L'homélie du dimanche (prochain)

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29 mai 2010

La Trinité et nous

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La Trinité et nous

 

Homélie de la fête de la Trinité

30/05/2010

 

L’enjeu cette fête de la Trinité est finalement très simple, mais avec des répercussions immenses !

 

·      L’enjeu, outre Dieu en lui-même, est notre identité humaine.

Si notre identité d’homme, c’est d’être à son image, alors cela change tout de dire que Dieu est seul (monothéisme juif ou musulman), ou Trine (monothéisme chrétien), ou qu’il est plusieurs (paganisme) etc?

 La Trinité et nous dans Communauté spirituelle

« Dis-moi quel est ton Dieu, je te dirai quel est ton homme » : la représentation que nous avons de Dieu reflue sur notre conception de l’être humain. En ce sens, il est inexact de dire : « on a tous le même Dieu », comme si la Trinité était une réalité insignifiante.

 

Notre Dieu n’est pas solitaire : en lui-même il est amour, et pas seulement à notre égard. En lui-même il est constitué d’une communauté de relations où le Père et le Fils sont unis l’un à l’autre dans le lien vivant qu’est l’Esprit (ces trois noms restent analogiques ; seules des images peuvent approcher l’indicible). Si nous sommes à l’image de ce Dieu Trinité, et pas d’un Dieu seul en lui-même, alors la même pluralité nous habite. Concrètement, chacun de nous peut faire l’expérience d’un dialogue intime avec soi-même, avec la création à la fois extérieure et intérieure à chacun, avec Dieu en soi et soi en Dieu, avec la trace des relations aux autres qui nous ont marquées?

Tout en établissant un contact avec d’autres, c’est avec soi que la communion peut commencer (ce qui évitera d’ailleurs de trop demander aux autres).

 

·      Un peu comme la Sagesse  de notre 1° lecture : elle est aux côtés du Créateur avant la création ; elle l’assiste comme un maître d’oeuvre. C’est pourquoi elle peut jouer devant lui avec les fils des hommes, trouvant ses délices dans cette dimension ludique et gratuite de la relation?

 

La tradition chrétienne a vu dans la Sagesse une annonce du Christ, le Verbe de Dieu par qui tout a été fait (cf. le prologue de Jean : Jn 1). Le Christ, « Sagesse de Dieu » (1Co 1,30), est celui par qui et pour qui tout a été fait (Col 1,15-20). C’est « en le regardant » en quelque sorte que le Père nous a façonné à son image.

 

On peut également voir dans la Sagesse de l’Ancien Testament la figure de l’Esprit. Féminin en hébreu (ruah), l’Esprit traduit la proximité quasi-maternelle du Dieu transcendant. Il reste le Tout-Autre, et pourtant par la Sagesse il agit dans l’histoire (cf. l’admirable relecture historique de Sg 10), comme l’Esprit-Saint conduit l’Église aujourd’hui encore… La subtilité de la réflexion juive avait déjà imaginé que l’incroyable proximité du Dieu transcendant révélait en lui plusieurs manières d’agir, et peut-être plusieurs manières d’être Dieu?

 

·      Le premier enjeu de cette fête de la Trinité est donc anthropologique : qui donc est l’homme s’il est à l’image d’un Dieu trinitaire ?

 

Les conséquences de cette révélation sont immenses ; difficile de les aborder toutes.

Je voudrais juste signaler deux domaines où l’on ne s’attend pas à ce que le concept de Trinité vienne bousculer la donne : la politique, l’économie.

 

·      En politique, si l’on croit en un Dieu à la fois Trine et Un, on ne devrait pas bâtir de pouvoir politique unique qui n’accepte pas de contre-pouvoirs. L’absolutisme politique renvoie à un Dieu monarque, seul à exercer la puissance. Un Dieu trinitaire oblige à faire de la place à la différence, à l’altérité, à la pluralité des pouvoirs. L’Orient chrétien en a tiré la théorie politique de la symphonie des pouvoirs, symbolisée par l’aigle à deux têtes représentant le pouvoir royal à Byzance. Les églises orthodoxes ont toujours cherché cette symphonie avec les pouvoirs politiques quels qu’ils soient, en Russie ou dans les pays de l’Est.

armorie dans Communauté spirituelleL’Occident chrétien a développé la théorie politique des deux glaives, le spirituel et le temporel, renvoyant à la distinction entre Dieu et César. Même si ces deux glaives se sont combattus ou ont recherché chacun à dominer l’autre, ils étaient obligés de reconnaître qu’ils n’était pas seuls.

