L'homélie du dimanche (prochain)

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24 septembre 2023

Vaut-il mieux dire ou faire ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Vaut-il mieux dire ou faire ?

Homélie pour le 26° Dimanche du temps ordinaire / Année A
01/10/2023

Cf. également :
L’évangile de la seconde chance
Justice punitive vs justice restaurative
Changer de regard sur ceux qui disent non
Les collabos et les putains
Rameaux, kénose et relèvement

1. Ils disent et ne font pas
Vaut-il mieux dire ou faire ? dans Communauté spirituelle mome-mosquée
La parabole des deux enfants (Mt 21,28-32) de ce dimanche semble claire, et elle satisfait notre mentalité moderne sécularisée très factuelle : peu importe les croyances religieuses des gens, seuls comptent leurs actes. Qui plus est, on se méfie des gens qui font de grandes déclarations la main sur le cœur mais qui en finale n’agissent pas. Notre époque est à l’orthopraxie, diraient les spécialistes, c’est-à-dire que nous accordons une importance majeure à ce qui est fait plus qu’à ce qui est dit ou pensé. Peu importe la religion ou la philosophie de quelqu’un : le seul critère est son action. Débattre de ce qu’il pense ou croit pour savoir si c’est vrai est superflu et inutile.

Les catholiques sont relativement à l’aise avec cette importance majeure donnée aux œuvres de quelqu’un. Ils s’appuient sur de nombreuses paroles de Jésus comme celle-ci : « ce ne sont pas ceux qui disent : ‘Seigneur,  Seigneur !’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux qui font la volonté de mon Père » (Mt 7,21).
Notre parabole semble nous encourager à dénoncer toute hypocrisie religieuse ‘à la pharisienne’ qui dit ‘oui’ des lèvres et ‘non’ de la main. La violente critique de Jésus à l’encontre des religieux de son époque rejoint celle de la parabole contre le premier fils : « ils disent et ne font pas » (Mt 23,3). Et pour une part, c’est vrai que ce divorce croissant entre l’enseignement de l’Église (sur l’amour, la morale, le pardon etc.) et ses pratiques institutionnelles (omerta sur les abus, hypocrisie face à l’argent et aux pouvoirs en place etc.) devient insupportable aux yeux de nos contemporains, et suffit à disqualifier son message.

L’affaire serait donc bouclée : la parabole des deux fils nous conforte dans l’idée qu’il vaut mieux faire que dire. « On juge l’arbre à ses fruits » (Mt 7,16-20), point barre.

 

2. Le débat entre la foi et les œuvres
Évidemment, les protestants sont moins à l’aise avec cette lecture univoque de la parabole. Car ce serait trancher le vieux débat entre la foi et les œuvres en faveur des œuvres.

la%2Bfoi%2Bou%2Bles%2Boeuvres dire dans Communauté spirituelleEst-ce mon action qui me sauve ? Ce serait contredire l’une des thèses majeures du Nouveau Testament : la gratuité du salut, don de Dieu. « Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur, si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a relevé d’entre les morts, alors tu seras sauvé » (Rm 10,9). Paul ne cesse de proclamer la supériorité – et l’antériorité – de l’action en nous de l’Esprit sur toutes nos actions. Pour lui, seule la foi justifie : « nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la Loi » (Rm 3,28). Il s’oppose ainsi – quasi frontalement – au frère de Jésus, Jacques, premier évêque de Jérusalem, qui rappelle en bon juif l’importance de l’observance de la Loi : « Vous voyez que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement » (Jc 2,24). Pour Paul, observer la Torah sans croire au Christ ne sert à rien, ce sont des « œuvres mortes » : « Tendons la perfection d’adultes, au lieu de poser une nouvelle fois les fondements, à savoir : la conversion,  avec le rejet des œuvres mortes et la foi en Dieu » (He 6,1).   « Combien plus le sang de Christ, qui, par un esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! » (He 9,14).
D’ailleurs, le premier qui entre au paradis dans les Évangiles n’est ni Pierre ni même Marie, mais un criminel qui n’a rien fait de bien dans sa vie sinon dire sa foi en Jésus au moment de mourir : « Souviens-toi de moi tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23,42). Cette parole l’a sauvé, alors que ses actes le condamnaient.

Soutenir avec notre parabole qu’il vaut mieux dire ‘non’ à Dieu mais faire sa volonté, c’est basculer dans le camp de Jacques, pour qui le plus important est d’agir. Pourrait-on l’interpréter autrement ?

 

3. La parabole à l’envers
C’est bien sûr un protestant – le pasteur Marc Perrot – qui nous met sur la voie d’une autre interprétation possible de la parabole [1]. Il fait remarquer que de nombreux manuscrits, et non des moindres, ont interverti les deux fils dans leurs versions. Si bien que dans ces manuscrits c’est celui qui dit ‘oui Seigneur’ qui est conforme à la volonté du Père, même s’il ne va pas ensuite travailler à la vigne. La note de la TOB sur de Mt 21,29 précise par exemple : « Certains manuscrits intervertissent l’ordre des réponses aux v. 29 et 30 ».
À la lecture de ces manuscrits, les copistes ont cru à une erreur : c’était impossible pour eux que la parabole loue celui qui dit ‘oui’ sans rien faire ! C’était contraire à la morale commune.

Et si c’était pourtant cette version qui était la plus intéressante, car plus radicale, plus à rebrousse-poil de nos représentations ? Il n’y a pas besoin de révélation pour louer celui qui va travailler à la vigne ! Alors que l’inverse…
publicains-prostituees-precedent-cl faireIntervertir les deux fils serait alors reconnaître que dire ‘oui Seigneur’ est plus important que de faire un tas de bonnes œuvres ; clamer son rejet : ‘je ne veux pas’ est plus grave que de ne pas aller à la vigne. D’ailleurs, les publicains et les prostituées ne font pas les œuvres de Dieu, et pourtant ils précèdent les pharisiens dans le royaume de Dieu ! Ceux qui reconnaissent Jésus ne changent pas de métier pour autant (sauf justement Lévy-Mathieu qui du coup comprend la difficulté de ses collègues à changer de métier !) : ils lui disent oui, avec passion et amour, mais ne peuvent gagner leur vie autrement. Ils confessent leur foi de tout leur cœur, mais ne deviennent pas pour autant de bons juifs religieux observant toute la Loi. Zachée par exemple rembourse quatre fois ce qu’il a volé dans son métier de publicain, mais ne renonce pas à ce métier, impur par essence aux yeux des juifs. De même on ne sait pas ce qu’a fait la prostituée qui a versé un parfum précieux sur les pieds de Jésus pour lui exprimer sa foi et son désir d’être pardonnée. Il n’est pas sûr qu’elle ait cessé de se prostituer ! Jésus n’a rien exigé d’elle pour lui accorder le salut. On ne sait rien non plus de ce qu’a fait le publicain de la parabole en descendant du Temple où son humble prière l’avait justifié, à l’inverse du pharisien se glorifiant de ses bonnes œuvres nombreuses et méritantes (Lc 18,9-14). Il n’est pas sûr qu’il ait cessé d’être publicain !
Remarquons en outre que Jésus dans la finale de la parabole loue les publicains et les prostituées qui ont cru (en la parole de Jean-Baptiste) même s’ils n’ont pas fait les bonnes œuvres justes. Comme quoi croire – dire oui – est plus important que faire…
Les publicains et les prostituées ne font pas la volonté du Père mais ils lui disent oui dans leur cœur de toutes leurs forces. Les pharisiens eux font la volonté de Dieu en obéissant à la Loi et en accomplissant tout ce qu’elle prescrit, mais ils ne disent pas oui à Jésus, ni ne le reconnaissent comme Seigneur. L’humble désir confiant des pécheurs contrits incapables d’observer la Loi vaut mieux que l’orgueilleuse fidélité des pharisiens aux œuvres de la Loi tout en disant non à Jésus.

