L'homélie du dimanche (prochain)

  • Accueil
  • > Recherche : dimanche prochain homélie

4 novembre 2015

Le Temple, la veuve, et la colère

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le Temple, la veuve, et la colère

 

Homélie du 32° dimanche du temps ordinaire / Année B
08/11/2015

Cf. également :

Les deux sous du don…

 

C’est fou ce que Jésus doit aux femmes !

De Marie de Nazareth à Marie de Magdala, en passant par la cananéenne et ses petits chiens, Jésus n’a cessé de recevoir des femmes de sa vie de quoi exister, annoncer, grandir. Ici, c’est une pauvre veuve qui va le révéler à lui-même, en confortant son désir de se jeter à corps perdu dans la réforme du judaïsme.

Pour décrypter le fonctionnement religieux du Temple, Jésus se poste dans le parvis de femmes, sur les marches d’un escalier de pierre.

Le parvis des femmes, c’était une vaste cour carrée entourée de trois côtés par une colonnade supportant une galerie d’où les femmes pouvaient assister aux cérémonies religieuses. Un large escalier semi-circulaire de quinze marches conduisait au parvis d’Israël. C’est sans doute sur l’un de ces degrés que Jésus s’était assis ; de là, il voyait sur sa gauche la salle du trésor le long de laquelle, d’après le Talmud, se trouvaient treize troncs au goulot étroit et évasé par le bas, d’où leur nom de trompettes. Les fidèles y jetaient leurs aumônes et, à l’époque de la Pâque, l’affluence autour des troncs était énorme. Certains en profitaient pour jeter à pleines mains et avec ostentation de la monnaie de cuivre ou de bronze. Ils auraient pu s’acquitter plus commodément de la même offrande en monnaie d’argent, mais leur générosité aurait été moins bruyante et n’aurait pas attiré l’attention des pèlerins…

Afficher l'image d'origineTiens, aujourd’hui encore, c’est donc en se plaçant aussi chez du côté des femmes que nous pouvons décrypter la vérité sur notre société. Les féministes du « Care »  disent des choses vraies sur ce qui manque à nos relations de travail, de politique etc. Les théologiennes américaines écrivent des choses vraies sur le système religieux catholique, encore trop dominé par les hommes.

Jésus aurait aimé se placer dans ces parvis des femmes contemporains, pour contempler les foules de nos entreprises, de nos cités, et y révéler à la fois l’hypocrisie des riches et l’aliénation des pauvres. L’Église doit accepter de décaler ainsi son point de vue (sur l’économie, la politique, la famille, l’Église etc.) en regardant et écoutant ce que les femmes disent des relations humaines de notre temps.

Jésus entend le bling-bling clinquant des riches versant ostensiblement leur obole dans les vases de la collecte, mais il entend plus encore le silence – l’énorme silence si lourd de conséquences - de la pauvre veuve jetant de son nécessaire.

 

La colère contre l’institution religieuse du Temple

À lire le texte, on ne sait pas si c’est l’admiration (de la veuve) ou l’indignation (contre le Temple) qui prévaut en Jésus. Le contexte de ce passage est en effet une controverse entre Jésus et les pouvoirs religieux du Temple de Jérusalem : « ils dévorent les biens des veuves ». On peut penser qu’au lieu d’admirer les deux sous du don de cette femme, il continue au contraire à frémir de colère envers le Temple. Comment, ce Temple a été érigé pour la gloire de Dieu et le voici qui dévore tout ce que cette veuve a pour vivre !? Comment la foi d’Israël a-t-elle pu engendrer un système d’offrandes aussi injuste ? D’autant plus que ce Temple, Jésus annonce qu’il n’en restera bientôt plus pierre sur pierre ! Jésus dénonce le caractère stérile et absurde de ces offrandes pour une cause condamnée à disparaître.

Il aurait frémi de colère devant les sacrifices humains exigés par Hitler, Lénine, Staline ou Mao. Il renverserait aujourd’hui les écrans des changeurs de la Bourse et s’indignerait que l’épargne des plus petits soit utilisée pour d’autres buts que la vraie solidarité. Il dénoncerait à nouveau les chefs religieux – les chrétiens, musulmans ou autres - qui vivent comme des nababs aux dépens de leur communauté. Il ne supporterait pas qu’une pauvre veuve soit trompée dans son espérance par les politiques, les puissants.

Afficher l'image d'origineL’aliénation de cette femme est d’autant plus terrible que son don et volontaire : elle a donc intériorisé ce que le système exige d’elle, plus que les puissants n’auraient osé rêver. Hegel a montré que dans la dialectique maître-esclave, la domination est maximum lorsque l’esclave consent à son exploitation et y collabore. C’est cette aliénation que Jésus démasque en public. C’est à cela que les disciples du Christ sont appelés aujourd’hui : démasquer l’hypocrisie des riches qui font semblant de donner, et à grand bruit ; libérer les pauvres de la fausse obligation de se sacrifier pour un système condamné à disparaître.

On comprend que cette charge contre le Temple de Jérusalem a été une accusation majeure contre Jésus lors de son procès, suffisante pour éliminer celui qui dit la vérité, pour reprendre des paroles de Guy Béart.

