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17 novembre 2024

Est-ce que je suis juif, moi ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Est-ce que je suis juif, moi ?

 

Homélie pour la fête du Christ Roi / Année B
24/11/24

Cf. également :
Christ-Roi : idéologie ou spiritualité ?
Christ-Roi : Comme larrons en foire
Le jugement des nations
Un roi pour les pires
Église-Monde-Royaume
Le préfet le plus célèbre
Christ-Roi : Reconnaître l’innocent
La violence a besoin du mensonge
Non-violence : la voie royale
Le Christ-Roi, Barbara et les dinosaures
Roi, à plus d’un titre
Divine surprise
Le Christ-Roi fait de nous des huiles

D’Anubis à saint Michel
Faut-il être humble ou jupitérien pour gouverner ?
Roi, à plus d’un titre
Les trois tentations du Christ en croix
Le préfet le plus célèbre
Des « juifs perfides » à « nos frères aînés »

 

Des chiffres inquiétants

Le nombre d’actes antisémites recensés en France a bondi à 1676 lors de l’année 2023, contre 436 l’année précédente, alerte un rapport du CRIF de 2024. Cette quasi-multiplication par quatre en un an doit être mise en perspective : on avait quelques dizaines d’actes par an dans les années 1990, quelques centaines sur la période 2000-2022.

Entre le jour de l’attaque terroriste du Hamas en Israël et le 31 août, 1660 citoyens français de confession juive ont décidé de faire leur alya (‘montée’ ou retour à Jérusalem).

On constate une hausse de 300 % des actes antisémites au premier trimestre 2024 par rapport à la même période en 2023. Et, en 2023, les actes antisémites représentaient 60% des actes antireligieux [1], contre 26% en 2022, alors que les juifs ne sont que 0,6% de la population française (la communauté juive de France est la première communauté juive d’Europe, avec environ 500 000 personnes vivant sur le territoire national).

 

De manière inquiétante, les vieilles calomnies sur une influence juive supposée dans les médias ou les affaires gagnent en audience : plus de la moitié des Français y croient ! Pire encore, les doutes sur la manipulation du statut de victimes de la Shoah atteignent désormais un Français sur deux.

Antisémitisme 1

Source : https://www.fondapol.org/etude/radiographie-de-lantisemitisme-en-france-2/ 

 

Si 17 % des Français aux globales sont sensibles aux thèses antisémites, les moins de 35 ans sont 23 % : les jeunes générations semblent à nouveau sensibles aux thèses antijuives.

Antisémitisme 2 

Indice de pénétration (en %), de l’antisémitisme : par tranche d’âge

 

Comme on s’y attendait, les Français de confession musulmane sont 3 fois plus nombreux que les autres à penser que l’antisémitisme n’est pas leur problème.

Antisémitisme 3 

Une attitude « à la Pilate » en quelque sorte, comme le rapporte notre Évangile du Christ Roi (Jn 18,33-37) : « Est-ce que je suis juif, moi ? » clame Pilate pour se dédouaner des troubles survenus au sein de Jérusalem pendant la Pâque. Et bientôt, il se lavera les mains du sort de Jésus, ne voulant avoir rien en commun avec ce peuple qu’il gouverne militairement au nom de Rome.

 

Depuis les massacres terroristes du Hamas le 7 octobre 2023, nombre de nos concitoyens allument leur télévision en souhaitant regarder ailleurs : « Est-ce que je suis juif, moi ? »

Sous-entendu : cela ne me regarde pas. Pourquoi se mêler d’un conflit où il n’y a que des coups à prendre ? Cette indifférence se transforme en hostilité ouverte pour certaines générations plus jeunes, musulmanes ou LFI (ou les deux) : « ils n’ont que ce qu’ils méritent ! ». « Ce sont des colons, capitalistes, qui font subir aux Palestiniens un ‘génocide’ qu’ils légitiment par la Shoah, cherchant ainsi à faire oublier la Naqba = la catastrophe de la création de l’État d’Israël en 1948″.

