L'homélie du dimanche (prochain)

8 décembre 2012

Le Verbe et la voix

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Le Verbe et la voix

Homélie du 2° Dimanche de l’Avent / Année C
09/12/12

Vois  la voix 

Le Verbe et la voix dans Communauté spirituelle 37453235Le Christ est le Verbe de Dieu (Jn 1,1). Jean-Baptiste en est la voix, qui crie pour préparer sa venue. Même si elle crie dans le désert, cette voix est indispensable pour que Jésus soit plongé dans le Jourdain, pour que le Verbe de Dieu soit baptisé dans notre humanité.

C’est donc qu’aujourd’hui encore, dans la nouvelle évangélisation de l’Europe particulièrement, une voix est nécessaire avant l’annonce explicite, pour que l’Évangile soit manifesté.

Comme toujours le génial St Augustin nous met sur la voie? de la voix en l’occurrence ! (sermon 288)

« Cherchons donc ce qui fait la différence entre voix et parole. Cherchons avec attention, car c’est important, il faut nous y arrêter.
Voici donc deux choses : la voix et la parole. Qu’est-ce qu’une voix ? Qu’est-ce qu’une parole » »

« ‘Je suis la voix qui crie dans le désert’.
Par cette parole, Jean se déclare la voix.  Jean est la voix.
Et qu’est le Christ, sinon la Parole ?
La voix doit d’abord se faire entendre pour qu’ensuite la parole soit comprise.

Mais de quelle parole s’agit-il ?
Écoute, il te le montre clairement : « Au commencement était la Parole et la Parole était près de Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout fut par elle et sans elle rien ne fut ». Tout a été fait par la Parole, et Jean aussi. Quoi d’étonnant si la Parole se soit fait une voix ! Regarde : vois sur les rives du fleuve la Voix et la Parole : la Voix, c’est Jean, la Parole c’est le Christ.»


Voix, cri, parole : il y a dans ces distinctions un enjeu capital pour l’évangélisation aujourd’hui.

Comment entendre la Parole (qu’est le Christ) si elle n’est pas précédée par la voix (qu’est Jean-Baptiste) ?

pour-comprendre-les-media_150 Avent dans Communauté spirituelleLe médium est aussi important que le message : medium is message (Mac Luhan). La façon de dire quelque chose est aussi importante que le contenu de ce qui est dit. Par exemple, dire « je t’aime » sur l’air de « passe-moi le sel » garantit un effet de doute. Alors que la formule « engeance de vipères » va bien avec un Jean Baptiste hirsute maigre et couvert de peaux de bêtes.

La voix qui porte la parole crée un climat de communication ou d’hostilité.
L’empreinte vocale de quelqu’un dépasse d’ailleurs la seule voix : l’apparence et le comportement physique de quelqu’un peut devenir une petite musique qui porte son message avant même les mots.
Le bon pape Jean XXIII, rien qu’en apparaissant, respirait la bonté de Dieu, grâce à ses rondeurs mises au service de l’Évangile.
Jean Paul 1° avait pour lui son sourire qui faisait la conquête les foules avant même de parler.
Pour Jean-Paul II, c’était son allure d’athlète de Dieu, défiant tous les pouvoirs totalitaires.
Benoît XVI quant à lui est handicapé par son air timide d’intellectuel peu à l’aise devant les foules.

Medium is message : l’important est de retenir que, quelque soit votre morphologie, vous pouvez en faire une « voix de l’Évangile » !

 

Qu’est-ce donc que la voix, sans laquelle la parole ne peut exister ?

a) Nous l’avons en commun avec tous les animaux, qui sont parvenus au seuil du langage, sans franchir cette frontière avec l’humain.

On a inventé un tas de mots pour qualifier la diversité de ces voix animales.
Par exemple : « l’oiseau crie, siffle, babille, caquette, chuchote, vocalise, hulule, gazouille, murmure, pépie, gringotte, jabote, cacarde, jase, piaille, piaule, jacasse, ramage »  1.

