L'homélie du dimanche (prochain)

8 septembre 2012

Effata : la Forteresse vide

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Effata : la Forteresse vide

Homélie du 23° Dimanche du temps ordinaire / Année B
09/09/12

La forteresse vide par BettelheimMalgré les excès du tout-psychologique dans lesquels il est lui-même tombé, il faut relire Bruno Bettelheim, psychanalyste américain. Et notamment son livre-phare : « La Forteresse vide » où il raconte la renaissance lente et laborieuse d’une enfant nommée Marcia.
Marcia était arrivée dans le centre spécialisé tenu par Bettelheim alors qu’elle était autiste, c’est-à-dire gravement murée en elle-même, ne faisant pas la différence entre les choses et les gens autour d’elle, ne pouvant ni écouter, ni parler. Un petit animal en somme, incapable d’entrer en relation humaine avec d’autres êtres humains. En fait, une personnalité blessée qui s’était construite des remparts pour ne pas vivre ; une forteresse vide. Et puis, peu à peu, grâce à beaucoup d’amour et de confiance, à beaucoup de compétences aussi, ces défenses, ces murailles sont tombées quand elle a commencé à mimer, à gestuer les évènements de sa vie qui l’avaient blessée. Et puis la parole est venue, signe d’une guérison profonde, d’une renaissance étonnante.

N’allez pas vous rassurer trop vite en vous disant que ce n’est qu’un cas extrême, un cas particulier ! Non : la folie de quelques uns nous révèle des tendances inconscientes qui nous habitent tous. Les statistiques nous apprennent que bientôt en Occident 1/3 des hospitalisations seront des hospitalisations pour raisons mentales. En suivant des amis en dépression, en allant rendre visite à d’autres amis en hôpital psychiatrique, chacun de nous sera un jour ou l’autre impressionné et effrayé par ce nouveau cancer, plus terrible encore que les maladies physiques. À la racine de ces maladies mentales, il y a souvent des difficultés de la relation : pouvoir entendre, pouvoir parler, être écouté.

Pouvoir parler, pouvoir écouter la parole d’un Autre : voilà ce qui est au centre de l’Évangile d’aujourd’hui.

C’est bien plus qu’une guérison physique que Jésus opère en rendant au sourd-muet la capacité d’écouter et de parler. Cette guérison est le signe que la foi chrétienne est l’invitation à vivre au maximum, à être au maximum ouvert aux autres, et d’abord à Dieu, le Tout-Autre, en écoutant sa Parole et en annonçant la Bonne Nouvelle. En plaçant ce signe en pleine Décapole, c’est-à-dire en territoire grec, païen, l’évangéliste Marc préfigure l’ouverture des cultures païennes à l’annonce de l’Évangile lorsque plus tard Paul et les autres apôtres sillonneront la Méditerranée.

Pour nous la guérison physique du sourd-muet est l’image de la guérison la plus profonde du handicap intérieur qui gangrène l’Occident : ne plus savoir écouter, ne plus savoir parler. La fermeture de l’esprit, du coeur, de la conscience, de l’action. La sagesse populaire sait bien qu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Nous sommes handicapés quand – aveugles - le succès nous éblouit, ou quand la colère ou la mauvaise foi nous aveuglent. Nous sommes sourds quand nous n’écoutons que les mêmes personnes, les mêmes journaux, ou quand nous n’entendons pas le cri des pauvres. Nous sommes muets quand nous refusons d’encourager, de consoler, de défendre, quand nous taisons la difficile vérité. Le monde peut être aveugle à la misère du Tiers-Monde, sourds à ses appels à l’aide. L’Église elle-même, comme nous le rappelait la lettre de St Jacques, peut être muette quand elle ne dénonce pas les injustices sociales ou qu’elle privilégie les riches au détriment des pauvres.

Autour de nous, combien de gens souffrent de la solitude : serons-nous sourds à leurs cris de détresse, à leurs appels au secours ? Chaque été en France, des gens meurent seuls chez eux ; parfois leur corps n’est découvert que bien longtemps après. Une telle solitude est-elle humaine ? Et nous-mêmes, avons-nous la simplicité d’appeler au secours, de demander à d’autres frères chrétiens de nous écouter, de nous aider à parler, à dire notre souffrance ? Nos communautés chrétiennes, nos équipes, nos assemblées du Dimanche devraient être ces lieux où Jésus ressuscité continue de guérir les sourds et les muets que nous sommes.