Aujourd’hui, le pluralisme, valeur fondamentale de nos démocraties modernes, a peut-être sa source dans la pluralité des personnes divines et leur unité étonnante. En théorisant la séparation des pouvoirs, Montesquieu n’avait sans doute pas conscience d’offrir une version profane de la Trinité, et pourtant…

Un et Trine : ni l’absolutisme ni l’anarchie, ni la charia ni le relativisme absolu, ni la théocratie ni le sécularisme ne peuvent être compatibles avec cette représentation divine? Une société à l’image d’un Dieu trinitaire aura à coeur de conjuguer unité et pluralisme, transcendance et immanence, dans des liens fraternels. D’ailleurs, la devise républicaine française est ternaire, justement parce qu’elle obéit sans le savoir à une structure constitutive qui vient finalement de la Trinité ! La liberté marque la dimension verticale du sujet ; l’égalité marque la dimension horizontale entre les sujets ; la fraternité est le lien indispensable entre les deux.

 

·      En économie, croire en un Dieu trinitaire produit aussi des effets étonnants !

Ce qui motive l’homo  oeconomicus, ce n’est alors plus le seul intérêt individuel (à maximiser sur les marchés), mais la soif de relations qui lui permettent d’exister comme homme « trinitaire », le désir de vivre une communion (qui a sa source en Dieu) plus forte que la seule jouissance matérielle ou financière. Les acteurs économiques, s’ils peuvent accueillir cette « révélation » de leur être le plus profond (qui est relationnel et non pas matériel ou individuel), vont alors poursuivre d’autres objectifs et mettre en place d’autres systèmes économiques que ceux basés sur une conception païenne, polythéiste, ou au contraire totalitaire.

La place manque pour développer, mais vous sentez bien que le travail humain, le rôle de l’argent, de l’État, dépendent finalement beaucoup de la conception de l’être humain qu’ont les acteurs de nos économies modernes.

 

·      « Dis-moi quelle est ton Dieu, je te dirai quel est ton homme »

Et vous, comment pouvez-vous méditer sur cette image et cette ressemblance que nous avons avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint ?

Qu’est-ce que le fait d’être « trinitaire » peut / doit changer dans votre manière d’exister ?…

 

Première lecture : La Sagesse aux côtés du Créteur        Proverbes 8,22-31

Écoutez ce que déclare la Sagesse: « Le Seigneur m’a faite pour lui au commencement de son action, avant ses ?uvres les plus anciennes. Avant les siècles j’ai été fondée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre.

Quand les abîmes n’existaient pas encore, qu’il n’y avait pas encore les sources jaillissantes, je fus enfantée. Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée. Alors que Dieu n’avait fait ni la terre, ni les champs, ni l’argile primitive du monde, lorsqu’il affermissait les cieux, j’étais là. Lorsqu’il traçait l’horizon à la surface de l’abîme, chargeait de puissance les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme; lorsqu’il imposait à la mer ses limites, pour que les eaux n’en franchissent pas les rivages, lorsqu’il établissait les fondements de la terre, j’étais à ses côtés comme un maître d’?uvre. J’y trouvais mes délices jour après jour, jouant devant lui à tout instant, jouant sur toute la terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »

 

Deuxième lecture : Romains 5,1-5

Frères et s?urs, Dieu a fait de nous des justes par la foi; nous sommes ainsi en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a donné, par la foi, l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis; et notre orgueil à nous, c’est d’espérer avoir part à la gloire de Dieu. Mais ce n’est pas tout: la détresse elle-même fait notre orgueil, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance; la persévérance produit la valeur éprouvée; la valeur éprouvée produit l’espérance; et l’espérance ne trompe pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos c?urs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.