Pourquoi ne jouerions-nous pas de toute cette gamme de nuances pour porter la parole de l’Évangile ?


b) les caractéristiques de la voix de quelqu’un sont en lien avec sa personnalité profonde.
Elles dépendent beaucoup de son état affectif.
Quand on téléphone à un proche, rien qu’à entendre sa voix quand il décroche, on peut deviner si son moral est bon, moyen ou mauvais?
Certains ont une voix de poitrine, ou de fausset, d’autres des voix de tête?

- La fréquence d’une voix, mesurée en hertz, traduit la tonalité moyenne de la voix. Parler en basse fréquence ou en haute fréquence n’est pas du tout pareil (pensez à votre poste FM : modulation de fréquence, pour capter toutes les stations).

- L’intensité d’une voix, mesurée en décibels, traduit la force de la relation, depuis le murmure jusqu’au cri inaudible. Timidité ou affirmation de soi jouent de l’intensité de la voix?

- Le timbre de la voix est sans doute le facteur le plus personnel, non mesurable. La voix chaude de Jean Rochefort, nasillarde de Claude Piéplu dans les shaddocks, ou la voie suave et sensuelle des hôtesses d’aéroport nous marquent plus qu’on ne le pense?

Comment travaillons-nous notre « voix de l’Évangile » en jouant de tous ces registres ?

- Calons-nous notre fréquence sur celle que peut recevoir notre auditeur ? (fréquence art / fréquence sport / fréquence humanité?).

- Adaptons-nous l’intensité de notre annonce à la situation du moment ? (cf. les évêques haussant le ton pour appeler à un débat social sur le ‘mariage pour tous’)

- Choisissons-nous le timbre de notre voix pour annoncer l’Évangile : chaleureux ou grave s’il le faut, frais et joyeux à un autre moment etc ??


Vous voyez : la voix est une médiation entre le corps et le langage, entre la chair et les sons articulés.
C’est une transition, un « espace transitionnel » (Winnicott) entre une personne et un message.

 

La Parole ne peut se faire chair sans la Voix

Comme Jésus se révèle Parole grâce à Jean Baptiste – la voix dans le désert – la voix n’est pas la parole, mais sans elle pas de parole.

« La voix est ce par où le corps franchit sa limite pour devenir progressivement langage » 2. Depuis le premier cri du nourrisson sortant des entrailles maternelles jusqu’au chant mystique, la voix est médiatrice entre le corps et le langage.

Jean Baptiste dans l’Évangile d’aujourd’hui nous invite à travailler ces médiations: par quelle voix porterons-nous le Christ à nos frères ?

 

La Parole avant la voix

Pour terminer, une petite ouverture, encore plus vertigineuse que le mystère de la voix humaine, pourtant à peine esquissé.

Ce qu’il y a d’original en christianisme, c’est que - en Dieu comme en moi – la Parole précède la voix, à l’inverse du genre humain.

« Au commencement était la Parole «  (Prologue de Jean).

Christ est d’abord au plus intime de notre être, Verbe incarné (c’est cela Noël-pour-moi).
Parole de Dieu enfouie dans ma chair et qui en façonne une voix, un cri.
Si ma voix se nourrit de la présence du Verbe en moi, elle transmettra quelque chose de Dieu aux hommes.
Si ma voix n’a pas d’autre source que l’animal qui est aussi en moi, elle ne sera qu’un « cymbale qui résonne » dans le vide.


Seigneur Jésus, toi la Parole qui demeure près du Père, fais de nous la voix de ton amour, pour crier dans le désert, pour chanter ta venue au coeur de nos villes !

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1. La voix et ses sortilèges, M. Fr Castarède, Ed les Belles Lettres, 1987, p 15.

2. ibid., p 131.

 

1ère lecture : En marche vers la Jérusalem nouvelle (Ba 5, 1-9)

Lecture du livre de Baruc

Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel.
Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel, car Dieu pour toujours te donnera ces noms : « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ».
Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient.
Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal.
Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu.
Sur l’ordre de Dieu, les forêts et leurs arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice.

Psaume : Ps 125, 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6

R/ Dieu guidera son peuple dans la joie à la lumière de sa gloire

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie. 

Alors on disait parmi les nations : 
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! » 

Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête ! 

