L'homélie du dimanche (prochain)

3 juillet 2010

Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?

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Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?


Homélie du 14° Dimanche du temps ordinaire / Année C

04/07/2010

 

La joie coule à flots dans les textes de ce dimanche. « Réjouissez-vous avec Jérusalem », « exultez, soyez pleins d’allégresse », « votre coeur se réjouira », clame la première lecture.

« De là cette joie qu’il nous donne », chante le psaume.

« Les 72 disciples revinrent tout joyeux » de leur mission, raconte l’Évangile.

 

Si vous êtes dans une période heureuse de votre vie, vous aurez tendance à confondre peut-être cette joie avec la vôtre, sans entendre ce qu’elle a d’original.

Si au contraire vous êtes dans une période douloureuse, vous risquez d’envoyer promener ces pages en disant : ?à d’autres ! Ce n’est pas pour moi. Pas en ce moment hélas.’

Dans les deux cas, nous risquons de passer à côté de la joie promise, si différente de nos émotions, si originale par rapport à nos attentes.

 

Mais qu’est-ce qui peut nous réjouir en vérité ?

Qu'est-ce qui peut nous réjouir ? dans Communauté spirituelle mur_jerusalem-2« Jérusalem », répond Isaïe.

Se réjouir d’une ville, cela vous est peut-être déjà arrivé ! Mais c’est rare… Pourtant, se réjouir de Jérusalem, c’est anticiper le moment où la promesse de Dieu se réalisera. Oui, la paix se dirigera vers elle comme un fleuve. Oui, la gloire des nations l’irriguera mieux qu’un torrent qui déborde.

Si vous pensez au mur en béton qui sépare actuellement Jérusalem-Est, palestinienne, de Jérusalem-Ouest, juive, il y a de quoi désespérer : on n’en est pas encore à ce que promet Isaïe ! Si vous songez à la réprobation mondiale unanime qui accable le gouvernement israélien suite au blocus de Gaza et ses conséquences tragiques, l’heure  n’est pas vraiment à la joie.

Mais le prophète voit plus loin que les impasses actuelles. Il sait que cette ville, Jérusalem, a une vocation unique au sein de notre humanité, et il croit assez en la fidélité de Dieu à sa promesse pour s’en réjouir à l’avance.

 

Louer Dieu pour ce qu’il va faire et s’en réjouir par avance : voilà une première attitude, paradoxale, où la joie réalise ce qu’elle annonce…

 

La deuxième attitude, celle du psaume, est plus facile à comprendre.

Il s’agit de s’appuyer sur ce que Dieu a déjà accompli dans mon histoire personnelle / dans notre histoire collective.

Autrement dit : la joie ne manquera pas à celui qui sait faire mémoire des « hauts faits de Dieu » par le passé. C’est toujours la fidélité de Dieu à lui-même qui sera la source de la joie : ce qu’il a fait, il le fera à nouveau, de manière nouvelle, car il est fidèle. De cela nous pouvons être si sûrs que la joie gagnera sur le doute.

 

Se réjouir de ce que Dieu va faire, de ce qu’il a déjà accompli : l’Évangile unit ces deux attitudes en une formule lapidaire : « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »

 

La vraie joie n’est pas l’ivresse de la puissance, même si cette puissance permet de vaincre le mal et les ennemis (« je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair »).

L’ivresse de la puissance est trop liée à la domination, à la soumission de l’autre.

La joie du Christ vient de l’avenir : « réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux ». Un avenir qui reflue déjà sur le présent, et lui donne la forme d’une confiance généreuse : « Paix à cette maison ».

Avoir son nom « inscrit dans les cieux », c’est tout simplement la joie de se savoir aimé, quoiqu’il arrive. Non pas se réjouir du mal, même de sa défaite, mais laisser l’allégresse du coeur venir de cette certitude qui change tout : quelqu’un a gravé mon nom / nos noms sur la paume de ses mains. Cette écriture « dans les cieux » est indélébile.