 

La pauvre veuve, icône du Christ

Afficher l'image d'origineIl y a plus encore que l’indignation prophétique de Jésus dans ce texte. Car cette veuve annonce le Christ lui-même dans sa vie, jetée sans rien garder pour lui-même. Vous aurez peut-être remarqué que ce verbe jeter, ballo en grec, revient à sept reprises dans le très court récit consacré à l’obole de la veuve. La foule jette dans le tronc… Des riches jettent beaucoup… Une veuve jette deux petites pièces… Elle a jeté plus que tous ceux qui jettent dans le tronc… Tous ont jeté du superflu… Elle a jeté tout ce qu’elle possédait. A noter que jeter beaucoup en dispersant se rattache en grec au verbe dia-ballo, qui a donné diable en français… Alors que la veuve jette ensemble les deux pièces, syn-ballo en grec, ce qui a donné symbole en français. Le geste de la veuve est symbolique (d’une vie cohérente jusqu’au bout), alors que le geste des riches est diabolique (éparpillant l’être comme les pièces).

Ces deux sous jetés dans le trésor du Temple sont une icône du don total que Jésus va faire de lui-même. Mais lui pourra par ce sacrifice subvertir la logique de domination : le système religieux qui le condamnera sera lui-même renversé par la victoire du Christ dans sa résurrection. Ce que la veuve dans sa faiblesse n’avait pas pu réaliser : la fin de l’iniquité du Temple, le Christ l’obtiendra dans la puissance de l’Esprit qui lui fera traverser la mort. La même offrande : jeter tout son nécessaire, portera des fruits enfin en plénitude.

En voyant cette pauvre veuve donner tout ce qu’elle a, Jésus se voit lui-même devoir aller jusqu’au bout de ce dépouillement de soi, non pour se soumettre à un pouvoir injuste, mais pour « renverser les puissants de leur trône et élever les humbles ».

 

La pauvre veuve, icône de l’Église

Du coup, cette pauvre veuve est également une figure de l’Église. Les Pères de l’Église ont bien vu en elle la vocation des chrétiens : se donner par amour, pour libérer avec le Christ les plus pauvres de la domination des systèmes inhumains.

Afficher l'image d'origine

Ne reconnaissez-vous pas dans cette pauvre veuve l’Église qui apporte ses présents à Dieu ? Elle est pauvre, car elle repousse loin d’elle l’esprit de superbe et l’amour des richesses de la terre. Elle est veuve, car son époux a subi la mort pour elle, et maintenant il est bien loin d’elle. Et pendant que les Juifs offraient orgueilleusement à Dieu leur justice acquise par les œuvres de la Loi, l’estimant une richesse immense, l’Église offrait avec humilité, s’estimant heureuse de la voir acceptée par Dieu, la double obole de sa foi et de sa prière, ou encore de son amour de Dieu et du prochain. En les regardant par rapport à sa faiblesse, elle les estimait peu de chose ; mais à cause de la pureté de son intention, son offrande l’emportait de beaucoup sur l’offrande fastueuse des Juifs.
Saint Bède le Vénérable : commentaire de l’évangile selon saint Marc

 

Que l’indignation prophétique du Christ devienne également la nôtre, pour que les systèmes religieux contemporains arrêtent d’exploiter les plus pauvres.

 

 

 

1ère lecture : « Avec sa farine la veuve fit une petite galette et l’apporta à Élie » (1 R 17, 10-16)

Lecture du premier livre des Rois

En ces jours-là, le prophète Élie partit pour Sarepta, et il parvint à l’entrée de la ville. Une veuve ramassait du bois ; il l’appela et lui dit : « Veux-tu me puiser, avec ta cruche, un peu d’eau pour que je boive ? » Elle alla en puiser. Il lui dit encore : « Apporte-moi aussi un morceau de pain. » Elle répondit : « Je le jure par la vie du Seigneur ton Dieu : je n’ai pas de pain. J’ai seulement, dans une jarre, une poignée de farine, et un peu d’huile dans un vase. Je ramasse deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous le mangerons, et puis nous mourrons. » Élie lui dit alors : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi une petite galette et apporte-la moi ; ensuite tu en feras pour toi et ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre. » La femme alla faire ce qu’Élie lui avait demandé, et pendant longtemps, le prophète, elle-même et son fils eurent à manger. Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par l’intermédiaire d’Élie.

Psaume : Ps 145 (146), 6c.7, 8-9a, 9bc-10

R/ Chante, ô mon âme, la louange du Seigneur ! (Ps 145, 1)

Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.

Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !

2ème lecture : « Le Christ s’est offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude » (He 9, 24-28)
Lecture de la lettre aux Hébreux

Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.

Evangile : « Cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres » (Mc 12, 38-44)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux !
Alléluia
(Mt 5, 3)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »
Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »
 Patrick Braud

Mots-clés : , , , , , ,

26 août 2015

Quel type de pratiquant êtes-vous ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Quel type de pratiquant êtes-vous ?

Homélie du 22° Dimanche du temps ordinaire / Année B
30/08/2015

Cf. également :  Signes extérieurs de religion

Que veut dire être pratiquant aujourd’hui en France ?


L’approche liturgique

Pratique religieuse

Les sociologues et statisticiens suivent cette question de près depuis longtemps. Dans les années 60, les célèbres enquêtes du chanoine Boulard ont fait prendre conscience de la ‘déchristianisation’ de la France, en relevant méthodiquement le nombre de ‘messalisants’ (ceux qui vont à la messe chaque dimanche), de ‘pascalisants’ (ceux qui ‘font leurs Pâques’ en se confessant et communiant) etc.