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.

Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie. 

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes. 

2ème lecture : Marchons sans trébucher vers le jour du Christ(Ph 1, 4-6.8-11)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens

Frères, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l’Évangile en communion avec moi, depuis le premier jour jusqu’à maintenant.
Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus.
Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus.
Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.

Evangile : Jean Baptiste prépare le chemin du Seigneur (Lc 3, 1-6)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, aplanisez la route : tout homme verra le salut de Dieu. Alléluia. (Cf. Lc 3, 4.6)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie.
Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route.
Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu.
Patrick Braud

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6 décembre 2012

Catho style: la parodie du Gangnam Style !

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Voici « LA » nouvelle parodie du Gangnam Style !

Que tu sois tradi’ ou charismatique, classique ou enthousiaste, grenouille de bénitier ou électron libre, super croyant ou en phase d’interrogation intense, toi aussi tu as certainement du style…le Catho Style !!

 

This is « THE » new parody of Gangnam Style! Juste enjoy, maybe it’s also your style!

 

1 décembre 2012

Sous le signe de la promesse

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Sous le signe de la promesse

Homélie du premier dimanche de l’Avent Année C
04/12/2012

Qu’est-ce qui nous fait agir ?
Quel est le moteur de nos efforts, de notre persévérance ?
Qu’est-ce qui nous soutient lorsque les temps sont difficiles ?

Jérémie répond sans hésiter : la promesse.

La promesse que Dieu vous a faite se réalisera, vous pouvez vous appuyer sur cette conviction pour tenir bon.

Six siècles avant Jésus-Christ, alors que le peuple juif est vaincu, exilé à Babylone, alors qu’il a tout perdu : roi, temple, terre, Jérémie lui annonce que la promesse tient toujours, plus que jamais.

« Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda :
En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera: ‘Le-Seigneur-est-notre-justice’ »

Le véritable prophète n’est donc pas un oiseau de mauvaise augure qui se plairait à annoncer des catastrophes. Est prophétique celui qui nous rappelle la promesse qui oriente notre marche.

Certains oracles économiques voudraient nous faire vivre sous le signe de la peur : les ressources seraient limitées au point de menacer notre croissance ; le développement durable ne serait pas un choix mais une condamnation inéluctable ; la mondialisation serait une machine à délocalisation et régression sociale. Ces prophètes de malheur nous ramènent à l’époque où l’économie était une « triste science » 1  placée sous le signe de la menace plus que de la promesse !

 

Or le peuple de la Bible n’a pas traversé les siècles en évitant des catastrophes ou en conjurant les menaces. Il est devenu lui-même en croyant à la promesse que Dieu lui a faite, et en ne cessant de se relever pour marcher vers son accomplissement.
C’est sur une promesse de fécondité qu’Abraham a quitté sa terre natale et ses idoles.
C’est sur une promesse de libération que Moïse a osé faire face à Pharaon.
C’est sur la promesse d’une royauté pour toujours que David est monté sur le trône.
C’est sur la promesse du retour transmise par les prophètes comme Jérémie que le peuple juif a enduré 40 ans d’exil, puis deux millénaires de diaspora :« l’an prochain à Jérusalem ! »
C’est sur la promesse de la venue du Christ et de notre rédemption que les martyrs chrétiens ont fondé leur espérance, que l’Église veille et attend : « Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »

À y réfléchir, que serions-nous sans les promesses qui nous ont mis en mouvement depuis notre naissance ?
Tenues ou pas, ces promesses ont nourri notre envie de vivre, elles ont galvanisé notre énergie.
Le sourire de nos parents nous a fait sortir des vagissements des premiers mois en nous ouvrant au visage de l’autre. Les amitiés d’adolescents ou d’étudiants ont résonné comme des promesses de liens forts où la communion entre les êtres est possible. Pour beaucoup d’entre nous, le mariage est toujours une promesse qui permet de construire ensemble avec confiance : « je te reçois … » Il n’est pas jusqu’à la carrière qui ne soit placée elle aussi sous le signe de la promesse : votre investissement au travail sera récompensé par plus de responsabilités, par une meilleure rémunération, une satisfaction plus grande.