Des parents sont des témoins de cette inscription-là lorsqu’ils offrent à leurs enfants assez de sécurité affective pour leur donner confiance en eux, capables de se projeter dans l’avenir.

Des éducateurs sont signes de cette inscription-là lorsqu’ils accompagnent des jeunes, ou des personnes en détresse, à travers leurs épreuves : ?il y a quelqu’un qui croit en toi. N’abandonne pas’.

Des amis sont des révélateurs de cette joie lorsqu’ils expriment leur attachement indéfectible, leur affection gratuite : ‘ton nom est inscrit dans mon histoire, à jamais, quoi qu’il arrive’.

 

Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?

Cette semaine, prenons le temps de regarder : d’où nous vient notre joie ? de qui ? Pouvons-nous apprendre à nous réjouir à la manière du Christ :  « ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux » ?

 

1ère lecture : La joie de l’ère messianique (Is 66, 10-14)

 

Lecture du livre d’Isaïe

Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil !
Ainsi vous serez nourris et rassasiés du lait de ses consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire.
Voici ce que dit le Seigneur : Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux.
De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai, dans Jérusalem vous serez consolés.
Vous le verrez, et votre coeur se réjouira ; vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

 

Psaume : Ps 65, 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

 

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu, qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2ème lecture : La croix du Christ, orgueil du chrétien (Ga 6, 14-18)

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde.
Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir la circoncision, c’est la création nouvelle.
Pour tous ceux qui suivent cette règle de vie et pour le véritable Israël de Dieu, paix et miséricorde.
Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter. Car moi, je porte dans mon corps la marque des souffrances de Jésus.
Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

 

Evangile : Les soixante-douze en mission annoncent la joie du règne de Dieu (brève : 1-9) (Lc 10, 1-12.17-20)

 

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Sur toute la terre est proclamé la Parole, et la Bonne Nouvelle aux limites du monde. Alléluia. (cf. Ps 18, 5)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller.
Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.
Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route.
Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’
S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous.
Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison.
Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira.
Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : ‘Le règne de Dieu est tout proche de vous.’
Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites :
‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.’
Je vous le déclare : au jour du Jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville. »
Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. »
Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair.
Vous, je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal.
Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. »
Patrick BRAUD

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26 juin 2010

Du feu de Dieu !

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Du feu de Dieu !

 

Homélie du 13° Dimanche du temps ordinaire / Année C

27/06/2010


« Ça marche du feu de Dieu ! »…

Qui n’a pas entendu ou utilisé cette expression enthousiaste qui salue le succès de l’action entreprise ?

Il vient de la Bible, ce « feu de Dieu » si prometteur. Mais l’évangile d’aujourd’hui semble prendre ses distances avec une démonstration de force de cette nature.

« – Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ?

- Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. »

Pourquoi Jésus réagit-il ainsi, au lieu justement de montrer sa puissance, et de confondre radicalement ses adversaires ?

 

Reprenons l’histoire de cette expression : « le feu de Dieu », dans la Bible.

 

Du feu de Dieu ! dans Communauté spirituelle ch4ao9l4* Quand il tombe du ciel, le feu fait immanquablement penser à la foudre. Ce phénomène naturel a si fortement impressionné les civilisations traditionnelles qu’elles voyaient dans la foudre l’intervention de Dieu sur terre, avec terreur et tremblement.

Comme toute manifestation du sacré, cette théophanie est ambivalente, et peut signifier soit l’agrément par Dieu d’une demande de l’homme, soit au contraire la punition divine qui s’exerce en direct contre l’homme.

 

* Le premier sens, positif, du « feu de Dieu » se retrouve par exemple avec David. Il vient de recenser son peuple, et Dieu lui reproche ce péché d’orgueil (compter sur ses propres forces plus que compter sur Dieu seul). Dieu veut frapper le peuple de la peste en punition de cet orgueil. Mais David intercède, et pour cela construit un autel en offrant à Yahvé des holocaustes très chers pour lui demander d’épargner son peuple. « Alors Yahvé fit tomber le feu du ciel sur les holocaustes des sacrifices de David » (1Ch 21, 26). Et à partir de là, Dieu renonce à son châtiment.

