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18 septembre 2014

Personne ne nous a embauchés

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Personne ne nous a embauchés

Homélie du 25° dimanche du temps ordinaire / année A
21/09/2014

Dieu au Pôle Emploi

Les commentaires de cette parabole des ouvriers de la 11° heure sont innombrables (cf. par exemple : Les ouvriers de la 11° heure).

Personne ne nous a embauchés dans Communauté spirituelle Byzantine_agriculture

Centrons-nous aujourd’hui sur l’interrogation à la fois étonnée et douloureuse du maître de la vigne : « pourquoi restez-vous là à rien faire toute la journée ? »

On y trouve l’écho d’une conception du travail très parlante pour la mentalité du XXI° siècle.

« Personne ne nous a embauchés » : en formulant comme un reproche au monde du travail de n’avoir pas proposé à ces chômeurs de s’insérer dans l’œuvre commune (symbolisée de manière si noble par la vigne), cette parabole plaide pour une conception très personnaliste et sociale du travail.

Ne pas être embauché, c’est être exclu de la société humaine.

Aller travailler à la vigne, c’est devenir pleinement soi-même, en transformant le monde, en gagnant dignement sa vie, en faisant partie d’un corps social qui par son activité apporte joie et bonheur aux autres (le vin de la vigne !). À tel point que l’oisiveté (otium en latin) est devenue la mère de tous les vices : rester là à rien faire toute la journée est déshumanisant. On peut y lire en filigrane l’éloge du négoce (neg-otium en latin) qui se définit justement comme la négation de l’oisiveté, permettant à l’homme de répondre à l’appel de Dieu.

L’interrogation divine, et sa volonté d’embaucher coûte que coûte, même pour une heure seulement, même à prix d’or, nous rejoint par l’importance majeure que nous donnons au travail dans la réalisation de soi.

 

LES 7 SENS DU TRAVAIL

En s’inspirant des travaux de Fragnière [1] on peut distinguer 7 significations attribuées au travail tout au long de l’histoire. Le judaïsme et le christianisme à sa suite ont largement influencé ces conceptions du travail, mais pas seulement.

1. Le travail comme vocation sociale et épanouissement personnel

Quoi qu’en dise moult commentaires (partisans), c’est la première signification du travail que l’on trouve dans la Bible. Dans le jardin de la Genèse en effet, Dieu place l’homme pour le cultiver, dès l’origine, avant la chute : « Yahvé Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder » (Gn 2,15).

C’est donc que le travail humain participe à l’achèvement de la Création, et qu’il est fondamentalement bon pour l’homme de travailler. C’est en travaillant que l’homme réalise sa vocation de transformer le monde, d’en être le co-créateur, avec Dieu et à son image.

Cette vision très enthousiasmante du travail se retrouvera en partie dans la conception luthérienne et calviniste. Pour les réformateurs, c’est dans l’activité professionnelle que se pratique la véritable ascèse (et non pas hors du monde dans les monastères). Si quelqu’un est appelé à être sauvé, cela se vérifiera dans son travail. Le mot métier en allemand (Beruf) désigne à la fois le travail et la vocation : les réformés cherchent dans la réussite matérielle de leur business les signes de l’élection divine. Sauvés gratuitement, ils vérifient en gagnant de l’argent qu’ils sont bien bénis de Dieu [2].

Certains courants actuels réhabilitent la conception optimiste de la Genèse.
Ainsi Isaac Getz se fait le chantre des entreprises « libérées » où les collaborateurs s’épanouissent en devenant responsables, libres et autonomes dans leur travail [3].
 Et le courant du « bonheur au travail » [4] veut à nouveau rendre possible l’épanouissement personnel à travers cette révolution du management. La « fun theory » expérimente que le plaisir au travail décuple les énergies et les résultats économiques [5] !
 

La « Fish philosophy » s’inspire du marché aux poissons de Pike Place à Seattle aux États-Unis pour développer humour, ambiance et passion au travail [6] etc.

2. Le travail comme peine et châtiment

C’est la conséquence de la deuxième partie du texte de la Genèse, après la chute :

« À la femme, il dit : « Je multiplierai les peines de tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils. À l’homme, il dit:  » À force de peines tu tireras subsistance du sol tous les jours de ta vie. Il produira pour toi épines et chardons et tu mangeras l’herbe des champs. À la sueur de ton visage tu mangeras ton pain, jusqu’à ce que tu retournes au sol… » (Gn 3, 16-19).

Tant de générations ont sacralisé le sens du devoir et l’obligation du travail dans cette perspective un peu janséniste de pénibilité inévitable, mais finalement salutaire !

3. Le travail comme instrument de rédemption

Glissant du signe de l’élection divine à l’instrument pour obtenir cette élection, catholiques et protestants ont développé ensuite une vision morale du travail où il faut en quelque sorte mériter son salut à force d’acharnement et de labeur.

Dans la tradition bénédictine, la devise des moines : Ora et Labora exprime cette heureuse complémentarité de la prière et du travail comme voies de sanctification indissociables.

4. Le travail comme force impersonnelle

C’est Taylor qui va marquer cette époque. Avec l’industrialisation croissante, le centre n’est plus l’homme mais la machine, l’homme devient second et le poste de travail est central (Friedman).

Une nouvelle notion se fait jour : celle de « force de travail » qui s’organise, s’achète en terme de marché. Il y a donc concentration de cette force et en  conséquence séparation du lieu du travail et du lieu de vie. On ne s’intéresse plus à l’œuvre mais au revenu du travail et tout est compté en terme monétaire. La valeur humaine du travail tend vers zéro, seule la valeur économique compte.

5. Le travail comme emploi

Aujourd’hui, le travail prend la forme de l’emploi où le salarié obtient un statut social avec des droits. Ce changement de la représentation du travail est important. Il touche aux problèmes les plus cruciaux de la situation présente, avec la distinction entre le travail nécessaire pour produire une quantité donnée de biens et la forme concrète de l’emploi lié à un contrat de travail et au statut social de protection qu’il confère.

