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2 mars 2013

Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les multiples interprétations symboliques du buisson ardent

Homélie du 3° Dimanche de Carême / Année C
03/03/2013

Ce célébrissime épisode du buisson ardent contient une multitude de pistes (il est polysémique, dirait-on pour faire savant) : la continuité pour Moïse entre le métier de berger dans le désert et celui de leader de l’Exode; la révélation de la transcendance ; le tétragramme (Y. H. W. H.) ; le lien entre la vision de Moïse, celle de Dieu (« j’ai vu ») et la libération de l’esclavage, les résistances de Moïse à se laisser envoyer au service de cette libération (cf. les résistances de Moïse et les nôtres) etc…

Limitons-nous en ce Dimanche au symbolisme de buisson ardent.
Pourquoi une telle bizarrerie ? que peut-elle bien signifier ?

Parcourons avec la sagesse juive quelques-unes des interprétations les plus vivifiantes de cet événement étrange.

 

1. Le buisson, symbole de l’humilité de Dieu

Quoi de plus raz de terre qu’un buisson dans l’immensité d’un désert ? Ce n’est pas un arbre majestueux qui dominerait le plateau caillouteux. Ce n’est pas une forêt puissante ni une palmeraie accueillante. Non, ce n’est qu’une boule de ronces qui essaie de survivre en s’accrochant à un sol ingrat. Et Dieu se manifesterait dans ce végétal rachitique ?

Eh bien justement, le grand Dieu transcendant, celui que rien ne peut contenir ni les cieux  ni les galaxies, choisit de se manifester dans ce modeste amas d’épines. C’est donc que Dieu peut s’incarner dans les réalités les plus dérisoires de notre monde.

Le buisson est ainsi le signe de l’immanence de Dieu dans les zones les plus humbles de la création.

Un non juif demanda à R. Yochoua ben Korha : pourquoi Dieu a-t-il  choisi de parler à Moïse à partir du buisson ?  Il lui répondit: et si c’était  à partir d’un caroubier ou d’un sycomore, m’aurais-tu également posé  la question ?!? Enfin, pour ne pas te laisser sans réponse, apprends que cela nous révèle que nul endroit au monde n’est dénué  de Présence divine, et même le buisson.  Exode Raba 2, 5 (Commentaire du V-VI° siècle)
Rabbi  Eliezer disait: de même que le buisson est le plus bas de tous les arbustes, ainsi les fils Israël étaient vils et humiliés en  Égypte; et c’est  pourquoi Dieu les sauva.

Les chrétiens n’auront aucun mal à plus tard à faire le lien avec le pain eucharistique : ce modeste bout de pain peut flamboyer de la présence divine ; il suffit que Dieu le veuille ainsi.
Et Jésus, l’humble messie humilié, sera lui-même en personne l’incarnation du Dieu tout-puissant et en même temps si proche.

 

2. Le buisson ardent, symbole de l’existence éternelle du peuple d’Israël et de l’Église

Un buisson, c’est fait d’épines. Cela évoque donc la souffrance de ce qui s’enfonce dans la chair au point de provoquer douleur et sang versé. En se révélant à Moïse du coeur d’un buisson, Dieu annonce que le peuple libéré par Moïse connaîtra l’épreuve de l’Exil, puis l’horreur de la Shoah.

Rabbi  Yossi disait : de même que le buisson est l’arbuste le plus hostile, de sorte que tout oiseau qui y pénètre ne peut en sortir indemne, ainsi l’esclavage en Égypte dépassa tout ce que l’on connaîtra par la  suite.

La liberté d’Israël lui coûtera cher, car les hommes ne la supporteront pas.
Mais puisque ces épines brûlent sans se consumer, c’est donc que même l’Exil, même la Shoah ne pourront rayer Israël de la carte des peuples de la terre. La promesse est ainsi faite au serviteur souffrant qu’est Israël que, même à travers le feu des pogroms et des rejets en tout genre qu’on lui fera subir, il continuera jusqu’au terme de l’histoire humaine à témoigner du Dieu unique : Y.H.W.H.

Et pour quelle raison Dieu se révéla t-il à Moïse  de  cette façon ?   C’est que celui-ci portait l’inquiétude dans son coeur : les Égyptiens ne sont-ils pas capables d’exterminer le peuple d’Israël ?  Dieu lui montra  alors le feu qui ne dévorait pas le buisson, et lui dit : ainsi les Égyptiens ne parviendront pas à détruire Israël ! (Chemot Raba 2,5)

Ce grand prodige : c’est le premier signe mentionné dans la Torah que Dieu fit à son  prophète Moïse. C’est pourquoi Il lui dit : « ce sera pour toi un signe que Je t’ai envoyé »»  (Exode 3,12). Et ceci constitue un bon signe, car l’ennemi est comparé au feu et Israël au  buisson ; c’est pourquoi il ne se consume pas.
Abraham ibn Ezra (1089?1164)

Les chrétiens n’auront aucun mal à superposer à cette interprétation collective l’interprétation individuelle ou Jésus, couronné d’épines, connaît le feu de la passion sans être dévoré ni par la mort, ni par la haine, ni par le mal. Hélas, certaines traditions auront tendance à substituer la deuxième à la première ; mais il faut absolument garder les deux ensemble.

