive. D’après eux, les changements collectifs seraient illusoires. Seule compterait la transformation du coeur de chacun.

Mais pourquoi opposer les deux ? Que devient la grande histoire de la doctrine sociale de l’Église, depuis le ?communisme’ des premières communautés chrétiennes (cf. le livre des Actes des Apôtres) jusqu’à la dénonciation des « structures de péché » par Jean Paul II, en passant par les vigoureuses interpellations des Pères de l’Église (ex : « la terre est à tous » ; « en cas de nécessité tout est commun » etc…).

 

Les trois amours que Jésus unit dans sa célèbre réponse de Mt 22,34-40 ont donc d’immenses conséquences sociales. La philosophie personnaliste qui sous-tend depuis lors l’action des chrétiens ne limite pas l’amour du prochain à la « relation courte » avec ses voisins.

 

À l’approche des présidentielles de 2012, il faut le redire : les chrétiens sont dépositaires d’une vision profondément originale de la société, d’une force de proposition et de transformation.

Tout en jouant le jeu du pluralisme moderne, légitime et nécessaire, les Églises sauront-elles prendre part à ces débats d’avenir ? Les chrétiens sauront-ils élargir l’amour du prochain à la réforme du vivre ensemble ?

 

 

1ère lecture : Dieu exige qu’on aime les pauvres (Ex 22, 20-26)

Lecture du livre de l’Exode

Quand Moïse transmettait au peuple les lois du Seigneur, il disait : « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins.

Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! »

Psaume : 17, 2-3, 4.20, 47.51ab

R/ Je t’aime, Seigneur, Dieu qui me rends fort !

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Et lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.

Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire,
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie pour toujours.

2ème lecture : L’annonce de l’Évangile et la conversion (1Th 1, 5-10)

lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères,
vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de toute la Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et dans toute la Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons plus rien à en dire. En effet, quand les gens parlent de nous, ils racontent l’accueil que vous nous avez fait ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

 

Evangile : Amour de Dieu et amour du prochain (Mt 22, 34-40)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu est amour. Celui qui aime est né de Dieu : il connait Dieu. Alléluia. (1 Jn, 8.7) 

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. »
Patrick Braud 

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24 septembre 2011

Les collabos et les putains

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Les collabos et les putains

 

Homélie du 26° dimanche ordinaire / Année A / 25/09/2011

 

 

Savoir dire non

Dans certaines cultures, il est extrêmement malpoli de dire ?non’ à quelqu’un. Par souci d’harmonie, un asiatique vous dira toujours ?oui’, même s’il ne sait absolument pas ce que vous demandez. Par peur du conflit et pour préserver la paix, un africain ne dira jamais non : il se taira, restera évasif, et c’est à vous à interpréter ses silences comme autant de résistances.

 

Dans la culture de Jésus comme dans la nôtre, le ?non’ a toute sa place, noble et légitime. « Que votre oui soit oui, que votre non soit non »  (Mt 5,37 ; Jc 5,12 cf. 2Co 1,17-19).

Malgré cette volonté de clarté affichée, Jésus sait bien que partout sous le soleil les hommes ont du mal à être vrais dans leur réponse.

 

S’acheter une conduite, ou se vendre aux plus offrants ?

Certains veulent bien faire, mais se laissent détourner en cours de route. Les chefs des prêtres et les anciens sont un peu comme ça : ils désirent authentiquement servir Dieu, mais les rites religieux et leurs responsabilités hiérarchiques les bloquent finalement dans leur élan, jusqu’à les empêcher de croire à la gratuité du salut annoncé par Jésus. Qui oserait dire qu’il n’en est plus ainsi dans l’Église, les Églises, et parmi tous les responsables religieux du monde ? Prisonniers de bien des coutumes trop humaines, ils continuent trop souvent à faire peser sur les épaules des autres des fardeaux qu’eux-mêmes ne peuvent pas porter (Lc 11,46).

 

D’autres hommes nient apparemment toute existence à Dieu, semblent se perdre loin de lui, et pourtant manifestent un accueil extraordinaire à sa parole lorsqu’ils la rencontrent vraiment. Les collaborateurs des romains et les prostituées sont de ceux-là aux temps de Jésus. Se compromettre avec l’occupant romain est une des infidélités les plus graves pour un juif. Se livrer au commerce de son corps engendrait le mépris et la honte (à moins que ce ne soit l’inverse) : c’était évidemment une manière nier Dieu, pensaient les gens religieux en toute bonne foi.

