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27 février 2022

Mercredi des Cendres : notre Psaume 50

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 30 min

Mercredi des Cendres : notre Psaume 50

Homélie du Mercredi des Cendres / Année C
02/03/2022

Cf. également :

Cendres : « Revenez à moi ! »
Cendres : une conversion en 3D
Cendres : soyons des justes illucides
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Déchirez vos cœurs et non vos vêtements
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Carême : quand le secret humanise
Mercredi des Cendres : 4 raisons de jeûner
Le symbolisme des cendres

Voilà sans doute le psaume le plus utilisé par les chrétiens : chaque matin, des milliers de moines, moniales, clercs, religieux et religieuses commencent leur première prière du jour par ce verset : « Seigneur ouvre mes lèvres / et ma bouche annoncera ta louange ». Chaque vendredi matin, à l’office de Laudes, c’est ce même psaume 50 qui revient dans la liturgie. Chaque Mercredi des Cendres nous l’entendons à nouveau pour nous préparer à entrer en Carême avec la même disposition de cœur que celle du psalmiste. Pénitentiel par excellence, ce psaume 50 est donc au top du « Top 10 » du psautier !

Regardons-le de plus près, pour en discerner quelques enjeux actuels, notamment autour de la notion de péché.

 

S’orienter vers la fin ultime

Mercredi des Cendres : notre Psaume 50 dans Communauté spirituelle 27773748-ic%C3%B4ne-illustration-montrant-un-affichage-de-la-boussole-pointant-du-nordLes 2 premiers versets sont rarement indiqués sur nos feuilles de chant ! Pourtant ils conditionnent la lecture :
« Du maître de chant. Psaume de David.
Quand Natân le prophète vint à lui parce qu’il était allé vers Bethsabée ».
Le psaume est donc destiné au chef des chantres (לַמְנַצֵּ֗חַ, de la racine natsach = conduire en hébreu), c’est-à-dire celui qui conduit le chœur, qui le mène vers une exécution parfaite de l’œuvre musicale. En grec, la Septante a traduit ce terme par τέλος, telos = le but ultime, l’achèvement, la fin de toutes choses. Il y a donc un enjeu d’accomplissement ultime à chaque fois qu’un psaume est adressé au chef des chantres (55 fois !). Chanter le psaume, c’est hâter la fin ultime de toutes choses. Psalmodier, c’est ordonner sa vie entière à sa finalité la plus vraie. L’enjeu est donc de laisser le chant de cette prière transformer mes choix, ma manière de vivre, pour qu’elle s’ajuste toujours mieux à sa vocation ultime.

Psalmodier, c’est s’aligner sur le sens ultime de mon existence.

On retrouve ici la disposition intérieure d’Ignace de Loyola qui la conseillait pour entrer dans ses Exercices spirituels : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, notre Seigneur, et, par ce moyen, sauver son âme. Et les autres choses qui sont sur la terre sont créées à cause de l’homme et pour l’aider dans la poursuite de la fin que Dieu lui a marquée en le créant. D’où il suit qu’il doit en faire usage autant qu’elles le conduisent vers sa fin, et qu’il doit s’en dégager autant qu’elles l’en détournent » (Exercices spirituels, Principe et Fondement).

 

L’auteur du psaume, c’est moi

a-IMG_0471rec-681x1024 Carême dans Communauté spirituelleL’auteur désigné est David. Les circonstances indiquées situent cette prière juste après que David ait pris conscience grâce au prophète Nathan de sa triple iniquité (2S 12) : adultère (il a couché avec Bethsabée, femme mariée), viol (il l’a forcée ; il est roi, il a tous les droits !), assassinat (il a organisé la mort du mari de Bethsabée, général d’armée, en l’envoyant au front en première ligne).
Insistons sur ce point : le psaume prend place après la prise de conscience par David de son triple péché. Rien ne sert de demander pardon tant qu’on n’a pas identifié la faute commise ! Il faut pour cela l’aide des autres (Nathan pour David) afin qu’ils nous ouvrent les yeux sur notre propre responsabilité : « cet homme (qui a péché avec Bethsabée) c’est toi », dira Nathan à David pour le sortir de sa fausse bonne conscience royale.