Oui, créer des lieux fraternels où l’on puisse vraiment communiquer, parler et s’écouter, voilà à quoi nous provoque aujourd’hui cette guérison du sourd-muet : nous sommes le Corps du Christ ; le souffle de l’Esprit habite en nous. Il veut que par nos mains, son Église continue de guérir toutes les formes de surdité et de mutisme qui défigurent nos lieux de vie : école, lycée, quartier, bureau, usine, famille ?

 

Effata : ouvre-toi ! Parole transmise en araméen pour mieux lui conserver sa force originelle.

Effata : ouvre-toi ! Ne cessez pas de communiquer entre vous, par la parole, l’action, les gestes, les regards.

Effata : ouvre-toi ! Manifeste ton amour, manifeste aussi ta souffrance, car une blessure qui ne se dit pas est pire que la mort. Trouver les mots pour la dire est déjà l’amorce de la guérison intérieure, pour peu que le cri soit écouté.

Effata : ouvre-toi ! Ne cessez jamais de vous ouvrir l’un à l’autre, de vous accueillir, d’accueillir vos enfants, vos amis, vos parents ; car le visage aimé est d’une telle profondeur que la plus grande joie est justement de ne jamais épuiser son mystère.

Effata : ouvre-toi ! Sors de toi-même pour accueillir l’autre, le Tout-Autre. Brise la coquille de ton narcissisme qui te fait habiter à l’ombre de la mort.

Le Christ lui est le Verbe de Dieu : Parole faite chair pour que notre chair puisse parler. Par lui, avec lui et en lui, en entrant dans son eucharistie, ouvre-toi, quitte ta surdité et ton mutisme.

Ouvre-toi, sors des forteresses vides qui sont en toi, et deviens à l’image du Christ une table offerte à tous où il fait bon s’écouter et parler ensemble.

 

 

1ère lecture : Les merveilles du salut à venir (Is 35, 4-7a)
Lecture du livre d’Isaïe

Dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-mêmeet va vous sauver. »
Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides.
Le pays torride se changera en lac ; la terre de la soif en eaux jaillissantes.

Psaume : 145, 7, 8, 9ab.10b

R/ Je te chanterai, Seigneur, tant que je vivrai.

Le Seigneur fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l’étranger.
Il soutient la veuve et l’orphelin.

Le Seigneur est ton Dieu pour toujours !

2ème lecture : La dignité des pauvres dans l’Église (Jc 2, 1-5)
Lecture de la lettre de saint Jacques

Mes frères, ne mêlez pas des considérations de personnes avec la foi en Jésus Christ, notre Seigneur de gloire.
Imaginons que, dans votre assemblée, arrivent en même temps un homme aux vêtements rutilants, portant des bagues en or, et un homme pauvre aux vêtements sales.
Vous vous tournez vers l’homme qui porte des vêtements rutilants et vous lui dites : « Prends ce siège, et installe-toi bien » ; et vous dites au pauvre : « Toi, reste là debout », ou bien : « Assieds-toi par terre à mes pieds ».
Agir ainsi, n’est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon des valeurs fausses ?
Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé.

Evangile : Guérison d’un sourd-muet (Mc 7, 31-37)
Acclamation :
 Alléluia. Alléluia. Jésus proclamai la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissait son peuple de toute maladie. Alléluia. (cf. Mt 4, 23)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole.
On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui.
Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue.
Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! »
Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement.
Alors Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient.
Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets. »
Patrick Braud

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1 septembre 2012

Signes extérieurs de religion

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Signes extérieurs de religion

 

22° dimanche ordinaire année B
02/09/2012

 

AQMI, Alaouites, salafistes, hassidim, djihadistes, Frères musulmans, wahhabites…: les traditionalistes religieux de tous poils prospèrent comme jamais !

Égypte, Libye, Tunisie, Syrie : les révolutions du printemps arabe lentement étouffent sous la pression des partis musulmans les plus conservateurs. Les traditionalistes prennent le pouvoir sur ces sociétés qui espéraient autre chose. On voit notamment les Frères musulmans vouloir imposer à nouveau le port de la barbe et du voile, un vêtement pour les femmes qui se baignent, des lois s’inspirant de la charia etc.

Signes extérieurs de religion dans Communauté spirituelle egypte-morsi

 

Jésus aurait fulminé contre ces pouvoirs religieux qui imposent des coutumes purement humaines.

De même qu’il conteste dans l’évangile ce dimanche les lavages des cruches, de plats et de mains que les pharisiens présentaient comme des actes religieux indispensables, il contesterait aujourd’hui les coutumes que les hommes ont rajoutées au fil des siècles comme autant de sédiments emprisonnant la Révélation.