Le « feu de Dieu »  est ici le signe de la miséricorde divine qui, à la prière humaine, accepte de détourner sa colère.

 

L’épisode se reproduit avec Salomon, pour que Dieu accepte d’habiter le Temple de Jérusalem. Après la consécration du Temple, Salomon prie, et le feu tombe du ciel pour agréer son offrande et faire du Temple un lieu de prière pour toutes les nations (2Ch 7,1).

Ces deux épisodes sont rappelés en 2Ma 2,10.

 

Le feu de Dieu qui tombe du ciel peut donc marquer l’agrément positif d’un Dieu qui accepte l’offrande humaine et s’engage à nouveau en alliance avec lui. L’expression en français vient sans doute de là.

* Le deuxième usage du « feu de Dieu » est nettement plus négatif, et plus courant dans la Bible. C’est le signe de la colère et de la punition divine.

C’est à cela que pense Luc dans notre évangile ; et encore plus loin, en 17,29, lorsqu’il rappelle que « Dieu fit pleuvoir du ciel du feu et du soufre sur Sodome », et qu’il en sera de même au jour du fils de l’Homme.

 

Le pauvre Job subit cette épreuve : « le feu de Dieu est tombé du ciel ; il a brûlé tes brebis et tes bergers » (Job 1,16). Le feu du ciel est ici synonyme du malheur innocent et injuste. C’est précisément parce qu’il est profondément injuste que Jésus condamne cet usage de la force divine, et oblige ses disciples rester non-violents.

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Le prophète Élie a lui aussi utilisé cette arme redoutable : pour battre les prophètes de Baal au mont Carmel dans leur concours d’holocaustes qui devaient s’enflammer (1R 18,38), pour faire dévorer ses ennemis qui consultaient d’autres dieux (2R 1,10 ; cf. Si 48,3).

Redoutable instrumentalisation de la puissance divine !

Élie apprendra à ses dépens, grâce à l’humble veuve de Sarepta, que forcer la main de Dieu pour une démonstration de violence ne convient pas du tout au Dieu d’Israël?

 

Jésus dénonce avec force le coup de force.

Jésus refuse vivement cette instrumentalisation de la puissance. Il sait qu’elle peut être malsaine, à l’image de la Bête de l’Apocalypse (la fameuse, dont le chiffre est 666), qui accomplit le prodige de faire descendre le feu du ciel sur la terre pour amener les hommes à l’adorer (Ap 13,13). L’instrumentalisation de cette violence se retournera contre le violent : l’immense armée de Satan sera dévorée par le feu descendu du ciel (Ap 20,9)

 

* On le voit : la tentation est grande, la tentation est constante d’utiliser le feu du ciel pour éliminer ceux qui ne pensent pas comme nous.

Du Hezbollah au Mossad, des fanatiques religieux à la nomenklatura stalinienne, des djihadistes à la Corée du Nord, beaucoup voudraient forcer le feu du ciel à tomber sur leurs ennemis pour les détruire.

 

Plus proche de nous, chacun n’est-il pas tenté d’utiliser la violence pour montrer qu’il a raison ? d’utiliser la prière pour servir ses intérêts, contre les gêneurs ? d’instrumentaliser Dieu pour le forcer à prendre parti dans nos querelles ? de se servir de sa puissance au lieu de servir sa volonté ?

 

En interpellant vivement Jacques et Jean qui réclament « le feu de Dieu » sur leurs ennemis, Jésus conteste radicalement cette instrumentalisation du Nom de Dieu hélas si courante aujourd’hui. Il les initie en même temps à l’amour des ennemis, clé de voûte du christianisme, qui est à rebours de cette volonté de puissance sur l’autre.

