L'homélie du dimanche (prochain)

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12 février 2023

Soyez parfaits !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Soyez parfaits !

Homélie pour le 7° Dimanche du temps ordinaire / Année A
19/02/2023

Cf. également :

Talion or not talion ?
Le vrai sanctuaire, c’est vous
Boali, ou l’amour des ennemis
También la lluvia : même la pluie !
Simplifier, Aimer, Unir
La bourse et la vie
Incendie de Notre Dame de Paris : « Le sanctuaire, c’est vous »
Aimer ses ennemis : un anti-parcours spirituel
Ecclésia permixta

Soyez parfaits ! dans Communauté spirituelle phases-lune

Lunatique sainteté
Les soirs de pleine lune, nous pouvons marcher dehors comme en plein jour. Ce n’est pas la lune qui brille, c’est bien sûr la lumière du soleil qui se reflète sur elle, et nous permet ainsi - suffisamment atténuée pour ne pas nous éblouir et suffisamment forte pour éclairer nos pas dans la nuit - de ne pas nous perdre dans l’obscurité.

Imaginons maintenant que le soleil c’est le Christ, l’unique lumière venue éclairer l’humanité. Imaginez que la lune est l’Église, pauvre amas de rochers stériles, renvoyant pourtant à la Terre la lumière du Christ. Depuis l’Ascension, le Christ n’est plus visible dans l’histoire humaine, mais en l’absence du soleil l’Église-lune nous renvoie quelque chose de sa clarté pour baliser notre route dans la nuit.

Vous avez dans cette métaphore Christ-soleil / Église-lune une des plus belles sources d’inspiration pour penser l’Église ! Comme l’écrit le concile Vatican II dans son document sur l’Église : « le Christ est l’unique lumière des peuples… » (Lumen gentium), et la mission de l’Église est de la transmettre à tout homme.
Dans la lunette d’un télescope, la lune semble froide et stérile. Ainsi paraît l’Église, composée d’hommes et de femmes pécheurs, loin d’être parfaits ! Pourtant, elle nous transmet l’Évangile ; pourtant malgré ses contradictions, elle nous transmet la vie du Christ par les sacrements. Saint Ambroise de Milan (IV° siècle) disait : « la lune nous montre le mystère de l’Église », il ajoutait : « elle ne resplendit pas de sa propre lumière, mais de celle du Christ ». « La lune, qui présente l’image de cette Église bien-aimée n’est certes pas chose négligeable ». Cyrille d’Alexandrie reprenait cette image que les autres Pères de l’Église ont développée amplement pendant des siècles : « L’Église est auréolée par la lumière divine du Christ, qui est la seule lumière dans le royaume des âmes. Il y a donc une seule lumière: mais dans cette unique lumière, l’Église resplendit aussi, sans pour autant être le Christ lui-même ».

L’autre caractéristique de la lune est d’être changeante aux yeux humains : tantôt croissante, tantôt dans sa plénitude, puis décroissante… Comment ne pas y voir la succession des étapes historiques de l’Église, avec ses déclins, ses phases d’expansion et de rayonnement universel, ses âges d’or, puis à nouveau son affaiblissement, sa quasi-disparition etc. ? Le destin historique de l’Église est comparable aux phases lunaires.
Le futur pape Paul VI, Jean-Baptiste Montini alors évêque de Milan, développait la métaphore de son prédécesseur Ambroise :
« Saint Ambroise arrive même à comparer l’Église à la lune, dans les phases de croissance et de décroissance de laquelle se reflètent les vicissitudes de l’Église qui plonge et se redresse sans jamais sombrer, parce que “fulget Ecclesia non suo sed Christi lumine”, elle ne resplendit pas de sa propre lumière, mais de celle du Christ ». L’Église a ses phases, des phases de persécution et de paix. Elle semble disparaître, comme la lune, mais il n’en est pas ainsi. En effet, son effacement n’est en réalité que la diminution de son intensité lumineuse. La lune connaît une diminution de sa lumière, et non de son corps […]. Le disque lunaire reste entier. Dans le phénomène des phases lunaires, c’est le mystère de l’Église lumineuse et mourante qui est symboliquement représenté ». 

C’est donc une sainteté reflétée en quelque sorte. « Dieu seul est saint » chantons-nous dans le Gloria et le Sanctus, à raison. Lorsque le Credo nous fait dire notre confiance « en l’Église une, sainte, catholique et apostolique », c’est l’Église reflétant l’unité, la sainteté et la plénitude divines, tel que les apôtres nous l’ont transmis. La sainteté de l’Église est le reflet de l’unique sainteté divine.

 

Une perfection participée
La métaphore soleil-lune nous fournit une piste d’interprétation solide pour comprendre l’étrange injonction de Jésus dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 5,38-48) : « soyez parfaits comme votre Père est parfait ».

Si l’on interprète la perfection comme l’absence de défaut moral, alors elle est impossible à l’homme. Si l’on pense à la perfection de la lune reflétant la lumière du soleil, alors elle devient possible. Comme le disait Jésus à ses disciples effrayés de ne pas pouvoir être à la hauteur de ce qu’il demande : « pour les hommes, c’est impossible, mais à Dieu tout est possible » (Mt 19,26). La perfection est donc à la fois impossible à l’homme seul, et pourtant à rechercher.

La perfection dont parle Jésus est bien celle du Père : nous ne pouvons l’atteindre à la seule force de nos poignets, par contre nous pouvons l’accueillir en nous puisqu’il nous la partage, gratuitement. C’est une perfection participée, non acquise, comme la sainteté de l’Église est reflétée et ne vient pas d’elle-même.

 cathare dans Communauté spirituellePour mieux saisir quelle est la perfection à laquelle nous invite le Christ, reportons-nous quelques siècles en arrière au temps des Albigeois. Aux XII°-XIII° siècles se développe dans le sud de la France un mouvement très religieux prônant un christianisme radical. Les fidèles de cette mouvance formaient deux groupes : l’élite dite cathare (mot dérivé d’une racine grecque qui signifie pur), appelée aussi les parfaits ou les bonshommes, et la foule des croyants. On passe de l’un à l’autre statut par le consolament (mot occitan), seul sacrement cathare. Par ce sacrement, l’homme quitte moralement la terre avant que la mort ne précipite son corps à la dissolution du tombeau. Si l’homme n’est pas “consolé” il revient sans cesse en se réincarnant sous d’autres enveloppes charnelles. Pour ce faire, le croyant devait se soumettre à un long noviciat, et une fois parvenu, dans le cercle des parfaits, la chasteté devenait pour lui une obligation absolue, tout comme la pratique d’un ascétisme alimentaire rigoureux (pas de viande, de lait ni d’œuf). Étaient seuls autorisés le vin, le pain, l’huile, les légumes et les fruits.

Les cathares prenaient donc au sérieux le commandement du Christ : « soyez parfaits ». Mais ils oubliaient la seconde partie de la phrase, et pensaient qu’ils devaient acquérir cette perfection à force d’ascèse, de mortification, de renoncement, d’efforts moraux. Du coup, ils commettaient deux erreurs mortelles : vouloir se sauver eux-mêmes au lieu d’être sauvés, et constituer une Église de parfaits alors que l’Église est mélangée de bon grain et d’ivraie, afin que l’on sache que la perfection resplendissant à travers elle vient de Dieu et non des hommes [1].

Former une Église de purs est une tentation toujours présente, une illusion toujours trompeuse. Même en politique, de nombreux mouvements révolutionnaires ont sombré dans une forme de catharisme sécularisé où seuls l’avant-garde du parti, les leaders de la Révolution ou les mollahs gardiens de la charia peuvent incarner le salut des masses…

L’origine du terme cathares remonte au grec « καθαροί » (katharoi, qui signifie « purs »). Il est utilisé pour la première fois par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique pour désigner les sectateurs de Novatien, groupe chrétien rigoriste schismatique apparu au III° siècle qui refusait la réintégration des lapsi au sein de l’Église. Basile de Césarée qualifie pour sa part les Montanistes de katharoi (partisans d’un ascétisme rigoureux : jeûnes nombreux et prolongés, pas de viande ni de vin, continence parfaite, pardon de l’Église refusé aux péchés graves). Celui-ci est latinisé en cathari par les auteurs latins traitant des hérésies, au nombre desquels Augustin d’Hippone.