Qui oserait dire que les prostitué(e)s d’aujourd’hui sont entouré(e)s de moins de mépris qu’autrefois ?

Remplacez ?publicains’ par ?banquiers’ ou ?commerçants’ : certaines professions ne sont-elles pas diabolisées a priori encore de nos jours ?

Les collabos et les putains dans Communauté spirituelleOr les témoignages abondent de prostitué(e)s ayant plus d’humanité que bien des gens respectables (cf. le mouvement « le Nid »).

Or les témoignages abondent que parmi les cadres bancaires, les grands patrons de la finance internationale ou du commerce mondial, il y a des gens capables de retournements spectaculaires et d’initiatives révolutionnaires.

 

C’est que les chefs des prêtres et les anciens cherchent la sécurité dans leurs oeuvres, leurs pratiques, d’hier à aujourd’hui. Les collaborateurs et les prostituées savent eux qu’ils ne peuvent s’appuyer sur leurs actes. Alors, quand Jésus leur annonce que le salut est gratuit, immérité, inconditionnel, les premiers grincent des dents : « à quoi ça sert que nous soyons si religieux ? », alors que les derniers exultent : « enfin quelqu’un qui nous aime au-delà de nos actes ».

 

Quand faire, c’est croire

Car le travail dont parle ici le Christ dans cette parabole est le travail de la foi, pas  collabos dans Communauté spirituellecelui du mérite. « Va travailler à ma vigne », c’est « croire en la parole » proclamée par Jean-Baptiste. « Ne pas aller » travailler à la vigne, c’est « ne pas se repentir en vue de croire à sa parole ». Mathieu rejoint ainsi un thème cher à Jean : le vrai travail, ce n’est pas d’abord de faire des choses (serait-ce pour Dieu lui-même) mais de croire. « Que  devons-nous faire pour travailler aux oeuvres de Dieu? »  Jésus leur répondit: ?L’oeuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé’ » (Jn 6,29).

 

Paradoxalement, ceux qui ont été amenés dans leur vie à se vendre (à l’occupant, aux clients…) sont plus sensibles que les autres à la gratuité de l’amour. Jésus constate que la disponibilité réelle est plutôt du côté des pécheurs publics que des gens bien. Il ose le dire devant tout le monde, et cela ne plaît pas à tout le monde. Imaginez qu’un illuminé vienne proclamer à la tribune de l’université d’été de l’UMP, du parti socialiste, du Front National ou de l’Alliance centriste : « les banquiers et les putains sont plus près de Dieu que vous » ! Beau scandale médiatique en perspective…

Et pourtant Jésus l’a fait.

En rappelant la primauté de la gratuité sur le mérite, il s’est fait tellement d’ennemis chez les responsables religieux et politiques qu’ils voudront lui faire payer très cher cette fameuse gratuité.

 

Qui sont les publicains et les prostituées de notre société, plus proches de Dieu que bien des chefs religieux et sociaux ?

Comment avec le Christ restaurer leur dignité, et manifester avec eux que croire sur parole est plus divin que faire selon la loi ?

 

  

  

1ère lecture : Dieu nous appelle chaque jour à nous convertir (Ez 18, 25-28)

Lecture du livre d’Ezékiel

Parole du Seigneur tout-puissant : Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites : « La conduite du Seigneur est étrange. » Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui est étrange ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c’est à cause de sa perversité qu’il mourra. Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra.

 

Psaume : 24, 4-5ab, 6-7, 8-9

R/ Souviens-toi, Seigneur, de ton amour

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

 

2ème lecture : L’unité dans l’amour à la suite du Christ (brève : 1-5) (Ph 2, 1-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres.

Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droitd’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-mêmeen prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Evangile : Faire la volonté du Père, c’est croire en sa parole (Mt 21, 28-32)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui ne fermez pas votre coeur, mais écoutez la voix du Seigneur. Alléluia. (Ps 94, 8)

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ».

Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole. »
Patrick Braud

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10 septembre 2011

La dette est stable : vive la dette !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La dette est stable : vive la dette !

 

Homélie du 24° Dimanche ordinaire Année A  11/09/2011 

 

La question de la dette est au coeur de la parabole de Mt 18,21-35.

10 000 talents et une remise de dette d’un côté, 100 talents et une exigence de remboursement intégral de l’autre.