 

N’utilisez pas votre foi pour vous imposer avec violence !

Renoncez à instrumentaliser Dieu dans vos conflits politiques, économiques, familiaux, professionnels… Laissez Dieu être Dieu !

Renoncez à la violence pour convaincre.

Prenez plutôt avec courage votre chemin vers votre Jérusalem.

N’ayez pas d’autres rêves de puissance que d’être sans pierre où reposer la tête, libres de toute obligation sociale – même de deuil -, sans regarder en arrière…

 

 

 

 

1ère lecture : Élisée abandonne tout pour suivre Élie (1R 19, 16b.19-21)

 

Lecture du premier livre des Rois

Le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafate, comme profète pour te succéder. »
Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafate, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau.
Alors Élisée quitta ses boeufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : «Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. »
Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de boeufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

 

Psaume : Ps 15, 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b-11

 

R/ Dieu, mon bonheur et ma joie !

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait  de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon c?ur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon c?ur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

 

2ème lecture : L’Esprit s’oppose à la chair et nous rend libres (Ga 5, 1.13-18)

 

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates

Frères,
si le Christ nous a libérés,
c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage.
Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres.
Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici :Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres.
Je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu ; alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair.
Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez.
Mais en vous laissant conduire par l’Esprit, vous n’êtes plus sujets de la Loi.

 

Evangile : Suivre Jésus sans condition sur la route de la Croix (Lc 9, 51-62)

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem.
Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue.
Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem.
Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? »
Mais Jésus se retourna et les interpella vivement.
Et ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. »
Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. »
Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. »
Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. »
Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » 

Patrick Braud

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19 juin 2010

Prendre sa croix chaque jour

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Prendre sa croix chaque jour

 

Homélie du 12° Dimanche du temps ordinaire / Année C

20/06/2010.

 

 

« Chacun sa croix » : l’expression est passée dans la sagesse populaire. Elle semble désigner l’incontournable part de malheur que tôt ou tard chaque être humain doit affronter et assumer. La « croix » à porter chaque jour prend alors la forme du handicap d’un enfant, d’un problème de santé récurrent, d’une brouille de famille inguérissable, d’un deuil survenu trop tôt etc?

 

Est-ce bien en ce sens que Jésus parle de « prendre sa croix chaque jour » ?

Pas si sûr…

 

La croix dont il parle n’est pas liée aux malheurs de la vie (qui sont dus à notre finitude) mais au « qui-perd-gagne » que lui-même a adopté comme ligne de conduite : « celui qui veut sauver sa vie la perdra ; celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera ».

Ce qui-perd-gagne n’a pas grand-chose à voir avec les épreuves qui nous tombent dessus parce que nous sommes limités et imparfaits. La croix de Jésus n’était pas la maladie, le handicap, la mort d’un proche ou l’échec professionnel. Non sa croix à lui, c’était le rejet, l’exclusion, l’abandon, à cause de sa volonté de faire corps avec les rejetés, les exclus, les abandonnés.

 

Comme l’annonce le prophète Zacharie dans la première lecture : « ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Za 12,10), c’est-à-dire vers celui qui avait disparu de leur regard, celui qu’ils avaient effacé de la compagnie des hommes.

Ce qui « transperce » Jésus sur sa croix, c’est moins les clous dans ses poignets que le rejet de son peuple, voire le rejet de son Père (« mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »).

La croix pour Jésus, c’est descendre aux enfers, dans ces enfers sous-humains où l’homme se croie maudit des autres, maudit de Dieu. La vieille malédiction du Deutéronome pèse sur lui : « maudit soit l’homme qui pend au gibet de la croix » (Ga 3,13; Dt 21,23) ; elle l’assimile aux moins-que-rien : « il a été fait péché pour nous » (2Co 5,21).