On obtient alors des courbes impressionnantes par leur déclin : la pratique religieuse se juge selon cette approche au nombre d’actes liturgiques et sacramentels posés par un pourcentage de citoyens de plus en plus restreint chez nous.

Cette définition de la pratique par la liturgie marque toujours notre inconscient. Dire : je ne suis pas très pratiquant signifie pour beaucoup : je ne vais pas souvent à la messe. À Normale Sup, on a même fini par appeler les étudiants catholiques les talas, parce qu’ils sont les rares qui vont-à-la messe…

Actuellement, selon cette approche liturgique, il n’y aurait ainsi que 5 % à 10% environ de pratiquants plus ou moins réguliers en France (cf. encadré).

 

L’approche éthique

Les lectures du jour semblent pourtant critiquer fortement cette approche finalement très réductrice où la liturgie est le seul marqueur de la pratique religieuse. Saint Jacques est le plus explicite dans notre deuxième lecture : « Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde… » (Jc 1, 17-27)

Pour lui, la véritable pratique religieuse est donc éthique. Rien ne sert d’aller à la messe si nos comportements quotidiens ne sont pas profondément transformés, et différents de ceux des païens.

Jésus dans l’évangile de ce dimanche (Mc 7, 1-23) souligne l’importance de la priorité de l’éthique sur les rites : lavage de coupes, de carafes et de plats sont des pratiques inventées par les hommes, des traditions purement humaines qui servent d’alibi à l’hypocrisie des scribes et des pharisiens. La vraie pureté ne vient pas de la façon de cuisiner (casher ou halal) ou de manger, mais de l’intérieur du cœur de l’homme. La longue liste des comportements contraires à la pratique religieuse selon Jésus (« inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure »…) démontre que le prophète de Nazareth appelle à une éthique fraternelle comme premier marqueur de l’identité croyante. En cela, il est le digne héritier de tous les prophètes juifs, qui n’ont cessé de spiritualiser les obligations légales pour mettre l’amour de l’autre au cœur de la pratique de la foi.

 Quel type de pratiquant êtes-vous ? dans Communauté spirituelle ablution-23745763

Liturgie / Éthique / Foi

Liturgie, éthique : un troisième terme vient également jouer dans la composition de la pratique religieuse. C’est tout simplement la foi. Saint Pierre l’affirme de manière très claire à propos du baptême : « être baptisé, ce n’est pas être purifié de souillures extérieures, mais s’engager envers Dieu avec une conscience droite » (1P 3, 18-21).

Jésus d’ailleurs avait déconcerté ses disciples en affirmant que « faire l’œuvre de Dieu, c’est croire en celui qu’il a envoyé ». Voilà donc que pratiquer a également à voir avec affirmer sa foi. Les Églises protestantes qu’on appelle confessantes ont redécouvert cette dimension de l’identité chrétienne au XVI° siècle en affirmant l’éthique comme une résultante de la foi et non l’inverse.

 

Nous voici alors devant un triangle : liturgie / éthique / foi, qui est celui du baptême lui-même. Souvenez-vous : l’onction d’huile (chrismation) qui fait du baptisé un autre Christ est accompagnée de la parole : « Dieu te marque de l’huile sainte afin que tu demeures éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre prophète et roi ».

Prêtre renvoie à la dimension liturgique de la pratique (célébrer).

Prophète renvoie à la dimension de la foi (annoncer la Parole de Dieu).

Roi à la dimension éthique (gouverner le monde).

Être pratiquant, c’est articuler ces trois dimensions : il y a donc plusieurs manières de pratiquer, qui découlent de la hiérarchisation faite par chacun entre la Foi (F), la Liturgie (L), l’Éthique (E).

fle éthique dans Communauté spirituelle

En ne retenant que les positions les plus claires (idéal-typiques, diraient les wébériens), on obtient 6 configurations de la pratique religieuse, selon l’ordre d’importance accordée à chaque composante :

 

· FLE : la foi est première, la liturgie et l’éthique sont secondes, dans cet ordre. Cela correspond assez bien historiquement à la position des Églises évangéliques, très confessantes. L’insistance est mise sur l’annonce (le kérygme) et la relation personnelle à Jésus reconnu comme Seigneur et Sauveur. Le culte et l’assemblée sont plus importants que dans le reste du protestantisme. L’éthique vient ensuite.

· FEL : Restant sauve la priorité de la foi, l’éthique vient juste après. La liturgie est bien là, mais moins importante.

C’est grosso modo la situation de la plupart des Églises réformées : la relation personnelle au Christ est première, et l’engagement social vient largement avant la dimension ecclésiale ou cultuelle.

· EFL : la transformation de la société est plus importante que les questions de dogmes, et la liturgie est minimisée. On peut y reconnaître la position du catholicisme social façon Action Catholique du début du XXe siècle : par notre action militante, ‘nous referons chrétiens nos frères’.

· ELF : l’éthique reste première, mais la liturgie vient la nourrir et soutenir le militantisme. C’est le catholicisme social façon Semaines sociales de la deuxième moitié du XXe siècle : nourris par les sacrements, les catholiques pourront exercer leurs responsabilités sociale pour le bien commun. Ce courant est plus marqué par l’appartenance ecclésiale que le précédent (qui était plus contestataire, au moins au début).