En outre, le comportement de celui qui dit non puis change d’avis n’est pas au-dessus de tout soupçon. La traduction liturgique écrit : « s’étant repenti, il y alla ». Petite erreur de traduction : le verbe employé par Mathieu en grec n’est pas se repentir (μετανοέω = metanoeo), mais se rétracter, revenir en arrière (μεταμέλομαι = metamelomai). Autant le repentir est bien vu car lié au salut, autant la rétractation est mal vue car contraire à la fidélité. Ainsi Dieu ne se rétracte jamais quand il engage sa parole : « Le Seigneur l’a juré, et il ne se rétractera (μεταμέλλομαι = metamellomai) pas : ‘Tu es prêtre pour toujours à la manière de Melchisédech’ » (Ps 110,4 LXX).
Le seul autre usage du verbe « se rétracter » dans l’Évangile de Matthieu est pour… Judas : « en voyant que Jésus était condamné, Judas, qui l’avait livré, se rétracta (μεταμεληθεὶς) ; il rendit les trente pièces d’argent aux grands prêtres et aux anciens » (Mt 27,3). Judas s’aperçoit qu’il s’est trompé dans son calcul politique, lui qui avait imaginé être le médiateur d’une alliance entre Jésus et les chefs juifs pour chasser les Romains d’Israël. Voyant que cela ne marche pas, il revient en arrière, il se rétracte, et ne veut rien garder de l’accord passé auparavant, d’où la reddition des 30 deniers. Mais ensuite, il va se pendre ! Se rétracter ne conduit donc pas forcément au salut…

Comparer à Judas le fils qui dit non n’est vraiment pas en sa faveur, quoi qu’il fasse ensuite.
Par contre le fils qui dit oui proclame sa foi en appelant son père ‘Seigneur’, profession de foi reconnaissant le Christ comme tel. « Si ta bouche proclame que Jésus est Seigneur… »
Retourner ainsi à l’envers cette parabole permet de ne pas contredire la gratuité du salut, qui ne s’obtient pas par les œuvres, mais par la foi.

Marc Perrot commente : « C’est comme cela que cette parabole permet de comprendre la suite de ce que Jésus dit à ses disciples : il compare les prostituées, les pécheurs, qui certes ne font pas les bonnes œuvres de la Loi, mais qui, peut-être de tout leur cœur, aimeraient aimer, et demandent pardon à Dieu, avec les pharisiens, professionnels des bonnes œuvres, mais qui se placent eux-mêmes au centre de leur religion avec leurs mérites ».

 

4. La dialectique de la foi et des œuvres
La Tradition a retenu la première version du texte, apparemment favorable au salut par les œuvres. La mémoire de l’autre version n’a pas pour autant totalement disparue. Et tout le Nouveau Testament est parcouru par cette tension entre la foi et les œuvres : des centaines de passages vont dans le premier sens, des centaines dans le second.
Le pasteur Marc Perrot rassemble les deux interprétations de la parabole : « Nous sommes sauvés, non par les œuvres, mais par la foi… mais néanmoins ne nous contentons pas de paroles ou de pseudo bonne volonté, et accomplissons la volonté de notre Père, nous avons bien là deux paraboles non pas contraires, mais complémentaires. Et il n’y a peut-être pas à choisir un sens ou l’autre, les deux sont importants et justes ».
Massacre de la St Barthélémy (1572)N’oublions pas que le débat de la Réforme autour de la foi et des œuvres a mis l’Europe à feu et à sang ! Au XVI° siècle, il n’a pas été résolu de manière satisfaisante, car les anathèmes et excommunications réciproques ont fracturé l’Église d’Occident et bientôt les colonies lointaines en de multiples Églises  apparemment irréconciliables.

Heureusement, l’œcuménisme a effectué un formidable travail exégétique, historique, théologique et spirituel au XX° siècle. On peut dire aujourd’hui que cette querelle est – sur le fond – désormais dépassée. En témoigne la « Déclaration commune sur la justification par la foi », de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique en 1999, signée également par les anglicans en 2017.

N° 15. « Nous confessons ensemble : c’est seulement par la grâce au moyen de la foi en l’action salvifique du Christ, et non sur la base de notre mérite, que nous sommes acceptés par Dieu et que nous recevons l’Esprit Saint qui renouvelle nos cœurs, nous habilite et nous appelle à accomplir des œuvres bonnes ».
N° 19. « Nous confessons ensemble que la personne humaine est pour son salut entièrement dépendante de la grâce salvatrice de Dieu. »
N° 20. « Lorsque les catholiques affirment que, lors de la préparation en vue de la justification et de son acceptation, la personne humaine « coopère » par son approbation à l’agir justifiant de Dieu, ils considèrent une telle approbation personnelle comme étant une action de la grâce et non pas le résultat d’une action dont la personne humaine serait capable. »

Luthériens, catholiques et anglicans ont levé leurs excommunications, et partagent ce qu’on appelle un ‘consensus différencié’ sur l’enjeu de notre parabole. Tous proclament que le salut est gratuitement donné par Dieu sans que personne ne puisse le mériter. Les catholiques insistent cependant sur la vitalité de la foi agissant au cœur de l’homme renouvelé par Dieu, et produisant des œuvres de charité et de justice. Les protestants insistent quant à eux sur l’entière dépendance de l’homme vis-à-vis de l’Esprit pour accomplir ce qui est bien.

dialectique-foi-oeuvres-bocal foi

N° 38. « Selon la conception catholique, les bonnes œuvres qui sont réalisées par la grâce et l’action du Saint-Esprit contribuent à une croissance dans la grâce afin que la justice reçue de Dieu soit préservée et la communion avec le Christ approfondie. Lorsque les catholiques affirment le « caractère méritoire » des bonnes œuvres, ils entendent par-là que, selon le témoignage biblique, un salaire céleste est promis à ces œuvres. Loin de contester le caractère de ces œuvres en tant que don ou, encore moins, de nier que la justification reste un don immérité de grâce, ils veulent souligner la responsabilité de la personne pour ses actions ».

C’est un peu comme l’enfant et le poisson rouge de l’image ci-contre [2] : l’enfant regarde le poisson de l’extérieur du bocal-aquarium, et déclare à raison que ce bocal est concave. Le poisson rouge regarde l’enfant de l’intérieur du bocal, et déclare à raison celui-ci convexe. Ainsi Jacques, regardant les choses extérieurement, dit que nous sommes sauvés par les œuvres. Tandis que Paul, regardant les choses de l’intérieur, proclame que nous sommes justifiés par la foi. Les deux ne sont pas en désaccord. Ils sont en tension dialectique. C’est dire qu’il faut changer de point de vue pour comprendre comment les deux s’opposent et s’articulent, selon un processus qu’on qualifierait aujourd’hui de systémique : la foi procure gratuitement le salut, faisant ainsi du croyant une créature nouvelle capable de produire  – dans la force de l’Esprit – des œuvres de charité et de prière qui font grandir davantage encore la grâce, qui se répand à nouveau par la foi etc. Et cette boucle ne finit jamais.

On peut tenter de schématiser cette dialectique ainsi :

Dialectique Foi Oeuvres 

Alors, au final, vaut-il mieux dire ou faire ?
Au lieu de répondre trop vite, parcourons la parabole des deux fils dans un sens puis dans l’autre, puis à l’envers, puis à nouveau etc., jusqu’à ce que la question s’efface au profit de la seule joie d’entendre l’appel du Seigneur : « mon enfant, va travailler à ma vigne ».

