L'homélie du dimanche (prochain)

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13 juillet 2013

Aime ton Samaritain !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Aime ton Samaritain !

Homélie du Dimanche 14 Juillet 2013 /
15° Dimanche Année C

Tout le monde connaît la figure du  » bon Samaritain « . La pointe du christianisme serait de lui ressembler, dit-on couramment.
Est-ce si sûr ? Et si l’amour du prochain était l’amour pour les Samaritains de nos vies, avant d’aimer les blessés sur notre route ?…

La lecture que je vous propose de cette page d’évangile est inspirée par Françoise Dolto *. Elle tourne autour d’une question centrale en psychologie, qui est la question de la dette et de la reconnaissance.

En regardant le texte de près, on est tout d’abord obligé de rejeter l’interprétation courante qui en est fait très moralisante, du genre : « Faites du bien aux autres quand ils sont dans le besoin. » Car d’une part c’est d’une banalité à pleurer (pas besoin d’être chrétien pour cela), et ensuite le texte ne dit pas du tout cela, au contraire !

La perspective est inverse !

Quelle est en effet la question ? C’est : « Qui est mon prochain ? »
Et à la fin de la parabole, la réponse tombe : lequel a été le prochain ? C’est le Samaritain.
« Aime ton prochain » => « aime le Samaritain ».
Aimer mon prochain, c’est donc aimer ceux qui pour moi ont joué ce rôle de tendresse et de salut qu’a joué le Samaritain.
Autrement dit Jésus nous invite à nous identifier au blessé et non au Samaritain.

Le Christ nous demande d’aimer les personnes qui nous ont sauvé à un moment donné dans notre vie où nous étions blessés à mort.
Il s’agit finalement de reconnaître notre dette vis à vis des autres, vis-à-vis des Samaritains de notre vie, ceux qui nous ont épaulés à un moment où ? seuls - nous n’aurions pas pu continuer notre chemin. Que nous le connaissions ou pas, nous sommes en dette vis-à-vis de celui ou celle qui nous secourt dans la détresse.

Mais ce qui est très fort dans l’Évangile, c’est que cette dette n’est pas remboursable auprès de l’intéressé ! Car le Samaritain de l’évangile se retire, disparaît. Il laisse l’autre libre. Il s’évanouit de notre chemin et continue le sien sans attendre ni permettre un retour, une reconnaissance.

Aime ton Samaritain ! dans Communauté spirituelle Samaritain

Ce qui veut dire que cette dette d’amour, nous ne pouvons la régler qu’en devenant à notre tour sauveur d’un autre. C’est un courant d’amour qui ne boucle jamais.

Dans certaines ethnies d’Afrique, on ne doit jamais remercier quand on reçoit un cadeau ; sinon c’est que je ne veux rien devoir et que je réduis la relation humaine à une relation marchande.

Aimer notre prochain ici, c’est découvrir ce que je dois à ceux qui m’ont secouru, sans pouvoir les remercier, sans même parfois qu’ils en aient conscience, et ne pas oublier ces sauveurs. Mais plus encore, c’est ne pas m’attacher à ces sauveurs, pour qu’ils puissent continuer leur chemin et moi le mien, en donnant à mon tour gratuitement ce que j’ai reçu gratuitement, sans m’attacher moi-même au bien que je pourrai faire, consciemment ou non.

La pointe de la parabole, dans cette ligne d’interprétation, c’est d’aimer celui ou celle qui a été proche de nous quand nous étions à terre.

Si quelqu’un, un jour, nous a sorti d’un chagrin, d’une dépression, d’une blessure, d’une souffrance, d’une détresse matérielle ou morale, souvenons-nous en toute notre vie.
Mais avec les commandements de la parabole :

- Ne te laisse pas retenir par l’affection de celui qui t’a sauvé.
L’amour rend libre : et pour cela, des routes qui se sont croisées doivent savoir s’éloigner.

Ne sois pas toi-même lié intérieurement par la reconnaissance à manifester à celui qui t’a secouru.
Mais fais comme il a fait : c’est la vraie manière de reconnaître ta dette et de faire circuler l’amour sans jamais recevoir de retour.