· LFE : c’est l’ordre choisi par la Lettre aux catholiques de France (1996) : leitourgia / kerygma / martyria. La « proposition de la foi » est cette construction assez originale de la pratique religieuse où, minoritaire, le petit reste catholique français sent qu’il ne tiendra pas s’il ne se nourrit pas d’abord des sacrements vécus dans l’assemblée liturgique.

· LEF : assez proche de la proposition de la foi, cette triade en est cependant distincte par l’importance accordée à l’éthique. On peut y reconnaître l’appartenance vécue dans la plupart des communautés dites nouvelles. L’expérience charismatique est essentiellement liturgique (au cours de la prière, en assemblée), et débouche sur un changement radical de vie (il y a un avant et un après la conversion). La foi fait est un peu le parent pauvre (proclamer Jésus Seigneur suffit).

 

Idéal-typiques, ces 6 configurations de la pratique religieuse ne se rencontrent jamais à l’état pur dans les personnes et les groupes réels. Elles permettent cependant de se repérer dans la constellation des sentiments d’appartenance.

On peut les projeter dans un espace identité religieuse / engagement social, car ces deux axes sont ceux qui produisent des effets visibles dans la société.

On obtient la visualisation suivante :

Pratique religieuse

Les voisinages deux à deux de ces différentes formes de pratiques religieuses peuvent étonner, mais sont finalement très logiques. La proposition de la foi rejoint l’intuition évangélique d’une minorité active qui doit être la lumière du monde. Les communautés nouvelles reprennent en fin de compte les principes de l’Action Catholique la plus fidèle à l’enseignement ecclésial, en conciliant liturgie et éthique. Les sensibilités réformées (protestantes traditionnelles) sont assez proches de celles des militants d’Action Catholique dans leur aspect contestataire et prophétique des injustice sociales etc.

 

Entre ces 6 façons de pratiquer, il y a bien sûr une infinité de nuances et de gradations. Demandez par exemple à un groupe de personnes de noter de 0 à 3 l’importance que chacune donne à la foi, la liturgie et l’éthique dans la pratique religieuse, et vous verrez qu’il y a environ… 64 combinaisons et possibilités de se définir plus ou moins religieux !

L’important n’est pas de complexifier cette classification au risque de s’y perdre, mais de repérer ‘à la louche’ dans quel endroit et proche de quelle configuration vous vous situez.

Tenir ensemble foi / liturgie / éthique demande d’être à la fois lucide et critique sur l’articulation pratiquée entre les trois (personnellement d’abord, mais également collectivement, dans la paroisse, le groupe, l’Église qui est la mienne).

Seule une circulation incessante entre ces trois dimensions nous permettra de marcher à la suite du Christ, de pratiquer en vérité.

 

 

1ère lecture : « Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne… vous garderez les commandements du Seigneur » (Dt 4, 1-2.6-8)
Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces décrets, ils s’écrieront : ‘Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !’ Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? Et quelle est la grande nation dont les décrets et les ordonnances soient aussi justes que toute cette Loi que je vous donne aujourd’hui ? »

Psaume : Ps 14 (15), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5
R/ Seigneur, qui séjournera sous ta tente ? (Ps 14, 1a)

Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.
Il met un frein à sa langue.

Il ne fait pas de tort à son frère
et n’outrage pas son prochain.
À ses yeux, le réprouvé est méprisable
mais il honore les fidèles du Seigneur.

Il ne reprend pas sa parole.
Il prête son argent sans intérêt,
n’accepte rien qui nuise à l’innocent.
Qui fait ainsi demeure inébranlable.

2ème lecture : « Mettez la Parole en pratique » (Jc 1, 17-18.21b-22.27)
Lecture de la lettre de saint Jacques
Mes frères bien-aimés, les présents les meilleurs, les dons parfaits, proviennent tous d’en haut, ils descendent d’auprès du Père des lumières, lui qui n’est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses. Il a voulu nous engendrer par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures. Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde.

Evangile : « Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes » (Mc 7, 1-8.14-15.21-23)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Père a voulu nous engendrer par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures.
Alléluia. (Jc 1, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. – Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres,mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , , ,

4 mars 2015

De l’iconoclasme aux caricatures

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

De l’iconoclasme aux caricatures

Homélie du 3° dimanche de carême / Année B
08/03/2015


Peut-on représenter Mohammed ? Pourquoi n’y a-t-il que des motifs géométriques et aucun visage dans les mosquées ? D’ailleurs, pourquoi les synagogues et les temples protestants sont-ils tout aussi sobres en peintures, portraits ou statues diverses ?

Le choc des images

De l'iconoclasme aux caricatures dans Communauté spirituelle 41Upngu6gAL._SX258_BO1,204,203,200_Avec l’assassinat odieux des caricaturistes de Charlie Hebdo (janvier 2015), le monde a redécouvert, étonné, que cette question des images et des représentations étaient bien plus importante pour des milliards de musulmans que pour les autres milliards d’athées, agnostiques, catholiques ou d’autres religions. Il y a donc un enjeu de paix sociale, de respect mutuel, et de définition de la liberté d’expression autour de ces caricatures, et plus largement autour de ces diverses manières de représenter l’humain et le divin.