 


[1]. Pasteur de l’Église protestante unie de l’Étoile, à Paris ; cf. https://etoile.pro/accueil-2?view=article&id=915:la-parabole-des-deux-fils&catid=22:catechisme

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Si le méchant se détourne de sa méchanceté, il sauvera sa vie » (Ez 18, 25-28)

Lecture du livre du prophète Ézékiel
Ainsi parle le Seigneur : « Vous dites : ‘La conduite du Seigneur n’est pas la bonne’. Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui n’est pas la bonne ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, commet le mal, et meurt dans cet état, c’est à cause de son mal qu’il mourra. Si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Il a ouvert les yeux et s’est détourné de ses crimes. C’est certain, il vivra, il ne mourra pas. »

PSAUME
(Ps 24 (25), 4-5ab, 6-7, 8-9)
R/ Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse. (Ps 24, 6a)

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

DEUXIÈME LECTURE
« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 1-11)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Philippiens
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage avec amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la compassion, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vaniteux, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de ses propres intérêts ; pensez aussi à ceux des autres.
Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : ayant la condition de Dieu, il ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.
C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

ÉVANGILE
« S’étant repenti, il y alla » (Mt 21, 28-32)
Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait aux grands prêtres et aux anciens du peuple : « Quel est votre avis ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Puis le père alla trouver le second et lui parla de la même manière. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier. »
Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean le Baptiste est venu à vous sur le chemin de la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; mais les publicains et les prostituées y ont cru. Tandis que vous, après avoir vu cela, vous ne vous êtes même pas repentis plus tard pour croire à sa parole. »
Patrick BRAUD

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3 septembre 2023

Avertir le méchant

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Avertir le méchant

Homélie pour le 23° Dimanche du temps ordinaire / Année A
10/09/2023

Cf. également :
Allez venez, Milord
Lier et délier : notre pouvoir des clés

La correction fraternelle
L’Esprit saint et nous-mêmes avons décidé que…
L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies

« Nous sommes en 1938 ! »
Avertir le méchant dans Communauté spirituelle
C’est le titre d’une tribune de l’essayiste Nicolas Baverez dans le Figaro du 28 février 2022, quelques jours après la tentative d’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. Il y traçait un parallèle convaincant entre les erreurs des diplomaties européennes dans les années 30 envers Hitler et les erreurs actuelles de l’Europe et de ses alliés envers Poutine. Hitler n’est pas apparu du jour au lendemain sur la scène internationale. Il est monté progressivement en puissance sans que personne n’ose mettre un coup d’arrêt à son ascension tant que cela était possible. Rappelez-vous : les lois antijuives ne suscitèrent que des protestations verbales sans conséquences, la remilitarisation de la Rhénanie ne rencontra aucune opposition réelle, l’annexion de l’Autriche sous prétexte qu’ils parlaient allemand et que les Sudètes étaient des Allemands à protéger (argument repris par Poutine pour la Crimée et le Donbass !), l’annexion de la Tchécoslovaquie et finalement de la Pologne : toutes ces étapes d’un projet délirant se sont accomplies sans réelle intervention des démocraties européennes. On raconte qu’Hitler lui-même aurait reconnu être surpris par la lâcheté française : si on l’avait stoppé manu militari dès le début, il se serait retiré. Ces coups de bluff ont été payants, grâce à la lâcheté des démocraties européennes.

La conférence de Munich en 1938 consacra cette diplomatie de l’impuissance, acceptant toutes les concessions diplomatiques pour éviter une guerre que la couardise des Français et des Anglais avaient rendue inévitable. D’où le célèbre reproche cinglant de Churchill à Chamberlain en mai 1940 : “Vous aviez à choisir entre la guerre et le déshonneur ; vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre”.

Le parallèle entre l’impuissance de 1938 et celle de 2022 est saisissant. Poutine devient premier ministre de la Russie en 1999. Il commence par intensifier la guerre contre les tchétchènes qualifiés de terroristes qu’il va « buter jusque dans leurs chiottes ». Il installe une marionnette pro-russe à la tête de la Tchétchénie : Kadirov jouera, avec Loukachenko l’autre marionnette biélorusse, le rôle de ‘bad cop’ dans la guerre contre l’Ukraine. Poutine  ne s’arrête pas là : en 2008, il prend prétexte des revendications pro-russes des régions séparatistes de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud pour déclencher une guerre contre la Géorgie. Avec déjà les mêmes méthodes : ‘protéger’ les russophiles en envahissant les territoires, délivrer un maximum de passeports russes, exiler les récalcitrants etc. Biélorussie, Tchétchénie, Géorgie… : pendant ce temps, il s’assurait de la neutralité bienveillante de son voisin chinois, qui lui laisse les mains libres à l‘Ouest. Si on ajoute à cela l’intervention militaire en Libye, en Syrie et maintenant en Afrique de l’Ouest (via Wagner), et la modernisation d’une armée de 900 000 hommes, on a le tableau d’une montée en puissance à laquelle personne n’a osé s’opposer vraiment avant l’invasion de l’Ukraine. Et encore ! La riposte défensive que soutiennent les alliés de l’Ukraine laisse  perplexe. Imagine-t-on soutenir un pays agressé en lui interdisant de vaincre son agresseur ? Pouvait-on défendre Paris sans bombarder Berlin ?

Une affiche montrant le visage de Poutine et d'Hitler, lors d'une manifestation pour l'Ukraine à Barcelone.Nicolas Baverez a hélas raison de comparer 1938 et 2022 :
« L’histoire ne se répète pas mais nous livre des enseignements précieux. Si notre monde diffère de celui de l’entre-deux-guerres, la configuration géopolitique présente des ressemblances troublantes. La stratégie de Vladimir Poutine pour remettre en question l’ordre international, assouvir sa soif de revanche et reconstruire l’empire soviétique épouse les étapes de la constitution par Hitler d’un espace vital pour le III° Reich… »

Pourquoi cette longue introduction historique ? Parce que la première lecture (Ez 33,7-9) de ce dimanche ne s’applique pas qu’aux relations interpersonnelles seulement : elle vaut également pour les nations. « Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang ».

Ne pas avertir le méchant, Hitler ou Poutine ou tout autre tyran, c’est devenir complice du malheur à venir, c’est se condamner à subir le déshonneur et la guerre. L’avertissement doit être rigoureux, et d’ailleurs Jésus dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 18,15-20) va jusqu’à envisager l’exclusion de la communauté si la correction fraternelle ne fait pas changer celui qui commet le mal. Paul appliquera cette pédagogie jusqu’au bout en demandant d’exclure de la communauté de Corinthe un incestueux qui ne voulait pas changer de conduite (1Co 5,1-13).

Étouffer le mal dans l’œuf, l’éradiquer avant qu’il ne soit trop fort : voilà une responsabilité spirituelle qui demande courage, discernement, et force d’intervention !

 

Socrate versus Augustin

Nul n’est méchant volontairement”
 Augustin dans Communauté spirituelle
Mais qui est le méchant qu’Ézéchiel et nous-mêmes devons avertir ?
On n’ose plus guère employer ce terme de méchant, peut-être par peur du jugement moral, ou pour éviter tout conflit. Socrate trouve même une excuse pour ne pas essentialiser le méchant, pour ne pas le réduire à sa méchanceté : “Nul n’est méchant volontairement”, affirme-t-il (dans le Protagoras de Platon).

Si la méchanceté peut être définie comme le fait de causer du tort à quelqu’un délibérément, alors pour Socrate, elle ne peut constituer un trait de caractère humain. Selon lui, en effet, les personnes méchantes agissent par aveuglement, sans savoir qu’elles font le mal : « Nul n’est méchant volontairement ». Comment comprendre cette formule étonnante ? Le philosophe précise que tout le monde désire le bien et que personne ne peut vouloir le mal pour le mal. Le bien est la source de toutes nos actions. Il arrive ainsi que certains commettent le mal malgré eux par ignorance, parce qu’ils ont pris le mal pour le bien ou parce que leur point de vue était mal renseigné : ils ne comprennent pas, par exemple, qu’en se comportant de manière injuste se rendent malheureux et se font du mal à eux-mêmes. Dans ces conditions, ce qu’on prend pour de la méchanceté ne repose finalement que sur un malentendu ou un défaut de connaissance. Être méchant pour Socrate, c’est tout au plus commettre une erreur d’appréciation sur la véritable nature du bien. Si Socrate continue de nous parler, c’est que nous savons que la liberté ne consiste pas (seulement) à vouloir, mais aussi à savoir ce que nous faisons.

