L'homélie du dimanche (prochain)

2 novembre 2013

Zachée-culbuto

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Zachée-culbuto

Homélie du 31° dimanche du temps ordinaire / Année C
03/11/2013

 

Descend vite au fond de toi…

Vous rappelez-vous de ce jouet  de l’enfance qu’est le culbuto ?

Zachée-culbuto dans Communauté spirituelle dynamogne_-_mr_culbuto_-_copyright_henry_krul_10

Vous avez beau chercher à le faire tomber, il revient imperturbablement à sa position debout. Toutes les perturbations extérieures ne le détournent pas de sa stabilité, car il a son centre au plus bas de lui-même.

« Zachée, descend vite : aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi. »

Et si Dieu était en bas, au fond de nous-mêmes, au lieu de l’imaginer tout en-haut seulement ?

La conversion de Zachée – et la nôtre – serait alors de revenir à notre propre centre de gravité spirituelle, qui est la demeure du Christ en nous.

Quand les enfants ferment les yeux au caté pour éprouver dans le silence la présence de Dieu, ils sentent d’instinct que le retour à Dieu coïncide avec le retour à soi-même.

Zachée nous dit la réciproque : descendre au plus profond de soi, c’est trouver Dieu. Il croyait devoir s’élever pour enter en contact avec Jésus. Il lui faudra descendre en lui-même pour le trouver.

La vie intérieure, c’est d’abord l’attention à soi.

St Augustin parlait de la pesanteur de l’amour, qui nous amène à descendre au plus profond de nous-même.

Quand la Bible parle de la gloire de Dieu, elle emploie le mot hébreu kabôd qui désigne justement la pesanteur, la masse, la gravité. Comme si rendre gloire à Dieu, c’était se laisser tomber entre ses bras, en nous laissant attirer par son poids d’amour.
Tomber au fond de soi, c’est tomber dans les bras de Dieu.

« Zachée, descend vite ! »


À la manière d’un caillou qui revient à son lieu propre, par la pesanteur, quand rien ne l’empêche de tomber.

À la manière d’un fleuve qui revient dans son lit après une inondation.
À la manière du culbuto qui fascine les tout-petits : au milieu de l’agitation de nos vies, revenir à son centre intérieur, se laisser stabiliser par son propre poids, en bas.
« Qui s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé » nous avertissait Jésus dimanche dernier avec le pharisien et le publicain.

Mais qu’est-ce donc que descendre ? descendre de son figuier ? de son sycomore ? descendre au fond de soi ?

 

Ne pas être étranger à soi-même

mourir-%C3%A0-soi-m%C3%AAme11 arbre dans Communauté spirituelleUn homme me confiait un jour : « J’ai la quarantaine. Jusqu’ici, j’ai vécu sans me poser de questions. J’ai foncé : pour créer ma boîte, pour bâtir mon couple et ma famille. J’étais dans l’action. Maintenant, cela ne me suffit plus. J’ai besoin de dire  » je « . J’ai envie d’explorer des désirs en moi que je passais sous silence sans le savoir, faute de temps pour explorer mon identité. J’en arrive même à remettre mon couple en question. Mais je ne peux plus vivre à la surface de moi-même. »

Les témoignages abondent dans ce sens : quel dommage de se contenter de relations superficielles, alors que la profondeur d’un vrai dialogue est bouleversante ! C’est comme si on soignait un mourant en ne lui parlant que de la pluie et du beau temps…

« Zachée, descend vite » : ne te contente pas du journal télévisé et du journal local ; va puiser en toi une intensité de vivre. Tu verras, je t’attends là, en bas du culbuto. Si tu descends en toi, j’irai chez toi faire ma demeure.


Il s’agit de ne pas être étranger à soi-même.

Prenez l’exemple de la violence : violence sociale, politique, professionnelle, familiale…

Certains fuient la violence comme la peste et évitent les conflits.
D’autres répondent à l’agressivité par l’agressivité, et sont surpris d’éprouver la violence en eux.

Pour tous l’enjeu est de vivre la violence de manière évangélique : non pas superficiellement, en agissant sans réfléchir (que ce soit dans un sens ou dans un autre), mais en descendant en son fond le plus intime : que faire de cette violence ? Comment ne pas se laisser manipuler par son passé ? Comment la convertir en violence à la manière du Christ ? Celui qui descend au fond de sa violence pour laisser Dieu la transformer, celui-là engendre Dieu en lui : au sens le plus fort, le Fils de Dieu naît en lui, il engendre le Verbe, il devient la Mère de Dieu !
De même celui ou celle qui descend au fond de son angoisse, de son émerveillement, de son amour ou de sa solitude?

 

Une vie bouleversée

Etty Hillesum, jeune juive dans le ghetto d’Amsterdam, et bientôt déportée volontaire dans le camp de Westerbok, témoigne dans son journal de cette descente « au fond » de l’âme, qui produit une sérénité incroyable, même au milieu de l’horreur.

