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7 juin 2013

Naïm, ou la rétroactivité en marche

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Naïm, ou la rétroactivité en marche

Homélie du 10° Dimanche du temps ordinaire / Année C
09/06/2013

 

Nos rencontres nous révèlent qui nous sommes

C’est particulièrement vrai avec ce jeune homme qu’on va porter en terre (Lc 7,11?17). Consciemment ou non, Jésus va reconnaître sa mort dans la sienne. Ses disciples se souviendront – après Pâques – de cet épisode préfigurant la fin de leur maître et sa victoire sur la mort.

Tout se passe comme si nos rencontres les plus vraies, où nous engageons le meilleur de nous-mêmes, nous conduisaient à nous identifier à ceux que nous avons croisés. Comme s’il finissait par nous arriver ce que nous faisons arriver aux autres… Des rencontres autoréalisatrices en quelque sorte.

Suivez le fil de ce récit, et placez l’image du Christ en sa Passion sur celle de ce jeune homme en sa mort : les deux figures se superposent de façon troublante.

La foule

Une foule considérable forme cortège autour du mort. Une autre foule, nombreuse également, accompagne Jésus et ses disciples. Les deux foules se croisent. Au début elles sont bien distinctes. À la fin, « tous rendent gloire à Dieu » : les deux cortèges sont réunis dans une même action de grâces. Au début les deux foules vont en sens inverse l’une de l’autre ; à la fin elles sont visiblement rassemblées autour de Jésus, avant d’aller répandre cette parole dans toute la Judée et les pays voisins. À travers ces deux foules, Israël rencontre l’Église et l’Église Israël. Le Christ redonne vie aux fils d’Israël; il se comporte comme un « grand prophète », comme le grand prophète attendu et annoncé depuis l’ascension d’Élie auprès de Dieu (1R).

D’ailleurs, on reconnaît en lui Élie, qui le premier avait redonné vie au fils de la veuve de Sarepta (cf. la première lecture).

La foule de l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem avec ses rameaux reprendra ce ?gloire à Dieu’ enthousiaste. Même si elle sera ensuite manipulée pour crier « crucifie-le ! », la foule reconnaît en Jésus le grand prophète qui vient accomplir l’espérance d’Israël, et Jésus reconnaît en cette foule la vraie nature et le vrai destinataire de sa mission. C’est cette foule, passée par le feu au tamis de la Passion du Christ, qui deviendra avec sa résurrection le vecteur de la propagation du christianisme dans tout l’empire romain.

Bref : les deux foules de Naïm préfigurent l’Église réunissant juifs et disciples de Jésus dans une même action de grâces, dans une même mission d’évangélisation tout autour. C’est du moins le désir de Jésus, celui qui l’habitait, le mettait en mouvement, celui qui lui est révélé en voyant ces deux cortèges s’unir.

Naïm, ou la rétroactivité en marche dans Communauté spirituelle Naim

La porte

Le cortège du mort est en train de sortir de la ville. Il arrive même près de la porte de cette ville au moment où il croise le cortège du Christ. Jésus sait bien qu’il est lui-même la porte de (Jn 10,9) qui permet d’entrer et de sortir de l’intimité avec Dieu. Il en prend conscience plus radicalement dans cet épisode où le mort n’aura plus besoin de franchir la porte de la ville dès lors qu’il aura croisé la vraie porte du royaume de Dieu : Jésus en personne.

À l’époque, il était interdit d’enterrer les morts dans une ville, pour des raisons autant religieuses (la peur des revenants) qu’hygiéniques (la possible contamination par les cadavres). Jésus ne le sait pas encore lorsqu’il croise ce corps mort, mais lui-même sera traité ainsi : on le conduira « hors de la ville » pour être exécuté au Golgotha, à l’extérieur des remparts de Jérusalem. Il sera ainsi exclu du peuple juif, physiquement et symboliquement ; et le supplice de la croix portera cette exclusion au paroxysme.

 

Le fils unique de la veuve

Le parallélisme se renforce davantage lorsqu’on apprend que le mort était un fils unique, et que sa mère était veuve. Fils « unique », Jésus l’est doublement : il a une relation unique et singulière avec Dieu qu’il ose appeler Abba (papa), et avec qui il ne fait qu’un. En même temps, il est bien le fils unique de Marie et de Joseph ; il sait ce que cela représente à leurs yeux. Marie était sans doute déjà veuve à ce moment-là. Jésus peut facilement deviner le chagrin qui sera celui de sa mère, perdant en plus son seul enfant, et de façon humiliante et honteuse. Il est bouleversé par la douleur de cette mère, et « saisi de pitié pour elle ». Comme il sera bouleversé par la douleur de Marie au pied de la croix. Il fera alors pour elle ce qu’il va faire ici un Naïm…

Pour l’heure, le symbolisme du fils unique et de sa mère veuve renvoie également à la situation d’Israël au milieu des nations. Comparé souvent à une femme (le mot peuple est féminin en hébreu) dans la Bible, Israël ressemble à cette veuve éplorée : elle est dominée par les Romains, bientôt le temple de Jérusalem sera détruit et les fils d’Israël dispersés aux quatre coins de la terre (jusqu’en 1948 !). À l’heure où les Évangiles sont écrits, on pourrait croire qu’Israël est pour toujours comme mort, rayé de la carte, disparu aux yeux des nations.

Cette veuve de Naïm portant son fils en terre est une figure d’Israël à qui Jésus va redonner espoir et vie. Le mélange de deux foules, celle de Jésus et celle de la veuve, figurant l’unique Église du Christ, où païens et juifs sont associés au même héritage (la résurrection d’entre les morts) et à la même mission (annoncer le Christ au monde entier). Car « le salut vient des juifs » et c’est d’abord pour eux et avec eux que Jésus a conscience de faire corps.