C’est une piste que suit la traduction grecque d’Ézéchiel (la LXX) en employant le nom pécheur au lieu de méchant. Or le pécheur est celui qui commet un péché, mais ne s’y réduit pas. Alors que le méchant l’est par essence, et c’est sa nature de commettre le mal. D’ailleurs en grec le mot péché ἁμαρτία (hamartia) signifie : manquer sa cible. Le pécheur (méchant) se trompe lui-même en poursuivant une autre cible que celle qui lui permettrait de devenir lui-même. Il manque sa cible en se trompant de cible. Il confond la gloire et l’amour, la richesse et le bonheur, la domination et la reconnaissance, la soumission et la fidélité, la force et l’efficacité… Aucun homme ne fait le mal volontairement, car le mal est essentiellement nuisible à qui le commet. Or aucun homme ne saurait vouloir se nuire à lui-même. Celui qui fait le mal croit forcément faire le bien, mais se trompe sur la réalité du bien. Quant à celui qui fait le mal, tout en prétendant connaître le bien, il se leurre sur la réalité de sa connaissance.

ze-conseil-du-jeudi-20180621-1024x1024 HitlerC’est pourquoi Jésus cloué sur la croix prie pour les soldats qui sont alors les méchants du Calvaire : « Père, pardonne-leur ; ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34). Et Paul renchérit : « s’ils avaient su, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire » (1Co 2,8). Pour tout une tradition chrétienne, avertir le méchant c’est lui ouvrir les yeux sur la réalité de ses actes, afin qu’il s’en détourne et qu’il vive, selon la parole d’Isaïe que Jésus aime à répéter : « je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive » (Ez 18,23;33,11). Car le méchant est un aveugle qui s’ignore. Il ne sait pas ce qu’il fait. Par exemple, le roi David est dans le rôle du méchant lorsqu’il désire Bethsabée, puis la viole, et fait tuer son mari militaire en l’envoyant au front ! Aveuglé par son désir qu’il confondait avec l’amour, David se trompait de cible en poursuivant cette liaison adultère, assassine et violente. Il faudra le courage du prophète Nathan pour lui ouvrir les yeux, grâce à la parabole d’un riche qui dépouille un pauvre vigneron de sa vigne unique : « cet homme, c’est toi » (2S 12,7). Là enfin, David prend conscience de ce qu’il a fait, et change radicalement.

Avertir le méchant, si l’on suit cette ligne Socrate–Ézéchiel–Nathan–Jésus, c’est d’abord croire en sa dignité humaine, voilée par son péché, mais potentiellement réactivable. Puis c’est avoir le courage de lui dire ses quatre vérités en lui mettant sous les yeux la réalité du mal commis. Et enfin lui ouvrir une voie de changement radical (techouva = retour à Dieu) pour qu’il reprenne sa place dans la communion fraternelle (cf. Ez 18,21.27;33,14–15).

Attention cependant : les justes risquent de trouver cette miséricorde injuste ! Israël a très vite pensé que la miséricorde de YHWH envers les païens était exagérée : « si le méchant se détourne de sa méchanceté, pratique le droit et la justice, et en vit, alors vous dites : ‘La conduite du Seigneur est étrange’ » (Ez 33,19-20). Dans l’évangile de Luc, le fils aîné de la parabole s’indigne de la possibilité offerte à son frère prodigue de revenir à la table familiale, fêté en héros avec du veau gras à profusion. Jésus a dû souvent répéter ce passage d’Ézéchiel à ceux que scandalisait son bon accueil des pécheurs : « Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Mt 9,13).
Avertir le méchant, c’est paradoxalement s’exposer à la colère des « gentils » qui ne veulent pas que d’autres obtiennent par grâce ce que eux ont eu tant de mal à acquérir par le mérite…

 

Le simple plaisir de faire ce qui est défendu”
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Saint Augustin quant à lui prend l’exact contre-pied de Socrate ! Il incarne une autre tradition chrétienne – tout aussi légitime – plus réaliste, voire pessimiste. Il observe : « Nul n’est méchant que par le fait de sa volonté propre. Qui le nie ? » Pour lui, le mal est toujours accompli par un coupable pécheur. Et il sait de quoi il parle, puisqu’il raconte dans les Confessions comment il a volé des poires dans un verger alors qu’il était adolescent, non par gourmandise puisqu’elles n’étaient ni belles ni bonnes et qu’il ne les a pas mangées, mais par volonté de transgression, c’est-à-dire par pure malice : « Ce n’est pas de l’objet convoité par mon larcin, mais du larcin même et du péché que je voulais jouir », écrit-il. Comme il se le reproche des années plus tard, une fois converti au Christ, Augustin dit alors avoir éprouvé une étrange volupté à accomplir ce qui était interdit et s’étonne d’avoir aimé sa propre « difformité ». Cette expérience lui a donc permis de découvrir sa propre méchanceté et de s’interroger sur l’origine de ce plaisir pris à commettre le mal.
Dans son Traité du libre arbitre, il écrit: «Dieu a conféré à sa créature, avec le libre arbitre, la capacité de mal agir, et par-là même, la responsabilité du péché.» Ou encore : «Ce qui ne serait pas fait volontairement ne serait ni péché, ni bonne action; et ainsi, le châtiment aussi bien que la récompense serait injuste, si lhomme navait pas une volonté libre.» Il ne peut y avoir de justice si l’on ne peut pas attribuer une volonté libre et donc une responsabilité à celui qui agit. Ce qui est devenu une évidence pour nous a nécessité une véritable révolution philosophique. Il aura fallu introduire l’idée du péché pour ouvrir la porte à celle de la responsabilité morale. Socrate pouvait concevoir que l’agir soit infléchi par les désirs les plus irrationnels. Il ne pouvait imaginer une âme qui se donnerait pour visée explicite le mal. Une fois l’idée de la nature pécheresse de l’homme établie, l’articulation du mal et de la liberté devenait pensable.

HannibalFinal1.0 PoutinePour autant, les humains sont-ils condamnés à faire le mal lorsque la situation semble l’imposer ? Pas nécessairement. Le mal n’est que la conséquence logique de notre faculté à être libres. Même si nous « voulons » le bien, nous restons toujours et irréductiblement libres d’agir autrement, de nous soustraire aux injonctions de la morale et donc de faire le mal. Être méchant, c’est donc plutôt être faible et faillible, céder à ce que Kant appelle « une fragilité de la nature humaine ».

Augustin n’en tire pas la conclusion que nous serions par nature totalement méchants. Il pose les bases de ce qu’on appellera après lui le péché originel. C’est d’abord le triste constat que tout être humain est traversé par l’inclination au mal, et qu’il peut prendre plaisir à y céder.
Ne soyons donc pas naïfs. Excuser le mal ne sert à rien. Il faut le combattre, et cela commence par appeler un chat un chat, à ne pas travestir le mal en bien, et à avertir le méchant que sa conduite le mène à sa perte. Le mal n’est pas commis involontairement, mais en toute conscience, lucidement. Il y en chacun de nous une inclination à aimer le mal pour lui-même, à y prendre du plaisir en sachant que c’est mal.
Étaler sous les yeux de Poutine les centaines de milliers de morts, de blessés, d’exilés de la guerre qu’il mène ne suffira pas à le détourner du mal. Il en faudra davantage.

Avertir le méchant demande alors de l’empêcher de nuire et non pas de se contenter de lui ouvrir les yeux. Et s’il a fallu pour cela bombarder Berlin, c’était un moindre mal par rapport aux millions de morts et de déportés qu’aurait engendré une non-intervention complice. En 1945, c’était déjà hélas trop tard…

 

Avertis, sinon tu mourras !
 Socrate
Quelle que soit la ligne choisie, Socrate ou Augustin, Ézéchiel prévient : si tu ne le fais pas, le méchant finira par mourir de sa méchanceté mais à toi « je demanderai compte de son sang ». Si par contre tu avertis le méchant, quelle que soit sa réponse, toi tu auras sauvé la vie. Voilà l’effet boomerang de l’avertissement : il revient à son expéditeur en cause de salut, alors que l’inaction condamne celui qui laisse le mal se propager.
Même sur la pelouse d’un stade, l’arbitre ne doit pas hésiter à sortir le carton jaune, voire rouge, pour avertir un joueur de son comportement hors-jeu.