L’épisode cathare nous avertit : l’appel à la perfection n’est ni à ignorer, ni à radicaliser.
« Soyez parfaits », non par votre rigueur morale, mais en laissant la perfection divine ricocher sur vous pour transformer vous-même et votre entourage.

 

« Pourquoi je suis encore dans l’Église »
L’immense intérêt de cette perfection participée est de sauvegarder l’amour de l’Église alors qu’elle est terne, diminuée et blafarde à nos yeux comme un quartier de lune lors d’une nuit de brouillard. Déjà en 1970, bien avant les scandales sexuels qui affaiblissent l’Église aujourd’hui, le jeune et brillant théologien Joseph Ratzinger expliquait pourquoi il restait dans l’Église malgré les dérives et les folies de l’immédiat après-concile, sur le plan tant liturgique (dérives intégristes ou progressistes), que politique (chrétiens impliqués dans des dictatures militaires ou marxistes) ou moral (débat sur la libération sexuelle, la contraception, IVG etc.) [2].

« L’Église reflète la lumière du Christ ! Pour les Pères, l’application à l’Église de la symbolique de la lune découlait de deux idées principales : d’une part de la correspondance entre la lune et la femme (la mère), d’autre part de l’idée que la lune n’est pas source de lumière, puisqu’elle la reçoit d’Hélios. Sans lui, elle ne serait qu’obscurité ; elle brille, mais sa lumière n’est pas sa lumière, c’est la lumière d’un autre. Elle est lumière et obscurité à la fois. Elle-même n’est qu’obscurité, mais elle dispense une clarté, qui lui vient d’un autre, dont la lumière se propage par son intermédiaire. C’est exactement en cela qu’elle représente l’Église, qui illumine bien qu’elle ne soit elle-même qu’obscurité : elle ne puise pas la lumière en elle-même, mais elle la reçoit du véritable Hélios, le Christ, si bien qu’elle peut, bien qu’elle ne soit elle-même qu’un amas de pierre [...], éclairer les ténèbres dans lesquelles nous vivons de par notre éloignement de Dieu ».

En relisant aujourd’hui cette conférence donnée il y a plus de 50 ans, il est vraiment difficile de ne pas en constater la brûlante actualité… Des hommes ont défiguré le visage de l’Église, la mortifiant et l’immergeant dans de nombreux scandales. Comment pouvons-nous continuer à croire face à ces incohérences ?

Ne rêvons pas d’une Église parfaite selon nos critères ! N’idéalisons ni les prêtres, ni les religieuses, ni l’assemblée du dimanche ! Si l’Église n’est pas parfaite – ce qui est trop évident à nos yeux – ce n’est pas pour autant qu’elle ne témoigne pas de l’unique perfection en Dieu. Bien plus, elle y conduit. Imparfaite, elle transmet l’invitation d’un Autre et s’y  expose elle-même.

 

Si tu veux être parfait…
Le discours sur la montagne (Mt 5) d’où est tiré notre évangile est en fait d’abord un portrait du Christ lui-même : aimer ses ennemis, ne pas riposter aux méchants par la méchanceté, être pauvre en esprit, doux et humble de cœur, assoiffé de justice etc.

Et Jésus nous dit que c’est en laissant l’Esprit de son Père le conduire qui peut agir ainsi : il ne fait rien de lui-même, il se reçoit entièrement de son Père.

Alors, puisque « le Père fait lever son soleil sur les bons comme sur les méchants », si nous sommes unis à Lui, nous ferons de même, sans effort moral : par communion avec lui. L’amour des ennemis sera alors non pas un préalable pour être unis au Christ, mais une conséquence : c’est en étant unis au Christ que nous pourrons aimer nos ennemis.

L’histoire cathare nous a rappelé l’étymologie latine de la perfection. Le mot « perfection » vient du verbe latin per-ficio, dans lequel -ficio est la forme du verbe facio, facere : faire. Le préfixe per traduit l’idée d’une action menée « jusqu’au bout ». Parfait signifie donc « ce qui est fait jusqu’au bout, totalement ». D’où l’assimilation avec les purs : les parfaits n’ont rien à ajouter ni à enlever à ce qu’ils sont.

En grec, le terme perfection contient une idée supplémentaire, celle de la fin, de la finalité (τλειος = teleios) pour laquelle nous sommes créés. Le mot grec parfait (teleios) contient le mot τλος (telos = finalité, but), qui en français a donné téléologique c’est-à-dire qui est orienté vers un but ultime, une finalité, une plénitude.

Être parfait (teleios) c’est donc être ajusté à sa propre finalité. Or la finalité de l’être humain dans la Bible est de se laisser unir à Dieu jusqu’à être en pleine communion avec lui, jusqu’à être divinisé, « rendu participant de la nature divine » (2P 1,4). C’est en communiant à l’amour trinitaire que nous devenons parfaits (par grâce) et non l’inverse (par mérite) !

Palavra-Viva_15_7_14 EgliseDans l’Évangile de Matthieu, le seul autre passage qui utilise le terme grec τλειος (parfait) est l’épisode du jeune homme riche (Mt 19,16-22). « Si tu veux être parfait », lui dit le Christ, « vends tous tes biens, puis viens et suis moi ». Une lecture trop rapide ferait croire que la perfection réside dans la pauvreté volontaire : vendre tous ses biens. Or ce n’est là qu’un préalable, une condition pour la perfection véritable : suivre le Christ. C’est la suite du Christ qui nous rend parfait, jusqu’à vivre la vraie pauvreté avec lui. Être parfait n’est pas être pauvre mais être uni au Christ, le suivre, communier à tout son être. Alors, « naturellement » (de la nature divine), nous mettrons à penser, agir et parler en lui.

L’Église resplendit non pas de sa propre lumière, mais de celle du Christ, et elle tire sa propre splendeur du Soleil de justice, de sorte qu’elle peut dire avec Paul : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi » (Ga 2,20) …

Foin de tous les puritanismes comme de tous les laxismes !
Renonçons donc à une conception trop humaine de la perfection idéaliste !
Christ nous invite non pas à devenir moralement irréprochables pour être unis à lui, mais être unis à lui pour alors agir en lui et lui en nous…

 


[1]. Bien sûr ; cela ne légitime en rien les répressions sanglantes de l’Inquisition contre les cathares…

[2]. Joseph Ratzinger, « Pourquoi je suis encore dans l’Église », Conférence, Munich, 4 juin 1970.
Cf. https://www.cathedrale-montpellier.fr/pourquoi-je-suis-encore-dans-leglise-joseph-ratzinger-extraits-de-la-conference-munich-4-juin-1970/

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19, 1-2.17-18)

Lecture du livre des Lévites

Le Seigneur parla à Moïse et dit : « Parle à toute l’assemblée des fils d’Israël. Tu leur diras : Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur. Mais tu devras réprimander ton compatriote, et tu ne toléreras pas la faute qui est en lui. Tu ne te vengeras pas. Tu ne garderas pas de rancune contre les fils de ton peuple. Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Je suis le Seigneur. »

PSAUME
(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13)
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié. (Ps 102, 8a)

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.

Aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés ;
comme la tendresse du père pour ses fils,
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !

DEUXIÈME LECTURE
« Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu » (1 Co 3, 16-23)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, ne savez-vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous. Que personne ne s’y trompe : si quelqu’un parmi vous pense être un sage à la manière d’ici-bas, qu’il devienne fou pour devenir sage. Car la sagesse de ce monde est folie devant Dieu. Il est écrit en effet : C’est lui qui prend les sagesau piège de leur propre habileté. Il est écrit encore : Le Seigneur le sait :les raisonnements des sages n’ont aucune valeur ! Ainsi, il ne faut pas mettre sa fierté en tel ou tel homme. Car tout vous appartient, que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir : tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.