Être saisi de pitié

Un mot sur la « pitié » qui saisit Jésus à la vue de cette veuve.

C’est parce qu’il imagine déjà l’immense peine de Marie qu’il frémit à celle de cette femme. Seul celui qui se sait exposé et vulnérable à l’aventure de l’autre pourra se laisser bouleverser par ce qui lui arrive. Jésus savait – de l’intérieur – le désespoir de cette mère abandonnée et seule.

« Ne pleure pas » : La pitié qu’il éprouve pour cette veuve n’est pas sentimentale : il retrouvera cette invitation ferme et courageuse pour l’adresser aux femmes de Jérusalem pleurant sur lui pendant son chemin de croix. « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants ! » (Lc 23,27)

Jésus n’est pas ici dans la consolation, mais dans le combat total contre les racines du mal radical.

Jésus réagit avec force, comme il réagira à la douleur de sa mère voyant mourir son fils unique. Le fera-t-il parce qu’il a déjà agi ainsi à Naïm, ou a-t-il fait cela allait en pensant déjà au Golgotha ? Difficile à dire : pour lui et pour nous, il y a comme une circularité de nos actes où certains moments de notre vie se réalisent parce qu’ils ont déjà été préfigurés dans d’autres, comme s’ils avaient été induits, rétroactivement pourrait-on dire.

  

Oser toucher l’impur

Bouleversé, Jésus ose s’approcher du cadavre et toucher la civière, risquant ainsi de calvaire-02p foule dans Communauté spirituellecontracter l’impureté rituelle du contact physique avec les morts (Nb 19,16). Dans sa Passion il inspirera la haine et le dégoût : on crachera sur lui, on l’insultera, on le traitera comme un impur. Son corps aurait dû pourrir sans sépulture (c’est la malédiction attachée au supplice de la croix pour les juifs) si un juste – Joseph d’Arimathie - n’avait osé s’approcher de Pilate pour demander son corps, et si les femmes n’avaient pas eu le courage de l’ensevelir en hâte la veille du grand sabbat de Pâques.

Oser toucher l’impur : Jésus en a fait son métier en quelque sorte, au point d’être identifié à lui. Pas seulement ici avec ce cadavre, mais si souvent avec les lépreux, les prostituées, les collaborateurs de l’occupant romain, les mendiants… Se compromettre physiquement avec l’autre, à ses côtés, jusqu’à risquer d’être assimilé à lui : c’est toujours la mission de l’Église (sa diaconie) si elle veut être fidèle à l’étrange proximité de Jésus avec les impurs.

En touchant cette civière, Jésus sait bien qu’il deviendra bientôt l’intouchable…

 

Se lever, s’asseoir, parler

Vient alors le mot-clé, décrit de manière très simple, très sobre (et non comme les gourous ou autres sorciers aimant entourer leurs actes de mystères étranges et redoutables). Après le contact physique c’est sur une parole, une seule parole, que Jésus rend la vie à ce corps inanimé : « jeune homme, je te l’ordonne : lève-toi ».

On ne connaît pas le prénom de ce jeune homme (contrairement à l’épisode pour Lazare : « Lazare, sors dehors »). Comme si justement il pouvait devenir tous les jeunes hommes du monde. En tout cas ce n’est pas au fils que Jésus s’adresse, mais au « jeune homme ». Françoise Dolto y avait vu l’indice d’une opération psychologique essentielle.

« C’est à sa liberté d’homme que cette voix mâle, lucide, calme et ferme l’a éveillé. Dans la mort il l’arrache à l’appel qu’il entendait de son père; ce père dont la voix avait résonné à ses oreilles dans sa jeune enfance était son moi idéal. Par la mort en quittant sa mère, c’est son père qu’il allait retrouver. » *

Avec autorité (« je te l’ordonne ! »), Jésus sépare cet  enfant de sa mère, qu’elle avait involontairement étouffé de son amour Sans doute en reportant trop sur lui l’amour porté à son mari décédé le premier. Il lui redonne un espace de liberté qui lui permet de devenir lui-même, un homme en devenir (« jeune homme ») et non plus le « fils unique d’une veuve ».

Quoi qu’il en soit, l’ordre du Christ manifeste qu’il a autorité même sur la mort. Écouter sa parole et le suivre permet de se redresser, c’est-à-dire de ne plus se laisser dominer par les pulsions de mort qui le maintiennent couché, immobile.
Puis le jeune homme s’assoit, et l’on sait depuis l’Ascension que « être assis » à la droite de Dieu représente la position de celui qui a vaincu toutes les forces du mal et de la mort.

« Et il se mit à parler » : le premier acte du fils unique mort devenu le jeune homme vivant est de parler, sans qu’on sache le contenu de son discours. Peu importe : c’est parler qui manifeste la vie et rend vivant.

Le Christ, parole du Père, sait mieux que quiconque combien la parole et la vie sont liées.

La ville

Le nom Naïm signifie (encore aujourd’hui en arabe) : doux, délicieux, beau, agréable, mais également endormi, calme. C’est le seul usage de ce nom dans toute la Bible. Le jeune homme est endormi dans la mort, et le Christ vient réveiller en lui ses forces vitales pour avoir le désir de se lever, de parler, d’aimer. Le Golgotha signifie « crâne » (car la colline où fut exécuté Jésus avait la forme d’un crâne humain, dans lequel les Pères de l’Église se sont empressés de reconnaître le crâne du premier Adam) : il représente cet autre endormissement qu’est la mort absolue. Le parallèle antithétique entre Adam et Jésus est ainsi porté à son comble : parce qu’il affronte la mort radicale, Jésus est capable de tirer chaque être humain des endormissements qui le menacent, depuis nos langueurs de vivre (comme ce jeune homme) jusqu’à la mort physique.