L’attribution de ce psaume à David pose pourtant quelques problèmes. Les derniers versets 20 et 21 semblent se situer après la catastrophe de la chute de Jérusalem, pendant l’exil à Babylone, puisqu’on y demande de reconstruire les murs de Jérusalem. Ce ne peut donc être David qui prie le verset 20. D’autres exégètes voient encore dans le verset 6 une difficulté pour l’attribuer à David : « contre toi et toi seul j’ai péché ». Or David a péché d’abord contre Bethsabée et Uri en leur faisant du mal ! Une solution en deux temps existe pour résoudre ce problème de l’attribution du psaume :
– c’est bien David, car le roi n’a de comptes à rendre qu’à Dieu de par ses prérogatives. Il demande d’être libéré du sang versé, celui d’Uri (v. 16). Il enseigne au peuple (v. 15).
– par la suite, les croyants se sont approprié cette supplication royale, notamment en temps d’exil à Babylone pour espérer un retour à Jérusalem et la reconstruction de son Temple.

Nous mettons donc nos pas de priants dans ceux du grand roi David, si prestigieux et pourtant pécheur de tant de manières. C’est moi qui ai versé le sang, c’est moi qui ai fait le mal : je ne suis pas plus grand que David, alors je fais mienne sa prière pour tenir bon dans les exils qui sont les miens.

 

Nos 3 façons de pécher

Tel que nous le lisons en entier, le psaume 50 est admirablement construit : selon une structure classique avec une belle symétrie à A-B-A’ qui met en évidence la pointe du texte, le verset 11 :

Ps 50 Structure

Quand on regarde de près le texte hébreu, on constate que 3 mots, 3 racines sont utilisées pour désigner l’acte de pécher :

 

1. Hatta’t : manquer sa cible

archer-orientant-la-cible-12495721 cendresLa racine hébreu חַטָּאָה = chatta’ah est employée 7 fois dans notre psaume 50. Elle signifie : manquer sa cible. 7 est bien sûr le chiffre de la première création en 7 jours. Notre condition de créature est ici évoquée de manière réaliste à travers l’inévitable répétition de nos manquements, 7 fois par jour comme l’écrit symboliquement Pr 24,16 : « le juste tombe 7 fois mais se relève, alors que les méchants s’effondrent dans le malheur ». Celui qui croirait être à l’abri de toute démarche pénitentielle ferait bien de se répéter : « le juste tombe 7 fois par jour ». Celui qui désespérerait sous le poids de ses fautes se redira : « le juste tombe 7 fois par jour et se relève ». Le réalisme biblique devant la condition humaine nous évite d’idéaliser notre action comme d’en désespérer. Impossible de ne pas commettre le mal ; mais c’est possible de s’en relever ! Le verset 7 le dit avec la froideur d’un constat scientifique : « j’étais pécheur dès le sein de ma mère ». Car la vie intra-utérine est déjà une vie relationnelle, où les interactions avec la mère d’abord, et l’univers à travers elle, marquent le futur être humain, en positif comme en négatif. Les rousseauistes qui prétendent que l’homme naît bon puis est abîmé par la société en sont pour leurs frais ! Les jansénistes également, qui prétendaient notre noirceur incurable.

Manquer sa cible : peut-être pouvons-nous retenir cette définition de notre péché. La bonne nouvelle est que le désir humain n’est pas condamné, au contraire ! Il se trompe de cible, comme Don Juan se trompe lui-même en multipliant les aventures amoureuses. L’élan à la base du péché n’est pas mauvais en soi : il suffit de lui donner une autre cible ! Il suffit d’assigner un autre sens à notre existence, un but différent à nos décisions, une finalité meilleure à notre quête. À l’archer qui manque sa cible il n’est pas demandé de casser son arc, mais de mieux viser, ou de mieux choisir sa cible.