L’emploi devient une finalité en soi. C’est le droit au travail par lequel on affirme qu’on ne peut exclure personne : cela devient la revendication fondamentale. Et ce qui est nouveau, c’est que la notion de travail n’est plus liée à ce que l’on fait mais au seul statut contractuel qui lie l’individu au système. Il en résulte la perte du sens de « l’œuvre ».

6. Le travail comme temps contraint

Dans une civilisation construite autour du travail, le temps humain se structure autour de lui : les études sont une préparation au travail et non d’abord une recherche de vérité ou de sagesse constructive de soi ; à l’âge de travailler, succède la retraite, à un âge également déterminé. Le travail apparaît comme temps contraint par opposition à un temps pour soi. Ce menu de la vie ne saurait être modifié en fonction d’autres aspirations que celles du travail.

Cela englobe tout le temps humain : dans le déroulement de la vie (études, travail, retraite), de l’année (travail, vacances). Cette organisation du travail donne un découpage propre à la situation de travailleur et s’impose à celle des événements de la vie comme le mariage, les naissances et le vieillissement. C’est pourquoi on parle d’un temps contraint et le travail devient calculé en fonction du temps consacré au travail. D’où les revendications légitimes d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, pour éviter que le temps de travail ne soit trop envahissant.

7. Le travail comme activité socialisante

Nous recherchons aujourd’hui de nouvelles valeurs pour éviter la société duale qui se crée par suite du chômage et qui par le sens actuel donné au travail fabrique des exclus. Cela revient à découvrir des valeurs universelles qui valorisent toutes les valeurs précédentes, à savoir l’idée de peine, l’idée de récompense, l’idée de valorisation personnelle. Le travail donne une identité, une utilité sociale qui permet à l’individu d’exister et d’être reconnu. Le drame du chômage se situe justement dans cette absence de reconnaissance et de participation sociale.

 

Comment aujourd’hui inventer l’avenir ? En donnant une valeur nouvelle au travail à partir de l’idée que c’est l’échange qui fournit la richesse et pas seulement l’activité de production de biens, mais cela s’appliquant non seulement aux échanges économiques classiques, mais aussi entre les individus et groupes d’individus. Le travail devient alors activité d’échange et non statut, et cette activité est créatrice de travail.

Le problème n’est plus de chercher à donner du travail pour tous puisqu’il semble évident que la valeur dominante emploi va s’estomper progressivement. Par contre, il peut y avoir du travail pour tous si l’on accepte l’idée que tout est activité, puisque tout peut contribuer à l’échange entre individus, communautés, pays.

 

Une brève histoire théologique du travail

On peut tenter une synthèse de l’évolution historique de ces différentes conceptions du travail dans le tableau suivant :  

PÉRIODE

ÉVOLUTION
SOCIALE 
DU TRAVAIL

CONCEPTION
RELIGIEUSE DU TRAVAIL

 

 

 

Courant optimiste

Courant  pessimiste
(ou réaliste)

 

ANTIQUITÉ

(Grèce, Rome)

 

 

 

JUDAÏSME

AT

Division sociale:
patriciens / soldats / plèbe

Le statut social
(esclave, patricien…) n’est pas lié au ‘travail’, qui n’est pas encore
‘valeur d’échange’

Les philosophes veulent
diriger la cité, et délèguent le travail manuel, considéré comme ‘servile’,
aux  inférieurs

Travail manuel = peine, contrainte

 

Avodah
= culte = travail

Valorisation du travail
manuel qui obtient la bénédiction, et qui permet à l’homme de réaliser sa vocation
d’être co-créateur avec Dieu, à son image (Adam travaille le jardin de la
Genèse avant la chute)

Le travail non manuel
concurrence l’œuvre de Dieu (villes, richesses)

La pénibilité du travail vient de la faute
d’Ada
m

Insistance sur le shabbat pour relativiser l’importance du travail

Thème du repos
eschatologique

 

 

 

PÉRIODE PATRISTIQUE
(6° siècles)

Pas de séparation entre
‘maison’ et ‘travail’

Le travail est source
de dignité

Il permet de pratiquer
la charité

Il évite l’oisiveté (otium, d’où l’éloge du neg-otium
= négoce)

Il construit l’interdépendance
sociale

MONACHISME

Il y a unité entre
travail / méditation de l’Écriture / prière

Le travail est un moyen
de croissance
spirituelle
(ascèse)

Certains métiers sont
interdits: prêtres païens, jeux du cirque, prostitution…

La réussite dans le
travail fait tomber dans le piège de l’argent et de la domination

(le travail a besoin de
la Rédemption)

 

 

 

 

 

 

MOYEN ÂGE

(en Occident)

Division sociale
féodale:

oratores / bellatores /
laboratores

opus spirituale / opus
civile / opus artificiale

Le ‘salaire’ est une
subsistance assurée et non une rétribution d’un ‘travail’

Apparition des
« paroisses », des « confréries » et des
« métiers » (avec leurs saints patrons)

MONACHISME

Ora et Labora (St
Benoît)

Consécration -
Bénédiction – Sanctification de l’univers (cf. Canon Romain) par le don ou
l’utilité sociale

La Devotio Moderna
favorise les confréries

Travail-châtiment

Sanctification par la
pénitence

(dolorisme,
eschatologie-évasion par le haut)

Pas de représentation
de Jésus‑Travailleur

Métiers interdits:
usuriers, jongleurs, arts et commerce pour les clercs

Dévalorisation du
travail non-manuel (ars mechanica = ‘adultère’) quand il n’est pas au service
de l’Église

 

 

 

RÉFORMES
(en Occident)

Débuts du capitalisme
marchand

Contestation de l’idée
de perfection réservée à une élite => travail = voie ordinaire vers la
sainteté

