L'homélie du dimanche (prochain)

  • Accueil
  • > Archives pour le Vendredi 17 janvier 2025

17 janvier 2025

IVG : les 50 ans de la loi Veil

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 9 h 32 min

IVG : les 50 ans de la loi Veil

 
Le 17/01/205, nous commémorions les 50 ans du vote de la loi Veil dépénalisant l’avortement en France.

Les buts étaient clairs : éviter les avortements clandestins, dangereux et traumatisants, accompagner les « situations de détresse » où des femmes ne voyaient pas d’autre issue.

Rappelons qu’à l’époque, le délai légal était de 10 semaines. Il est passé à 12 semaines, puis 14 semaines actuellement : le seuil entre le statut d’amas de cellules et celui d’être humain potentiel semble difficile à fixer rationnellement, puisqu’il évolue dans le temps, et en Europe également (le délai est de 24 semaines aux Pays Bas !).

Quels sont les effets un demi-siècle après ?

Environ 250 000 avortements en 2023, contre 210 000 en 1990.


IVG nombre

Source: Statista

Le nombre de naissances diminue parallèlement (dénatalité démographique), ce qui fait exploser le taux d’IVG : en 2023, 1 grossesse sur 4 est interrompue volontairement… (le taux est passé de 0,26 IVG / naissance à 0,35)


IVG taux naissances

Source: Statista


Comment peut-on se réjouir de cette dérive ?

Où est passée la promesse d’une contraception efficace limitant le recours à l’IVG ?

Où sont les mesures (politique familiale, crèches, salaires etc.) qui aideraient les familles qui le veulent à accueillir des enfants ?

Il n’est pas inutile de relire quelques extraits du discours de Simone VEIL, qui aurait sans doute du mal à sabrer le champagne pour ces tristes statistiques… :


Extraits du discours de Simone Veil (26 novembre 1974) 

devant l’Assemblée Nationale

pour présenter le projet de loi sur l’avortement


IVG Repères« Je le dis avec toute ma conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. Mais comment le tolérer sans qu’il perde ce caractère d’exception, sans que la société paraisse l’encourager ?

C’est toujours un drame et cela restera toujours un drame.

C’est pourquoi, si le projet qui vous est présenté tient compte de la situation de fait existante, s’il admet la possibilité d’une interruption de grossesse, c’est pour la contrôler et, autant que possible, en dissuader la femme.

 

Enfin, le troisième absent, n’est-ce pas cette promesse de vie que porte en elle la femme ? Je me refuse à entrer dans les discussions scientifiques et philosophiques dont les auditions de la commission ont montré qu’elles posaient un problème insoluble. Plus personne ne conteste maintenant que, sur un plan strictement médical, l’embryon porte en lui définitivement toutes les virtualités de l’être humain qu’il deviendra. Mais il n’est encore qu’un devenir, qui aura, à surmonter bien des aléas avant de venir à terme, un fragile chaînon de la transmission de la vie.

 

Remettre la décision à la femme, n’est-ce pas contradictoire avec l’objectif de dissuasion, le second des deux que s’assigne ce projet ?

Ce n’est pas un paradoxe que de soutenir qu’une femme sur laquelle pèse l’entière responsabilité de son geste hésitera davan­tage à l’accomplir que celle qui aurait le sentiment que la décision a été prise à sa place par d’autres.

Le Gouvernement a choisi une solution marquant clairement la responsabilité de la femme parce qu’elle est plus dissuasive au fond qu’une autorisation émanant d’un tiers qui ne serait ou ne deviendrait vite qu’un faux-semblant.

Ce qu’il faut, c’est que cette responsabilité, la femme ne l’exerce pas dans la solitude ou dans l’angoisse.

Tout en évitant d’instituer une procédure qui puisse la détourner d’y avoir recours, le projet prévoit donc diverses consulta­tions qui doivent la conduire à mesurer toute la gravité de la décision qu’elle se propose, de prendre.

 

Cette tâche de dissuasion et de conseil revient au corps médical de façon privilégiée et je sais pouvoir compter sur l’expé­rience et le sens de l’humain des médecins pour qu’ils s’efforcent d’établir au cours de ce colloque singulier le dialogue confiant et attentif que les femmes recherchent, parfois même inconsciemment.

 

Les deux  entretiens qu’elle aura eus, ainsi que le délai de réflexion de huit jours qui lui sera imposé, ont paru indispensables pour faire prendre conscience  à la femme de ce qu’il ne s’agit pas d’un acte normal ou banal, mais d’une décision grave qui ne peut être prise sans en avoir pesé les conséquences et qu’il convient d’éviter à tout prix. Ce n’est qu’après cette prise de conscience, et dans le cas où la femme n’aurait pas renoncé à sa décision, que l’interruption de grossesse pourrait avoir lieu.

 

Contrairement à ce qui est dit ici ou là, le projet n’interdit pas de donner des -informations sur la loi et sur l’avortement ; il interdit l’incitation à l’avortement par quelque moyen que ce soit car cette incitation reste inadmissible.

 

… Il nous a paru nécessaire de souligner la gravité d’un acte qui doit rester exceptionnel …

 

Ce qu’il faut aussi, c’est-bien marquer la différence entre la contraception qui, lorsque les femmes ne désirent pas un enfant, doit être encouragée par tous les moyens et dont le remboursement par la sécurité sociale vient d’être décidé, et l’avortement que la société tolère mais qu’elle ne saurait ni prendre en charge ni encourager. »

 

Retrouvez l’intégralité du discours ici :
https://www2.assemblee-nationale.fr/decouvrir-l-assemblee/histoire/grands-discours-parlementaires/simone-veil-26-novembre-1974

IVG : les 50 ans de la loi Veil dans Communauté spirituelle

Mots-clés : , ,