INRI : annulez l’ordre injuste !
INRI : annulez l’ordre injuste !
Homélie pour le 17° dimanche du Temps Ordinaire / Année C
24/07/2022
Cf. également :
La prière et la Loi de l’offre et de la demande
Que demander dans la prière ?
La force de l’intercession
Les 10 paroles du Notre Père
Intercéder comme Marie
Ne nous laisse pas entrer en tentation
La loi, l’amour, l’épikie
La pile de facturettes au clou
Vous avez sûrement déjà vu ce grand clou placé à la verticale sur son socle au comptoir : pour payer à la caisse d’un restaurant, d’une épicerie ou d’un hôtel, le commerçant vous a tendu un terminal de carte bleue qui après votre code a imprimé deux exemplaires du ticket bancaire. Le commerçant a détaché le deuxième exemplaire pour vous le donner, et a conservé le premier qu’il a aussitôt fiché sur le pic avec la pile des autres facturettes de la journée. Ainsi l’acte de clouer ce papier sur le pic signifie : « ça c’est réglé. La facture est acquittée. Le client n’a plus rien à payer ».
Le grand voyageur qu’était Paul ferait sans doute chauffer sa carte bleue tout autour de la Méditerranée aujourd’hui, et il remarquerait sûrement ce geste d’acquittement ! C’est en tout cas quelque chose de semblable qu’il a observé il y a 2000 ans : il était d’usage en cas de prêt d’argent d’écrire à la main un billet mentionnant la date, les noms et la somme due. C’était une facture, une obligation, et ce billet de reconnaissance de dette exigeait le remboursement en retour, avec des pénalités en cas de retard. Chez les juifs, il y avait plusieurs manières d’annuler cette obligation, notamment après le paiement : on pouvait diluer et effacer l’écriture à l’aide d’un buvard, ou barrer le billet avec un trait d’encre (comme on barre une carte grise pour indiquer que le véhicule est vendu). On pouvait également le frapper avec un clou, ce qui en le déchirant le frappait d’invalidité [1]. Ce sont ces gestes auxquels Paul fait allusion dans notre deuxième lecture (Col 2, 12-14) :
Frères, dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec le Christ et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait en raison des prescriptions légales pesant sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix.
Effacer et clouer à la croix les obligations légales : quelles conséquences pour nous de ces gestes spectaculaires ?
Il y en a au moins deux :
– ne pas vivre sous le régime de la Loi, quelle qu’elle soit, mais de la grâce. Mettre l’Esprit au-dessus de la lettre.
– ne pas imposer à d’autres des lois injustes ou impossibles.
Disons quelques mots de chacune de ces deux conséquences.
Vivre sous le régime de la grâce plutôt que de la Loi
La traduction liturgique est approximative quand elle parle de dette. Le billet dont parle Paul est visiblement juridique, comme une ordonnance écrite d’un tribunal. La traduction de Louis Segond est plus proche du texte original :
« Il a effacé l’acte (xειρογραφον) dont les ordonnances nous condamnaient et qui subsistait contre nous, et il l’a détruit en le clouant à la croix » (Col 2,14).
Avec un culot certain, Paul emploie le mot xειρογραφον = cheirographon, qui signifie manuscrit, billet écrit à la main. Comme il parle ici d’un acte juridique fixant les prescriptions de la Loi de Moïse, impossible de ne pas se souvenir que les deux Tables de la Loi sont réputées écrites du doigt de Dieu (Ex 31,18) au Sinaï ! Paul ose dire que les obligations légales écrites du doigt de Dieu, les fameux 613 commandements juifs à observer chaque jour aujourd’hui encore, sont désormais caduques depuis la croix du Christ ! On avait déjà vu Jésus dessiner de son doigt dans la poussière au moment où l’on voulait son accord pour lapider la femme adultère selon la Loi de Moïse (Jn 8, 1-11). Comme si le doigt de Dieu écrivait la nouvelle Loi… Et, sans renier la Loi, Jésus avait su faire primer la grâce sur le jugement, le pardon sur la faute. Paul tire le fil : puisque c’est la Loi qui a condamné Jésus à l’infamie du gibet, sa résurrection a annulé cette condamnation et a rendu obsolète l’appareil juridique qui a engendré une telle méprise !