Luther: Beruf (métier =
vocation)  Calvin: Vocatio

Insistance sur
l’individu, la conscience, le libre-arbitre

La réussite dans le
travail est signe de la prédestination divine au salut (pas une récompense,
mais l’effet du salut gratuitement accordé par Dieu),
l’échec est signe de la réprobation divine

 

 

 

 

 

 

 

TEMPS MODERNES

Dissociation maison /
travail (Manufactures)

Le travail devient valeur
d’échange, et donc emploi (marché de l’emploi)

Le travail devient une
force impersonnelle

Apparition des
« corporations » (XVIII°)

puis des syndicats
(XIX°)

Mythe du Progrès
(technique) par le travail

Travail = facteur
déterminant du temps humain

Les exclus du travail
prolifèrent…

Redécouverte de la
figure de Jésus‑Travailleur

DOCTRINE SOCIALE :

Le travail comme
facteur de personnalisation : réalisation personnelle et intégration
sociale

Le travail comme voie
de sanctification, et de charité-justice

Droits du travail

VATICAN II

Le travail comme
instrument de réalisation du Royaume et accomplissement de la dimension
royale du baptême

La morale chrétienne
était surtout domestique et personnelle => difficulté d’élaborer une
morale sociale et collective du travail avant 1891

Appels à la résignation
sociale dans le monde du travail (car enfer / paradis)

Pas d’idolâtrie du
travail

(lutte pour le Dimanche
libre)

Réalité humaine
traversée par le mal, et qui a besoin de la Rédemption

 

Que dis-tu de ton travail aujourd’hui ?

Ce parcours historique nous ramène à notre responsabilité actuelle, personnelle et collective, vis-à-vis de la réalité du travail :

- à quelle vigne suis-je appelé à travailler ?

- quel sens est-ce que je donne à ce travail ?

- comment me faire l’écho du désir de Dieu d’embaucher les autres à sa vigne ?

 

____________________________________________________________ 

1. Cf. G. Fragnière, « Les sept sens du travail », Futuribles, novembre 1987.
2. Cf. Max WEBER, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, 1904.
3. Cf. Liberte & Cie, Brian M. Carney et Isaac Getz, Fayard, 2012.
4. Cf. Happy RH : Le bonheur au travail. Rentable et durable, Laurence Vanhee et Isaac Getz, Ed. La Charte, 2013.
5. Ex : http://www.youtube.com/watch?v=2lXh2n0aPyw
6.  Ex : https://www.youtube.com/watch?v=TbtsfyrEF_c ; https://www.youtube.com/watch?v=-ZKiJejNRtw 

 

1ère lecture : « Mes pensées ne sont pas vos pensées » (Is 55, 6-9)

Lecture du livre d’Isaïe

Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers, ses pensées !
Qu’il revienne vers le Seigneur qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées.

Psaume : 144, 2-3, 8-9, 17-18

R/ Proche est le Seigneur de ceux qui l’invoquent.

Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.
Il est grand, le Seigneur, hautement loué ;
à sa grandeur, il n’est pas de limite.
Le Seigneur est tendresse et pitié,

lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

2ème lecture : « Pour moi, vivre c’est le Christ » (Ph 1, 20c-24.27a)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, soit que je vive, soit que je meure, la grandeur du Christ sera manifestée dans mon corps. En effet, pour moi, vivre c’est le Christ, et mourir est un avantage. Mais si, en vivant en ce monde, j’arrive à faire un travail utile, je ne sais plus comment choisir. Je me sens pris entre les deux : je voudrais bien partir pour être avec le Christ, car c’est bien cela le meilleur ; mais, à cause de vous, demeurer en ce monde est encore plus nécessaire. Quant à vous, menez une vie digne de l’Évangile du Christ.

Evangile : La générosité de Dieu dépasse notre justice (Mt 20, 1-16)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. La bonté du Seigneur est pour tous, sa
tendresse, pour toutes ses œuvres : tous acclameront sa justice.Alléluia. (cf. Ps 144, 7-9)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus disait cette parabole : « le Royaume des cieux est comparable au maître d’un domaine qui sortit au petit jour afin d’embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord avec eux sur un salaire d’une pièce ’argent pour la journée, et il les envoya à sa vigne. Sorti vers neuf heures, il en vit d’autres qui étaient là, sur la place, sans travail. Il leur dit : ‘Allez, vous aussi, à ma vigne, et je vous donnerai ce qui est juste.’ Ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers midi, puis vers trois heures, et fit de même. Vers cinq heures, il sortit encore, en trouva d’autres qui étaient là et leur dit : ‘Pourquoi êtes-vous restés là, toute la journée, sans rien faire ?’ Ils lui répondirent : ‘Parce que personne ne nous a embauchés.’ Il leur dit : ‘Allez, vous aussi, à ma vigne.’

Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : ‘Appelle les ouvriers et distribue le salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.’ Ceux qui n’avaient commencé qu’à cinq heures s’avancèrent et reçurent chacun une pièce d’argent. Quand vint le tour des premiers, ils pensaient recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun une pièce
d’argent. En la recevant, ils récriminaient contre le maître du domaine : ‘Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les traites comme nous, qui avons enduré le poids du jour et de la chaleur !’ Mais le maître répondit à l’un d’entre eux : ‘Mon ami, je ne te fais aucun tort. N’as-tu pas été d’accord avec moi pour une pièce d’argent ? Prends ce qui te revient, et va-t’en.
Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi : n’ai-je pas le droit de faire ce que je veux de mon bien ? Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que moi, je suis bon ?’
Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers. »
Patrick BRAUD

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11 septembre 2014

Reliques : que reste-t-il de nos amours ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Reliques : que reste-t-il de nos amours ?