Le buisson que les flammes ne peuvent anéantir est à la fois le Messie humble, humilié, et son peuple qui fait corps avec lui, Israël et l’Église indissolublement unis. « Les portes de la mort ne pourront rien contre elle », prédira Jésus.

 

3. Le buisson, symbole de l’angoisse de Moïse

Un buisson ne porte pas de fruits, mais seulement des épines, sur une terre désolée. En contemplant le buisson du désert, Moïse pouvait y reconnaître son angoisse devant la condition de son peuple : prisonnier de l’esclavage comme un buisson enserré dans ces épines, stérile puisque condamné à n’être pas un peuple, et condamné à voir ses premiers-nés mourir à cause de la peur de ses maîtres devant son désir de vie (sa démographie jugée galopante). Moïse peut légitimement se demander si son appartenance hébreu n’est plus qu’un mauvais souvenir : il est devenu berger, héritier probable du riche Jethro, marié avec bonheur à sa fille Cippora, enfin loin des troubles de la cour égyptienne.

Pourtant, chaque buisson fait remonter en lui cette bouffée d’angoisse de celui qui se souvient que les siens sont restés là-bas, comme des brindilles bientôt sèches, stériles et mortes.

Salutaire angoisse, lorsqu’elle nous rappelle les libération inachevées auxquels nous devons nous atteler.

Salutaire angoisse qui nous empêche d’oublier nos solidarités les plus vraies, avec ceux qui sont les vaincus de l’histoire officielle.

Les chrétiens n’ont aucun mal à faire le lien avec Jésus pleurant sur Jérusalem à cause de son infécondité, ou immensément déçu devant la stérilité du figuier dont il attendait des fruits.

L’angoisse de Jésus est également que son peuple porte des fruits. Israël et l’Église sont indissolublement unis dans cette angoisse qui pousse Jésus à s’offrir « pour la vie du monde ».

 

4. Le buisson ardent, symbole de la Torah

Dans le désert, les bergers utilisent les buissons pour former des haies très efficaces, protégeant ainsi leur bétail des prédateurs, des fennecs et autres rapaces à l’affût de proies faciles.

C’est pourquoi les rabbins ont souvent vu dans le buisson un des symboles de la Torah. Comme ces épineux, la Torah pose des limites et éduque ainsi le désir d’Israël, à l’image du  buisson indiquant au troupeau qu’au-delà il est en danger de mort.

Patrick Braud

La Torah protège Israël, mieux que les remparts Jérusalem, mieux que les buissons les troupeaux du désert. C’est la Torah qui préserve Israël de l’anéantissement. C’est en flamboyant de la présence divine qu’elle lui permet de résister à tous les prédateurs, depuis les empires antiques jusqu’aux idéologies modernes. 

« Cette vision fait référence à Moïse, lorsque l’Éternel donnera la Tora  par son intermédiaire, à cet endroit précis et par  le feu, et que tout  Israël y entendra les dix commandements  [?]  Le « s.  n.  eh »  (buisson) est comme le Si.  n.  aï: ici, il est dit  » le buisson était en  feu », et plus loin (Devarim 5, 19) « la montagne était en feu »!  » (commentaire Haemek Davar)

 Ce commentaire juif souligne fort justement la cohérence de l’épisode du buisson ardent avec celui du don de la loi à Moïse sur le mont Sinaï, au milieu du feu et de la nuée. Les tables de la loi sont gravées dans le feu et par le feu : car écrire sur un parchemin reste encore trop extérieur. En effet l’encre qui sèche sur une peau ou sur un papier se surajoute à ce support, mais n’en fait pas vraiment partie. C’est une excroissance, rajoutée par-dessus. La loi au contraire surgit de l’intérieur de la conscience du peuple habité par Dieu. C’est pourquoi le feu grave les 10 paroles en creux, à même la pierre, au  lieu de la plaquer de l’extérieur. Comme le feu brûle le buisson de l’intérieur.

Ainsi le feu du buisson ardent rejoint-il de celui du Sinaï fumant pour indiquer à l’homme que le premier détour qu’il ait à faire pour trouver la loi de vie, c’est en lui-même. Car elle est gravée en son coeur, s’il sait l’écouter.

Les chrétiens n’auront aucun mal à garder le meilleur de cet amour de la Torah qui protège son peuple de l’anéantissement. Pour eux, le feu qui transforme la ligne de boules de ronces en une flamboyante et paisible sécurité sera le feu de l’Esprit Saint, qui vient transfigurer la lettre de la loi pour qu’elle soit source de vie.

Recueillons au passage cet indice précieux : faire un détour pour scruter la loi / les Écritures est le début de la libération authentique (cf. traverser la dépression : le chemin d’Elie)

 

5. Le buisson ardent, symbole de la curiosité spirituelle

Normalement, un buisson épineux n’intrigue personne. Pas besoin de faire un détour pour mieux l’apercevoir : on le connaît par coeur. Mais un buisson qui brûle sans se consumer, voilà qui interroge, voilà qui mérite de se détourner de sa route !

Si Moïse n’avait pas eu cette curiosité-là, s’il n’avait pas pris le temps d’aller voir exprès, il aurait continué son chemin sans entendre Dieu lui parler, et il ne serait jamais devenu le libérateur des esclaves hébreux.

Dieu ne cesse de jalonner notre itinéraire d’humbles réalités devenues intrigantes sous le feu de sa présence. Encore faut-il que nous ayons cette capacité à nous étonner, à nous détourner de la route prévue. Encore faut-il que la curiosité spirituelle soit assez vivre en nous pour nous faire trouver le temps et l’envie d’aller voir, pour accepter les détours que nous impose cette soif de connaître.