 

Cette dégradation de l’opinion publique en France appelle de la part des chrétiens un sursaut courageux.

Revenons au face-à-face entre le roi des juifs et le préfet romain le plus célèbre de l’histoire : que peut nous apprendre Pilate sur la lâcheté politique ?

 

Pilate, où l’antisémitisme passif

 

- Qui était Ponce Pilate ?

Ponce PilateSon nom le désigne comme membre de l’ordre équestre du sud de l’Italie, les Pontii (d’où Ponce), du clan des Samni. C’est à ces chevaliers que Rome confiait les préfectures des territoires perdus de l’empire. Son nom est peut-être la trace de son origine marine : Pontius = de la mer / Pilatus = armé (d’une lance).

Quoi qu’il en soit, on ne sait rien de lui avant qu’il soit nommé en Judée par Tibère (de 26 à 37). Là, il réside à Césarée de Philippe pour éviter la populace de Jérusalem et ses violences récurrentes. Il restera 11 ans à ce poste : longévité assez rare pour un préfet à l’époque, grâce à ses soutiens auprès de Tibère. Il se fait remarquer par un cynisme et une violence extrêmes. Il brave la fierté juive en installant des boucliers d’or avec des images de l’empereur dans Jérusalem (or la foi juive proscrit le culte des images). Devant l’indignation du peuple, il recule cette fois-ci. Mais sa main ne tremblera pas pour donner l’ordre de massacrer à coups de gourdins des manifestants juifs protestant contre le détournement de l’argent du Temple de Jérusalem pour faire construire un aqueduc. Et sa répression sanglante d’un rassemblement de samaritains au monde Garizim fait tant de bruit que le légat voisin de Syrie, son hiérarchique, le déferrera à Rome pour être jugé. Mais Tibère meurt avant que Pilate n’arrive à Rome. Selon une tradition reprise par Eusèbe, il tomba en disgrâce sous le règne de Caligula et finit par se suicider, à Vienne (France) ou Lucerne (Suisse) selon des légendes peu crédibles (la tradition éthiopienne le fait mourir martyr à Rome, une fois converti au christianisme). On perd ensuite sa trace.

 

Tacite (Annales, XV, 44) fait mention de Pilate très brièvement en parlant des chrétiens : « Ce nom leur vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus ».

Au total, les historiens comme Flavius Joseph ou Philon d’Alexandrie font de lui un portrait beaucoup moins flatteur que les Évangiles. Pour les premiers chrétiens, il fallait en effet atténuer la responsabilité des Romains dans l’assassinat de Jésus si on voulait vivre en bonne intelligence avec eux partout dans l’empire. Quitte à charger les autorités juives (ou le peuple entier pour Jean) d’une culpabilité beaucoup plus écrasante. Ce qui hélas sera à la source d’un antisémitisme ecclésial indigne de Jésus.

 

Bref, Pilate était un sale type, un fonctionnaire dur et inflexible, dont les chrétiens ont cherché à adoucir les traits pour ne pas compromettre leurs relations déjà précaires avec les autorités romaines (les persécutions commenceront très vite après la mort du Christ).

 

Tel qu’il est, cruel kapo à l’image retravaillée par la tradition orale chrétienne et la plume des évangélistes, Ponce Pilate nous intéresse cependant à plus d’un titre.

 

- Antisémitisme passif

Pilate a donc été capable des pires cruautés et exactions contre le peuple juif qu’il  gouvernait d’une main de fer. Ici, devant Jésus, il paraît plutôt hésitant. Ce ‘roi des juifs’  est si dérisoire, si entêté… Il voudrait bien ne pas être impliqué dans ces dissensions compliquées. Mais se proclamer roi – fût-ce de pacotille – est un acte politique qui conteste l’autorité de l’Empire : impossible de s’en désintéresser totalement. Se lavant les mains du problème, Pilate incarne une ligne de conduite qui n’en est pas une : laisser les juifs endosser la responsabilité des événements, quoi qu’il arrive. Et pouvoir ensuite les accuser si cela tourne mal. Bien sûr, Pilate rejette Jésus à cause de sa prétention royale plus que de sa judéité, mais finalement il englobe tous les protagonistes dans son mépris du peuple d’Israël.