41-no-m60cL._ culbuto« La semaine prochaine, il est probable que tous les juifs hollandais subiront l’examen médical.
De minute en minute, de plus en plus de souhaits, de désirs, de liens affectifs se détachent de moi ; je suis prête à tout accepter, tout lieu de la terre où il plaira à Dieu de m’envoyer, prête aussi à témoigner à travers toutes les situations et jusqu’à la mort, de la beauté et du sens de cette vie: si elle est devenue ce qu’elle est, ce n’est pas le fait de Dieu mais, le nôtre. Nous avons reçu en partage toutes les possibilités d’épanouissement, mais n’avons pas encore appris à exploiter ces possibilités. On dirait qu’à chaque instant des fardeaux de plus en plus nombreux tombent de mes épaules, que toutes les frontières séparant aujourd’hui hommes et peuples s’effacent devant moi, on dirait parfois que la vie m’est devenue transparente, et le coeur humain aussi; je vois, je vois et je comprends sans cesse plus de choses, je sens une paix intérieure grandissante et j’ai une confiance en Dieu dont l’approfondissement rapide, au début, m’effrayait presque, mais qui fait de plus en plus partie de moi même.


‘Hineinhorchen’ : ‘écouter au-dedans‘ ; je voudrais disposer d’un verbe bien hollandais pour dire la même chose. De fait, ma vie n’est qu’une perpétuelle écoute ‘au dedans’ de moi même, des autres, de Dieu. Et quand je dis que j’écoute ‘au-dedans‘, en réalité c’est plutôt Dieu en moi qui est à l’écoute.
Ce qu’il y a de plus essentiel et de plus profond en moi écoute l’essence et la profondeur de l’autre : (en moi) Dieu écoute Dieu. » *

Si vous faites ainsi passer votre centre de gravité « en-bas », comme le culbuto, alors rien ne pourra vous troubler, comme le culbuto qui revient à son centre après les oscillations extérieures. Cela demande de ne pas s’attacher à ses oeuvres, de rester libre pour Dieu et pour soi-même. Mais cette plongée intérieure est un voyage en Dieu. Comme le Christ est en bas de l’arbre de Zachée, c’est dans le fond de l’âme que Dieu réside, nous enseigne, nous attend et nous unit à lui.

« On s’engouffre dans cet abîme.
Et dans cet abîme est l’habitation propre de Dieu [...].
Dieu ne quitte jamais ce fond. Il n’y a là ni passé ni futur.
Rien ne peut combler ce fond. Rien de créé ne peut le sonder »
(Tauler XIV°)


« Zachée, descend vite »
.
Quitte ce qui en toi n’est que superficiel et léger.
Explore tes désirs les plus profonds.
Prends le temps du silence, de l’adoration, de la méditation et tu découvriras Dieu attablé dans le fond de ton âme mieux que Jésus attablé dans la demeure de Zachée.
« Zachée, descend vite ».
Qui que tu sois, descends vite au plus profond de toi : « aujourd’hui, il faut que j’aille demeurer chez toi »
.

 

_____________________________________________

* Etty Hillesum, Une vie bouleversée, Journal (1941-1943).

 


 

1ère lecture : Dieu aime toutes ses créatures (Sg 11, 23-26; 12, 1-2)

Lecture du livre de la Sagesse

Seigneur, tu as pitié de tous les hommes, parce que tu peux tout. Tu fermes les yeux sur leurs péchés, pour qu’ils se convertissent.
Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes ?uvres, car tu n’aurais pas créé un être en ayant de la haine envers lui.
Et comment aurait-il subsisté, si tu ne l’avais pas voulu ? Comment aurait-il conservé l’existence, si tu ne l’y avais pas appelé ?
Mais tu épargnes tous les êtres, parce qu’ils sont à toi, Maître qui aimes la vie, toi dont le souffle impérissable anime tous les êtres.

Ceux qui tombent, tu les reprends peu à peu, tu les avertis, tu leur rappelles en quoi ils pèchent, pour qu’ils se détournent du mal, et qu’ils puissent croire en toi, Seigneur.

Psaume : Ps 144, 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14

R/ La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant !

Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi, 
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai, 
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié, 
lent à la colère et plein d’amour ; 
la bonté du Seigneur est pour tous, 
sa tendresse, pour toutes ses ?uvres. 

Que tes oeuvres, Seigneur, te rendent grâce 
et que tes fidèles te bénissent ! 
Ils diront la gloire de ton règne, 
ils parleront de tes exploits. 

Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit, 
fidèle en tout ce qu’il fait. 
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent, 
il redresse tous les accablés.

2ème lecture : Préparer dans la paix la venue du Seigneur(2Th 1, 11-12; 2, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens

Frères, nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous trouve dignes de l’appel qu’il vous a adressé ; par sa puissance, qu’il vous donne d’accomplir tout le bien que vous désirez, et qu’il rende active votre foi. Ainsi, notre Seigneur Jésus aura sa gloire en vous, et vous en lui ; voilà ce que nous réserve la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ.
Frères, nous voulons vous demander une chose, au sujet de la venue de notre Seigneur Jésus Christ et de notre rassemblement auprès de lui : si l’on nous attribue une révélation, une parole ou une lettre prétendant que le jour du Seigneur est arrivé, n’allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer.