 

Évangile : Jean 16,12-15

À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples: « J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même: il redira tout ce qu’il aura entendu, et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi; voilà pourquoi je vous ai dit: il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »

 Patrick Braud 

12 mai 2010

Les vases communicants de l’Ascension

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Les vases communicants de l’Ascension

 

Homélie de l’Ascension / année C

13/05/2010

 

Depuis l’Ascension, il y a du nouveau en Dieu !

Autrefois, du temps des dieux des philosophes, on pensait que rien ne devait changer en Dieu, car sinon il aurait été imparfait.

Dans le christianisme, la fête de l’Ascension marque une rupture par rapport à cette conception païenne d’un Dieu « immuable ».

En effet, aujourd’hui, notre nature humaine est introduite auprès de Dieu. Avec Jésus, notre humanité est assise « à la droite du Père ». En « remontant » auprès de son Père, le Fils, « vrai homme et vrai Dieu », fait donc en sorte que notre nature humaine soit désormais associée à la gloire, à la vie divine.

   

Il y a donc du nouveau en Dieu : notre humanité !

Lorsque nous relevons la tête vers Lui, nous pouvons en fait contempler notre propre nature humaine transfigurée en Christ, « assise » auprès de Lui…

 

Ce Dieu-là n’est pas étranger à nos joies, à nos peines. Ce Dieu qui fait de la place en lui pour l’homme-Jésus saura être attentif à ce qu’exprime l’homme de la rue de sa condition humaine, radieuse ou blessée.

Depuis l’Ascension « les cieux sont ouverts », la communication peut monter et descendre entre Dieu et l’homme (comme les anges sur l’échelle de Jacob), car Dieu a adopté en Jésus ressuscité notre famille humaine au sein de sa « famille » divine.

 

La résurrection du Christ nous renouvelle dans le même mouvement où lui-même est renouvelé en Dieu, parce que en Jésus le Christ, l’humanité et la divinité sont indissolublement liées, même au-delà de la mort.

Comme l’eau mêlée au vin dans le calice, on ne peut séparer Jésus-Christ de son épouse l’Église : ce qui arrive à l’un arrive également à l’autre ; ce qui transforme l’un transforme également l’autre.

Si nous le croyons vraiment, alors quelle énergie, quelle source de renouveau pourrons-nous puiser dans cette fête de l’Ascension ! !

 

Au Moyen Âge, les chrétiens avaient conscience bien plus que nous l’importance de cette fête. C’est souvent le Christ en Ascension qui était représenté sur les façades romanes : il orientait ainsi toute l’histoire humaine. Il aimantait l’activité des hommes : les saisons et les professions (symbolisées à travers les travaux et les signes du zodiaque), la liturgie et la vie de l’Église, la charité envers les pauvres…

Les paroles de Paul s’inscrivaient ainsi dans la pierre :

« Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire ».

(Col 3,1-4)

 

Retrouvons cette immense espérance de l’Ascension : nous sommes faits pour être avec le Christ, dans la gloire de Dieu. Notre humanité est assise en lui auprès du Père. Levons la tête, et tâchons de correspondre par toute notre vie à cet avenir, aujourd’hui pleinement réalisé dans l’Ascension, dans la transfiguration de l’homme-Dieu.

 

Méditer sur ce bouleversement en Dieu serait déjà largement suffisant pour s’émerveiller d’un tel amour, qui va jusqu’à offrir à l’étranger le plus intime de sa propre demeure…

 

Mais il y a plus !

Si du nouveau apparaît en Dieu grâce à l’Ascension, c’est que réciproquement il y a du nouveau en l’homme, capable d’être ainsi divinisé !

Et si « le Fils unique, ayant pris notre nature humaine, la fit entrer dans la gloire à ta droite » (Prière eucharistique n°1), c’est « pour nous rendre participants de sa divinité » (2° préface de l’Ascension).