ÉVANGILE

« Aimez vos ennemis » (Mt 5, 38-48)
Alléluia. Alléluia. En celui qui garde la parole du Christ l’amour de Dieu atteint vraiment sa  perfection. Alléluia. (1Jn 2, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent. Eh bien ! moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant ; mais si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut te poursuivre en justice et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Et si quelqu’un te réquisitionne pour faire mille pas, fais-en deux mille avec lui. À qui te demande, donne ; à qui veut t’emprunter, ne tourne pas le dos !
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. »
Patrick Braud

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15 janvier 2023

La honte de Zabulon et Nephtali

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La honte de Zabulon et Nephtali

 

Homélie pour le 3° Dimanche du temps ordinaire / Année A 

22/01/2023

 

Cf. également :

De l’ordre de Nazareth au désordre de Capharnaüm

L’épervier de la fraternité
Descendre habiter aux carrefours des peuples
Ruptures et continuités : les conversions à vivre pour répondre à un appel
Le Capharnaüm de la mémoire : droit à l’oubli, devoir d’oubli

 

La honte et la fierté version Coupe du monde

Jamal Musiala effondré après l'élimination retentissante de l'Allemagne

Que de belles surprises pendant ce Mondial 2022 ! La vivacité exceptionnelle des Japonais, la résilience des Sud-Coréens, le niveau incroyable atteint par l’équipe marocaine première nation africaine en demi-finale, la finale au scénario improbable jusqu’aux tirs au but ! Symétriquement, 3 grandes nations du football sont reparties très vite, le ballon entre les jambes… : l’Allemagne si forte d’habitude (4 étoiles), l’Espagne qui nous faisait trembler (1 étoile), sans oublier le Portugal… Sa Majesté le Brésil elle-même (5 étoiles) éliminée en quarts de finale !!! L’Italie légendaire (4 étoiles) n’était même pas qualifiée… Et que dire du 6-1 administré par le Portugal à la Suisse !
« Il m’a mis la honte devant tout le monde » : cette expression que les jeunes de banlieue affectionnent, beaucoup de joueurs aurait pu l’utiliser en quittant la pelouse…
Mettre la honte est la plus grande blessure d’honneur que les bandes rivales peuvent s’infliger.

 

La honte de Zabulon et Nephtali

Les 12 tribus d'IsraëlOn comprend mieux l’importance des mentions de Zabulon et Nephtali que nous retrouvons dans notre première lecture (Is 8,23b–9,3) :

« Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations ».

Notre évangile du dimanche (Mt 4,12‑23) cite ce passage : 

« Jésus quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée ». 

La honte de ces deux tribus d’Israël est d’abord de ne pas avoir réussi à s’imposer face aux païens qui étaient là, et ensuite d’avoir été déportées les premières dans l’histoire d’Israël. Elles n’avaient pas réussi à conquérir vraiment leurs territoires ni à prendre le dessus sur les païens locaux (Jg 1) même si leur courage était grand (Jg 5,18). Elles ont été annexées en -732, puis déportées (2R 15) par le roi de Syrie. Puis l’armée romaine de Celtius a détruit leur ville pendant la guerre des juifs contre l’empire.

Du coup, Zabulon et Nephtali étaient méprisées par les autres tribus qui les trouvaient bien trop faiblardes. Même les étrangers les considéraient comme sans valeur. Ainsi Hiram, le roi de Tyr, avait fourni à Salomon autant d’or et de bois de cèdre et de cyprès qu’il avait voulu. En remerciement, Salomon lui céda vingt villes dans la région de Galilée. Hiram vint de Tyr pour examiner les villes que lui donnait Salomon. Mais elles ne lui plurent pas et il s’exclama : « Qu’est-ce que ces villes que tu m’as données là, mon allié ? Et il les appela pays de Kaboul (‘Terre-de-Rien’, sans valeur), nom qu’elles ont conservé jusqu’à ce jour » (1R 9,11-13).

 

Au temps historique de Jésus, et depuis de nombreuses décennies, il y a longtemps qu’on ne parle plus ni du pays ni de la tribu de Zabulon. 

La réputation de Zabulon et Nephtali était si désastreuse qu’on appelait leur région « carrefour des païens » (גָּלִיל , galîl ha-goyim en hébreu), ce qui a donné le nom propre Galilée (Jos 20,7;21,32). Ce n’est donc pas un compliment de dire de quelqu’un qu’il vient de Galilée, ou pire encore qu’il y habite. C’est plutôt une insulte, un reproche. En s’établissant en Galilée, à Capharnaüm, Jésus semble faire corps avec ces juifs peu fiables exposés à tous les vents du paganisme ambiant.

 

La honte de Zabulon et Nephtali dans Communauté spirituelle jacob-rachelPourtant, à l’origine, il n’en était pas ainsi ! Car salut l’on vient de la racine hébreu zbl, qui signifie… habiter ! Selon Gn 30,20 : « Léa dit : Dieu m’a fait un beau don (zbd); cette fois, mon mari habitera (zbl) avec moi, car je lui ai enfanté six fils. Et elle l’appela du nom de Zabulon ». Quand Léa dit : « Jacob habitera avec moi et on appellera l’enfant Zabulon », on entend déjà l’annonce de la Nativité : « on l’appellera Emmanuel, Dieu avec nous » (Mt 1,23). 

En plus, Léa fait un jeu de mots entre recevoir un beau cadeau (zbd) et habiter avec l’être aimé (zbl). Ce qui nous fait bien sûr penser aux deux prénoms « Dieu sauve » (Yeshoua, Jésus) et « Dieu avec nous » (Emmanuel) : c’est bien par grâce (cadeau) que nous sommes sauvés en accueillant Dieu qui vient habiter en nous. C’est bien le don par excellence qu’il nous fait dans cette inhabitation mutuelle : le Verbe de Dieu vient demeurer en nous, et nous en lui.
Zabulon (zbd-zbl) préfigure Jésus-Emmanuel.

 

Testament des 12 PatriarchesS’il fallait ajouter au prestige initial de Zabulon, on irait lire le texte juif apocryphe du Testament des Douze patriarches, écrit environ un siècle avant Jésus, où Zabulon fils de Jacob se montre particulièrement visionnaire sur l’avenir d’Israël :

« J’ai lu dans l’écriture de mes pères que dans les derniers temps vous vous séparerez du Seigneur, vous vous diviserez dans Israël, et vous suivrez deux rois. Vous vous livrerez aux abominations de l’idolâtrie; vos ennemis vous emmèneront captifs, et vous demeurerez parmi les nations accablés de douleurs et d’afflictions. Après cela vous vous souviendrez du Seigneur, vous vous repentirez ; et le Seigneur vous ramènera, parce qu’il est plein de miséricorde ; après quoi Dieu même, le soleil de justice, se lèvera sur vous ; la santé et la miséricorde sont dans ses ailes. Il rachètera les enfants des hommes, que Bélial tient en captivité; tout esprit d’erreur sera foulé aux pieds; le Seigneur convertira toutes les nations ; et vous verrez Dieu sous une forme humaine, parce que le Seigneur a choisi Jérusalem, et que son nom est le Seigneur. Enfin vous l’irriterez de nouveau, et il vous rejettera jusqu’au temps de la consommation des siècles ».

Bien sûr, le texte semble se référer aux malheurs passés et expliquer le schisme des douze tribus, l’exil à Babylone, le retour… Mais il y a plus. « Vous verrez Dieu sous une forme humaine » dit le texte, attesté au moins 100 ans avant JC…

Zabulon est donc présenté comme un visionnaire. Lui qui est garant que Dieu résidera avec nous est aussi celui qui annonce que Dieu prendra une forme humaine ! [1]

 

Il est d’autant plus catastrophique que Zabulon soit tombé de si haut ! Pourtant, après avoir été couvert de honte, il sera couvert de gloire selon Isaïe 83. Les chrétiens y ont vu l’annonce de Jésus, originaire d’une famille de Nazareth, élisant domicile à Capharnaüm en Galilée.

 

La Bible est plus discrète sur Nephtali : son nom (« luttant » en hébreu : נַפְתָּלִי,  »mon combat ») garde la trace du combat de Jacob luttant avec Dieu (Gn 32,25-29), qui l’a fait devenir Israël (« fort contre Dieu », en hébreu). La disgrâce de Nephtali contraste avec la grandeur de Jacob se mesurant d’égal à égal avec Dieu jusqu’à en recevoir sa bénédiction.