De multiples autres interprétations du buisson ardent existent encore dans la littérature juive ou chrétienne :

- le buisson, symbole d’un Israël « mélangé »

« De même que le buisson produit des  épines et des  roses, ainsi Israël comporte des justes et aussi des méchants. »  

Les chrétiens n’auront aucun mal à prolonger cette acceptation réaliste en l’appliquant à l’Église. Ecclesia permixta (une Église mélangée), disait saint Augustin : non pas un peuple de purs mais d’appelés à la liberté ; pas un peuple de parfaits mais un signe de l’unique sainteté de Dieu.

- le buisson, symbole des justes qui suffisent à sauver tout un peuple

Rabbi  Nahman disait : tous les  arbustes ont une, deux ou trois feuilles ? ainsi le myrte possède trois  feuilles, mais le buisson, lui, est doté de cinq  feuilles; ainsi, dit  l’Éternel à Moïse : les fils Israël seront sauvés grâce au mérite de cinq justes :  Abraham, Isaac, Jacob, par le tien et par celui d’Aaron. »   

Les chrétiens n’auront aucun mal là encore à prolonger cette intercession salvifique de quelques-uns en faveur de tous dans la communion des saints : il suffit de quelques personnalités pour transformer tout un peuple ; il ne faut quelquefois que la prière de quelques saints pour conjurer le malheur menaçant tout le peuple.

Vous le voyez : le symbolisme du buisson ardent est quasiment inépuisable, à l’image du feu qui le transfigure.

Il suffira pour chacun de nous d’entendre quelle harmonique de cette image est d’actualité pour nous :

- reconnaître Dieu dans l’humilité de sa création et de ses créatures les plus « basses ».
- croire qu’aucun mal, aucune épreuve ne peut consumer ceux qui comptent sur Dieu.
- éprouver de l’angoisse devant les stérilités de notre propre vie ou de celle de nos proches.
- raviver notre amour de la Loi, ou plutôt de l’Esprit venant habiter la Loi pour que les commandements deviennent source de vie.
- cultiver la curiosité idée spirituelle et oser les détours qu’elle implique.

Choisissez ce qui va ainsi devenir votre détour vers Pâque.

 

 

 LECTURES DE LA MESSE

1ère lecture : Le Dieu Sauveur se révèle à Moïse (Ex 3, 1-8a.10.13-15)

Lecture du livre de l’Exode

Moïse gardait le troupeau de son beau-père Jéthro, prêtre de Madiane. Il mena le troupeau au-delà du désert et parvint à l’Horeb, la montagne de Dieu.L’ange du Seigneur lui apparut au milieu d’un feu qui sortait d’un buisson. Moïse regarda : le buisson brûlait sans se consumer.
Moïse se dit alors : « Je vais faire un détour pour voir cette chose extraordinaire : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas ? »
Le Seigneur vit qu’il avait fait un détour pour venir regarder, et Dieu l’appela du milieu du buisson : « Moïse ! Moïse ! » Il dit : « Me voici ! »
Dieu dit alors : « N’approche pas d’ici ! Retire tes sandales, car le lieu que foulent tes pieds est une terre sainte ! Je suis le Dieu de ton père, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob. » Moïse se voila le visage car il craignait de porter son regard sur Dieu.
Le Seigneur dit à Moïse : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des chefs de corvée. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer de la main des Égyptiens et le faire monter de cette terre vers une terre spacieuse et fertile, vers une terre ruisselant de lait et de miel, vers le pays de Canaan. Et maintenant, va ! Je t’envoie chez Pharaon : tu feras sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »
Moïse répondit : « J’irai donc trouver les fils d’Israël, et je leur dirai : ‘Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous.’ Ils vont me demander quel est son nom ; que leur répondrai-je ? »
Dieu dit à Moïse : « Je suis celui qui suis. Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est : JE-SUIS.’»
Dieu dit encore à Moïse : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : ‘Celui qui m’a envoyé vers vous, c’est YAHVÉ, c’est LE SEIGNEUR, le Dieu de vos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob.’ C’est là mon nom pour toujours, c’est le mémorial par lequel vous me célébrerez, d’âge en âge. »

Psaume : Ps 102, 1-2, 3-4, 6-7, 8.11

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur fait ?uvre de justice,
il défend le droit des opprimés.
Il révèle ses desseins à Moïse,
aux enfants d’Israël ses hauts faits.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint.

2ème lecture : Les leçons de l’exode : appel à la conversion (1 Co 10, 1-6.10-12)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, je ne voudrais pas vous laisser ignorer ce qui s’est passé lors de la sortie d’Égypte. Nos ancêtres ont tous été sous la protection de la colonne de nuée, et tous ils ont passé la mer Rouge.
Tous, ils ont été pour ainsi dire baptisés en Moïse, dans la nuée et dans la mer ; tous, ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ; tous, ils ont bu à la même source, qui était spirituelle ; car ils buvaient à un rocher qui les accompagnait, et ce rocher, c’était déjà le Christ.
Cependant, la plupart n’ont fait que déplaire à Dieu, et ils sont tombés au désert.
Ces événements étaient destinés à nous servir d’exemple, pour nous empêcher de désirer le mal comme l’ont fait nos pères.
Cessez de récriminer contre Dieu comme l’ont fait certains d’entre eux : ils ont été exterminés.
Leur histoire devait servir d’exemple, et l’Écriture l’a racontée pour nous avertir, nous qui voyons arriver la fin des temps.
Ainsi donc, celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber.

