L'homélie du dimanche (prochain)

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24 septembre 2023

Vaut-il mieux dire ou faire ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Vaut-il mieux dire ou faire ?

Homélie pour le 26° Dimanche du temps ordinaire / Année A
01/10/2023

Cf. également :
L’évangile de la seconde chance
Justice punitive vs justice restaurative
Changer de regard sur ceux qui disent non
Les collabos et les putains
Rameaux, kénose et relèvement

1. Ils disent et ne font pas
Vaut-il mieux dire ou faire ? dans Communauté spirituelle mome-mosquée
La parabole des deux enfants (Mt 21,28-32) de ce dimanche semble claire, et elle satisfait notre mentalité moderne sécularisée très factuelle : peu importe les croyances religieuses des gens, seuls comptent leurs actes. Qui plus est, on se méfie des gens qui font de grandes déclarations la main sur le cœur mais qui en finale n’agissent pas. Notre époque est à l’orthopraxie, diraient les spécialistes, c’est-à-dire que nous accordons une importance majeure à ce qui est fait plus qu’à ce qui est dit ou pensé. Peu importe la religion ou la philosophie de quelqu’un : le seul critère est son action. Débattre de ce qu’il pense ou croit pour savoir si c’est vrai est superflu et inutile.

Les catholiques sont relativement à l’aise avec cette importance majeure donnée aux œuvres de quelqu’un. Ils s’appuient sur de nombreuses paroles de Jésus comme celle-ci : « ce ne sont pas ceux qui disent : ‘Seigneur,  Seigneur !’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7,21).
Notre parabole semble nous encourager à dénoncer toute hypocrisie religieuse ‘à la pharisienne’ qui dit ‘oui’ des lèvres et ‘non’ de la main. La violente critique de Jésus à l’encontre des religieux de son époque rejoint celle de la parabole contre le premier fils : « ils disent et ne font pas » (Mt 23,3). Et pour une part, c’est vrai que ce divorce croissant entre l’enseignement de l’Église (sur l’amour, la morale, le pardon etc.) et ses pratiques institutionnelles (omerta sur les abus, hypocrisie face à l’argent et aux pouvoirs en place etc.) devient insupportable aux yeux de nos contemporains, et suffit à disqualifier son message.

L’affaire serait donc bouclée : la parabole des deux fils nous conforte dans l’idée qu’il vaut mieux faire que dire. « On juge l’arbre à ses fruits » (Mt 7,16-20), point barre.

 

2. Le débat entre la foi et les œuvres
Évidemment, les protestants sont moins à l’aise avec cette lecture univoque de la parabole. Car ce serait trancher le vieux débat entre la foi et les œuvres en faveur des œuvres.

la%2Bfoi%2Bou%2Bles%2Boeuvres dire dans Communauté spirituelleEst-ce mon action qui me sauve ? Ce serait contredire l’une des thèses majeures du Nouveau Testament : la gratuité du salut, don de Dieu. « Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a relevé d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Rm 10,9). Paul ne cesse de proclamer la supériorité – et l’antériorité – de l’action en nous de l’Esprit sur toutes nos actions. Pour lui, seule la foi justifie : « nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la Loi » (Rm 3,28). Il s’oppose ainsi – quasi frontalement – au frère de Jésus, Jacques, premier évêque de Jérusalem, qui rappelle en bon juif l’importance de l’observance de la Loi : « Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement » (Jc 2,24). Pour Paul, observer la Torah sans croire au Christ ne sert à rien, ce sont des « œuvres mortes » : « Tendons la perfection d’adultes, au lieu de poser une nouvelle fois les fondements, à savoir : la conversion,  avec le rejet des œuvres mortes et la foi en Dieu » (He 6,1).   « Combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! » (He 9,14).
D’ailleurs, le premier qui entre au paradis dans les Évangiles n’est ni Pierre ni même Marie, mais un criminel qui n’a rien fait de bien dans sa vie sinon dire sa foi en Jésus au moment de mourir : « Souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Cette parole l’a sauvé, alors que ses actes le condamnaient.

Soutenir avec notre parabole qu’il vaut mieux dire ‘non’ à Dieu mais faire sa volonté, c’est basculer dans le camp de Jacques, pour qui le plus important est d’agir. Pourrait-on l’interpréter autrement ?

 

3. La parabole à l’envers
C’est bien sûr un protestant – le pasteur Marc Perrot – qui nous met sur la voie d’une autre interprétation possible de la parabole [1]. Il fait remarquer que de nombreux manuscrits, et non des moindres, ont interverti les deux fils dans leurs versions. Si bien que dans ces manuscrits c’est celui qui dit ‘oui Seigneur’ qui est conforme à la volonté du Père, même s’il ne va pas ensuite travailler à la vigne. La note de la TOB sur Mt 21,29 précise par exemple : « Certains manuscrits intervertissent l’ordre des réponses aux v. 29 et 30 ».
À la lecture de ces manuscrits, les copistes ont cru à une erreur : c’était impossible pour eux que la parabole loue celui qui dit ‘oui’ sans rien faire ! C’était contraire à la morale commune.

Et si c’était pourtant cette version qui était la plus intéressante, car plus radicale, plus à rebrousse-poil de nos représentations ? Il n’y a pas besoin de révélation pour louer celui qui va travailler à la vigne ! Alors que l’inverse…
publicains-prostituees-precedent-cl faireIntervertir les deux fils serait alors reconnaître que dire ‘oui Seigneur’ est plus important que de faire un tas de bonnes œuvres ; clamer son rejet : ‘je ne veux pas’ est plus grave que de ne pas aller à la vigne. D’ailleurs, les publicains et les prostituées ne font pas les œuvres de Dieu, et pourtant ils précèdent les pharisiens dans le royaume de Dieu ! Ceux qui reconnaissent Jésus ne changent pas de métier pour autant (sauf justement Lévy-Mathieu qui du coup comprend la difficulté de ses collègues à changer de métier !) : ils lui disent oui, avec passion et amour, mais ne peuvent gagner leur vie autrement. Ils confessent leur foi de tout leur cœur, mais ne deviennent pas pour autant de bons juifs religieux observant toute la Loi. Zachée par exemple rembourse quatre fois ce qu’il a volé dans son métier de publicain, mais ne renonce pas à ce métier, impur par essence aux yeux des juifs. De même on ne sait pas ce qu’a fait la prostituée qui a versé un parfum précieux sur les pieds de Jésus pour lui exprimer sa foi et son désir d’être pardonnée. Il n’est pas sûr qu’elle ait cessé de se prostituer ! Jésus n’a rien exigé d’elle pour lui accorder le salut. On ne sait rien non plus de ce qu’a fait le publicain de la parabole en descendant du Temple où son humble prière l’avait justifié, à l’inverse du pharisien se glorifiant de ses bonnes œuvres nombreuses et méritantes (Lc 18,9-14). Il n’est pas sûr qu’il ait cessé d’être publicain !
Remarquons en outre que Jésus dans la finale de la parabole loue les publicains et les prostituées qui ont cru (en la parole de Jean-Baptiste) même s’ils n’ont pas fait les bonnes œuvres justes. Comme quoi croire – dire oui – est plus important que faire…
Les publicains et les prostituées ne font pas la volonté du Père mais ils lui disent oui dans leur cœur de toutes leurs forces. Les pharisiens eux font la volonté de Dieu en obéissant à la Loi et en accomplissant tout ce qu’elle prescrit, mais ils ne disent pas oui à Jésus, ni ne le reconnaissent comme Seigneur. L’humble désir confiant des pécheurs contrits incapables d’observer la Loi vaut mieux que l’orgueilleuse fidélité des pharisiens aux œuvres de la Loi tout en disant non à Jésus.

