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Que tu sois tradi’ ou charismatique, classique ou enthousiaste, grenouille de bénitier ou électron libre, super croyant ou en phase d’interrogation intense, toi aussi tu as certainement du style…le Catho Style !!
This is « THE » new parody of Gangnam Style! Juste enjoy, maybe it’s also your style!
Homélie du premier dimanche de l’Avent Année C 04/12/2012
Qu’est-ce qui nous fait agir ? Quel est le moteur de nos efforts, de notre persévérance ?
Qu’est-ce qui nous soutient lorsque les temps sont difficiles ?
Jérémie répond sans hésiter : la promesse.
La promesse que Dieu vous a faite se réalisera, vous pouvez vous appuyer sur cette conviction pour tenir bon.
Six siècles avant Jésus-Christ, alors que le peuple juif est vaincu, exilé à Babylone, alors qu’il a tout perdu : roi, temple, terre, Jérémie lui annonce que la promesse tient toujours, plus que jamais.
« Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda :
En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera: ‘Le-Seigneur-est-notre-justice’ »
Le véritable prophète n’est donc pas un oiseau de mauvaise augure qui se plairait à annoncer des catastrophes. Est prophétique celui qui nous rappelle la promesse qui oriente notre marche.
Certains oracles économiques voudraient nous faire vivre sous le signe de la peur : les ressources seraient limitées au point de menacer notre croissance ; le développement durable ne serait pas un choix mais une condamnation inéluctable ; la mondialisation serait une machine à délocalisation et régression sociale. Ces prophètes de malheur nous ramènent à l’époque où l’économie était une « triste science » 1placée sous le signe de la menace plus que de la promesse !
Or le peuple de la Bible n’a pas traversé les siècles en évitant des catastrophes ou en conjurant les menaces. Il est devenu lui-même en croyant à la promesse que Dieu lui a faite, et en ne cessant de se relever pour marcher vers son accomplissement. C’est sur une promesse de fécondité qu’Abraham a quitté sa terre natale et ses idoles. C’est sur une promesse de libération que Moïse a osé faire face à Pharaon. C’est sur la promesse d’une royauté pour toujours que David est monté sur le trône. C’est sur la promesse du retour transmise par les prophètes comme Jérémie que le peuple juif a enduré 40 ans d’exil, puis deux millénaires de diaspora :« l’an prochain à Jérusalem ! » C’est sur la promesse de la venue du Christ et de notre rédemption que les martyrs chrétiens ont fondé leur espérance, que l’Église veille et attend : « Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. »
À y réfléchir, que serions-nous sans les promesses qui nous ont mis en mouvement depuis notre naissance ? Tenues ou pas, ces promesses ont nourri notre envie de vivre, elles ont galvanisé notre énergie. Le sourire de nos parents nous a fait sortir des vagissements des premiers mois en nous ouvrant au visage de l’autre. Les amitiés d’adolescents ou d’étudiants ont résonné comme des promesses de liens forts où la communion entre les êtres est possible. Pour beaucoup d’entre nous, le mariage est toujours une promesse qui permet de construire ensemble avec confiance : « je te reçois … » Il n’est pas jusqu’à la carrière qui ne soit placée elle aussi sous le signe de la promesse : votre investissement au travail sera récompensé par plus de responsabilités, par une meilleure rémunération, une satisfaction plus grande.
Si ce ressort n’est plus crédible, alors le salarié se méfie de sa direction, l’époux doute de sa relation avec l’épouse, l’ami s’éloigne de l’ami.
Bénéficier d’une promesse est essentiel pour devenir humain.
Il faudrait d’ailleurs inventer un passif au verbe promettre qui n’est pas d’abord un actif quoi qu’on en dise ! C’est Dieu qui prend l’initiative de la promesse, pas Israël. C’est le Christ qui promet son retour, et non l’Église qui l’organise. C’est moi qui suis le bénéficiaire de la promesse, pas son sujet.
« Être promis » renvoie dans notre langue à l’ancienne coutume où les parents promettaient leur enfant en mariage à une autre famille. La promise était la fiancée donnée par l’une à l’autre. Dans la Bible, c’est Dieu lui-même qui est à la fois le promis et la promesse, le don et le donateur, l’horizon et le chemin. Et c’est l’homme, chaque homme, qui « est promis » à Dieu.
La période de l’Avent qui ouvre chaque nouvelle année liturgique nous rappelle que nous vivons sous le signe de la promesse.