Recevoir son fils, pas le posséder

« Et Jésus le rendit à sa mère ».

La traduction liturgique n’est pas fidèle au texte original (comme souvent hélas) qui précise : « Jésus le donna à sa mère ». La nuance est importante. Il ne s’agit pas d’un simple retour à la maison. Il s’agit d’un don, où quelqu’un de nouveau est donné à sa mère pour qu’elle vive avec lui une autre relation qu’avant. Comme une nouvelle naissance…

Jésus se souviendra peut-être de cela lorsque lui-même osera donner un enfant nouveau à sa mère : « femme, voici ton fils ». Il donne Jean à Marie. D’un côté il achève ainsi d’associer absolument Marie à sa propre déréliction. D’un autre côté, il donne une maternité nouvelle à Marie, annonçant celle qu’il confiera à son Église : engendrer à la vie nouvelle ceux qui l’accompagnent dans sa passion.

La foule (Israël // Église) peut alors d’un seul coeur proclamer un ?Gloire à Dieu’ préfigurant celui de Pâques, dans un élan missionnaire annonçant l’évangélisation du monde entier.

 

La boucle rétroactive

Jésus avait tout pour reconnaître dans le cortège du fils de la veuve de Naïm sa propre destinée. En redressant ce mort, en lui redonnant la parole, il pose des actes à la lumière desquels il pourra ensuite déchiffrer les événements de sa Passion.

Cherchez bien : il y a sûrement dans votre histoire une circularité semblable. Vous avez posé des actes qui en retour vous ont façonné et vous ont permis de découvrir qui vous êtes. Vous avez pu agir sur des événements qui vous ont révélé à vous-mêmes.
Agir / devenir : il y a comme une boucle rétroactive où ce qui va advenir de nous se nourrit de ce que nous en avons affirmé à un moment donné.

Jésus, pleinement humain, a vécu cette dialectique de la conscience de soi à soi. L’épisode de Naïm en est particulièrement frappant.

Nous avons donc nous aussi quelques Naïms à relire pour aller à la recherche de nous-mêmes…

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Françoise Dolto, Les évangiles et la foi au risque de la psychanalyse, éd. Gallimard, p. 89.

 

1ère lecture : À la prière d’Élie, Dieu rend la vie au fils d’une veuve (1 R 17, 17-24)

Lecture du premier livre des Rois

Après cela, le fils de la femme chez qui habitait Élie tomba malade ; le mal fut si violent que l’enfant expira.Alors la femme dit à Élie : « Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! » Élie répondit : « Donne-moi ton fils ! » Il le prit des bras de sa mère, le porta dans sa chambre en haut de la maison et l’étendit sur son lit. Puis il invoqua le Seigneur : « Seigneur, mon Dieu, cette veuve chez qui je loge, lui veux-tu du mal jusqu’à faire mourir son fils ? » Par trois fois, il s’étendit sur l’enfant en invoquant le Seigneur : « Seigneur, mon Dieu, je t’en supplie, rends la vie à cet enfant ! »Le Seigneur entendit la prière d’Élie ; le souffle de l’enfant revint en lui : il était vivant !

 Elie prit alors l’enfant, de sa chambre il le descendit dans la maison, le remit à sa mère et dit : « Regarde, ton fils est vivant ! » La femme lui répondit : « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique. »

Psaume : Ps 29, 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13

R/ Je t’exalte, Seigneur, toi qui me relèves.

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ; 
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse. 

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles, 
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant, 
sa bonté, toute la vie. 

Avec le soir, viennent les larmes, 
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse, 
mes habits funèbres en parure de joie !

Que mon coeur ne se taise pas, 
qu’il soit en fête pour toi, 
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, 
je te rende grâce !

2ème lecture : L’Évangile de Paul n’est pas une invention humaine (Ga 1, 11-19)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates
Frères, il faut que vous le sachiez, l’Évangile que je proclame n’est pas une invention humaine. Ce n’est pas non plus un homme qui me l’a transmis ou enseigné : mon Évangile vient d’une révélation de Jésus Christ.
Vous avez certainement entendu parler de l’activité que j’avais dans le judaïsme : je menais une persécution effrénée contre l’Église de Dieu, et je cherchais à la détruire.
J’allais plus loin dans le judaïsme que la plupart des gens de mon peuple qui avaient mon âge, et, plus que les autres, je défendais avec une ardeur jalouse les traditions de mes pères.
Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie ; de là, je suis revenu à Damas.
Puis, au bout de trois ans, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté quinze jours avec lui.
Je n’ai vu aucun des autres Apôtres sauf Jacques, le frère du Seigneur.

Évangile : Jésus rend la vie au fils de la veuve de Naïm (Lc 7, 11-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Un grand prophète s’est levé parmi nous : Dieu a visité son peuple. Alléluia. (cf. Lc 7, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. En la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle, et lui dit : « Ne pleure pas. »  Il s’avança et toucha la civière ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa, s’assit et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère.
La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » Et cette parole se répandit dans toute la Judée et dans les pays voisins.
Patrick Braud

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31 mai 2013

Donnez-leur vous-mêmes à manger

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DONNEZ-LEUR VOUS-MÊMES À MANGER

Homélie pour la fête du Corps et du Sang du Christ
02/06/2013

Les récits de la multiplication des pains sont si connus qu’on a du mal à en tirer du neuf ! Essayons pourtant, en suivant le fil du texte, et en l’appliquant à la responsabilité qui est la nôtre aujourd’hui de nourrir nos proches, notre famille, comme les affamés de chez nous et d’ailleurs.