La première Loi a été utile et nécessaire : les Hébreux n’étaient pas encore un peuple quand Dieu les a fait sortir d’Égypte, ramassis d’esclaves en fuite au désert. Avec patience et exigence, via les prescriptions très codifiées de la Loi de Moïse, Dieu s’est fait le pédagogue d’Israël pendant son enfance et son adolescence, pour le guider vers sa maturité spirituelle. « Ainsi, la Loi, comme un pédagogue, nous a menés jusqu’au Christ pour que nous obtenions de la foi la justification » (Ga 3,24). Avec Jésus, la Loi nouvelle instaure la vie dans l’Esprit que la Loi de Moïse préparait.
Les ordonnances juridiques sont ainsi effacées, comme le psaume 50 suppliait Dieu de le faire :
« Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. » (Ps 50,3)
« Détourne ta face de mes fautes, efface tous mes péchés. » (Ps 50,11)
Elles sont effacées, comme le gérant habile efface sa commission sur le billet de reconnaissance des obligés de son maître (Lc 16,1-8). Le jour où son patron le menace de licenciement, il se préoccupe de se faire des amis ; et dans ce but il convoque les débiteurs de son maître ; à chacun d’eux, il dit : « voici ton billet de reconnaissance de dette, efface et change la somme. Tu devais 100 sacs de blé ? Écris 80 ».
Elles sont effacées, comme est effacée la menace pesant sur une femme accusée d’infidélité, selon l’ordalie du livre des Nombres : « Le prêtre écrira ces menaces sur un manuscrit et les effacera dans l’eau amère » (Nb 5,23). Il fera boire cette eau amère à la femme pour savoir si elle a été infidèle ou non : si oui, l’eau amère la fera dépérir, sinon elle sera reconnue fidèle. Curieuse pratique, mais qui montre que le châtiment peut être effacé par l’intervention divine.
INRI
En 2020, Werner Lustig, un homme d’affaires allemand, a voulu faire enregistrer les lettres INRI, utilisées par le christianisme sur les crucifix depuis plus de 2000 ans, comme une marque déposée. Il l’aurait utilisée sur des T-shirts, bijoux et autres produits, comme Coca ou Nike ! À la dernière minute, les autorités européennes des marques ont rejeté son enregistrement pour une utilisation d’INRI sur des produits commerciaux, ce qui lui aurait donné le monopole de l’utilisation de l’INRI sur les croix !
Le supplice des esclaves était connu et redouté dans l’empire romain : en 71 av. JC, 6000 esclaves révoltés avec Spartacus furent crucifiés par Crassus sur les 190 km entre Capoue et Rome. L’historien juif Flavius Josèphe rapporte que vers 88 av. J.-C., 800 pharisiens furent crucifiés au centre de Jérusalem sur ordre d’Alexandre Jannée ; il rapporte également les 2000 crucifiements ordonnés en 4 av. J.-C. par le légat romain Varus.
Paul avait déjà vu ces condamnés misérables rayés de l’humanité.
Il n’était pas au Golgotha, mais tous lui ont raconté : il y avait au-dessus de la tête de Jésus un panneau en bois sur lequel Pilate avait fait écrire le titulus [2], le motif de sa condamnation : « Jésus de Nazareth, Roi des Juifs ». Comme le I et le J ont la même lettre en latin, cela a donné le célèbre acronyme INRI représenté sur les tableaux des peintres et les calvaires des sculpteurs etc.