 

Homélie du 24° dimanche du temps ordinaire / Année A
Fête de l’exaltation de la Croix glorieuse
14/09/2014

 

Que reste-t-il de ceux que nous avons connus ?
Ou, comme le chantait Charles Trenet : que reste-t-il de nos amours ? que reste-t-il de ces beaux jours ?…

La mémoire d’un visage, un parfum… des souvenirs qui remontent, associés aux « madeleines » de notre vécu commun : telle musique, tel objet, tel lieux précis…

Nous n’avons pas besoin d’objets matériels en théorie pour faire vivre en nous cette mémoire. Pourtant, il suffit de rentrer dans l’intimité d’une maison, d’un appartement, d’une chambre, pour lire sur les murs et les étagères les grands moments, les grandes figures qui ont marqué les habitants. Et, lors d’un héritage, on voit bien que la valeur affective et mémorielle d’une table, d’un violoncelle ou d’un tableau sont plus importants que leur valeur financière.

Et puis, lorsqu’on déménage une personne âgée de chez elle dans une résidence médicalisée, le simple fait de pouvoir poser quelques meubles et photos personnelles dans sa chambre l’aidera à ne pas être totalement déracinée.

Bref, nous avons besoin qu’il nous reste quelque chose de notre histoire individuelle.

C’est ce même besoin de garder des traces concrètes d’événements importants qui a poussé les chrétiens à garder des restes, des reliques (reliquare = ce qui reste, en latin), de ceux qui ont marqué leur histoire. Les premières reliques matérielles sont peut-être ces morceaux de la croix du Christ dont nous fêtons la découverte en ce 14 septembre, fête de l’exaltation de la croix glorieuse.

On sait que c’est l’impératrice Hélène, la mère de Constantin (IV° siècle), qui est allée chercher à Jérusalem ce qui restait de la croix du Christ et des instruments de sa Passion : la couronne d’épines, les clous, des morceaux du bois (le patibulum). On se souvient également que la Sainte-Chapelle à Paris a été construite spécialement par Saint Louis pour servir d’écrin à ces reliques qu’il y déposa en 1248 [2].

Reliques : que reste-t-il de nos amours ? dans Communauté spirituelle

Ces traces et réalistes, physiques, concrètes, du supplice de la crucifixion subie par Jésus ont toujours été vénérées avec respect par le peuple chrétien. Pas comme des preuves, pas de manière magique. Mais comme des signes de l’enracinement historique de l’événement majeur de notre foi.

En consacrant une fête liturgique annuelle en l’honneur de ces reliques, l’Église catholique redit son attachement à la réalité historique de Jésus de Nazareth, de sa Passion et de sa mise au tombeau.

Les premières reliques des chrétiens ont été pendant trois siècles liées aux martyrs suppliciés dans les arènes romaines.

Les fouilles archéologiques ont par exemple montré que le tombeau de Saint Pierre à Rome correspond vraiment aux restes de l’apôtre, recueillis par des disciples sur les lieux mêmes de son martyr, dans le cirque romain du Vatican.

 

plan-vatican amour dans Communauté spirituelle

La coutume s’est même très tôt répandue de se retrouver autour des tombes des martyrs, pour y célébrer l’eucharistie en secret [2]. Car la véritable eucharistie, c’est d’offrir sa vie, de livrer son corps et de verser son sang par amour. Pour ne jamais oublier ce vrai sens de l’eucharistie, et les martyrs qui pendant 300 ans l’ont payé de leur vie (hélas cela continue encore aujourd’hui), l’Église a ensuite placé dans ses autels des reliques de ses martyrs. Ainsi, en célébrant l’eucharistie sur des restes humains de ceux qui en ont été le prototype, les chrétiens s’obligent eux-mêmes à en faire une question de vie ou de mort.

pierre autel

Telle est la force des reliques, dont nous fêtons aujourd’hui la découverte des premières à Jérusalem. Les reliques des saints s’inscrivent dans ce même mouvement de mémoire réaliste. Sans idolâtrie, loin de tous les trafics qui ont pu polluer leur rôle spirituel dans les siècles passés.

Nous comprendrons mieux l’importance des reliques chrétiennes si nous pratiquons nous-mêmes le respect de nos reliques familiales et personnelles. Il nous reste tous quelque chose d’un père disparu, d’amis partis au loin, de collègues qui nous ont formé etc.. Nous pourrions nous en passer en théorie. Mais c’est plus concret, plus humain d’appuyer notre mémoire sur ces humbles éléments matériels, devenus pour nous seuls symboliques d’un moment, d’un visage, d’un événement.

Que la fête de l’exaltation de la Croix, à travers ces quelques bouts de bois précieusement conservés, nous aident à ne jamais perdre la mémoire de la Passion du Christ pour nous, unie à nos passions humaines les plus vraies.

 

_________________________________________________________________________
1. Le 14 septembre 1241, le saint roi Louis IX alla solennellement au-devant des 
reliques de la Passion qu’il avait achetées à l’empereur de Constantinople : c’étaient un morceau de bois de la vraie Croix, le fer de la lance, une partie de l’éponge, un morceau du roseau et un lambeau du manteau de pourpre. Elles furent déposées à la Sainte-Chapelle en 1248.

 

2. Les actes du martyre de saint Polycarpe, en 156, attestent :
« prenant les ossements plus précieux que les pierres de grand prix et plus épurés que l’or, nous les avons déposés dans un lieu convenable. Là même, autant que possible, réunis dans l’allégresse et la joie, le Seigneur nous donnera de célébrer l’anniversaire de son martyre en mémoire de ceux qui sont déjà sorti du combat, et pour exercer et préparer ceux qui attendent le martyre. » On se souvient aussi, en 177, d’une lettre où l’Église de Lyon regrettait de n’avoir pu conserver les restes de ses martyrs.

1ère lecture : Le serpent de bronze, signe du salut (Nb 21, 4b-9)

Lecture du livre des Nombres

Au cours de sa marche à travers le désert, le peuple d’Israël, à bout de courage, récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter
d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »
Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.
Le peuple vint vers Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents. »
Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, et ils vivront !»
Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie !

 

Psaume : 77, 3-4ac, 34-35, 36-37, 38ab.39

R/ Par ta croix, Seigneur, tu nous rends la vie.

Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté ;
et nous redirons à l’âge qui vient,
les titres de gloire du Seigneur.
Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient,
ils revenaient et se tournaient vers lui :
ils se souvenaient que Dieu est leur rocher,
et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur.
Mais de leur bouche ils le trompaient,
de leur langue ils lui mentaient.
Leur cœur n’était pas constant envers lui ;
ils n’étaient pas fidèles à son alliance.
Et lui, miséricordieux,
au lieu de détruire, il pardonnait;
Il se rappelait : ils ne sont que chair,
un souffle qui s’en va sans retour.

2ème lecture : Glorification de Jésus après son humiliation sur la Croix (Ph 2, 6-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se
dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à
mourir, et à mourir sur une croix.

C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à
genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

Evangile : Le Christ élevé sur la croix pour le salut des hommes (Jn 3, 13-17)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par ta Croix, tu as racheté le monde. Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Patrick BRAUD

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6 juin 2014

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie

 

Homélie pour la fête de Pentecôte
08/06/2014

 

Que fête-t-on à Pentecôte ?

- Une fête agraire où on se réjouit des premières gerbes de la moisson ?

C’était le cas il y a des milliers d’années. Et après tout, pourquoi ne pas se réjouir de la générosité de la nature en marquant symboliquement par l’offrande des prémices que c’est elle qui nous nourrit ?

- Le don de la Torah à Israël au Sinaï ?

Sans aucun doute, les chrétiens ne renieront pas cette interprétation historique de l’antique fête rurale. Oui, la sortie d’Égypte est un événement fondateur pour nous tous. Ou ici, le don des tables de la Loi à Moïse au sommet du Sinaï continue à structurer la vie des croyants et plus largement encore.

La Pentecôte chrétienne hérite de la fête juive de Shavouot le rôle central de la Loi dans l’Alliance (mais vécu dans l’Esprit).

 

- Le don de l’Esprit Saint aux disciples ?

Bien sûr, car la venue de l’Esprit Saint sur les Douze (reconstitués grâce à l’élection de Mathias à la place de Judas) marque l’accomplissement de l’Alliance pour les 12 tribus d’Israël, et l’accomplissement de la Loi dans l’amour.

 

Y a-t-il autre chose à fêter à Pentecôte en plus de ces trois dimensions pourtant majeures et monumentales ?

Peut-être…

 

Si on regarde de près le texte des Actes des Apôtres (Ac 2, 12-42), on peut deviner qu’il est en fait la jonction de deux interprétations d’un même événement. Il reste encore les points de suture de la fusion des deux récits.

 

La glossolalie

Un premier récit témoigne de l’effet de la Pentecôte sur les disciples eux-mêmes : des gens qui les entendaient ne les comprenaient pas, et pensaient qu’ils étaient ivres ! « Ils sont pleins de vin doux » raillent-t-il avec cynisme (Ac 2,13).  Et Pierre est obligé de préciser : « Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c’est la troisième heure du jour (9h du matin) » (Ac 2,15). C’est donc que les Douze  ne parlaient pas dans des langues étrangères, mais dans un méta-langage si l’on peut dire, au-delà des mots. Pour dévaloriser la libre expression des disciples chantant et parlant au-delà de la grammaire et du vocabulaire, on les accuse de délirer ; mais c’est bien une réelle expression de libre louange qui jaillit de la gorge des disciples. C’est le fameux scat de Pentecôte !

Selon ce premier récit, la venue de l’Esprit en nous produit une telle explosion de joie que les mots ne suffisent pas à exprimer cette intense expérience. Alors on se met à prier sans paroles, mais avec jubilation. Comme le jazzman oublie sa partition et se lance dans une brillante improvisation, telle Ella Fitzgerald inventant le scat  avec ses onomatopées célèbres, ou plus simplement comme il vous arrive de fredonner sous la douche ou en voiture un air dont pourtant vous n’avez plus les paroles.

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie dans Communauté spirituelle Pentecostals_PraisingCe phénomène est mieux connu maintenant que des chrétiens protestants américains – qui se sont justement appelés pentecôtistes à cause de cela – ont redécouvert cette effusion de l’Esprit à la fin du XIX° siècle. Le renouveau charismatique a relayé cette expérience à l’intérieur du catholicisme.

Ce phénomène peut légitimement s’appeler glossolalie = parler en langue (au singulier : la langue de l’Esprit Saint, qui ne se réduit à aucune langue particulière).

 

C’est cette glossolalie qu’évoque Paul dans ses lettres aux corinthiens :

« Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; personne en effet ne comprend: il dit en esprit des choses mystérieuses.  Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes; il édifie, exhorte, réconforte.  Celui qui parle en langue s’édifie lui-même, celui qui prophétise édifie l’assemblée.  Je voudrais, certes, que vous parliez tous en langues, mais plus encore que vous prophétisiez; car celui qui prophétise l’emporte sur celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète, pour que l’assemblée en tire édification.

 (..) C’est pourquoi celui qui parle en langue doit prier pour pouvoir interpréter.  Car, si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n’en retire aucun fruit.