Tout cela s’enracine dans la première lecture de ce dimanche.

On s’est habitué aux commandements les plus célèbres du Décalogue : « tu ne tueras pas » etc. Mais du coup, l’Occident a oublié la deuxième parole : « Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre… » (Ex 20,2). Ce commandement paraît évidemment lié à l’affirmation du Dieu unique : représenter des idoles (statuettes, amulettes, visages peints ou sculptés etc.) serait donner de la crédibilité à l’hypothèse d’autres dieux que Dieu. Les images et le polythéisme ont partie liée dans l’Ancien Testament. Le célèbre psychanalyste Jacques Lacan y voyait la trace de ce que la pulsion scopique est bien à l’origine de la domination de l’homme sur l’homme : l’envie de voir conduit à la fabrication de faux dieux, à la magie. Alors qu’Israël s’est constitué par l’écoute, et non la vue, car « nul ne peut voir Dieu sans mourir ». On comprend donc que les juifs, et les musulmans à leur suite (car l’islam n’est souvent qu’un retour à judaïsme naturalisé), voire même les protestants (au nom de la fidélité à tous les textes bibliques) n’aient jamais voulu représenter Dieu visuellement. Et cette aversion s’étend à tous les prophètes liés au divin. Même si aucun texte du Coran n’affirme explicitement cette interdiction, il est évident pour presque toutes les traditions musulmanes, encore aujourd’hui, que c’est un péché contre l’unicité de Dieu que de représenter son prophète, ou pire encore Dieu lui-même [1].

Cette interdiction s’étend en plus à toutes les créatures, car les représenter serait se faire l’égal de Dieu en quelque sorte, en les créant à l’aide d’un pinceau ou d’un burin. D’ailleurs, le texte du Décalogue semble bien interdire toute image non seulement du divin, mais également de « ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre » !

 

Les images musulmanes non-arabes

« En islam, il y a un principe de base théologique, voire existentiel, témoigne l’ancien directeur du Centre de recherche sur l’islamisme et la radicalisation, le politologue d’origine iranienne, exilé au Danemark, Mehdi Mozaffari. Il y a un créateur, c’est Allah. Tous les êtres animés, humains et animaux, ne peuvent être représentés car ils sont une création d’Allah. S’ils sont peints à leur tour par un artiste, ils deviennent alors la création d’un autre créateur ». En effet, si un être humain crée une statue d’un autre être animé, il peut alors prétendre à la création. Et le créateur n’est plus Un. « C’est pour cela que Mahomet a fait détruire les idoles à La Mecque, mais aussi que les talibans ont détruit les bouddhas de Bamyan en Afghanistan », poursuit le chercheur, auteur de nombreux livres sur l’islam et cosignataire du Manifeste des 12. (Note : Daesh fait de même en 2015 en détruisant les statues préislamiques à Mossul, hélas… Il faut se souvenir qu’un des premiers gestes ‘prophétiques’ de Mohammed fut la destruction des sculptures, tableaux et autres ‘idoles’ de la Kaaba, à l’exception notable d’une icône de Marie qu’il aurait voulu protéger).

Aujourd’hui, quand on interroge Mehdi Mozaffari sur le fait de savoir si ce sont les caricatures ou bien la représentation du visage du prophète publiées par Charlie Hebdo qui ont choqué les croyants, il répond : « Ce qui les a choqués, c’est qu’on ait touché au prophète. Et c’est vécu comme un viol, comme un harcèlement sexuel. Comme si les caricaturistes avaient touché physiquement, pour de vrai, au prophète. Et même si le prophète avait dit une chose tout à fait innocente, les croyants auraient été blessés de la même manière. Le prophète est le socle de leur identité. L’identité mahométane. Cette identification est fusionnelle, corporelle, physique. Ça les touche beaucoup ». Et Malek Chebel de conclure : « Il faut faire un travail de refondation de la pensée de l’islam ».

Source : http://www.rfi.fr/moyen-orient/20150116-mahomet-iran-islam-mozaffari-chebel-representation-prophete-charlie-hebdo/

En islam, la représentation de Dieu est interdite, non celle de son prophète

Le prophète Mohammed reçoit une première révélation de Jibrîl (l’archange Gabriel), miniature du Jâmi’al-Tawârîkh (« Chronique universelle ») de Rashîd al-Dîn, entre 1307 et 1311, actuellement conservée à la bibliothèque de l’université d’Edimbourg.


Des représentations figurées, parmi lesquelles on peut voir Muhammad, sa famille et les prophètes bibliques, ont existé dans d’autres genres littéraires, épopées, chroniques historiques, Qisas al-anbiyyâ’ (Histoires des prophètes), particulièrement dans les mondes iranien, turc et indien. Des peintures de scènes religieuses existent dans d’autres œuvres, essentiellement en milieu persan et turc, jamais dans le monde arabe.

Quels personnages sont représentés ?

