Ces tentations sont les nôtres
Ces tentations sont les nôtres
Homélie pour le 1° Dimanche de Carême / Année C
09/03/25
Cf. également :
Carême : le détox spirituel
Brûlez vos idoles !
Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’île de la tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…
Une recette cocktail pour nos alliances
Gravity, la nouvelle arche de Noé ?
Poussés par l’Esprit
Jésus au désert : prolepse cinématographique
Nous connaissons par cœur ce récit des trois tentations au désert. À chaque début de carême nous le relisons, et nous entendons des commentaires sur le jeûne, la prière ou la pénitence, nos boucliers contre la tentation. Ce n’est déjà pas si mal. Comment aller plus loin ?
Étonnons-nous d’abord d’avoir un tel récit. Jésus était seul au désert. Pas un témoin. Comment Marc et Luc savent-ils ce qui s’y est passé ? Jésus l’aurait raconté aux Douze en détail ? Peu probable. D’autant que le côté hollywoodien de la mise en scène crève l’écran : un jeûne surhumain, des téléportations (sur le toit du temple de Jérusalem ou sur une haute montagne) dignes de Flash Gordon, un Satan qui parle araméen et cite la Bible, et Jésus stoïque qui – tel Œdipe devant le Sphinx – déjoue les trois pièges tendus en citant lui aussi la Bible. Tout cela est trop clinquant pour s’être déroulé exactement ainsi.
Ce récit est une construction théologique. Marc et Luc veulent préparer leurs lecteurs à ce qui vient après. Il y a évidemment une part de vérité historique factuelle : Jésus a sans aucun doute séjourné au désert quelque temps, comme son cousin Jean-Baptiste, pour réfléchir à sa mission avant de se lancer sur les routes de Palestine. Il évoquera lui-même plus tard la nécessité de ces temps de préparation avant l’action : « Quel est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne commence par s’asseoir pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi aller jusqu’au bout ? » (Lc 14,28)
Peut-être même est-il allé faire un tour du côté de la communauté essénienne de Qumran, en haut de la petite montagne dominant la Mer Morte ? Un peu comme une retraite au monastère de la Grande Chartreuse aujourd’hui…
Pour montrer ce que cette préparation spirituelle a produit en Jésus, Marc et Luc utilisent un procédé qui ressemble à une technique cinématographique bien connue : la prolepse (pro-lapsus = saut en avant). C’est un peu le contraire du flash-back : le spectateur est informé à l’avance d’un élément qui se déroulera plus tard, dans le futur. Le film Minority Report par exemple joue sans cesse de ces anticipations, qu’on peut également appeler flash-forward (vs flash-back = saut en arrière). En mettant en scène trois tentations spectaculaires, Marc et Luc font référence à d’autres moments du ministère de Jésus qu’il connaîtra ensuite, qu’ils ont vécus avec lui, où ils l’ont vu mener un combat intérieur intense pour rester fidèle à sa mission.
Notre récit est en quelque sorte une cristallisation a posteriori de toutes les occasions historiques où Jésus a été tenté, classifiées en trois catégories concernant sa fidélité à la Parole, son humilité de Messie crucifié, sa filiation divine.
On peut donc faire l’exercice suivant : repérer les situations de la vie du Christ qui relèvent de la tentation n° 1, ou n° 2, ou n° 3. Pour cela, on pourra s’appuyer sur les autres usages du verbe tenter (πειράζω = peirazō en grec) dans les Évangiles, en essayant de voir à laquelle des 3 tentations le passage se rapporte. On pourra alors imaginer, par un procédé symétrique d’anticipation, comment y répondre nous-mêmes lorsque nous les rencontrerons plus tard…
Première tentation : me nourrir de quoi ?