Notons pour l’anecdote que cela a également donnée la deuxième branche de la Croix de Lorraine, la plus courte, qui fait bien référence au panneau INRI [3] du Golgotha…
Bref : clouer INRI sur le bois de la croix, c’était pour Paul un acte hautement symbolique. Parce qu’il est le roi des juifs, Jésus dispose de la Loi juive. Parce que ce panneau est écrit dans les trois langues majeures de Palestine (l’araméen, le latin, grec), il annonce une bonne nouvelle pour l’empire tout entier : les obligations rituelles et juridiques de la Loi de Moïse sont clouées au bois de la croix ! Elles sont accomplies dans le don de l’Esprit, qui surpasse toute Loi.
Et ça, c’est une bonne nouvelle pour nous encore aujourd’hui ! Car vouloir obéir en tous points à la Loi, à ses 613 commandements (ou à ceux de la charia), est impossible ! Il y a tant d’interdits et d’obligations – depuis la façon de se laver jusqu’à l’usage de l’électricité ! – qu’aucun juif pieux ne peut prétendre observer la Loi à la lettre en totalité, toujours et partout. Il en est de même pour toutes les lois que les Églises ont voulu imposer au cours des siècles, pour remplacer l’ancienne, en contradiction flagrante avec la déclaration de Paul… S’il y avait un permis à points pour les lois religieuses, aucun croyant n’aurait ses douze points ! Comme l’écrivait le philosophe juif Emmanuel Lévinas : « Personne ne peut dire : j’ai fait tout mon devoir, sauf l’hypocrite ». Comment, dès lors, un individu peut-il prétendre à l’accomplissement de tous les commandements ? Les rabbins disent que c’est le peuple pris dans son ensemble qui observe la Loi, car pour un seul c’est impossible.
Paul rassure les inquiets, et nous délivre du sentiment de culpabilité qu’engendre l’exigence infinie du respect de la Loi : ce n’est pas en observant des prescriptions religieuses qu’on est sauvé, c’est par grâce ! Ce n’est pas en appliquant à la lettre les décrets des rabbins ou des oulémas, ou même des ordres cléricaux, que nous nous hisserions jusqu’à Dieu grâce à nos ‘mérites’. C’est Dieu qui à l’inverse est venu vers nous, gracieusement, sans condition : il suffit de le recevoir.
Côté catholique, les fondamentalistes ont toujours été des obsédés de la Loi, qu’ils transgressent d’ailleurs allègrement pour eux-mêmes alors qu’ils veulent l’imposer aux autres…
Si le billet des ordonnances de la Loi a été cloué sur le bois de la croix avec le panneau INRI, c’est donc que la grâce et l’Esprit sont plus importants pour nous que la Loi et sa lettre.
On devine à peine la révolution spirituelle qui embraserait le monde si ce souffle de liberté et de pardon venait à gonfler vraiment les voiles de nos Églises…
Ne pas imposer à d’autres des Lois injustes ou impossibles
L’enjeu pour Paul de ce débat sur la Loi juive est missionnaire : doit-on imposer ou non aux convertis non-juifs les obligations de la Loi de Moïse ? La circoncision, le shabbat, les interdits alimentaires de la cacherout, les obligations vestimentaires et cultuelles etc. Faut-il faire des nouveaux chrétiens des juifs accomplis, ou peuvent-ils vivre sous le régime de l’Esprit chacun selon son génie personnel et selon le génie de sa culture ?
Paul a tranché : « Le Christ a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix par le sang de sa croix » (Ep 2,15).
En clouant à la croix les obligations juridiques juives, le Roi des juifs est devenu le Roi de l’univers, sans imposer à l’univers d’être juif.
Alors le baptême a remplacé la circoncision, le dimanche le sabbat, l’eucharistie le culte synagogal ; alors croire est devenu plus important que faire, l’interprétation prime sur le rabâchage, la vie spirituelle prime sur la pratique religieuse, la prière sur l’étude etc.
Nous n’avons pas à imposer à d’autres des Lois que nous-mêmes n’arrivons pas à observer vraiment. Il y a des ordonnances injustes qui doivent être renversées et annulées si l’on veut être fidèle à Jésus dessinant sur le sol et à Paul contemplant la pancarte INRI sur la croix ! Qu’on pense à ce que l’Église catholique a osé imposer aux filles-mères par exemple en Irlande, aux esclaves dans les Amériques, aux personnes homosexuelles en Occident, aux divorcés remariés etc. Alors que dans le même temps le clergé le plus légaliste dans ses propos s’abandonnait à tous les vices possibles, accumulant richesses, abus sexuels, abus de pouvoir politique et autres turpitudes à foison.