Encore une parabole économique ! Qui a dit que l’Évangile ne s’occupait que de vie intérieure? ?

 

La question de la dette est en même temps au coeur de l’actualité sociale partout en Europe, aux USA et dans le monde entier. On nous annonce récession, austérité, du sang et des larmes à cause de l’endettement phénoménal des pays riches.

 

Passons en revue quelques emplois du mot « dette » dans la vie économique et sociale, en nous demandant quelle lumière l’Évangile peut y projeter.

 

La dette odieuse

En 1883, le Mexique avait refusé de rembourser une dette contractée auparavant par l’empereur Maximilien. Un régime injuste et illégitime ne pouvait lier le sort de son peuple pour des décennies. L’argument fit jurisprudence dans le droit international. Les États-Unis ont ainsi refusé que Cuba paye les dettes contractées par le régime colonial espagnol. Ils ont obtenu gain de cause via le Traité de Paris en 1898. C’est Alexander Nahum Sack, ancien ministre du Tsar Nicolas II, émigré en France après la révolution de 1917, professeur de droit à Paris, qui a formulé en 1927 ce concept juridique de « dette odieuse » :

« Si un pouvoir despotique contracte une dette non pas selon les besoins et les intérêts de l’État, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dette est odieuse pour la population de l’État entier. Cette dette n’est pas obligatoire pour la nation : c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée ; par conséquent, elle tombe avec la chute de ce pouvoir. »

 

La dette est stable : vive la dette ! dans Communauté spirituelleLes disciples du Christ feront écho sans peine à cette demande de ne pas faire peser sur les épaules des enfants les dettes que les pères ont injustement contractées. Tant de régimes dictatoriaux – en Afrique comme ailleurs – ont « plombé » l’avenir de leur peuple : il est de notre devoir de militer pour l’annulation de ces dettes odieuses, d’autant que souvent elles ont été conclues en connaissance de cause par les créanciers (un peu comme les banquiers ont fermé les yeux lors du surendettement des familles pauvres jusqu’en 2008)?

Le financement des retraites des générations âgées ne releverait-il pas également de cette pratique ‘odieuse’ ?

 

Sur le plan spirituel, la « dette odieuse » est celle que l’humanité a contractée à travers Adam symboliquement.

C’est la structure même de notre condition de créatures, où nous découvrons notre complicité avec le mal, et la dette que cela engendre à l’égard de Dieu. C’est cette « dette odieuse » que le Christ a clouée sur le bois de la croix, selon le mot de Paul : « Il a effacé, au détriment des ordonnances légales, la cédule de notre dette, qui nous était contraire; il l’a supprimée en la clouant à la croix. » (Col 2,14)

Croire que nous ne vivons plus sous le régime de l’expiation pour des fautes passées est au coeur du christianisme : la grâce offerte annule les dettes odieuses.

 

 

La dette effaçable

Tous les 50 ans, la Bible prévoit de remettre en quelque sorte les compteurs à zéro entre créanciers et débiteurs.

« Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé: chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan » (Lv 25,10).

L’institution du Jubilé est l’expression d’une volonté politique pour lutter contre l’accumulation des inégalités et des handicaps sociaux, qui autrement ne feraient qu’augmenter de génération en génération. En annulant les dettes, en libérant les esclaves, en bridant l’héritage, Dieu invite l’homme à lui ressembler jusque dans ses relations sociales.

 

Dans certains documents civils grecs, le mot  »aphésis » signifie une  »remise des taxes ». Et la traduction grecque de la Bible, appelée Septante, use de ce mot pour désigner, lors de l’année sabbatique, la relâche de l’homme accablé de dettes (Deutéronome 15,1) mais aussi la relâche accordée à la terre pour qu’elle se repose (Exode 23,11) ou encore la libération des esclaves (Jérémie 34,17).


Le chap. 25 du Lévitique parle de l’année du Jubilé. Dans la Septante, le mot  »aphèsis » y traduit exactement le mot hébreu  »derôr »,  »libération » :  »Vous déclarerez sainte la cinquantième année et vous proclamerez dans le pays la libération pour tous les habitants » (v.10) Mais – et cela est capital – il traduit aussi le mot  »yobel »,  »jubilé ». Là où le texte hébreu dit  »ce sera pour vous un jubilé », la traduction grecque comprend :  »ce sera pour vous un signal de liberté » (v.10 et 11). On le voit d’emblée : comprendre le sens du Jubilé, c’est mettre en valeur ses implications économiques et sociales.