- Inversement, si tu as été le Samaritain de quelqu’un, ne te laisse pas arrêter par le souvenir de celui que tu as pu secourir. Souviens-toi que ton propre salut, tu le dois à un autre. Aime cet autre, parti et absent, en ton c?ur, et quand l’occasion s’en présentera, accepte toi aussi de devenir le blessé dépendant d’un autre.

Reconnaître ma dette envers ceux qui se sont fait proches de moi sans m’attacher à eux me permet à mon tour de me faire proche de ceux que je croise en chemin, sans que cela m’empêche de poursuivre ma route, libre de toute possession affective, avec comme seul moteur le souvenir, la trace des tendresses qui m’ont relevé avant de disparaître, plus loin? dans cette absence que seul le retour du Christ en gloire pourra révéler?

« Aime ton prochain », commande la Loi juive. Et Jésus précise : ?aime les Samaritains qui se sont faits proches de toi. Accepte d’être aimé avant que d’aimer’.
Reconnais de quelle tendresse tu es entouré, par Dieu le premier qui s’est approché de toi en Jésus-Christ.
Si tu prends ainsi conscience de l’amour qui te précède, alors, alors seulement, tu pourras devenir le Samaritain d’un autre…

 

* Françoise Dolto, Les évangiles et la foi au risque de la psychanalyse, éd. Gallimard.

 

 

1ère lecture : La loi de Dieu dans le coeur de l’homme (Dt 30, 10-14)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d »Israël : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu, en observant ses ordres et ses commandements inscrits dans ce livre de la Loi ; reviens au Seigneur ton Dieu de tout ton c?ur et de toute ton âme.
Car cette loi que je te prescris aujourd’hui n’est pas au-dessus de tes forces ni hors de ton atteinte.
Elle n’est pas dans les cieux, pour que tu dises : ’Qui montera aux cieux nous la chercher et nous la faire entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’
Elle n’est pas au-delà des mers, pour que tu dises : ’Qui se rendra au-delà des mers nous la chercher et nous la faire entendre, afin que nous la mettions en pratique ?’
Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton c?ur afin que tu la mettes en pratique. »

Psaume : Ps 18, 8, 9, 10, 11

R/ Ta parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance !

La loi du Seigneur est parfaite, 
qui redonne vie ; 
la charte du Seigneur est sûre, 
qui rend sages les simples. 

Les préceptes du Seigneur sont droits, 
ils réjouissent le coeur ; 
le commandement du Seigneur est limpide, 
il clarifie le regard. 

La crainte qu’il inspire est pure, 
elle est là pour toujours ; 
les décisions du Seigneur sont justes 
et vraiment équitables : 

plus désirables que l’or, 
qu’une masse d’or fin, 
plus savoureuses que le miel 
qui coule des rayons.

2ème lecture : Primauté du Christ dans la création et dans l’Église (Col 1, 15-20)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Le Christ est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature, 
car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui. Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui. 
Il est aussi la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église. Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté. Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total. Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui,sur la terre et dans les cieux,en faisant la paix par le sang de sa croix.

Evangile : La loi d’amour : le bon Samaritain (Lc 10, 25-37)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici le commandement nouveau : Celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. Alléluia. (cf. Jn 5, 21)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Pour mettre Jésus à l’épreuve, un docteur de la Loi lui posa cette question : « Maître, que dois-je faire pour avoir part à la vie éternelle ? »
Jésus lui demanda : « Dans la Loi, qu’y a-t-il d’écrit ? Que lis-tu ? »
L’autre répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton c?ur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit, et ton prochain comme toi-même. »
Jésus lui dit : « Tu as bien répondu. Fais ainsi et tu auras la vie. »
Mais lui, voulant montrer qu’il était un homme juste, dit à Jésus : « Et qui donc est mon prochain ? »
Jésus reprit : « Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba sur des bandits ; ceux-ci, après l’avoir dépouillé, roué de coups, s’en allèrent en le laissant à moitié mort.
Par hasard, un prêtre descendait par ce chemin ; il le vit et passa de l’autre côté.
De même un lévite arriva à cet endroit ; il le vit et passa de l’autre côté.
Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui ; il le vit et fut saisi de pitié.
Il s’approcha, pansa ses plaies en y versant de l’huile et du vin ; puis il le chargea sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui.
Le lendemain, il sortit deux pièces d’argent, et les donna à l’aubergiste, en lui disant : ‘Prends soin de lui ; tout ce que tu auras dépensé en plus, je te le rendrai quand je repasserai.’
Lequel des trois, à ton avis, a été le prochain de l’homme qui était tombé entre les mains des bandits ? »
Le docteur de la Loi répond : « Celui qui a fait preuve de bonté envers lui. » Jésus lui dit : « Va, et toi aussi fais de même. »
Patrick Braud