Ne pas manger de porc, ne pas boire d’alcool, porter chapeau et papillotes, barbe ou voile, se déchausser et faire ostensiblement ses ablutions rituelles… : autant de signes extérieurs de religion que le prophète de Nazareth n’a cessé de relativiser. « Revenez à l’essentiel », disait-il, « ne vous laissez pas arrêter par ce que les traditions humaines vous présentent comme « religieux » ».

« Donnez plutôt en aumône ce que vous avez, et alors tout sera pur pour vous. Mais malheur à vous, les Pharisiens, qui acquittez la dîme de la menthe, de la rue et de toute plante potagère, et qui délaissez la justice et l’amour de Dieu ! Il fallait pratiquer ceci, sans omettre cela » (Lc 11, 41-42)

« Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui purifiez l’extérieur de la coupe et de l’écuelle, quand l’intérieur en est rempli par rapine et intempérance ! Pharisien aveugle ! purifie d’abord l’intérieur de la coupe et de l’écuelle, afin que l’extérieur aussi devienne pur » (Mt 23,25-26).

« Rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le coeur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance » (ainsi il déclarait purs tous les aliments) » (Mc 7,18-19).

Discours politiquement incorrect, du temps de Jésus comme au nôtre, car il heurte de plein fouet la prétention des hommes à mettre la main sur Dieu, et les intérêts des groupes qui exploitent ainsi la soif religieuse des peuples. Jésus brave régulièrement les lois sur le pur et l’impur inventées au fil des siècles pour se rassurer sur le salut des uns et la perdition des autres : il touche des cadavres, il touche les lépreux et les femmes en état d’impureté rituelle, il autorise ses disciples à cueillir du blé un jour de shabbat et lui-même se proclame maître du shabbat ; il fréquente des païens et ose s’asseoir à leur table. Il mange de tout et fait scandale en déclarant que tous les aliments sont purs. Pour lui, ce n’est pas ce qui est extérieur à l’homme (barbe, voile, nourriture etc.) qui peut le purifier, mais c’est de l’intérieur que vient l’attitude juste. Comme le dira saint Augustin plus tard : « aime, et fais ce que tu veux ».

Jésus s’est présenté lui-même comme un réformateur de la religion juive : en la débarrassant de ses surcouches traditionnelles, il manifestait la racine, le coeur de la Révélation donnée à Israël. Dieu désire associer l’homme à sa divinité, et Jésus en personne en est le signe et les prémices. Or les traditions qu’inventent les hommes en croyant faire plaisir à Dieu vont en sens inverse. Les ablutions rituelles répètent que le corps humain est trop sale pour comparaître devant Dieu. Les interdits alimentaires mettent des barrières entre ceux qui mangent et ceux qui ne mangent pas, ceux qui boivent et ceux qui ne boivent pas. Les obligations vestimentaires séparent les hommes et femmes, les El Hadj des autres, les purs des impurs.

Ces coutumes sont si fortes qu’il a fallu l’intervention de l’Esprit Saint « en direct » pour libérer Pierre de ces préjugés (Ac 10). En rêvant d’une nappe où tous les aliments sont enfin déclarés purs, en allant manger chez le centurion Romain Corneille – alors que c’est interdit par les rabbins – Pierre a affranchi l’Église naissante de l’obsession rituelle et traditionnelle qui avait gangrené le judaïsme.

Actes 10,9-18 : Pierre monta sur la terrasse, vers la sixième heure, pour prier. Il sentit la faim et voulut prendre quelque chose. Or, pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il voit le ciel ouvert et un objet, semblable à une grande nappe nouée aux quatre coins, en descendre vers la terre. Et dedans il y avait tous les quadrupèdes et les reptiles, et tous les oiseaux du ciel. Une voix lui dit alors: « Allons, Pierre, immole et mange. » Mais Pierre répondit: « Oh non! Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur! » De nouveau, une seconde fois, la voix lui parle: « Ce que Dieu a purifié, toi, ne le dis pas souillé. » Cela se répéta par trois fois, et aussitôt l’objet fut remporté au ciel. Tout perplexe, Pierre était à se demander en lui-même ce que pouvait bien signifier la vision qu’il venait d’avoir, quand justement les hommes envoyés par Corneille, s’étant enquis de la maison de Simon, se présentèrent au portail. Ils appelèrent et s’informèrent si c’était bien là que logeait Simon surnommé Pierre.

 

Paul en tirera la conclusion logique : « tout m’est permis » (1Co 6,12) (mais il rajoutera : « tout n’est pas profitable »), et encore : « Tout est pur pour les purs » (Tite 1,15).