Jonas avalé par le poissonOn ne dépeint pas des personnages mais des épisodes de leur vie qui forment un corpus iconographique allant de la Création du monde jusqu’à Muhammad. Les manuscrits consacrés à ce dernier comme le Siyar-i nabi (Vie du Prophète) ou le Zubdat al-tawarikh (Crème des histoires), exécutés à Istanbul, reprennent les mêmes cycles d’illustration. Certains sont spécifiques à l’islam. Les anges se prosternent devant Adam nu qui vient de sortir des ateliers divins. Le jeune Abraham est jeté dans un brasier sur l’ordre du roi païen Nemrod, récit qui n’est pas tiré de la Bible mais du Talmud et de la Michna. D’autres sont plus traditionnels : ainsi la construction de l’arche de Noé ou l’histoire de Jonas (Yûnas) avalé par le poisson. Les personnages familiers au Nouveau Testament sont évoqués dans des traditions proprement musulmanes : Marie, l’Enfant Jésus sur ses genoux, est adossée à un palmier chargé de dattes près duquel elle vient d’accoucher ; la Crucifixion n’est jamais représentée mais seulement Jésus, accroché à une corde (car le Coran n’admet pas la mort du Christ en croix).

Le Christ voilé lors de la CèneUn nimbe de flammes d’or autour de la tête distingue les prophètes (le Prophète voilé lors de son voyage nocturne, le Christ voilé lors de la Cène, le visage voilé du Prophète lors du Mir’âdj etc.). Avec la montée de l’orthodoxie, les visages, d’abord découverts, se cachent derrière un voile protecteur puis disparaissent, symbolisés seulement par une gerbe de feu ; dans les manuscrits copiés au Cachemire au XIXe siècle, les silhouettes tout entières se fondent en une flamme d’or. Cette hostilité envers la représentation de la figure prophétique se retrouve dans le grattage des visages, mutilés au cours des siècles dans certains manuscrits.

Cf. http://expositions.bnf.fr/parole/arret/05_8.htm

Manuscrit persan du Moyen-Age représentant le prophète Mahomet conduisant Jésus, Moïse et Abraham à la prière.
Manuscrit persan du Moyen-Age représentant le prophète Mahomet conduisant Jésus, Moïse et Abraham à la prière. (WIKIMEDIA COMMONS)

 

Le tournant de l’Incarnation et la querelle iconoclaste

C’est l’Incarnation qui a tout changé pour les chrétiens. En Jésus de Nazareth, homme concret de Palestine, le Dieu invisible se rend visible. Dès lors, peindre le visage du Christ ou de Marie honore le mouvement d’incarnation où les créatures deviennent de vraies icônes (images) de Dieu.

La querelle des images a pourtant gravement troublé l’univers chrétien, entre le VIIe et le VIIIe siècle. Sans aucun doute sous la pression des Arabes musulmans, qui propageaient l’islam à la faveur de leurs conquêtes militaires, menaçant ainsi de l’empire d’Orient. Certains empereurs orientaux se mirent alors à détruire les icônes (iconoclasme) que les moines orthodoxes peignaient avec vénération depuis des siècles. L’affaire fit grand bruit. On arrêta, déporta et tua de nombreux adeptes des icônes, les accusant d’idolâtrie. Mais vénération n’est pas adoration : la nuance aura échappé à Charlemagne et à l’Occident qui ne défendirent pas très nettement les icônes…

Il a fallu un synode en 787 à Nicée, puis à nouveau un autre en 843, pour trancher définitivement et consacrer l’art de l’icône comme un sommet de la spiritualité chrétienne. Depuis cette date, chaque année, l’Église orthodoxe commémore le triomphe des images à l’occasion du premier dimanche de Carême, nommé dimanche de l’orthodoxie.

 

De son côté, l’Occident, par le développement de la peinture, sculpture, écriture et ses enluminures et adorables miniatures hagiographiques ou bibliques, a développé jusqu’à la Réforme un art du visuel où le vieil interdit du Décalogue était comme transcendé dans la transgression que Dieu lui-même en avait faite en se rendant visible en chair et en os. « Qui m’a vu a vu le Père » osait dire le Christ.

 

mali-juillet-2012 caricature dans Communauté spirituelleDe là ce malentendu fondamental entre occidentaux (chrétiens, athées ou agnostiques) et musulmans. Il y a une dissymétrie fondamentale dans le statut de l’image, et donc dans le ressenti à propos des caricatures de Charlie Hebdo ou d’autres journaux. Ce qui n’est pour les qu’une liberté chèrement acquise est pour les autres une atteinte à ce qu’ils ont de plus cher : l’unicité de Dieu. La violence de la réaction musulmane est incompréhensible si on ne la situe pas sur ce fond théologique.

Hélas, la laïcité française n’a plus habitué nos penseurs à raisonner théologie…

Pourtant, une sociologie « compréhensive » telle que Max Weber la promouvait pourrait permettre de saisir de l’intérieur la gravité de la blessure infligée à l’autre, dans chaque camp.

Si l’islam admettait la séparation du politique et du religieux, il pourrait percevoir pourquoi cette liberté d’expression est sacrée en France.

Si les dessinateurs se mettaient à la place de croyants pour qui l’unicité de Dieu est plus importante que leur propre vie, ils pourraient éprouver la violence de leurs coups de crayon.

 

Le peuple juif témoigne pourtant depuis longtemps, et fort tranquillement, que l’interdit les images du Décalogue est compatible avec le génie occidental.

A l’intérieur même de l’univers musulman, les interprétations chiites ou autres montrent que toute représentation n’est pas interdite, au contraire, en islam.