 

L’antisémitisme passif aujourd’hui encore renvoie les juifs à leur responsabilité comme s’ils étaient les uniques acteurs et coupables de leurs malheurs. Les braves gens de la France occupée en 1939-45 fermaient les yeux sur ce qu’ils auraient pu voir ou entendre à propos des 200 camps de détention construits chez eux, des trains emmenant des familles juives qu’on ne revoyait plus, des théories raciales sur les Untermenschen (les sous-hommes) au nez crochu… « Est-ce que je suis juif, moi ? »

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Aujourd’hui, les mêmes braves gens trouvent que, quand même, la guerre en Israël coûte trop cher, que Tsahal en fait trop, que tout cela va mal se terminer pour tout le monde si  Israël s’entête. Pourquoi se mobiliser pour un camp plutôt qu’un autre ? « Est-ce que je suis juif, moi ? »

 

Heureusement il y eut Pie XI, qui n’a pas détourné son regard de la tragédie en préparation dans les années 30 : « L’antisémitisme est inadmissible ». « Spirituellement, nous sommes des sémites » (1938). Il condamne l’Action Française dès 1926 pour son antisémitisme, et publie en 1937 l’encyclique Mit brenneder Sorge (avec une brûlante inquiétude) écrite en allemand, et lue en chaire dans toutes les églises d’Allemagne le dimanche des Rameaux pour contourner l’interdiction d’Hitler.

 

Heureusement il y eut le cardinal Saliège qui ne détourna pas les yeux du sort réservé aux juifs de Toulouse et de France, au milieu d’une fausse indifférence générale.

 

Heureusement, il y eut tous les justes qui cachèrent, protégèrent et exfiltrèrent leurs compatriotes juifs poursuivis par les nazis.

 

Heureusement, il y eut Vatican II qu’il a lavé les juifs de l’accusation de « peuple déicide » :

« Ce qui a été commis durant sa Passion ne peut être imputé ni indistinctement à tous les Juifs vivant alors, ni aux Juifs de notre temps. S’il est vrai que l’Église est le nouveau Peuple de Dieu, les Juifs ne doivent pas, pour autant, être présentés comme réprouvés par Dieu ni maudits, comme si cela découlait de la Sainte Écriture. […]

En outre, l’Église, qui réprouve toutes les persécutions contre tous les hommes, quels qu’ils soient, ne pouvant oublier le patrimoine qu’elle a en commun avec les Juifs, et poussée, non pas par des motifs politiques, mais par la charité religieuse de l’Évangile, déplore les haines, les persécutions et les manifestations d’antisémitisme, qui, quels que soient leur époque et leurs auteurs, ont été dirigées contre les Juifs » (Nostra Aetate n°4).

 

Heureusement, il y eut Paul VI qui promulgua en 1970 une nouvelle version de la grande prière universelle du Vendredi Saint pour qu’il ne soit plus fait mention des « juifs perfides » (« Prions aussi pour les Juifs perfides afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur ») : « Prions pour les Juifs, à qui Dieu a parlé en premier : qu’ils progressent dans l’amour de son Nom et la fidélité de son Alliance. (Tous prient en silence. Puis le prêtre dit :) Dieu éternel et tout-puissant, toi qui as choisi Abraham et sa descendance pour en faire les fils de ta promesse, conduis à la plénitude de la rédemption le premier peuple de l’Alliance, comme ton Église t’en supplie. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur ».

 

Heureusement, il y eut Jean-Paul II qui lors de sa visite à la synagogue de Rome en 1986 osa rappeler les liens de famille qui nous unissent : « Vous êtes nos frères préférés et, d’une certaine manière, on pourrait dire nos frères aînés ». C’était la première fois qu’un pape se rendait dans une synagogue.