En outre, le comportement de celui qui dit non puis change d’avis n’est pas au-dessus de tout soupçon. La traduction liturgique écrit : « s’étant repenti, il y alla ». Petite erreur de traduction : le verbe employé par Mathieu en grec n’est pas se repentir (μετανοέω = metanoeo), mais se rétracter, revenir en arrière (μεταμέλομαι = metamelomai). Autant le repentir est bien vu car lié au salut, autant la rétractation est mal vue car contraire à la fidélité. Ainsi Dieu ne se rétracte jamais quand il engage sa parole : « Le Seigneur l’a juré, et il ne se rétractera (μεταμέλλομαι = metamellomai) pas : ‘Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech’ » (Ps 110,4 LXX).
Le seul autre usage du verbe « se rétracter » dans l’Évangile de Matthieu est pour… Judas : « en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, se rétracta (μεταμεληθεὶς) ; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens » (Mt 27,3). Judas s’aperçoit qu’il s’est trompé dans son calcul politique, lui qui avait imaginé être le médiateur d’une alliance entre Jésus et les chefs juifs pour chasser les Romains d’Israël. Voyant que cela ne marche pas, il revient en arrière, il se rétracte, et ne veut rien garder de l’accord passé auparavant, d’où la reddition des 30 deniers. Mais ensuite, il va se pendre ! Se rétracter ne conduit donc pas forcément au salut…

Comparer à Judas le fils qui dit non n’est vraiment pas en sa faveur, quoi qu’il fasse ensuite.
Par contre le fils qui dit oui proclame sa foi en appelant son père ‘Seigneur’, profession de foi reconnaissant le Christ comme tel. « Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur… »
Retourner ainsi à l’envers cette parabole permet de ne pas contredire la gratuité du salut, qui ne s’obtient pas par les œuvres, mais par la foi.

Marc Perrot commente : « C’est comme cela que cette parabole permet de comprendre la suite de ce que Jésus dit à ses disciples : il compare les prostituées, les pécheurs, qui certes ne font pas les bonnes œuvres de la Loi, mais qui, peut-être de tout leur cœur, aimeraient aimer, et demandent pardon à Dieu, avec les pharisiens, professionnels des bonnes œuvres, mais qui se placent eux-mêmes au centre de leur religion avec leurs mérites ».

 

4. La dialectique de la foi et des œuvres
La Tradition a retenu la première version du texte, apparemment favorable au salut par les œuvres. La mémoire de l’autre version n’a pas pour autant totalement disparue. Et tout le Nouveau Testament est parcouru par cette tension entre la foi et les œuvres : des centaines de passages vont dans le premier sens, des centaines dans le second.
Le pasteur Marc Perrot rassemble les deux interprétations de la parabole : « Nous sommes sauvés, non par les œuvres, mais par la foi… mais néanmoins ne nous contentons pas de paroles ou de pseudo bonne volonté, et accomplissons la volonté de notre Père, nous avons bien là deux paraboles non pas contraires, mais complémentaires. Et il n’y a peut-être pas à choisir un sens ou l’autre, les deux sont importants et justes ».
Massacre de la St Barthélémy (1572)N’oublions pas que le débat de la Réforme autour de la foi et des œuvres a mis l’Europe à feu et à sang ! Au XVI° siècle, il n’a pas été résolu de manière satisfaisante, car les anathèmes et excommunications réciproques ont fracturé l’Église d’Occident et bientôt les colonies lointaines en de multiples Églises  apparemment irréconciliables.

Heureusement, l’œcuménisme a effectué un formidable travail exégétique, historique, théologique et spirituel au XX° siècle. On peut dire aujourd’hui que cette querelle est – sur le fond – désormais dépassée. En témoigne la « Déclaration commune sur la justification par la foi », de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique en 1999, signée également par les anglicans en 2017.

N° 15. « Nous confessons ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la foi en l’action salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs, nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes ».
N° 19. « Nous confessons ensemble que la personne humaine est pour son salut entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu. »
N° 20. « Lorsque les catholiques affirment que, lors de la préparation en vue de la justification et de son acceptation, la personne humaine « coopère » par son approbation à l’agir justifiant de Dieu, ils considèrent une telle approbation personnelle comme étant une action de la grâce et non pas le résultat d’une action dont la personne humaine serait capable. »

Luthériens, catholiques et anglicans ont levé leurs excommunications, et partagent ce qu’on appelle un ‘consensus différencié’ sur l’enjeu de notre parabole. Tous proclament que le salut est gratuitement donné par Dieu sans que personne ne puisse le mériter. Les catholiques insistent cependant sur la vitalité de la foi agissant au cœur de l’homme renouvelé par Dieu, et produisant des œuvres de charité et de justice. Les protestants insistent quant à eux sur l’entière dépendance de l’homme vis-à-vis de l’Esprit pour accomplir ce qui est bien.

dialectique-foi-oeuvres-bocal1 foiN° 38. « Selon la conception catholique, les bonnes œuvres qui sont réalisées par la grâce et l’action du Saint-Esprit contribuent à une croissance dans la grâce afin que la justice reçue de Dieu soit préservée et la communion avec le Christ approfondie. Lorsque les catholiques affirment le « caractère méritoire » des bonnes œuvres, ils entendent par-là que, selon le témoignage biblique, un salaire céleste est promis à ces œuvres. Loin de contester le caractère de ces œuvres en tant que don ou, encore moins, de nier que la justification reste un don immérité de grâce, ils veulent souligner la responsabilité de la personne pour ses actions ».

C’est un peu comme l’enfant et le poisson rouge de l’image ci-contre [2] : l’enfant regarde le poisson de l’extérieur du bocal-aquarium, et déclare à raison que ce bocal est convexe. Le poisson rouge regarde l’enfant de l’intérieur du bocal, et déclare à raison celui-ci concave. Ainsi Jacques, regardant les choses extérieurement, dit que nous sommes sauvés par les œuvres. Tandis que Paul, regardant les choses de l’intérieur, proclame que nous sommes justifiés par la foi. Les deux ne sont pas en désaccord. Ils sont en tension dialectique. C’est dire qu’il faut changer de point de vue pour comprendre comment les deux s’opposent et s’articulent, selon un processus qu’on qualifierait aujourd’hui de systémique : la foi procure gratuitement le salut, faisant ainsi du croyant une créature nouvelle capable de produire  – dans la force de l’Esprit – des œuvres de charité et de prière qui font grandir davantage encore la grâce, qui se répand à nouveau par la foi etc. Et cette boucle ne finit jamais.

On peut tenter de schématiser cette dialectique ainsi :

Dialectique Foi Oeuvres 

Alors, au final, vaut-il mieux dire ou faire ?
Au lieu de répondre trop vite, parcourons la parabole des deux fils dans un sens puis dans l’autre, puis à l’envers, puis à nouveau etc., jusqu’à ce que la question s’efface au profit de la seule joie d’entendre l’appel du Seigneur : « mon enfant, va travailler à ma vigne ».