Impossible alors de s’endormir en s’installant dans l’ordre actuel des choses.
Impossible de laisser la peur ou la menace miner nos raisons d’agir.
Nos familles n’ont pas à laisser les bouleversements actuels les effrayer : la promesse d’une solidarité entre frères et soeurs, entre générations familiales est si forte que c’est cela qui doit nous mobiliser et pas la peur d’autres modèles.
Notre économie n’a pas à se replier sur elle-même par peur de la mondialisation ou des menaces écologiques : l’invention de nouveaux modes de vie repose sur la conviction que la terre a encore beaucoup à offrir et la vie sociale avec.
Notre travail n’a pas à se résigner à n’être qu’alimentaire en ces temps de précarité : il est le lieu d’une promesse d’épanouissement et de participation un élan commun.
La promesse, c’est les jambes qui nous mettent en mouvement. C’est ce qui nourrit nos espérances. C’est ce qui nous invite à nous battre pour un horizon plutôt que contre les ennemis différents de nous.
Reprenons conscience d’être le peuple de la promesse, « afin de paraître debout devant le Fils de l’Homme ».
[1]. « L’économie n’est pas une science gaie… Non, c’est une science ennuyeuse, désolante, absolument abjecte et déprimante : on pourrait l’appeler, en somme, ‘la triste science’ » Thomas Carlyle, 1849.
1ère lecture :Annonce de la venue du Messie(Jr 33, 14-16)
Lecture du livre de Jérémie
Parole du Seigneur : Voici venir des jours où j’accomplirai la promesse de bonheur que j’ai adressée à la maison d’Israël et à la maison de Juda :
En ces jours-là, en ce temps-là, je ferai naître chez David un Germe de justice, et il exercera dans le pays le droit et la justice.
En ces jours-là, Juda sera délivré, Jérusalem habitera en sécurité, et voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice ».
Psaume :Ps 24, 4-5ab, 8-9, 10.14
R/ Vers toi, Seigneur, j’élève mon âme, vers toi, mon Dieu.
Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.
Il est droit, il est bon, le Seigneur, lui qui montre aux pécheurs le chemin. Sa justice dirige les humbles, il enseigne aux humbles son chemin.
Les voies du Seigneur sont amour et vérité pour qui veille à son alliance et à ses lois. Le secret du Seigneur est pour ceux qui le craignent ; à ceux-là, il fait connaître son alliance.
2ème lecture :Comment se préparer pour le jour du Seigneur(1Th 3, 12 — 4, 2)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens
Frères, que le Seigneur vous donne, entre vous et à l’égard de tous les hommes, un amour de plus en plus intense et débordant, comme celui que nous avons pour vous.
Et qu’ainsi il vous établisse fermement dans une sainteté sans reproche devant Dieu notre Père, pour le jour où notre Seigneur Jésus viendra avec tous les saints.
Pour le reste, vous avez appris de nous comment il faut vous conduire pour plaire à Dieu ; et c’est ainsi que vous vous conduisez déjà. Faites donc de nouveaux progrès, nous vous en prions, frères, nous vous le demandons dans le Seigneur Jésus. D’ailleurs, vous savez bien quelles instructions nous vous avons données de la part du Seigneur Jésus.
Évangile :L’attente de la venue du Fils de l’homme(Lc 21, 25-28.34-36)
Acclamation :Alléluia. Alléluia. Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde : fais-nous voir le jour de ton salut. Alléluia.(cf. Ps 84, 8)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles. Sur terre, les nations seront affolées par le fracas de la mer et de la tempête. Les hommes mourront de peur dans la crainte des malheurs arrivant sur le monde, car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans la nuée, avec grande puissance et grande gloire. Quand ces événements commenceront, redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche.
Tenez-vous sur vos gardes, de crainte que votre c?ur ne s’alourdisse dans la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie, et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste. Comme un filet, il s’abattra sur tous les hommes de la terre. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes d’échapper à tout ce qui doit arriver, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. » Patrick Braud
La preuve suprême de la puissance, c’est de ne pas l’utiliser
« Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici. »(Jn 18,36)
La preuve suprême de la royauté de Jésus réside ici dans sa non-violence.
« Penses-tu donc que je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? »(Mt 26,53)
Le refus d’utiliser la force armée, la contrainte, la puissance pour se faire reconnaître cause à la fois sa perte et sa grandeur.