Voilà pourquoi Jésus aimait tant les pécheurs et préféraient leur compagnie à celle des purs et des parfaits : au moins eux ont des désirs forts, au moins eux cherchent quelque chose intensément ! Certes ils se trompent de cible, mais ce sera plus facile de réorienter leur énergie vitale chez eux que de la ressusciter chez les pharisiens et les scribes… Aujourd’hui encore, les pécheurs recèlent plus d’humanité et de soif d’absolu que les gardiens figés d’une morale majoritaire…

Chatta’ah : quelle cible allons-nous choisir ? Quand nous arrive-t-il de la manquer ? Nous faut-il la maintenir ou en changer ?

 

2. Avon : tordre le réel

ca5384_9d3be3fe58c94975b7950deafc99b0a0~mv2 DavidLe deuxième terme employé par le psaume 50 pour décrire notre péché vient de la racine hébreu : עָוֹן = avon, qui signifie tordre, pervertir. Le pécheur est dans le déni, comme David ne voulant pas voir son triple crime en toute bonne conscience. Notre péché appelle bien ce qui est mal, lumière ce qui est obscur. Pensez à l’avortement que l’idéologie dominante actuelle présente comme un acquis des Droits de l’Homme ; ou bien à l’esclavage autrefois présenté comme naturel et juste ; ou bien à la ‘vérité’ soviétique (pravda) qui appelait ‘progrès’ les purges staliniennes etc.

Nous sommes, chacun, capables de tordre le réel pour le faire entrer de force dans nos catégories, nos préjugés, nos visions idéologiques. La perversité du mal n’est pas tant dans le vicieux qui se cache que dans les puissants qui osent dire au grand jour que le mal est un bien. Ou qui cachent les terribles conséquences de leurs décisions, comme Mao ou Pol Pot cachaient leurs dissidents dans des camps de ‘rééducation’. Comme Poutine accusant les Ukrainiens ‘nazis’de ‘génocide’ envers les russophones…
Faire du tort à quelqu’un, c’est tordre la relation avec lui jusqu’à lui faire mal.

Avon : quand tordons-nous le réel pour qu’il se plie à nos intérêts, à nos idées, à nos habitudes ?

 

3. Pesha : rompre la relation avec Dieu

Le troisième terme utilisé pour le péché dans le psaume 50 est פֶשַׁע = pesha, qui signifie transgression, rébellion. Le mot vise surtout le résultat de cette transgression : le pécheur se détourne de Dieu et ne veut plus rien à voir avec lui. Cette rupture de la relation est une mort spirituelle. Un peu comme le fils prodigue qui a claqué la porte est mort à l’amour de son père. Ou comme Judas qui coupe les ponts et se condamne lui-même.

Péter un câble

C’est donc que le péché est d’abord théologal avant d’être moral : « contre toi (Dieu) et toi seul j’ai péché » (v. 6). C’est dans le cadre de la relation à Dieu qu’il y a péché. Hors de cette dimension spirituelle, il n’y a pas péché, mais faute morale ou infraction légale. En rigueur de terme, un athée ne peut pas pécher ! Distinguer le péché de l’immoral ou de l’illégal est essentiel ! C’est toute la différence entre le pardon et l’excuse. Le croyant devant Dieu peut se reconnaître pécheur là où le citoyen ne se reconnaîtra aucune infraction devant la morale ou la loi. Et inversement, il y a des infractions à la moralité ou à la légalité qui ne sont pas des péchés (pensez à l’objection de conscience, à la désobéissance civile, au refus des coutumes barbares etc.).
C’est devant Dieu que nous péchons.
La conséquence du péché est la rupture de relation avec lui ; le fruit du pardon est le rétablissement d’une communion plus grande donnée par-delà la séparation (par–donnée).