Il ira même jusqu’à gronder gentiment Timothée pour ses excès d’ascèse : « Cesse de ne boire que de l’eau. Prends un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquents malaises. » (1Ti 5,23)

 

Le christianisme est la religion de toutes les libertés :

- alimentaire, car c’est du dedans et non pas du dehors que vient l’impur ;

- vestimentaire, car Dieu ne juge pas selon les apparences ;

- rituelle, car l’Esprit Saint ne cesse d’inspirer à l’Église comment s’inculturer et faire évoluer ses traditions.

 

Bref, Jésus appelait à ne pas confondre la Tradition et les traditions.

La Tradition porte le souffle de la Révélation. Les traditions humaines, changeantes et relatives, essaient d’inscrire cette Tradition dans une société donnée. Mais la Tradition chrétienne porte en elle une attitude critique vis-à-vis des traditions humaines.

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Prenons un exemple : la grande Tradition chrétienne est de faire parler à l’Église toutes les langues de la terre, fidèle à sa naissance le jour de Pentecôte. Dans cet esprit, célébrer en latin fut dans le premier siècle une audace formidable, car c’était la langue vulgaire (vulgus = ce qui est commun), la langue du peuple par opposition au grec qui était la langue des élites. Au fil des siècles, cette audace pour rejoindre la culture du peuple s’est lentement figée en amoncellement de rubriques et d’obligations où le latin fut changé en langue sacrée, à la manière de langues païennes initiatiques.

Il aura fallu un siècle de recherches exégétiques et patristiques et un concile pour revenir à la Tradition la plus authentique : célébrer dans toutes les langues fait partie de l’identité même de l’Église.

Mais les tenants des petites traditions humaines s’accrochent à elles, figeant le temps, oubliant qu’elles ne sont qu’un moment dans l’histoire du salut. Alors se lèvent régulièrement d’autres réformateurs, d’autres prophètes fidèles à l’esprit du Christ dénonçant violemment tous les actes extérieurs par lesquels l’homme essaie de se rassurer.

Ni les ablutions rituelles, ni le port de la barbe ou du voile, ni l’abstention de porc ou de vin, ni tant d’autres obligations soi-disant religieuses ne peuvent conduire à Dieu.

C’est au coeur de l’homme, au plus intime, que se joue sa relation à Dieu : pas dans ce qu’il mange ni ce dont il est vêtu.

 

En ces temps d’intégrisme de tous bords, la libération apportée par le Christ est vraiment une bonne nouvelle pour tous ceux qui étouffent sous le joug des groupes religieux qui veulent imposer leur tradition.

À nous d’en témoigner, ici comme là-bas, quitte comme Jésus à susciter l’hostilité des pouvoirs en place.

 

1ère lecture : Valeur incomparable de la loi du Seigneur (Dt 4, 1-2.6-8)
Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple : « Maintenant, Israël, écoute les commandements et les décrets que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, et vous entrerez en possession du pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères.
Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les ordres du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris.
Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces commandements, ils s’écrieront : ‘Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation !’
Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ?
Et quelle est la grande nation dont les commandements et les décrets soient aussi justes que toute cette Loi que je vous présente aujourd’hui ? »

Psaume : 14, 1a.2, 3bc-4ab, 5
R/ Tu es proche, Seigneur ; fais-nous vivre avec toi.

Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son c?ur. 

Il ne fait pas de tort à son frère 
et n’outrage pas son prochain. 
À ses yeux, le réprouvé est méprisable 
mais il honore les fidèles du Seigneur. 

Il prête son argent sans intérêt, 
n’accepte rien qui nuise à l’innocent. 
L’homme qui fait ainsi 
demeure inébranlable.

2ème lecture : La parole de Dieu, semence de la vie chrétienne (Jc 1, 17-18.21b-22.27)
Lecture de la lettre de saint Jacques

Frères bien-aimés, les dons les meilleurs, les présents merveilleux, viennent d’en haut, ils descendent tous d’auprès du Père de toutes les lumières, lui qui n’est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses passagères.
Il a voulu nous donner la vie par sa parole de vérité, pour faire de nous les premiers appelés de toutes ses créatures.
Accueillez donc humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver.
Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion.
Devant Dieu notre Père, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans leur malheur, et de se garder propre au milieu du monde.

