L'homélie du dimanche (prochain)

17 avril 2010

Les 7 mercenaires

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Les 7 mercenaires

 

Homélie du 3° Dimanche de Pâques / année C

18/04/2010

 

Ils ne sont plus que 7 : Simon-Pierre, Thomas, Nathanaël, les deux fils de Zébédée, et deux autres disciples.

7 sur les 12 qui constituaient le groupe des proches, des intimes.

Et ces 7 là sont retournés à leur métier ordinaire : « je m’en vais à la pêche », dit Simon-Pierre.

On sent pointer la lassitude, le côté désabusé au lendemain d’une grande aventure qui s’est mal terminée. D’autant que cette pêche nocturne est stérile : la fatigue de travailler pour rien s’ajoute à la désillusion d’avoir suivi Jésus pour rien…

 

Les 7 mercenaires dans Communauté spirituelle 3700259801287Connaissez-vous le film « les sept mercenaires » ? C’est un best-seller du western américain, lui-même repris du best-seller japonais : « les sept samouraïs ». On y voit 7 hommes de main, yakuzas ou pistoleros, se laisser embaucher par des villageois ignares en matière de combat pour les défendre, moyennant un salaire peu reluisant où ils ont mis toutes leurs économies. Au fil de la résistance qu’ils organisent, ces mercenaires se transforment en défenseurs des plus faibles. Ces yakuzas vont mettre leur honneur à combattre la violence injuste plus qu’à toucher leur prime ou à faire briller leur réputation. Plus encore, ils accepteront de mourir pour défendre ces paysans abrutis. Plus encore, ils feront de ces villageois une armée digne de ce nom, fiers de se battre pour leur liberté.

 

Le parcours de nos sept disciples a peut-être des consonances avec celui de ces sept mercenaires.

- Simon Pierre avait revendiqué sa prime : « nous avons tout quitté pour toi. Quelle sera notre récompense ? » (Mt 19,27)

- Thomas avait eu des accents de desperado prêt au pire : « Allons, nous aussi, pour mourir avec lui ! » (Jn 11, 16) Il était complètement perdu devant l’itinéraire de Jésus : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin? » (Jn 14,5)

- Les fils de Zébédée avaient rêvé de gloire politique et médiatique : « Accorde-nous, lui dirent-ils, de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire » (Mc 10, 37). Ils aspiraient à une domination écrasante de leurs adversaires : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer ? » (Lc 9,54)

- Nathanaël était fasciné par la capacité divinatoire de Jésus : « d’où me connais-tu ? » (Jn 1, 48)

- Les 7 avaient suivi Jésus pour du pain et des miracles plus que pour partager sa Passion…

 

Et puis, au fil du parcours avec cet homme déroutant, ils se sont laissés littéralement dé-router, emmener là où ils n’avaient pas prévu d’aller.

- De la recherche de gloire, ils en viendront à être « tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus » (Ac 5,41).

- De la course à la première place, ils passeront au rôle de témoin d’un Autre : « quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint ». (Ac 5,39)

- De l’amour de la réussite à la manière humaine, ils passeront à l’amour du Christ en personne : « oui Seigneur, je t’aime » (Jn 21,15). 

 

La clé de cette transformation est livrée par le Ressuscité lui-même : « quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller » (Jn 21,18).

C’est le chemin que Jésus a suivi en premier : ne pas s’appartenir ; se laisser conduire, par amour, là où on n’avait pas prévu ni calculé d’aller ; laisser l’Esprit du Christ nous « ceinturer » et nous emmener ailleurs…

 

Cette transformation pascale, de mercenaire à disciple, peut devenir la nôtre.

Cette métamorphose, de samouraï à sauveur, est le sens de la fête de Pâques que nous déployons pendant ces 50 jours de fête jusqu’à Pentecôte.

 

Faites jouer ce passage dans votre vie professionnelle :

- Quand et avec qui êtes-vous  plutôt « mercenaire » dans votre attitude professionnelle ?

- Vous est-il arrivé d’aller au-delà, et de vous mettre réellement au service d’un client, d’un collaborateur ?

- Vous est-il arrivé de vous laisser entraîner – de manière heureuse ! – dans d’autres parcours professionnels, dans d’autres objectifs ou initiatives que vous n’aviez pas prévues ?