Evangile : Zachée : descends vite ! (Lc 19, 1-10)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. Tout homme qui croit en lui possède la vie éternelle. Alléluia. (Jn 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus traversait la ville de Jéricho.
Or, il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il courut donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là.
Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella : « Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison. »
Vite, il descendit, et reçut Jésus avec joie.
Voyant cela, tous récriminaient : « Il est allé loger chez un pécheur. »
Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus. »
Alors Jésus dit à son sujet : « Aujourd’hui, le salut est arrivé pour cette maison, car lui aussi est un fils d’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. »
Patrick Braud

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31 octobre 2013

Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…

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Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l’Église…

Homélie pour la fête de Toussaint
01/11/2013

 

« Je crois à la communion des saints ».

Depuis la mort de mon père, cette phrase du Credo m’est devenue  extraordinairement concrète…


- Si je vais sur sa tombe, cela m’aide à penser à lui, cela me rapproche un peu ; je vois son nom sur la plaque de granit, je sais que ses restes sont là, mais ce n’est déjà plus lui ; et ce n’est pas encore être en communion.

Tous un : la Toussaint, le cimetière, et l'Église... dans Communauté spirituelle tombes_restaurees_1


- Si j’accroche sa photo, son portrait au milieu des étagères, je pense souvent à lui en passant devant, mais ce n’est pas encore être en communion.


- Si je ferme les yeux pour retrouver son air bonhomme et son sourire, çà se rapproche mais ce n’est encore que la trace qu’il a laissée dont il a marqué ma vie.
Ce n’est pas encore lui vivant.


- J’ai cherché où il pouvait me donner rendez-vous : des lettres, la mer, le bateau? jusqu’à ce qu’une évidence m’aveugle :


Puisqu’il est dans le Christ, sur le chemin de la rencontre éblouissante avec le Christ qu’on appelle Purgatoire, le plus sûr moyen d’être en communion avec lui est encore d’être en communion avec le Christ.

Dans l’hostie au creux de la main, le lien d’amour d’un père à son fils reprend, solide, en passant par le Christ.

Dieu a toujours été le plus court chemin d’un homme à un autre, mieux que la ligne droite.

À travers la mort, la relation avec nos défunts découle de notre communion au Christ.

- Et si la communion des saints que nous fêtons à la Toussaint était aussi simple que cela ?

Comme autrefois il suffisait de passer par le standard ou l’opératrice pour avoir l’international, il suffit de passer par le Christ pour être relié à ceux qui sont sur l’autre rive. Pas besoin de soi-disant médiums ou voyants qui inquiètent les vivants en leur faisant croire qu’ils sont en communication avec les morts ! Il est bien plus sûr de passer par le Christ, vrai homme et vrai Dieu, pour baisser le pont-levis entre eux et nous.

 

La communion des saints, nous l’expérimentons déjà partiellement ici-bas, lorsque de vrais liens de prière, d’affection, de solidarité nous font vibrer à l’unisson. Alors imaginez ce qu’est cette communion en Dieu même ! Imaginez la force qu’a réellement cette chaîne d’amour qui nous relie à tous ceux qui partagent la sainteté même de Dieu !

 

- Nous ne prions pas seulement pour obtenir des choses : retrouver des objets perdus avec St Antoine de Padoue, plaider pour des causes désespérées avec Ste Rita etc… Nous prions les saints pour nous-mêmes devenir saints, par la grâce de Dieu.

 

- Nous invoquons les saints, non pour nous protéger du malheur, mais pour nous exposer avec eux au bonheur des 8 Béatitudes de l’évangile de cette fête de Toussaint.

 

- Nous portons les prénoms des saints non comme une amulette, mais comme une marque de famille ; car ils sont de notre famille, ils nous redisent que la sainteté n’est pas au-dessus de nos forces ; comme mon grand-père qui était musicien me redit que l’amour de la musique fait partie de notre culture familiale.

 

- Nous égrenons les prénoms des saints comme les grains d’un chapelet litanique, car cette prière qui court d’un grain de sainteté à un autre nous relie solidement à Celui qui en est la source : le Dieu trois fois Saint.

 

Vous le voyez à chaque ordination : lorsque le futur diacre ou prêtre ou évêque est couché par terre, sur le tapis dans le choeur de la cathédrale, l’Église chante la litanie de tous les saints comme s’ils venaient eux-mêmes le chercher et l’entraîner avec eux dans la course de l’Évangile.  C’est sans doute un des moments les plus émouvants d’une ordination que cette litanie de tous les saints chantée sur l’ordinand prostré à terre, abandonné à Dieu, porté par ces compagnons invisibles de tous les siècles et de tous les horizons.