 


[1]. Pasteur de l’Église protestante unie de l’Étoile, à Paris ; cf. https://etoile.pro/accueil-2?view=article&id=915:la-parabole-des-deux-fils&catid=22:catechisme

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Si le méchant se détourne de sa méchanceté, il sauvera sa vie » (Ez 18, 25-28)

Lecture du livre du prophète Ézékiel
Ainsi parle le Seigneur : « Vous dites : ‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. »

PSAUME
(Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7, 8-9)
R/ Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse. (Ps 24, 6a)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-11)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

ÉVANGILE
« S’étant repenti, il y alla » (Mt 21, 28-32)
Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. »
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »
Patrick BRAUD

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3 septembre 2023

Avertir le méchant

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Avertir le méchant

Homélie pour le 23° Dimanche du temps ordinaire / Année A
10/09/2023

Cf. également :
Allez venez, Milord
Lier et délier : notre pouvoir des clés

La correction fraternelle
L’Esprit saint et nous-mêmes avons décidé que…
L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies

« Nous sommes en 1938 ! »
Avertir le méchant dans Communauté spirituelle
C’est le titre d’une tribune de l’essayiste Nicolas Baverez dans le Figaro du 28 février 2022, quelques jours après la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Il y traçait un parallèle convaincant entre les erreurs des diplomaties européennes dans les années 30 envers Hitler et les erreurs actuelles de l’Europe et de ses alliés envers Poutine. Hitler n’est pas apparu du jour au lendemain sur la scène internationale. Il est monté progressivement en puissance sans que personne n’ose mettre un coup d’arrêt à son ascension tant que cela était possible. Rappelez-vous : les lois antijuives ne suscitèrent que des protestations verbales sans conséquences, la remilitarisation de la Rhénanie ne rencontra aucune opposition réelle, l’annexion de l’Autriche sous prétexte qu’ils parlaient allemand et que les Sudètes étaient des Allemands à protéger (argument repris par Poutine pour la Crimée et le Donbass !), l’annexion de la Tchécoslovaquie et finalement de la Pologne : toutes ces étapes d’un projet délirant se sont accomplies sans réelle intervention des démocraties européennes. On raconte qu’Hitler lui-même aurait reconnu être surpris par la lâcheté française : si on l’avait stoppé manu militari dès le début, il se serait retiré. Ces coups de bluff ont été payants, grâce à la lâcheté des démocraties européennes.

La conférence de Munich en 1938 consacra cette diplomatie de l’impuissance, acceptant toutes les concessions diplomatiques pour éviter une guerre que la couardise des Français et des Anglais avaient rendue inévitable. D’où le célèbre reproche cinglant de Churchill à Chamberlain en mai 1940 : “Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre”.

Le parallèle entre l’impuissance de 1938 et celle de 2022 est saisissant. Poutine devient premier ministre de la Russie en 1999. Il commence par intensifier la guerre contre les tchétchènes qualifiés de terroristes qu’il va « buter jusque dans leurs chiottes ». Il installe une marionnette pro-russe à la tête de la Tchétchénie : Kadirov jouera, avec Loukachenko l’autre marionnette biélorusse, le rôle de ‘bad cop’ dans la guerre contre l’Ukraine. Poutine  ne s’arrête pas là : en 2008, il prend prétexte des revendications pro-russes des régions séparatistes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud pour déclencher une guerre contre la Géorgie. Avec déjà les mêmes méthodes : ‘protéger’ les russophiles en envahissant les territoires, délivrer un maximum de passeports russes, exiler les récalcitrants etc. Biélorussie, Tchétchénie, Géorgie… : pendant ce temps, il s’assurait de la neutralité bienveillante de son voisin chinois, qui lui laisse les mains libres à l‘Ouest. Si on ajoute à cela l’intervention militaire en Libye, en Syrie et maintenant en Afrique de l’Ouest (via Wagner), et la modernisation d’une armée de 900 000 hommes, on a le tableau d’une montée en puissance à laquelle personne n’a osé s’opposer vraiment avant l’invasion de l’Ukraine. Et encore ! La riposte défensive que soutiennent les alliés de l’Ukraine laisse  perplexe. Imagine-t-on soutenir un pays agressé en lui interdisant de vaincre son agresseur ? Pouvait-on défendre Paris sans bombarder Berlin ?

Une affiche montrant le visage de Poutine et d'Hitler, lors d'une manifestation pour l'Ukraine à Barcelone.Nicolas Baverez a hélas raison de comparer 1938 et 2022 :
« L’histoire ne se répète pas mais nous livre des enseignements précieux. Si notre monde diffère de celui de l’entre-deux-guerres, la configuration géopolitique présente des ressemblances troublantes. La stratégie de Vladimir Poutine pour remettre en question l’ordre international, assouvir sa soif de revanche et reconstruire l’empire soviétique épouse les étapes de la constitution par Hitler d’un espace vital pour le III° Reich… »

Pourquoi cette longue introduction historique ? Parce que la première lecture (Ez 33,7-9) de ce dimanche ne s’applique pas qu’aux relations interpersonnelles seulement : elle vaut également pour les nations. « Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang ».

Ne pas avertir le méchant, Hitler ou Poutine ou tout autre tyran, c’est devenir complice du malheur à venir, c’est se condamner à subir le déshonneur et la guerre. L’avertissement doit être rigoureux, et d’ailleurs Jésus dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 18,15-20) va jusqu’à envisager l’exclusion de la communauté si la correction fraternelle ne fait pas changer celui qui commet le mal. Paul appliquera cette pédagogie jusqu’au bout en demandant d’exclure de la communauté de Corinthe un incestueux qui ne voulait pas changer de conduite (1Co 5,1-13).

Étouffer le mal dans l’œuf, l’éradiquer avant qu’il ne soit trop fort : voilà une responsabilité spirituelle qui demande courage, discernement, et force d’intervention !

 

Socrate versus Augustin

Nul n’est méchant volontairement”
 Augustin dans Communauté spirituelle
Mais qui est le méchant qu’Ézéchiel et nous-mêmes devons avertir ?
On n’ose plus guère employer ce terme de méchant, peut-être par peur du jugement moral, ou pour éviter tout conflit. Socrate trouve même une excuse pour ne pas essentialiser le méchant, pour ne pas le réduire à sa méchanceté : “Nul n’est méchant volontairement”, affirme-t-il (dans le Protagoras de Platon).

Si la méchanceté peut être définie comme le fait de causer du tort à quelqu’un délibérément, alors pour Socrate, elle ne peut constituer un trait de caractère humain. Selon lui, en effet, les personnes méchantes agissent par aveuglement, sans savoir qu’elles font le mal : « Nul n’est méchant volontairement ». Comment comprendre cette formule étonnante ? Le philosophe précise que tout le monde désire le bien et que personne ne peut vouloir le mal pour le mal. Le bien est la source de toutes nos actions. Il arrive ainsi que certains commettent le mal malgré eux par ignorance, parce qu’ils ont pris le mal pour le bien ou parce que leur point de vue était mal renseigné : ils ne comprennent pas, par exemple, qu’en se comportant de manière injuste se rendent malheureux et se font du mal à eux-mêmes. Dans ces conditions, ce qu’on prend pour de la méchanceté ne repose finalement que sur un malentendu ou un défaut de connaissance. Être méchant pour Socrate, c’est tout au plus commettre une erreur d’appréciation sur la véritable nature du bien. Si Socrate continue de nous parler, c’est que nous savons que la liberté ne consiste pas (seulement) à vouloir, mais aussi à savoir ce que nous faisons.

C’est une piste que suit la traduction grecque d’Ézéchiel (la LXX) en employant le nom pécheur au lieu de méchant. Or le pécheur est celui qui commet un péché, mais ne s’y réduit pas. Alors que le méchant l’est par essence, et c’est sa nature de commettre le mal. D’ailleurs en grec le mot péché ἁμαρτία (hamartia) signifie : manquer sa cible. Le pécheur (méchant) se trompe lui-même en poursuivant une autre cible que celle qui lui permettrait de devenir lui-même. Il manque sa cible en se trompant de cible. Il confond la gloire et l’amour, la richesse et le bonheur, la domination et la reconnaissance, la soumission et la fidélité, la force et l’efficacité… Aucun homme ne fait le mal volontairement, car le mal est essentiellement nuisible à qui le commet. Or aucun homme ne saurait vouloir se nuire à lui-même. Celui qui fait le mal croit forcément faire le bien, mais se trompe sur la réalité du bien. Quant à celui qui fait le mal, tout en prétendant connaître le bien, il se leurre sur la réalité de sa connaissance.

ze-conseil-du-jeudi-20180621-1024x1024 HitlerC’est pourquoi Jésus cloué sur la croix prie pour les soldats qui sont alors les méchants du Calvaire : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et Paul renchérit : « s’ils avaient su, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire » (1Co 2,8). Pour tout une tradition chrétienne, avertir le méchant c’est lui ouvrir les yeux sur la réalité de ses actes, afin qu’il s’en détourne et qu’il vive, selon la parole d’Isaïe que Jésus aime à répéter : « je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18,23;33,11). Car le méchant est un aveugle qui s’ignore. Il ne sait pas ce qu’il fait. Par exemple, le roi David est dans le rôle du méchant lorsqu’il désire Bethsabée, puis la viole, et fait tuer son mari militaire en l’envoyant au front ! Aveuglé par son désir qu’il confondait avec l’amour, David se trompait de cible en poursuivant cette liaison adultère, assassine et violente. Il faudra le courage du prophète Nathan pour lui ouvrir les yeux, grâce à la parabole d’un riche qui dépouille un pauvre vigneron de sa vigne unique : « cet homme, c’est toi » (2S 12,7). Là enfin, David prend conscience de ce qu’il a fait, et change radicalement.