Si nous avons peur du méchant – en entreprise, en famille, en Église, dans la vie associative etc. – qu’au moins la peur de mourir nous-même (moralement, spirituellement) nous pousse à l’interpeller !

Avertir le méchant est une question de vie ou de mort.
Prions pour trouver en nous le courage de dénoncer le mal sans trembler, sans oublier que nous sommes aussi capables d’être le méchant d’un autre…

 

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Si tu n’avertis pas le méchant, c’est à toi que je demanderai compte de son sang » (Ez 33, 7-9)

Lecture du livre du prophète Ézékiel
La parole du Seigneur me fut adressée : « Fils d’homme, je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël. Lorsque tu entendras une parole de ma bouche, tu les avertiras de ma part. Si je dis au méchant : ‘Tu vas mourir’, et que tu ne l’avertisses pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang. Au contraire, si tu avertis le méchant d’abandonner sa conduite, et qu’il ne s’en détourne pas, lui mourra de son péché, mais toi, tu auras sauvé ta vie. »

PSAUME
(Ps 94 (95), 1-2, 6-7ab, 7d-8a.9)
R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur ! (cf. Ps 94, 8a.7d)

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

DEUXIÈME LECTURE
« Celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi » (Rm 13, 8-10)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, n’ayez de dette envers personne, sauf celle de l’amour mutuel, car celui qui aime les autres a pleinement accompli la Loi. La Loi dit : Tu ne commettras pas d’adultère,tu ne commettras pas de meurtre,tu ne commettras pas de vol,tu ne convoiteras pas. Ces commandements et tous les autres se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait rien de mal au prochain. Donc, le plein accomplissement de la Loi, c’est l’amour.

ÉVANGILE
« S’il t’écoute, tu as gagné ton frère » (Mt 18, 15-20)
Alléluia. Alléluia. Dans le Christ, Dieu réconciliait le monde avec lui : il a mis dans notre bouche la parole de la réconciliation. Alléluia. (cf. 2 Co 5, 19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends en plus avec toi une ou deux personnes afin que toute l’affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église ; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Et pareillement, amen, je vous le dis, si deux d’entre vous sur la terre se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. »
 Patrick BRAUD

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13 août 2023

Assomption : Marie est-elle morte ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Assomption : Marie est-elle morte ?

Homélie pour la fête de l’Assomption / Année A
15/08/2023

Cf. également :
Le grand dragon rouge feu de l’Assomption
Assomption : entraîne-moi !
Marie et le drapeau européen
Quelle place a Marie dans votre vie ?
Le Magnificat de l’Assomption : exalter / exulter
L’Assomption : Marie, bien en chair
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
Marie, notre sœur
Vendredi Saint : la déréliction de Marie

Marie est-elle morte ?
La question peut paraître saugrenue.

La main d’Eve, la pomme et le serpent, détail du diptyque d’Albrecht Dürer (1507). Peut-être ne vous l’êtes-vous jamais posée ? Cependant, le flou qui l’entoure révèle qu’un débat intéressant n’est toujours pas tranché dans l’Église catholique : quel est le lien entre la mort et le péché ? Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle la position officielle (n° 1008), tirée d’une lecture immédiate de certains passages de l’Écriture :
La mort est conséquence du péché. Interprète authentique des affirmations de la Sainte Écriture (cf. Gn 2,17 ; 3,3 ; 3,19 ; Sg 1,13 ; Rm 5,12 ; 6,23) et de la Tradition, le Magistère de l’Église enseigne que la mort est entrée dans le monde à cause du péché de l’homme. Bien que l’homme possédât une nature mortelle, Dieu le destinait à ne pas mourir. La mort fut donc contraire aux desseins de Dieu Créateur, et elle entra dans le monde comme conséquence du péché (cf. Sg 2,23 24). “ La mort corporelle, à laquelle l’homme aurait été soustrait s’il n’avait pas péché ” (GS 18), est ainsi “ le dernier ennemi ” de l’homme à devoir être vaincu (cf. 1 Co 15,26).

Les fervents défenseurs de la piété mariale ont cru pouvoir tirer le fil de l’Immaculée Conception de Marie pour lui épargner la mort, avec ce raisonnement simple : si Marie n’a pas connu le péché, elle ne peut avoir connu la mort qui est la conséquence du péché. C’est un peu l’argumentation de Pie XII, le pape qui a proclamé le dogme de l’Assomption le 1er novembre 1950 :
« En vertu d’une loi générale, Dieu ne veut pas accorder aux justes le plein effet de la victoire sur la mort, sinon quand viendra la fin des temps. C’est pourquoi, les corps même des justes sont dissous après la mort, et ne seront réunis, chacun à sa propre âme glorieuse qu’à la fin des temps. Cependant, Dieu a voulu exempter de cette loi universelle la Bienheureuse Vierge Marie. Grâce à un privilège spécial, la Vierge Marie a vaincu le péché par son Immaculée Conception, et de ce fait, elle n’a pas été sujette à la loi de demeurer dans la corruption du tombeau, et elle ne dut pas non plus attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps » (Constitution Apostolique Munificentissimus Deus).

Même si le Pape Pie XII n’évoque pas directement la « mort » de Marie, on peut comprendre de ce texte qu’elle a eu le privilège d’être exemptée de cette loi générale selon laquelle le plein effet de la victoire sur la mort ne s’accordera qu’à la fin des temps. Elle a eu la grâce d’être libérée de la loi de demeurer dans la corruption du tombeau et d’attendre jusqu’à la fin du monde la rédemption de son corps.

Pourtant, nombre de théologiens ont fait remarquer que la mort physique de tout être vivant fait intégralement partie de la condition de créature. Sinon, l’être créé serait une émanation divine, possédant comme Dieu la propriété d’être immortel, et non une création. Si création n’est pas émanation, Dieu ne peut créer de l’immortel ! Dieu ne peut créer que du non-Dieu, donc mortel. Parler d’une condition humaine non soumise à la mort relève d’une pensée mythique qui dans la Bible à toute sa valeur pour parler du sens des origines (Gn 1–15), mais ne dépeint aucune condition historique. C’est un irréel du passé que d’évoquer le sort humain en dehors du péché ou de la mort ! Notre finitude d’êtres vivants limités dans le temps par nature est ainsi la garantie de la transcendance du Dieu Tout-Autre.

Jean-Paul II développera cette position, quasiment inverse de celle de Pie XII. Citons le longuement (Audience générale du 25/06/1997), car c’est rare de voir deux papes se quereller post-mortem… Il commence par dédouaner Pie XII d’une quelconque volonté de nier la mort de Marie (ce qui n’est guère convaincant vu le passage cité plus haut) :

1. À propos de la fin de la vie terrestre de Marie, le Concile Vatican II a repris les termes de la définition de bulle du dogme de l’Assomption et déclare : « La Vierge immaculée, préservée de toute tache du péché originel, au cours de sa vie terrestre, a été prise dans la gloire céleste, corps et âme » (Lumen Gentium).
Avec cette formule, la Constitution dogmatique Lumen Gentium, à la suite de mon vénéré prédécesseur Pie XII, est muet sur la question de la mort de Marie. Pie XII n’a pas eu l’intention de nier le fait de la mort, mais simplement ne juge pas opportun de déclarer solennellement, comme une vérité digne d’être acceptée par tous les croyants, la mort de la Mère de Dieu. En fait, certains théologiens ont soutenu que la Vierge n’eut pas à mourir et passa directement de la vie terrestre à la gloire céleste. Cependant, cette opinion est inconnue jusqu’au XVII° siècle, alors qu’il existe une tradition commune qui voit dans la mort de Marie son entrée dans la gloire céleste.

 Assomption : Marie est-elle morte ? dans Communauté spirituelle dormitionPuis il développe un argument christologique massue : la Mère n’est pas supérieure au Fils. Or le Fils a connu le tombeau, et la mort, trois jours durant. La Mère ne peut être affranchie du passage que même son Fils a dû faire :

2. Est-il possible que Marie de Nazareth ait vécu dans sa chair le drame de la mort ? En réfléchissant sur le sort de Marie et de sa relation avec son divin Fils, il semble légitime de répondre par l’affirmative : puisque le Christ est mort, il serait difficile de prétendre le contraire pour la mère. C’est dans ce sens qu’ont réfléchi les Pères de l’Église, qui n’avaient aucun doute à ce sujet.