 

90-_ordination2juin2013 Toussaint dans Communauté spirituelle

 

D’une certaine manière, cette communion de Toussaint illustre parfaitement ce qu’est l’Église, notre Église. 25 ans après le Concile Vatican II (en 1985) les évêques réunis à Rome en Synode relisaient dans Vatican II son apport principal, essentiel :

« L’ecclésiologie de communion est l’idée centrale et fondamentale des documents du Concile. (…)
Au lendemain du Concile, Paul VI s’adressait aux fidèles en ces termes: ?L’Église est une communion. Que signifie ici ce mot communion ? Je vous renvoie au passage du catéchisme qui parle de la communion des Saints. Église veut dire communion des Saints. Et communion des Saints signifie une double participation vitale: l’incorporation des chrétiens à la vie du Christ, et la circulation de la même charité dans toute la communauté des fidèles, en ce monde et en l’autre. Union au Christ et dans le Christ; et union entre les chrétiens dans l’Église’ (08/06/1966). »
Christifideles laïci ; Jean Paul II, 1988

Nous étions partis de la quête d’un fils cherchant le fil d’Ariane qui l’unirait à son père au-delà de la mort. Nous arrivons à la plus belle définition de l’Église qui soit, celle de Vatican II : l’Église est le sacrement de la communion trinitaire.

 

C’est donc que cette belle fête de Toussaint, pleine d’espérance, est indispensable à la vie de l’Église comme à celle de nos familles.

 

Nous sommes faits pour la communion, la communion de tous les saints en Dieu.

 

Saints et saintes de Dieu,

dont la vie et la mort ont crié Jésus-Christ sur les routes du monde,

Saints et saintes de Dieu, priez pour nous,

afin que nos liens ici-bas se laissent transformer à l’image des liens d’amour qui vous unissent en Dieu Trinité.

 

 

 

 

1ère lecture : La foule immense des rachetés (Jn 7, 2-4.9-17)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

Moi, Jean, j’ai vu un ange qui montait du côté où le soleil se lève, avec le sceau qui imprime la marque du Dieu vivant ; d’une voix forte, il cria aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de dévaster la terre et la mer : « Ne dévastez pas la terre, ni la mer, ni les arbres, avant que nous ayons marqué du sceau le front des serviteurs de notre Dieu. » Et j’entendis le nombre de ceux qui étaient marqués du sceau : ils étaient cent quarante-quatre mille, de toutes les tribus des fils d’Israël. 

Après cela, j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, races, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, en vêtements blancs, avec des palmes à la main. Et ils proclamaient d’une voix forte : « Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau ! » Tous les anges qui se tenaient en cercle autour du Trône, autour des Anciens et des quatre Vivants, se prosternèrent devant le Trône, la face contre terre, pour adorer Dieu.

Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! »

L’un des Anciens prit alors la parole et me dit : « Tous ces gens vêtus de blanc, qui sont-ils, et d’où viennent-ils ? »

Je lui répondis : « C’est toi qui le sais, mon seigneur. » Il reprit : « Ils viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs vêtements, ils les ont purifiés dans le sang de l’Agneau ! » 

Psaume : 23, 1-2, 3-4ab, 5-6

R/ Voici le peuple immense de ceux qui t’ont cherché.

Au Seigneur, le monde et sa richesse, 
la terre et tous ses habitants ! 
C’est lui qui l’a fondée sur les mers 
et la garde inébranlable sur les flots. 

Qui peut gravir la montagne du Seigneur 
et se tenir dans le lieu saint ? 
L’homme au c?ur pur, aux mains innocentes, 
qui ne livre pas son âme aux idoles. 

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction, 
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent ! 
Voici Jacob qui recherche ta face !

2ème lecture : Nous sommes enfants de Dieu et nous lui serons semblables (1 Jn 3, 1-3)

Lecture de la première lettre de saint Jean

Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu ? et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu.

Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Et tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur.

Evangile : Les Béatitudes (Mt 5, 1-12a)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Venez au Seigneur, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau : il vous donnera le repos. Alléluia. (cf. Mt 11, 28)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Quand Jésus vit la foule qui le suivait, il gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent. Alors, ouvrant la bouche, il se mit à les instruire. Il disait :

« Heureux les pauvres de coeur :
   le Royaume des cieux est à eux !

Heureux les doux : 
   ils obtiendront la terre promise !

Heureux ceux qui pleurent :
   ils seront consolés !

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice :
   ils seront rassasiés !

Heureux les miséricordieux :
   ils obtiendront miséricorde !

Heureux les c?urs purs :
   ils verront Dieu !

Heureux les artisans de paix :
   ils seront appelés fils de Dieu !

Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice :
   le Royaume des cieux est à eux !

Heureux serez-vous si l’on vous insulte, 
   si l’on vous persécute 
   et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.

Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ! »
Patrick Braud

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26 octobre 2013

Simul peccator et justus : de l’intérêt d’être pécheur et de le savoir

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Simul peccator et justus :
de l’intérêt d’être pécheur et de le savoir

Homélie du 30° dimanche du temps ordinaire / Année C
27/10/2013

Irréprochable ?

Simul peccator et justus : de l'intérêt d'être pécheur et de le savoir dans Communauté spirituelle 700-147577-Dipl%C3%B4me%20de%20l'homme%20le%20plus%20irr%C3%A9prochable« Moi ? Je n’ai rien à me reprocher. »

Cet argument, vous l’entendez sûrement mille fois lorsque les gens se mettent à taper sur « les autres ».

On peut ainsi justifier beaucoup de choses :

- allez à l’église le dimanche ne sert à rien puisque vous voyez bien que ceux qui y vont ne sont pas meilleurs.