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29 juin 2013

Exigeante et efficace : la non-violence

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Exigeante et efficace : la non-violence

 

Homélie du 13e dimanche du temps ordinaire/ Année C
30/06/013

Les affrontements politiques à l’occasion de la loi sur le « mariage pour tous » ont mis en lumière deux façons de combattre pour ses idées.

L’une, faite de convictions, de drapeaux, de pancartes et de familles en cortège paisible, et l’autre, en marge de cette foule, faite de vitrines brisées, de provocations à la bagarre, se terminant en jets de cocktails Molotov et charges musclées des CRS. Hélas, cette deuxième forme de militance peut aller jusqu’à tuer. La mort de Clément Méric début juin rappelle que la violence des extrêmes devient vite meurtrière.

Pourtant, dans l’entreprise comme en politique, beaucoup vous diront qu’il faut rendre coup pour coup. Qu’on n’est pas dans le monde des Bisounours. Que tendre l’autre joue fait encore plus mal et n’arrête pas l’injustice.

Bref : que les cathos sont de doux rêveurs à parler de non-violence et d’amour des ennemis.

Regardons-y de plus près.

 

Éliminer ses ennemis ?

« Veux-tu que nous fassions tomber sur eux le feu du ciel ? » demandent Jacques et Jean en désignant leurs adversaires. C’est donc que l’évangélisation suscite toujours hostilité et opposition farouche. Faut-il répondre aux violents avec leurs propres armes ? La tentation séduit les disciples. Après tout, persuadés qu’ils sont d’être dans la vérité, pourquoi ne pas l’imposer par la force ?

C’est le piège dans lequel est tombé Mohamed lors de sa reconquête de la Mecque et de l’Arabie tout entière. C’est l’erreur fatale de l’Inquisition, du stalinisme ou de tout autre idéologie sûre d’elle-même.

Le Christ réfute vigoureusement ce remède pire que le mal : répondre à la violence par la violence n’engendre qu’un cycle infernal de vengeance et de représailles, dans chaque camp alternativement.

La seule exception tolérée ensuite à ce principe non-violent est celle de la légitime défense : devant Hitler envahissant la Pologne ou déportant les juifs, il est légitime de recourir à la violence pour arrêter la barbarie. À condition toutefois de n’avoir pas la haine au coeur, fut-ce contre Eichmann ou Goebbels, mais la volonté de sauver les plus faibles. Car la haine nous fait ressembler aux bourreaux que nous détestons. Car la vengeance nous ravale au rang des criminels dont nous dénonçons les actes, pas la personne.

Ne pas confondre une personne avec ses actes ? quels qu’ils soient – reste en effet le socle de l’éthique chrétienne. Jésus a cru en l’autre quoi qu’il fasse. C’est pourquoi il pardonne à ceux qui le condamnent et le crucifient. C’est pourquoi nous sommes contre la peine de mort. C’est pourquoi nous croyons que la rédemption d’un être est toujours possible.

 

Le Christ ne veut pas utiliser la puissance pour s’imposer.

Lors de son arrestation, il dit à Pierre qui veut s’y opposer par la force : « Rengaine ton glaive; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive. Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? » (Mt 26,52-53). Dans l’évangile aujourd’hui, il refuse de faire tomber le feu du ciel, le « feu de Dieu », sur ses ennemis. Il sait qu’il s’expose ainsi à être lui-même broyé par la violence qu’il refuse d’utiliser. Mais c’est en allant jusqu’au bout de sa non-violence que le Christ pourra nous libérer de l’emprise que la violence exerce sur nous dès l’origine (cf. le premier homicide d’Abel par Caïn).