L’hypocrisie religieuse contre laquelle Jésus tonnait ses imprécations les plus violentes et les plus graves n’en finit pas de renaître, d’infiltrer les communautés, les ministères. L’un des signes de cette dégradation spirituelle est la prédominance de la Loi sur la grâce : quand l’Église ne devient plus qu’une liste d’interdits et d’obligations, à la manière des talibans d’Afghanistan, comment s’étonner que nos sociétés se détournent d’elle ? Quand nous faisons passer la morale avant la foi, et singulièrement la morale sexuelle avant la morale économique, sociale ou politique, nous dé-clouons le billet de la croix, nous décrochons la pancarte INRI pour l’archiver dans un musée fermé à clé.
Transposez cela au plan séculier : il existe des lois injustes (apartheid, esclavage, eugénisme, profits financiers etc.), des régimes politiques que les hommes ont voulu légitimer en les appuyant sur des absolus apparemment indiscutables (Dieu, la nature, les Droits de l’Homme etc.), mais qui ne tiennent pas devant l’autre exigence, celle de l’amour d’autrui.
Les baptisés seront sel de la terre s’ils osent entreprendre de renverser ces lois injustes, inspirés par l’Esprit du Christ, non-violents, témoignant jusqu’au bout de la vérité sur l’homme, jusqu’à donner leur vie s’il le faut, par amour.
La Loi a crucifié Jésus de Nazareth. Sa résurrection a crucifié la Loi en retour. Le Roi des juifs est devenu le roi de l’univers, et son royaume est un royaume de paix et de grâce, d’amour et de vérité.
Pourquoi irions-nous charger les épaules des autres avec des fardeaux que nous n’arrivons pas nous-mêmes à porter (Mt 23,4) ?
Pourquoi filtrer le moucheron et avaler le chameau ? (Mt 23,24)
Contemplons la pancarte INRI clouée au-dessus de Jésus : quels sont les ordres injustes qu’il nous faut annuler ?
[1]. Dans le registre fiscal de Florence datant de 85 de notre ère, le gouverneur de l’Égypte fournit cet acte lors du procès : “Que le manuscrit soit rayé”, et cela correspond à “l’élimination de l’acte” dont il est question dans Col 2,14.
[2]. Le titulus est l’affiche accrochée au bout d’un long bâton porté par les légions romaines lors de la cérémonie du triomphe pour indiquer à la foule, le nom des légions, le nombre de prisonniers, la quantité du butin, les noms des villes et des pays soumis. Les renseignements y étaient écrits en gros caractères. Le titulus était également un petit écriteau qui énonçait le crime de la victime. Fixé habituellement sur un bâton, il était porté à l’avant du cortège du futur supplicié en sortant de la prison ou suspendu à son cou. Il pouvait être fixé à la croix pour informer les spectateurs du nom et du crime de la personne pendant qu’ils étaient accrochés à la croix, maximisant davantage l’impact public.
[3]. Il existe même une relique, Titulus Crucis, exposée depuis 1492 dans la basilique Sainte Croix de Jérusalem à Rome. Il consiste en une petite pièce de bois (conservée dans un reliquaire d’argent) qui, selon la tradition catholique, serait un morceau de l’écriteau placé au-dessus de la tête de Jésus lors de la Crucifixion. D’après une tradition ecclésiale, la Sainte Croix, trois clous ayant servi à crucifier Jésus et le titulus furent découverts par sainte Hélène en 325 à Jérusalem, sur le lieu même de la crucifixion, le mont Golgotha.