Evangile : Sans cesse, Dieu nous invite à nous convertir (Lc 13, 1-9)

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Ouvre nos coeurs à ton appel, Seigneur, rends-nous la joie d’être sauvés. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Ps 50, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Un jour, des gens vinrent rapporter à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer pendant qu’ils offraient un sacrifice.
Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ?
Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux.
Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ?
Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière. »
Jésus leur disait encore cette parabole : « Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas.
Il dit alors à son vigneron : ‘Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?’
Mais le vigneron lui répondit : ‘Seigneur, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier.
Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.’ »
Patrick Braud

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23 février 2013

La vraie beauté d’un être humain

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La vraie beauté d’un être humain

Homélie du 2° Dimanche de Carême / Année C
24/02/2013

Si vous êtes là, c’est parce que vous avez vécu des transfigurations comme celle de l’Évangile d’aujourd’hui. Si vous êtes mari et femme, c’est parce qu’il y a eu dans votre histoire des éblouissements où l’amour de l’autre vous est apparu dans une telle beauté que toute votre vie en a basculé.

Et s’il y a des prêtres, des religieuses, des diacres, avec vous, c’est parce qu’ils ont été eux aussi brûlés par la beauté de certains passages de l’Écriture, ou de certains silences, ou de certains témoins.


* La transfiguration du Christ, c’est notre histoire

Demandez à ceux qui accompagnent les mourants : le corps s’en va en lambeaux, et pourtant il y a des instants inoubliables où, de manière fugitive, la personne malade rayonne d’une paix et d’une beauté incroyables.

La vraie beauté d'un être humain dans Communauté spirituelle Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2020-05-27-a%CC%80-17.14.25Demandez aux éducateurs : chez tous les enfants réputés difficiles et violents, ils guettent ces éclairs où leur véritable bonté se dévoile l’espace d’un sourire, d’une phrase ou d’un geste étonnant. Et puis, après, plus rien ; la violence et l’agressivité reprennent leur cours, ou la lente dégradation de la fin de vie, ou l’ordinaire de la vie à deux.
Mais celui qui a vécu ce moment de grâce saura désormais qu’une beauté incroyable se cache derrière le visage de l’être aimé, de l’être dégradé, ou de l’enfant insupportable.


* Regardez dans l’Évangile : à qui Jésus manifeste-t-il sa gloire ?

- À Pierre, Jacques et Jean, à qui il confiera aussi le secret du réveil de l’enfant de Jaïre (Lc 8,40-56): là où la famille risque de pleurer sur un enfant que l’on croit mort, Jésus révèle à ces trois disciples qu’il peut réveiller la force de vivre qui est cachée en lui.
Combien d’adultes ont fait cette expérience: tel jeune que l’on croit « perdu » se révèle extraordinaire dès lors qu’il rencontre un véritable éducateur qui sait lui révéler ce qu’il porte en lui ?

- À Pierre, Jacques et Jean, c’est-à-dire à ceux qui seront témoins de l’angoisse et de la tentation de Gethsémani (Lc 9,28-36).

Là, sur l’autre montagne des Oliviers, Jésus devra combattre pour rester fidèle : « Père, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ta volonté soit faite et non la mienne ».
Il suera sang et eau, littéralement, dans ce combat pour rester fidèle.
Il entrera en agonie pour se laisser conduire jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême.


* La transfiguration de Jésus est donc donnée aux disciples pour qu’ils y puisent eux aussi la force de rester fidèles. Ces moments de transfiguration que votre amour vous fait partager vous sont donnés pour tenir bon dans le combat de la fidélité à l’amour de Dieu dans toutes les dimensions de votre existence.

Plus encore, le condamné de la Semaine Sainte n’aura bientôt plus figure humaine. Rejeté, fouetté, déshabillé, méprisé, il sera couvert de crachats et d’insultes. Ses disciples l’abandonneront tous, sauf Jean, comme s’ils avaient oublié le vrai visage de gloire révélé en haut du Mont Thabor.


* La gloire de Jésus transfiguré est donnée à Pierre et Jacques et Jean pour qu’ils 
sachent discerner sous les crachats la vraie beauté de l’homme défiguré lors de sa Passion.

Voilà pourquoi la contemplation du Christ en gloire est un extraordinaire moteur pour rejoindre ceux qui parmi nous n’ont plus figure humaine (misère matérielle ou morale ou autre) : nous croyons en leur beauté pourtant cachée à nos yeux.


* Mais quelle conception avons-nous de la beauté de l’homme ou de la femme ?
Patrick BraudLes Évangiles n’ont jamais dit de Jésus qu’il avait le profil d’Antonio Bandeiras ou de Bruce Willis. On ne sait pas si Marie avait les mêmes mensurations que Claudia Schiffer ou Emmanuelle Béart, et nous-mêmes, nous ne serions pas tous sélectionnés pour défiler sous les couleurs de Dior ou Cacharel…
Et pourtant Jésus manifeste sur cette montagne une gloire qui éclipse celle d’Élie et Moïse.
Et pourtant Marie est corporellement transfigurée, pour toujours, à travers son Assomption.
Et pourtant vous êtes tous et chacun plus beaux que Bruce Willis et Emmanuelle Béart lorsque vous aimez vraiment !