Evangile : Loi divine et traditions humaines (Mc 7, 1-8.14-15.21-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Dieu ne regarde pas l’apparence, comme font les hommes : il sonde les reins et les coeurs. Alléluia. (cf. 1 S 16, 7)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc

Les pharisiens et quelques scribes étaient venus de Jérusalem. Ils se réunissent autour de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.
? Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, fidèles à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de cruches et de plats. ?
Alors les pharisiens et les scribes demandent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas sans s’être lavé les mains. »
Jésus leur répond : « Isaïe a fait une bonne prophétie sur vous, hypocrites, dans ce passage de l’Écriture : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi.
Il est inutile, le culte qu’ils me rendent ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes. »
Puis Jésus appela de nouveau la foule et lui dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui pénètre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule : « C’est du dedans, du coeur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure.
Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »
Patrick Braud

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25 août 2012

La liberté de partir ou de rester

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La liberté de partir ou de rester

Homélie du 21° dimanche ordinaire / année B
26 août 1012

Il y a comme un paradoxe dans la juxtaposition des lectures de ce dimanche. La première lecture (Jo 24,1-18) met en scène le choix libre des tribus d’Israël.

- « Choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ».

- « Nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu ».

Le peuple aurait pu retourner à ses anciennes idoles : il en avait la possibilité. Josué (dont le nom a la même racine que Jésus = Dieu sauve) laisse donc à Israël le libre choix de rester dans l’Alliance ou de la quitter.

Jésus sera dans la droite ligne de Josué dans l’évangile : « voulez-vous partir vous aussi ? » Il s’expose ainsi à la libre réponse, positive ou négative, des Douze. Dans une secte, il est très difficile de quitter le groupe. Jésus a voulu qu’il soit très facile de quitter son Eglise… Ses disciples peuvent le quitter à ce moment-là, sans que Jésus les retienne de force.

Mais, au milieu de ces deux textes prônant la liberté de rester ou de partir, on lit le fameux passage fondateur du mariage chrétien (Ep 5,31-37) : « l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un », à la manière de l’union du Christ et de l’Église : indissoluble.

Là, une fois engagé dans l’alliance, la liberté est de rester, pas de partir…

Comment résoudre cette contradiction apparente : servir Dieu, suivre le Christ  relève d’une libre décision qui a souvent besoin d’être réitérée alors que s’allier à son  mari / à sa femme relève d’une décision irrévocable?

On pourrait objecter que le mariage est à part, et que les cas de divorce si nombreux dans la vie conjugale n’ont guère de chance de se produire avec le Christ ! Pourtant, Jean prend bien soin de décrire la « scène de ménage » entre les disciples de Jésus et leurs maîtres. « Ce qu’il dit est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ». C’est le même malentendu qui brise bien des couples : ce que dit l’un n’est plus compris par l’autre, et plus rien ne devient audible dans ce contexte d’incompréhension. Jésus le voit bien : « cela vous heurte ? » Et pourtant il en rajoute : « qu’est-ce que ce sera lorsque vous me verrez suspendu au bois de la croix, puis élevé dans la gloire ? » Un vrai divorce s’amorce entre Jésus et ses disciples, qui préfèrent le quitter sur la pointe des pieds. Judas, qui n’usera pas de cette liberté, sera tellement déçu par la suite qu’il livrera Jésus pour 30 pièces d’argent : il eût mieux valu qu’il parte à ce moment-là !

Dans tous les évangiles, ce divorce semble même aller grandissant : les chefs du peuple veulent éliminer Jésus, les romains s’en lavent les mains, les foules lui jettent des pierres et veulent le lapider, puis bientôt le crucifier.

Décidément, rechoisir régulièrement de rester ou de partir semble être une attitude de sagesse voulue par Dieu lui-même. Alors, pourquoi pas pour le couple ?

La réponse est peut-être dans la comparaison que Paul fait entre la relation mari / femme et la relation Christ / Église. « Ce mystère (mysterion en grec = sacramentum en latin = sacrement) est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Église ».

 

Dans le texte de Paul, c’est une identité de rapport, et pas une identité terme à terme. Souvenez-vous des fractions lors de vos découvertes algébriques en classe de troisième : a/b = c/d, mais a est différent de c, et b est différent de d !

Christ/Église = mari/femme, mais le mari n’est pas le Christ et la femme n’est pas l’Église ! Redisons-le c’est une identité de relation et non pas une identité terme à terme. Autrement dit : la relation entre un homme et une femme est élevée à une intensité si grande dans le sacrement de mariage qu’elle devient un signe, un sacrement de la relation Christ – Église.

La liberté de partir ou de rester dans Communauté spirituelle mariage

Dans l’histoire, souvent l’Eglise a « trompé » le Christ : en s’égarant à la recherche du pouvoir politique ou financier, en enfouissant ses trésors culturels par peur de déplaire etc. Les Pères de l’Église la décrivait comme une prostituée, capable de se vendre à ceux qui lui promettaient le plus… mais une « prostituée que le Christ ré- épouse tous les jours ».