La première racine chatta’ah (faute) se trouve 7 fois dans le psaume Les deux autres racines décrivant le péché, avon et pesha s’y trouvent chacune 3 fois, comme on trouve aussi trois fois la racine ÇDQ qui désigne la justice et le juste (tsedaqah). C’est bien l’action de Dieu qui fait du pécheur un juste, au moyen des trois attributs divins cités : la grâce, la bonté, la tendresse. Trois attributs cités une fois et une seule, comme la racine QDSh de la sainteté : seul le Dieu unique est trois fois saint.

 

Offrir le vrai sacrifice

Un prêtre de l’Israël antique amène un animal à l’autel pour le sacrifierUn mot pour finir sur le verset 21 : « alors tu accepteras de justes sacrifices, oblations et holocaustes ; alors on offrira des taureaux sur ton autel ».
Offrir des taureaux sur l’autel de Jérusalem semble contredire le verset précédent : « si j’offre un sacrifice, tu n’en veux pas, tu n’acceptes pas d’holocauste » (v. 18). Et qui est le sujet de cette offrande qui soudain est au pluriel alors qu’avant c’est David (moi) qui prie au singulier ?
Une première explication – on l’a vu – est d’attribuer ce verset aux juifs de l’exil à Babylone, qui s’appropriaient la prière de David et y rajoutaient leur espérance du Temple rebâti à Jérusalem.

Une autre exégèse va regarder de près le mot employé pour l’objet du sacrifice : פָרִֽים = parim en hébreu. On peut le traduire par taureaux comme le fait la liturgie en s’appuyant sur les 5 autres usages similaires du mot hébreu dans la Bible (Nb 23,1 ; 23,29 1Ch 15,26 2Ch 29,21 Jb 42,8). On peut également le traduire par « sacrifice de louange », en allant copier-coller le 4° usage du mot (chez le prophète Osée) : « enlève tous nos péchés, reçois-nous dans ton amour, et nous t’offrirons en sacrifice (parim) les paroles de nos lèvres » (Os 14,2-3), qui est sur la même ligne que notre psaume. On a alors l’annonce du peuple sacerdotal célébré par le Nouveau Testament : chacun et tous peuvent offrir des sacrifices d’action de grâces par la louange de leurs lèvres ! Tous, pas seulement David. Par des paroles et un cœur contrit et non par des taureaux. La traduction serait alors : chacun t’offrira le sacrifice d’action de grâces par la louange de ses lèvres. Ce qui est bien plus cohérent avec l’ensemble du psaume 50, et notamment les versets 16-19. Ce qui annonce l’eucharistie chrétienne où tous s’offrent sur l’autel avec le Christ, par lui et en lui (et pas seulement le prêtre, et pas seulement l’hostie).
Quel dommage que la traduction liturgique n’ait pas eu  cette audace !

 

Conclusion

Manquer sa cible / tordre le réel / rompre la relation : passons à ce triple tamis du Psaume 50 nos actions et nos pensées de ce jour, et nous prendrons conscience comme David de ce pourquoi nous allons recevoir les cendres du Carême…

 

Lectures de la messe

Première lecture
La profession de foi du peuple élu (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome
Moïse disait au peuple : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu. Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage. Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »

Psaume
(Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab)
R/ Sois avec moi, Seigneur, dans mon épreuve. (cf. Ps 90, 15)

Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut
et repose à l’ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

Le malheur ne pourra te toucher,
ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges
de te garder sur tous tes chemins.

Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion,
tu écraseras le lion et le Dragon.

« Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ;
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m’appelle, et moi, je lui réponds ;
je suis avec lui dans son épreuve. »

Deuxième lecture
La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, que dit l’Écriture ? Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons. En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l’Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

Évangile
« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » (Lc 4, 1-13)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. 
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »
Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »
Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick BRAUD

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