 

Nazareth, une périphérie oubliée

nazareth-loubon-c1850-s honte dans Communauté spirituelleLes dernières fouilles archéologiques semblent attester que Nazareth était une bourgade simple et agricole abritant une dizaine de familles. À peine un village, insignifiant à l’époque de Jésus. Bien qu’on puisse attester sa création dans les années 600 à 900 avant notre ère, il était trop petit pour être inclus dans la liste des lieux d’habitation de la tribu de Zabulon (Jos 19,10-16), qui mentionne 12 villes et 6 villages. Nazareth n’est pas non plus citée parmi les 45 villes de la Galilée mentionnées par l’historien juif Flavius Josèphe, et son nom est absent des 63 villes de Galilée mentionnées dans le Talmud. Il semble que les mots de Nathanaël de Cana : « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » (Jn 1,47), caractérisent bien l’apparente insignifiance de ce site. Bien sûr, le peuple de Judée n’avait jamais entendu parler de Nazareth.

 

Dire que Jésus a habité le territoire de Zabulon et Nephtali revient à dire à un parisien que le salut vient du fin fond de la Corrèze, ou à un Russe que le prochain tsar viendra de Bulunkul, petit village du Tadjikistan… L’inscription de Pilate sur la croix est ironique : « Jésus de Nazareth, roi des juifs », car un roi venu de nulle part, cela ne peut pas se faire ! Pour les gens de Galilée, Nazareth est un obscur hameau qu’on traiterait aujourd’hui  de Trifouilly-les-Oies ou de Pétaouchnok ! Pour les juifs non-galiléens, c’est encore pire : Nazareth ne leur dit rien, ne leur évoque rien, ce nom n’a aucun sens pour eux.

 

Quelle ironie que le Sauveur universel vienne d’un pays perdu, celui d’une tribu quasi disparue et oubliée ! 

Quelle honte d’être originaire d’un bled paumé comme Nazareth dont il n’y a rien à attendre comme le rappelle Nathanaël ! 

Quel amour étrange des gens sales, impurs et mélangés que de venir habiter à Capharnaüm !

Quelle folie d’aller s’établir dans la Galilée des nations, véritable 9-3 de l’époque !

 

Dieu dans les marges

À partir du Christ, ses disciples se sont – laborieusement ! – exercés à reconnaître Dieu surgissant des marges :

 

– Marges géographiques 

Les innombrables figures héroïques de saints et saintes canonisés dans toutes les régions du monde nous interdisent de dire d’un pays, d’une région, d’une ville, d’un quartier : que peut-il en sortir de bon ?

 

– Marges sociales 

5193GMDYMHL._SX334_BO1,204,203,200_ margesDe Benoît Joseph Labre au Père Joseph Wrezinski, les chrétiens issus des marges de la société ont appris à faire entendre leur voix :

« Devenir combattant pour les exclus n’est pourtant pas si simple, car on ne se fait pas militant pour des individus épars : une mère ivrogne, une sorcière, un gosse malingre, par-ci, par-là. Il a fallu que je les rencontre en un peuple, il a fallu que je me découvre faisant partie de ce peuple, que je me retrouve à l’âge adulte dans ces gosses des cités dépotoirs autour de nos villes, dans ces jeunes sans travail et qui pleurent de rage. Ils perpétuent la misère de mon enfance et me disent la pérennité d’un peuple en haillons.

Il est en notre pouvoir de mettre en échec cette pérennité. La misère n’existera plus, demain, si nous acceptons d’aider ces jeunes à prendre conscience de leur peuple, à transformer leur violence en combat lucide, à s’armer d’amour, d’espoir et de savoir, pour mener à sa fin la lutte de l’ignorance, de la faim, de l’aumône et de l’exclusion » [2].  

Aujourd’hui encore, Dieu peut faire surgir des leaders de ces populations méprisées, des guides spirituels venant de ces marges peu considérées. En habitant dans la Galilée méprisée, Jésus s’inscrit dans ce droit fil des quartiers socialement défavorisés, mais porteurs de promesses. « De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? » : le scepticisme de Nathanaël (Jn 1,46) devrait nous alerter sur le nôtre, lorsque de nouveaux Moïse, de nouveaux Jésus voient le jour là où on ne les attend pas.

 

C’est bien cette exclusion que vise le psaume 117 : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ».

51JVmwW3GFL._SX218_BO1,204,203,200_QL40_ML2_ NephtaliNous sommes capables de rejeter aux marges de la construction commune des pans entiers de la population ; mais cette exclusion peut être retournée comme un gant et devenir la chance de salut pour tous si nous savons avec Dieu faire des exclus d’aujourd’hui la pierre d’angle de la société de demain. Dans cet esprit, ATD a fondé une fraternité : « La Pierre d’Angle », entre des personnes du Quart Monde et d’autres qui les rejoignent (de 25 villes environ). La Pierre d’Angle favorise un esprit commun, qui pourrait se décliner de la manière suivante :

– ne pas cesser de rechercher le plus pauvre et le plus oublié, et lui donner la priorité.

– apprendre de l’expérience de vie des plus pauvres.

– découvrir avec eux comment la présence de Dieu se manifeste déjà dans leur vie.

– favoriser pour chaque fraternité et pour chacun de ses membres une participation accrue à la vie de l’Église et du monde.

– transmettre l’expérience de vie et la réflexion des plus pauvres à l’Église et au monde.

« Le Christ était la pierre d’angle et il faisait des plus pauvres la vie, la prière, la foi de l’Église à travers les siècles. Suivre Jésus a cette double signification : se faire pauvre et servir les plus pauvres, mais aussi : apprendre d’eux ce qu’est la vie, ce qu’est l’humanité, mais aussi : qui est Dieu » [3].

 

« Avec un esprit synodal, il faut apprendre à s’écouter, réapprendre l’art du dialogue avec les autres sans barrières ni préjugés, aussi, et de manière particulière, avec ceux qui sont en dehors, en marge, pour rechercher la proximité, qui est le style de Dieu » (Pape François). Et le Pape ajoute : « Si notre espérance ne se traduit pas par des choix et des gestes concrets d’attention, de justice, de solidarité, de soin de la maison commune, les souffrances des pauvres ne pourront être soulagées, l’économie du déchet qui les contraint à vivre en marge ne pourra être convertie, leurs attentes ne pourront pas s’épanouir. C’est à nous, en particulier aux chrétiens, d’organiser l’espérance, de la traduire dans la vie concrète de tous les jours, dans les relations humaines, dans l’engagement social et politique ».

 

Nous sommes chemin et non obstacle si nous savons répercuter cet appel largement autour de nous. Avec une préférence pour ceux que personne n’appelle, et qui restent là, Zabulons  immobiles aux marges de la société…

 

– Marges religieuses

À l’image des hérétiques samaritains dont Jésus a loué la foi ou la compassion, elles sont nombreuses les minorités religieuses méprisées par les grandes religions, et pourtant authentiquement au service de la paix et du bien commun.

Le Béguinage de Courtrai, en Belgique, un village dans la villePar exemple on a oublié en Europe le formidable témoignage de proximité et de spiritualité des béguines, dames pauvres inventant un nouvel habitat fraternel (ou plutôt sororel), autonomisant les femmes, véritable laboratoire évangélique à l’œuvre du IX° au XX° siècle ! Surtout dans les pays du Nord (Belgique, Pays-Bas), où leurs béguinages demeurent des oasis de sérénité en pleine ville.

 

« Le processus synodal montre également quelques défis récurrents, tels que l’implication de ceux qui vivent en marge des institutions de l’Église », écrivait le rapport du Vatican sur la synodalité dans l’Église.

 

Si les Églises ne bâtissent pas une société alternative à partir des marges, elles perdront leur vocation d’être « sel de la terre et lumière du monde » (Mt 5,13).

Si elles ne montrent pas qu’il est possible de bâtir une humanité plus fraternelle à partir des laissés-pour-compte, elles ne seront plus « sacrement de l’union intime avec Dieu et de l’unité du genre humain » (Vatican II, LG I).

Si la honte dont on couvre les vaincus de l’histoire ne nous éclabousse pas, le Christ rougira  de nous, lui qui n’a pas eu honte d’endurer l’humiliation, l’infamie de la croix : « Renonçant à la joie qui lui était proposée, il a enduré la croix en méprisant la honte de ce supplice, et il siège à la droite du trône de Dieu » (He 12,2).