Si ce ressort n’est plus crédible, alors le salarié se méfie de sa direction, l’époux doute de sa relation avec l’épouse, l’ami s’éloigne de l’ami.

Bénéficier d’une promesse est essentiel pour devenir humain.

Il faudrait d’ailleurs inventer un passif au verbe promettre qui n’est pas d’abord un actif quoi qu’on en dise ! C’est Dieu qui prend l’initiative de la promesse, pas Israël. C’est le Christ qui promet son retour, et non l’Église qui l’organise. C’est moi qui suis le bénéficiaire de la promesse, pas son sujet.

« Être promis » renvoie dans notre langue à l’ancienne coutume où les parents promettaient leur enfant en mariage à une autre famille. La promise était la fiancée donnée par l’une à l’autre. Dans la Bible, c’est Dieu lui-même qui est à la fois le promis et la promesse, le don et le donateur, l’horizon et le chemin. Et c’est l’homme, chaque homme, qui « est promis » à Dieu.

La période de l’Avent qui ouvre chaque nouvelle année liturgique nous rappelle que nous vivons sous le signe de la promesse.

Impossible alors de s’endormir en s’installant dans l’ordre actuel des choses.

Impossible de laisser la peur ou la menace miner nos raisons d’agir.

Nos familles n’ont pas à laisser les bouleversements actuels les effrayer : la promesse d’une solidarité entre frères et soeurs, entre générations familiales est si forte que c’est cela qui doit nous mobiliser et pas la peur d’autres modèles.

Notre économie n’a pas à se replier sur elle-même par peur de la mondialisation ou des menaces écologiques : l’invention de nouveaux modes de vie repose sur la conviction que la terre a encore beaucoup à offrir et la vie sociale avec.

Notre travail n’a pas à se résigner à n’être qu’alimentaire en ces temps de précarité : il est le lieu d’une promesse d’épanouissement et de participation un élan commun.

La promesse, c’est les jambes qui nous mettent en mouvement. C’est ce qui nourrit nos espérances. C’est ce qui nous invite à nous battre pour un horizon plutôt que contre les ennemis différents de nous.

Reprenons conscience d’être le peuple de la promesse, « afin de paraître debout devant le Fils de l’Homme ».

 


[1]« L’économie n’est pas une science gaie… Non, c’est une science ennuyeuse, désolante, absolument abjecte et déprimante : on pourrait l’appeler, en somme, ‘la triste science’ »  Thomas Carlyle, 1849.

 

 

1ère lecture : Annonce de la venue du Messie (Jr 33, 14-16)

Lecture du livre de Jérémie

Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda :
En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice ».

Psaume : Ps 24, 4-5ab, 8-9, 10.14

R/ Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu.

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve. 

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Les voies du Seigneur sont amour et vérité
pour qui veille à son alliance et à ses lois.
Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ;
à ceux-là, il fait connaître son alliance.

2ème lecture : Comment se préparer pour le jour du Seigneur (1Th 3, 12 — 4, 2)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous.
Et qu’ainsi il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints.
Pour le reste, vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous en prions, frères, nous vous le demandons dans le Seigneur Jésus. D’ailleurs, vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.

Évangile : L’attente de la venue du Fils de l’homme (Lc 21, 25-28.34-36)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde : fais-nous voir le jour de ton salut. Alléluia. (cf. Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.

Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre c?ur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »
Patrick Braud

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24 novembre 2012

Non-violence : la voie royale

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Non-violence : la voie royale

Homélie pour la fête du Christ Roi
25/11/2012

La preuve suprême de la puissance, c’est de ne pas l’utiliser

« Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici. » (Jn 18,36)

La preuve suprême de la royauté de Jésus réside ici dans sa non-violence.

« Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? » (Mt 26,53)

Le refus d’utiliser la force armée, la contrainte, la puissance pour se faire reconnaître cause à la fois sa perte et sa grandeur.

À la différence des rois d’Israël qui voyaient dans leurs succès militaires la preuve de l’élection divine, à la différence de Mahomet qui imposa par l’épée l’islam aux pays arabes, Jésus – lui – a préféré perdre son procès plutôt que de s’imposer, être rayé du monde des vivants plutôt que de tuer lui-même, être assimilé à un maudit plutôt que de maudire.