 

1. L’Église n’est pas une ONG, elle ne fait pas dans l’humanitaire

Tout commence en effet par un long enseignement, et des guérisons. Jésus sait d’instinct que les foules ont d’abord besoin d’une parole pour vivre ; une parole efficace qui remet debout, qui soigne les plaies et rétablit chacun dans sa dignité. Il sait que « l’homme ne vit pas seulement de pain », et il prend le temps de les instruire longuement sur le règne de Dieu. La plupart des O.N.G. inverseraient  l’ordre : dans l’urgence, d’abord donner à manger, et ensuite seulement on s’occupera du reste.

Les actions humanitaires mettent l’aide matérielle en premier. Et du coup elles s’exposent à ne soigner que les symptômes des crises sans jamais traiter les causes. L’humanitaire n’a jamais résolu les problèmes de famine ou de santé de l’humanité : elle les rend moins insupportables, pour ceux qui y sont confrontés en urgence. Le Christ met son Église sur une autre voie : la faim humaine est fondamentalement orientée vers Dieu, toutes les autres fins y sont ordonnées (ce qui n’enlève rien à leur importance).

Le Pape François le disait tranquillement dans la première homélie de son pontificat :

« Nous pouvons marcher tant que nous le voulons, construire un tas de choses, mais si nous ne confessons pas Jésus Christ, rien ne va.
Nous deviendrions une ONG ‘philanthropique’ (pietosa * en italien) 
mais non l’Église, l’Épouse du Seigneur ».

 

2. Ne pas s’arrêter à la première solution trouvée

Nourrir cette foule affamée : le défi est si énorme que les Douze en tirent immédiatement une décision sans appel : « renvoie-les, qu’ils puissent aller s’acheter à manger « . Décision rationnelle, un peu courte sans doute, trop rapide en tout cas.

Cela nous arrive souvent de décider ainsi : devant une impossibilité apparente, on se rabat tout de suite sur la première solution à portée de main. Ici c’est l’évitement, le transfert de responsabilités. À d’autres moments ce sera la fuite, la soumission, ou le choix d’actions apparemment bonnes mais pas les meilleures en fait.

En topologie, on apprend qu’une surface peut avoir plusieurs optima très éloignés les uns des autres : l’art de la décision est alors de se donner assez de temps pour explorer le plus d’optima possibles, sans se rabattre trop vite sur le premier trouvé…

Le Christ fait faire ce chemin aux Douze. À partir du renvoi des foules, les Douze acceptent d’envisager d’autres hypothèses, même si elles leur semblent impossibles : acheter de quoi nourrir tout le monde, faire l’inventaire de la nourriture disponible sur place etc.

Finalement, ils feront confiance, sans savoir ni comprendre ce qui va se passer.

Leur chemin est toujours le nôtre : devant une décision difficile à prendre, devant une impossibilité apparente, faisons comme les apôtres, allons en parler simplement au Christ. Sans lui cacher nos débats, nos doutes, nos ébauches de solutions, mais en acceptant qu’il ait le dernier mot, en lui faisant confiance. Au lieu de nous débarrasser trop rapidement du problème, demandons-lui comment le régler, ce qu’il attend de nous pour cela. Et agissons en conséquence sans maîtriser le comment et le pourquoi…

 

3. Pas d’auto-limitation !

La plupart du temps, nous intériorisons tellement nos limites que nous n’osons plus rêver au-delà de ce qui est immédiatement possible.

Donnez-leur vous-mêmes à manger dans Communauté spirituelle barrieres-mobiles-de-securite-16552Nous devons certes évaluer nos ressources : cinq pains et deux poissons. Mais ne nous limitons pas trop vite à partir de là ! Si l’évaluation semble montrer que la solution est hors de portée, n’en concluons pas que c’est impossible.

Comptons sur  Dieu et pas sur nos seules forces.

« Ils ne savaient pas que c’était impossible. Alors ils l’ont fait » (Mark Twain).

La vie des entreprises, des associations est remplie de ces histoires extraordinaires où des gens ordinaires ont relevé des défis insurmontables. Ils y sont arrivés parce qu’ils ne se sont pas limités à l’inventaire des cinq pains et deux  poissons, mais parce qu’ils ont fait confiance à l’effet multiplicateur de leur action.

 

4. Une implication maximum

Le paradoxe de la multiplication des pains, c’est que le Christ fait tout, mais ne veut rien faire sans passer par ses disciples (et pas seulement les Douze). « Tout faire comme si cela ne dépendait que de moi, mais tout attendre de Dieu seul » disait saint Ignace de Loyola.

Impossible de prier le Christ de nourrir les foules aujourd’hui sans nous impliquer un maximum dans cette prière !

C’est la grandeur de l’activité économique que de participer ainsi à la multiplication des richesses pour qu’elle soit effectivement distribuée à tous ceux qui ont faim. C’est l’honneur de la philosophie et de la culture en général que de participer à l’enseignement sur le royaume de Dieu, sur la quête la plus fondamentale de l’être humain. C’est le devoir des parents, des voisins, des bénévoles et autres donateurs que de ne pas fuir leurs responsabilités dans l’apport de nourriture en tout genre à leurs enfants, leurs proches, leurs concitoyens en détresse.

Le Christ n’a pas méprisé les cinq pains et les deux poissons. De même il accueille nos humbles ressources que nous désirons mettre à sa disposition.

Il a voulu passer par les mains des disciples pour nourrir la foule. Il veut encore utiliser le peu que nous pouvons lui apporter pour accomplir de grandes choses avec ces presque rien.