- allez recevoir le pardon dans le sacrement de réconciliation est hors jeu, puisque grosso modo je n’ais rien à me faire pardonner.

- critiquer et les politiques et les acteurs sociaux devient facile, car eux ils ont plein d’affaires où ils ne sont pas irréprochables.

- tomber à bras raccourcis sur les braqueurs, les Roms, les délinquants en tout genre devient une évidence, car je ne fait pas partie de « ces gens-là », Monsieur *…

Bref : si je n’ai rien à me reprocher, je suis prêt à faire le procès de tous ceux qui visiblement ont franchi une ligne jaune dans leur vie.

 

Pas d’auto-rédemption

Le malentendu vient peut-être de cette forme auto-accusative ou auto-justificative.

C’est du moins ce vers quoi pointe de la parabole du pharisien et du publicain en prière au Temple.

Le publicain se situe devant Dieu et non pas devant lui-même. Ce n’est pas même devant sa conscience qu’il s’accuserait. Comme l’écrit St Jean : « notre coeur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre coeur » (1Jn 3,20). Non : c’est dans la relation à Dieu – le grand Dieu au-dessus de tout – qu’il reconnaît sa petitesse, et qu’il s’adresse en acceptant de ne pas cacher devant Dieu les contradictions qui le traversent.

Le pharisien lui aussi devrait être devant Dieu, mais il se tient en réalité « en lui-même ». Il ne respecte pas la distance entre lui et Dieu que le publicain marquait avec humilité. Sa longue prière est en fait un discours qu’il s’adresse à lui-même. Il énumère tout ce qu’il fait de bien dans le domaine moral et rituel, et juge au passage les autres hommes qui ne sont pas comme lui.

L’auto-justification aboutit toujours au mépris des autres.
L’auto-accusation n’aboutirait qu’au désespoir.

 

Simul justus et peccator

simul-justus-et-peccator justification dans Communauté spirituelleSeule une vraie relation à Dieu – le tout Autre – me permet de me découvrir à la fois justifié et pécheur, dans le même mouvement. C’est la fameuse formule de Luther : simul justus et peccator.

Catholiques et protestants se sont affrontés autour de cette formule. Les uns, catholiques, croyant en la réalité du salut offert dans le baptême, insistaient sur le renouveau intégral apporté par ce sacrement, si bien que l’homme n’est plus fondamentalement pécheur, mais réconcilié avec Dieu.

Les autres, suivant Luther et St Augustin, affirmaient l’expérience que tout en étant sauvé, l’homme continue à être intérieurement déchiré par une tendance à s’éloigner de Dieu, tendance qui n’est cependant plus dominante dans le régime de la grâce chrétienne.

Saint Paul semble déjà exprimer cette contradiction profonde dans un passage dramatique de l’Épître aux Romains :

« Vraiment ce que je fais je ne le comprends pas : car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais [...] en réalité ce n’est plus moi qui accomplis l’action, mais le péché qui habite en moi. [...] Car je me complais dans la loi de Dieu du point de vue de l’homme intérieur ; mais j’aperçois une autre loi dans mes membres qui lutte contre la loi de ma raison et m’enchaîne à la loi du péché qui est dans mes membres. Malheureux homme que je suis ! » (Rm 7,15-24)

La solution à cette tension entre l’optimisme catholique (sur la réalité de la justification) et le réalisme protestant (sur la rémanence du péché) a été formulé dans un document récent (et capital pour l’oecuménisme) :

Déclaration conjointe  sur la doctrine de la justification de la Fédération Luthérienne Mondiale et de l’Église catholique (1999) :


4.4 L’être pécheur du justifié    

28. Nous confessons ensemble que, dans le baptême, le Saint-Esprit unit la personne humaine au Christ, la justifie et la renouvelle effectivement. Malgré cela, le justifié demeure sa vie durant et constamment dépendant de la grâce de Dieu qui le justifie sans conditions. Il n’est pas soustrait au pouvoir toujours encore affluant du péché et à son emprise (cf. Rm 6, 12-14), il n’est pas dispensé de combattre perpétuellement la convoitise égoïste du vieil homme qui le met en opposition à Dieu (cf. Ga 5, 16 ; Rm 7, 7.10). Même le justifié doit quotidiennement implorer le pardon de Dieu comme dans le Notre Père (Mt 6, 12 ; 1 Jn 1, 9). Il est constamment appelé à la conversion et à la repentance, et le pardon lui est toujours à nouveau accordé.  