Notre époque est à juste titre devenue ultrasensible sur les questions d’alimentation. L’obésité devient un problème de santé publique. L’éthique s’invite sur l’étiquette, pour un commerce équitable. Le Nutriscore est un critère marketing désormais incontournable, à surveiller de près. « Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es »…
Le jeûne pratiqué par Jésus au désert – qui deviendra le jeûne du carême – est d’abord l’indication symbolique que Jésus est le nouveau Moïse qui va conduire son peuple hors du désert : « Moïse demeura sur le Sinaï avec le Seigneur quarante jours et quarante nuits ; il ne mangea pas de pain et ne but pas d’eau. Sur les tables de pierre, il écrivit les paroles de l’Alliance, les Dix Paroles » (Ex 34,28).
Au-delà de cet accomplissement faisant de Jésus un second Moïse, il y a sûrement l’allusion à une phrase qui a marqué les disciples, après l’épisode de la samaritaine : « Les disciples l’appelaient : “Rabbi, viens manger.” Mais il répondit : “Pour moi, j’ai de quoi manger : c’est une nourriture que vous ne connaissez pas.” Les disciples se disaient entre eux : “Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?” Jésus leur dit : “Ma nourriture, c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre » (Jn 4,31–34).
Voilà l’enjeu spirituel de la première tentation : de quoi est-ce que je me nourris ?
Des réseaux sociaux avec leurs fake news et leurs vidéos pleines de vide ? Des discours de haine des extrémistes politiques ? À quelles opinions accordé-je du crédit : mes collègues ? mon patron ? la tradition de ma famille ? De quelles lectures je me délecte ? De quelles images ?
La comparaison avec la nourriture ne s’arrête pas là : certains mangent en 5 minutes, seul devant un plateau et un écran ; d’autres avec gloutonnerie ; d’autres sont anorexiques… Sur la table de la sagesse comme de la spiritualité, chacun peut ainsi pratiquer le fast-food ou la gastronomie, l’excès ou le manque, la convivialité ou la solitude.
Jésus affirme tranquillement que la Parole est sa vraie nourriture, le désir de Dieu son vrai désir. Que cela peut-il signifier pour moi ? Lire la Parole, la dévorer, la ruminer, la mettre en pratique… Avoir faim d’ajuster ma vie à ce que j’y lis, avoir soif d’y puiser des sources nouvelles d’inspiration pour agir…
Jésus s’est tellement nourri de la Parole qu’il ne supporte pas qu’on la défigure pour accuser une femme adultère : « Dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve (peirazo), afin de pouvoir l’accuser » (Jn 8,5-6).
Ni pour excuser la faiblesse humaine dans le mariage : « Des pharisiens s’approchèrent de lui pour le mettre à l’épreuve (peirazo) ; ils lui demandèrent : “Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme pour n’importe quel motif ?” » (Mt 19,3).
Ni pour faire de l’argent autre chose qu’un outil fraternel : « On envoya à Jésus des pharisiens et des partisans d’Hérode pour lui tendre un piège (peirazo), en le faisant parler » (Mc 12,13)…
Ni pour dénaturer la Loi en séparant l’amour de Dieu de l’amour de l’homme : « L’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve (peirazo) : quel est le plus grand commandement ? » (Mt 22,35).
Dénaturer la Loi, tordre les textes : voilà la première tentation, récurrente, qui ne cessera de vouloir faire dévier Jésus de son amour de la Parole…
Comment ne pas me limiter au pain ordinaire après lequel courent la plupart (nourriture, argent, reconnaissance, pouvoir), mais cultiver en moi d’autres faims (de sens, de gratuité, de profondeur, de générosité…) ?
Deuxième tentation : devant qui me prosterner ?
Se prosterner, c’est reconnaître un plus grand que soi, et lui donner sa confiance.
« C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte » : le Deutéronome et Jésus jouent aux lanceurs d’alerte pour nous réveiller de nos servitudes volontaires. Attention à qui vous choisissez comme référence ! Attention à qui vous voulez suivre ! Arrêtez d’instrumentaliser Dieu pour votre commerce ou votre bien-être !