 

Si l’on veut éviter le fameux « choc des civilisations », il faudra que chaque camp, laïc et sunnite, fasse l’effort de comprendre l’autre à partir de ses points de repères à lui. Sinon l’affrontement resurgira, comme aux premiers siècles de l’expansion militaire musulmane.

 



[1]. En juillet 723 en effet, le calife Yazid II avait proscrit toute reproduction anthropomorphique jugée contraire à l’Islam. Le Coran n’interdit pas la représentation du Prophète, ni la représentation humaine en général. Écrit dans une société où l’image est généralement absente (la péninsule arabique au VIIe siècle), le texte ne la mentionne qu’une seule fois : « Le vin, les jeux de hasard, les idoles sont des abominations inventées par Satan. Abstenez-vous en » (Sourate V, verset 90). Ce mot « idoles », littéralement « pierres dressées » (« Ansàb »), désigne les statues des païens.

 

 

 

1ère lecture : La Loi fut donnée par Moïse (Ex 20, 1-17)

 

Lecture du livre de l’Exode

En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici :
« Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération. Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.


Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier.
Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.


Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

 

Psaume : 18b (19), 8, 9, 10, 11

R/ Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. (Jn 6, 68c)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.

 

2ème lecture : « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les hommes, mais pour ceux que Dieu appelle, il est sagesse de Dieu » (1 Co 1, 22-25)

Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.

Évangile : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2, 13-25)

Acclamation : Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur.  (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.

Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , , , ,

14 janvier 2015

Libres ricochets…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 00 min

Libres ricochets…

Homélie du 2° Dimanche Année du temps ordinaire / Année B 
18/01/2015

cf. également :  Quel Éli élirez-vous ?

·         Avez-vous déjà médité sur ce jeu que les enfants adorent au bord d’un lac : les ricochets… ?

Vous choisissez un caillou bien plat. Normalement, il doit couler. Normalement, il ne peut pas traverser le lac. Mais si vous lui imprimez une vitesse de rotation assez grande, grâce à un coup de poignet astucieux – auquel enfant je m’exerçais pendant des heures ! – et si vous le propulsez au ras de l’eau avec une trajectoire tangentielle et une force bien choisies, alors vous avez la surprise de voir ce caillou voler… rebondir… et de ricochet en ricochet accomplir l’impensable : traverser l’eau, aller d’une rive à l’autre…

·         C’est un peu ce qui se passe dans l’évangile d’aujourd’hui (Jn 1, 35-42) : l’appel à suivre le Christ ricoche des uns aux autres, les entraînant là où ils n’auraient jamais pensé pouvoir aller. Jean-Baptiste « lance » ses deux disciples à la suite de Jésus (et Dieu sait si pour un prophète comme Jean- Baptiste c’était dur à l’époque de « donner » ses disciples à un autre maître). L’un de ces deux, André, va chercher son frère Simon, et le propulse ainsi dans l’aventure où il deviendra Pierre (c’est-à-dire l’aventure de l’Église). Juste après, Philippe va chercher Nathanaël…

Libres ricochets… dans Communauté spirituelle 102awebIl en est souvent ainsi dans l’évangile de Jean : c’est par ricochets que l’appel se transmet d’une personne à une autre, constituant l’Église, de proche en proche. Et cet appel donnera à ces hommes et à ces femmes de traverser toutes les épreuves, de traverser la mort même, comme le caillou tout surpris de voler de rebond en rebond vers l’autre rive…

·         Si nous pratiquions cet appel « par ricochets », n’aurions-nous pas plus de chrétiens motivés ? plus de prêtres, de religieuses ? Demandez aux prêtres et religieuses que vous connaissez : c’est souvent grâce à telle rencontre, telle discussion, telle retraite avec d’autres, que le Christ leur a dit : « viens ». C’est rarement en direct !

Comme l’appel de Samuel (1° lecture), il y a toujours un Élie, un visage ami qui révèle ce que je porte en moi confusément et que je n’arrive pas à entendre du premier coup.

De ricochet en ricochet, Dieu fait feu de tout bois pour, patiemment, m’appeler à le rejoindre…

 

·   Mais si cet appel est une invitation très ferme : « viens », il est en même temps infiniment respectueux de la liberté : « viens et vois ». Plus encore : il suscite la liberté, il l’informe (au double sens de lui donner des informations pour décider oui  ou non, et de lui donner une formation pour l’éduquer à répondre).

.  La « Lettre aux catholiques de France » (1996) sur la « proposition de la foi » décrivait ainsi cette transformation de la pastorale de l’Eglise :

Dans la mise en œuvre de la mission de l’Église selon ses modalités les plus habituelles, notamment dans la vie des paroisses et dans la pastorale des sacrements, une transformation du même ordre est en train de se produire. Des institutions ecclésiales « classiques », qui semblaient ne rien réclamer d’autre que la conformité à des procédures bien rodées, réclament aujourd’hui, sous peine de dépérir, d’être incessamment améliorées, vérifiées, relancées. Ce qu’il suffisait naguère d’entretenir doit être aujourd’hui voulu et soutenu. Toutes sortes de démarches qu’une population majoritairement catholique nous demandait, en se coulant dans des automatismes communément admis, doivent être désormais proposées comme l’objet d’un choix.