Cf. http://www.bible-service.net/site/334.html

 

La remise de dettes à chaque Jubilé ne semble guère été observée jusqu’à présent. En tout cas, la remise jubilaire des dettes reste écrite dans la Tora comme l’expression de la sainteté de Dieu.

 

Nombres d’économistes se sont inspirés de cette loi du jubilé pour demander l’annulation de la dette des pays du tiers-monde. On se souvient par exemple du sommet du G8 en 2005, où les 8 pays créanciers se sont entendus sur un effacement de dette pour 18 pays pauvres très endettés, pour un montant de 40 milliards de dollars. C’est donc qu’il est possible de poursuivre sur cette voie de libération des plus pauvres d’une dette insupportable (sous condition de lutte contre la corruption et de respect des plans d’ajustement structurel qui visent à favoriser les investissements privés).

Pourquoi ne pas en étudier les modalités pour les dettes des pays riches ?

 

 

La dette vertueuse

Le capitalisme repose sur le crédit (credo), c’est-à-dire sur la confiance (croire en l’autre). La monnaie fiduciaire (fides = foi, confiance) est le symbole de cette relation de confiance qui unit créanciers et débiteurs. Sans confiance pas d’échanges, pas d’économies modernes. En ce sens, un niveau de dette raisonnable est compatible avec la notion de risque pour faire fructifier les talents reçus.

 

Après la crise de 1929, on a mis en pratique les théories de John Maynard Keynes sur  dette dans Communauté spirituellel’offre et la demande. Si la crise est une crise de surproduction et de sous-consommation, alors il suffit d’injecter de l’argent public (quitte à ce que l’État s’endette pour cela) pour relancer la consommation et la croissance, faisant ainsi reculer le chômage et l’inflation. Hitler l’avait bien compris avec ses grands travaux d’infrastructures et ses dépenses publiques pour le réarmement de l’Allemagne. Le plan Marshal ensuite après-guerre a mis ces idées en pratique, et engendré l’hyperconsommation des années 50-80. Ces « Trente glorieuses » ont consacré la théorie keynésienne de la dette vertueuse : ce n’est pas grave d’emprunter, même massivement, car cela se retrouvera dans la croissance. C’est le fameux mythe du multiplicateur keynésien : endettez-vous de 100 ? pour relancer l’économie par des dépenses publiques, et vous en trouverez 120 ou 150 dans la richesse produite.

 

Un député ose avouer avec courage que, justement parce que cela a semblé fonctionner après-guerre, tous les responsables politiques ont cru que la dette publique serait vertueuse à la longue :

« Soyons justes ! Keynes est un géant de la pensée économique. Nous lui devons, par exemple, le FMI de Mme Lagarde. Mais il est mort en 1946 et 2011 est bien la date de sa deuxième mort, celle d’un Keynes affirmant que « le déficit de État n’était pas si grave s’il servait à soutenir la demande et la consommation ».

Keynes insiste particulièrement sur l’investissement, faisant de État un acteur économique à part qui pouvait, lui et lui seul, dépenser plus qu’il ne gagnait??.Et le plus formidable, c’est qu’au début, entre-les deux guerres, cela marche !!!!!


Les États-unis se lancent dans une politique de grands travaux, les salaires y sont maintenus à un niveau correct, le déficit reste faible dans cette période historique et il est vite compensé par les recettes fiscales générées par la relance du New Deal?..et pour être honnête, de l’économie de guerre des États-unis entre 1941 et 1945.

Depuis cette époque, nous avons tous Keynes pour alibi lorsque nous sommes interrogés souvent de manière agressive avec cette question lancinante : « Mais qu’avez-vous fait de la France ? Et de ses finances publiques ? » Le dernier budget en équilibre de la France a été présenté ?.en 1980 par Raymond Barre. Depuis, nous avons tous, droite et gauche, voté des budgets en déséquilibre (80 milliards de déficit pour environ 300 milliards de budget en 2011) et accepté l’augmentation de la dette publique jusqu’à son montant actuel de 1640 milliards d’euros. Comment avons-nous pu accepter cela ?