À la différence des rois d’Israël qui voyaient dans leurs succès militaires la preuve de l’élection divine, à la différence de Mahomet qui imposa par l’épée l’islam aux pays arabes, Jésus – lui – a préféré perdre son procès plutôt que de s’imposer, être rayé du monde des vivants plutôt que de tuer lui-même, être assimilé à un maudit plutôt que de maudire.
Or il avait cette puissance, et il aurait pu l’exercer pour dominer ses accusateurs. Mais il préfère garder le silence, se laisser maltraiter, éliminer, plutôt que d’obliger Hérode à croire en lui grâce à des prodiges époustouflants, plutôt que de forcer Pilate à s’incliner devant lui en se montrant dans toute sa gloire.
Étonnante stratégie que cette non-violence royale.
Seul les forts qui n’ont pas de doute sur leur identité peuvent ainsi accepter de ne pas recourir à la violence pour l’imposer.
Seul les forts ne se sentent pas déstabilisés par l’agression d’autrui, au point de n’avoir pas besoin de rétablir la vérité qui finira toujours par triompher d’elle-même tôt ou tard.
Cette non-violence fut caractéristique des premiers témoins du Christ : les martyrs dans l’arène romaine ne criaient pas leur haine et ne se débattaient pas violemment contre leurs ennemis. Non : ils chantaient, ils priaient pour ceux qui les persécutaient. Ils ne prêchaient pas le soulèvement armé pour résister à Néron, car ils savaient que la violence n’aurait alors fait que changer de maître, pas de nature. À la différence des djihadistes et autres kamikazes qui croient servir leur Dieu à travers des attentats, des suicides explosifs, des violences terroristes, les martyrs chrétiens témoignent depuis 2000 ans que la violence ne sert finalement à rien. Elle est non seulement inefficace, mais également contre-productive : la violence nourrit le sentiment de revanche, la force nourrit la haine, la victoire des armes prépare la défaite dans les coeurs.
Et surtout, la violence est contraire à la royauté du Christ : la façon dont le Christ désire régner est celle de l’amour, librement choisi et donné.
Explorons le rôle qu’a joué la violence dans la vie de Jésus, en pensant à la nôtre bien sûr.
La violence comme réponse à l’Évangile
Dès sa naissance, Jésus semble déchaîner la violence autour de lui par sa seule présence. Le massacre des innocents rapporté par Luc a sûrement pour but de faire un parallèle inversé entre la naissance de Jésus et la libération d’Égypte marquée par la 10° plaie où les premiers-nés égyptiens sont exterminés par l’ange de la mort. Quoi qu’il en soit de la réalité historique, la réaction du roi Hérode à la bonne nouvelle de la naissance du Messie est passée rapidement de la curiosité à la jalousie meurtrière. Voilà donc un roi qui envoie ses gardes contre celui qui refusera de faire de même…
Par la suite, les paroles et les actes de Jésus susciteront tellement de crainte de la part des puissants qu’ils vont s’allier pour conspirer contre lui, et le faire tomber sous de fausses accusations. Plusieurs fois on veut lapider ce prophète si radical ; plusieurs fois on lui manifeste mépris et exclusion. Et bien sûr, toute cette opposition culminera lors du procès et de la Passion en violence physique, morale, religieuse d’une intensité indicible.
La violence de l’Évangile
Jésus refuse de s’imposer par la force, et pourtant il n’hésite pas à utiliser une certaine forme de violence au service de l’Évangile. Quand il chasse les vendeurs du Temple de Jérusalem à coups de fouet (Jn 2,15), on est loin d’un doux Jésus sulpicien et un peu guimauve. Quand il traite les pharisiens d’hypocrites(Mt 23, 13-29) et les scribes desépulcres blanchis(Mt 23,27) on ne peut pas dire qu’il soit mièvre ou « peace and love » ; quand il défie Hérode,« ce renard »(Lc 13,32), ou les juifs qu’il accuse d’avoir le diable, lementeurpour Père (Jn 8,44), il est plus proche du Jésus de Pasolini (dans le film l’Évangile selon Matthieu, 1964) que de celui de Zeffirelli (dans le film Jésus de Nazareth, 1977).
D’ailleurs Jésus a diagnostiqué que le royaume de Dieu souffre violence : « le Royaume de Dieu est annoncé, et tous s’efforcent d’y entrer par violence »(Lc 16,16).