 

Une non-violence terriblement exigeante.

Exigeante et efficace : la non-violence dans Communauté spirituelle Rajneesh-Osho-Viens-Suis-Moi-Livre-864529556_MLReste que le Christ n’est pas tendre avec ceux qui veulent le suivre. Il place la barre très haut. Il est presque plus exigeant avec ses amis que ses ennemis ! C’est que combattre la violence à l’extérieur de soi commence par la débusquer d’abord en soi. Elle provient d’attachements trop exclusifs, d’identités trop marquées, de racines culturelles ou familiales trop exclusives et donc jalouses.

Trop ou mal à posséder empêchent d’être non-violent : « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête ».

Trop ou mal honorer sa famille empêche d’être libre, détaché : « laisse les morts enterrer leurs morts ».

Trop ou mal s’attacher à son passé empêche d’être disponible à l’avenir de l’autre : « celui qui regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu ».

Ces paroles sont dures, et il ne faut surtout pas en émousser l’exigence.

La non-violence du Christ est d’abord un combat intérieur, pour éliminer non pas ses ennemis du dehors, mais ces adhérences du dedans qui nous maintiennent complices de la violence passée ou possible.

 

Une non-violence terriblement efficace.

Ce combat intérieur vaut la peine. Car au bout de ce pèlerinage intime il y a la terrible efficacité de la non-violence.

La pression que Gandhi et Martin Luther King ont su mettre sur leurs adversaires a changé le cours de l’histoire : en émancipant une société coloniale, en réformant des lois raciales injustes.

La lutte non violente du syndicat Solidarnosc en Pologne (1981 – 1989) est exemplaire. Qui pouvait imaginer dans ces années 80 que le communisme – si meurtrier, si inhumain – pourrait tomber autrement que sous les obus et les missiles de l’Ouest ? Pourtant, comme l’écrivait Jean Paul II, acteur essentiel de ce bouleversement :

« Parmi les nombreux facteurs de la chute des régimes oppressifs, certains méritent d’être rappelés d’une façon particulière. Le facteur décisif qui a mis en route les changements est assurément la violation des droits du travail. On ne saurait oublier que la crise fondamentale des systèmes qui se prétendent l’expression du gouvernement et même de la dictature des ouvriers commence par les grands mouvements survenus en Pologne au nom de la solidarité. Les foules ouvrières elles-mêmes ôtent sa légitimité à l’idéologie qui prétend parler en leur nom, et elles retrouvent, elles redécouvrent presque, à partir de l’expérience vécue et difficile du travail et de l’oppression, des expressions et des principes de la doctrine sociale de l’Église.

Un autre fait mérite d’être souligné : à peu près partout, on est arrivé à faire tomber un tel « bloc », un tel empire, par une lutte pacifique, qui a utilisé les seules armes de la vérité et de la justice. Alors que, selon le marxisme, ce n’est qu’en poussant à l’extrême les contradictions sociales que l’on pouvait les résoudre dans un affrontement violent, les luttes qui ont amené l’écroulement du marxisme persistent avec ténacité à essayer toutes les voies de la négociation, du dialogue, du témoignage de la vérité, faisant appel à la conscience de l’adversaire et cherchant à réveiller en lui le sens commun de la dignité humaine.

Apparemment, l’ordre européen issu de la deuxième guerre mondiale et consacré par les Accords de Yalta ne pouvait être ébranlé que par une autre guerre. Et pourtant, il s’est trouvé dépassé par l’action non violente d’hommes qui, alors qu’ils avaient toujours refusé de céder au pouvoir de la force, ont su trouver dans chaque cas la manière efficace de rendre témoignage à la vérité. Cela a désarmé l’adversaire, car la violence a toujours besoin de se légitimer par le mensonge, de se donner l’air, même si c’est faux, de défendre un droit ou de répondre à une menace d’autrui. Encore une fois, nous rendons grâce à Dieu qui a soutenu le coeur des hommes au temps de la difficile épreuve, et nous prions pour qu’un tel exemple serve en d’autres lieux et en d’autres circonstances. Puissent les hommes apprendre à lutter sans violence pour la justice, en renonçant à la lutte des classes dans les controverses internes et à la guerre dans les controverses internationales ! » (Centesimus Annus n° 23)

La liste est longue de ces campagnes de non-violence qui ont abouti à rétablir l’être humain dans sa dignité :

- les ‘folles de la place de mai’ en Argentine dans les années 70

- le ‘people power’ aux Philippines contre le règne du dictateur Marcos en 1986

- la longue traversée du désert de Nelson Mandela (27 ans de prison !) aboutissant au pardon et à une réconciliation au-delà de l’apartheid.