- Comment accepter de ne pas tout maîtriser dans ce contexte professionnel, et en même temps de se laisser conduire dans des relations de travail autres, vers un travail lui-même profondément renouvelé ?

 

Soyez attentifs à ce que l’Esprit manifeste de puissance de transformation dans votre vie professionnelle, et vous serez étonnés de ce que vous allez découvrir ; et vous serez conduits à travailler autrement. Et cela peut vous emmener très loin…

 

 

 

Cette puissance de transformation pascale joue également pour nos autres domaines de vie bien sûr ! (famille, amis, loisirs, engagements divers…)

Il s’agit d’entendre, en actes, ce que provoque l’appel du Christ dans nos vies : « suis-moi ».

1ère lecture : Les Apôtres persécutés à Jérusalem (Ac 5, 27b-32.40b-41)

Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil ; le grand prêtre les interrogea :
« Nous vous avions formellement interdit d’enseigner le nom de cet homme-là, et voilà que vous remplissez Jérusalem de votre enseignement. Voulez-vous donc faire retomber sur nous le sang de cet homme ? »
Pierre, avec les Apôtres, répondit alors : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous aviez exécuté en le pendant au bois du supplice.
C’est lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Chef, le Sauveur, pour apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés.
Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela, avec l’Esprit Saint, que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent. »
Les Apôtres comparaissaient devant le grand conseil ; le grand prêtre les interrogea :
On interdit alors aux Apôtres, après les avoir fouettés, de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha.
Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.
On interdit alors aux Apôtres, après les avoir fouettés, de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha. Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes de subir des humiliations pour le nom de Jésus.

 

Psaume : Ps 29, 3-4, 5-6ab, 6cd.12, 13

R/ Je t’exalte, Seigneur, toi qui me relèves

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté toute la vie.

Avec le soir viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !

Que mon coeur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi ;
eet que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !

 

2ème lecture : Gloire à l’Agneau immolé ! (Ap 5, 11-14)

Moi, Jean, dans ma vision, j’ai entendu la voix d’une multitude d’anges qui entouraient le Trône, les Vivants et les Anciens :i ls étaient des millions, des centaines de millions.
Ils criaient à pleine voix : « Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse, sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction. »
Et j’entendis l’acclamation de toutes les créatures au ciel, sur terre, sous terre et sur mer ; tous les êtres qui s’y trouvent proclamaient :« A celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau,bénédiction, honneur, gloire et dominationpour les siècles des siècles. »
Et les quatre Vivants disaient : « Amen ! » et les Anciens se prosternèrent pour adorer.

 

Evangile : Apparition au bord du lac : la pèche miraculeuse (Jn 21, 1-19)

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade, et voici comment.
Il y avait là Simon-Pierre, avec Thomas (dont le nom signifie : Jumeau), Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples.
Simon-Pierre leur dit : « Je m’en vais à la pêche. » Ils lui répondent : « Nous allons avec toi. » Ils partirent et montèrent dans la barque ; or, ils passèrent la nuit sans rien prendre.
Au lever du jour, Jésus était là, sur le rivage, mais les disciples ne savaient pas que c’était lui.
Jésus les appelle : « Les enfants, auriez-vous un peu de poisson ? » Ils lui répondent : « Non. »
Il leur dit : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » Ils jetèrent donc le filet, et cette fois ils n’arrivaient pas à le ramener, tellement il y avait de poisson.
Alors, le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : « C’est le Seigneur ! » Quand Simon-Pierre l’entendit déclarer que c’était le Seigneur, il passa un vêtement, car il n’avait rien sur lui, et il se jeta à l’eau.
Les autres disciples arrivent en barque, tirant le filet plein de poissons ; la terre n’était qu’à une centaine de mètres.
En débarquant sur le rivage, ils voient un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain.
Jésus leur dit : « Apportez donc de ce poisson que vous venez de prendre. »
Simon-Pierre monta dans la barque et amena jusqu’à terre le filet plein de gros poissons : il y en avait cent cinquante-trois. Et, malgré cette quantité, le filet ne s’était pas déchiré.
Jésus dit alors : « Venez déjeuner. » Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ? » Ils savaient que c’était le Seigneur.
Jésus s’approche, prend le pain et le leur donne, ainsi que le poisson.
C’était la troisième fois que Jésus ressuscité d’entre les morts se manifestait à ses disciples.
Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m’aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t’aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis.
Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. »
Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. Puis il lui dit encore : « Suis-moi. »
Patrick BRAUD

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10 avril 2010

Riches en miséricorde ?