29. Les luthériens veulent exprimer cela lorsqu’ils disent que le chrétien est « à la fois juste et pécheur » : Il est entièrement juste car Dieu lui pardonne son péché par la parole et le sacrement, et lui accorde la justice du Christ qui dans la foi devient la sienne et fait de lui, en Christ et devant Dieu, une personne juste. Face à lui-même cependant, il reconnaît par la loi qu’il demeure aussi totalement pécheur, que le péché habite encore en lui (1 Jn 1, 8; Rm 7, 17.20) car il ne cesse de placer sa confiance dans de faux dieux et n’aime pas Dieu avec cet amour sans partage que Dieu, son créateur, exige de lui (Dt 6, 5 ; Mt 22, 36-40 par.). Cette opposition à Dieu est en tant que telle véritablement péché. Cependant, par le mérite du Christ, le pouvoir aliénant du péché est brisé : le péché n’est plus péché « dominant » le chrétien car il est « dominé » par le Christ auquel le justifié est lié par la foi ; ainsi, tant qu’il vit sur terre, le chrétien peut, du moins partiellement, mener une vie dans la justice. Malgré le péché, le chrétien n’est plus séparé de Dieu car, né de nouveau par le baptême et le Saint-Esprit, il reçoit le pardon de son péché par le retour quotidien à son baptême ; ainsi son péché ne le condamne plus et n’entraîne plus sa mort éternelle. Lorsque les luthériens affirment que le justifié est aussi pécheur et que son opposition à Dieu est véritablement péché, ils ne nient pas que, malgré le péché, le justifié n’est plus, en Christ, séparé de Dieu et que son péché est un péché dominé. En cela ils s’accordent avec le partenaire catholique-romain malgré les différences dans la compréhension du péché du justifié.  

 

Simul peccator et justus

Nous pouvons donc – catholiques et protestants – nous reconnaître ensemble dans cette célèbre formule de Luther : simul justus et peccator, qui s’énoncerait presque dans l’ordre inverse dans notre parabole d’aujourd’hui : simul peccator et justus. Car c’est dans le mouvement même où il se reconnaît pécheur que le publicain est justifié, déclaré juste par Dieu. C’est parce qu’il confesse son péché qu’il est justifié dans le même mouvement. À l’inverse, le pharisien s’auto-déclare juste et par là même perd la grâce de la justification : il repart pécheur du Temple. C’est le reproche que Jésus formule aux pharisiens dans une autre controverse célèbre, à propos de l’aveugle qu’il avait guéri : « vous dites : nous voyons ! et votre péché demeure » (Jn 9,41).

Dieu nous reproche de nous vouloir irréprochables !

Un pasteur protestant résumait ainsi l’intérêt de cette parabole du pharisien et du publicain :

La parabole qui met en scène deux personnages qui, en réalité peut-être, n’en font qu’un, nous rappelle la tension féconde, libératrice et bénéfique dans laquelle nous nous tenons : à la fois pécheurs et justifiés, à la fois loin de Dieu, mais pourtant profondément assurés qu’il nous aime. Simul justus, simul peccator, semper penitens, écrivait si justement Luther : à la fois justes et pécheurs, et toujours pénitents, reconnaissant que c’est sa grâce qui nous libère, et non nos pauvres prétentions humaines, pour le service du Christ et des hommes. Nous voici donc à la fois assurés de sa grâce, comme le pharisien, à la fois conscients de notre finitude, de notre fragilité et de notre impuissance, comme le collecteur d’impôts, et toujours pénitents, mendiants mais rendus immensément riches de la pleine et entière indulgence du Christ -ce terme d’indulgence, ici, équivalant à celui de salut -.
François Clavairoly

http://www.erf-saint-esprit.org/Luc-18-9-14-Une-parabole-pour-dire#nh3

 

En guise de conclusion

1) Nous sommes très réalistement pécheurs. Nous faisons alors l’expérience d’être justifiés par le fait même de nous confier à Dieu tels que nous sommes, car il nous aime gratuitement. La confession de nos péchés nous ouvre à la justice, c’est-à-dire à une juste relation, une relation ajustée à Dieu.

2) Nous sommes de par notre baptême à la fois justes et encore engagés dans le combat contre le péché qui nous séduit toujours.

 

Que l’Esprit du Christ nous garde dans cette double tension intérieure !
C’est elle qui nous permettra de ne jamais désespérer de nous-mêmes (car nous sommes justifiés, et réellement, totalement).
C’est elle qui nous donnera de ne jamais mépriser ceux qui sont différents de nous (car nous sommes tous pécheurs).
Il y a là de quoi combattre toute violence religieuse qui se nourrit du mépris des autres, ce que Jésus dénonce dans cette parabole.

 

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* Comme le chantait Jacques Brel avant de repérer qu’il y avait Mathilde au milieu de ces gens-là

 

1ère lecture : Dieu écoute la prière du pauvre (Si 35, 12-14.16-18)

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes.
Il ne défavorise pas le pauvre, il écoute la prière de l’opprimé.
Il ne méprise pas la supplication de l’orphelin, ni la plainte répétée de la veuve.
Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes.
Celui qui sert Dieu de tout son c?ur est bien accueilli, et sa prière parvient jusqu’au ciel.
La prière du pauvre traverse les nuées ; tant qu’elle n’a pas atteint son but, il demeure inconsolable.
Il ne s’arrête pas avant que le Très-Haut ait jeté les yeux sur lui, prononcé en faveur des justes et rendu justice.

Psaume : Ps 33, 2-3, 16.18, 19.23

R/ Un pauvre a crié : Dieu l’écoute et le sauve.

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes, 
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur entend ceux qui l’appellent : 
de toutes leurs angoisses, il les délivre.