 

Au lieu de se laver les mains du sort des juifs à la Pilate, ces chrétiens et tant d’autres ont lavé le peuple juif des fausses accusations millénaires proférées de tous bords contre lui !

Allons-nous rester sur le côté, regardant le Moyen-Orient de loin, en nous excusant : « Est-ce que je suis juif, moi ? Est-ce que je suis palestinien ? »

Allons-nous  répéter la lâcheté de Caïn : « Est-ce que je suis le gardien de mon frère ? »

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[1]. Voici les chiffres des actes anti-religieux à date recensés sur l’année 2023 par le Ministère de l’Intérieur :
- 1762 actes antisémites (pour 0,6% de la population !)
- 564 actes antichrétiens
- 131 actes antimusulmans

 

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Excursus sur les différents visages de l’antisémitisme

 

L’antisémitisme actuel prend de nombreuses formes, combinant parfois des éléments religieux, économiques, raciaux et politiques aux origines très anciennes. Il est alimenté par les tensions au Moyen-Orient, la montée des théories du complot, et les divisions sociales croissantes en Europe et aux États-Unis. L’antisémitisme a évolué à travers les siècles, passant d’une hostilité religieuse à des formes plus politiques, économiques et raciales. Chaque époque a vu l’émergence de figures clés qui ont attisé ces sentiments de haine, influençant la perception du peuple juif.

 

L’antijudaïsme chrétien

C’est une opposition religieuse où beaucoup de Pères de l’Église dénonçaient le rejet par les juifs du Christ comme Messie  d’Israël. Les croisades et l’Inquisition ont nourri une féroce haine populaire contre les juifs, engendrant pogroms et discriminations en tous genres.

Cela allait jusqu’à l’accusation de « peuple déicide » dont on a vu que Vatican II a lavé le peuple juif, mettant fin à plus d’un millénaire d’hostilité chrétienne. 

 

Le mythe du juif errant

Le roman-feuilleton d’Eugène Sue, « Le Juif errant », connaît l’un des plus grands succès publics du XIX° siècle (1844-45). Sue exploite l’idée de la malédiction qui accompagne le Juif errant en faisant coïncider son arrivée à Paris avec l’épidémie de choléra d’avril 1832 qui a fait plus de 12 000 victimes – on ignorait alors presque tout sur cette maladie et son mode de propagation. À ce mythe du Juif errant viennent s’ajouter les vieilles calomnies médiévales accusant les juifs de pratiques sataniques : sacrifices d’enfants vivants ou de chrétiens, profanation d’hosties, empoisonnement de sources, crachats sur des crucifix, etc.

 

L’antijudaïsme musulman

5-189x300 antisémitisme dans Communauté spirituelleLe Coran reproche aux juifs d’avoir falsifié le message des prophètes, et ne tolère les juifs que s’ils payent une taxe et reconnaissent l’Islam comme religion d’État. C’est la dhimmitude, statut censé protéger les minorités comme les juifs ou les chrétiens moyennant taxe financière et statut inférieur : « Combattez ceux qui ne croient ni en Dieu ni au Jour dernier, qui n’interdisent pas ce que Dieu et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre, jusqu’à ce qu’ils versent la capitation par leurs propres mains, après s’être humiliés » (Coran 29,9).

« À cause de leur violation de l’engagement, Nous avons maudits les Juifs et endurci leurs cœurs : ils détournent les paroles de leur sens et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé. Tu ne cesseras de découvrir leur trahison, sauf d’un petit nombre d’entre eux. Pardonne-leur donc et oublie [leurs fautes]. Car Dieu aime, certes, les bienfaisants » (Coran 5,13).