  Que faire donc? Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence. Je dirai un hymne avec l’esprit, mais je le dirai aussi avec l’intelligence.  (?) Si donc l’Église entière se réunit ensemble et que tous parlent en langues, et qu’il entre des non-initiés ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes fous?  Mais si tous prophétisent et qu’il entre un infidèle ou un non-initié, le voilà repris par tous, jugé par tous;  les secrets de son coeur sont dévoilés, et ainsi, tombant sur la face, il adorera Dieu, en déclarant que Dieu est réellement parmi vous. » (1 Co 14, 2-24)

Rappelons à nouveau le témoignage de St Augustin sur ce chant au-delà des paroles :

« Chantez-lui le cantique nouveau, chantez bien. Chacun se demande comment chanter pour Dieu. Chante pour lui, mais évite de chanter mal. [?] Eh bien, il te donne cette méthode de chant : ne cherche pas des paroles, comme si tu pouvais expliquer ce qui plaît à Dieu. Chante par des cris de jubilation. Bien chanter pour Dieu, c’est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela consiste-t-il ? C’est comprendre qu’on ne peut pas expliquer par des paroles ce que l’on chante dans son c?ur. En effet ceux qui chantent, soit en faisant la moisson, soit en faisant les vendanges, ou n’importe quel travail enthousiasmant, lorsqu’ils se mettent à exulter de joie par les paroles de leurs chants, sont comme gonflés par une telle joie qu’ils ne peuvent la détailler par des paroles, ils renoncent à articuler des mots, et ils éclatent en cris de jubilation. [?] Que ton c?ur se réjouisse sans prononcer de paroles et que l’infinité de tes joies ne soit pas limitée par des syllabes. Chantez bien avec des cris de joie. » 

Aujourd’hui encore, la glossolalie de Pentecôte nous livre un message libérateur : n’ayez pas peur de laisser éclater votre joie ; ne vous retenez pas lorsque vous percevez la beauté du monde ou de quelqu’un. Chantez votre bonheur de vivre, fredonnez votre admiration de la nature, « scattez » votre émerveillement devant l’harmonie de l’univers autour de vous et en vous. Improvisez votre louange à partir des belles choses dont vous êtes témoins : cela décuplera votre sentiment de communion, et cela enracinera ses effets au plus intime de vous, pour longtemps.

 

 

La xénolalie

En plus de la glossolalie, un autre phénomène vient se greffer à cette fête de Pentecôte. La seconde version de l’évènement contenue dans notre texte évoque le « parler en d’autres langues » (xéno-lalie) comme un fruit de la venue de l’Esprit Saint sur nous.

« Tous, nous les entendons parler dans notre langue maternelle » (Ac 2,8) : la xénolalie a donc pour but de parler la langue de l’autre, afin de le toucher au coeur, avec sa culture, son histoire, son génie propre. Ce phénomène est quant à lui beaucoup plus rare aujourd’hui ! Et depuis longtemps. À tel point que les Pères de l’Église, constatant sa disparition, l’ont transposé dans la capacité de l’Église à parler  toutes les langues de la Terre, puisqu’elle est catholique (= universelle). Elle s’enracine grâce aux missionnaires dans chaque peuple pour lui traduire l’Évangile et lui parler avec ces mots.

L’intention reste alors très actuelle : l’Esprit nous pousse à apprendre à parler la langue de l’autre, à nous ouvrir à sa culture, à lui annoncer l’Évangile dans sa sagesse spécifique, son vocabulaire, sa grammaire propre.

 

Conjuguer glossolalie et xénolalie

L’enjeu de Pentecôte serait alors de ne plus séparer ce que le texte des Actes a uni : la libre louange au-delà des mots (glossolalie) et l’élan missionnaire avec son exigence d’inculturation (xénolalie).

 

Savoir se réjouir sans aucune honte de le manifester / se décentrer pour parler à l’autre à partir de sa culture : les deux mouvements ne fonctionnent que lorsqu’ils ont leur source dans une vie intérieure, dans une vie spirituelle authentique.

S’émerveiller va de pair avec dialoguer.

Savourer la beauté du monde engage à aller vers l’étranger pour habiter son monde à lui.

Exulter de joie et apprendre la langue de l’autre sont deux mouvements qui s’impliquent mutuellement (pour la présence de Dieu en soi, pour mille autres raisons…)

Bref : l’intériorité maximum et l’altruisme le plus exigeant sont deux faces d’une même monnaie, celle de Pentecôte, celle de l’Esprit en nous.

Comment aller vers l’autre jusqu’à apprendre sa langue si on n’est pas capable de s’émerveiller, de se réjouir de tout ce qu’il y a de vrai, de beau et de bien dans sa culture, son histoire, sa personne ?

Et comment apprécier vraiment le bonheur de vivre si je n’apprends pas à déchiffrer ce monde, à en mesurer la beauté, l’harmonie, la complexité ?

 

Même en entreprise, ce double mouvement est extraordinairement fécond. Lorsqu’on est employé au cadre, apprendre à parler la langue de l’autre est fondamental si on veut travailler ensemble. Cela demande beaucoup de bienveillance, et une grande faculté de se réjouir de ce que l’autre est en lui-même, différent de soi. Celui qui est capable de voir avec bonheur le positif du collègue, du N+1 ou N-1, sera souvent le même qui sait comment s’adresser à lui, comment le respecter dans ce qu’il est tout en lui adressant sa demande et son désir de travailler ensemble.

 

Glossolalie et xénolalie : au-delà de ces termes techniques, ce sont des expériences très concrètes qui sont liées à notre fête de Pentecôte. Porter attention à soi et à l’autre, ou plutôt à la présence de Dieu en soi (effusion de l’Esprit, glossolalie) et à la qualité de ma présence à l’autre (lui parler dans sa culture, xénolalie)…

 

Chantez, fredonnez, scattez comme Ella, tout en traduisant, en bon interprète passionné de la culture de l’autre : que Pentecôte nous s’apprenne à unir la joie intérieure et la communion avec l’étranger…

 

 

 

Messe du jour

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient : 
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! 
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

sequence : ()

Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle.

Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Patrick BRAUD

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18 avril 2014

Pâques : Courir plus vite que Pierre

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Pâques : courir plus vite que Pierre

Homélie du dimanche de Pâques
20/04/204 

COURIR

Qu’est-ce qui nous fait courir ?