 

Les vases communicants de l'Ascension dans Communauté spirituelle vases_communicantsC’est le vieux principe des vases communicants : lorsqu’un flux de liquide envahit le tube de gauche, alors le niveau du tube de droite augmente lui aussi jusqu’à ce que le trop-plein se répartisse de manière égale entre les deux vases communicants.

Jésus le Christ est en personne cette communication entre Dieu et l’homme : la plénitude de la divinité qui lui est « redonnée » aujourd’hui rejaillit en plénitude de cette même divinité pour notre nature humaine, parce qu’il est vraiment Dieu et vraiment homme.

 

 

 

À l’Ascension, il y a du nouveau en Dieu pour qu’il y ait du nouveau en l’homme.

Dieu accepte ce « changement » pour que nous puissions croire à cette opération cachée, pourtant si simple : Dieu « diffuse » en nous, parce que le Christ « diffuse » en Dieu.

Dieu transforme notre existence à la mesure dont le Christ est transformé au sein de Dieu.

 

Puissions-nous faire cette expérience des vases communicants de l’Ascension, pour que toute notre vie en soit transformée…

 

 

 

1ère lecture : L’Ascension du Seigneur (Ac 1, 1-11)

Commencement du livre des Actes des Apôtres

Mon cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement,
jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel après avoir, dans l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis.
C’est à eux qu’il s’était montré vivant après sa Passion : il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur était apparu, et leur avait parlé du royaume de Dieu.
Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre ce que le Père avait promis. Il leur disait : « C’est la promesse que vous avez entendue de ma bouche.
Jean a baptisé avec de l’eau ; mais vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours. »
Réunis autour de lui, les Apôtres lui demandaient : « Seigneur, est-ce maintenant que tu vas rétablir la royauté en Israël ? »
Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les délais et les dates que le Père a fixés dans sa liberté souveraine.
Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Après ces paroles, ils le virent s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée.
Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que deux hommes en vêtements blancs se tenaient devant eux et disaient :
« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »

 

Psaume : Ps 46, 2-3, 6-7, 8-9

 R/ Dieu monte parmi l’acclamation, le Seigneur aux éclats du cor

Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre.

Dieu s’élève parmi les ovations, 
le Seigneur, aux éclats du cor. 
Sonnez pour notre Dieu, sonnez, 
sonnez pour notre roi, sonnez ! 

Car Dieu est le roi de la terre : 
que vos musiques l’annoncent ! 
Il règne, Dieu, sur les païens, 
Dieu est assis sur son trône sacré.

2ème lecture : Le Christ est entré dans le sanctuaire du ciel(He 9, 24-28; 10, 19-23)

Lecture de la lettre aux Hébreux

Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire construit par les hommes, qui ne peut être qu’une copie du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu.
Il n’a pas à recommencer plusieurs fois son sacrifice, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ;
car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis le commencement du monde. Mais c’est une fois pour toutes, au temps de l’accomplissement, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice.
Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois, puis de comparaître pour le jugement,
ainsi le Christ, après s’être offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude, apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
C’est avec pleine assurance que nous pouvons entrer au sanctuaire du ciel grâce au sang de Jésus :
nous avons là une voie nouvelle et vivante qu’il a inaugurée en pénétrant au-delà du rideau du Sanctuaire, c’est-à-dire de sa condition humaine.
Et nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu.
Avançons-nous donc vers Dieu avec un coeur sincère, et dans la certitude que donne la foi, le coeur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure.
Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.

 

Evangile : Les dernières paroles et l’Ascension de Jésus (Lc 24, 46-53)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur disait : « Il fallait que s »accomplisse ce qui était annoncé par l »Écriture ; les souffrances du Messie, sa résurrection d »entre les morts le troisième jour,
et la conversion proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
C’est vous qui en êtes les témoins.
Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une force venue d’en haut. »
Puis il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, il les bénit.
Tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et fut emporté au ciel.
Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie. 
Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.
Patrick BRAUD

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27 mars 2010

Il a été compté avec les pécheurs

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Il a été compté avec les pécheurs

 

Homélie du Dimanche des Rameaux / Année C

28/03/10

 

« Il a été compté avec les pécheurs » (Is 53,12).