Avertir le méchant, si l’on suit cette ligne Socrate–Ézéchiel–Nathan–Jésus, c’est d’abord croire en sa dignité humaine, voilée par son péché, mais potentiellement réactivable. Puis c’est avoir le courage de lui dire ses quatre vérités en lui mettant sous les yeux la réalité du mal commis. Et enfin lui ouvrir une voie de changement radical (techouva = retour à Dieu) pour qu’il reprenne sa place dans la communion fraternelle (cf. Ez 18,21.27;33,14–15).

Attention cependant : les justes risquent de trouver cette miséricorde injuste ! Israël a très vite pensé que la miséricorde de YHWH envers les païens était exagérée : « si le méchant se détourne de sa méchanceté, pratique le droit et la justice, et en vit, alors vous dites : ‘La conduite du Seigneur est étrange’ » (Ez 33,19-20). Dans l’évangile de Luc, le fils aîné de la parabole s’indigne de la possibilité offerte à son frère prodigue de revenir à la table familiale, fêté en héros avec du veau gras à profusion. Jésus a dû souvent répéter ce passage d’Ézéchiel à ceux que scandalisait son bon accueil des pécheurs : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Mt 9,13).
Avertir le méchant, c’est paradoxalement s’exposer à la colère des « gentils » qui ne veulent pas que d’autres obtiennent par grâce ce que eux ont eu tant de mal à acquérir par le mérite…

 

Le simple plaisir de faire ce qui est défendu”
31r8zgt+xXL._SX296_BO1,204,203,200_ méchant
Saint Augustin quant à lui prend l’exact contre-pied de Socrate ! Il incarne une autre tradition chrétienne – tout aussi légitime – plus réaliste, voire pessimiste. Il observe : « Nul n’est méchant que par le fait de sa volonté propre. Qui le nie ? » Pour lui, le mal est toujours accompli par un coupable pécheur. Et il sait de quoi il parle, puisqu’il raconte dans les Confessions comment il a volé des poires dans un verger alors qu’il était adolescent, non par gourmandise puisqu’elles n’étaient ni belles ni bonnes et qu’il ne les a pas mangées, mais par volonté de transgression, c’est-à-dire par pure malice : « Ce n’est pas de l’objet convoité par mon larcin, mais du larcin même et du péché que je voulais jouir », écrit-il. Comme il se le reproche des années plus tard, une fois converti au Christ, Augustin dit alors avoir éprouvé une étrange volupté à accomplir ce qui était interdit et s’étonne d’avoir aimé sa propre « difformité ». Cette expérience lui a donc permis de découvrir sa propre méchanceté et de s’interroger sur l’origine de ce plaisir pris à commettre le mal.
Dans son Traité du libre arbitre, il écrit: «Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même, la responsabilité du péché.» Ou encore : «Ce qui ne serait pas fait volontairement ne serait ni péché, ni bonne action; et ainsi, le châtiment aussi bien que la récompense serait injuste, si lhomme navait pas une volonté libre.» Il ne peut y avoir de justice si l’on ne peut pas attribuer une volonté libre et donc une responsabilité à celui qui agit. Ce qui est devenu une évidence pour nous a nécessité une véritable révolution philosophique. Il aura fallu introduire l’idée du péché pour ouvrir la porte à celle de la responsabilité morale. Socrate pouvait concevoir que l’agir soit infléchi par les désirs les plus irrationnels. Il ne pouvait imaginer une âme qui se donnerait pour visée explicite le mal. Une fois l’idée de la nature pécheresse de l’homme établie, l’articulation du mal et de la liberté devenait pensable.

HannibalFinal1.0 PoutinePour autant, les humains sont-ils condamnés à faire le mal lorsque la situation semble l’imposer ? Pas nécessairement. Le mal n’est que la conséquence logique de notre faculté à être libres. Même si nous « voulons » le bien, nous restons toujours et irréductiblement libres d’agir autrement, de nous soustraire aux injonctions de la morale et donc de faire le mal. Être méchant, c’est donc plutôt être faible et faillible, céder à ce que Kant appelle « une fragilité de la nature humaine ».

Augustin n’en tire pas la conclusion que nous serions par nature totalement méchants. Il pose les bases de ce qu’on appellera après lui le péché originel. C’est d’abord le triste constat que tout être humain est traversé par l’inclination au mal, et qu’il peut prendre plaisir à y céder.
Ne soyons donc pas naïfs. Excuser le mal ne sert à rien. Il faut le combattre, et cela commence par appeler un chat un chat, à ne pas travestir le mal en bien, et à avertir le méchant que sa conduite le mène à sa perte. Le mal n’est pas commis involontairement, mais en toute conscience, lucidement. Il y en chacun de nous une inclination à aimer le mal pour lui-même, à y prendre du plaisir en sachant que c’est mal.
Étaler sous les yeux de Poutine les centaines de milliers de morts, de blessés, d’exilés de la guerre qu’il mène ne suffira pas à le détourner du mal. Il en faudra davantage.

Avertir le méchant demande alors de l’empêcher de nuire et non pas de se contenter de lui ouvrir les yeux. Et s’il a fallu pour cela bombarder Berlin, c’était un moindre mal par rapport aux millions de morts et de déportés qu’aurait engendré une non-intervention complice. En 1945, c’était déjà hélas trop tard…

 

Avertis, sinon tu mourras !
 Socrate
Quelle que soit la ligne choisie, Socrate ou Augustin, Ézéchiel prévient : si tu ne le fais pas, le méchant finira par mourir de sa méchanceté mais à toi « je demanderai compte de son sang ». Si par contre tu avertis le méchant, quelle que soit sa réponse, toi tu auras sauvé la vie. Voilà l’effet boomerang de l’avertissement : il revient à son expéditeur en cause de salut, alors que l’inaction condamne celui qui laisse le mal se propager.
Même sur la pelouse d’un stade, l’arbitre ne doit pas hésiter à sortir le carton jaune, voire rouge, pour avertir un joueur de son comportement hors-jeu.

Si nous avons peur du méchant – en entreprise, en famille, en Église, dans la vie associative etc. – qu’au moins la peur de mourir nous-même (moralement, spirituellement) nous pousse à l’interpeller !

Avertir le méchant est une question de vie ou de mort.
Prions pour trouver en nous le courage de dénoncer le mal sans trembler, sans oublier que nous sommes aussi capables d’être le méchant d’un autre…

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Si tu n’avertis pas le méchant, c’est à toi que je demanderai compte de son sang » (Ez 33, 7-9)

Lecture du livre du prophète Ézékiel
La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. »

PSAUME
(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! (cf. Ps 94, 8a.7d)

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

DEUXIÈME LECTURE
« Celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi » (Rm 13, 8-10)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. La Loi dit : Tu ne commettras pas d’adultère,tu ne commettras pas de meurtre,tu ne commettras pas de vol,tu ne convoiteras pas. Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour.

