Roc ou sable : quelles sont vos fondations ?
Roc ou sable : quelles sont vos fondations ?
Revenir aux fondamentaux
· Au rugby, lorsqu’une équipe doute d’elle-même et commence à perdre son jeu, le coach lui crie sur le banc de touche et lui répète à la mi-temps ce conseil si précieux : revenez aux fondamentaux ! C’est-à-dire : retrouvez ce pourquoi vous êtes sur le terrain : vous faire plaisir, être ensemble, construire du jeu, marquer des points… Vous retrouverez alors les gestes simples, essentiels, du pack d’avants aux lignes arrières, qui vous feront retrouver notre rugby !
Avec cette parabole des deux maisons, roc et sable, Jésus aurait été un bon entraîneur de rugby : lorsque l’adversité s’acharne contre vous, revisitez vos fondations ! Retrouvez le socle de votre histoire personnelle et collective…
Sur quelles fondations avons-nous posé les choix les plus importants de notre vie ?
· Sur quoi reposent finalement nos décisions les plus engageantes ?
Quel est le socle ultime sur lequel nous avons bâti nos projets les plus significatifs ?
La parabole des deux maisons, roc et sable, nous incite à faire ce travail de refondation : aller chercher dans notre histoire, aller creuser notre colonne vertébrale intérieure pour mettre au jour les vraies raisons, les profondes motivations qui ont présidé à nos constructions de longue haleine.
· Lorsqu’un couple va mal, éprouvé par la tempête, il est obligé de revenir à ses fondations. S’il n’y avait que le sentiment amoureux comme socle de la relation, il est fort probable que le couple sera emporté par des aléas climatiques tels que Jésus l’évoque dans la parabole : la routine, l’infidélité, la maladie, la durée, le vieillissement…
Si un couple marié sur deux divorce actuellement en France, c’est que la vie sociale actuelle ne fait pas de cadeaux à ceux dont la fondation ne s’appuie pas « sur le roc ».
Le livre de Luc Ferry : « la révolution de l’amour » (Plon, 2010) nous rappelle que le mariage d’amour est une invention récente, deux siècles à peine. Avant, on se mariait surtout pour s’entraider, pour faire alliance, pour fonder une famille à deux, parce que traverser la vie tout seul serait trop dur. Un mariage où l’intérêt bien compris de chacun jouait un grand rôle.
Mais on ne demandait pas tout au conjoint.
À vouloir que l’autre aujourd’hui réponde à toutes les demandes : d’affection, de sécurité, de reconnaissance, d’intelligence, de culture, de respect de ma liberté etc… on fragilise énormément le couple. Demander à l’autre de combler mes manques, c’est faire peser sur lui un fardeau trop lourd.
Pascal Bruckner analyse l’échec du sentiment amoureux dans son essai : « le mariage d’amour a-t-il échoué ? » (Grasset, 2010). Fonder le mariage sur le seul sentiment amoureux semble bien le fragiliser énormément (répétons-le : un divorce pour deux mariages, c’est énorme ; comme est très significative l’augmentation des familles monoparentales). La tyrannie de l’épanouissement, la dictature du sentiment réduit à l’affectif… : le mariage d’amour sombre parce qu’on lui en demande beaucoup trop !
· Les fondations du mariage sont donc à réinventer. Sans revenir au mariage d’intérêt ou d’alliances familiales, faire jouer la raison, la volonté et le choix des critères ultimes permettrait peut-être aux couples de poser d’autres fondations que la seule émotion.
Comme le constate le psaume 10 : « quand sont ruinées les fondations, que peut faire le juste ? »
· Ce devoir de refondation vaut pour le couple, mais également :
- pour l’économie (cf. la fameuse régulation du système financier qui reste à construire),
- pour la religion (continuer à pratiquer et la vivre en communauté « comme avant » ne tient plus guère),
- pour la cohésion sociale (sur quoi fonder la volonté de vivre ensemble lorsqu’on est si différent d’un quartier à l’autre, ou au sein de la même banlieue ?),
- pour le travail en entreprise (maximiser son intérêt personnel n’est sûrement pas une fondation « sur le roc ») ….
La parabole des deux maisons, roc et sable, ne s’applique donc pas qu’au mariage, même si ce texte est au ?top ten’ des liturgies des mariages chrétiens chaque été.