Il est proche du coeur brisé, 
il sauve l’esprit abattu.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs : 
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

2ème lecture : Paul au soir de sa vie (2Tm 4, 6-8.16-18)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire.
La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J’ai échappé à la gueule du lion ; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : Parabole du pharisien et du publicain (Lc 18, 9-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu ne regarde pas l’apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les c?urs. Alléluia. (cf. 1 S 16, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d’être justes et qui méprisaient tous les autres :
« Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L’un était pharisien, et l’autre, publicain.
Le pharisien se tenait là et priait en lui-même : ‘Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes : voleurs, injustes, adultères, ou encore comme ce publicain. Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne.’
Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : ‘Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis !’
Quand ce dernier rentra chez lui, c’est lui, je vous le déclare, qui était devenu juste, et non pas l’autre. Qui s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. »
Patrick Braud

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19 octobre 2013

Ne baissez pas les bras !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Ne baissez pas les bras !

Homélie du 29ème Dimanche du temps ordinaire / Année C
Dimanche 20 Octobre 2013

« Ne baissez pas les bras ! »

L’histoire de Moïse qui se tient les mains levées pour soutenir le long combat de Josué contre l’ennemi est célèbre. Peut-être est-ce de là que vient l’expression : « Ne baissez pas les bras ! ». Car si Moïse laissait retomber ses bras, l’ennemi était le plus fort ; sinon, Israël devenait le plus fort.

Ne baissez pas les bras ! dans Communauté spirituelle moses-holding-up-his-arms-during-the-battle 

« Ne baissez pas les bras ! »

L’expression peut également venir de la boxe. Si un boxeur baisse sa garde en abaissant ses mains, il va vite se retrouver KO. Le fait de baisser les bras pour un boxeur est un geste d’abandon dans un combat. Par extension, « baisser les bras » en est venu à signifier que l’on abandonne un projet ou une action par manque de courage, de force ou de volonté.

Comment Moïse est-il parvenu à ne pas baisser les bras là où tant d’autres avaient capitulé ? Regardons bien le texte et transposons-le à aujourd’hui.

1)  D’abord, Moïse a su déléguer et garder une certaine distance.

Il appelle Josué, l’envoie à la bataille pendant que lui va regarder les choses de haut depuis le sommet de la colline.

Vous aussi, si vous voulez tenir bon dans les combats qui sont les vôtres, apprenez à déléguer, à ne pas vous noyer dans l’action, à garder une certaine distance intérieure, à voir les choses « d’en haut ».

 

2) Ensuite, Moïse ne monte pas seul sur la colline. Il emmène Aaron et Hour.

Croire qu’on pourra s’en sortir tout seul est l’une des grandes tentations. Le piège, c’est de ne vouloir personne à ses côtés dans les combats de nos vies.

Tentation du repli sur soi, de l’autosuffisance, du mutisme?

Moïse sait qu’il aura besoin d’être aidé, et il l’accepte humblement. (Car Moïse est le plus humble des hommes que la terre ait portés?).

Vous aussi, acceptez d’être accompagné, aidé, sinon votre solitude se changera en lassitude.

 

3) Continuons le texte :

Quand ses mains deviennent trop lourdes pour rester levées, Moïse s’assoit sur une pierre. Il ne tient plus debout tout seul, il prend appui sur un autre que lui-même. Il se repose sur Dieu, son « rocher », comme disent les Psaumes.

Ce serait une illusion très prétentieuse que de vouloir se passer de Dieu pour aller jusqu’au bout de nos projets.

S’asseoir, être assis en Dieu, est paradoxalement la 1ère attitude pour mener la bataille.

 

4) Après s’être assis, Moïse accepte que d’autres lui tiennent les mains levéesAaron et Hour lui soutiennent la main gauche et la main droite vers le ciel.

Impossible là encore de tenir bon sans accepter d’être porté, supporté, élevé par nos compagnons d’armes. Tantôt ce sont des amis, tantôt un père spirituel, une équipe de réflexion et de partage, un groupe de prière?

Si vous voulez ne pas baisser les bras, entourez-vous de compagnons qui soient de vrais soutiens et acceptez leur aide, humblement.

 

5) « Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil ».

La dernière attitude de Moïse dans le récit biblique, c’est de persévérer, jusqu’au bout du jour, de durer sans se lasser. Cette persévérance dans la prière (que reprend Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui) est une condition sine qua non de notre fidélité. Il y a des bons et des mauvais jours, il y a des réussites et des échecs, il y a des doutes et des grands élans : l’important, pour ne pas baisser les bras, est de persévérer jusqu’à la fin.

Dans le monde économique ou politique, on est quelquefois prisonnier de la dictature du court terme, du très court terme : qui raisonne au-delà de 6 mois en entreprise ? La culture de l’efficacité rapide peut obscurcir l’horizon d’une action durable.

Dans la foi chrétienne, nous préférons le présent au court-terme.

Sans renier l’efficacité, nous lui préférons la fécondité qui demande du temps, qui demande de passer par la mort et la résurrection du grain de blé.