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Riches en miséricorde ?

 

Homélie du 2° dimanche de Pâques /Année C

11/04/2010


C’est Jean-Paul II qui a voulu faire de ce 2° Dimanche de Pâques un jour pour fêter la miséricorde divine.

 

Riches en miséricorde ? dans Communauté spirituelle« Voici que le Fils de Dieu, dans sa résurrection, a fait l’expérience radicale de la miséricorde, c’est-à-dire de l’amour du Père plus fort que la mort. Et c’est aussi le même Christ, fils de Dieu, qui, au terme – et en un certain sens au-delà même du terme – de sa mission messianique, se révèle lui-même comme source inépuisable de la miséricorde, de l’amour qui, dans la perspective ultérieure de l’histoire du salut dans l’Église, doit continuellement se montrer plus fort que le péché. Le Christ de Pâques est l’incarnation définitive de la miséricorde, son signe vivant : signe du salut à la fois historique et eschatologique. Dans le même esprit, la liturgie du temps pascal met sur nos lèvres les paroles du Psaume : Misericordias  Domini in aeternum  cantabo, « Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur ». (Dieu riche en miséricorde, n° 8)

 

Effectivement, il y a un lien très fort selon l’évangile entre Pâques et le pardon, entre la résurrection du Christ et la miséricorde du Père.

Le premier mot du Ressuscité est le mot de paix : « la paix soit avec vous ». Cette paix du coeur qui ne s’obtient qu’en la recevant d’un autre qui nous aime.

Le don que le Ressuscité fait à son Église pour vivre de cette paix est l’Esprit.

Le Pape Jean-Paul II le décrivait ainsi :

« Comme les apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l’humanité d’aujourd’hui accueille elle aussi dans le cénacle de l’histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix  à vous ! Il faut que l’humanité se laisse atteindre et imprégner par l’Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C’est l’Esprit qui guérit les blessures du coeur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l’amour du Père et celle de l’unité fraternelle. » (Homélie du 30 avril 2000).

 

La petite Pentecôte d’aujourd’hui est donc liée à la circulation du pardon entre nous, entre Dieu et nous.

Car l’Esprit, c’est la relation vivante, personnifiée.

Relation de profonde communion entre Jésus et celui qu’il appelle « Abba », Père.

Relation d’unité fraternelle entre les hommes qui se reconnaissent dans cette filiation partagée en Jésus.

 

Fêter le pardon à la lumière de Pâques, et Pâques à la lumière du pardon : voilà un enjeu existentiel de ce dimanche de la divine miséricorde !

Et qui a des conséquences très concrètes.

 

- Si renaître, c’est pardonner, alors comment rester dans des amertumes, des conflits, des  silences meurtriers ?

- Si ressusciter, c’est être pardonné, pourquoi ne pas s’ouvrir à cette humble confiance envers Dieu et envers ceux avec qui la relation est difficile ?

- Si la miséricorde est le signe de la victoire sur la mort, comment la réserver à quelques-uns ?

- Si la relation vivante est plus importante que tout, pourquoi laisser des objets ou des choses matérielles nous éloigner les uns des autres ?

 

Dans chaque famille, il y a des sources de blessure, d’opposition, de friction, de  séparation…

Que cette fête de la miséricorde renouvelle nos relations familiales !

Dans chaque communauté, professionnelle, amicale ou ecclésiale, il y a des pardons à échanger.

Que cette identification entre Pâques et la miséricorde divine nous pousse à voir autrement nos collègues, nos amis, nos communautés de vie, pour y pratiquer cette miséricorde, et devenir « artisans de paix ».

 

1ère lecture : La communauté des premiers chrétiens (Ac 5, 12-16)

À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul coeur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge,
et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi.
On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards : ainsi, quand Pierre passerait, il toucherait l’un ou l’autre de son ombre. Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais. Et tous, ils étaient guéris.