S’il est non violent, Jésus n’en est pas pour autant dépourvu de combativité : son fighting spirit se traduit en gestes symboliques perçus comme scandaleux et en paroles tranchantes.
Le roi non-violent
Reste que la formidable puissance dont il dispose, Jésus n’a jamais voulu l’utiliser contre ses détracteurs. Il a déçu nombre de ses disciples à cause de cela, en refusant de les lancer dans la lutte armée contre l’occupant romain. Judas en sera tellement meurtri qu’il le livrera aux chefs du peuple.
Piètre révolutionnaire qui n’organise pas ses troupes pour la conquête du pouvoir !
Sans doute Jésus sait-il d’expérience – la longue expérience d’Israël remplie de sang et de vengeance – que l’usage de la force n’engendre qu’injustice et ressentiment de génération en génération : « Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. »(Mt 26,52)
Plus encore, parce qu’il reçoit sa royauté de son Père, Jésus est non violent par nature.
Car Dieu règne lorsque la libre adhésion de ses amis les fait entrer dans son intimité. Pas lorsqu’on veut imposer la foi en forçant les consciences et les libertés.
La non-violence de Jésus, en ce sens, ne ressemble pas à celle de Gandhi ou de Martin Luther King : c’est plutôt l’inverse. La non-violence du Christ est à la source de notre courage non-violent. C’est en le contemplant que nous pouvons trouver la force de ne pas céder à la violence. C’est en le suivant que nous pouvant endurer sans répondre au mal par le mal. C’est en communiant à son être que nous adopterons une juste attitude vis-à-vis de ceux qui nous font souffrir.
Ni vengeance ni lutte armée : la royauté du Christ nous indique une autre voie pour régler nos conflits, nos inévitables dissensions.
Alors, devant Pilate, Jésus est lucide : la violence de la justice romaine va le broyer, il le sait bien ; la haine des responsables juifs va l’humilier, il en a transpiré du sang à Gethsémani ; l’aveuglement de la foule va demander sa crucifixion, il y est préparé. Ce n’est pas en luttant par les armes que lui ou ses disciples pourraient renverser la situation. C’est en aimant jusqu’au bout ceux qui le détestent que la royauté du Christ vaincra le déferlement de violence qui s’abat sur lui.
Le concile Vatican II le dira en une formule-clé : « le Concile déclare [?] que la vérité ne s’impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance. »(Dignitatis Humane 1)
La non-violence évangélique est encore une idée neuve dans notre humanité.
De nos familles aux peuples des nations, en passant par nos entreprises ou nos quartiers, c’est la voie royale pour devenir avec le Christ de véritables artisans de paix autour de nous.
1ère lecture : La royauté du Fils de l’homme (Dn 7, 13-14)
Lecture du livre de Daniel
Moi, Daniel,
je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.
Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et toutes les langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.
Psaume : 92, 1abc, 1d-2, 5
R/ Jésus Christ, Seigneur, tu règnes dans la gloire.
Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force.
Et la terre tient bon, inébranlable ; dès l’origine ton trône tient bon, depuis toujours, tu es.
Tes volontés sont vraiment immuables : la sainteté emplit ta maison, Seigneur, pour la suite des temps.
2ème lecture : Le sacerdoce royal des sauvés (Ap 1, 5-8)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Que la grâce et la paix vous soient données, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né d’entre les morts, le souverain des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous le royaume et les prêtres de Dieu son Père, à lui gloire et puissance pour les siècles des siècles. Amen.
Voici qu’il vient parmi les nuées, et tous les hommes le verront, même ceux qui l’ont transpercé ; et, en le voyant, toutes les tribus de la terre se lamenteront. Oui, vraiment ! Amen !
Je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu, je suis celui qui est, qui était et qui vient, le Tout-Puissant.