 

Cette citation du prophète Isaïe est sans doute la clé, propre à Luc, qui lui permet de déchiffrer l’énigme de la passion de Jésus que nous lisons en ce dimanche des Rameaux.

Luc est en effet le seul évangéliste à aller chercher dans les « chants du Serviteur souffrant » d’Isaïe l’explication du déchaînement du mal contre Jésus, et son apparente faiblesse tout au long de son procès et de sa passion.

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

De Etty Hillesum à Nelson Mandela, du capitaine Dreyfus aux erreurs judiciaires d’aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui peuvent se reconnaître dans cette expérience douloureuse : être injustement rangé au rang des criminels.

Mais, en plus, dans cette passion singulière, c’est Dieu lui-même qui est compté avec les pécheurs ! Le Dieu trois fois saint est plongé dans l’abîme de la dérision, de l’insulte, du mépris, et on veut faire croire à Jésus qu’il est un blasphémateur, qu’il est loin de Dieu, lui l’Intime !

 

L’extrême souffrance de l’accusé Jésus n’est alors pas d’abord la douleur physique des épines ou des clous. C’est l’affreuse immersion dans « l’océan pestilentiel du péché », selon l’expression des mystiques. Il fait corps avec les pécheurs, avec les rejetés, les réprouvés, les exclus de la société, les sans-Dieu, les contre-Dieu…

 

- Contemplez son angoisse au Mont des Oliviers : ce n’est pas la douleur physique qui le fait suer du sang ; c’est l’opprobre de la croix (cf. He 13,13) qui approche, symbole de la malédiction (« maudit soit qui pend au gibet de la croix », dit le Deutéronome 21,23 // Ga 3,13) et de l’éloignement absolu.

- Ressentez sa tristesse, lorsqu’il découvre que les amis et les gestes d’amitié deviennent des armes utilisées contre lui :« Judas, c’est par un baiser que tu livres le fils de l’homme ? » « Pierre, tu vas me renier trois fois ».

- Partagez son indignation lorsqu’on le traite comme un moins que rien : « suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? »

 

- Plongez dans son désarroi lorsqu’on l’insulte : « fais le prophète ! » ; lorsqu’on l’accuse de blasphème (lui, le fils de Dieu !), lorsque Hérode le traite avec mépris et se moque de lui.


- Laissez résonner cet immense silence qui étonne ses accusateurs : Jésus se tait devant le tribunal, comme il s’était tu devant les accusateurs de la femme adultère…

- Mesurez son sentiment d’abandon, et peut-être de honte, lorsque la foule de son peuple lui préfère le meurtrier Barabbas, et crie sa haine : « crucifie-le ! ».

 

- Même l’un des malfaiteurs le traite comme un inférieur : suspendu à la croix, Jésus se fait injurier par l’un de ses compagnons d’infortune…

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

Lui qui était Dieu, il s’est abaissé jusque là (cf. 1° lecture : Philippiens 2,6-11), jusqu’à cette descente aux enfers où on le range avec les blasphémateurs, les sans-Dieu, les criminels à éliminer…

 

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Pourquoi a-t-il bu cette coupe jusqu’à la lie ?

Pourquoi a-t-il accompli cette prophétie d’Isaïe : être assimilé aux derniers des pécheurs?

·     Pour que nul ne désespère.

·     Pour que nul enfer ne soit scellé à jamais.

·     Pour que ceux dont la dignité est bafouée soient sûrs qu’en Dieu elle est pleinement reconnue.

·     Pour que les exclus, les rejetés des hommes découvrent en Jésus leur frère, qui les  réintroduit dans la famille de Dieu.

·     Pour que ceux dont on se moque, qu’on insulte, qu’on maltraite, qu’on exclut de la compagnie des hommes entendent cette parole incroyable : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

 

Que la passion du Christ vienne soutenir toutes nos passions humaines…

 

 


1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Is 50, 4-7)

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre :je sais que je ne serai pas confondu.
Parole du Serviteur de Dieu : Le Seigneur Dieu m »a ouvert l »oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.