- la ‘révolution de velours’ avec Waclav Havel en Tchécoslovaquie et RDA en 1989

- le mouvement du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi en Birmanie

- les printemps arabes récents (dont le combat n’est pas terminé hélas)

- etc.

 

Ne laissons plus dire que la non-violence est faite pour les doux rêveurs dans un monde de Bisounours !

C’est au contraire l’arme la mieux adaptée à l’éradication du mal et non de ceux qui le commettent.

C’est la seule stratégie qui combat la cause et non pas les symptômes.

C’est l’attitude qui peut changer le coeur du bourreau et l’aider à se détourner de la violence commise.

 

Appliquez-la au couple ou à l’entreprise, et vous verrez que, alliée au pardon - cas de légitime défense mise à part - elle est largement plus efficace que la revanche ou la stricte justice.

 

« Veux-tu que nous fassions tomber sur eux le feu du ciel ? »

Laissons le Christ nous interpeller vivement lorsque cette tentation sauvage de détruire l’autre résonnera à nos oreilles…

 

 

 

 

1ère lecture : Élisée abandonne tout pour suivre Élie (1R 19, 16b.19-21)
Lecture du premier livre des Rois

Le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafate, comme prophète pour te succéder. » 
Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafate, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau.
Alors Élisée quitta ses boeufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. »
Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de boeufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

Psaume : Ps 15, 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b-11

R/ Dieu, mon bonheur et ma joie !

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon c?ur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon c?ur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

2ème lecture : L’Esprit s’oppose à la chair et nous rend libres(Ga 5, 1.13-18)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Frères, 
si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage.
Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres.
Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 
Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.
Je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu ; alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez.
Mais en vous laissant conduire par l’Esprit, vous n’êtes plus sujets de la Loi.

Evangile : Suivre Jésus sans condition sur la route de la Croix(Lc 9, 51-62)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui le Seigneur nous appelle. Suivons-le sur les chemins de l’Évangile. Alléluia. (cf. 1 S 3, 9 ; Lc 9, 59)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.
Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? »
Mais Jésus se retourna et les interpella vivement.
Et ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » Patrick Braud

23 février 2013

La vraie beauté d’un être humain

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La vraie beauté d’un être humain

Homélie du 2° Dimanche de Carême / Année C
24/02/2013

Si vous êtes là, c’est parce que vous avez vécu des transfigurations comme celle de l’Évangile d’aujourd’hui. Si vous êtes mari et femme, c’est parce qu’il y a eu dans votre histoire des éblouissements où l’amour de l’autre vous est apparu dans une telle beauté que toute votre vie en a basculé.

Et s’il y a des prêtres, des religieuses, des diacres, avec vous, c’est parce qu’ils ont été eux aussi brûlés par la beauté de certains passages de l’Écriture, ou de certains silences, ou de certains témoins.


* La transfiguration du Christ, c’est notre histoire

Demandez à ceux qui accompagnent les mourants : le corps s’en va en lambeaux, et pourtant il y a des instants inoubliables où, de manière fugitive, la personne malade rayonne d’une paix et d’une beauté incroyables.

La vraie beauté d'un être humain dans Communauté spirituelle Capture-d%E2%80%99e%CC%81cran-2020-05-27-a%CC%80-17.14.25Demandez aux éducateurs : chez tous les enfants réputés difficiles et violents, ils guettent ces éclairs où leur véritable bonté se dévoile l’espace d’un sourire, d’une phrase ou d’un geste étonnant. Et puis, après, plus rien ; la violence et l’agressivité reprennent leur cours, ou la lente dégradation de la fin de vie, ou l’ordinaire de la vie à deux.
Mais celui qui a vécu ce moment de grâce saura désormais qu’une beauté incroyable se cache derrière le visage de l’être aimé, de l’être dégradé, ou de l’enfant insupportable.