Du côté du Hamas, du Hezbollah ou de l’Iran, l’objectif final est au mieux un pays où les trois religions abrahamiques cohabiteraient pacifiquement « à l’ombre de l’islam », donc dans la situation inégalitaire qui était celle des États islamiques anciens. Et leur référence aux « Protocoles des Sages de Sion » (un célèbre faux, inventé de toutes pièces par la Russie tsariste pour calomnier les Juifs) est récurrente, ce qui transforme l’histoire en un vaste complot juif.

 

L’antisémitisme de gauche

La critique de Marx sur le pouvoir financier international des grandes familles juives rejoint la position de nombre d’autres penseurs révolutionnaires socialistes voulant abolir la religion, et la religion juive tout particulièrement. 

« Quel est le fond profane du judaïsme ? Le besoin pratique, l’utilité personnelle. Quel est le culte profane du Juif ? Le trafic. Quel est son Dieu profane ? L’argent. Eh bien, en s’émancipant du trafic et de l’argent, par conséquent du judaïsme réel et pratique, l’époque actuelle s’émanciperait elle-même » (Karl Marx, La question juive, 1843). Ayant des adversaires dans les milieux économiques, certains socialistes, sous une certaine forme radicale, cultivent l’idée que les Juifs sont surreprésentés à ce niveau-là. Ils ne se rendent peut-être pas compte, ou bien ce n’est pas leur problème, mais ces athées puisent leur imaginaire dans le Moyen Âge chrétien, où les Juifs étaient exclus des métiers liés à la terre et poussés à s’investir par exemple dans la finance, interdits aux chrétiens à cause du commandement biblique sur l’usure et le prêt à intérêt.
Voltaire n’a pas de sarcasmes assez cinglants envers le peuple juif, « le plus abominable de la terre », « peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine » (Dictionnaire philosophique, 1764).

La France a été la première nation à attribuer la pleine égalité de droits aux Juifs par le vote de l’Assemblée constituante en 1791. Le député Clermont-Tonnerre, lors des débats de l’Assemblée sur la citoyenneté active, avait cependant affirmé : « Aux Juifs, en tant que nation, il faut tout refuser ; mais aux Juifs, en tant qu’hommes, il faut tout accorder [...] il ne peut y avoir de nation dans la nation ». On voit qu’en poussant un peu loin ce précepte, en soi légitime, on pouvait s’acheminer vers l’alternative suivante : ou les Juifs perdent leurs particularités, autrement dit ou ils s’assimilent complètement (renonçant au sabbat, à l’alimentation casher, etc.), et dès lors ils sont pleinement Français car ils ont cessé d’être Juifs ; ou bien, ils gardent leurs coutumes et leurs lois, et dès lors ils doivent être « expulsés ». Tandis que la droite (l’abbé Maury notamment) disait : respectons les convictions religieuses des Juifs mais n’en faisons pas des citoyens, la gauche, elle, pouvait, en offrant la citoyenneté aux Juifs, leur interdire à terme ce qu’on n’appelait pas encore ‘le droit à la différence’.

Proudhon écrit dans ses Carnets :

« Juifs. Faire un article contre cette race qui envenime tout, en se fourrant partout, sans jamais se fondre avec aucun peuple. Demander son expulsion de France, à l’exception des individus mariés avec des Françaises ; abolir les synagogues, ne les admettre à aucun emploi, poursuivre enfin l’abolition de ce culte » Pour lui, le juif est « l’ennemi du genre humain. Il faut renvoyer cette race en Asie ou l’exterminer ».

En mai 1895, Jaurès, en voyage en Algérie, décèle « sous la forme un peu étroite de l’antisémitisme… un véritable esprit révolutionnaire » (La Dépêche de Toulouse, 8 mai 1895), et il y stigmatise « l’usure juive ».

La gauche française prendra certes le parti de Dreyfus, mais certains extrêmes continueront de propager des thèses antijuives.