Jésus sera confronté plusieurs fois à des foules tentées par la servitude volontaire. Elles voudront faire de lui un roi, se prosterner devant lui pour qu’il réalise leur rêve d’indépendance de grandeur : « Mais Jésus savait qu’ils allaient venir l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul » (Jn 6,15). Même Pierre lui fera miroiter une messianité plus glorieuse pour essayer de le détourner de l’infamie de la croix : « Mais lui, se retournant, dit à Pierre : “Passe derrière moi, Satan ! Tu es pour moi une occasion de chute : tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.” » (Mt 16,23). Le Satan du désert annonce le Satan-Pierre qui veut éviter la croix… Les pensées des hommes avides de pouvoir et de gloire humaine, comme l’étaient les représentations du Messie courantes à cette époque, ne sont rien d’autre que des tentations « sataniques » : l’interpellation dont Pierre fait l’objet le montre d’une façon évidente. Ainsi la tentation de posséder la puissance et la gloire — non pas venues de son fond propre mais obtenues de l’extérieur — a poursuivi Jésus pendant toute sa vie.
Jésus refusera toujours d’être celui devant qui on se prosterne : au contraire, lui se met à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds : « Les rois des nations les commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs. Pour vous, rien de tel ! Au contraire, que le plus grand d’entre vous devienne comme le plus jeune, et le chef, comme celui qui sert. Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22,25–27).
Pourtant, il est bien Maître et Seigneur ; il a reçu de son Père la royauté sur toute chose. Mais il ne veut pas l’exercer à la manière des puissants de ce monde. Ce ne sont pas le pouvoir ou la gloire qui sont disqualifiés dans cette deuxième tentation, mais la façon de les obtenir (de Satan ou de Dieu) et de les exercer (domination ou service). Car la gloire nous est promise, reçue de Dieu, qui nous la partage gracieusement. Et nous serons associés à sa puissance, celle de l’amour qui se livre jusqu’au bout pour que l’autre vive.
Alors : qui est mon Pygmalion ? devant qui je me prosterne ?
Quelles sont mes servitudes volontaires ?
Troisième tentation : me servir de Dieu ou le servir ?
La pensée magique est de retour en Occident. Nous croyions un peu naïvement que la science et le progrès l’avait disqualifiée depuis le XVIII° siècle. Elle fait son grand retour au travers du complotisme, de la « post-réalité », des fake-news, de l’ésotérisme, des croyances douteuses qui pullulent sur la Toile. Se jeter en bas depuis le toit du Temple de Jérusalem est une provocation à la magie : faire comme si la foi annulait la loi de gravité, comme si l’Écriture dispensait d’étudier la chute des corps, c’est nager dans un monde merveilleux et illusoire où Dieu exaucerait tous nos vœux.
La pensée magique croit qu’avec des rites étranges on obtient des prodiges, que beaucoup de prière apporte la guérison physique, que des forces invisibles régissent le visible, que le secret des initiés conditionne la réussite, que certains voyants, médiums, chamanes et autres sorciers sont capables de transformer la réalité. La complexité croissante de notre monde moderne et l’explosion des pensées ‘alternatives’ rendent crédibles – hélas ! – aux yeux de nos contemporains les plus délirantes théories ! La récente condamnation par Rome [1] des soi-disant ‘révélations’ privées d’une soi-disant voyante – Maria Valtorta – dont les écrits pullulent sur Internet, illustre bien la folie qu’engendre cette soif irrationnelle pour l’irrationnel…
Les pharisiens sont tombés dans ce piège de la pensée magique, eux qui réclameront sans cesse à Jésus des signes extraordinaires « venus du ciel » pour démontrer qu’il est bien le Messie : « D’autres, pour le mettre à l’épreuve (peirazo), cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel » (Lc 11,16 ; Mc 8,11 ; Mt 16,1). « Ils lui dirent alors : Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? » (Jn 6,30). Durant les trois années de sa prédication, Jésus sera sans cesse confronté à cette demande de signes et de prodiges, où sa véritable identité s’imposerait à tous sans contestation grâce à ces démonstrations de force. Jésus s’y dérobera, car il sait que les prodiges nourrissent la crédulité, pas la foi. Il s’y refusera, car il ne confond pas la foi et la magie.