Lectures de la messe
Première lecture
« Que mon Seigneur ne se mette pas en colère si j’ose parler encore » (Gn 18, 20-32)
Lecture du livre de la Genèse
En ces jours-là, les trois visiteurs d’Abraham allaient partir pour Sodome. Alors le Seigneur dit : « Comme elle est grande, la clameur au sujet de Sodome et de Gomorrhe ! Et leur faute, comme elle est lourde ! Je veux descendre pour voir si leur conduite correspond à la clameur venue jusqu’à moi. Si c’est faux, je le reconnaîtrai. » Les hommes se dirigèrent vers Sodome, tandis qu’Abraham demeurait devant le Seigneur. Abraham s’approcha et dit : « Vas-tu vraiment faire périr le juste avec le coupable ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville. Vas-tu vraiment les faire périr ? Ne pardonneras-tu pas à toute la ville à cause des cinquante justes qui s’y trouvent ? Loin de toi de faire une chose pareille ! Faire mourir le juste avec le coupable, traiter le juste de la même manière que le coupable, Loin de toi d’agir ainsi ! Celui qui juge toute la terre n’agirait-il pas selon le droit ? » Le Seigneur déclara : « Si je trouve cinquante justes dans Sodome, à cause d’eux je pardonnerai à toute la ville. » Abraham répondit : « J’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui suis poussière et cendre. Peut-être, sur les cinquante justes, en manquera-t-il cinq : pour ces cinq-là, vas-tu détruire toute la ville ? » Il déclara : « Non, je ne la détruirai pas, si j’en trouve quarante-cinq. » Abraham insista : « Peut-être s’en trouvera-t-il seulement quarante ? » Le Seigneur déclara : « Pour quarante, je ne le ferai pas. » Abraham dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement trente ? » Il déclara : « Si j’en trouve trente, je ne le ferai pas. » Abraham dit alors : « J’ose encore parler à mon Seigneur. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement vingt ? » Il déclara : « Pour vingt, je ne détruirai pas. » Il dit : « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois. Peut-être s’en trouvera-t-il seulement dix ? » Et le Seigneur déclara : « Pour dix, je ne détruirai pas. »
Psaume
(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 6-7ab, 7c-8)
R/ Le jour où je t’appelle, réponds-moi, Seigneur. (cf. Ps 137, 3)
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
Si haut que soit le Seigneur, il voit le plus humble ;
de Loin, il reconnaît l’orgueilleux.
Si je marche au milieu des angoisses, tu me fais vivre,
ta main s’abat sur mes ennemis en colère.
Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Deuxième lecture
« Dieu vous a donné la vie avec le Christ, il nous a pardonné toutes nos fautes » (Col 2, 12-14)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
Frères, dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec le Christ et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts. Vous étiez des morts, parce que vous aviez commis des fautes et n’aviez pas reçu de circoncision dans votre chair. Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné toutes nos fautes. Il a effacé le billet de la dette qui nous accablait en raison des prescriptions légales pesant sur nous : il l’a annulé en le clouant à la croix.
Évangile
« Demandez, on vous donnera » (Lc 11, 1-13)
Alléluia. Alléluia. Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; c’est en lui que nous crions « Abba », Père. Alléluia. (Rm 8, 15bc)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Il arriva que Jésus, en un certain lieu, était en prière. Quand il eut terminé, un de ses disciples lui demanda : « Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. » Il leur répondit : « Quand vous priez, dites : ‘Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. Donne-nous le pain dont nous avons besoin pour chaque jour Pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous. Et ne nous laisse pas entrer en tentation. » Jésus leur dit encore : « Imaginez que l’un de vous ait un ami et aille le trouver au milieu de la nuit pour lui demander : ‘Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui offrir.’ Et si, de l’intérieur, l’autre lui répond : ‘Ne viens pas m’importuner ! La porte est déjà fermée ; mes enfants et moi, nous sommes couchés. Je ne puis pas me lever pour te donner quelque chose’. Eh bien ! je vous le dis : même s’il ne se lève pas pour donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami, et il lui donnera tout ce qu’il lui faut. Moi, je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira. Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? ou lui donnera un scorpion quand il demande un œuf ? Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! »
Patrick BRAUD