Psaume : Ps 117, 1.4, 22-23, 24-25, 26ab.27a.29

R/ Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle : 
c’est là l’oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux. 

Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! 
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire ! 

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient ! 
Dieu, le Seigneur, nous illumine.
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

2ème lecture : « Je suis le Vivant : écris ce que tu vois » (Ap 1, 9-11a.12-13.17-19)

Moi, Jean,votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus, je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus.
C’était le jour du Seigneur ; je fus inspiré par l’Esprit, et j’entendis derrière moi une voix puissante, pareille au son d’une trompette.
Elle disait :« Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée. »
Elle disait :« Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure. »
Je me retournai pour voir qui me parlait. Quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d’or ;
et au milieu d’eux comme un fils d’homme, vêtu d’une longue tunique ;une ceinture d’or lui serrait la poitrine ;
Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier,
je suis le Vivant : j’étais mort,mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts.
Écris donc ce que tu auras vu : ce qui arrive maintenant, et ce qui arrivera ensuite. »

 

Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)

C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
1l y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Patrick BRAUD

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3 avril 2010

Incroyable !

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Incroyable !

 

Homélie du dimanche de Pâques / Année C

04/04/2010

 

Incroyable !

Ce ne peut être qu’un « délire » de femmes, hystériques d’avoir perdu un être cher ! Raisonnablement, c’est inconcevable, inimaginable. Que cet homme Jésus, exécuté devant tous, mort avec certitude, mis au tombeau, soit maintenant réellement en vie, c’est une drôle d’invention de disciples désemparés… C’est ce qu’ont dû se dire Pierre et Jean, puis les compagnons qui avaient connu Jésus, puis les Romains ou les Grecs qui en avait entendu parler…

 

- Incroyable pour des gens raisonnables pour qui évidemment la mort est sans retour.

- Scandaleux pour les juifs qui attendent la résurrection générale à la fin des temps, pas la résurrection d’un seul à la moitié du temps.

- Folie pour les païens dont les dieux n’offrent pas ainsi aux hommes de partager leur intimité en traversant la mort.

 

C’est justement parce que c’est inconcevable que finalement c’est très croyable !

On voit mal en effet des juifs inventer un événement qui va autant à l’encontre de leur représentation du jugement final.

On voit mal des évangélistes inventer la visite au tombeau vide et s’appuyer ainsi sur le témoignage – si peu crédible à l’époque – des femmes.

On voit mal ce qui aurait pu retourner Paul sur le chemin de Damas, ce qui aurait pu motiver des milliers de martyrs à verser leur sang, les Romains militaires ou les Grecs philosophes à suivre une idée aussi folle, s’il n’y avait pas d’abord quelque chose qui s’impose, et que les mots peinent à décrire.

 

On peut l’appeler résurrection, transfiguration, traversée de la mort, vie nouvelle, glorification, exaltation, ascension, session à la droite de Dieu… : cet événement de Pâques est tellement hors normes que le Nouveau Testament essaiera des dizaines de mots ou expressions pour approcher l’inconcevable…

  Incroyable ! dans Communauté spirituelle 220308_resurrection1


À nous aujourd’hui de décliner l’espérance de Pâques avec nos propres mots.

- Ceux qui ont perdu un être cher liront dans l’annonce de Pâques le signal joyeux de leurs retrouvailles à venir.

- Ceux qui ont été blessés, abattus par le mal ou la haine y entendront un chant de victoire : l’amour est plus fort que tout.

- Ceux qui ont été passionnés de vivre y découvriront l’annonce d’une plénitude dont ils ont déjà goûté bien des saveurs.

- Ceux qui ont légitimement douté de l’origine ou du sens de l’aventure humaine y accueilleront la promesse d’une clé pour enfin savoir et comprendre.

- Ceux qui n’ont rien cherché d’autre que de mener une vie tranquille y sentiront un appel d’air extraordinaire, pour se risquer à plus de profondeur…

 

La liste est interminable !

Puisque le Christ est ressuscité, tout peut être relu autrement.

Puisque le Christ est vraiment ressuscité, rien ne peut enfermer cette immense espérance !