* Autrement dit, ces éclairs de transfiguration nous sont donnés pour traverser toutes les défigurations à venir sans désespérer, sans trahir?
Autrement dit, la vraie beauté d’un être humain se dévoile à nos yeux lorsque nous l’aimons, lorsque nous le voyons - à l’image du Christ - accepter de se livrer aux mains de ses proches, d’être exposé, vulnérable à la passion d’aimer, lorsque lui-même se donne sans fausse pudeur, désarmé et confiant.

Dans ces moments-là, on voudrait que tout s’arrête comme Pierre : « dressons trois tentes ».
Mais non, ce n’était que l’espace d’une parole, d’un regard, d’une main étreinte, ou d’un corps pacifié. Et puis la vie reprend, apparemment comme avant. Apparemment seulement, car la mémoire du Christ éblouissant de beauté soutiendra l’Église lorsqu’elle le croisera à nouveau défiguré dans les passions de notre temps.
Apparemment seulement, car les couples qui n’ont pas oublié tous les éblouissements de leur amour pourront s’appuyer sur cette mémoire pour devenir fidèles, pour croire en l’autre quoiqu’il arrive, pour deviner la vraie beauté de l’autre d’âge en âge jusqu’à la fin de sa vie.


* Celui qui demain sera défiguré est aujourd’hui dévoilé à nos yeux dans toute sa splendeur : que la transfiguration du Christ nous aide à ne jamais désespérer de la beauté humaine, celle de votre conjoint, celle de vos enfants, celle de votre voisin ou collègue, du prochain si peu aimable, de celui dont on se détourne, celle de votre Église même.

 

1ère lecture : L’Alliance de Dieu avec Abraham (Gn 15, 5-12.17-18a)
Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… » Et il déclara : « Vois quelle descendance tu auras ! »
Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste.
Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays. »
Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j’en ai la possession ? »
Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. »
Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux.
Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abram les écarta.
Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s’empara d’Abram, une sombre et profonde frayeur le saisit.
Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux.
Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici. »

Psaume : Ps 26, 1, 7-8, 9abcd, 13-14

R/ Le Seigneur est lumière et salut.

Le Seigneur est ma lumière et mon salut,
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie,
devant qui tremblerais-je ?

Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon c?ur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère,
tu restes mon secours.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

2ème lecture : Le Christ nous transfigurera (brève : 3, 20 – 4, 1) (Ph 3, 17-21; 4, 1)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vivent selon l’exemple que nous vous donnons.
Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ.
Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre. Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer.

Evangile : La Transfiguration (Lc 9, 28b-36)

Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père a retenti : « Voici mon Fils, mon bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante.
Et deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s’en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. »
Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu’ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.

Patrick Braud

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16 février 2013

L’homme ne vit pas seulement de pain

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

L’homme ne vit pas seulement de pain

Homélie du 1° Dimanche de Carême / Année C
17/02/2013

« L’homme ne vit pas seulement de pain » (Lc 4,1-13).

Célébrissime phrase de Jésus, devenue comme bien d’autres un adage.

L'homme ne vit pas seulement de pain dans Communauté spirituelle tttRéflexion qui prend tout son sens en temps de crise économique. Parce que les temps sont difficiles (plans sociaux, baisse du pouvoir d’achat etc.), certains voudraient nous faire croire que les seules questions importantes sont d’ordre économique : chômage, croissance, austérité, réduction des déficits publics etc.

Bien sûr, ces préoccupations sont centrales et majeures.
Bien sûr, lutter pour que chacun puisse subvenir aux besoins matériels de sa famille est une priorité.

Mais cela ne disqualifie pas pour autant les autres aspirations humaines. Et cela ne met pas hors-jeu les autres débats sur les questions sociétales tout aussi importantes : aujourd’hui le « mariage pour tous » ; demain les lois sur la PMA, la GPA ; et après-demain les débats sur la fin de vie, la bioéthique etc.

Si l’homme ne vit pas seulement de pain, cela implique que les questions de société l’intéressent autant que l’emploi et le salaire. Ce serait revenir un matérialisme pur et dur que de dénier à ceux qui souffrent économiquement le droit d’avoir en même temps d’autres aspirations.

Citons quelques exemples de faims différentes :

- Une association d’accueil de SDF organise régulièrement des sorties à l’Opéra, grâce à des billets offerts par la municipalité. Pourquoi offrir l’Opéra à des SDF au lieu de les inviter au restaurant ? Les participants répondaient eux-mêmes : « c’était beau ! » ; ou « on était transporté ailleurs » ; ou « jamais je n’aurais cru pouvoir entrer là ».

Si l’homme ne vit pas seulement de pain, alors il vit également de culture, de beauté.

- Le père Joseph Wrezinski, fondateur d’ATD Quart-monde, a créé une université populaire du quart-monde rue des Grands Degrés à Paris. Pourquoi une université avec et pour les familles du quart-monde ? Parce que ce peuple vit de son histoire, de son identité, de ses valeurs affirmées tout au long de ces combats, et pas seulement des aides aux subventions qu’il pourrait quémander. Les bibliothèques de rue d’ATD qui sillonnent les bas d’immeubles des cités d’urgence ouvrent aujourd’hui encore les gamins des abris de fortune à la faim de lire, à la soif de découvrir, de savoir.