Jean-Paul II cite alors de nombreux Pères de l’Église favorables à l’hypothèse de la mort physique de Marie :

Il suffit de mentionner Saint Jacques de Saroug (+ 521), pour qui, lorsque pour Marie fut arrivé « le temps de parcourir le chemin de toutes les générations », c’est à dire le chemin de la mort, « le chœur des douze Apôtres » se rassembla pour enterrer « le corps virginal de la bienheureuse » (Discours sur la sépulture de la Sainte Mère de Dieu).
Saint Modeste de Jérusalem (+ 634), après une longue évocation de la Dormition « de la Sainte glorieuse Mère de Dieu », conclut sa louange en vantant l’intervention miraculeuse du Christ qui l’a « relevée de la tombe » afin de la prendre avec lui dans la gloire.
Saint Jean Damascène (+ 704) se demande pour sa part :
Comment se fait-il que celle, qui pour enfanter dépassa toutes les limites de la nature, se plie maintenant à ses lois et que son corps immaculé soit soumis à la mort ? (Et il répond:) Il est clair que la partie mortelle a été déposée pour revêtir l’immortalité, puisque même le maître de la nature n’a pas refusé l’expérience de la mort. En effet, il meurt selon la chair et par la mort détruit la mort, la corruption devient incorruptibilité et de la mort il donne la source de la résurrection (Saint Jean Damascène, Panégyrique sur la Dormition de la Mère de Dieu, 10).

Jean-Paul II reprend l’argument de la supériorité du Christ sur Marie pour en conclure que Marie ne peut avoir part pleinement à la Résurrection de son Fils sans d’abord mourir elle-même :

3. Il est vrai que la mort est présentée dans l’Apocalypse comme une punition pour le péché. Toutefois, le fait que l’Église proclame Marie libérée du péché originel par un privilège singulier divin ne conduit pas à la conclusion qu’elle a également reçu l’immortalité physique. La Mère n’est pas supérieure au Fils qui a assumé la mort en lui donnant un sens nouveau et en la transformant en instrument de salut. Impliquée dans l’œuvre de rédemption et associée à l’offrande du Christ, Marie a pu partager la souffrance et la mort en vue de la rédemption de l’humanité. À elle s’applique également ce que Sévère d’Antioche dit à propos du Christ : « Sans une mort préliminaire, comment la résurrection pourrait-elle avoir lieu ? ». Pour participer à la résurrection du Christ, Marie devait d’abord en partager la mort.

Sa mort est singulière, car transfigurée par l’amour l’unissant à son Fils, si bien que le terme « Dormition » évoque davantage une expérience spirituelle d’amour qu’une fin organique banale :

4. Le Nouveau Testament ne fournit aucune information sur les circonstances de la mort de Marie. Ce silence laisse supposer qu’il est arrivé naturellement, sans aucun détail particulièrement remarquable. Si ce n’était pas le cas, comment la nouvelle aurait-elle pu  être cachée de ses contemporains et de ne pas parvenir, d’une façon ou d’une autre, jusqu’à nous ? Quant à la cause de la mort de Marie, les opinions qui voudraient exclure des causes naturelles semblent sans fondement. Plus importante est la recherche de l’attitude spirituelle de la Vierge au moment de son départ de ce monde. À cet égard, saint François de Sales est d’avis que la mort de Marie a eu lieu à la suite d’un transport d’amour. Il parle de la mort dans l’amour, à cause de l’amour et par amour, allant même à dire que la Mère de Dieu est morte d’amour pour son fils (Saint François de Sales, Traité de l’Amour de Dieu, Lib. 7, c. XIII-XIV). Quel que soit le fait biologique ou organique qui causa, sur un plan physique, la fin de la vie du corps, on peut dire que le passage de cette vie à l’autre fut pour Marie une maturation de la grâce dans la gloire, si bien que jamais autant que dans ce cas, la mort ne put être considérée comme une Dormition.

La Dormition de la Vierge, par Fra Angelico | Miguel Hermoso Cuesta wikipedia

5. Chez certains Pères de l’Église, nous trouvons la description de Jésus qui vient lui- même prendre sa mère au moment de la mort pour son introduction dans la gloire céleste. Ils présentent ainsi la mort de Marie comme un événement de l’amour qui l’a amenée à rejoindre son divin Fils pour partager sa vie immortelle. À la fin de son existence terrestre, elle a connu, comme Paul et plus que lui, le désir d’être libérée et d’être avec le Christ pour toujours (cf. Ph 1,23). L’expérience de la mort a enrichi la personne de la Vierge à travers le sort commun des hommes, elle est en mesure d’exercer plus efficacement sa maternité spirituelle envers ceux qui atteignent l’heure suprême de la vie.

Que retenir pour nous de cette controverse ? Le concile Vatican II nous met sur la voie en parlant de Marie à l’intérieur du texte sur l’Église (Lumen Gentium), et non dans un texte à part. Car Marie et l’Église sont indissociables : Marie est la figure de l’Église à venir. Il ne lui arrive rien d’autre que ce que l’Église est appelée à recevoir. En ce sens, Marie est l’anticipation eschatologique de ce que nous sommes tous appelés à devenir : pleinement ressuscités, « corps et âme », avec Christ, par lui et en lui. Le « corps » dont nous parlons ici a connu la mort. Mais dans la nouvelle Création où tous ressusciteront, Dieu saura redonner à chacun un autre corps, un « corps glorieux », un « corps spirituel », qui sera notre interface avec ce monde nouveau, comme notre chair présente est l’interface de notre relation avec le monde actuel (Cf. le « moi-peau » de Didier Anzieu, 1974).

Ce qui est certain, c’est que Marie est ressuscitée. Le dogme de l’Assomption proclame qu’elle est dans la gloire avec son corps et son âme. On ne le dit d’aucun autre disciple du Christ. Même les saints « se sont endormis dans l’attente de la résurrection », comme dit la liturgie (Prière eucharistique n° 2). On pourrait poétiquement dire de Marie qu’elle n’a pas été enterrée mais « encièlée » corps et âme…

Que l’Assomption de Marie nourrisse notre espérance d’être nous-même « encièlé » à la fin des temps, dans la communion de tous les saints [1] !

 


[1]. Le fait que Pie XII ait proclamé le dogme de l’Assomption le jour de la fête de la Toussaint 1950 signifie clairement qu’il ne faut jamais séparer Marie et l’Église. Marie anticipe ce qui sera réalisé en plénitude dans la communion de tous les saints. Elle est bien « notre espérance » (spes nostra) d’une humanité totalement ressuscitée, comme nous le chantons dans le Salve Regina.

 

 

MESSE DU JOUR

PREMIÈRE LECTURE
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire.
Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »

PSAUME
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R/ Debout, à la droite du Seigneur,se tient la reine, toute parée d’or.(cf. Ps 44, 10b)

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

DEUXIÈME LECTURE
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent » (1 Co 15, 20-27a)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, caril a tout mis sous ses pieds.