 

Laissons la battre et palpiter en nous, cette espérance pascale qui rend folle la sagesse humaine?

Que nos défis, nos traversées, nos passages, soient déjà éclairés de cette plénitude qui nous est promise en Jésus relevé d’entre les morts, et qui nous est déjà partagée dans la vie nouvelle offerte dès maintenant…

 

 


Evangile : Les femmes au tombeau vide (Mc 16, 1-8)

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus.
De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil.
Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »
Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande.
En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur.
Mais il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé.
Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.’ »
Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Patrick BRAUD

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27 mars 2010

Il a été compté avec les pécheurs

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Il a été compté avec les pécheurs

 

Homélie du Dimanche des Rameaux / Année C

28/03/10

 

« Il a été compté avec les pécheurs » (Is 53,12).

 

Cette citation du prophète Isaïe est sans doute la clé, propre à Luc, qui lui permet de déchiffrer l’énigme de la passion de Jésus que nous lisons en ce dimanche des Rameaux.

Luc est en effet le seul évangéliste à aller chercher dans les « chants du Serviteur souffrant » d’Isaïe l’explication du déchaînement du mal contre Jésus, et son apparente faiblesse tout au long de son procès et de sa passion.

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

De Etty Hillesum à Nelson Mandela, du capitaine Dreyfus aux erreurs judiciaires d’aujourd’hui, ils sont nombreux ceux qui peuvent se reconnaître dans cette expérience douloureuse : être injustement rangé au rang des criminels.

Mais, en plus, dans cette passion singulière, c’est Dieu lui-même qui est compté avec les pécheurs ! Le Dieu trois fois saint est plongé dans l’abîme de la dérision, de l’insulte, du mépris, et on veut faire croire à Jésus qu’il est un blasphémateur, qu’il est loin de Dieu, lui l’Intime !

 

L’extrême souffrance de l’accusé Jésus n’est alors pas d’abord la douleur physique des épines ou des clous. C’est l’affreuse immersion dans « l’océan pestilentiel du péché », selon l’expression des mystiques. Il fait corps avec les pécheurs, avec les rejetés, les réprouvés, les exclus de la société, les sans-Dieu, les contre-Dieu…

 

- Contemplez son angoisse au Mont des Oliviers : ce n’est pas la douleur physique qui le fait suer du sang ; c’est l’opprobre de la croix (cf. He 13,13) qui approche, symbole de la malédiction (« maudit soit qui pend au gibet de la croix », dit le Deutéronome 21,23 // Ga 3,13) et de l’éloignement absolu.

- Ressentez sa tristesse, lorsqu’il découvre que les amis et les gestes d’amitié deviennent des armes utilisées contre lui :« Judas, c’est par un baiser que tu livres le fils de l’homme ? » « Pierre, tu vas me renier trois fois ».

- Partagez son indignation lorsqu’on le traite comme un moins que rien : « suis-je donc un bandit pour que vous soyez venus m’arrêter avec des épées et des bâtons ? »

 

- Plongez dans son désarroi lorsqu’on l’insulte : « fais le prophète ! » ; lorsqu’on l’accuse de blasphème (lui, le fils de Dieu !), lorsque Hérode le traite avec mépris et se moque de lui.


- Laissez résonner cet immense silence qui étonne ses accusateurs : Jésus se tait devant le tribunal, comme il s’était tu devant les accusateurs de la femme adultère…

- Mesurez son sentiment d’abandon, et peut-être de honte, lorsque la foule de son peuple lui préfère le meurtrier Barabbas, et crie sa haine : « crucifie-le ! ».

 

- Même l’un des malfaiteurs le traite comme un inférieur : suspendu à la croix, Jésus se fait injurier par l’un de ses compagnons d’infortune…

 

« Il a été compté avec les pécheurs ».

Lui qui était Dieu, il s’est abaissé jusque là (cf. 1° lecture : Philippiens 2,6-11), jusqu’à cette descente aux enfers où on le range avec les blasphémateurs, les sans-Dieu, les criminels à éliminer…

 

 Il a été compté avec les pécheurs dans Communauté spirituelle 3715247704_79de661a56

Pourquoi a-t-il bu cette coupe jusqu’à la lie ?