 

Psaume : Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais.

Tu me mènes à la poussière de la mort. +
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. +
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m’as répondu ! +
Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur, + glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël.
Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! »
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son oeuvre !

 

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Ph 2, 6-11)

Lui qui était dans la condition de Dieu,il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.

Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement,
il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir,et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur »,pour la gloire de Dieu le Père.
Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n »a pas jugé bon de revendiquer son droit d »être traité à l »égal de Dieu ;

 

Evangile : La Passion (Lc 22, 14-71; 23, 1-16.18-56)

Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous.
Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Mais non. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait :
« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre.
Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »
Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin.
Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là. Pierre était parmi eux.
Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je n’en suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes.
Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l’emmenèrent devant leur grand conseil.
Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « C’est vous qui dites que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche. »
Quand l »heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à tables, et les Apôtres avec lui.
Ils se levèrent tous ensemble et l’emmenèrent chez Pilate.
Ils se mirent alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et se dit le Roi Messie. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. »
Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu’ici. »
A ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
A la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l’accusaient avec violence.
Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant ils étaient ennemis.
Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
Les chefs des prêtres et les scribes emmenèrent Jésus chez Pilate.
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. »
Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande.
Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous’.
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée,
ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché.
Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c’était un juste. »
Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.
Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste.
Il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

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20 février 2010

Et plus si affinité…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

ET PLUS SI AFFINITÉ ?

 

Homélie du  1° Dimanche de Carême / Année C

21/01/10

 

Les trois tentations de notre page d’évangile sont construites autour de la même structure:

chapiteau de Chauvigny

SI    tu es le fils de Dieu,          Alors     ordonne à cette pierre de devenir du pain

         tu te prosternes devant moi,             tu auras tout cela

         tu es le fils de Dieu,                         jette-toi en bas.

 

Comme quoi cela peut être particulièrement « diabolique » d’utiliser nous aussi cette structure de langage ! C’est ce que nous faisons hélas lorsque nous disons à nos proches ou à nos collaborateurs :

- Si tu es mon enfant, alors tu dois réussir en classe.

- Si tu m’obéis aveuglement, tu auras de l’avancement.

- Si tu es chrétien, tu dois tout partager…

 

On perçoit l’ombre du chantage qui pèse sur ces déclarations radicales.

Si tu es ce que tu prétends être, je te prends au mot, et tu es coincé : tu dois correspondre à l’image que je me fais de cette identité.

 

C’est presque à un débat sur l’identité nationale que nous assistons entre le démon est Jésus !

Le démon lui parle de son identité filiale pour amener Jésus à tomber dans la folie du pouvoir, démesuré, magique, tout-puissant : transformer les pierres en pain, voler dans le vide sans se faire mal…

Et Jésus lui répond justement à partir de son identité la plus intime : être fils, c’est se recevoir, et non faire tout ce dont j’ai envie.

- Recevoir sa nourriture, la vraie : la Parole qui sort de la bouche d’un Autre.

- Recevoir la gloire des mains de Dieu, à sa manière, et non pas magouiller pour obtenir une gloire trop humaine (« la gloire de ces royaumes »).

- Recevoir sans maîtriser, ce qui implique de ne pas mettre Dieu à l’épreuve en l’utilisant pour faire du spectaculaire.

 

L’identité, qu’elle soit française ou filiale, ne s’obtient pas à l’issue d’un chantage ou d’un marchandage.

Elle résulte d’un don gratuit : la nation donne à un enfant de faire partie de la communauté française, ou bien Dieu donne à celui qui croit – et qui le proclame – d’être sauvé et de devenir enfant de Dieu.

 

La deuxième lecture utilise elle aussi une structure conditionnelle : si tu crois… si tu affirmes de ta bouche… alors tu seras sauvé. Mais ce n’est pas ici pour faire pression, ce n’est pas un chantage, ce n’est pas une instrumentalisation de l’identité de l’autre, c’est au contraire une invitation à recevoir gratuitement le salut offert sans condition ! Il suffit de vouloir le recevoir pour qu’il soit réel.