 

Prendre sa croix n’est donc pas se résigner au malheur inévitable ; ce n’est pas non plus glorifier la souffrance (physique ou morale) comme si elle était chemin de salut. Souffrir n’est pas porter sa croix, mais porter sa croix fera passer au travers de la souffrance. Rappelez-vous que c’est à Gethsémani que Jésus sua du sang et de l’eau, alors qu’il n’était pas encore exposé à la souffrance physique.

Car le but n’est pas de souffrir ou de ne pas souffrir. Le but, c’est de donner sa vie avec le Christ et pour lui.

 

Prendre sa croix chaque jour dans Communauté spirituelle image012-9d7f6Chaque jour, nous est alors demandé de re-choisir ce que nous voulons vraiment vivre. Voulons-nous échapper aux problèmes de manière magique ? nous résigner ? nous révolter ? Ou voulons-nous d’abord livrer notre vie aux autres ? Si c’est cela, les conséquences de ce choix fondamental (« renoncer à soi-même ») se feront inévitablement sentir : vous prendrez des risques pour d’autres, vous serez  dénigrés, on cherchera à vous bousculer, à vous abattre ; vous ferez l’expérience du rejet, peut-être de l’abandon… Mais cela n’a rien à voir avec une sciatique chronique ou un chômage persistant !

 

Répétons-le : prendre sa croix, ce n’est pas se résigner devant les malheurs quotidiens, c’est quotidiennement vouloir donner sa vie pour les autres.

Ainsi un enseignant épanoui et reconnu portera sa croix chaque jour en se livrant avec passion à ses élèves

Un salarié en entreprise « prend sa croix » lorsqu’il se bat pour la performance, le respect de ses collègues, le bien commun à partager entre tous dans l’entreprise.

Une personne retraitée se charge de sa croix lorsqu’elle se lève le matin en cherchant comment mettre sa journée au profit de son quartier, sa famille, de ceux pour lesquels elle a enfin du temps à consacrer…

 

Bref : bannissons une conception trop fataliste et doloriste de la croix du Christ !

Prendre sa croix, c’est avec le Christ livrer sa vie par amour, et en chemin affronter avec courage les humiliations, les rejets, la souffrance morale et physique que ce choix va entraîner.

« Celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera ».

 

 

 

Première lecture : Lecture du livre de Zacharie (XII 10-11).

Parole du Seigneur. En ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit qui fera naître en eux bonté et supplication. Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé ; ils feront une lamentation sur lui comme sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement comme sur un premier-né. En ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.

 

Psaume 62

Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi,
ta main droite me soutient.

2° lecture : Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Galates (III 26-29)

Frère, en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, c’est vous qui êtes la descendance d’Abraham ; et l’héritage que Dieu lui a promis, c’est à vous qu’il revient.

 

Evangile de Jésus-Christ selon Saint Luc (IX 18-24).

Un jour, Jésus priait à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Pour la foule, qui suis-je ? » Ils répondirent : « Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. » Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre prit la parole et répondit : « Le Messie de Dieu. » Et Jésus leur défendit vivement de le révéler à personne, en expliquant : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. »
Patrick BRAUD

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12 juin 2010

Chassez les mauvaises odeurs !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Chassez les mauvaises odeurs !

 

Homélie du 11° Dimanche du temps ordinaire / Année C

13/06/2010.

 

Quand mettons-nous du parfum sur notre corps ?

Dans l’Antiquité, lorsque l’hygiène était moins accessible et régulière, l’utilité première du parfum était de cacher des odeurs corporelles pour le moins gênantes… Cette utilité physiologique est toujours à la base du réflexe du déodorant du matin : le spray sous les aisselles, le stick large sur le torse doivent assurer une « protection » rapprochée – comme disent les publicités ! – pour toute la journée de travail. Afin de ne pas sentir mauvais, tout simplement.