Si l’implication de chacun et maximum, alors l’efficacité du geste du Christ sera démultipliée à l’infini : « donnez-leur vous-mêmes à manger ».

 

Lorsqu’arrivera le mur d’un défi impossible à relever, relisez les récits évangéliques de la multiplication des pains: ils nous apprennent à décider autrement, pour ne pas fuir nos responsabilités, pour que notre action soit habitée par un Autre, à sa manière à Lui.

 

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* Le terme italien « pietosa » se traduit en français aussi bien par « pitoyable » que par « compatissante ». Et personne ne savait dans l’immédiat ce que le pape argentin, qui a appris l’italien avec sa grand-mère piémontaise, entendait exactement par le terme employé.

 

 

1ère lecture : Melkisédek offre à Dieu le pain et le vin (Gn 14, 18-20)

Lecture du livre de la Genèse

Comme Abraham revenait d’une expédition victorieuse contre quatre rois, Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut.
Il prononça cette bénédiction :« Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a fait le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. »
Et Abram lui fit hommage du dixième de tout ce qu’il avait pris.

Psaume : Ps 109, 1, 2, 3, 4

R/ Tu es prêtre à jamais, Christ et Seigneur !

Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. » 

De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au c?ur de l’ennemi. »

Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore, je t’ai engendré. »

Le Seigneur l’a juré dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »

2ème lecture : Institution de l’Eucharistie (1Co 11, 23-26)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, moi, Paul, je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur : la nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. »

Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

Evangile : Le Christ nourrit son peuple (Lc 9, 11b-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours. Alléluia. (cf. Jn 6, 51-52)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus parlait du règne de Dieu à la foule, et il guérissait ceux qui en avaient besoin.
Le jour commençait à baisser. Les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule, ils pourront aller dans les villages et les fermes des environs pour y loger et trouver de quoi manger : ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons… à moins d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde. » Il y avait bien cinq mille hommes.
Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante. » Ils obéirent et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils distribuent à tout le monde. Tous mangèrent à leur faim, et l’on ramassa les morceaux qui restaient : cela remplit douze paniers.  Patrick Braud

17 mai 2013

Le marché de Pentecôte : 12 fruits, 7 dons

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le marché de Pentecôte : 12 fruits, 7 dons

Homélie pour la fête de Pentecôte / Année C
19/05/2013


Parmi les innombrables pistes possibles pour savourer cette belle fête de Pentecôte, je vous propose de revisiter ce que la tradition chrétienne rapporte comme spécifique à  l’Esprit Saint : les fameux 7 dons de l’Esprit, et les 12 fruits qui y sont liés.

 

Les fruits de l’Esprit Saint

Paul décrit en Ga 5,23 ce qu’il est convenu d’appeler les fruits de l’Esprit. « Voici ce que produit l’Esprit : amour, joie, paix, patience, sens du service, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n’y a pas de loi. »

Le marché de Pentecôte : 12 fruits, 7 dons dans Communauté spirituelle 12-fruits-of-the-spirit 

La tradition catholique s’est arrangée pour compléter la liste et identifier symboliquement 12 fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, longanimité, bienveillance, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté (CEC 1832).

La joie : pas l’élan superficiel, mais la plénitude de celui qui se sait en accord avec lui-même, et qui se sent aimé de Dieu.

Paix, patience,?longanimité : savoir endurer le mal ou l’offense sans répondre du tac au tac (être longanime = être long à la vengeance, à la colère).

Bonté, bienveillance (ah !, le regard : voir ce qui est bien chez l’autre, dire du bien de l’autre, sans jalousie, c’est vraiment un fruit de l’Esprit !)

Mansuétude = miséricorde affectueuse.

Fidélité (surtout lorsqu’elle est difficile par ses seules forces).

Modestie, continence (savoir s’abstenir quand cela est bien, et pas seulement sur le plan physique).

Chasteté = respecter l’autre sans l’utiliser pour son propre plaisir?

 

Quels sont les fruits de l’Esprit que porte l’arbre de mon existence ?


Les dons de l’Esprit Saint

* À ces 12 fruits de l’Esprit auquel on reconnaît si l’arbre de nos choix est bon ou non, s’ajoutent les 7 dons de l’Esprit, que l’effusion de Pentecôte nous offre largement à travers le baptême la confirmation et l’Eucharistie tout particulièrement ; ces 7 dons sont : la sagesse, l’intelligence, le conseil, la force, la science, la piété et la crainte de Dieu (CEC 1831).

Rassurez-vous, la crainte de Dieu, ce n’est pas avoir peur de Dieu (l’amour parfait chasse la peur, comme le répète inlassablement St Jean), mais c’est la crainte de ne pas aimer assez, craindre de passer à côté de la grandeur de Dieu. Quelquefois, la crainte est le commencement de la sagesse (cf. la crainte du gendarme et la sagesse routière !) Mais le 7° don de l’Esprit, c’est de mesurer que Dieu est sans mesure, et ne pas rester en repos tant que cette immense soif d’infini me taraude.

Comment pourrais-je ne pas craindre de passer à côté de l’amour ?

 

Des repères simples pour le discernement spirituel

Avec ces 7 dons et ces 12 fruits, nous avons là une règle de discernement essentielle, et finalement très simple :  » On juge l’arbre à ses fruits «  comme disait Jésus.

* Voulez-vous savoir si vous êtes à la bonne place dans l’existence ?

Avez-vous des envies de changer ?

Vous posez-vous des questions sur des choix importants à faire ou à refaire ?

L’Esprit de Pentecôte peut vous aider à prendre du recul, à faire le tri : qu’est-ce qui dans ma vie vient de Dieu ? Qu’est-ce qui ne vient pas de lui ?