Tout l’inverse du démon qui voudrait pousser Jésus à conquérir par lui-même une identité contestée : si tu es le fils de Dieu, montre-le moi, et à tous !

 

Le travail de sape des tentations est donc de nous faire croire que l’amour serait toujours au conditionnel, suspendu à telle ou telle performance.

Si tu fais cela, alors je croirai en toi : avouons que nous mettons souvent Dieu à l’épreuve de cette manière !

- Si tu m’épargnes la maladie, alors j’irai à pied à Saint-Jacques-de-Compostelle…

- Si tu es Dieu, tu dois m’éviter ce licenciement.

- Si tu es Dieu, tu aurais dû éviter au peuple haïtien ce terrible tremblement de terre…

 

Du coup, nous reproduisons ce chantage au conditionnel avec nos collègues de travail :

- Si tu apportes de bons résultats, tu auras ta place parmi nous ;

ou avec nos familles :

- Si tu es mon mari / ma femme, tu dois m’apporter tout ce qui me manque ;

ou avec notre Église :

- Si tu es vraiment évangélique, tu dois être meilleure que les autres… (sinon je te quitte !)

 

Alors que Jésus renverse la perspective :

- Tu es enfant de Dieu… nourris-toi de sa Parole.

- Tu as déjà le salut et la vie : pourquoi te prosterner devant des idoles qui ne peuvent rien pour toi ?

- Tu es déjà aimé de Dieu : pourquoi en voudrais-tu des preuves magiques et extraordinaires ?

 

Ce renversement de perspective rejaillit donc sur nos propres comportements :

- Tu es mon collaborateur : appuie-toi sur cette confiance pour donner le meilleur de toi-même.

- Tu as mon affection, ma reconnaissance, et ce qui est à moi est à toi : appuie-toi sur ce pouvoir partagé pour te mettre au service des autres.

- Tu es mon enfant / mon conjoint / mon parent : tu n’as rien à prouver, sois libre d’être toi-même, n’écoute pas ce qui veulent te mettre à l’épreuve et Dieu avec…

 

Alors au début de ce carême, ne soyons pas des tentateurs, de ceux qui mettent une pression insupportable sur leurs proches en leur faisant un chantage permanent, comme si tout était « sous condition ».

Combattons cette tendance sournoise à tout marchander.

Car « tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent ».

 

 

 


1ère lecture : La profession de foi du peuple d’Israël (Dt 26, 4-10)

Moïse disait au peuple d’Israël : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu.
Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen vagabond, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse.
Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage.
Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés.
Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte par la force de sa main et la vigueur de son bras, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges.
Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel.
Et voici maintenant que j’apporte les prémices des produits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »

 

Psaume : Ps 90, 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab

R/ Reste avec nous, Seigneur, dans notre épreuve

Quand je me tiens sous l’abri du Très Haut
et repose à l’ombre du Puissant
Je dis au Seigneur:  » Mon Refuge
mon Rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

Le malheur ne pourra te toucher
ni le danger approcher de ta demeure
Il donne mission à Ses anges
de te garder sur tous tes chemins

Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres
tu marcheras sur la vipère et le scorpion
tu écraseras le lion et le dragon

« Puisqu’il s’attache à Moi, Je le délivre
Je le défends car il connaît Mon Nom
il m’appelle et Moi Je lui réponds
Je suis avec lui dans son épreuve « 

2ème lecture : La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Frère, nous lisons dans l’Ecriture : La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton coeur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons.
Donc, si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton coeur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé.
Celui qui croit du fond de son coeur devient juste ; celui qui, de sa bouche, affirme sa foi parvient au salut.
En effet, l’Écriture dit : Lors du jugement, aucun de ceux qui croient en lui n’aura à le regretter.
Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent.
Il est écrit en effet, tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés.

 

Evangile : La tentation de Jésus (Lc 4, 1-13)

Après son baptême, Jésus, rempli de l »Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l »Esprit à travers le désert
où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre. »
Le démon l’emmena alors plus haut, et lui fit voir d’un seul regard tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient et je le donne à qui je veux.
Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ;
car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder ;
et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick BRAUD

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