Quiconque a déjà voyagé dans des pays chauds devine le caractère incongru de la scène : des hommes et des femmes courant sur une piste poussiéreuse sous le soleil d’Afrique ou de Palestine. C’est hautement improbable. D’abord parce que la notion de temps dans ces cultures traditionnelles fait peu de place à l’urgence. Il est rare et même indécent de courir faire quelque chose. Et ensuite parce que le climat dissuade très vite de se livrer à ce genre d’exercice. Hormis les Kenyans sur leurs hauts plateaux, courir sur les routes de Jérusalem ou d’Abidjan relève au mieux d’un manque de savoir-vivre, au pire d’un état de déraison avancé.

Dans cet évangile de Pâques, on court pourtant beaucoup.

Marie-Madeleine, dans le sens tombeau => apôtres, pour les prévenir et leur demander de venir vérifier ses dires.

Pierre et Jean, dans le sens Église => tombeau vide, pour voir si elle dit vrai.

L’Église de Pâques naît donc dans la course, inhabituelle, inconvenante, inquiète.

- Courir vers l’Église pour lui signaler l’absence du corps du Christ : c’est la mission symbolique au plus haut point de Marie-Madeleine. Cette course est encore la nôtre lorsque nous devons alerter en urgence l’Église des endroits de nos villes, de notre culture, de la communauté où il n’y a plus de corps du Christ, c’est-à-dire plus de présence ecclésiale.

- Courir de l’Église vers le tombeau vide : c’est le go fast de Pierre et Jean qui préfigure notre propre course pour chercher et découvrir les lieux où la mort n’a pas eu le dernier mot.

Pâques : Courir plus vite que Pierre dans Communauté spirituelle Pierre+et+Jean 

Ces deux courses se répondent et s’appellent sans cesse l’une l’autre encore aujourd’hui.

Devenir chrétien au petit matin de Pâques, c’est s’entraîner à courir de ces deux quêtes à jamais inassouvies : prévenir l’Église qui doit sortir d’elle-même pour aller voir ; courir soi-même pour visiter les lieux où la victoire sur le mal et la mort s’inscrivent en creux, à la manière du tombeau vide.

La course est essentielle à la vie chrétienne, à tel point que Paul prendra sans cesse cette image sportive : ne pas courir en vain, tenir bon jusqu’au bout de l’épreuve, permettre à la parole de Dieu de poursuivre et d’achever sa course :

1Corinthiens 9,24 : Ne savez-vous pas que, dans les courses du stade, tous courent, mais un seul obtient le prix? Courez donc de manière à le remporter.

1Corinthiens 9,26 : Et c’est bien ainsi que je cours, moi, non à l’aventure; c’est ainsi que je fais du pugilat, sans frapper dans le vide.

2Thessaloniciens 3,1 : Enfin, frères, priez pour nous, demandant que la parole du Seigneur accomplisse sa course et soit glorifiée, comme elle le fait chez vous,

2Timothée 4,7 : J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi.

Actes 20,24 : Mais je n’attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus: rendre témoignage à l’Évangile de la grâce de Dieu.

Galates 2,2 : J’y montai à la suite d’une révélation; et je leur exposai Évangile que je prêche parmi les païens – mais séparément aux notables, de peur de courir ou d’avoir couru pour rien.

Hébreux 12,1 : Voilà donc pourquoi nous aussi, enveloppés que nous sommes d’une si grande nuée de témoins, nous devons (?) courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée,

Philippiens 3,12 : Non que je sois déjà au but, ni déjà devenu parfait; mais je poursuis ma course pour tâcher de saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus.

Philippiens 3,14 : et je cours vers le but, en vue du prix que Dieu nous appelle à recevoir là-haut, dans le Christ Jésus

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Et nous, pour quoi, pour qui courons-nous ?

Sommes-nous dans cette dynamique de la course qui nous guérit de la résignation, du fatalisme, du ?à quoi bon ?’ des apôtres après la catastrophe de l’échec au Golgotha ?

Qu’est-ce qui nous fait nous lever le matin ?

Quelles bandelettes roulées à part nous attendent, et où ?

Quelle est notre course en réponse aux appels de ceux qui nous disent d’aller voir ailleurs des absences étonnantes ?

 

Courir plus vite que Pierre

Courir donc.

Pierre et Jean en sont des symboles.

Avec cette précision que seul l’auteur du quatrième évangile apporte : le disciple que Jésus aimait a couru plus vite que Pierre.

Pourquoi souligner ce détail ? Est-ce uniquement parce que ce disciple (souvent identifié à Jean, mais on n’en est pas sûr) était plus jeune et donc plus vigoureux que Pierre ?

Difficile de ne pas y voir là encore une touche symbolique : courir plus vite que Pierre est nécessaire à l’Église pour qu’elle se convertisse à son Seigneur. Car, parce qu’il se sait aimé du Christ, ce disciple sera plus rapide non seulement pour arriver au tombeau mais également pour interpréter cette absence, ce vide, ces bandelettes roulées à part avec soin. « Il vit et il crut », alors qu’on ne sait pas ce que Pierre en a pensé.

le+tombeau+vide croire

Si Pierre symbolise – à juste titre – le caractère institutionnel et hiérarchique de l’Église, alors l’auteur du quatrième évangile a voulu marquer d’emblée que l’Église dès sa naissance ne pouvait se contenter du seul Pierre. Il y faut également Jean, ce contemplatif actif, ce disciple aimé qui voit et croit.

Autrement dit, à côté de la structure institutionnelle (pape, évêques, prêtres…), il faut impérativement à l’Église des disciples bien-aimés qui courent plus vite que Pierre, qui sont capables de voir et de croire avant que la lourde machine ecclésiale se convertisse enfin elle aussi, grâce à leur témoignage.

Ces chevaux ailés de la foi, ces gazelles de la course mystique existent toujours, et ont la belle mission de contester la toute-puissance que Pierre tend parfois à s’arroger, en lui rappelant qu’il est une autre connaissance, celle du coeur, une foi  plus active – celle du juste regard porté sur les choses – qui va plus vite que l’institution et l’empêche de se croire suffisante.