 

Zabulon et Nephtali n’étaient guère reluisants au temps de Jésus. Mais c’est bien là qu’il a choisi de naître, à Nazareth ce bled paumé inconnu de tous. C’est justement là qu’il a choisi d’habiter, à Capharnaüm ce barnum impur où se mélangent les païens et les peuples. C’est là qu’il parcourait les routes de la Galilée des nations où se côtoyaient les marchands de la mer et les passeurs des montagnes, les soldats des légions romaines, les collaborateurs et les prostituées, les adorateurs de toutes les idoles.

 

Serions-nous encore chrétiens si nous choisissions d’habiter entre nous, de mettre nos  enfants dans les mêmes écoles, de pratiquer les mêmes loisirs, bref de vivre un communautarisme à la manière des riches du VII° arrondissement, des hassidim de Jérusalem ou des musulmans de la Seine-Saint-Denis ?

Dieu que l’entre-soi est condamnable !

 

Changeons la honte des Zabulon et Nephtali contemporains en gloire, alors nous entendrons le Christ nous déclarer : « désormais, j’habite chez toi ».

 ____________________________________

[1]. Cf. http://www.paysdezabulon.com/qui-est-zabulon/

[2]. Le croisement des savoirs et des pratiques: Quand des personnes en situation de pauvreté, des universitaires et des professionnels pensent et se forment ensemble, Groupes de Recherche Quart Monde Université Et Quart Monde Partenaire, Éditions de l’Atelier, 2008.

[3]. Père Joseph Wresinski, cf. http://www.lapierredangle.eu/

 

LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE

Dans la Galilée des nations le peuple a vu se lever une grande lumière (Is 8, 23b – 9, 3)

 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Dans un premier temps, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée des nations. Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi, comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule, le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.

 

PSAUME

(Ps 26 (27), 1, 4abcd, 13-14)
R/ Le Seigneur est ma lumière et mon salut. (Ps 26, 1a)

 

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

 

J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie.

 

Mais j’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

 

DEUXIÈME LECTURE

« Tenez tous le même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous » (1 Co 1, 10-13.17)

 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions. Il m’a été rapporté à votre sujet, mes frères, par les gens de chez Chloé, qu’il y a entre vous des rivalités. Je m’explique. Chacun de vous prend parti en disant : « Moi, j’appartiens à Paul », ou bien : « Moi, j’appartiens à Apollos », ou bien : « Moi, j’appartiens à Pierre », ou bien : « Moi, j’appartiens au Christ ». Le Christ est-il donc divisé ? Est-ce Paul qui a été crucifié pour vous ? Est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés ? Le Christ, en effet, ne m’a pas envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Évangile, et cela sans avoir recours au langage de la sagesse humaine, ce qui rendrait vaine la croix du Christ.

 

ÉVANGILE

Il vint habiter à Capharnaüm pour que soit accomplie la parole d’Isaïe (Mt 4, 12-23)
Alléluia. Alléluia. Jésus proclamait l’Évangile du Royaume, et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia. (cf. Mt 4, 23)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste, il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »
Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.
Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple.
Patrick Braud

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8 janvier 2023

La portée animalière du sacrifice du Christ

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La portée animalière du sacrifice du Christ

 

Homélie pour le 2° Dimanche du temps ordinaire / Année A 

15/01/2023

 

Cf. également :

Alors Clarice, les agneaux se sont tus ?

Lumière des nations

Révéler le mystère de l’autre

Réinterpréter Jean-Baptiste 

Dès le sein de ta mère… 

 

Halte au massacre des nouveau-nés !

Jean-Baptiste désigne aujourd’hui Jésus comme l’Agneau de Dieu (Jn 1,29-34). Par un contresens effarant dont l’Histoire a le secret, des générations de chrétiens se sont crues obligées – et aujourd’hui encore – de manger un bon gigot d’agneau en hommage au sacrifice du Christ pour fêter Pâques ! Les statistiques officielles du Ministère de l’Agriculture évoquent environ 450 000 agneaux abattus pour la seule semaine pascale, plus de 4 millions sur l’année ! Cette frénésie meurtrière – qui fait penser à celle d’Hérode – envers les nouveau-nés des chèvres est d’autant plus inacceptable qu’elle est cruelle. L’association L214 a diffusé des vidéos insoutenables, filmées en caméra cachée, dans des abattoirs : on y voit des agneaux tremblant de peur, entassés les uns sur les autres, se débattant dans leurs excréments, malades, agonisants, achevés en plusieurs fois par des ouvriers écœurés obligés de s’endurcir devant ce spectacle de torture et de mort au quotidien… Comment un tel massacre pourrait-il se réclamer du Christ ? Comment une viande ainsi obtenue peut-elle honorer dans nos assiettes la vie promise par le Christ, elle qui provient d’une mort atroce ? Et encore, à la cruauté du massacre en abattoir il faut ajouter le sadisme de faire naître des petits pour les séparer de leur mère après 3 mois, les entasser dans des camions ou des wagons à bestiaux, les maltraiter sans eau ni nourriture, leur couper la queue ou les castrer sans analgésiques etc. Bien sûr, c’est la même chose pour les veaux : les enfants qui verraient leur supplice en abattoir refuseraient de toucher à leur viande dans l’assiette ensuite !

Les musulmans avec leurs moutons ne font pas mieux que les chrétiens avec leurs agneaux. Pour la fête de l’Aïd, ce sont des dizaines de milliers de moutons qui sont égorgés dans des conditions particulièrement cruelles, puisque la coutume halal veut que l’animal soit conscient, égorgé vivant par un couteau aiguisé qui laisse le sang se vider de la bête agonisante… Quelle est cette soi-disant pureté rituelle qui inflige à un animal une telle souffrance inutile ?

Plutôt que de faire feu sur la corrida, les députés feraient mieux de se pencher sur les conditions de l’abattage industriel en France ! Un tiers des abattoirs ne respecte pas les normes européennes en la matière… L’enjeu est autrement plus important pour le respect de la vie animale.

S’habituer à tuer les nouveau-nés des bêtes prépare les hommes à éliminer leurs propres nouveau-nés sans aucune objection de leur conscience, au contraire… Par quel obscurcissement de la raison en est-on venu à massacrer la vie à peine éclose au nom de Dieu, ou au nom du goût ? !

 

Du sacrifice humain à l’offrande de soi

Le mouvement historique de l’éveil spirituel humain va pourtant en sens inverse, quand on l’observe sur le temps long. L’humanité a commencé par croire que les dieux exigeraient du sang humain pour leur être favorables, ou pour se nourrir, ou pour rétablir l’ordre du monde. Les marches ruisselantes de sang des pyramides cultuelles des Olmèques, des Aztèques, des Incas racontent les milliers de sacrifices humains que les dieux exigeaient régulièrement pour soi-disant maintenir l’harmonie du cosmos, l’abondance des récoltes, la victoire sur les ennemis. Alors on décapitait, on éviscérait, on arrachait le cœur palpitant avec allégresse dans un culte sanglant, qui avait en outre l’immense avantage d’étendre le règne de la terreur… 

 

La portée animalière du sacrifice du Christ dans Communauté spirituelle En6yrmKVEAAV2ES-1Ces mentalités archaïques existent encore dans la Bible : même Abraham est tenté par le sacrifice humain, et croit comme les autres qu’immoler son fils sur l’autel plaira au nouveau Dieu qu’il commence à découvrir. La substitution Isaac-bélier (ou Ismaël-mouton selon la version coranique inventée par Mohamed pour arabiser le récit) était donc déjà un immense progrès : le peuple juif disait au monde entier que les sacrifices humains ne peuvent honorer Dieu. « Tu ne tueras pas » s’adresse d’abord à ces sacrificateurs barbares qui croient qu’éliminer une vie humaine peut glorifier Dieu !

Hélas, cette folie n’a pas disparu tout de suite, ni entièrement, de la Bible. Même le grand prêtre y cède lorsqu’il avoue un calcul sordide de tous les âges : « il vaut mieux qu’un seul homme meure plutôt que tout le peuple » (Jn 11,50)… Sacrifions l’innocent pour sauver les coupables !
Staline affamant les ukrainiens par millions en 1932 (l’Holodomor), ou Poutine justifiant les mi
lliers de morts, de viols, de tortures et les millions d’exilés au nom de la « Sainte Russie » sont sans le savoir dans cette logique sacrificielle archaïque : il vaut mieux que quelques ukrainiens meurent pour préserver la Sainte Russie… Les Aztèques arrachant le cœur de leurs victimes sacrificielles étaient hélas des petits joueurs à côté des monstres de ces deux derniers siècles !