- Marx voulait remettre Hegel les pieds sur terre, en affirmant – contre l’idéalisme allemand – que le moteur de l’histoire était dans les luttes sociales et pas dans les idées. Pour les marxistes avec lui, les valeurs morales sont le reflet des rapports sociaux où certains dominent les autres et imposent leur conception de l’existence. La religion n’est alors qu’une superstructure produite par les infrastructures économiques et tout entière dépendante d’elles.

Ce matérialisme historique, qui se voulait scientifique, on le croyait mort avec la chute du mur de Berlin en 1989. Et pourtant son cadavre bouge encore chez les dogmatiques de gauche comme chez les ultralibéraux qui s’alignent dessus sans le savoir. Croire que la tâche du politique ne réside que dans les transformations économiques relève d’un matérialisme étonnant. Croire que la morale, la spiritualité ou la culture n’appartiennent qu’à la vie privée suppose une vision très matérialiste de l’être humain.

- Réduire le développement de l’Afrique à des programmes humanitaires de productions agricoles ou industrielles peut se révéler meurtrier du génie africain, et finalement très colonialiste.

- Si l’homme ne vit pas seulement de pain, alors il faut se battre pour que la lecture des grandes oeuvres littéraires, l’écoute des chefs-d’oeuvre de la musique classique ou l’initiation aux impressionnistes ne soit pas réservée à des élites.

On attribue (faussement) à Goebbels cette phrase traduisant le mépris du nazisme vis-à-vis de toute forme de spiritualité : « quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver »  L’extrême droite comme le marxisme méprisent ce qu’ils appellent des oeuvres décadentes ou des valeurs bourgeoises.

Le Christ – lui - sait bien qu’au coeur de tout homme réside une autre faim que le matériel.
Il a vu que le lépreux désire sa réintégration sociale tout autant que sa guérison (Mc 1,40-45).
Il connaît la soif de communion qui habite Zachée, le collabo mis à l’écart (Lc 19,1-10).
Il devine chez la femme hémorroïsse le désir d’être désirée que lui interdit sa perte de sang chronique (Mt 9,20-21).
Il entend dans la demande matérielle des mendiants une autre demande, plus fondamentale, de reprendre leur place dans la famille sociale (Mc 10,46-52).

Pierre sera dans cette droite ligne lorsqu’il fixera le paralysé mendiant de la Belle Porte du Temple de Jérusalem dans les yeux en lui disant : « de l’or ou de l’argent je n’en ai pas, mais ce que j’ai je te le donne : au nom de Jésus le Nazôréen, marche ! » (Ac 3,6)

Jésus lui-même, à nouveau confronté à cette tentation de la faim et de la soif, suppliera sur la croix : « j’ai soif » (Jn 19,28). Les chrétiens ont toujours entendu dans cette plainte l’écho des psaumes : « mon âme a soif du Dieu vivant : quand le verrai-je face à face ? » (Ps 42,3 ; 63,2)

Patrick Braud

La faim et la soif qui ont tenaillé Jésus aux entrailles n’étaient pas uniquement matérielles : son besoin le plus fondamental résidait dans la relation à son Père. Sa faim était spirituelle, au sens où il désirait que l’Esprit soit son lien indissoluble à Dieu.

« L’homme ne vit pas seulement de pain ».
Nous appartenons à cette humanité-là.
Culture, vie associative, beauté et communion avec le monde : à nous d’explorer les vraies faims qui sommeillent en nous.

Que ce Carême nous y aide !


[1]. Fausse citation faussement attribuée à Goebbels (ou Goering). En fait, il s’agit d’une réplique tirée d’une pièce de théâtre d’un nazi, Hanns Johst. Soucieux de plaire à son Führer, il concocta, à l’occasion de son anniversaire de 1933, un drame apologétique (Schlageter) où figure cette tirade : « Quand j’entends parler de culture, j’enlève le cran de sécurité de mon Browning. » Baldur von Schirach (chef des jeunesses hitlériennes), a utilisé cette citation, lors d’un meeting, avec un certain succès. 

 

1ère lecture : La profession de foi du peuple d’Israël (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d’Israël : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu.
Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen vagabond, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse.
Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage.
Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions pauvres, malheureux, opprimés.
Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte par la force de sa main et la vigueur de son bras, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges.
Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel.
Et voici maintenant que j’apporte les prémices des produits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »

Psaume : Ps 90, 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab

R/ Reste avec nous, Seigneur, dans notre épreuve.

Quand je me tiens sous l’abri du Très Haut
et repose à l’ombre du Puissant
Je dis au Seigneur : « Mon Refuge
mon Rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

Le malheur ne pourra te toucher
ni le danger approcher de ta demeure
Il donne mission à Ses anges
de te garder sur tous tes chemins

Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres
tu marcheras sur la vipère et le scorpion
tu écraseras le lion et le dragon

« Puisqu’il s’attache à Moi, Je le délivre
Je le défends car il connaît Mon Nom
il m’appelle et Moi Je lui réponds
Je suis avec lui dans son épreuve. »

2ème lecture : La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frère, nous lisons dans l’Écriture : La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton c?ur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons.
Donc, si tu affirmes de ta bouche que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton c?ur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé.
Celui qui croit du fond de son c?ur devient juste ; celui qui, de sa bouche, affirme sa foi parvient au salut.
En effet, l’Écriture dit : Lors du jugement, aucun de ceux qui croient en lui n’aura à le regretter.
Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent.
Il est écrit en effet, tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront sauvés.