Appliquez la règle de discernement que Paul vient de nous donner : si cela vient de l’Esprit, cela produit à la longue des fruits de l’Esprit : amour, paix, joie, patience, bonté. Sinon…

Lorsque s’installe dans ma vie la tristesse, l’amertume, c’est que je ne vis plus dans l’Esprit du Christ. Lorsqu’une décision, même douloureuse produit à la longue paix et humilité, elle est l’?uvre de l’Esprit en moi.

* Nous avons tous connu des femmes qui ont renoncé à un amant, des hommes qui ont renoncé à une amante, passionnément aimé(e), parce qu’ils percevaient à la longue qu’ils n’étaient plus en paix avec eux-mêmes devant Dieu, devant leur famille. Ils reconnaissent après cette rupture combien cette décision chirurgicale a été source de leur salut.

* Nous avons tous connu des gens de tous âges qui ont brusquement changé complètement d’orientation professionnelle parce qu’ils avaient au fond d’eux-mêmes un malaise : l’absence de paix, de joie, de bonté, que même des gros salaires ou de belles carrières ne pouvaient combler.


* Nous avons tous connu aussi des gens qui souffraient d’un travail imposé, non choisi, et qui les usait matin après matin. Il a parfois suffi qu’ils décident de vivre autrement, en le choisissant au lieu de le subir, pour que le même travail soit vécu  » dans l’Esprit « , c’est à dire comme une source d’amour, de joie, de paix, de patience?

 

Les exemples sont nombreux ! Si je suis attentif aux fruits que produit en moi ma vie de famille, mon travail, ma vie spirituelle… alors je pourrai progresser : en repérant ce qui produit en moi les attitudes du c?ur dont parle St Paul, je pourrai aller de ce côté-là. Et au contraire me détourner de ce qui produit en moi du verjus, comme disent les artisans de la vigne devant un fruit décevant et amer.


* Faites attention aux émotions, aux sentiments profonds qui s’installent en vous lorsque vous faites tel choix ou telle activité. Si vous ressentez l’un des 12 fruits de l’Esprit, c’est bon signe ! Sinon, méfiez-vous : soit il faut reconsidérer votre choix, soit il faut vivre autrement. Sinon vous tournez le dos à l’Esprit de Pentecôte? car il s’agit d’unifier sa vie, et l’unité, c’est le travail de l’Esprit, depuis toujours en Dieu jusqu’à toujours entre l’homme et Dieu.


7 dons, 12 fruits : faites votre marché de Pentecôte !

Ayez surtout le courage de réexaminer votre existence actuelle à la lumière de ces critères de discernement.

Vous en serez  » soufflés « , du souffle de la Pentecôte.

 

 

Fête de Pentecôte / Messe du jour

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses ?uvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

2ème lecture : « L’Esprit fait de nous des fils » (Rm 8, 8-17)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, sous l’emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais ce n’est pas envers la chair : nous n’avons pas à vivre sous l’emprise de la chair. Car si vous vivez sous l’emprise de la chair, vous devez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les désordres de l’homme pécheur, vous vivrez.
En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c’est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : « Abba ! »
C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

Séquence de Pentecôte

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle.

Evangile : « L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 15-16.23b-26)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité.
Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
 Patrick Braud 

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10 mai 2013

Poupées russes et ruban de Möbius…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Poupées russes et ruban de Möbius..

Homélie du 7° Dimanche de Pâques / Année C
12/05/2013

Les poupées russes de l’évangile de Jean…

Connaissez-vous les poupées russes ?

C’est d’abord un bel objet en bois peint, représentant une femme en habit traditionnel, très fleuri, venant à coup sûr des pays de l’Est. On l’appelle « matriochka » là-bas = petite mère.

Surprise : cette figurine s’ouvre par le milieu ! Elle laisse apparaître, en elle, une 2° matriochka, identique, plus petite, tout aussi souriante, pomponnée et chamarrée.

Et bien sûr ce n’est pas terminé : cette 2° matriochka s’ouvre car elle contient en elle une 3° figurine, plus petite, mais égale.

En lisant l’Évangile de Jean d’aujourd’hui, je me disais que ces 3 poupées russes pouvaient nous aider à visualiser ce qui est en jeu.

« Demeurez dans mon amour » : c’est la plus petite poupée russe qui vient se blottir à l’intérieur de la poupée du milieu.

« Comme moi je demeure dans l’amour du Père » : c’est la matriochka du milieu qui vient se loger à l’intérieur de la grande, qu’on pourrait appeler « Patriochka », en référence au Père.

Les grands discours de l’évangile de Jean déclinent cette image des poupées russes : « Qu’ils soient en moi comme moi en toi » dit Jésus.

« Qu’ils soient un, comme toi et moi, Père, nous sommes un ».

La dynamique du Baptême fait de même : baptiser, c’est plonger quelqu’un en Christ, pour qu’il devienne grâce au Christ, un véritable enfant de Dieu, fils ou fille adoptive du Père.

La dynamique de la messe relève aussi de cette même intériorité mutuelle.

La prière eucharistique culmine dans la grande acclamation (doxologie) :

« Par Lui, avec Lui, et en Lui  (la petite figurine dans la moyenne)

à Toi Dieu le Père tout Puissant,dans l’unité du Saint Esprit (les 2°  figurines dans la grande),

tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ».

On voit alors que communier, ce n’est pas tant « laisser entrer Jésus dans son coeur » (comme on aime souvent dire aux enfants) que laisser Jésus nous faire entrer dans son corps (qu’est l’Église).

Comme l’écrivait le génial Augustin : « Je suis la nourriture des forts : grandis, et tu me mangeras. Tu ne me changeras pas en toi, comme la nourriture de ta chair, mais c’est toi qui te changeras en moi » (Confessions ; Livre 7,X, 16).