Evangile : « Je suis roi » (Jn 18, 33-37)
Acclamation :Alléluia. Alléluia. Béni soit le règne de David notre Père, le Royaume des temps nouveaux ! Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! Alléluia. (cf. Mc 11, 10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Lorsque Jésus comparu devant Pilate, celui-ci l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? »
Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien parce que d’autres te l’ont dit ? »
Pilate répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta nation et les chefs des prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? »
Jésus déclara : « Ma royauté ne vient pas de ce monde ; si ma royauté venait de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Non, ma royauté ne vient pas d’ici. »
Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi qui dis que je suis roi. Je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Tout homme qui appartient à la vérité écoute ma voix. » Patrick Braud
Homélie du 33° Dimanche ordinaire / Année B 18/11/12
La petite apocalypse de Mc 13,24-32 commence dans un fracas hollywoodien. Visiblement, les images employées ici sont destinées à impressionner : détresse, obscurité, chute des étoiles, puissances célestes ébranlées… Symboliquement, cela signifie que l’homme ne pourra plus se rassurer par lui-même, que ce qui l’éclairait jusqu’à présent (la raison, la science, la sagesse, la coutume…) ne brillera plus pour lui ; que ce qui était élevé va être abaissé, que ce qui paraissait puissant va bientôt être profondément bouleversé.
Les premiers chrétiens étaient persuadés que les temps troublés qu’ils vivaient étaient annonciateurs du retour imminent du Christ : persécutions, révolte contre Rome, destruction du temple de Jérusalem… Au moment où Marc écrit, l’attente du retour du Christ devient une espérance tangible : c’est pour demain ! Peut-être Jésus lui-même a-t-il cru en cette imminence de son retour ? Heureusement, Marc précise que le Fils lui-même ne sait pas quand cela arrivera pour de bon, ce qui évite de spéculer sur la fin du monde à la manière des Témoins de Jéhovah ou des oracles du 21 décembre 2012.
Reste que la venue du Fils de l’homme à notre porte s’accompagne dans un premier temps de chute, de fracas, de destruction.
Qui n’a jamais vu s’écrouler en quelques instants quelque chose ou quelqu’un de très cher ne sait pas de quoi il est question ici.
Est-il privilégié ? Oui parce qu’il évite la douleur de la perte et la morsure de la détresse. Non s’il passe à cause de cela à côté des signes qui annoncent un vrai renouvellement de son existence.
Car la destruction qui accompagne la venue du Fils de l’homme en nos vies se conjugue aussitôt avec une incroyable puissance de résurrection : les branches du figuier deviennent tendres, les feuilles sortent, l’été se rapproche. Il y a ce qui s’écroule et qui fait grand bruit. Il y a ce qui naît en silence. Comme le dit un proverbe africain :« Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse. ».
La venue du Christ en nous s’accompagne selon Marc (et aussi Daniel 12,1-3) d’un double mouvement : chute/relèvement ; obscurité/éveil ; détresse/unité ; bouleversements/puissance.
C’est donc il y a des choses qui s’effacent et d’autres qui naissent, des déclins et des surgissements, des destructions et des re-créations. Le Christ vient à nous sur ces lignes de crête.
Schumpeter et la destruction créatrice
Un économiste du XXe siècle, Joseph Schumpeter, avait diagnostiqué une réalité semblable en économie. Il l’a formalisé dans le célèbre concept de « destruction créatrice », dans lequel il constate que tout progrès économique, toute innovation majeure s’accompagne d’abord d’une destruction d’emplois et de richesse due à l’obsolescence de la technique et des modes de production antérieurs.
« L’impulsion fondamentale qui met et maintient en mouvement la machine capitaliste est imprimée par les nouveaux objets de consommation, les nouvelles méthodes de production et de transport, les nouveaux marchés, les nouveaux types d’organisation industrielle ? tous éléments créés par l’initiative capitaliste. [...] L’histoire de l’équipement productif d’énergie, depuis la roue hydraulique jusqu’à la turbine moderne, ou l’histoire des transports, depuis la diligence jusqu’à l’avion., l’ouverture de nouveaux marchés nationaux ou extérieurs et le développement des organisations productives, depuis l’atelier artisanal et la manufacture jusqu’aux entreprises amalgamées telles que l’U.S. Steel, constituent d’autres exemples du même processus de mutation industrielle ? si l’on me passe cette expression biologique ? qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs. Ce processus de Destruction Créatrice constitue la donnée fondamentale du capitalisme : c’est en elle que consiste, en dernière analyse, le capitalisme et toute entreprise capitaliste doit, bon gré mal gré, s’y adapter. »
Joseph Schumpeter, 1943 (Traduction française de 1951)Capitalisme, socialisme et démocratie, Paris, Payot, p.106 et 107.