De sorte que la pastorale dite « ordinaire », souvent vécue comme une pastorale de l’accueil, doit de plus en plus devenir aussi une pastorale de la proposition. Cette évolution a quelque chose d’onéreux. Certains la vivent comme une véritable épreuve. Mais de plus en plus nombreux sont les prêtres et les laïcs qui disent s’en trouver mûris et renouvelés dans leur foi. Un nombre croissant de pasteurs et, plus largement, d’acteurs de la pastorale comprennent qu’il y a là une exigence de la mission. Ils se découvrent du même coup appelés à aller davantage au cœur même de la foi. (n° 2)

.    Proposer la foi n’est pas l’imposer.

Nous ne sommes pas des témoins de Jéhovah ou des sectes cherchant à manipuler l’adhésion de leurs membres. Plusieurs fois le Christ a pris le risque de la libre réponse de ses amis : « voulez-vous partir vous aussi ? » demande-t-il aux 12 lorsque la foule le quitte, déçue par ses paroles trop fortes sur l’eucharistie. Sans cesse il appelle :« si tu veux… ». Le jeune homme riche d’ailleurs s’en va, librement (même s’il en est tout triste).

Autrement dit, le fait d’appeler quelqu’un suscite et fait grandir sa liberté.

C’est le débat – quelque fois difficile – que nous avons souvent avec des parents qui demandent le baptême de leur enfant.

« Voudrez-vous lui parler du Christ et de l’Évangile, l’inscrire au caté en CE2 pour qu’il puisse découvrir ce qu’il y a dans son baptême ? »

« Mais nous on ne veut rien lui imposer, il choisira plus tard… »

« Comment voulez-vous qu’il choisisse si vous ne l’appelez pas à choisir ? comment choisir de faire du rugby si jamais les parents ne l’inscrivent au club ? idem pour la danse, la musique, le tennis… Allez-vous violer sa liberté quand vous lui imposerez l’école obligatoire ? quand vous lui apprendrez à être propre ? à respecter les règles de politesse et de vie en commun ?… »

 

·         C’est une fausse conception de la liberté de croire qu’on pourrait choisir dans le vide. Ne rien proposer, c’est enfermer l’autre dans l’impuissance, dans le non-choix. Appeler quelqu’un librement, c’est lui donner les moyens de dire oui ou non, et respecter sa réponse.

 

* appeler-au-mariage-de-dinechin-olivier-de-885878209_ML appel dans Communauté spirituelleC’est ce que nous essayons de faire au caté lorsque nous demandons aux enfants d’écrire une lettre, très personnelle, au moment où ils sont appelés à faire leur 1° communion. Ce n’est pas automatique de faire sa 1° communion : c’est la réponse à un appel, qui fonde et garantit leur liberté. S’ils ne le veulent pas cette année, alors ce sera peut-être l’année prochaine, ou dans 15 ans… Dieu est patient ! Il est également tenace, voire têtu, et ne renonce pas facilement à appeler chacun à vivre davantage…

 

* C’est ce que nous essayons de faire avec les futurs mariés : il n’est pas rare que, grâce à la préparation sérieuse qui s’étale sur plusieurs mois (1 an en pratique), ils réfléchissent et découvrent d’eux-mêmes qu’ils ne sont pas prêts ou pas volontaires pour le sacrement de mariage. Librement, ils peuvent alors dire oui ou non à l’appel que leur lance l’Église pour être dans le mariage sacrements de l’amour de Dieu, avec tout ce que cela comporte.

 

·         Vous voyez : lancer des ricochets au bord de l’eau peut nous entraîner très très loin ! De visage en visage, d’appels en rencontres, de discussions en événements intérieurs, nous nous surprendrons nous-mêmes à voler de rive en rive.

Caillou lancé avec force et agilité, tournoyant sans cesse sur lui-même, chacun pourra non seulement ne pas se laisser engloutir par les flots à traverser, mais aller de l’avant, vers son avenir, vers lui-même, au-delà…

 

·         Que ces libres ricochets continuent de nourrir la pratique de l’appel en Église : appel pour devenir catéchiste, pour fleurir l’église, pour accompagner les familles en deuil etc… Si nous transmettons à d’autres cette invitation, c’est pour que nos paroisses, nos communautés  soient de plus en plus invitantes, à l’école même du Christ : « venez, et vous verrez »

 

1ère lecture : Vocation de Samuel (1S 3, 3b-10.19)

Lecture du premier livre de Samuel

Samuel couchait dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. » L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
Une troisième fois, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Retourne te coucher, et si l’on t’appelle, tu diras : ‘Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.’ » Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint se placer près de lui et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.

Psaume : 39, 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd

R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
En ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.

Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

2ème lecture : Notre corps appartient au Seigneur (1Co 6, 13b-15a.17-20)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
notre corps n’est pas fait pour la débauche, il est pour le Seigneur Jésus, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Quand on s’unit au Seigneur, cela ne fait qu’un seul esprit. Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais la débauche est un péché contre le corps lui-même.
Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple de l’Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.

Evangile : Vocation des trois premiers disciples (Jn 1, 35-42)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie : par lui nous viennent grâce et vérité. Alléluia. (cf. Jn 1, 41.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit :
« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? »
Il leur dit : « Venez, et vous verrez. »
Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers quatre heures du soir.
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ).
André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).
Patrick BRAUD

Mots-clés : , , , , ,
1...2425262728...32