Comment avons-nous  été aveuglés à ce point ? Keynes a joué le rôle du grand anesthésiste. Mais, nous avons été complices et lâches. Il m’arrive d’en avoir honte. »

 

http://jeandionis.com/blog.asp?id=18265 : « La deuxième mort de sir John Maynard Keynes »

 

On s’aperçoit aujourd’hui que dépenser beaucoup plus que ce que l’on gagne est toujours catastrophique, pour les États comme pour les particuliers !

 jubilé 

Par contre, il existe bel et bien une « dette vertueuse » en régime chrétien.

« Ne gardez entre vous aucune dette, sinon celle de l’amour mutuel » (Rm 13,8) : Saint-Paul ne veut pas d’une économie basée sur l’emprunt dans la communauté chrétienne. Mais il sait que la circulation du don est liée à la reconnaissance de la dette d’amour, envers Dieu d’abord et tous ensuite.

Je suis aimé avant que d’aimer.

Je reçois la vie avant de la donner.

Cette antériorité de l’amour reçu crée une dette vertueuse qui oblige à la faire circuler entre tous. Chacun, ne pouvant rembourser cette dette-là, accorde à l’autre un crédit qu’il renonce par avance à récupérer.

La parabole du bon samaritain qui soigne le blessé à l’auberge et disparaît pour ne pas être remboursé de sa dette en est la figure évangélique la plus aboutie.

 

Si la dette est stable, alors vive la dette qui circule et crée l’échange !

 

 

La dette souveraine

C’est la dette d’un État souverain.

Celle de la France suit la courbe ci-dessous. On voit que les intérêts de la dette coûtent désormais plus chers que la dette elle-même !

 

Dette_evolution_avec_et_sans_interets_G Keynes

L’explosion des dettes américaines et européennes est en effet en train d’engendrer une crise plus grave que celle des subprimes en 2008. À l’époque, c’étaient les pauvres qui s’endettaient trop – sous la pression des banques – pour acheter leur maison aux USA. Aujourd’hui, ce sont les États riches qui risquent de devenir insolvables…

 

Les partisans d’une certaine sobriété ne manqueront pas d’en tirer avantage, en s’appuyant sur les appels évangéliques à une certaine simplicité de vie. La frugalité était une vertu du capitalisme naissant. On ferait bien d’y revenir !

Dettes publique des Etats, en % du PIB

Fichier:Public debt percent gdp world map.PNG 

 

Remets-nous nos dettes

Pourquoi la traduction française du Notre Père a-t-elle remplacé le mot dettes par offenses ? Ce n’est pas fidèle au texte (le latin l’était : sicut et nos dimittimus debitoribus nostris). Quel dommage ! Car la prière que nous a enseignée le Christ parle bien de remise de dettes, sur un modèle économique, et pas de pardon ou de fautes ni d’offenses au sens moral du terme. Ce qu’enseignait le Christ est dans la droite ligne du Jubilé (Lévitique 25) : pratiquer régulièrement l’effacement des dettes mutuelles, pour éviter que ne s’accumulent la haine, la rancoeur et les vengeances sans fin (cf. la 1° lecture : Si 27, 30 ; 28, 1-7).

 

« Ne gardez entre vous aucune dette, sinon celle de l’amour mutuel ».

Si cette dette-là est stable, c’est bon signe !

 

 

 

 

1ère lecture : Comment un homme pécheur ne pardonnerait-il pas ? (Si 27, 30 ; 28, 1-7 )

 

Lecture du livre de Ben Sira le Sage

Rancune et colère, voilà des choses abominablesoù le pécheur s’obstine.
L’homme qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés.

Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis.

Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ?

S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ?

Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ?

Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements.

Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et oublie l’erreur de ton prochain.

 

Psaume : Ps 102, 1-2, 3-4, 9-10, 11-12

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits ! 

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ; 
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Il n’est pas pour toujours en procès,
ne maintient pas sans fin ses reproches ; 
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses. 

Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ; 
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.

 

2ème lecture : Nous vivons et nous mourons pour le Seigneur (Rm 14, 7-9)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

En effet, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même,
et aucun ne meurt pour soi-même :

si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur.

Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.

 

Evangile : Instruction pour la vie de l’Église. Pardonner sans mesure. (Mt 18, 21-35)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur nous a laissé un commandement nouveau : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Alléluia. (cf. Jn 13, 34)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »

Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois.


En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs.

Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent).

Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette.

Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.’

Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette.

Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : ‘Rembourse ta dette !’

Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai.’

Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé.

Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître.

Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : ‘Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié.

e devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’

Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait tout remboursé.
C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur. »
Patrick BRAUD 

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