Pourquoi a-t-il accompli cette prophétie d’Isaïe : être assimilé aux derniers des pécheurs?

·     Pour que nul ne désespère.

·     Pour que nul enfer ne soit scellé à jamais.

·     Pour que ceux dont la dignité est bafouée soient sûrs qu’en Dieu elle est pleinement reconnue.

·     Pour que les exclus, les rejetés des hommes découvrent en Jésus leur frère, qui les  réintroduit dans la famille de Dieu.

·     Pour que ceux dont on se moque, qu’on insulte, qu’on maltraite, qu’on exclut de la compagnie des hommes entendent cette parole incroyable : « aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ».

 

Que la passion du Christ vienne soutenir toutes nos passions humaines…

 

 


1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Is 50, 4-7)

Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire.
Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats.
Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages,c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre :je sais que je ne serai pas confondu.
Parole du Serviteur de Dieu : Le Seigneur Dieu m »a ouvert l »oreille et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.

 

Psaume : Ps 21, 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre ! Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
C’est toi qui m’as tiré du ventre de ma mère, qui m’a mis en sûreté entre ses bras.
A toi je fus confié dès ma naissance ; dès le ventre de ma mère, tu es mon Dieu.
Ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider.
Des fauves nombreux me cernent, des taureaux de Basan m’encerclent.
Des lions qui déchirent et rugissent ouvrent leur gueule contre moi.
Je suis comme l’eau qui se répand, tous mes membres se disloquent. Mon coeur est comme la cire, il fond au milieu de mes entrailles.
Ma vigueur a séché comme l’argile, ma langue colle à mon palais.

Tu me mènes à la poussière de la mort. +
Oui, des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure. Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os. Ces gens me voient, ils me regardent. +
Ils partagent entre eux mes habits et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !
Préserve ma vie de l’épée, arrache-moi aux griffes du chien ;
sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles. Tu m’as répondu ! +
Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur, + glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob, vous tous, redoutez-le, descendants d’Israël.
Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte.
Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ; ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! »
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur, chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté, le pouvoir sur les nations ! »
Tous ceux qui festoyaient s’inclinent ; promis à la mort, ils plient en sa présence.
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ; on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître : Voilà son oeuvre !

 

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Ph 2, 6-11)

Lui qui était dans la condition de Dieu,il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur.

Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement,
il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir,et à mourir sur une croix.
C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms,
afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux,
et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur »,pour la gloire de Dieu le Père.
Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n »a pas jugé bon de revendiquer son droit d »être traité à l »égal de Dieu ;

 

Evangile : La Passion (Lc 22, 14-71; 23, 1-16.18-56)