La relation Christ – Église est réellement indissoluble, parce que sans cesse Dieu vient séduire et reconquérir l’humanité tentée par les idoles. « Si nous sommes infidèles, lui reste fidèle, car il ne peut se renier lui-même. » (2Ti 2,12)
Comment un homme et une femme pourrait-il devenir le sacrement vivant de cette Alliance s’ils la réduisaient à un CDD non reconductible ?

 

« Si c’est ainsi, il n’y a pas d’avantage à se marier » (Mt 19,10) osent dire les disciples en entendant Jésus rappeler cette exigence d’indissolubilité. C’est la même réponse, somme toute logique et libre celle-là, que font bon nombre de couples aujourd’hui. À quoi bon se marier à l’église si je veux rester libre de partir quand il n’y aura plus d’amour ? De fait, il est plus logique qu’aujourd’hui très peu se marient religieusement, car comment porter cette symbolique de la relation Christ/Église s’il l’on n’est pas soi-même un disciple du Christ, si l’on n’a pas fait le libre choix de l’adopter comme clé de voûte de tous ses amours ? Le mariage chrétien suppose la foi (et la nourrit en retour). Sinon, c’est comme demander à un sportif de porter une ceinture de sumo sans savoir à quoi il s’expose dans le cercle des combats à venir…

D’ailleurs, Jésus répond à l’objection de ses disciples sans baisser la garde de son exigence : « Tous ne comprennent pas ce langage, mais ceux-là à qui c’est donné ». Le tout, c’est de s’ouvrir à ce qui est donné…

Le libre choix de partir ou de rester est d’abord vis-à-vis du Christ. Les chrétiens, minoritaires de fait en France aujourd’hui, expérimentent à nouveau la liberté de choisir sur quoi, sur qui construire leur vie. Devenir chrétien n’est plus automatique comme autrefois, et c’est tant mieux. Ce n’est plus une identité héritée, mais librement choisie, assumée, portée par une communauté.

La liberté de choix la plus fondamentale est bien ici : « choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ». Une fois cette base solidement posée, le reste de l’édifice s’élève en cohérence avec ces fondations. Choisir son conjoint « pour la vie » s’appuie sur ce choix initial. Sinon, effectivement, il vaut mieux ne pas se marier pour pouvoir partir quand cela devient « intolérable » comme le dit Saint-Jean.

Paul a raison finalement de dire que le mariage est un mystère, c’est-à-dire une réalité si riche qu’elle brille de la réalité divine elle-même. Il rajoute : « ce mystère est grand ; je le dit en pensant au Christ et à l’Église ».

 

Quelle est notre liberté de partir/de rester (dans le couple, dans le travail, dans nos amitiés, nos engagements divers…) ?
Comment en faisons-nous usage ?
Sur quoi fondons-nous nos choix d’arrêter ou de durer ?

 

1ère lecture : Fidélité des tribus au Dieu unique (Jos 24, 1-2a.15-17.18b)
Lecture du livre de Josué

Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem ; puis il appela les anciens d’Israël, avec les chefs, les juges et les commissaires ; ensemble ils se présentèrent devant Dieu.
Josué dit alors à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. »
Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage ; c’est lui qui, sous nos yeux, a opéré tous ces grands prodiges et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. »

Psaume : 33, 2-3, 16-17, 20-21, 22-23
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Le Seigneur regarde les justes, 
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur affronte les méchants 
pour effacer de la terre leur mémoire.

Malheur sur malheur pour le juste, 
mais le Seigneur chaque fois le délivre.
Il veille sur chacun de ses os : 
pas un ne sera brisé.

Le mal tuera les méchants ; 
ils seront châtiés d’avoir haï le juste.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs : 
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.

2ème lecture : Le grand mystère du Christ, époux de son Église (Ep 5, 21-32)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères,
par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ;
car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps.
Eh bien ! si l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari.
Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré pour elle ;
il voulait la rendre sainte en la purifiant par le bain du baptême et la Parole de vie ;
il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni aucun défaut ; il la voulait sainte et irréprochable.
C’est comme cela que le mari doit aimer sa femme : comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même.
Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin.
C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture :
À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.
Ce mystère est grand : je le dis en pensant au Christ et à l’Église.