ÉVANGILE
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles » (Lc 1, 39-56)
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. » Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD

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2 juillet 2023

La guerre, pile et face

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

La guerre, pile et face

Homélie pour le 14° Dimanche du Temps Ordinaire / Année A
09/07/2023

Cf. également :
La sécession des élites selon Jésus
Faut-il être humble ou jupitérien pour gouverner ?
C’est dans la fournaise qu’on voit l’humble
En joug, et à deux !
Épiphanie : que peuvent les religions en temps de guerre ?
Petite théologie de la guerre
Justice et Paix s’embrassent

Un patriarche ne devrait pas dire ça
La guerre, pile et face dans Communauté spirituelle 578231-patriarche-kirill-vladimir-poutine-fevrier
Le 25 septembre 2022 Kirill – le patriarche orthodoxe de Moscou – institue une invocation liturgique de son invention : « Voici que la bataille est engagée contre la Sainte Rus’ pour diviser son peuple indivis. Lève-toi, ô Dieu de la force, afin de le secourir et accorde-nous la victoire par ta puissance » Il ajoute solennellement cette supplique belliciste, qu’il rend obligatoire dans la liturgie.
Ioann Koval est ukrainien de nationalité, originaire de Louhansk, dans le Donbass, venu à Moscou étudier la théologie où il a épousé une Russe enseignante en littérature. Il est ordonné en 2004 et consacre son ministère aux patients des hôpitaux psychiatriques. Nommé second curé de Saint André, le voilà cependant qui, pendant la liturgie, substitue publiquement au mot « victoire » le mot « paix » : ‘accorde-nous la paix par ta puissance’
Dénoncé, il est renvoyé de l’état clérical le 11 mai 2023 par un tribunal ecclésiastique qui invoque sa « désobéissance » : selon le docile archiprêtre Vladislav Tsypine, vice-président du tribunal, le délinquant récidiviste « a violé son serment d’obéissance inconditionnelle à la hiérarchie de l’Église en émettant une opinion politique incompatible avec le sacerdoce ».

Comment Kirill et ses sbires vont-ils pouvoir écouter la première lecture de ce dimanche (Za 9,-10) sans broncher ? En entendant le prophète Zacharie annoncer un roi pauvre et pacifique, ils devraient être fort mal à l’aise :
« Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations ».
Ils devraient d’ailleurs arracher de la Bible toutes les pages décrivant le royaume de Dieu comme royaume de justice et de paix, et notamment les Béatitudes célébrant les artisans de paix, et Isaïe espérant un Messie instaurant la paix universelle : « Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre » (Is 2,4).

Une guerre d’agression comme celle de la Russie contre l’Ukraine est évidemment en pleine contradiction avec le message biblique. Pour d’autres guerres, on pourrait hésiter : était-il légitime de déclarer la guerre à Hitler comme l’ont fait les Alliés occidentaux ? ou de signer avec lui un traité de paix comme le pacte germano-soviétique ? Était-il légitime d’envoyer des troupes en Iran, Irak, Afghanistan, au Mali etc. ? Comment se fait-il que l’Europe supposée de tradition chrétienne ait engendré des guerres incessantes depuis 15 siècles au moins, dont les deux plus sanglantes au siècle dernier ? Pourquoi des théologiens comme Augustin ou Thomas d’Aquin ont-ils développé le concept de guerre juste, comme s’il fallait couvrir les exactions des rois très chrétiens mettant le continent à feu et à sang ?
Tentons d’examiner froidement, rationnellement, le pour et le contre : les guerres sont-elles nécessaires, évitables, utiles ou stériles ?

 

Le côté pile de la guerre
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les arguments en faveur de la guerre ne manquent pas.
- Progrès technologique et scientifique
La guerre a souvent stimulé le progrès technologique et scientifique. Les conflits armés ont conduit à des avancées spectaculaires dans les domaines de la médecine (soins d’urgence, chirurgie, prothèses, appareillages etc.), de l’aéronautique, de la communication (Internet par exemple est une création militaire [1]) et bien d’autres domaines technologiques. Les technologies du nucléaire, du spatial doivent aux V2 et à la bombe H leur formidable essor civil…

- Cohésion sociale et identité nationale
Certains soutiennent que la guerre peut renforcer la cohésion sociale et l’identité nationale. L’unité et la solidarité entre les citoyens peuvent être renforcées en temps de conflit, créant ainsi un sentiment d’appartenance commun et de mobilisation collective. Dans les tranchées de 14-18 par exemple, « les deux Frances » – la calotte et la laïque – se sont réconciliés en devenant frères d’armes dans la boue et les éclats d’obus des tranchées. Le statut des femmes qui avaient remplacé dans les fermes et les usines les hommes partis à la guerre s’en est trouvé changé irréversiblement.
De même, il est clair que l’Ukraine se perçoit aujourd’hui comme une nation alors qu’avant 2014 ce sentiment national était encore minoritaire, chaque ville ou province jouant sa partie de son côté.

Le plan Marshall de 1947 ou comment reconstruire l’Europe- Redressement économique
Après une guerre, certains pays ont connu des périodes de redressement économique. La reconstruction et les investissements dans l’industrie de défense peuvent stimuler l’emploi, la croissance économique et l’innovation technologique. Le plan Marshall est l’exemple d’une politique économique keynésienne réussie, qui a transformé l’après-guerre allemand en une formidable opportunité d’investissements, d’équipements, d’infrastructures etc. La richesse allemande actuelle doit beaucoup paradoxalement aux ruines de 39-45 accueillant les dollars US…

- Avancées politiques et sociales
Dans certains cas, la guerre a été associée à des avancées politiques et sociales. Par exemple, des mouvements pour les droits civils et l’égalité ont émergé à la suite de guerres, conduisant à des réformes et des changements sociaux significatifs.

- Protection des droits et de la liberté
Lorsque la guerre est engagée pour protéger les droits et la liberté d’un peuple opprimé, ce qui est alors une guerre défensive, elle semble largement justifiée lorsque les autres moyens pour rétablir ces droits ont échoué. Dans certaines situations, la guerre est le seul   moyen de résister à l’injustice et de garantir des valeurs fondamentales. La guerre d’indépendance entre les futurs États-Unis et l’Angleterre est de celles-là. La guerre contre les nazis et leurs alliés également.

- La santé morale des peuples
Le dernier argument peut paraître choquant. C’est Friedrich Hegel qui le développe ainsi :
« La santé morale des peuples est maintenue dans son indifférence en face de la fixation des spécifications finies, de même que les vents protègent la mer contre la paresse où la plongerait une tranquillité durable, comme une paix durable ou éternelle y plongerait les peuples » (Principes de la Philosophie du droit. § 324).
Hegel utilise l’image des vents qui protègent la mer contre la stagnation de ses eaux. Métaphore saisissante. Une paix durable et éternelle serait vectrice de mort éthique, de putréfaction, de pétrification de la vie éthique comme l’absence de vent engendrerait le pourrissement des eaux maritimes. On ne peut critiquer plus sévèrement le projet kantien d’une paix perpétuelle ! Rien n’est moins souhaitable pour Hegel que ce « doux rêve » s’il s’accomplit sur la lâcheté et la complicité morale avec l’injuste.
Et c’est vrai que le danger pour des nations en paix est de s’endormir sur leurs valeurs, de se laisser aller dans un confort matériel et une tranquillité où se dilue leur raison d’être. Ce que Soljenitsyne appelait « le déclin du courage » en Occident. Ou ce que les historiens appellent la décadence de l’Empire romain, lorsque leurs légions n’étaient plus composées que de mercenaires se battant au loin (des ancêtres de la milice Wagner en quelque sorte !) pendant que le peuple de Rome se vautrait dans le luxe et l’oisiveté.
Il ne faudrait pas pour autant faire d’Hegel le philosophe belliqueux de l’Europe ! Car il fait plus un constat qu’une préconisation : à l’heure actuelle, il y encore des conflits armés, et au moins on peut essayer de les faire servir au progrès moral des peuples. Mais on devrait pouvoir trouver d’autres façons de résoudre ces conflits, d’autres moyens de préserver la santé morale des peuples. En instituant un débat rationnel, en forgeant une conscience universelle, une capacité à surmonter dialectiquement les oppositions, le recours à la guerre selon Hegel pourrait être dépassé grâce au mouvement de la Raison qui préserve de l’immobilisme décadent, grâce au déploiement de l’Esprit dans l’histoire, grâce aux négociations garanties par un ordre politique mondial.

Préférer mourir plutôt que de sacrifier sa liberté, risquer sa vie pour garantir le droit et la justice est le signe d’une conscience morale plus humaine que le consentement à l’ordre injuste pour avoir une fausse paix.