 

image026 agneau dans Communauté spirituelleReste que le peuple juif a réussi progressivement à substituer l’animal à l’homme dans le sacrifice rituel. Mais sans réfréner son ardeur pour faire pression sur Dieu afin d’obtenir ses faveurs : la fumée des holocaustes a tellement envahi le Temple qu’elle a fini par incommoder les narines divines : « Que m’importe le nombre de vos sacrifices ? – dit le Seigneur. Les holocaustes de béliers, la graisse des veaux, j’en suis rassasié. Le sang des taureaux, des agneaux et des boucs, je n’y prends pas plaisir » (Is 1, 11).

 

Il faut saluer ici le travail des prophètes qui ont inlassablement œuvré à spiritualiser le sacrifice : ce n’est pas la multiplication des carcasses fumantes qui compte, mais la disposition du cœur qui se présente devant l’autel du Temple : « Le Seigneur aime-t-il les holocaustes et les sacrifices autant que l’obéissance à sa parole ? Oui, l’obéissance vaut mieux que le sacrifice, la docilité vaut mieux que la graisse des béliers » (1 S 15, 22). « Quand vous me présentez des holocaustes et des offrandes, je ne les accueille pas ; vos sacrifices de bêtes grasses, je ne les regarde même pas. Éloignez de moi le tapage de vos cantiques ; que je n’entende pas la musique de vos harpes. Mais que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais ! » (Am 5, 22‑24)

Le prophète Jérémie semble même suggérer que les sacrifices d’animaux n’ont pas été voulus par Dieu, mais ne relèvent que d’une tradition purement humaine : « Je n’ai rien dit à vos pères, ni rien ordonné, à propos des holocaustes et des sacrifices, le jour où je les fis sortir du pays d’Égypte. Mais voici l’ordre que je leur ai donné : ‘Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple ; vous suivrez tous les chemins que je vous prescris, afin que vous soyez heureux’ » (Jr 7,22‑23).

 

Peu à peu s’est imposée l’idée que tuer les animaux étaient aussi peu agréable à Dieu que tuer des humains, et que le vrai sacrifice est de lui offrir un cœur humble et désireux d’aimer : « Si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste. Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé ; tu ne repousses pas, ô mon Dieu, un cœur brisé et broyé » (Ps 51,18‑19). 

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À tel point que, même si les juifs bâtissaient un troisième Temple à Jérusalem, les rabbins disent tous que leur interprétation de la Torah n’obligerait plus à y sacrifier des bœufs, des moutons, des agneaux ou des colombes en offrande rituelle. Car le véritable sacrifice n’est pas d’offrir quelque chose d’extérieur à soi, mais bien de s’offrir soi-même : « En entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour le péché ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté » (He 10,4‑10).

Il est clair que par rapport à cette longue évolution de la conscience humaine, le retour au sacrifice du mouton par les musulmans à partir du VII° siècle est une régression historique difficilement supportable pour qui accorde du prix à la vie et veut échapper à l’archaïsme de l’échange païen troquant un animal contre une faveur divine… Et les animistes en Afrique noire continuent d’égorger des bœufs, des poulets etc. pour se concilier les bonnes grâces des ancêtres ou des esprits…

 

Le respect du bien-être animal et l’urgence écologique sont deux prises de conscience majeures du XXI° siècle (avec le féminisme en Occident), comme le furent l’abolition de l’esclavage au XVIII° siècle ou la décolonisation au XX° siècle. Les chrétiens s’en réjouissent, et y participent de tout cœur !

Par contre, l’Occident s’entête à faire du non-respect de la vie humaine à naître un droit individuel érigé en absolu, ce qui semble en contradiction totale avec le respect du vivant prôné pour l’animal ou l’écosystème… Incohérence flagrante qui sera jugée sévèrement par les générations futures.

 

La portée animalière de l’agneau de Dieu

Mais revenons à nos moutons, si l’on peut dire ! En désignant Jésus comme l’Agneau de Dieu, Jean-Baptiste le revêt d’un symbolisme universel : la douceur (sa laine, sa frimousse), son innocence (il n’est ni ne sera le prédateur de personne), son obéissance (il fait confiance à sa mère), son sens du collectif (le troupeau), sa promesse d’abondance (lait, laine, viande). Le contraste est alors saisissant avec l’Agneau immolé de l’Apocalypse : « Il est digne, l’Agneau immolé, de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et louange » (Ap 5,12). Si le Christ en croix est cet agneau immolé par la méchanceté humaine, comment continuer à mettre des agneaux à mort pour le plaisir de l’assiette ? Comment prétendre fêter l’Agneau de Dieu par un gigot pascal ?

 

Agneau Mystique (Gand) des frères Van EyckD’ailleurs, le terme grec mis par Jean sur les lèvres de Jean-Baptiste pour désigner l’agneau (μνς = amnos) n’est pas celui que la liturgie juive emploie pour l’agneau du sacrifice rituel (πρβατον = probaton). La liturgie au Temple sacrifiait matin et soir deux beaux agneaux à Dieu : « Voici ce que tu mettras sur l’autel : des agneaux de l’année, deux par jour, perpétuellement. Le premier agneau (πρβατον), tu le mettras le matin ; et le second agneau (πρβατον), au coucher du soleil. (…) Tel sera l’holocauste perpétuel que vous ferez d’âge en âge » (Ex 29,38‑42). Les chrétiens ont peut-être identifié trop vite ces deux sortes d’agneau. Il n’y a en effet que 2 occurrences du mot μνς dans les Évangiles, et c’est dans la bouche de Jean qui parle de l’Agneau de Dieu (sens filial). Les deux autres usages sont déjà des relectures sacrificielles après coup. Ainsi les Actes des Apôtres attestent que les premières communautés chrétiennes ont relu Isaïe et son serviteur–agneau à la lumière de la déclaration de Jean-Baptiste. Le diacre Philippe explique à l’eunuque éthiopien dans son char la lecture d’Isaïe qui l’intrigue : « Le passage de l’Écriture qu’il lisait était celui-ci : Comme une brebis (πρβατον), il fut conduit à l’abattoir ; comme un agneau (μνς) muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche » (Ac 8,32 citant Is 53,7). Ce qui superpose clairement les deux interprétations : filiale (μνς) et sacrificielle (πρβατον). 

 

Pour l’Exode, Moïse demande de sacrifier un agneau sans tache : « Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l’année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. » (Ex 12, 5). Pierre y verra la préfiguration du sacrifice du Christ : « Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ » (1 P 1, 18‑19). Jean renforcera ce sens sacrificiel en mentionnant que, comme pour l’agneau pascal, « les soldats ne brisèrent pas les jambes à Jésus, [...] Cela, en effet, arriva pour que s’accomplisse l’Écriture : Aucun de ses os ne sera brisé » (Jn 19,33.36 citant Ex 12,46 et Ps 34, 21). Le sang qui jaillit de son côté ouvert rappelle le sang de l’agneau sur le linteau des maisons des hébreux, les protégeant de la mort des nouveau-nés etc.

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Le mot agneau évoque donc irrésistiblement un sens sacrificiel : animal égorgé (sacrifice de communion) ou brûlé (holocauste). Quand on projette l’interprétation sacrificielle sur l’Agneau de Dieu de Jean-Baptiste, cela renforce encore davantage la portée animalière de ce sacrifice : trancher la gorge à des agneaux pour fêter le Christ serait l’immoler une deuxième fois ! Tuer le nouveau-né innocent, c’est annuler la dénonciation de la violence meurtrière que symbolise l’Agneau immolé toujours vivant de l’Apocalypse !

 

Si le vrai sacrifice est l’offrande de soi, uni au Christ, comment continuer les pratiques archaïques et finalement idolâtres des sacrifices d’animaux ?

 

Chaque fois qu’on vous servira une assiette d’un délicieux gigot aillé, d’une brochette rôtie ou d’une épaule juteuse, redites-vous la phrase de Jean-Baptiste : « voici l’Agneau de Dieu », et voyez alors si vous êtes capable de cautionner la violence qui a tué le Christ.…

 

LECTURES DE LA MESSE

 

PREMIÈRE LECTURE

« Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49, 3.5-6)

 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Le Seigneur m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob, que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Et il dit : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »

 

PSAUME

(Ps 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd)
R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté. (cf. Ps 39, 8a.9a)

 

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi
Dans ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.