Evangile : Fidélité des Douze et confession de foi de Simon-Pierre (Jn 6, 60-69)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Tes paroles, Seigneur, sont pour nous l’esprit et la vie. Tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia. (cf. Jn 6, 63.68)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s’écrièrent : « Ce qu’il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l’écouter ! »

Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples. Il leur dit : « Cela vous heurte ?
Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ?…
C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie.
Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait.
Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. »
À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en allèrent et cessèrent de marcher avec lui.
Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu.
Patrick Braud

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18 août 2012

Manquez, venez, quittez, servez

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Manquez, venez, quittez, suivez

 

Homélie du XX° dimanche ordinaire / Année B
19 Août 2012

 

Le livre des Proverbes (9,1-6) apparaît comme une préfiguration de l’invitation eucharistique de l’évangile de ce dimanche (Jn 6,51- 58). La Sagesse personnifiée peut s’interpréter comme l’annonce du Christ invitant au festin, mais également l’Esprit Saint qui remplit nos coeurs de la sobre ivresse eucharistique (cf. la deuxième lecture : Ep 5,15-20).

Les verbes qu’utilise la Sagesse pour lancer ses invitations au banquet résonnent comme autant d’étapes de notre propre chemin spirituel : manquez, venez, quittez, suivez.

 

Manquez

« Si vous manquez de sagesse… »

La première étape est bien d’accepter de manquer.

Reconnaître qu’il y a dans ma vie un manque impossible à combler par moi-même. Être en Manquez, venez, quittez, servez dans Communauté spirituelle 4503_viderecherche d’une sagesse plus haute que les règles de vie ordinaire (manger, boire, dormir, aimer sa famille, travailler). Cette acceptation du manque demande une vraie lucidité, et un refus obstiné des ersatz de sagesse qui pullulent autour de nous. Les faux gourous vous promettent tous du bonheur immédiat, que ce soit à travers des régimes miracles pour perdre du poids, des cures plus ou moins psy ou bio ou les deux, supposées vous libérer et vous purifier, des promotions commerciales à ne pas rater qui nous font courir après des étiquettes, les soi-disant recettes d’épanouissement personnel ou de coaching supposés vous prendre en main…

Manquer de sagesse c’est refuser de se laisser soi-disant combler par les marchands de besoins immédiats. Manquer de sagesse, c’est s’ouvrir aux interrogations les plus fondamentales et avoir envie de se mettre en recherche. Manquer de sagesse est en ce sens le début de la sagesse.

L’invitation de la Sagesse est proclamée sur les hauteurs de la cité, pour atteindre tous les habitants, à la manière d’un haut-parleur de mosquée, d’une volée de cloches de cathédrale ou de lâcher de tracts d’un avion publicitaire ! Voilà une autre caractéristique de la sagesse biblique : elle est pour tous. Elle n’est pas élitiste, réservée à quelques happy few. Elle n’est pas ésotérique, se dissimulant derrière de fausses connaissances compliquées : elle est explicite, simple, s’adressant aux pauvres comme aux riches, aux banlieues comme aux centres-villes.

Venez

« Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »

L’impératif porte ici sur la mise en mouvement ; l’acceptation du manque crée le désir, et 20061120001006_marcher pain dans Communauté spirituelle

le désir met en mouvement tout l’être pour chercher celui que le désir indique. Venir à la sagesse, c’est là encore refuser l’immobilisme de celui qui est trop installé dans l’existence pour chercher autre chose que ce qu’il possède déjà. Et comme le désir souvent est aveugle, la sagesse prend soin de préciser : « venez à moi ! » Orienter notre marche vers quelqu’un et non pas vers quelque chose, fut-ce le bonheur lui-même, car la Sagesse en personne est plus grande que le bonheur.

Venir vers quelqu’un : c’est l’enfant qui lâche les bras de sa mère pour faire ses premiers pas vers quelqu’un qui lui sourit deux mètres plus loin ; c’est l’amoureux qui court vers le visage aimé en descendant du train ; c’est le vieillard qui prépare sa chambre pour la visite de sa famille ; c’est le renard qui habille son coeur pour le rendez-vous avec le petit prince…

Il s’agit dans le texte des Proverbes de venir vers la Sagesse pour manger son pain et boire son vin : pour se réjouir donc, pour se nourrir de sa parole et de sa présence, pour habiter la louange en goûtant la saveur d’être en communion avec elle. Exactement comme pour le repas eucharistique, dont le but est de jouir de la présence du Christ au plus intime de moi, présence dont le pain et le vin sont les symboles efficaces.

Après le manque, c’est donc le mouvement du chemin à prendre qui est la deuxième étape de la sagesse.

Quittez

« Quittez votre folie et vous vivrez ».