Cinq ans de conflit en Syrie | Statista

 

Le côté face de la guerre
Malheureusement, il s’impose à nous. Prenez par exemple le bilan chiffré de la guerre en Syrie, qu’on avait un peu oubliée depuis l’invasion russe en Ukraine : 5 millions de réfugiés syriens dans les pays voisins, 300 000 morts au moins, des blessés à proportion, un pays en ruines…

Les effets négatifs des guerres ne sont hélas que trop évidents :

- Pertes humaines
La guerre entraîne la mort de soldats et de civils, causant des souffrances et des traumatismes émotionnels considérables. Les pertes humaines sont une tragédie incontestable et constituent l’un des aspects les plus néfastes de la guerre.

https://histoire-image.org/sites/default/files/2021-11/dau6_bousu_001f.jpg- Destruction physique
Les conflits armés entraînent la destruction de villes, d’infrastructures, de monuments historiques et de biens matériels, ce qui a un impact dévast
ateur sur les sociétés et les économies touchées. La reconstruction peut prendre des années, voire des décennies.

- Déplacement et réfugiés
Les guerres provoquent des déplacements massifs de population et la création de réfugiés. Les individus et les familles sont forcés de fuir leur foyer, souvent dans des conditions précaires, ce qui entraîne une crise humanitaire et des problèmes socio-économiques.

- Impact sur l’environnement
Les activités liées à la guerre, telles que l’utilisation d’armes chimiques, les bombardements et la pollution générée par les conflits, ont un impact dévastateur sur l’environnement. La biodiversité est menacée, les terres agricoles sont dévastées et les écosystèmes sont perturbés. Le risque nucléaire est terrifiant.

- Cicatrices sociales et divisions
La guerre peut laisser des cicatrices profondes et durables au sein des sociétés, créant des divisions ethniques, religieuses ou politiques. Les traumatismes collectifs peuvent persister pendant des générations, alimentant les tensions et les conflits futurs. La haine qui s’établit entre l’Ukraine et la Russie par exemple marquera longtemps les relations entre ces pays et leurs familles. Il faudra des décennies pour guérir tant de blessures…
citation-guerre-paul-valery gospel dans Communauté spirituelle
- Coût économique
Les guerres ont un coût financier énorme, affectant les budgets nationaux, les infrastructures et les services sociaux. Les ressources qui pourraient être utilisées pour des besoins essentiels tels que l’éducation, les soins de santé, la transition écologique et l’éradication de la pauvreté sont détournées vers l’effort de guerre.

- Instabilité régionale et mondiale
Les conflits armés peuvent déstabiliser des régions entières et avoir des répercussions géopolitiques à l’échelle mondiale. Ils peuvent engendrer des rivalités, des tensions et des réactions en chaîne qui menacent la paix et la sécurité internationale. Il suffit de lister les pays en guerre aujourd’hui pour mesurer le malheur des peuples exposés à ces conflits : Syrie, Ukraine, Arménie, Iran, Yémen, Soudan, Éthiopie, République Démocratique du Congo, pays du Sahel, Haïti, Pakistan…

 

L’engagement chrétien pour la paix
La Vie Catholique Illustrée N° 1053 - Du 13 Au 19 Octobre 1965.   de Paul VI (6) : Plus jamais la guerre! / Ce que le Père Avril a vu en Chine (4 pages) / L'éléphant, ce colosse sentimental (3 p.) / Cinéma : Marie-Chantal (Marie Laforêt) contre le docteur Kah (1 page).  Format Broché
Le cri lancé par Paul VI, la gorge nouée, dans l’enceinte de l’ONU le 4 octobre 1965 à l’occasion de son 20° anniversaire résonne encore dans nos mémoires :
« Jamais plus les uns contre les autres, jamais, plus jamais !
N’est-ce pas surtout dans ce but qu’est née l’Organisation des Nations unies : contre la guerre et pour la paix ? (…) Il n’est pas besoin de longs discours pour proclamer la finalité suprême de votre institution. Il suffit de rappeler que le sang de millions d’hommes, que des souffrances inouïes et innombrables, que d’inutiles massacres et d’épouvantables ruines sanctionnent le pacte qui vous unit en un serment qui doit changer l’histoire ­future du monde : jamais plus la guerre, jamais plus la guerre ! C’est la paix, la paix, qui doit guider le destin des peuples et de toute l’humanité ! »

De la trêve de Dieu au Moyen Âge à la diplomatie vaticane et ses médiations de conciliation dans les conflits modernes, l’Église catholique n’a jamais cessé d’espérer voir s’accomplir la prophétie de Zacharie et Isaïe : briser l’arc de guerre, surmonter les oppositions par la négociation, établir la justice qui garantira la paix. Sans ce combat pour la paix, la foi chrétienne serait réduite à une spiritualité intimiste et individualiste. Or l’Évangile a par nature cette composante sociale et politique qui nous oblige à œuvrer pour la paix.

On le sait peu, mais la référence française la plus fondatrice pour un projet de paix perpétuelle ne vient pas de Rousseau ni d’autres Lumières, mais d’un prêtre français, l’abbé Castel de Saint-Pierre qui a écrit en 1713 un livre fondateur : « Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe ». Cet ouvrage sera la référence de tous les textes ultérieurs, même de ceux qui le critiquent. On y trouve déjà l’idée de confédérer les nations sous une seule autorité, afin de circonscrire une sphère pacifiée où le Droit international primerait sur les intérêts particuliers, où la guerre serait interdite. Emmanuel Kant systématisera cette solution politique à la guerre avec son fameux traité de 1795 : « Vers la paix perpétuelle : un projet philosophique ». Il y plaide pour l’établissement d’un Droit international garanti  par une fédération politique mondiale où les conflits se régleront par des moyens pacifiques. Il plaide également pour une éducation des citoyens « favorisant une culture de paix et de respect mutuel ».
On voit ce que la Société des Nations puis l’ONU doivent à ces penseurs du XVIII° siècle, lassés de voir l’Europe s’entre-déchirer par des guerres fratricides.

L’engagement de chaque chrétien pour la paix devrait être en consonance avec celui de l’Église catholique actuellement. : offrir des médiations, rappeler le droit et la justice, éduquer au pardon, pratiquer l’amour des ennemis, dénoncer toute instrumentalisation du Nom de Dieu dans les conflits actuels (cf. Que peuvent les religions en temps de guerre ?).

Puissions-nous chacun et ensemble réaliser ce que « briser l’arc de guerre » signifie, et nous y engager de toutes nos forces !
Alors nous pourrons chanter le vieux negro spiritual immortalisé par Louis Armstrong : Down by the riverside.
I’m gonna lay down my sword and shield
Down by the riverside
And I ain’t gonna study war no more”:
Je vais déposer mon épée et mon bouclier au bord du fleuve (de mon baptême),
et je n’apprendrai jamais plus la guerre…

 


[1]. Dans les années 1960, le département de la Défense des États-Unis a lancé un projet de recherche appelé ARPANET (Advanced Research Projects Agency Network) dans le but de créer un réseau de communication robuste et résilient qui pourrait survivre à une attaque nucléaire. Ce projet a été réalisé par des chercheurs et des universités en collaboration avec des entreprises du secteur privé. ARPANET a introduit des concepts fondamentaux tels que la commutation de paquets et le protocole TCP/IP (Transmission Control Protocol/Internet Protocol), qui sont encore utilisés aujourd’hui dans le fonctionnement d’Internet. Au fil du temps, ARPANET a évolué pour devenir l’Internet que nous connaissons aujourd’hui.

 

LECTURES DE LA MESSE

PREMIÈRE LECTURE
« Voici ton roi qui vient à toi : il est pauvre » (Za 9, 9-10)

Lecture du livre du prophète Zacharie
Ainsi parle le Seigneur : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse. Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays. »

PSAUME
(Ps 144 (145), 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14)
R/ Mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais ! ou : Alléluia ! (Ps 144, 1)

Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi ;
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
La bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.

Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

DEUXIÈME LECTURE
« Si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez » (Rm 8, 9.11-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez.

ÉVANGILE
« Je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 25-30)
Alléluia. Alléluia. Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia. (cf. Mt 11, 25)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance. Tout m’a été remis par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler.
Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »
Patrick BRAUD

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