Or il avait cette puissance, et il aurait pu l’exercer pour dominer ses accusateurs. Mais il préfère garder le silence, se laisser maltraiter, éliminer, plutôt que d’obliger Hérode à croire en lui grâce à des prodiges époustouflants, plutôt que de forcer Pilate à s’incliner devant lui en se montrant dans toute sa gloire.

Étonnante stratégie que cette non-violence royale.

Seul les forts qui n’ont pas de doute sur leur identité peuvent ainsi accepter de ne pas recourir à la violence pour l’imposer.

Seul les forts ne se sentent pas déstabilisés par l’agression d’autrui, au point de n’avoir pas besoin de rétablir la vérité qui finira toujours par triompher d’elle-même tôt ou tard.

Cette non-violence fut caractéristique des premiers témoins du Christ : les martyrs dans l’arène romaine ne criaient pas leur haine et ne se débattaient pas violemment contre leurs ennemis. Non : ils chantaient, ils priaient pour ceux qui les persécutaient. Ils ne prêchaient pas le soulèvement armé pour résister à Néron, car ils savaient que la violence n’aurait alors fait que changer de maître, pas de nature. À la différence des djihadistes et autres kamikazes qui croient servir leur Dieu à travers des attentats, des suicides explosifs, des violences terroristes, les martyrs chrétiens témoignent depuis 2000 ans que la violence ne sert finalement à rien. Elle est non seulement inefficace, mais également contre-productive : la violence nourrit le sentiment de revanche, la force nourrit la haine, la victoire des armes prépare la défaite dans les coeurs.

Et surtout, la violence est contraire à la royauté du Christ : la façon dont le Christ désire régner est celle de l’amour, librement choisi et donné.

Explorons le rôle qu’a joué la violence dans la vie de Jésus, en pensant à la nôtre bien sûr.

 

La violence comme réponse à l’Évangile

Dès sa naissance, Jésus semble déchaîner la violence autour de lui par sa seule présence. Non-violence : la voie royale dans Communauté spirituelle massacre-des-innocents-poussinLe massacre des innocents rapporté par Luc a sûrement pour but de faire un parallèle inversé entre la naissance de Jésus et la libération d’Égypte marquée par la 10° plaie où les premiers-nés égyptiens sont exterminés par l’ange de la mort. Quoi qu’il en soit de la réalité historique, la réaction du roi Hérode à la bonne nouvelle de la naissance du Messie est passée rapidement de la curiosité à la jalousie meurtrière.
Voilà donc un roi qui envoie ses gardes contre celui qui refusera de faire de même…

Par la suite, les paroles et les actes de Jésus susciteront tellement de crainte de la part des puissants qu’ils vont s’allier pour conspirer contre lui, et le faire tomber sous de fausses accusations. Plusieurs fois on veut lapider ce prophète si radical ; plusieurs fois on lui manifeste mépris et exclusion. Et bien sûr, toute cette opposition culminera lors du procès et de la Passion en violence physique, morale, religieuse d’une intensité indicible.

 

La violence de l’Évangile

Jésus refuse de s’imposer par la force, et pourtant il n’hésite pas à utiliser une certaine forme de violence au service de l’Évangile. Quand il chasse les vendeurs du Temple de Jérusalem à coups de fouet (Jn 2,15), on est loin d’un doux Jésus sulpicien et un peu guimauve. Quand il traite les pharisiens d’hypocrites (Mt 23, 13-29) et les scribes de sépulcres blanchis (Mt 23,27) on ne peut pas dire qu’il soit mièvre ou « peace and love » ; quand il défie Hérode, « ce renard » (Lc 13,32), ou les juifs qu’il accuse d’avoir le diable, le menteur pour Père (Jn 8,44), il est plus proche du Jésus de Pasolini (dans le film l’Évangile selon Matthieu, 1964) que de celui de Zeffirelli (dans le film Jésus de Nazareth, 1977).