ÉVANGILE
« S’il t’écoute, tu as gagné ton frère » (Mt 18, 15-20)
Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia. (cf. 2 Co 5, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
 Patrick BRAUD

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20 août 2023

Plus je sais, plus j’ignore

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Plus je sais, plus j’ignore

Homélie pour le 21° Dimanche du temps ordinaire / Année A
27/08/2023

Cf. également :
Le kôan qui changea Simon en Pierre
Exercer le pouvoir selon le cœur de Dieu
Yardén : le descendeur
Les insignes du politique
Lier et délier : notre pouvoir des clés
Jésus évalué à 360°
Marie Theotokos, ou la force de l’opinion publique

La quadrature du cercle
Cercle PolygonesPeut-on mesurer la longueur d’un cercle à l’aide d’un petit bout de bois rectiligne ? Le problème a l’air simple, et semble relever des annales du BEPC. Pourtant, cette énigme de la quadrature du cercle – car c’est bien de cela qu’il s’agit – a occupé les mathématiciens pendant des siècles ! On a envie de reporter n fois la longueur du bout de bois sur la circonférence du cercle jusqu’à en faire à peu près le tour. Pour affiner, on coupera le bois plus court, de plus en plus court, pour que le polygone régulier obtenu en reportant n fois sa longueur sur la circonférence l’épouse au mieux.

Las ! Il faudra attendre plus de 3000 ans pour que Ferdinand de Lindemann démontre rigoureusement en 1882 que le nombre ¶ n’est pas entier. Approximer un cercle de rayon R par n bâtons rectilignes de longueur l supposerait que nxl=2x¶xR, soit n = 2x¶xR/l. Or, puisque ¶ n’est pas un entier, n ne peut l’être non plus. Et donc la quadrature du cercle est impossible ! On dit de ¶ qu’il est un nombre transcendantal : vous aurez beau écrire des milliards de chiffres après la virgule, vous n’aurez toujours pas le nombre ¶ exact.

Peut-être une piste pour la transcendance de Dieu ?
Dieu est l’infini. Or, entre l’infinité de Dieu et la finitude de l’homme, il ne saurait y avoir de proportion. L’homme peut bien s’avancer indéfiniment par étapes successives de connaissances vers la vérité, ces étapes seront en elles-mêmes toujours finies et la vérité est l’être à son niveau infini. De sorte que la vérité échappera toujours nécessairement à l’effort humain qui veut la saisir. Entre la connaissance humaine et la vérité, on trouve le même rapport qui existe entre les polygones inscrits et circonscrits avec la circonférence du cercle : même si l’on multipliait à l’infini les côtés du polygone, certes ils s’approcheraient indéfiniment de la circonférence, mais jamais ne s’identifieraient avec elle.

Le cardinal théologien  Nicolas de Cues ne connaissait pas au XV° siècle la démonstration de Lindenmann. Mais il avait l’intuition que même en multipliant à l’infini le nombre de côtés d’un polygone, il n’arriverait jamais à égaler précisément la longueur du cercle. Il se saisit  – entre autres -  de cette image mathématique pour évoquer la disproportion entre notre finitude (le bout de bois) humaine et l’infini divin (le cercle) : même en multipliant à l’infini nos efforts pour croire en Dieu, nous serions toujours à mille lieues de sa vraie nature. Multiplier les bouts de bois ne fera jamais un cercle…
Nicolas de Cues – mettant ses pas dans ceux de Maître Eckhart et de la mystique rhénane du XIV° siècle – en a livré une synthèse puissante dans son ouvrage capital : « De la docte ignorance » (1443). Pour lui, Dieu demeure l’incompréhensible, et plus nous nous en approchons, plus nous mesurons son infinie altérité, plus la distance entre lui et nous s’agrandit sous nos pieds. Lorsque ce que l’on ignore n’a aucune proportion avec les connaissances en notre possession, il n’y a qu’à proclamer son ignorance.

« Concernant les choses les plus manifestes dans la nature, nous rencontrons autant de difficulté que la chouette voulant voir le soleil en face, assurément alors, puisque le désir en nous n’est pas vain, nous désirerons savoir que nous ignorons.
Si nous saisissons ceci pleinement, nous saisirons la docte ignorance. En effet, même l’homme le plus savant n’arrivera à la plus parfaite connaissance que s’il est trouvé très docte dans l’ignorance même, qui lui est propre, et il sera d’autant plus docte qu’il saura que son ignorance est plus grande » (Nicolas de Cues).

Comment ne pas y voir un des plus beaux hommages à l’émerveillement de Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche (Rm 11, 33-36) :

« Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen ».

Montaigne écrivait : « C’est par l’entremise de notre ignorance plus que de notre science que nous sommes savants de ce divin savoir ».
Et Blaise Pascal renchérissait : « … L’autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu’ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d’où ils étaient partis ; mais c’est une ignorance savante qui se connaît ».

Évoquons quelques conséquences de cette docte ignorance pour nous aujourd’hui.

 

Les 4 phases de la docte ignorance
On attribue à Maslow la distinction des 4 étapes du processus d’apprentissage professionnel, selon le schéma suivant :

Apprentissage 4 phases ❶ Au début de sa formation, le candidat ignore totalement les techniques et savoir-faire qu’on va lui enseigner. Il n’en a même aucune idée, et ne peut imaginer les défis technologiques auxquels il ne saura répondre.
Il ne sait pas qu’il ne sait pas.

❷ Puis ses maîtres en apprentissage lui montrent leur art et les merveilles qu’il leur permet d’accomplir. Confus, l’apprenti découvre alors qu’il est vraiment loin de ce niveau de maîtrise.
Il sait qu’il ne sait pas.

❸ Patiemment, longuement, son maître va l’initier aux subtilités de son art. L’apprenti reproduit, mémorise, exécute fidèlement et réussit avec application à imiter son maître.
Il sait qu’il sait.

❹ Et puis, avec le temps, il acquiert une telle aisance qu’il ne réfléchit même plus aux  gestes qu’il accomplit, sublimant sa technique dans une créativité et une ingéniosité qui lui sont propres. Un peu comme un pianiste ayant maîtrisé son solfège et ses gammes passe à l’interprétation inspirée, différente de l’exécution appliquée.
L’apprenti devenu maître ne sait plus qu’il sait.

Toutes proportions gardées, on peut transposer ces 4 phases de l’apprentissage au processus que Nicolas Cues appelle la docte ignorance, et qui fait écho aux interrogations de Paul devant l’infini divin.

Docte ignorance carré magique ❶ Au début, le croyant s’appuie sur les énoncés de foi du Credo, et peut réciter les réponses aux questions du catéchisme : ‘qui est Dieu ? Dieu est un pur esprit’… S’il en reste là, l’orgueil ne sera pas loin. Et la tentation de combattre ceux qui ne professent pas les mêmes mots que lui sur Dieu.
Il croit connaître Dieu, mais il ne fait qu’apprendre et réciter.

❷ À force de lire la Bible, de prier, de contempler le monde, d’échanger etc. le doute viendra peu à peu distiller une nuée d’interrogations semblables à celle de Paul : ‘qui a connu les pensées du Seigneur ? Qui peut sonder ses décisions ? Qui peut comprendre ses chemins ?’ Une remise en cause radicale guette celui qui s’aventure ainsi plus haut que les affirmations croyantes officielles.
Il ne sait plus s’il connaît vraiment Dieu.

❸ S’il se met à fréquenter les auteurs spirituels - de Paul à Saint Jean de la Croix en passant par Maître Eckhart - qui se sont immergés dans la négativité de Dieu, un tel  croyant reconnaîtra avec humilité que ce qui le sépare de Dieu est infiniment plus grand que ce qui le rapproche de Lui, et cette distance devient plus grande au fur et à mesure qu’il avance vers Lui. Un peu comme la ligne d’horizon en mer qui recule sans cesse quand on navigue vers elle. Un tel croyant, désorienté, devient humble selon le cœur du Christ : il sait qu’il ne connaît pas Dieu, l’Inconnaissable.