 

Très vite, le parfum a été utilisé en même temps pour séduire. Sans connaître encore la puissance des phéromones, hommes et femmes ont su que la communication entre eux passe également par le nez : les odeurs expriment l’appartenance à un groupe (pêcheurs ou carnivores, forêts ou savanes…), la subtilité d’un arôme a pour effet d’attirer ou de repousser… Le roman de Patrick Süskind : « le parfum » a immortalisé l’extraordinaire importance sociale du lien olfactif. Pas de sentiment amoureux, pas de collaboration de groupe (pensez aux effluves dans le vestiaire d’une équipe sportive !), pas d’amitié ou de travail sans une communication olfactive, d’autant plus efficace qu’elle souvent inconsciente.

 

Cela peut-il éclairer le geste étonnant de cette femme (souvent confondue d’ailleurs  avec la Marie-Madeleine de Lc 8,2) dans notre page d’évangile ?

 

Elle répand du parfum, non pas sur son propre corps, mais sur le corps d’un autre. Comme c’est une « pécheresse » (une prostituée ? Pas sûr, ce n’est pas dit), ce geste est doublement scandaleux : elle est impure et ose toucher un juif, quitte à le rendre impur lui aussi. Et elle fait un geste terriblement ambigu et lourd de sens inconscient, à tel point que Simon le pharisien est paralysé et n’ose rien dire, alors qu’il n’en pense pas moins.

 

En fait, c’est à un véritable lavement des pieds au cours d’un repas auquel cette femme procède. On ne peut s’empêcher de voir en elle la figure de Jésus, lui-même identifié au péché (« il a été fait péché pour nous » 2 Co 5,21), lavant les pieds de l’autre Simon, le disciple, qui en est scandalisé (Jn 13).

Le parallélisme entre les deux scènes est trop fort pour ne pas voir en cette femme l’accomplissement de la figure du Christ lavant les pieds de ses disciples : « vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres » (Jn 13,14).

La première à mettre en oeuvre cette attitude du lavement des pieds, c’est cette femme, pécheresse.

Avec ses larmes et ses cheveux, elle lave et essuie les pieds de Jésus. Avec sa bouche, elle les embrasse (on comprend que cette affection débordante ait  troublé Simon !), alors que c’est par un autre baiser que Judas a trahi le fils de l’homme. Et ensuite, elle répand du parfum sur ses pieds.

 

Les autres évangélistes raconteront la scène avec chacun sa propre interprétation. Matthieu y voit l’annonce des rites funéraires d’embaumement que les femmes feront sur le corps de Jésus : cette femme est ainsi prophète de la mort et de la résurrection du Christ (Mt 26,6-13).

Marc reprend cette lecture, en insistant sur le scandale économique du gaspillage d’un parfum très cher (Mc 14,3-18).

Jean oppose plus nettement encore le geste de cette femme (identifié par lui à Marie, soeur de Lazare) à celui de Judas. Il insiste également sur la diffusion de cette essence rare : « la maison fut remplie de ce parfum » (Jn 12,3).

 

Luc visiblement ne durcit pas l’opposition avec Judas. Et s’il mentionne l’argent, ce n’est pas pour dénoncer le gaspillage, mais pour louer la remise de dettes, grâce à la  petite parabole des deux débiteurs qui devaient beaucoup d’argent et peu d’argent.

Luc insiste sur le lien entre le parfum et la miséricorde : « si ses péchés si nombreux ont été pardonnés, c’est parce qu’elle a montré beaucoup d’amour ».

 

Il flotte donc comme un parfum de miséricorde dans ce geste odoriférant.

Comme le parfum cache et chasse des mauvaises odeurs corporelles qui gênent la relation avec autrui, le pardon recouvre « ce qui sent mauvais » dans nos vies, mieux que le désodorisant du matin sous les aisselles…

Comme le parfum rend un corps séduisant, désirable, attirant, la miséricorde renouvelle le désir d’être uni au Christ.

L’onction d’huile parfumée faite au baptême ou à la confirmation sur le corps du catéchumène (la chrismation) rappelle ce geste de la femme pécheresse : le corps du Christ, auquel le baptisé-confirmé est uni, irradie d’une fragrance qui le rend  désirable ; et « la maison tout entière est remplie de son parfum », c’est-à-dire que « la bonne odeur du Christ » (2 Co 2,15 ; Ph 4,18) se répand dans l’univers entier à travers le témoignage des baptisés.