 

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

 

Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.

 

Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

 

DEUXIÈME LECTURE

« À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ » (1 Co 1, 1-3)

 

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Paul, appelé par la volonté de Dieu pour être apôtre du Christ Jésus, et Sosthène notre frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, leur Seigneur et le nôtre.
À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.

 

ÉVANGILE

« Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29-34)
Alléluia. Alléluia.« Le Verbe s’est fait chair, il a établi parmi nous sa demeure. À tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. » Alléluia. (cf. Jn 1, 14a.12a)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, voyant Jésus venir vers lui, Jean le Baptiste déclara : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était. Et moi, je ne le connaissais pas ; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté à Israël. » Alors Jean rendit ce témoignage : « J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe et il demeura sur lui. Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, celui-là baptise dans l’Esprit Saint.’ Moi, j’ai vu, et je rends témoignage : c’est lui le Fils de Dieu. »
Patrick Braud

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7 janvier 2023

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?

 

Homélie pour la fête de l’Épiphanie / Année A 

08/01/2023

 

Cf. également :

Signes de reconnaissance épiphaniques
L’Épiphanie du visage

Épiphanie : tirer les rois
Épiphanie : êtes-vous fabophile ?
Épiphanie : l’économie du don
Épiphanie : Pourquoi offrir des cadeaux ?
Le potlatch de Noël
Épiphanie : qu’est-ce que l’universel ?
L’Épiphanie, ou l’éloge de la double culture
L’inquiétude et la curiosité d’Hérode
Éloge de la mobilité épiphanique
La sagesse des nations

 

Sant’Egidio 2022 - Emmanuel Macron : “les responsables religieux ont un rôle essentiel, ils contribuent à la trame de nos sociétés”Une intervention récente d’Emmanuel Macron est passée inaperçue, sans doute à cause de l’inculture philosophique et religieuse de nos journalistes, de leurs craintes de franchir les sacro-saintes barrières de la laïcité… Il s’agit de son discours devant la communauté Sant’Egidio, le 23 octobre dernier.

On sait le rôle très politique, notamment de médiation, que Sant’Egidio a déjà joué dans le passé dans des conflits armés. Réfléchissant sur la guerre en Ukraine, Sant’Egidio avait invité Emmanuel Macron à parler du rôle que peuvent jouer les religions en temps de guerre, de son point de vue de Président de la République française impliquée avec l’Europe et l’OTAN dans le soutien à l’Ukraine agressée par la Russie. 

« Que peuvent les religions ? Je pense qu’elles peuvent beaucoup et que les politiques que nous sommes, je le dis au sens générique du terme, en tant que femmes et hommes qui ont décidé de s’occuper de la vie de la cité, en ont besoin. (…) Donc je pense que les responsables religieux ont un rôle essentiel en tant qu’ils contribuent à la trame de nos sociétés, à ces relations entre les individus et à un rapport au temps long » [1].

Reconnaissons cependant que le reste de son discours n’était pas toujours très limpide…

Alors exerçons nous, à la lumière de l’Épiphanie fêtée ce dimanche, à plaider pour au moins quatre dimensions du rôle que les chrétiens (pas seulement les clercs !) - et toutes les religions ? - pourraient et devraient assumer en temps de guerre.

 

1. Ne pas instrumentaliser le Nom de Dieu

Le président russe Vladimir Poutine assiste seul à un office pour Noël dans une église du Kremlin, le 6 janvier 2023Hérode - « ce renard » comme dirait Jésus (Lc 13,32) – veut ruser avec les mages pour obtenir le lieu de naissance de son concurrent potentiel. S’il arrive à tuer ce prétendant dans l’œuf – ou du moins dès sa naissance – il aura le champ libre pour se prétendre la seule royauté autorisée par Dieu sur Israël. Se servir de l’Écriture pour justifier ses propres intérêts est le péché originel de tous les clergés, de tous les rois et autres pouvoirs se réclamant de Dieu. Le « Gott mit uns » sur le ceinturon des nazis est repris par le patriarche orthodoxe russe Kirill de Moscou, pour bénir les armées de Poutine et justifier l’injustifiable en Ukraine ! Au nom de la « Sainte Russie », de sa soi-disant mission de civilisation contre l’Occident hérétique et décadent, Kirill fournit au pouvoir russe un appui idéologique majeur, aussi meurtrier que l’était la justification de l’esclavage, de l’apartheid, de la colonisation ou de la peine de mort autrefois par les Églises.

Kirill, le primat de l’Église orthodoxe russe, avait donné sa bénédiction à l’opération militaire spéciale en mars 2022, en la présentant comme un affrontement eschatologique entre l’Occident décadent et la Russie championne des valeurs traditionnelles. Lors d’un sermon en septembre 2022, il était allé plus loin en affirmant que la mort au front en Ukraine était un « sacrifice qui lavait tous les péchés que l’on a commis ».

Dans une homélie au ton très politique, prononcée dimanche 27 février 2022 à la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou, Kirill a fustigé ceux qui luttent – qualifiés de « forces du mal » – contre l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine.

Il a félicité Vladimir Poutine, vendredi 7 octobre, pour son 70° anniversaire : « Dieu vous a placé au pouvoir pour que vous puissiez effectuer une mission d’une importance particulière et d’une grande responsabilité pour le sort du pays et de son peuple qui vous a été confié », a assuré le patriarche, âgé de 75 ans. « Que le Seigneur préserve la terre russe. (…) Une terre dont font partie aujourd’hui la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie (…) ».

 

Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ? dans Communauté spirituelle 309536_167643693329755_167581906669267_298812_1174912345_nInstrumentaliser le Nom de Dieu est le propre des gens très (trop) religieux, qui finissent par vouloir imposer leur conception du monde, et convoquent Dieu pour servir leurs intérêts. 

Pourtant le Tétragramme YHWH interdit aux juifs de prononcer le Nom de Dieu, justement pour ne pas l’instrumentaliser en croyant savoir qui il est. La charia est le type même de ce genre d’absolutisme prétendant dicter la voix de Dieu à la société et ne servant en réalité que les intérêts des oulémas, des mâles, barbus, s’enrichissant sur le dos du peuple. Les Afghanes, les Iraniennes, les Saoudiennes, les Yéménites etc. en savent quelque chose, hélas !

 

Pourtant c’est l’un des commandements du Décalogue : « Tu n’invoqueras pas en vain le Nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son Nom » (Ex 20,7).

 amour dans Communauté spirituelleCouvrir les ambitions de Poutine par l’encens et l’or des liturgies orthodoxes, soumettre les femmes par l’imposition d’un Coran ou d’une charia écrite de mains d’hommes, bénir les croisades, les dictatures de tous poils, justifier les pires crimes au nom de la défense d’une Église… : nous n’en avons pas fini avec cette hypocrisie religieuse qui à force de génuflexions et de prières finit par lapider l’innocent et crucifier le prophète.
L’Église orthodoxe russe notamment doit renoncer à la théorie de la « symphonie des pouvoirs » symbolisée par l’aigle bicéphale présent sur tous les drapeaux derrière Poutine (tout comme l’Église de Rome a fini par renoncer à la « théorie des deux glaives », qui subordonnait le pouvoir temporel au pouvoir spirituel, l’empereur au pape). Selon cette théorie, le patriarche de Moscou s’occupe des âmes pendant que le tsar s’occupe des corps, et les deux pouvoirs marchent main dans la main pour établir le royaume de Dieu sur la terre.

Le premier rôle des chrétiens est donc de dénoncer toute instrumentalisation de leur foi, qui n’est pas au service d’Hérode, ni de Pilate.