❹ Alors, surfant en quelque sorte sur cette docte ignorance, il pénétrera plus avant dans les ténèbres lumineuses où Dieu se cache. Il ne sait plus qu’il ne sait pas. Et ainsi il devient paradoxalement d’autant plus uni à Dieu qu’il reconnaît et expérimente en être loin…

 

La théologie négative

« La sainte ignorance nous a enseigné que Dieu est ineffable, parce qu’il est infiniment plus grand que tout ce qui peut être nommé. Comme il est ce qu’il y a de plus vrai, nous parlerons de lui avec plus de vérité par soustraction et par négation » (Nicolas de Cues).

Plus je sais, plus j’ignore dans Communauté spirituelle 51ZINxOwZFL._SX315_BO1,204,203,200_Progresser vers la docte ignorance demande en cours de route de nier ce que nous savons sur Dieu. Par exemple : Dieu est justice certes, mais il est aussi injustice (ce que le mot Testament incarne par exemple, car quoi de plus injuste qu’un testament exprimant la libre volonté de son donateur ?). Il est amour, mais aussi colère et vengeance. Il est lumière au Thabor et ténèbres au Sinaï, plein de miséricorde pour le fils prodigue et impitoyable envers le gérant malhonnête etc. C’est ce que Nicolas de Cues appelle la coïncidence des contraires (coincidentia oppositorum, en latin). S’il est possible d’affirmer quelque chose sur Dieu, alors il nous faut immédiatement en dire le contraire, sinon nous réduisons Dieu à des manifestations : on idolâtre un attribut de Dieu au lieu de remonter à Celui qui est plus grand que cet attribut. Toujours le doigt et la lune ! Seule la négation permet de ne pas en rester à cette idolâtrie, et de progresser ainsi – dialectiquement ! – vers d’autres paires de contraires qui agrandiront encore notre incompréhension de Dieu.

Méfions-nous donc de ceux qui ne font qu’asséner des vérités positives sans jamais se poser des questions ! Dire : Dieu est ceci, ou ; Dieu est cela, c’est faire de Dieu une chose. Si Dieu est plus grand que tout, il ne peut être enfermé dans une formulation, une expérience, un système religieux (par ailleurs utile). Dieu est toujours plus grand que ce que je dis de lui.

Israël nous a mis sur cette voie négative en appelant Dieu YHWH, Tétragramme strictement imprononçable, car ce serait mettre la main sur Dieu, le posséder en quelque sorte, que de pouvoir l’appeler par son Nom. Non seulement YHWH est imprononçable, mais son contenu même est rempli d’incertitude, de non-connaissance : « je serai qui je serai ». Autrement dit : ‘ne cherche pas à savoir. Tu verras bien en cours de route. Je te surprendrai !’ Croire en YHWH est la trace de l’expérience spirituelle d’Israël – et de l’Église à sa suite – faite d’émerveillement devant l’altérité radicale de Celui qui est plus grand que tout, que nous ne pouvons voir - comme Moïse - que de dos, ce qui est une belle image de la docte ignorance : je ne vois Dieu que quand je ne le vois plus…

 

Bouche bée
Osbscursilence-400x620 apophatique dans Communauté spirituelle
Au-delà des formules toutes faites, apprenant à unir les contraires, le croyant expérimente alors que le silence, le vide, l’absence sont les profondeurs ultimes où se perd sa capacité de dire ou ressentir quelque chose de Dieu. Les Pères de l’Église, les ermites du désert égyptien, les mystiques des béguinages ou de Rhénanie, les disciples de Thérèse d’Avila ou de Saint Jean de la Croix, les trappistes ou les croyants ordinaires, tant de courants spirituels racontent que ce que nous ne pouvons pas dire sur Dieu est plus important que l’inverse. La théologie apophatique (issue du verbe grec ἀπόφημι – apophēmi = nier) reconnaît la vanité des mots et des savoirs pour approcher le Tout-Autre, et du coup s’abîme dans une profonde méditation au-delà des mots habituels. La musique, la poésie, l’art peut-être peuvent en livrer quelque chose, mais plus sûrement le silence. Et s’il faut écrire, alors chaque mot sera barré de son contraire pour qu’ensemble ils proclament la grandeur de Dieu qui dépasse les contraires en les unissant. La montée vers Dieu est une montée dans le silence et l’obscurité : « étant plongés dans l’obscurité au-delà de tout entendement, nous allons rencontrer non seulement la pauvreté des mots, mais l’absence totale de parole et de compréhension » (Pseudo-Denys l’Aréopagite, V°-VI° siècles).

« Notre ignorance nous enseignera de manière incompréhensible comment nous, qui travaillons péniblement au milieu d’énigmes, pouvons avoir sur le Très-Haut une pensée plus correcte et plus vraie ».
« La précision de la vérité brille de manière incompréhensible dans les ténèbres de notre ignorance. Voilà la docte ignorance que nous recherchions et par laquelle seule, comme nous l’avons expliqué, nous pouvons accéder en suivant les degrés de la doctrine de l’ignorance au Dieu maximum et unitrine d’infinie bonté, afin de pouvoir toujours le louer de toutes nos forces parce qu’il nous a montré ce qu’il y a en Lui d’incompréhensible » (Nicolas de Cues).

Terminons par une hymne magnifique, témoin de cette théologie apophatique où ne pas connaître est plus vrai qu’affirmer. Elle fait partie du bréviaire catholique ; elle est à ce titre régulièrement priée par des millions de baptisés. Faisons la nôtre en ce dimanche pour ruminer le passage de la Lettre aux Romains où Paul reste bouche bée, interloqué et stupéfait devant Celui qui le dépasse :

« Ô toi, l’au-delà de tout,
n’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de toi ?
Quelle hymne te dira, quel langage ?
Aucun mot ne t’exprime.
À quoi l’esprit s’attachera-t-il ?
Tu dépasses toute intelligence.
Seul, tu es indicible,
car tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul, tu es inconnaissable,
car tout ce qui se pense est sorti de toi.
Tous les êtres,
ceux qui parlent et ceux qui sont muets,
te proclament.
Tous les êtres,
ceux qui pensent et ceux qui n’ont point la pensée,
te rendent hommage.
Le désir universel,
l’universel gémissement tend vers toi.
Tout ce qui est te prie,
et vers toi tout être qui pense ton univers
fait monter une hymne de silence.
Tout ce qui demeure demeure par toi ;
par toi subsiste l’universel mouvement.
De tous les êtres tu es la fin ;
tu es tout être, et tu n’en es aucun.
Tu n’es pas un seul être,
tu n’es pas leur ensemble.
Tu as tous les noms, et comment te nommerai-je,
toi le seul qu’on ne peut nommer?
Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées
qui couvrent le ciel même ?
Prends pitié,
Ô toi, l’au-delà de tout,
n’est-ce pas tout ce qu’on peut chanter de toi ? »

Grégoire de Nazianze (329-390)

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Je mettrai sur mon épaule la clef de la maison de David » (Is 22, 19-23)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Parole du Seigneur adressé à Shebna le gouverneur : « Je vais te chasser de ton poste, t’expulser de ta place. Et, ce jour-là, j’appellerai mon serviteur, Éliakim, fils d’Helcias. Je le revêtirai de ta tunique, je le ceindrai de ton écharpe, je lui remettrai tes pouvoirs : il sera un père pour les habitants de Jérusalem et pour la maison de Juda. Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David : s’il ouvre, personne ne fermera ; s’il ferme, personne n’ouvrira. Je le planterai comme une cheville dans un endroit solide ; il sera un trône de gloire pour la maison de son père. »

PSAUME
(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6.8bc)
R/ Seigneur, éternel est ton amour : n’arrête pas l’œuvre de tes mains. (cf. Ps 137, 8)

De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.

Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.

Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble.
de loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.

DEUXIÈME LECTURE
« Tout est de lui, et par lui, et pour lui » (Rm 11, 33-36)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Quelle profondeur dans la richesse, la sagesse et la connaissance de Dieu ! Ses décisions sont insondables, ses chemins sont impénétrables ! Qui a connu la pensée du Seigneur ? Qui a été son conseiller ? Qui lui a donné en premier, et mériterait de recevoir en retour ? Car tout est de lui, et par lui, et pour lui. À lui la gloire pour l’éternité ! Amen.

ÉVANGILE
« Je te donnerai les clés du royaume des Cieux » (Mt 16, 13-20)
Alléluia. Alléluia. Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Alléluia. (Mt 16, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus, arrivé dans la région de Césarée-de-Philippe, demandait à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? » Ils répondirent : « Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Simon-Pierre prit la parole et dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui dit : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clés du royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » Alors, il ordonna aux disciples de ne dire à personne que c’était lui le Christ.
Patrick BRAUD

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15 août 2023

Au moins les miettes !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Au moins les miettes !

Homélie pour le 20° Dimanche du temps ordinaire / Année A
20/08/2023

Cf. également :
Recevoir sa mission d’une inconnue étrangère
Des « juifs perfides » à « nos frères aînés »
Maison de prière pour tous les peuples
Le Temple, la veuve, et la colère
La bourse et la vie
Le communautarisme fait sa cuisine

Les retombées des JO
Le débat fait rage autour du budget des Jeux Olympiques 2024 en France : y aura-t-il un déficit ? Qui va payer ? Où iront vraiment les quelques 9 milliards d’euros prévus ? Tout cela est-il bien écologique ? Etc. Les économistes les plus raisonnables insistent alors – à raison – sur les retombées dont bénéficieront les populations les plus pauvres : amélioration des infrastructures (métro, transports en commun, routes, accès), équipements sportifs (piscines, stades, pistes), effet d’entraînement auprès des jeunes (inscriptions dans les clubs d’athlétisme, de natation etc.). Bref : le gâteau pèse des milliards, mais il y aura bien quelques miettes pour les banlieues…

 

La tournée de Jésus au Liban
Genésareth Tyr Sidon
Toutes proportions gardées (!), l’escapade (une centaine de kms quand même du lac de Tibériade à Tyr et Sidon) de Jésus venu se reposer incognito au Liban produit un effet semblable. La star n’a pas eu beaucoup de contacts avec la foule de ses admirateurs, mais au moins une fillette a été guérie (Mt 15, 21-28). C’est déjà ça !
Cette histoire de festin, de miettes et de chiens de l’évangile de ce dimanche fait immanquablement penser à la parabole inventée par Jésus pour stigmatiser l’avarice des riches : « Le pauvre Lazare aurait bien voulu se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; mais les chiens, eux, venaient lécher ses ulcères » (Lc 16,21). Et voici que Jésus reproduit lui-même cette attitude égoïste du riche festoyant sans souci des païens exclus du repas !

À y regarder de plus près, la mère qui au début mendie la guérison de sa fille à Jésus l’obtient bien à la fin, mais pas de Jésus : de sa foi à elle ! L’image des miettes le dit clairement : inévitablement, lors d’un repas, les enfants laissent tomber de la table des miettes dont les petits chiens se régalent. Ce n’est pas dû à la générosité des convives. C’est dans l’ordre des choses. À tel point qu’on a conçu dans les grands hôtels des ramasse-miettes en argent pour faire place nette entre les plats, qu’un serveur empressé va mobiliser pour que la nappe soit impeccable. Inutile donc de mendier ces miettes de la surabondance. Elles tombent d’elles-mêmes, sans que personne ait à le vouloir. Les chiots ramasse-miettes ne font finalement que recevoir leur dû, en prenant ce qui de toute façon n’est pas consommé. Un peu comme les Restos du cœur profitent des invendus des hypermarchés dont la date limite va être dépassée ; ou comme les pigeons picorent les miettes des sandwichs des touristes assis sur les marches du Sacré-Cœur à Paris : inévitable ! Comme les petits chiens dont elle assume la figure, la cananéenne ne mendie pas les miettes. Les miettes, ça ne se donne pas, ça tombe tout seul, ce n’est la part de personne, c’est à peine une part.

Donc Jésus n’y est finalement pour rien…
Ce n’est pas lui qui guérit, c’est la foi de cette mère. D’ailleurs, il est bien obligé de le reconnaître. Il se tourne vers la femme et dit non pas : « je vais faire sortir le démon de ta fille », mais : « le démon est sorti de ta fille », autrement dit : ta foi est efficace, ta parole a fait ce qu’elle disait (c’est une parole performative, diraient les linguistes). Jésus prie à son tour : « que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Ce n’est pas Jésus qui guérit la fille de la païenne, c’est la foi de sa mère.

 

La demande qui nous change
« Que tout se passe pour toi comme tu le veux ! »
Au moins les miettes ! dans Communauté spirituelle 800px-Folio_164r_-_The_Canaanite_Woman
Jésus énonce là une loi spirituelle toujours actuelle : tu ne recevras que ce que tu désires vraiment…
Si ton désir est rabougri, tu recevras peu. Dilate ton désir au-delà de toi-même, et tu seras comblé.
Voilà de quoi me réconcilier avec la prière de demande. J’ai de plus en plus de mal en effet à prier « comme les païens », en rabâchant des formules quasi-magiques, ou en demandant que plein de bonnes choses me tombent toutes rôties du ciel. Demander la guérison, la richesse, le succès, l’amour, la gloire… c’est comme demander la pluie à la façon des sorciers hindous ou des chamanes de Mongolie. J’ai du mal à croire aux dieux de la météo, de la loterie ou de l’hôpital… Nos intentions de prière universelle le dimanche à l’église sont à cet égard souvent insupportables…

Par contre, si la prière de demande a pour but de me transformer pour me préparer à accueillir, alors là c’est différent ! Comme dit saint Augustin, la prière n’a pas pour but d’informer Dieu – qui a la meilleure agence de renseignement au monde – mais de transformer notre désir.

« Les paroles nous sont nécessaires, à nous, afin de nous rappeler et de nous faire voir ce que nous devons demander. Ne croyons pas que ce soit afin de renseigner le Seigneur ou de le fléchir ».
(Lettre 130, à Proba sur la prière)

Laissons le génial carthaginois développer cette inversion de notre conception de la prière de demande :

« Le Seigneur notre Dieu n’a certes pas besoin que nous lui fassions connaître notre volonté car il ne peut l’ignorer, mais qu’il veut par la prière exciter et enflammer nos désirs, pour nous rendre capables de recevoir ce qu’il nous prépare. Or ce qu’il nous prépare est chose fort grande, et nous sommes bien petits et bien étroits pour le recevoir. C’est pourquoi il est dit : « Dilatez-vous ; élargissez votre cœur… » 2 Co 6,13-14) ».

1676944522e181a23018ade00fb882887a49551ab5_thumbnail_600x Augustin dans Communauté spirituelleAugustin prend l’image d’une poche, d’un sac qui est destiné à recueillir des vivres, des cadeaux. S’il est plié en quatre, il nous faut le déplier. S’il est aplati, il nous faut l’ouvrir, le gonfler, le dilater pour qu’il prenne son volume maximum.