 

La miséricorde est le moment où le flacon de parfum est ouvert pour être répandu.

 

Quelle odeur émane de nos comportements (on dit bien que la sainteté en a une) ?

Flotte-t-il dans nos journées comme un parfum de miséricorde ?

Ai-je le nez assez fin pour détecter les parfums d’Évangile que les rencontres d’aujourd’hui vont diffuser à mon égard ?

Comment éduquer mon « odorat intérieur » pour me laisser attirer par le parfum de la miséricorde, plus sûrement que par N°5 de Chanel ou « l’Instant » de Guerlain ?

Deuxième livre de Samuel 12,7-10.13. 
Alors Nathan dit à David : « Cet homme, c’est toi ! Ainsi parle le Seigneur Dieu d’Israël : Je t’ai sacré roi d’Israël, je t’ai sauvé de la main de Saül, 
puis je t’ai donné la maison de ton maître, je t’ai donné les épouses du roi ; je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas encore assez, j’y ajouterai tout ce que tu voudras. 
Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé par l’épée Ourias le Hittite ; sa femme, tu l’as prise pour femme ; lui, tu l’as fait périr par l’épée des fils d’Ammon. 
Désormais, l’épée ne cessera plus de frapper ta maison, pour te punir, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Ourias le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. 
David dit à Nathan : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan lui répondit : « Le Seigneur a pardonné ton péché, tu ne mourras pas. 

Psaume 32(31),1-2.5.7.11. 
Heureux l’homme dont la faute est enlevée, et le péché remis ! 
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude ! 
Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts. J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. » Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute. 
Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse ; de chants de délivrance, tu m’as entouré. 
Que le Seigneur soit votre joie ! Exultez, hommes justes ! Hommes droits, chantez votre allégresse ! 

Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates 2,16.19-21. 
Frères, nous le savons bien, ce n’est pas en observant la loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru en Jésus Christ pour devenir des justes par la foi au Christ, mais non par la pratique de la loi de Moïse,car personne ne devient juste en pratiquant la Loi. 
Grâce à la Loi (qui a fait mourir le Christ) j’ai cessé de vivre pour la Loi afin de vivre pour Dieu. Avec le Christ, je suis fixé à la croix : 
je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ma vie aujourd’hui dans la condition humaine, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi. 
Il n’est pas question pour moi de rejeter la grâce de Dieu. En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien. 

Évangile de Jésus-Christ selon saint Luc 7,36-50.8,1-3. 
Un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. 
Survint une femme de la ville, une pécheresse. Elle avait appris que Jésus mangeait chez le pharisien, et elle apportait un vase précieux plein de parfum. 
Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, à ses pieds, et ses larmes mouillaient les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et y versait le parfum. 
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. » 
Jésus prit la parole : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. » 
Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. 
Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait rembourser, il remit à tous deux leur dette. Lequel des deux l’aimera davantage ? » 
Simon répondit : « C’est celui à qui il a remis davantage, il me semble. – Tu as raison », lui dit Jésus. 
Il se tourna vers la femme, en disant à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré chez toi, et tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. 
Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis son entrée, elle n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. 
Tu ne m’as pas versé de parfum sur la tête ; elle, elle m’a versé un parfum précieux sur les pieds. 
Je te le dis : si ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, c’est à cause de son grand amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » 
Puis il s’adressa à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. » 
Les invités se dirent : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? » 
Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » 
Ensuite Jésus passait à travers villes et villages, proclamant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, 
ainsi que des femmes qu’il avait délivrées d’esprits mauvais et guéries de leurs maladies : Marie, appelée Madeleine (qui avait été libérée de sept démons), 
Jeanne, femme de Kouza, l’intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les aidaient de leurs ressources.
Patrick BRAUD

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