 

2. Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent (Ps 85,11)

À l’Épiphanie, les mages pratiquent l’amour en offrant leurs cadeaux, mais ils acceptent de faire pour cela une « opération vérité » : ils reconnaissent que non, les astres ne sont pas de minis-dieux dictant nos destinées. D’ailleurs l’étoile des mages s’efface à Jérusalem devant la lecture de la Bible, bien plus éclairante pour trouver le Messie que la lumière des astres. Et quand l’étoile réapparaît, c’est pour valider en quelque sorte l’interprétation biblique, et reconnaître que c’est elle qui a donné la bonne direction, pas l’astrologie ! Pas d’amour sans faire la vérité sur nos pratiques idolâtres…

À l’inverse, la pax romana qu’Hérode maintenait par la force en Israël était une paix injuste, extorquant impôts et taxes au petit peuple pour enrichir les puissants, les collabos, foulant aux pieds l’identité et la culture juive ne reconnaissant que YHWH comme empereur… Pas de paix sans justice !

 

 guerreLe risque est grand de vouloir résoudre la guerre en Ukraine par une lâcheté organisée : pour ‘avoir la paix’, l’Occident imposerait à l’Ukraine de renoncer à retrouver ses frontières garanties par le droit international. Or juifs et chrétiens ne cessent de proclamer avec le psaume 85 : « justice et paix s’embrassent ». Autrement dit : pas de paix sans justice, pas de justice sans paix. Si la paix est injuste, comme le fut celle après 1870 ou 1918, elle nourrira rancœurs, colères et sentiments de revanche. C’est peut-être l’erreur du monde en 1991, lors de la dislocation de l’empire soviétique : les puissants ont vite réparti les peuples entre des lignes dont on peut douter aujourd’hui de la pertinence totale.

Mais depuis, il y a eu le mémorandum de Budapest, les accords de Minsk, et les obligations du droit international pour garantir les frontières actuelles, sauf libre volonté de tous les pays concernés. Accepter que ces droits soient bafoués préparerait une paix sans justice dans un engrenage de violence à venir ensuite. D’un côté comme de l’autre. Sans compter que cela ouvrirait la voie à d’autres coups de force pour s’emparer violemment de territoires convoités (Taiwan, Arménie, Sahel, États baltes…).

 

Le psaume qui unit justice et paix unit également amour et vérité : « Amour et vérité se rencontrent ». Pas d’amour sans vérité : les chrétiens se battent pour que les mensonges russes (et ukrainiens s’il y en a) soient  démasqués. Dire la vérité sur la nature du régime de Poutine, sur la compromission des orthodoxes russes, sur les crimes de guerre commis par les soldats et le pouvoir russe etc. est au cœur de la mission prophétique de notre Église. On peut quelquefois regretter la trop prudente diplomatie vaticane qui n’ose pas assez élever la voix en la matière [2]. Le précédent du silence pontifical sur les déportations des juifs devrait pourtant nous pousser à dire la vérité sur ce qui se passe sur le terrain…

Pas d’amour sans vérité, donc. Pas de vérité sans amour non plus : nous ne prêchons pas la haine, ni la revanche, mais la justice dans la vérité.
Les Églises de l’Est doivent raconter la vérité sur leurs peuples, et ne pas céder à la mythologisation de l’histoire opérée par le pouvoir russe ou d’autres pouvoirs locaux.

 

 

3. Pratiquer l’amour des ennemis, jusqu’au pardon

De l'amour des ennemis et autres méditations sur la guerre et la politique Olivier AbelNos mages évitent soigneusement Hérode pour rentrer chez eux, car ils savent que ce sera le conflit ouvert s’ils repassent devant lui. Comme disait Sun Tzu dans l’art de la guerre, le meilleur moyen d’être en paix est d’éviter la guerre autant que possible.

À l’inverse, Hérode voit en Jésus un ennemi et n’hésite pas à massacrer tous les nouveau-nés de la région pour éliminer ce rival.

Les chrétiens ont à cœur dans les conflits de ce temps de ne pas diaboliser l’ennemi, quel qu’il soit, de laisser ouverte la porte à la réconciliation (après), de pratiquer l’amour des ennemis sans renoncer au combat pour la justice. Rappelons à tous sans nous lasser qu’aimer nos ennemis n’est pas approuver leurs injustices, leurs crimes. C’est croire que leur dignité d’enfant de Dieu n’est pas effacée mais salie par leurs actes. C’est vouloir réveiller en eux cette dignité en leur tendant l’autre joue, la joue intacte, comme un miroir, la joue non offensée pour qu’eux-mêmes retrouvent en eux l’image divine ensevelie sous les décombres du mal commis.

Les chrétiens ont ainsi déjà témoigné, en Afrique du Sud, au Rwanda, et même en Europe entre Allemands  et Français, que la réconciliation est toujours possible, à condition que vérité soit faite sur les exactions perpétrées.
Ce n’est peut-être pas possible pour les générations actuellement en guerre au vu des atrocités commises, mais elles doivent le préparer pour leurs enfants et petits-enfants.

 

4. Tenir à l’universalisme chrétien

Hérode n’est intéressé que par le Roi des juifs. Les mages cherchent celui à qui même les astres obéissent. Le premier veut rester maître de son territoire. Les seconds quittent leur pays pour chercher le vrai Dieu, le Dieu de tous. La tradition a raison de décrire la composition de cette ambassade comme universelle (selon la géographie de l’époque) : un Africain (Balthazar), un asiatique (Gaspard), un Européen (Melchior).

arton79465 justiceLe Messie nouveau-né fait éclater les prétentions nationalistes étroites. Il est le roi de l’univers, pas seulement de Judée. Autrement dit, les valeurs du christianisme évoquées plus haut sont universelles. Ni occidentales, ni africaines, ni asiatiques : pour tous les peuples, toutes les cultures, tous les régimes politiques. Ne pas instrumentaliser le Nom de Dieu s’impose à tous. Conjuguer amour et vérité, justice et paix est le devoir sacré de toute l’humanité, depuis l’ONU jusqu’au Liechtenstein. Aimer nos ennemis jusqu’à la réconciliation est le défi lancé aux Russes comme Nord-coréens, aux Chinois comme aux Européens. Ce ne sont pas des valeurs occidentales seulement. L’Épiphanie manifeste la dimension universelle du message du Christ, né au Proche-Orient, mûri en Europe, adopté par l’Afrique, promis à l’immense Asie.

Ne renonçons pas à notre universalisme sous prétexte du respect de chaque culture ! Car alors le relativisme ne serait pas loin. Et le relativisme ouvre la porte à toutes les injustices, car ce que vous trouvez mal ici sera déclaré bien ailleurs…

 

Finalement, l’Épiphanie est une fête très politique !

Elle appelle les chrétiens à jouer leur rôle en temps de guerre, à ne pas déserter le témoignage rendu aux quatre valeurs ci-dessus. Elle appelle tous les hommes de bonne volonté à s’examiner loyalement pour entrer en discussion avec l’ennemi. Le Messie adoré par les Mages n’est-il pas venu inaugurer un monde nouveau, où selon la prophétie de Michée : « de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Mi 4, 3) ? 

 

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[1]https://preghieraperlapace.santegidio.org/pageID/31533/langID/fr/text/4021/Emmanuel-Macron-au-Cri-de-la-Paix.html

[2]. La dénonciation la plus nette est celle du mercredi 23 novembre dernier. Lors de son audience hebdomadaire, le pape François a comparé le « martyre de l’agression » du pays par la Russie à la famine provoquée en Ukraine par Staline au début des années 1930, aussi appelée « génocide du Holodomor », qui a fait de 2 à 5 millions de victimes parmi les ukrainiens. L’Église orthodoxe russe est toujours restée muette sur ce crime…

 

 

 

Lectures de la messe

Première lecture
« La gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60, 1-6)

 

Lecture du livre du prophète Isaïe

Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples. Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore. Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche. Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha. Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur.

 

Psaume
(Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13)
R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.
 (cf. Ps 71,11)

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

 

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

 

Les rois de Tarsis et des Îles apporteront des présents.
Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.
Tous les rois se prosterneront devant lui,
tous les pays le serviront.

 

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

 

Deuxième lecture
« Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse » (Ep 3, 2-3a.5-6)

 

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens

Frères, vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révélation, il m’a fait connaître le mystère. Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit. Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

 

Évangile
Nous sommes venus d’Orient adorer le roi (Mt 2, 1-12) Alléluia. Alléluia.
Nous avons vu son étoile à l’orient, et nous sommes venus adorer le Seigneur. Alléluia. (cf. Mt 2, 2)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Après avoir entendu le roi, ils partirent.
Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Patrick BRAUD

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