* Regardez dans l’Évangile : à qui Jésus manifeste-t-il sa gloire ?

- À Pierre, Jacques et Jean, à qui il confiera aussi le secret du réveil de l’enfant de Jaïre (Lc 8,40-56): là où la famille risque de pleurer sur un enfant que l’on croit mort, Jésus révèle à ces trois disciples qu’il peut réveiller la force de vivre qui est cachée en lui.
Combien d’adultes ont fait cette expérience: tel jeune que l’on croit « perdu » se révèle extraordinaire dès lors qu’il rencontre un véritable éducateur qui sait lui révéler ce qu’il porte en lui ?

- À Pierre, Jacques et Jean, c’est-à-dire à ceux qui seront témoins de l’angoisse et de la tentation de Gethsémani (Lc 9,28-36).

Là, sur l’autre montagne des Oliviers, Jésus devra combattre pour rester fidèle : « Père, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ta volonté soit faite et non la mienne ».
Il suera sang et eau, littéralement, dans ce combat pour rester fidèle.
Il entrera en agonie pour se laisser conduire jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême.


* La transfiguration de Jésus est donc donnée aux disciples pour qu’ils y puisent eux aussi la force de rester fidèles. Ces moments de transfiguration que votre amour vous fait partager vous sont donnés pour tenir bon dans le combat de la fidélité à l’amour de Dieu dans toutes les dimensions de votre existence.

Plus encore, le condamné de la Semaine Sainte n’aura bientôt plus figure humaine. Rejeté, fouetté, déshabillé, méprisé, il sera couvert de crachats et d’insultes. Ses disciples l’abandonneront tous, sauf Jean, comme s’ils avaient oublié le vrai visage de gloire révélé en haut du Mont Thabor.


* La gloire de Jésus transfiguré est donnée à Pierre et Jacques et Jean pour qu’ils 
sachent discerner sous les crachats la vraie beauté de l’homme défiguré lors de sa Passion.

Voilà pourquoi la contemplation du Christ en gloire est un extraordinaire moteur pour rejoindre ceux qui parmi nous n’ont plus figure humaine (misère matérielle ou morale ou autre) : nous croyons en leur beauté pourtant cachée à nos yeux.


* Mais quelle conception avons-nous de la beauté de l’homme ou de la femme ?
Patrick BraudLes Évangiles n’ont jamais dit de Jésus qu’il avait le profil d’Antonio Bandeiras ou de Bruce Willis. On ne sait pas si Marie avait les mêmes mensurations que Claudia Schiffer ou Emmanuelle Béart, et nous-mêmes, nous ne serions pas tous sélectionnés pour défiler sous les couleurs de Dior ou Cacharel…
Et pourtant Jésus manifeste sur cette montagne une gloire qui éclipse celle d’Élie et Moïse.
Et pourtant Marie est corporellement transfigurée, pour toujours, à travers son Assomption.
Et pourtant vous êtes tous et chacun plus beaux que Bruce Willis et Emmanuelle Béart lorsque vous aimez vraiment !


* Autrement dit, ces éclairs de transfiguration nous sont donnés pour traverser toutes les défigurations à venir sans désespérer, sans trahir?
Autrement dit, la vraie beauté d’un être humain se dévoile à nos yeux lorsque nous l’aimons, lorsque nous le voyons - à l’image du Christ - accepter de se livrer aux mains de ses proches, d’être exposé, vulnérable à la passion d’aimer, lorsque lui-même se donne sans fausse pudeur, désarmé et confiant.

Dans ces moments-là, on voudrait que tout s’arrête comme Pierre : « dressons trois tentes ».
Mais non, ce n’était que l’espace d’une parole, d’un regard, d’une main étreinte, ou d’un corps pacifié. Et puis la vie reprend, apparemment comme avant. Apparemment seulement, car la mémoire du Christ éblouissant de beauté soutiendra l’Église lorsqu’elle le croisera à nouveau défiguré dans les passions de notre temps.
Apparemment seulement, car les couples qui n’ont pas oublié tous les éblouissements de leur amour pourront s’appuyer sur cette mémoire pour devenir fidèles, pour croire en l’autre quoiqu’il arrive, pour deviner la vraie beauté de l’autre d’âge en âge jusqu’à la fin de sa vie.