Evangile : La tentation de Jésus (Lc 4, 1-13)

Acclamation : Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole venant de la bouche de Dieu.
Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.(cf. Mt 4, 4)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Après son baptême, Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.
Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »
Jésus répondit : « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre. »
Le démon l’emmena alors plus haut, et lui fit voir d’un seul regard tous les royaumes de la terre.
Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »
Jésus lui répondit : « Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras. »
Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »
Jésus répondit : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »
Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick Braud

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12 janvier 2013

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Homélie du Baptême du Seigneur, Année C
13/01/13

Pour Jean -Baptiste, le baptême, « c’est pas le pied » ! En effet, il déclare : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » (Lc 3,16). Donc il ne pense pas pouvoir se mettre aux pieds du Christ ; il se croit indigne de lui laver les pieds, de lui ôter ses sandales.
Ça paraît anecdotique, cette histoire de sandales ! Mais dans la Bible, c’est le genre de détail qui renvoie à toute une histoire : une histoire à sandales !

1. Cela commence en effet dans le livre de la Genèse.

Melchisédech, roi de Salem, apporte du pain et du vin à Abraham et vient lever l’impôt royal, la dîme. Abraham lève la main et jure de respecter la royauté de Melchisédech : « Je ne prendrais ni un fil, ni une courroie de sandale, rien de ce qui est à toi. Et tu ne pourras pas dire : ‘J’ai enrichi Abraham’ » (Gn 14, 17-24).

Transposé au baptême de Jésus, la courroie de sandale veut dire que, à l’image d’Abraham, le peuple juif en Jean-Baptiste reconnaît la royauté de Jésus, nouveau Melchisédech venu apporter le pain et le vin en échange du don de chacun. Ne pas tricher dans l’eucharistie, ne pas voler la royauté divine, s’acquitter de l’impôt royal qui est la miséricorde envers son prochain : voilà une première piste pour : « ne pas défaire la courroie de ses sandales ».


2. Ensuite, il y a le fameux épisode de Moïse au Buisson Ardent.

Le baptême du Christ : une histoire

Une histoire sans sandales : « Retire tes sandales de tes pieds car le lieu où tu te tiens est une terre sainte » (Ex3, 5). Moïse doit se mettre pieds nus, c’est-à-dire se dépouiller de ses représentions humaines, pour rencontrer Dieu.

En sens inverse, par le baptême, Dieu lui aussi en Jésus s’apprête à rencontrer l’homme. Avant de plonger dans l’océan de notre humanité si mélangée de beauté et de terreur, le Christ enlève ses sandales, comme le Pape embrasse la terre du pays qui le reçoit à sa descente d’avion. Et Jean-Baptiste reconnaît que cette plongée de Dieu en nous est si vertigineuse qu’il n’ose laisser croire que cela pourrait venir grâce à lui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » veut dire alors : « l’abaissement de Jésus, sa plongée jusqu’aux enfers, c’est lui seul et pas moi ».

En ce jour du Baptême du Christ dans le Jourdain, nous fêtons un Dieu qui n’a pas eu peur de rencontrer l’homme, de le rejoindre même au plus bas de son humanité, en ce qu’il a de plus saint comme en ce qu’il a de plus sordide.

La file des pécheurs du Jourdain a sous doute commis tout ce que vous n’oserez jamais accomplir : adultères, vols, meurtres, corruption, délation… C’est à la déchetterie de l’humanité que Jésus se rend en allant au Jourdain à l’endroit où Jean baptise. Pourtant il n’a pas peur d’aller nous rejoindre là, au plus bas, au plus sale.

Un proverbe africain dit : « Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

anesse-Jesus-cadre baptême dans Communauté spirituelle

Dans son baptême, le Christ descend des hauteurs pour éprouver lui-même la brûlure du péché de l’homme. Il enlèvera lui-même les sandales de ses pieds pour éprouver la brûlure de notre terre, et ne pas rester protégé de cette fournaise. La croix sera plus tard la brûlure absolue, l’immersion la plus complète dans l’enfer de la solitude et de la déchéance humaine. S’il était resté monté sur son âne des Rameaux, il n’aurait pu communier avec les plus déchus…

Du baptême à la croix, Paul dira de Jésus qu’il a été, pour nous, identifié au péché. « Christ a été fait péché » pour nous, afin que nul pécheur ne désespère d’être trop loin de Dieu pour pouvoir être aimé.

Christ est aujourd’hui plongé dans le Jourdain pour que plus personne ne soit noyé, submergé par le mal commis ou subi.
Christ remonte aujourd’hui des eaux du Jourdain pour que l’énergie de la résurrection soit offerte à tous les peuples, langues, nations, cultures.

« Celui qui voyage sur un âne ne sait pas que le sol est brûlant ».

Aujourd’hui le Christ ‘descend de son âne’, et plonge dans nos brûlures les plus secrètes.

Comment pourrions-nous fêter le Baptême du Seigneur sans nous aussi ‘descendre de notre âne’ et ‘enlever nos sandales’ ?
Sans embrasser l’autre même s’il nous fait peur au début ?
Sans goûter avec lui la grande espérance du corps du Christ sortant vainqueur des eaux de mort ?