Lorsque les métiers à tisser Jacquard vinrent révolutionner l’industrie textile au XIX° siècle, on a cru que c’était la fin du monde pour les canuts de Lyon. Mais ce que les métiers à tisser ont détruit d’emplois s’est réinvesti ailleurs, ou autrement, dans de nouveaux métiers inexistants auparavant. Lorsque l’électricité a concurrencé la vapeur, nombres d’emplois ont dû se transformer et se reconvertir. Lorsque le télégraphe est apparu, les diligences et les compagnies postales se sont écroulées. Aujourd’hui, le tout numérique menace les emplois dédiés au papier et à l’analogique, et en même temps cela crée des dizaines de métiers inconnus jusque-là.
Bref, l’innovation technologique bouleverse, renverse un ordre établi en même temps qu’elle en annonce un autre.
Thomas Kühn et le changement de paradigme
Ce double mouvement de destruction créatrice semble également vrai dans la logique de ladécouverte scientifique. C’est ce que Thomas Kühn appelle le changement de paradigme. Un paradigme, c’est l’ensemble des hypothèses et des interprétations qui permettent d’avoir une vision relativement cohérente du monde. C’est une certaine manière de voir le monde (une Weltanschauung dirait Max Weber). C?estl’ensemble des croyances, valeurs et techniques qui sont partagées par les membres d’une communauté scientifique, au cours d’une période de consensus théorique.
Avec Newton et Galilée, on vivait sous le paradigme d’une mécanique céleste bien huilée et bien ordonnée. Avec Einstein, on est passé à une vision du monde où les anciennes certitudes vacillaient : la masse n’est plus constante, la vitesse dépend de la position d’observateur, l’énergie n’est plus différente fondamentalement de la matière. Avec Planck, Schrödinger et la mécanique quantique, on a basculé dans un monde encore plus troublant et incertain, où on ne sait même plus mesurer la masse et la vitesse d’une particule en même temps. Avec Prigogine et Gleick, on aborde avec étonnement un monde où le chaos fait surgir des formes, où la matière s’organise d’elles-mêmes pour faire émerger de la vie nouvelle.
La lecture pascale des événements
Pourquoi insister longuement sur cette destruction créatrice en économie et autre changement de paradigme en sciences ? Parce que ces concepts nous disent tous à leur manière ce que l’Évangile nous exprime dans le langage de son temps : la venue du divin en nous se situe dans les fractures, entre ce qui s’écroule et ce qui naît.
La Lettre aux catholiques de France des évêques en 1996 diagnostiquait elle aussi que pour comprendre ce qui nous arrive, il faut se placer dans la perspective de la destruction créatrice :
« La crise que traverse l’Église aujourd’hui est due, dans une large mesure, à la répercussion, dans l’Église elle-même et dans la vie de ses membres, d’un ensemble de mutations sociales et culturelles rapides, profondes et qui ont une dimension mondiale.
Nous sommes en train de changer de monde et de société. Un monde s’efface et un autre est en train d’émerger, sans qu’existe aucun modèle préétabli pour sa construction.Des équilibres anciens sont en train de disparaître, et les équilibres nouveaux ont du mal à se constituer. Or, par toute son histoire, spécialement en Europe, l’Église se trouve assez profondément solidaire des équilibres anciens et de la figure du monde qui s’efface. Non seulement elle y était bien insérée, mais elle avait largement contribué à sa constitution, tandis que la figure du monde qu’il s’agit de construire nous échappe ».
La Lettre continue en invitant les catholiques à pratiquer une « lecture pascale » des évènements, c’est-à-dire à percevoir l’annonce de la Résurrection à travers les effondrements actuels, ce qui est finalement assez proche de la destruction créatrice.
« Nous devons apprendre à pratiquer davantage cette lecture pascale de tous les événements de notre existence et de notre histoire. Si nous ouvrons les Écritures, comme Jésus le fait avec les disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24,27), c’est pour comprendre comment dans les souffrances du temps présent se prépare la gloire qui doit se révéler un jour. »
C’est vrai que beaucoup d’indicateurs sont au rouge pour l’Église en France : à peine 6 % de pratiquants, un taux de catéchisation en chute libre, moins de 100 ordinations sacerdotales par an, des finances en péril etc… On peut (et on doit) allonger cette liste des signes du déclin : ce n’est pas en niant la chute qu’on la conjure. Ce n’est pas en se bouchant les oreilles devant le fracas de ce qui s’écroule qu’on va entendre ce qui naît. Ce n’est pas par des discours lénifiants et moralisants qu’on va éviter l’effondrement de ce qui doit mourir. Rien ne sert non plus rejeter la faute à la société environnante : ce serait se mettre hors jeu du renouvellement contenu en germe dans l’effondrement actuel.