Ce n’est pas le Christ qui devient du pain et du vin : c’est du pain et du vin qui basculent dans le monde du Christ, le monde de la Résurrection.

Ce n’est pas nous qui assimilons le Christ, c’est le Christ qui nous assimile à Lui.

La poupée russe du milieu (le Christ) englobe la petite (moi) et non l’inverse !

Dans la communion, c’est donc notre « christification », et finalement notre divinisation qui est en jeu : nous recevons celui que nous devenons, nous devenons celui que nous recevons.

Le ruban de Möbius

Si les matriochkas ne vous parlent guère, peut-être serez-vous sensibles au ruban de Möbius : prenez un ruban, tordez son rebord de manière à faire un huit qui boucle sur lui lui-même. Ce ruban a bien deux bords, mais en suivant celui de dessus entre votre pouce et votre index, vous vous retrouvez mystérieusement sur celui du dessous, sans pouvoir distinguer quand vous passez de l’un à l’autre. Cette intériorité mutuelle des deux bords du ruban de Möbius a intrigué bien des mathématiciens et des philosophes : comment deux surfaces distinctes peuvent-elles ne faire qu’un à ce point ?

« Moi en lui et lui en moi », disait Jésus en parlant de son Père?

Poupées russes et ruban de Möbius... dans Communauté spirituelle ruban-mobius

C’est cette unité essentielle qu’il nous offre de partager. Le Fils unique nous donne de devenir enfants adoptifs. En nous unissant à lui, ou plutôt en le laissant nous unir à lui, nous pourrons aimer comme lui, parce que avec lui et en lui.

 

Les martyrs, ces autres Christs

Ainsi Étienne, le premier martyr (et diacre) de l’Église : le récit des Actes des Apôtres de notre première lecture prend bien soin de noter ses attitudes et ses paroles comme suivant de très près celles du Christ dans sa Passion. « En face de ses accusateurs », Étienne regarde vers le Christ, et trouve ainsi la force de se remettre avec confiance entre ses mains (« reçois mon esprit ») comme le Christ l’a fait avec son Père (« Père entre tes mains je remets mon esprit »). Plus encore, avec quasiment les mêmes paroles, il va jusqu’à pardonner comme lui à ses bourreaux : « ne leur compte pas ce péché ». Étienne inaugure ainsi la longue lignée de martyrs tellement unis au Christ qu’ils reproduisent en leur chair, en paroles et en actes, la Passion du Christ uni à son Père.

la_lap11 matriochka dans Communauté spirituelle 

Avant même le baptême ou l’eucharistie, le martyr était la voie véritable par laquelle on devenait uni au Christ et à son Père. Étienne était un autre Christ, dans l’offrande de lui-même qu’il faisait par amour, jusqu’au bout. Ne plus faire qu’un avec le Christ est le but de l’aventure spirituelle. Comme gémissait Paul : « ce n’est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi ». (Ga 2,20)

 

Si nous demeurons « en Christ », puisque lui-même est uni à son Père, nous sommes comme la petite matriochka tout entière accueillie au sein de la grande « patriochka »?

 

 

L’intériorité mutuelle

Cette notion si johannique de l’intériorité mutuelle a eu une fécondité remarquable dans l’histoire des idées.

- Elle a d’abord été utilisée en théologie, pour décrire les relations intra-trinitaires.

- Puis en ecclésiologie, car cette expression s’applique également avec bonheur aux relations entre Église universelle et Église locale.

943134_5124231 TrinitéEn effet, pour les Pères de l’Église comme pour ceux du concile Vatican II, l’Église de Dieu se réalise dans et à partir des Églises locales. Le texte majeur de Vatican II est la définition du diocèse donnée en Christus Dominus 11:

« Un diocèse est une portion (portio) du peuple de Dieu, confiée à un évêque, pour qu’avec l’aide de son presbyterium, il en soit le pasteur; ainsi le diocèse, lié à son pasteur et par lui rassemblé dans l’Esprit-Saint, grâce à l’Évangile et à l’Eucharistie, constitue une Église particulière en laquelle est vraiment présente et agissante l’Église du Christ, une, sainte, catholique et apostolique. » Les premières versions du texte employaient le mot pars  et non  portio : or la nuance est capitale! En effet, une partie d’une table n’est pas une table; alors qu’une portion d’un gâteau est encore du gâteau, avec les mêmes propriétés que l’ensemble. On retrouve cette fameuse propriété d’intériorité mutuelle qui interdit de considérer l’Église locale comme une subdivision de l’Église universelle. L’Église locale est déjà une présence et une manifestation plénière de l’Église du Christ, aux conditions que le texte énumère : l’accueil de l’Évangile, de l’Esprit et de ses dons, la célébration de l’Eucharistie, le ministère pastoral.

Un deuxième texte conciliaire majeur est en Lumen Gentium 23, à propos de la collégialité épiscopale: chaque Église particulière est « constituée à l’image de l’Église universelle », et c’est « en elles » (les Églises particulières) « et à partir d’elles qu’existe l’Église catholique, une et unique ».

Chaque Église locale a les mêmes propriétés que l’Église prise dans son ensemble. Le Concile ne s’est pas engagé sur des questions d’antériorité ou de supériorité à propos du rapport Église universelle – Églises locales, mais il a caractérisé ce rapport comme un rapport d’intériorité mutuelle . Hervé Legrand défend ainsi cette position: « Une telle articulation entre Églises locales et Église entière représente bien une révolution copernicienne par rapport à l’ecclésiologie jusque là courante, puisqu’on cesse de voir les Églises locales comme des réalisations partielles, et subordonnées, de l’Église entière. Plus justement, on affirme désormais que, l’Église de Dieu étant pleinement présente dans l’Église locale-diocésaine, l’Église entière doit être comprise à partir des réalisations locales de l’Église: concrètement l’Église entière se réalise dans la communion entre les Églises et dans ce qui manifeste leur réception mutuelle.