 

3. Après le Buisson Ardent, il y a la Pâque juive où il est encore question de sandales :
 « C’est ainsi que vous mangerez la Pâque : le ceinture aux reins, vos sandales aux pieds, votre bâton à la main » (Ex 3,5). C’est la tenue du voyageur, qui en hâte, traverse le péril, passe à travers le danger de mort qui le guette.

Les sandales aux pieds, le Christ inaugure déjà sa Pâque dès le baptême au Jourdain. Jean-Baptiste ne veut pas lui ôter ces sandales-là, il nous aide à deviner en cet homme baigné dans le fleuve un passeur, qui le premier traverse jusqu’à l’autre rive.

haggadoth1 Jean Baptiste

4. Mais il y a encore un autre texte savoureux qui parle de sandales. C’est Dt 25,5-10 : la loi du lévirat en Israël.

Donner des enfants à un homme, perpétuer un nom de famille est si important dans le peuple juif que si un homme marié meurt, son frère doit épouser sa veuve, pour relever le nom du frère défunt :
« Si le frère ne veut pas assumer ce devoir de descendance, la veuve lui fera honte devant tout le monde : en présence des Anciens, la femme ôtera la sandale du pied du frère, lui crachera au visage et dira : ‘Ainsi fait-on à l’homme qui ne relève pas la maison de son frère’, et sa maison sera appelée ‘Maison du déchaussé’ ! »

Au temps de Jean-Baptiste, Israël est comme une veuve loin de son mari (Dieu semble mort). Jésus ne se dérobe pas : il vient épouser Israël, relever la Maison d’Israël. Et Jean-Baptiste ne veut ni lui cracher au visage, ni ôter la sandale de son pied ; et le peuple Église ne sera pas la Maison du Déchaussé, malgré les crachats et la nudité de la Passion !


5. Autre petit bijou où la sandale joue un rôle : le livre de Ruth, superbe histoire 
d’amour avec Booz immortalisé par Victor Hugo et Chagall. Séduit par la beauté de cette étrangère, le Juif Booz conclut un marché pour acquérir les terres de sa famille.
Rt 4,7-8 : « Or c’était autrefois la coutume en Israël en cas de rachat ou d’héritage : pour valider toute l’affaire, l’un ôtait sa sandale et la donnait à l’autre. Telle était en Israël la manière de témoigner. »
Et Booz retira sa sandale pour racheter l’étrangère qu’il aimait plus que tout.
C’était pour annoncer Jésus retirant sa sandale au Jourdain pour racheter tous ceux qui se croient étrangers à Dieu, trop loin de Dieu, mais que lui Jésus aime plus que Booz aimait Ruth. Et Jean-Baptiste reconnaît que cet amour est si grand qu’il ne peut en être que le témoin, pas l’acteur à la place de Jésus, l’époux véritable qui ôte sa sandale pour se marier notre humanité…


6. Il y a bien d’autres usages du symbolisme de la sandale dans la Bible :

- arme de séduction entre les mains de la belle Judith pour faire craquer le général ennemi Holopherne (« Sa sandale ravit son regard » Judith 10, 4 ; 16, 9),

- écrin pour l’admiration de l’amoureux du Cantique des Cantiques (Ct 7,20) « Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince »,

 Jourdain- symbole de l’exploitation sociale, lorsque, hélas, « on vend le pauvre pour une paire de sandales » (Am 2,6 ; 8,6).

- et lorsque le Christ envoie ses disciples, il leur demande de n’emporter ni bourse, ni besace ni sandales (Lc 10, 4 ; Mt 10, 10).


Vous sentez toutes les harmoniques bibliques de cette petite phrase de Jean-Baptiste aujourd’hui : « Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales » ?

Nous non plus ne sommes pas dignes !

Repensez à Jean-Baptiste et, les prochains soirs d’été, vous n’enlèverez plus jamais vos sandales comme avant !

Restons émerveillés avec Jean-Baptiste, car Le Christ ne cesse de délier par lui-même la courroie de sa sandale pour venir plonger dans notre humanité, dans mon humanité.

 

 

Lectures de la fête du Baptême du Seigneur

1ère lecture : « Voici l’eau, venez et vous vivrez » (Is 40, 1-5.9-11)

Lecture du livre d’Isaïe

« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au c?ur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. »
Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. »
Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à  Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à  Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu. »
Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son c?ur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume : Ps 103, 1c-3a, 3bc-4, 24ac-25, 27-28, 29-30

R/ L’eau et l’Esprit te rendent témoignage, Seigneur de gloire !

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes oeuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits,

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : Par le bain du Baptême (Tt 2, 11-14 ; 3,4-7)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnables, justes et religieux, et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.
Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes ; il nous a sauvés. Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus Christ notre Sauveur ; ainsi, par sa grâce, nous sommes devenus des justes, et nous possédons dans l’espérance l’héritage de la vie éternelle.

Evangile : L’Esprit Saint et le Père au baptême de Jésus (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici venir un plus fort que moi, proclame le Baptiste ; c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. Alléluia. (Jn 1, 29)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Le peuple venu auprès de Jean Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Messie. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de défaire la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »
Comme tout le peuple se faisait baptiser et que Jésus priait, après avoir été baptisé lui aussi, alors le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint descendit sur Jésus, sous une apparence corporelle, comme une colombe. Du ciel une voix se fit entendre :
« C’est toi mon Fils : moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Patrick Braud

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