Quand l’heure fut venue, Jésus se mit à table, et les Apôtres avec lui.
Il leur dit : « J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir !
Car je vous le déclare : jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit pleinement réalisée dans le royaume de Dieu. »
Il prit alors une coupe, il rendit grâce et dit : « Prenez, partagez entre vous.
Car je vous le déclare : jamais plus désormais je ne boirai du fruit de la vigne jusqu’à ce que vienne le règne de Dieu. »
Puis il prit du pain ; après avoir rendu grâce, il le rompit et le leur donna, en disant : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites cela en mémoire de moi. »
Et pour la coupe, il fit de même à la fin du repas, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang répandu pour vous.
Cependant la main de celui qui me livre est là, à côté de moi sur la table.
En effet, le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux l’homme qui le livre ! »
Les Apôtres commencèrent à se demander les uns aux autres lequel d’entre eux allait faire cela.
Ils en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ?
Mais il leur dit : « Les rois des nations païennes leur commandent en maîtres, et ceux qui exercent le pouvoir sur elles se font appeler bienfaiteurs.
Pour vous, rien de tel ! Au contraire, le plus grand d’entre vous doit prendre la place du plus jeune, et celui qui commande, la place de celui qui sert.
Quel est en effet le plus grand : celui qui est à table, ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Eh bien moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
Vous, vous avez tenu bon avec moi dans mes épreuves.
Et moi, je dispose pour vous du Royaume, comme mon Père en a disposé pour moi.
Ainsi vous mangerez et boirez à ma table dans mon Royaume, et vous siégerez sur des trônes pour juger les douze tribus d’Israël.
Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le froment.
Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne sombre pas. Toi donc, quand tu sera revenu, affermis tes frères. »
Pierre lui dit : « Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort. »
Jésus reprit : « Je te le déclare, Pierre : le coq ne chantera pas aujourd’hui avant que, par trois fois, tu aies affirmé que tu ne me connais pas. »
Puis il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans argent, ni sac, ni sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? »
Ils lui répondirent : « Mais non. » Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
Car, je vous le déclare : il faut que s’accomplisse en moi ce texte de l’Écriture : Il a été compté avec les pécheurs. De fait, ce qui me concerne va se réaliser. »
Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
Jésus sortit pour se rendre, comme d’habitude, au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent.
Arrivé là, il leur dit : « Priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Puis il s’écarta à la distance d’un jet de pierre environ. Se mettant à genoux, il priait :
« Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Alors, du ciel, lui apparut un ange qui le réconfortait.
Dans l’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance ; et sa sueur devint comme des gouttes de sang qui tombaient jusqu’à terre.
Après cette prière, Jésus se leva et rejoignit ses disciples qu’il trouva endormis à force de tristesse.
Il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, pour ne pas entrer en tentation. »
Il parlait encore quand parut une foule de gens. Le nommé Judas, l’un des Douze, marchait à leur tête. Il s’approcha de Jésus pour l’embrasser.
Jésus lui dit : « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme ? »
Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent : « Seigneur, faut-il frapper avec l’épée ? »
L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.
Jésus dit alors à ceux qui étaient venus l’arrêter, chefs des prêtres, officiers de la garde du Temple et anciens : « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus avec des épées et des bâtons ?
Chaque jour, j’étais avec vous dans le Temple, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est maintenant votre heure, c’est la domination des ténèbres. »
Ils se saisirent de Jésus pour l’emmener et ils le firent entrer dans la maison du grand prêtre. Pierre suivait de loin.
Ils avaient allumé un feu au milieu de la cour et ils s’étaient tous assis là. Pierre était parmi eux.
Une servante le vit assis près du feu ; elle le dévisagea et dit : « Celui-là aussi était avec lui. »
Mais il nia : « Femme, je ne le connais pas. »
Peu après, un autre dit en le voyant : « Toi aussi, tu en fais partie. » Pierre répondit : « Non, je n’en suis pas. »
Environ une heure plus tard, un autre insistait : « C’est sûr : celui-là était avec lui, et d’ailleurs il est Galiléen. »
Pierre répondit : « Je ne vois pas ce que tu veux dire. » Et à l’instant même, comme il parlait encore, un coq chanta.
Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre ; et Pierre se rappela la parole que le Seigneur lui avait dite : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tu m’auras renié trois fois. »
Il sortit et pleura amèrement.
Les hommes qui gardaient Jésus se moquaient de lui et le maltraitaient.
Ils lui avaient voilé le visage, et ils l’interrogeaient : « Fais le prophète ! Qui est-ce qui t’a frappé ? »