Refonder
· Or revisiter ses fondations lorsqu’on a déjà construit plusieurs étages au-dessus peut paraître périlleux, dangereux, voire impossible. Peut-on changer les fondations des années après ? Faut-il attendre que les épreuves fassent écrouler ce qui était mal posé pour repartir fonder ailleurs et autrement ?
Difficile d’avoir une réponse unique.
- Pour certains d’entre nous, il faudra des écroulements (couple, travail, vie sociale…) pour effectivement reconstruire autrement.
- Pour d’autres, il suffira de consolider ce qui était trop « sableux » dans les ancrages des débuts, comme on injecte du béton dans des fondations trop fragiles.
- D’autres encore réussiront ce tour de force de garder leurs choix essentiels, mais en les fondant autrement. On a vu tant de couples ressortir plus forts d’une crise grave, tant d’entreprises repartir sur d’autres bases plus solides après avoir frôlé l’anéantissement etc..
· L’essentiel est de garder un œil sur ces fondations dont parle le Christ.
Descendez de temps en temps à la cave, sortez à nouveau les plans d’architecte, testez la résistance de votre structure intérieure aux aléas de la vie : sur quoi sont fondés finalement vos choix les plus importants ?
N’oubliez pas ce que l’entraîneur de l’équipe de rugby vous crie à vous aussi lorsque le jeu se met à flotter : « revenez à vos fondamentaux« !
1ère lecture : Ceux qui écoutent les commandements, et ceux qui ne les écoutent pas (Dt 11, 18.26-28.32)
Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disaint au peuple d’Israël :
« Les commandements que je vous donne, mettez-les dans votre coeur, dans votre âme. Attachez-les à votre poignet comme un signe, fixez-les comme une marque sur votre front.
Aujourd’hui je vous donne le choix entre la bénédiction et la malédiction :
bénédiction si vous écoutez les commandements du Seigneur votre Dieu, que je vous donne aujourd’hui ;
malédiction si vous n’écoutez pas les commandements du Seigneur votre Dieu, si vous abandonnez le chemin que je vous prescris aujourd’hui, pour suivre d’autres dieux que vous ne connaissez pas.
Veillez à mettre en pratique les décrets et les commandements que je vous présente aujourd’hui. »
Psaume : Ps 30, 3bc-4, 17.20cd, 24ab.25
R/ C’est toi Seigneur, le rocher qui me sauve
Sois le rocher qui m’abrite,
la maison fortifiée qui me sauve.
Ma forteresse et mon roc, c’est toi :
pour l’honneur de ton nom, tu me guides et me conduis.
Sur ton serviteur, que s’illumine ta face ;
sauve-moi par ton amour.
Tu combles à la face du monde
ceux qui ont en toi leur refuge.
Aimez le Seigneur, vous ses fidèles :
le Seigneur vielle sur les siens.
Soyez forts, prenez courage,
vous tous qui espérez le Seigneur !
2ème lecture : « C’est par la foi que l’homme devient juste »(Rm 3, 21-25a.28)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères,
tous les hommes sont dominés par le péché ; la loi de Moïse, elle, servait seulement à faire connaître le péché.
Mais aujourd’hui, indépendamment de la Loi, Dieu a manifesté sa justice qui nous sauve : la Loi et les prophètes en sont déjà témoins.
Et cette justice de Dieu, donnée par la foi en Jésus Christ, elle est pour tous ceux qui croient. En effet, il n’y a pas de différence :
tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu,
lui qui leur donne d’être des justes par sa seule grâce, en vertu de la rédemption accomplie dans le Christ Jésus.
Car Dieu a exposé le Christ sur la croix afin que, par l’offrande de son sang, il soit le pardon pour ceux qui croient en lui.
En effet, nous estimons que l’homme devient juste par la foi, indépendamment des actes prescrits par la loi de Moïse.
Evangile : Conclusion du sermon sur la montagne. La maison bâtie sur le roc et la maison bâtie sur le sable (Mt 7, 21-27)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Oui, il est notre Dieu. Alléluia.(Ps 94, 1.7)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Comme les disciples s »étaient rassemblés autour de Jésus, sur la montagne, il leur disait : « Il ne suffit pas de me dire : ‘Seigneur, Seigneur !’, pour entrer dans le Royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.
Ce jour-là, beaucoup me diront : ‘Seigneur, Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beaucoup de miracles ?’
Alors je leur déclarerai : ‘Je ne vous ai jamais connus. Écartez-vous de moi, vous qui faites le mal !’
Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc.
Et tout homme qui écoute ce que je vous dis là sans le mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable.
La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet. » Patrick Braud