Le long-terme s’appelle plutôt pour nous : avenir, espérance ; et « l’espérance ne déçoit pas » (Rm 8).

perseverance courage dans Communauté spirituelle

Voilà donc quelques points de repère pour, à la suite de Moïse, ne pas baisser les bras :

- savoir déléguer et garder une certaine distance

- accepter d’être accompagné (et bien choisir ces compagnons !)

- s’asseoir, s’appuyer sur Dieu

- accepter d’être porté

- durer, persévérer jusqu’au bout.

 

Un poème anonyme traduit à sa manière cette espérance en la fécondité de cette attitude spirituelle. Je vous le livre :

Ne baissez pas les bras

1. Quand parfois rien ne veut s’arranger
Quand la route pénible continue de monter
Quand les fonds sont en baisse, les dettes amoncelées
Quand vous voulez sourire et que vous soupirez
Quand tout vous presse et que vous êtes surmené
Faites une pause, mais ne baissez pas les bras.

2. La vie est surprenante avec ses volte-face
Chacun de nous un jour a pu le constater.
Maints échecs en succès ont été transformés.
Celui qui est en tête est parfois dépassé.
Ne baissez pas les bras bien que l’allure soit lente
Un petit vent nouveau peut vous faire triompher.

3. Le but est bien souvent à portée de la main
De l’homme fatigué, affaibli, chancelant.
Il arrive au vainqueur parfois de renoncer
Alors que la victoire est au bout du chemin.
C’est après qu’il comprend, mais hélas trop tard,
Combien il était près de la couronne d’or.

4. Le succès, c’est l’échec qui change soudain de cap
Et contourne très loin les nuages du doute
Et nul ne peut dire si le but se rapproche.
Il peut être tout près alors qu’il semble loin.
Plongez dans la bagarre lorsque vous êtes en tête
Et lorsque tout va mal, ne baissez pas les bras,
Ne baissez pas les bras.

 

1ère lecture : La prière persévérante de Moïse obtient la victoire (Ex 17, 8-13)

Lecture du livre de l’Exode

Le peuple d’Israël marchait à travers le désert.
Les Amalécites survinrent et attaquèrent Israël à Rephidim. Moïse dit alors à Josué : « Choisis des hommes, et va combattre les Amalécites. Moi, demain, je me tiendrai sur le sommet de la colline, le bâton de Dieu à la main. »
Josué fit ce que Moïse avait dit : il livra bataille aux Amalécites. Moïse, Aaron et Hour étaient montés au sommet de la colline. Quand Moïse tenait la main levée, Israël était le plus fort. Quand il la laissait retomber, Amalec était le plus fort. Mais les mains de Moïse s’alourdissaient ; on prit une pierre, on la plaça derrière lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hour lui soutenaient les mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre. Ainsi les mains de Moïse demeurèrent levées jusqu’au coucher du soleil. Et Josué triompha des Amalécites au tranchant de l’épée.

Psaume : Ps 120, 1-2, 3-4, 5-6, 7-8

R/ Notre secours, c’est Dieu, le Maître du monde !

Je lève les yeux vers les montagnes :
d’où le secours me viendra-t-il ?
Le secours me viendra du Seigneur 
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il empêche ton pied de glisser, 
qu’il ne dorme pas, ton gardien. 
Non, il ne dort pas, ne sommeille pas, 
le gardien d’Israël. 

Le Seigneur, ton gardien, le Seigneur, ton ombrage, 
se tient près de toi. 
Le soleil, pendant le jour, ne pourra te frapper, 
ni la lune, durant la nuit. 

Le Seigneur te gardera de tout mal, 
il gardera ta vie. 
Le Seigneur te gardera, au départ et au retour, 
maintenant, à jamais.

2ème lecture : Méditer l’Écriture pour proclamer la Parole(2Tm 3, 14-17; 4, 1-2)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Timothée

Fils bien-aimé, 
tu dois en rester à ce qu’on t’a enseigné : tu l’as reconnu comme vrai, sachant bien quels sont les maîtres qui te l’ont enseigné. Depuis ton plus jeune âge, tu connais les textes sacrés : ils ont le pouvoir de te communiquer la sagesse, celle qui conduit au salut par la foi que nous avons en Jésus Christ. Tous les textes de l’Écriture sont inspirés par Dieu ; celle-ci est utile pour enseigner, dénoncer le mal, redresser, éduquer dans la justice ; grâce à elle, l’homme de Dieu sera bien armé, il sera pourvu de tout ce qu’il faut pour faire un bon travail.

Devant Dieu, et devant le Christ Jésus qui doit juger les vivants et les morts, je te le demande solennellement, au nom de sa manifestation et de son Règne : proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, mais avec une grande patience et avec le souci d’instruire.

Evangile : Parabole de la veuve qui demandait justice (Lc 18, 1-8)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, il est proche de ceux qui l’invoquent, il écoute leur cri : il les sauve. Alléluia. (Ps 144, 17-19)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu’il faut toujours prier sans se décourager :
« Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes.
Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : ‘Rends-moi justice contre mon adversaire.’ Longtemps il refusa ; puis il se dit : ‘Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m’ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu’elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.’ »
Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu’il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l’homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? »
Patrick Braud

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