 

L’antisémitisme racial

Il n’est hélas que trop célèbre, depuis Hitler et les pseudos théories scientifiques aryennes voulant démontrer l’infériorité d’une prétendue race juive qui n’existe pas. On espère que cette haine n’est plus que résiduelle dans le monde…

 

L’antisionisme

Les États et courants politiques ou religieux (musulmans essentiellement) qui s’opposent à la création de l’État d’Israël ne parlent jamais du peuple juif ni d’Israël, mais des « sionistes » et de « l’entité sioniste » qu’ils veulent combattre jusqu’à son élimination pure et simple. C’est l’idéologie du Hamas qui veut libérer la Palestine « du fleuve à la mer », c’est-à-dire du Jourdain à la Méditerranée en expulsant tous les juifs. C’était l’idéologie du grand Mufti de Jérusalem dont les alliances et l’amitié avec Hitler ont discrédité l’autorité religieuse. C’est toujours l’idéologie du Hezbollah, et du régime chiite en Iran, combattant pour la destruction et l’anéantissement d’Israël.

 

L’islamo-gauchisme

L’alliance d’opportunité électorale entre des haines musulmanes antijuives et les critiques de gauche sur le capitalisme juif supposé fait que dans les sondages en France aujourd’hui, les électorats LFI des quartiers populaires plutôt musulmans sont 3 à 4 fois plus antisémites que la moyenne des Français…

 

L’antisémitisme d’extrême droite

Héritier de Drumont, de l’affaire Dreyfus et les théories du complot, certains courants d’extrême droite véhiculent encore des idées nauséabondes sur l’élimination du « pouvoir juif ».

 

L’histoire montre qu’il n’y a pas d’atavisme antisémite. Jaurès n’a-t-il pas finalement défendu Dreyfus ? L’écrivain Georges Bernanos, disciple de l’antisémite Drumont, n’a-t-il pas combattu courageusement le franquisme et le régime de Vichy ?

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Lectures de la messe

Première lecture
« Sa domination est une domination éternelle » (Dn 7, 13-14)

Lecture du livre du prophète Daniel

Moi, Daniel, je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui. Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

Psaume
(Ps 92 (93), 1abc, 1d-2, 5)
R/ Le Seigneur est roi ; il s’est vêtu de magnificence.
 (Ps 92, 1ab)

Le Seigneur est roi ;
il s’est vêtu de magnificence,
le Seigneur a revêtu sa force.

Et la terre tient bon, inébranlable ;
dès l’origine ton trône tient bon,
depuis toujours, tu es.

Tes volontés sont vraiment immuables :
la sainteté emplit ta maison,
Seigneur, pour la suite des temps.

Deuxième lecture
« Le prince des rois de la terre a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu » (Ap 1, 5-8)

Lecture de l’Apocalypse de saint Jean

À vous, la grâce et la paix, de la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, le prince des rois de la terre.
À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père, à lui, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles. Amen. Voici qu’il vient avec les nuées, tout œil le verra, ils le verront, ceux qui l’ont transpercé ; et sur lui se lamenteront toutes les tribus de la terre. Oui ! Amen !
Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers.

Évangile
« C’est toi-même qui dis que je suis roi » (Jn 18, 33b-37) Alléluia. Alléluia. 
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Alléluia. (Mc 11, 9b-10a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

En ce temps-là, Pilate appela Jésus et lui dit : « Es-tu le roi des Juifs ? » Jésus lui demanda : « Dis-tu cela de toi-même, ou bien d’autres te l’ont dit à mon sujet ? » Pilate répondit : « Est-ce que je suis juif, moi ? Ta nation et les grands prêtres t’ont livré à moi : qu’as-tu donc fait ? » Jésus déclara : « Ma royauté n’est pas de ce monde ; si ma royauté était de ce monde, j’aurais des gardes qui se seraient battus pour que je ne sois pas livré aux Juifs. En fait, ma royauté n’est pas d’ici. » Pilate lui dit : « Alors, tu es roi ? » Jésus répondit : « C’est toi-même qui dis que je suis roi. Moi, je suis né, je suis venu dans le monde pour ceci : rendre témoignage à la vérité. Quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. »
Patrick BRAUD

 

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