* Celui qui demain sera défiguré est aujourd’hui dévoilé à nos yeux dans toute sa splendeur : que la transfiguration du Christ nous aide à ne jamais désespérer de la beauté humaine, celle de votre conjoint, celle de vos enfants, celle de votre voisin ou collègue, du prochain si peu aimable, de celui dont on se détourne, celle de votre Église même.

 

1ère lecture : L’Alliance de Dieu avec Abraham (Gn 15, 5-12.17-18a)
Lecture du livre de la Genèse

Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… » Et il déclara : « Vois quelle descendance tu auras ! »
Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste.
Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays. »
Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j’en ai la possession ? »
Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. »
Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux.
Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abram les écarta.
Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s’empara d’Abram, une sombre et profonde frayeur le saisit.
Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux.
Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici. »

Psaume : Ps 26, 1, 7-8, 9abcd, 13-14

R/ Le Seigneur est lumière et salut.

Le Seigneur est ma lumière et mon salut,
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie,
devant qui tremblerais-je ?

Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon c?ur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère,
tu restes mon secours.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. »

2ème lecture : Le Christ nous transfigurera (brève : 3, 20 – 4, 1) (Ph 3, 17-21; 4, 1)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vivent selon l’exemple que nous vous donnons.
Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ.
Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre. Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer.

Evangile : La Transfiguration (Lc 9, 28b-36)

Acclamation : Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Du sein de la nuée resplendissante, la voix du Père a retenti : « Voici mon Fils, mon bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. (cf. Mt 17, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante.
Et deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem.
Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés.
Ces derniers s’en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait.
Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent.
Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. »
Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu’ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là.

Patrick Braud

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1 décembre 2012

Sous le signe de la promesse

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Sous le signe de la promesse

Homélie du premier dimanche de l’Avent Année C
04/12/2012

Qu’est-ce qui nous fait agir ?
Quel est le moteur de nos efforts, de notre persévérance ?
Qu’est-ce qui nous soutient lorsque les temps sont difficiles ?

Jérémie répond sans hésiter : la promesse.

La promesse que Dieu vous a faite se réalisera, vous pouvez vous appuyer sur cette conviction pour tenir bon.

Six siècles avant Jésus-Christ, alors que le peuple juif est vaincu, exilé à Babylone, alors qu’il a tout perdu : roi, temple, terre, Jérémie lui annonce que la promesse tient toujours, plus que jamais.

« Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda :
En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera: ‘Le-Seigneur-est-notre-justice’ »

Le véritable prophète n’est donc pas un oiseau de mauvaise augure qui se plairait à annoncer des catastrophes. Est prophétique celui qui nous rappelle la promesse qui oriente notre marche.

Certains oracles économiques voudraient nous faire vivre sous le signe de la peur : les ressources seraient limitées au point de menacer notre croissance ; le développement durable ne serait pas un choix mais une condamnation inéluctable ; la mondialisation serait une machine à délocalisation et régression sociale. Ces prophètes de malheur nous ramènent à l’époque où l’économie était une « triste science » 1  placée sous le signe de la menace plus que de la promesse !

 

Or le peuple de la Bible n’a pas traversé les siècles en évitant des catastrophes ou en conjurant les menaces. Il est devenu lui-même en croyant à la promesse que Dieu lui a faite, et en ne cessant de se relever pour marcher vers son accomplissement.
C’est sur une promesse de fécondité qu’Abraham a quitté sa terre natale et ses idoles.
C’est sur une promesse de libération que Moïse a osé faire face à Pharaon.
C’est sur la promesse d’une royauté pour toujours que David est monté sur le trône.
C’est sur la promesse du retour transmise par les prophètes comme Jérémie que le peuple juif a enduré 40 ans d’exil, puis deux millénaires de diaspora :« l’an prochain à Jérusalem ! »
C’est sur la promesse de la venue du Christ et de notre rédemption que les martyrs chrétiens ont fondé leur espérance, que l’Église veille et attend : « Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »

À y réfléchir, que serions-nous sans les promesses qui nous ont mis en mouvement depuis notre naissance ?
Tenues ou pas, ces promesses ont nourri notre envie de vivre, elles ont galvanisé notre énergie.
Le sourire de nos parents nous a fait sortir des vagissements des premiers mois en nous ouvrant au visage de l’autre. Les amitiés d’adolescents ou d’étudiants ont résonné comme des promesses de liens forts où la communion entre les êtres est possible. Pour beaucoup d’entre nous, le mariage est toujours une promesse qui permet de construire ensemble avec confiance : « je te reçois … » Il n’est pas jusqu’à la carrière qui ne soit placée elle aussi sous le signe de la promesse : votre investissement au travail sera récompensé par plus de responsabilités, par une meilleure rémunération, une satisfaction plus grande.

Si ce ressort n’est plus crédible, alors le salarié se méfie de sa direction, l’époux doute de sa relation avec l’épouse, l’ami s’éloigne de l’ami.

Bénéficier d’une promesse est essentiel pour devenir humain.

Il faudrait d’ailleurs inventer un passif au verbe promettre qui n’est pas d’abord un actif quoi qu’on en dise ! C’est Dieu qui prend l’initiative de la promesse, pas Israël. C’est le Christ qui promet son retour, et non l’Église qui l’organise. C’est moi qui suis le bénéficiaire de la promesse, pas son sujet.

« Être promis » renvoie dans notre langue à l’ancienne coutume où les parents promettaient leur enfant en mariage à une autre famille. La promise était la fiancée donnée par l’une à l’autre. Dans la Bible, c’est Dieu lui-même qui est à la fois le promis et la promesse, le don et le donateur, l’horizon et le chemin. Et c’est l’homme, chaque homme, qui « est promis » à Dieu.

La période de l’Avent qui ouvre chaque nouvelle année liturgique nous rappelle que nous vivons sous le signe de la promesse.

Impossible alors de s’endormir en s’installant dans l’ordre actuel des choses.

Impossible de laisser la peur ou la menace miner nos raisons d’agir.

Nos familles n’ont pas à laisser les bouleversements actuels les effrayer : la promesse d’une solidarité entre frères et soeurs, entre générations familiales est si forte que c’est cela qui doit nous mobiliser et pas la peur d’autres modèles.

Notre économie n’a pas à se replier sur elle-même par peur de la mondialisation ou des menaces écologiques : l’invention de nouveaux modes de vie repose sur la conviction que la terre a encore beaucoup à offrir et la vie sociale avec.

Notre travail n’a pas à se résigner à n’être qu’alimentaire en ces temps de précarité : il est le lieu d’une promesse d’épanouissement et de participation un élan commun.

La promesse, c’est les jambes qui nous mettent en mouvement. C’est ce qui nourrit nos espérances. C’est ce qui nous invite à nous battre pour un horizon plutôt que contre les ennemis différents de nous.

Reprenons conscience d’être le peuple de la promesse, « afin de paraître debout devant le Fils de l’Homme ».

 


[1]« L’économie n’est pas une science gaie… Non, c’est une science ennuyeuse, désolante, absolument abjecte et déprimante : on pourrait l’appeler, en somme, ‘la triste science’ »  Thomas Carlyle, 1849.

 

 

1ère lecture : Annonce de la venue du Messie (Jr 33, 14-16)

Lecture du livre de Jérémie

Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda :
En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice ».

Psaume : Ps 24, 4-5ab, 8-9, 10.14

R/ Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu.

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve. 

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Les voies du Seigneur sont amour et vérité
pour qui veille à son alliance et à ses lois.
Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ;
à ceux-là, il fait connaître son alliance.

2ème lecture : Comment se préparer pour le jour du Seigneur (1Th 3, 12 — 4, 2)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous.
Et qu’ainsi il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints.
Pour le reste, vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous en prions, frères, nous vous le demandons dans le Seigneur Jésus. D’ailleurs, vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.

Évangile : L’attente de la venue du Fils de l’homme (Lc 21, 25-28.34-36)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde : fais-nous voir le jour de ton salut. Alléluia. (cf. Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.

Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre c?ur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »
Patrick Braud

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