Aujourd’hui, ceux qui courent plus vite que Pierre existent toujours au milieu de nous. Ce sont les fondateurs comme Jean Vanier ou le Père Wrézinski, les prophètes comme cette jeune religieuse triomphant dans The Voice à l’italienne ou ces millions de couples pratiquants tranquillement leur propre spiritualité conjugale apparemment éloignée des canons rigides romains, les sages comme les moines et les moniales écoutant la vraie soif du monde et y répondant avec le silence, les psaumes, la fraternité inconditionnelle etc…

9782204101950 JeanCourir plus vite que Pierre n’est pas pour autant s’opposer frontalement à lui : Jean attend devant le tombeau, et s’efface pour laisser Pierre entrer le premier. On se souvient des Pères Congar et Chenu, précurseurs du concile Vatican II, qui pourtant avaient été durement « crossés » auparavant pour leurs écrits théologiques : ils ne sont pas entrés en dissidence, ils ont obéi humblement, en continuant leur travail de recherche, en croyant qu’avec le temps Pierre lui aussi finirait par voir et croire. Et l’histoire leur a donné raison. La suite a montré que grâce à leur obéissance, l’énorme paquebot Église allait finalement se convertir elle aussi à devenir « servante et pauvre », selon les mots de Congar. Le pape François actuel en est un symbole vivant : il incarne Pierre courant plus vite que Pierre en quelque sorte, dans son humilité joyeuse au service des pauvres.

Voilà donc une voie de réforme toujours actuelle : courir plus vite que Pierre, c’est-à-dire détecter plus vite que nos évêques, que nos innombrables et lourdes structures ecclésiales, les vrais désirs, la vraie soif de notre société, et croire avant Pierre que le Christ n’est plus enfermé dans les bandelettes du passé. Que ce soit à propos de la situation des divorcés remariés, de la morale familiale, de l’engagement économique ou politique, ils sont nombreux ces disciples aimés du Christ qui vont plus vite que leur Église officielle sur bien des points !

Mais cette course plus rapide ne sera féconde que si elle attend Pierre patiemment, et l’aide à se convertir lui-même.

La contestation adolescente ou stérile n’est pas à l’auteur du défi de Pâques. S’il doit y avoir confrontation – car parfois cela est nécessaire – que ce soit à la manière de Paul, qui ose reprocher publiquement à Pierre de ne pas être fidèle à la gratuité du salut en Christ :

« Quand Céphas (Pierre) vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort. En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l’écart, par peur des circoncis. Et les autres Juifs l’imitèrent dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux. Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser? (Ga 2,11-14)

Tout en reprenant Pierre devant tout le monde, Paul aura à coeur de ne rien faire sans être visiblement en communion avec lui.

« Reconnaissant la grâce qui m’avait été départie, Jacques, Céphas et Jean, ces notables, ces colonnes, nous tendirent la main, à moi et à Barnabé, en signe de communion : nous irions, nous aux païens, eux à la Circoncision » (Ga 2,9).

Exigence évangélique et obéissance sont donc compatibles au sein de notre Église.

Reste qu’il est essentiel que quelques-uns courent plus vite que Pierre, c’est-à-dire  plus vite que leur évêque, leur conseil paroissial, leurs supérieurs hiérarchiques. Sans eux, l’Église risque de voir sans voir, et – pire encore – de voir sans croire.

 

Messe du jour de Pâques

1ère lecture : Les Apôtres témoins de la Résurrection (Ac 10, 34a.37-43)

Quand Pierre arriva de Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les débuts en Galilée, après le baptême proclamé par Jean :
Jésus de Nazareth, Dieu l’a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force. Là où il passait, il faisait le bien, et il guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du démon. Car Dieu était avec lui.
Et nous, les Apôtres, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont fait mourir en le pendant au bois du supplice.
Et voici que Dieu l’a ressuscité le troisième jour.
Il lui a donné de se montrer, non pas à tout le peuple, mais seulement aux témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts.
Il nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que Dieu l’a choisi comme Juge des vivants et des morts.
C’est à lui que tous les prophètes rendent ce témoignage : Tout homme qui croit en lui reçoit par lui le pardon de ses péchés. » 

Psaume : Ps 117, 1.4, 16-17, 22-23

R/ Ce jour que fit le Seigneur est un jour de joie, alléluia !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève, 
le bras du Seigneur est fort ! 
Non, je ne mourrai pas, je vivrai, 
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs 
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’oeuvre du Seigneur,  
la merveille devant nos yeux..

2ème lecture : Vivre avec le Christ ressuscité (Col 3, 1-4)

Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu.
Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre.

En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu.
Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire.

sequence : 

À la victime pascale,
chrétiens, offrez le sacrifice de louange. 

L’Agneau a racheté les brebis; 
le Christ innocent a réconcilié 
l’homme pécheur avec le Père. 

La mort et la vie s’affrontèrent 
en un duel prodigieux. 
Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne. 

?Dis-nous, Marie Madeleine, 
qu’as-tu vu en chemin ?? 

?J’ai vu le sépulcre du Christ vivant, 
j’ai vu la gloire du Ressuscité. 

J’ai vu les anges ses témoins, 
le suaire et les vêtements. 

Le Christ, mon espérance, est ressuscité ! 
Il vous précédera en Galilée.? 

Nous le savons : le Christ 
est vraiment ressuscité des morts. 

Roi victorieux, 
prends-nous tous en pitié ! 
Amen.

Evangile : Le tombeau vide et la foi des Apôtres (Jn 20, 1-9)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Notre Pâque immolée, c’est le Christ !
Rassasions-nous dans la joie au festin du Seigneur !
Alléluia. (1 Co 5, 7-8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin, alors qu’il fait encore sombre. Elle voit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il voit que le linceul est resté là ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau, et il regarde le linceul resté là, et le linge qui avait recouvert la tête, non pas posé avec le linceul, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas vu que, d’après l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Patrick Braud

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