Une Église locale a  le tout  de l’Église, mais elle n’est pas toute l’Église. Elle est catholique  parce que  locale, à condition toutefois d’être en communion avec toute les autres Églises locales (avec une place spéciale pour la communion avec l’Église de Rome), qui sont des Églises différentes  mais non pas  autres  (thème des Églises-soeurs) 2.

 

- En psychologie également, l’intériorité mutuelle évoque les relations entre amis, entre amants. Le nous trinitaire est structurant du nous amoureux et familial, créés à son image et à sa ressemblance.

 

- En anthropologie, le rapport de l’homme à son corps peut être pensé sur ce mode de l’intériorité mutuelle (‘j’ai un corps’, et ‘je suis mon corps’).

- En métaphysique, St Thomas d’Aquin (suivant Aristote, et dépassant son dualisme âme-emc2corps) pensait que l’âme et le corps étaient unis par un double rapport d’inclusion réciproque : l’âme est la forme du corps (hylémorphisme), à tel point que seule la résurrection dite ?générale’ à la fin des temps correspond intégralement à l’espérance chrétienne, car l’âme y recevra alors un nouveau corps ?spirituel’ adapté à ce monde nouveau, sans qu’il y ait dissociation entre la ?chair’ de ce moi ressuscité et sa forme nouvelle.

 

- Il n’est jusqu’à la physique contemporaine qui ne puisse jouer de cette dualité ? unité : la double nature de la lumière (ondes et corpuscules), l’intériorité mutuelle de la matière et de l’énergie dans la relativité d’Einstein (E=mc² !), la courbure de l’espace-temps, ou la mystérieuse superposition des états quantiques?

 

Les choses et les êtres sont faits pour l’unité, mais une unité trinitaire où la différence n’est pas abolie. Le concept d’intériorité mutuelle, développé comme un leitmotiv obsédant dans l’évangile de Jean, est sans doute le plus adapté pour décrire ce que nous sommes appelés à devenir, par nature et par vocation : des relations vivantes aux autres, où le lien de communion conjugue l’altérité et l’intimité, sans séparation ni confusion.

 

Comme les matriochkas russes, comme le ruban de Möbius, désirons-nous cultiver cette intériorité mutuelle qui est la marque de l’amour, aussi bien dans nos relations familiales, que professionnelles ou amicales ?

________________________________________________

1. L’expression est de Jean-Paul II: Discours à la Curie Romaine du 20/12/1990, AAS 83 (1991) 745-747.

2. Cf. TILLARD J.M.R., L’Église locale. Ecclésiologie de communion et catholicité,  Cerf, coll. Cogitatio Fidei n° 191, Paris, 1995, pp. 76-144, pour les développements autour de ces thèmes.

1ère lecture : Étienne, pendant son martyre, voit Jésus à la droite de Dieu (Ac 7, 55-60)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

Étienne était en face de ses accusateurs. Rempli de l »Esprit Saint, il regardait vers le ciel ; il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu.
Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts : le Fils de l’homme est debout à la droite de Dieu. »
Ceux qui étaient là se bouchèrent les oreilles et se mirent à pousser de grands cris ; tous à la fois, ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et commencèrent à lui jeter des pierres. Les témoins avaient mis leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul.
Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. »
Puis il se mit à genoux et s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort.

Psaume : Ps 96, 1-2b, 6.7b, 9

R/ Élevé dans la gloire, Christ est Seigneur !

Le Seigneur est roi ! Exulte la terre !
Joie pour les îles sans nombre !
Justice et droit son l’appui de son trône.

Les cieux ont proclamé sa justice,
et tous les peuples ont vu sa gloire.
À genoux devant lui, tous les dieux !

Tu es, Seigneur, le Très-Haut
sur toute la terre :
tu domines de haut tous les dieux.

2ème lecture : « Viens Seigneur Jésus » (brève : 12…17) (Ap 22, 12-14.16-20)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai entendu une voix qui me disait : « Voici que je viens sans tarder, et j’apporte avec moi le salaire que je vais donner à chacun selon ce qu’il aura fait. Je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Heureux ceux qui lavent leurs vêtements pour avoir droit aux fruits de l’arbre de vie, et pouvoir franchir les portes de la cité. 

Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. Je suis le descendant, le rejeton de David, l’étoile resplendissante du matin. »

L’Esprit et l’Épouse disent :« Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise aussi : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il approche. Celui qui le désire, qu’il boive l’eau de la vie, gratuitement.

Et moi, je témoigne devant tout homme qui écoute les paroles de la prophétie écrite dans ce livre : si quelqu’un inflige une addition à ce message, Dieu lui infligera les fléaux dont parle ce livre ; et si quelqu’un enlève des paroles à ce livre de prophétie, Dieu lui enlèvera sa part des fruits de l’arbre de vie et sa place dans la cité sainte dont parle ce livre.

Et celui qui témoigne de tout cela déclare : « Oui, je viens sans tarder. » ‘Amen ! Viens, Seigneur Jésus !

Evangile : La grande prière de Jésus : « Qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 20-26)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur ne vous laisse pas orphelins : il reviendra vers vous, alors votre c?ur connaîtra la joie. Alléluia. (cf. Jn 14, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, les yeux levés au ciel, il priait ainsi : « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant même la création du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ils ont reconnu, eux aussi, que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux.»

Patrick Braud

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