En cours de route, on s’aperçoit vite de ce qu’on a laissé derrière soi. Les hébreux ont 7553877-symbole-du-signe-de-quitter-fire-isole-sur-red-chef-droit sagesse

très vite regretté les marmites de viande savoureuse qui remplissaient leurs ventres d’esclaves en Égypte : sur le chemin de l’Exode, ils ont eu du mal à quitter leur addiction aux idoles ; ils ont mis 40 ans à renoncer à leur folie païenne. Et l’histoire montrera qu’ils vont rechuter encore et encore, même après l’entrée triomphale en Terre promise.

Quitter sa folie est une entreprise de longue haleine. Prendre la route vers plus de sagesse ne suffit pas. Ce serait une illusion de croire que la recherche suffit à être libre de toute folie antérieure. À la manière d’un fumeur invétéré qui se fait aider par des patchs et un suivi médical régulier pour arrêter de consommer du poison, celui qui se met en quête de sagesse aura intérêt à se faire aider pour quitter réellement ses folies antérieures. Un accompagnateur spirituel, le soutien d’une communauté chrétienne, la force des sacrements sont la nourriture ordinaire pour tenir bon sur ce chemin de notre libération intérieure.

Savoir quitter est tout un art : savoir ce qu’il faut quitter, comment le faire et à quel moment.

Quitter sa folie : pour certains ce sera mettre un terme à une relation extraconjugale devenant destructrice ; pour d’autres couper court à une addiction dangereuse (alcool, drogue, argent, réussite, informatique… !) ; pour d’autres encore arrêter de courir de régime en thérapie douteuse, d’achats compulsifs en agitation mondaine etc. Quitter une vie sans but est le début de la renaissance. « Quittez votre folie et vous vivrez » nous promet la Sagesse.

Écoutez ceux qui nous racontent leur métamorphose : lorsqu’ils ont largué leurs amarres de folie, ils ont expérimenté un profond sentiment de renaissance. Vivre, enfin vivre…

Suivez

« Suivez le chemin de l’intelligence ».

Quitter pour aller vers la Sagesse demande de trouver le bon itinéraire. Tel le GPS qui wydcrosssydney

vous propose l’itinéraire le plus rapide d’une destination à une autre, « l’intelligence » sera votre guide. Il faut là encore accepter de suivre un guide, et de ne pas s’autoproclamer indépendant : le disciple n’est pas au-dessus de son maître. Il doit d’abord accepter de suivre, au lieu de s’égarer à se suivre lui-même. Il doit ensuite choisir l’intelligence comme guide. Quelle est cette intelligence ? On pense à « l’intelligence des Écritures » (Luc 24) à laquelle le Christ ressuscité ouvre les disciples d’Emmaüs. On pense à l’intelligence du coeur qui donne de discerner ce qui est important et ce qui l’est moins.

Manquez, venez, quittez, suivez : que ces invitations – impératives ! – résonnent en nous comme autant d’étapes à parcourir vers plus de sagesse dans nos choix et nos priorités.

 

1ère lecture : Le banquet de la Sagesse (Pr 9, 1-6)
Lecture du livre des Proverbes

La Sagesse a bâti sa maison, elle a sculpté sept colonnes.
Elle a tué ses bêtes, apprêté son vin, dressé sa table, et envoyé ses servantes. Elle proclame sur les hauteurs de la cité : « Si vous manquez de sagesse, venez à moi ! »
À l’homme sans intelligence elle dit : « Venez manger mon pain, et boire le vin que j’ai apprêté ! Quittez votre folie et vous vivrez, suivez le chemin de l’intelligence. »

Psaume : 33, 2-3, 10-11, 12-13, 14-15

R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Saints du Seigneur, adorez-le : 
rien ne manque à ceux qui le craignent.
Des riches ont tout perdu, ils ont faim ; 
qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien.

Venez, mes fils, écoutez-moi, 
que je vous enseigne la crainte du Seigneur.
Qui donc aime la vie 
et désire les jours où il verra le bonheur ?

Garde ta langue du mal 
et tes lèvres des paroles perfides.
Évite le mal, fais ce qui est bien, 
poursuis la paix, recherche-la.

2ème lecture : Vivre en chrétiens dans l’action de grâce (Ep 5, 15-20)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens

Frères, prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages.
Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais.
Ne soyez donc pas irréfléchis, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
Ne vous enivrez pas, car le vin porte à la débauche. Laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit Saint.
Dites entre vous des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre c?ur.
À tout moment et pour toutes choses, rendez grâce à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ.

Evangile : Jésus est la vraie nourriture (Jn 6, 51-58)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Les yeux sur toi, Seigneur, tous espèrent, et tu leur donnes la nourriture au temps voulu : la chair et le sang de l’Agneau immolé. Alléluia. (cf. Ps 144, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.

Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »  
Patrick Braud

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