Mieux vaut courageusement prendre acte de ce qui meure, et se rendre disponible pour ce qui naît. « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, suis-moi. »
Mieux vaut scruter attentivement la flore environnante pour y reconnaître les jeunes pousses pleines de promesses, les tendres branches du figuier à côté des tiges desséchées.
Nos propres fins d’un monde
Ce qui est vrai de l’économie et de la science ou de l’Église l’est bien sûr de notre vie personnelle.
Celui qui passera par un écroulement complet de sa puissance d’autrefois pourra l’interpréter à la manière du Christ comme l’annonce d’une sur-venue, d’une refondation, d’une fécondité nouvelle. Que ce soit à cause d’un cancer, d’un licenciement, d’une séparation ou d’un deuil, le disciple du Christ pourra finalement entendre dans le fracas de la chute la promesse d’une visite. Il pourra déchiffrer dans ce qui s’efface ainsi l’expérience de ce qui peut en surgir, « à la fin ». Il verra dans les destructions qui frappent son histoirenon pas la fin du monde, mais la fin d’un monde, qui n’avait pas les promesses de la vie éternelle. Il recevra d’au-delà de lui-même la force de ne pas se laisser détruire, mais de quitter le vieux monde qui s’en va en lambeaux pour aller vers le nouveau. Avec la sagesse du serpent qui se frotte entre deux pierres aiguisées pour se débarrasser de sa vieille peau, il secouera lui aussi la poussière de ses pieds pour quitter ce qui ne peut plus désormais que mourir, ce qui ne peut plus exprimer son identité profonde.
Puisse l’Esprit du Christ à nous apprendre à lire les signes des temps, pour la société, pour l’Église et pour nous-mêmes, afin d’accueillir les événements qui nous bouleversent de fond en comble comme autant de destructions créatrices où Dieu lui-même se faufile jusqu’en nous.
1ère lecture : La résurrection des morts (Dn 12, 1-3) Lecture du livre de Daniel Moi, Daniel, j’ai entendu cette parole de la part du Seigneur :
« En ce temps-là se lèvera Michel, le chef des anges, celui qui veille sur ton peuple. Car ce sera un temps de détresse comme il n’y en a jamais eu depuis que les nations existent. Mais en ce temps-là viendra le salut de ton peuple, de tous ceux dont le nom se trouvera dans le livre de Dieu.
Beaucoup de gens qui dormaient dans la poussière de la terre s’éveilleront : les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles.
Les sages brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui sont des maîtres de justice pour la multitude resplendiront comme les étoiles dans les siècles des siècles. »
Psaume : 15, 5.8, 9-10, 1b.11
R/ Garde-moi, Seigneur mon Dieu, toi, mon seul espoir !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon coeur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance : tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption.
Mon Dieu, j’ai fait de toi mon refuge. Tu m’apprends le chemin de la vie : devant ta face, débordement de joie ! À ta droite, éternité de délices !
2ème lecture : Le sacrifice unique (He 10, 11-14.18) Lecture de la lettre aux Hébreux Dans l’ancienne Alliance, les prêtres étaient debout dans le Temple pour célébrer une liturgie quotidienne, et pour offrir à plusieurs reprises les mêmes sacrifices, qui n’ont jamais pu enlever les péchés.
Jésus Christ, au contraire, après avoir offert pour les péchés un unique sacrifice, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Il attend désormais que ses ennemis soient mis sous ses pieds.Par son sacrifice unique, il a mené pour toujours à leur perfection ceux qui reçoivent de lui la sainteté.
Quand le pardon est accordé, on n’offre plus le sacrifice pour les péchés.
Evangile : La venue du Fils de l’homme (Mc 13, 24-32)
Acclamation :Alléluia. Alléluia. Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes de paraître debout devant le Fils de l’homme. Alléluia. (Lc 21, 36)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« En ces temps-là, après une terrible détresse, le soleil s’obscurcira et la lune perdra son éclat. Les étoiles tomberont du ciel, et les puissances célestes seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées avec grande puissance et grande gloire. Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde, de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel.
Que la comparaison du figuier vous instruise : Dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte. Amen, je vous le dis : cette génération ne passera pas avant que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. Quant au jour et à l’heure, nul ne les connaît, pas même les anges dans le ciel, pas même le Fils, mais seulement le Père. » Patrick Braud