D’ailleurs Jésus a diagnostiqué que le royaume de Dieu souffre violence : « le Royaume de Dieu est annoncé, et tous s’efforcent d’y entrer par violence » (Lc 16,16).

S’il est non violent, Jésus n’en est pas pour autant dépourvu de combativité : son fighting spirit se traduit en gestes symboliques perçus comme scandaleux et en paroles tranchantes.

 

Le roi non-violent

Reste que la formidable puissance dont il dispose, Jésus n’a jamais voulu l’utiliser contre ses détracteurs. Il a déçu nombre de ses disciples à cause de cela, en refusant de les lancer dans la lutte armée contre l’occupant romain. Judas en sera tellement meurtri qu’il le livrera aux chefs du peuple.

Piètre révolutionnaire qui n’organise pas ses troupes pour la conquête du pouvoir !

Sans doute Jésus sait-il d’expérience – la longue expérience d’Israël remplie de sang et de vengeance – que l’usage de la force n’engendre qu’injustice et ressentiment de génération en génération : « Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. » (Mt 26,52)

Plus encore, parce qu’il reçoit sa royauté de son Père, Jésus est non violent par nature.

Car Dieu règne lorsque la libre adhésion de ses amis les fait entrer dans son intimité. Pas lorsqu’on veut imposer la foi en forçant les consciences et les libertés.

9782873564599 Christ dans Communauté spirituelleLa non-violence de Jésus, en ce sens, ne ressemble pas à celle de Gandhi ou de Martin Luther King : c’est plutôt l’inverse. La non-violence du Christ est à la source de notre courage non-violent. C’est en le contemplant que nous pouvons trouver la force de ne pas céder à la violence. C’est en le suivant que nous pouvant endurer sans répondre au mal par le mal. C’est en communiant à son être que nous adopterons une juste attitude vis-à-vis de ceux qui nous font souffrir.

Ni vengeance ni lutte armée : la royauté du Christ nous indique une autre voie pour régler nos conflits, nos inévitables dissensions.

Alors, devant Pilate, Jésus est lucide : la violence de la justice romaine va le broyer, il le sait bien ; la haine des responsables juifs va l’humilier, il en a transpiré du sang à Gethsémani ; l’aveuglement de la foule va demander sa crucifixion, il y est préparé. Ce n’est pas en luttant par les armes que lui ou ses disciples pourraient renverser la situation. C’est en aimant jusqu’au bout ceux qui le détestent que la royauté du Christ vaincra le déferlement de violence qui s’abat sur lui.

Le concile Vatican II le dira en une formule-clé : « le Concile déclare [?] que la vérité ne s’impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance. » (Dignitatis Humane 1)

 

La non-violence évangélique est encore une idée neuve dans notre humanité.

De nos familles aux peuples des nations, en passant par nos entreprises ou nos quartiers, c’est la voie royale pour devenir avec le Christ de véritables artisans de paix autour de nous. 

 

1ère lecture : La royauté du Fils de l’homme (Dn 7, 13-14)

Lecture du livre de Daniel

Moi, Daniel,
je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.
Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Psaume : 92, 1abc, 1d-2, 5

R/ Jésus Christ, Seigneur, tu règnes dans la gloire.

Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force. 

Et la terre tient bon, inébranlable ;
dès l’origine ton trône tient bon,
depuis toujours, tu es.

Tes volontés sont vraiment immuables :
la sainteté emplit ta maison,
Seigneur, pour la suite des temps.

2ème lecture : Le sacerdoce royal des sauvés (Ap 1, 5-8)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Que la grâce et la paix vous soient données, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous le royaume et les prêtres de Dieu son Père, à lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen.
Voici qu’il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront, même ceux qui l’ont transpercé ; et, en le voyant, toutes les tribus de la terre se lamenteront. Oui, vraiment ! Amen !
Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, je suis celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.

Evangile : « Je suis roi » (Jn 18, 33-37)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Béni soit le règne de David notre Père, le Royaume des temps nouveaux ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Alléluia. (cf. Mc 11, 10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Lorsque Jésus comparu devant Pilate, celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? »
Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici. »
Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. »
Patrick Braud

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