« Toute la vie du chrétien est un saint désir.
Sans doute, ce que tu désires, tu ne le vois pas encore : mais en le désirant tu deviens capable d’être comblé lorsque viendra ce que tu dois voir.
Supposons que tu veuilles remplir une sorte de poche et que tu saches les grandes dimensions de ce qu’on va te donner, tu élargis cette poche, que ce soit un sac, une outre, ou n’importe quoi de ce genre. Tu sais l’importance de ce que tu vas y mettre, et tu vois que la poche est trop resserrée : en l’élargissant, il augmente sa capacité de recevoir.
Nous devons donc désirer, mes frères, parce que nous allons être comblés ».

La poche, c’est notre désir. Ouvrir, élargir le sac, c’est demander dans la prière.
Si nous agrandissons notre foi comme cette poche, tout se passera pour nous comme nous le voulons, selon la parole de Jésus. C’est un constat qu’il fait, presque à son corps défendant, puisqu’il n’est pas d’accord au début pour accorder quoi que ce soit à cette étrangère. Mais, parce qu’elle est une mère se battant pour sa fille, cette femme libanaise – non juive donc – a agrandi son désir en se battant contre l’aveuglement de Jésus. Elle se heurte d’abord à son silence : « il ne lui répondit pas un mot ». Ce silence pourrait passer pour du mépris, de l’indifférence, ou au minimum la volonté de n’avoir aucun contact avec elle. Elle ne se laisse pas rebuter. Et continue à crier de plus belle. La Cananéenne casse les oreilles de Jésus un peu comme la veuve casse les oreilles d’un juge inique dans la parabole de Lc 18,1-8, ou comme l’ami importun réveille son ami pour obtenir du pain pour ses invités (Lc 11,5-13). Ou comme Bartimée qui poursuit les disciples de ses cris, et les disciples veulent le faire taire lui aussi (Mc 10,46-52).

Voilà déjà de quoi redoubler son désir pour le salut de sa fille. Mais Jésus, en bon religieux un peu borné, ne veut pas gaspiller ses forces vives auprès de non-juifs : « je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ». Qu’à cela ne tienne, la femme se jette physiquement à ses pieds et l’implore. Le buté Jésus ose alors lui faire la morale : « ce n’est pas bien de prendre le pain des petits enfants et de le jeter aux petits chiens ». Elle aurait dû être découragée, définitivement désespérée de ne pouvoir obtenir quoi que ce soit de ce nationaliste juif ultra-orthodoxe. Mais cela ne fait qu’exciter son désir davantage comme l’écrivait Augustin. Elle exploite à fond l’image du repas fourni par Jésus afin de réclamer son dû, ces fameuses miettes que même Jésus ne peut empêcher de tomber de la table !

C’est un sacré parcours de dilatation du désir que la libanaise vient ainsi de réussir ! De quoi inspirer notre propre prière de demande : oser s’approcher, affronter l’indifférence, le mépris, crier, crier de plus belle, se jeter en travers, exploiter les failles des refus essuyés, et finalement obtenir à la mesure de notre foi ce qui nous est dû.

Le Catéchisme de l’Église catholique (n° 2610) nous appelle à cette « audace filiale », en se référant notamment à la cananéenne de ce dimanche :

De même que Jésus prie le Père et rend grâces avant de recevoir ses dons, il nous apprend cette audace filiale : “ tout ce que vous demandez en priant, croyez que vous l’avez déjà reçu ” (Mc 11, 24). Telle est la force de la prière, “ tout est possible à celui qui croit ” (Mc 9, 23), d’une foi “ qui n’hésite pas ” (Mt 21, 22). Autant Jésus est attristé par le “ manque de foi ” de ses proches (Mc 6, 6) et le “ peu de foi ” de ses disciples (Mt 8, 26), autant il est saisi d’admiration devant la “ grande foi ” du centurion romain (Mt 8, 10) et de la cananéenne (Mt 15, 28).

La cananéenne ne fait que prier selon les mots de Jésus : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour » (Mt 6,11)…

 

Aut mali, aut male, aut mala
Laissons à Augustin le mot de la fin. Notre prière de demande échoue lorsque quelque chose cloche en nous (et non en Dieu) :

« Si nos prières sont parfois non exaucées, c’est que nous demandons aut mali, aut male, aut mala :
aut mali, en étant mauvais, et pas assez préparés pour demander ;
aut male, nous demandons mal, d’une mauvaise manière, avec peu de foi ou sans persévérance, ou avec peu d’humilité ;
aut mala, nous demandons des choses mauvaises, ou qui, pour une raison ou une autre, ne nous conviendront pas ».
(Augustin, La Cité de Dieu, 20,22).

aut mali : si Poutine ou Prigojine ou Kirill prient pour le succès des troupes russes en Ukraine, nul doute que cette demande leur retombera dessus ! « Celui qui vit par l’épée périra par l’épée… » (Mt 26,52).
Ce « renard d’Hérode » (Lc 13,32) demande aux mages de lui dire où est né le roi des juifs, et heureusement ceux-ci n’exaucent pas la demande d’un tel « méchant ».
La prière des gens mauvais ne peut que signer leur propre condamnation.

 

40-prier-b-660x400 cananéenneaut male : si nous croyons qu’à force de rabâcher comme les païens, ou à force de cierges, d’offrandes et de possessions nous obtiendront la pluie, l’amour ou la santé – toutes choses bonnes par ailleurs – nous passons à côté de la vraie demande, celle qui nous implique avec humilité et persévérance.
Les prophètes de Baal se tailladaient sur le mont Carmel pour obtenir la pluie. Mauvaise stratégie…
Abraham croyait qu’il lui fallait égorger son fils unique en offrande à Dieu : déviation perverse !
La manière de demander compte autant – sinon plus – que la demande elle-même.

 

aut mala : si nous demandons un poignard pour égorger le voisin, ou une promotion à la place d’un collègue, ne nous étonnons pas que le guichet divin reste obstinément fermé !
Comment Dieu voudrait-il donner un scorpion à qui le lui demanderait pour faire le mal ? (cf. Lc 11,11).
C’est peut-être la principale difficulté de la prière de demande : nous ne savons pas ce qui est bon pour nous. Car – qui sait ? – cette maladie dont je veux être délivré est peut-être mon chemin de sainteté ? ou bien cet échec qui se profile à l’horizon est peut-être ma chance d’aborder une autre étape de ma vie ? Etc.
C’est bien ce que Jésus explique à Jacques et Jean, qui lui demandaient de siéger à sa droite et à sa gauche : « vous ne savez pas ce que vous demandez… » (Mt 20,22).
C’est bien ce que Jésus expérimente lui-même à Gethsémani : « Père, si c’est possible, que cette coupe s’éloigne de moi. Cependant, que ta volonté soit faite, et non la mienne »

Que la cananéenne nous aide à nous impliquer vraiment dans notre prière de demande, afin qu’elle nous change et nous prépare à recevoir ce qui tombera de la table de la vie, au moins les miettes !

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Les étrangers, je les conduirai à ma montagne sainte » (Is 56, 1.6-7)

Lecture du livre du prophète Isaïe
Ainsi parle le Seigneur : Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler.
Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples. »

PSAUME
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! (Ps 66, 4)

Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que ton visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.

Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.

La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !

DEUXIÈME LECTURE
« À l’égard d’Israël, les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance » (Rm 11, 13-15.29-32)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère, mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns. Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart, qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !
Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance. Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.

ÉVANGILE
« Femme, grande est ta foi ! » (Mt 15, 21-28)
Alléluia. Alléluia. Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia. (cf. Mt 4, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, partant de Génésareth, Jésus se retira dans la région de Tyr et de Sidon. Voici qu’une Cananéenne, venue de ces territoires, disait en criant : « Prends pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit pas un mot. Les disciples s’approchèrent pour lui demander : « Renvoie-la, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui en disant : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Elle reprit : « Oui, Seigneur ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, grande est ta foi, que tout se passe pour toi comme tu le veux ! » Et, à l’heure même, sa fille fut guérie.
Patrick BRAUD

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