Quels sont aujourd’hui les pièges que la pensée magique risque de nous tendre dans les mois à venir, personnellement et collectivement ? De l’homme providentiel à la tireuse de cartes, des coachs-miracles aux écrivains à la mode, de la dernière théorie du management aux articles promus par les influenceurs, quelle pensée magique me séduit et m’asservit ?
Le pire est que cette pensée magique instrumentalise Dieu au lieu de le servir. Celui qui demande la guérison à Dieu aime la santé plus que Dieu. Même Poutine invoque Dieu pour justifier son invasion de l’Ukraine ! Même Donald Trump fait semblant de croire que Dieu l’a épargné de la balle assassine pour le faire élire ! Se servir du divin pour nos propres intérêts, pour un régime en place, pour légitimer une domination etc. sont des tentations aussi vieilles que l’humanité !
Maître Eckhart notait avec humour :
» Celui qui aime Dieu en vue de son propre intérêt l’aime comme il aime sa vache…
pour le lait et le fromage qu’elle lui donne…
Ainsi font toutes les personnes qui aiment Dieu pour l’extérieur ou la consolation intérieure…
ils n’aiment pas vraiment Dieu …
mais leur propre avantage… »
(sermon 16b)
Utiliser un culte – à Satan ou à Dieu, peu importe ! – pour obtenir « le pouvoir et la gloire », la santé ou la richesse : voilà une tentation à laquelle chacun sera confronté tôt ou tard. Aimer « pour rien » est le remède à l’amour intéressé :
» Aime Dieu aussi volontiers dans la pauvreté que dans la richesse,
aime le autant dans la maladie que quand tu es en bonne santé,
aime le autant dans la tentation que sans tentation,
aime le autant dans la souffrance que sans souffrance ».
(Maître Eckhart, sermon 30)
L’ultime tentation de démonstration magique sera adressée à Jésus sur la croix : « Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, si tu es Fils de Dieu, et descends de la croix ! » (Mt 27,40). On croirait entendre Satan au désert : « jette-toi en bas », le sommet de la Croix remplaçant le toit du Temple…
Conclusion
Le flash-forward de Luc nous invite à relire la vie du Christ à la lumière de ces trois combats intérieurs qu’il a dû mener jusqu’à la croix. Elles nous éclairent ainsi sur ce qui va venir pour nous.
En cette période de Carême où l’on prépare les catéchumènes à leur baptême, c’est une grille de décodage que l’Église leur fournit avec ce récit des tentations : « vous allez être tentés, inévitablement. Reconnaissez le type de tentation lorsqu’elle s’approchera de vous, et combattez-la avec les mêmes armes que le Christ ».
La malbouffe spirituelle, la servitude volontaire, la pensée magique : ces trois tentations sont les nôtres !
Quelle est celle qu’il m’est urgent de déjouer ?
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[1]. L’Église catholique ne reconnaît pas comme surnaturelles les « visions », « révélations » et « communications » de l’Italienne Maria Valtorta (1897-1961), a annoncé le Dicastère pour la Doctrine de la Foi (DDF), dans un bref communiqué publié mardi 4 mars et daté du 22 février 2025
Lectures de la messe
Première lecture
La profession de foi du peuple élu (Dt 26, 4-10)
Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu. Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage. Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »
Psaume
(Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab)
R/ Sois avec moi, Seigneur, dans mon épreuve. (cf. Ps 90, 15)
Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut
et repose à l’ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »
Le malheur ne pourra te toucher,
ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges
de te garder sur tous tes chemins.
Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion,
tu écraseras le lion et le Dragon.
« Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ;
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m’appelle, et moi, je lui réponds ;
je suis avec lui dans son épreuve. »
Deuxième lecture
La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, que dit l’Écriture ? Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons. En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l’Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
Évangile
« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » (Lc 4, 1-13)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick BRAUD