Et ils lançaient contre lui beaucoup d’autres insultes.
Lorsqu’il fit jour, les anciens du peuple, chefs des prêtres et scribes, se réunirent, et ils l’emmenèrent devant leur grand conseil.
Ils lui dirent : « Si tu es le Messie, dis-le nous. » Il leur répondit : « Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ;
et si j’interroge, vous ne répondrez pas.
Mais désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite du Dieu Puissant. »
Tous lui dirent alors : « Tu es donc le Fils de Dieu ? » Il leur répondit : « C’est vous qui dites que je le suis. »
Ils dirent alors : « Pourquoi nous faut-il encore un témoignage ? Nous-mêmes nous l’avons entendu de sa bouche. »
Quand l »heure du repas pascal fut venue, Jésus se mit à tables, et les Apôtres avec lui.
Ils se levèrent tous ensemble et l’emmenèrent chez Pilate.
Ils se mirent alors à l’accuser : « Nous avons trouvé cet homme en train de semer le désordre dans notre nation : il empêche de payer l’impôt à l’empereur, et se dit le Roi Messie. »
Pilate l’interrogea : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus répondit : « C’est toi qui le dis. »
Pilate s’adressa aux chefs des prêtres et à la foule : « Je ne trouve chez cet homme aucun motif de condamnation. »
Mais ils insistaient : « Il soulève le peuple en enseignant dans tout le pays des Juifs, à partir de la Galilée jusqu’ici. »
A ces mots, Pilate demanda si l’homme était Galiléen.
Apprenant qu’il relevait de l’autorité d’Hérode, il le renvoya à ce dernier, qui se trouvait lui aussi à Jérusalem en ces jours-là.
A la vue de Jésus, Hérode éprouva une grande joie : depuis longtemps il désirait le voir à cause de ce qu’il entendait dire de lui, et il espérait lui voir faire un miracle.
Il lui posa beaucoup de questions, mais Jésus ne lui répondit rien.
Les chefs des prêtres et les scribes étaient là, et l’accusaient avec violence.
Hérode, ainsi que ses gardes, le traita avec mépris et se moqua de lui : il le revêtit d’un manteau de couleur éclatante et le renvoya à Pilate.
Ce jour-là, Hérode et Pilate devinrent des amis, alors qu’auparavant ils étaient ennemis.
Alors Pilate convoqua les chefs des prêtres, les dirigeants et le peuple.
Il leur dit : « Vous m’avez amené cet homme en l’accusant de mettre le désordre dans le peuple. Or, j’ai moi-même instruit l’affaire devant vous, et, parmi les faits dont vous l’accusez, je n’ai trouvé chez cet homme aucun motif de condamnation.
D’ailleurs, Hérode non plus, puisqu’il nous l’a renvoyé. En somme, cet homme n’a rien fait qui mérite la mort.
Je vais donc le faire châtier et le relâcher. »
Les chefs des prêtres et les scribes emmenèrent Jésus chez Pilate.
Ils se mirent à crier tous ensemble : « Mort à cet homme ! Relâche-nous Barabbas. »
Ce dernier avait été emprisonné pour un meurtre et pour une émeute survenue dans la ville.
Pilate, dans son désir de relâcher Jésus, leur adressa de nouveau la parole.
Mais ils criaient : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! »
Pour la troisième fois, il leur dit : « Quel mal a donc fait cet homme ? Je n’ai trouvé en lui aucun motif de condamnation à mort. Je vais donc le faire châtier, puis le relâcher. »
Mais eux insistaient à grands cris, réclamant qu’il soit crucifié ; et leurs cris s’amplifiaient.
Alors Pilate décida de satisfaire leur demande.
Il relâcha le prisonnier condamné pour émeute et pour meurtre, celui qu’ils réclamaient, et il livra Jésus à leur bon plaisir.
Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus.
Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
Il se retourna et leur dit : « Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants !
Voici venir des jours où l’on dira : ‘Heureuses les femmes stériles, celles qui n’ont pas enfanté, celles qui n’ont pas allaité !’
Alors on dira aux montagnes : ‘Tombez sur nous’, et aux collines : ‘Cachez-nous’.
Car si l’on traite ainsi l’arbre vert, que deviendra l’arbre sec ? »
On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort.
Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée,
ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Il était déjà presque midi ; l’obscurité se fit dans tout le pays jusqu’à trois heures, car le soleil s’était caché.
Le rideau du Temple se déchira par le milieu.
Alors, Jésus poussa un grand cri : « Père, entre tes mains je remets mon esprit. » Et après avoir dit cela, il expira.
A la vue de ce qui s’était passé, le centurion rendait gloire à Dieu : « Sûrement, cet homme, c’était un juste. »
Et tous les gens qui s’étaient rassemblés pour ce spectacle, voyant ce qui était arrivé, s’en retournaient en se frappant la poitrine.
Tous ses amis se tenaient à distance, ainsi que les femmes qui le suivaient depuis la Galilée, et qui regardaient.
Alors arriva un membre du conseil, nommé Joseph ; c’était un homme bon et juste.
Il n’avait donné son accord ni à leur délibération, ni à leurs actes. Il était d’Arimathie, ville de Judée, et il attendait le royaume de Dieu.
Il alla trouver Pilate et demanda le corps de Jésus.
Puis il le descendit de la croix, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un sépulcre taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
C’était le vendredi, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
Les femmes qui accompagnaient Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.
Patrick BRAUD

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