Accepter l’ivraie en chacun
Accepter l’ivraie en chacun
Homélie du 16° Dimanche du temps ordinaire / Année A
19/07/2020
Cf. également :
Le levain dans la pâte : interprétations symboliques
Ecclésia permixta
La patience serait-elle l’arme des forts ?
Foi de moutarde !
Quelle est votre écharde dans la chair ?
Faut-il déboulonner les statues ?
Les manifestations antiracistes suite au meurtre de Georges Floyd aux USA par la police ont donné lieu à des scènes étonnantes autour des statues dans nos villes : De Gaulle a été badigeonné de jaune, Colbert est menacé d’être déboulonné, Gallieni et Faidherbe sont dans le collimateur des militants d’histoire épurée de ses figures colonialistes voire racistes. Et c’est vrai qu’il y a le De Gaulle du 18 juin et celui du « je vous ai compris ». De même qu’il y a le Pétain de Verdun et celui de Vichy, le Jules Ferry de l’école pour tous et celui de la colonisation au nom des Lumières, le Colbert organisant le royaume et celui du Code Noir, le Faidherbe sauvant le nord des Prussiens en 1870 et le colonisateur du Sénégal avec violence etc.
Ainsi le roi Philippe de Belgique lui-même a reconnu que l’histoire de la colonisation du Congo par Léopold II son aïeul devait être « pacifiée » : « A l’époque de l’Etat indépendant du Congo (quand ce territoire africain était la propriété de l’ex roi Léopold II) des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective », a assuré Philippe, qui règne depuis 2013. « La période coloniale qui a suivi (celle du Congo belge de 1908 à 1960) a également causé des souffrances et des humiliations », a-t-il ajouté. « J’encourage la réflexion qui est entamée par notre parlement afin que notre mémoire soit définitivement pacifiée », a-t-il poursuivi (lettre adressée au président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, le 30/06/2020).
Ériger une statue, c’est proposer une personnalité en exemple à tous, c’est célébrer son œuvre (d’ailleurs il y a bien peu de femmes parmi nos monuments de l’histoire française…). On ne fait pas rentrer n’importe qui au Panthéon ! On pourrait donc remiser au musée les statues de ceux qui certes font partie de notre histoire, mais qui sont bien peu exemplaires en réalité. En Belgique, commencer par Léopold II serait un symbole…
Mais qui n’a pas sa part d’ombre ? Quelle figure historique est irréprochable ? Quelle statue pourra résister à l’examen des générations après elle ? Et pourtant, abattre les statues de Staline, de Mussolini, de Pol Pot ou de Saddam Hussein était un signe d’une liberté retrouvée, de fausses valeurs enfin démasquées ! Il nous faut bien choisir ceux que nous faisons entrer au Panthéon, et accepter parfois de nous être trompés. Pas simple de discerner qui honorer et qui déshonorer !
Manager par le contrôle ou la confiance ?
Prenons le problème autrement. Mettez-vous du côté du manager d’une entreprise dite « libérée », c’est-à-dire misant sur l’autonomie et la responsabilité de ses employés. Un des postulats de l’entreprise libérée est la bonté fondamentale de chacun. Zobrist, le patron emblématique qui a mis en œuvre ce type de management chez FAVI, fonderie de pièces automobiles, le résumait ainsi :
« À la Favi, la première valeur limite que j’ai imposée, c’est : l’homme est bon. Donc, aucun contrôle : le moindre papier, la plus petite procédure ou le premier individu qui parle de contrôle est instantanément mis à l’écart ! » [1]
Pourtant, les entreprises voient se multiplier les arrêts maladie de complaisance ; les fraudes sociales atteignent des sommets (le fisc français a récupéré 12 milliards d’euros en 2019 !) ; les radars de vitesse sur les routes crépitent ; la traite humaine reprend de plus belle après le confinement ; les mafias recrutent et prospèrent…
« L’homme est bon » : ce credo généreux et rousseauiste se heurte à l’écueil des faits, toujours têtus. Cette erreur anthropologique a déjà engendré le monstre du socialisme réel : c’est la société qui corrompt l’homme disait-on ; pour le changer, il suffirait de révolutionner la société – par la force si besoin – et l’homme s’en trouvera changé, meilleur, sans classes, retrouvant sa bonté originelle. On sait où cela nous a conduit. « Qui veut faire l’ange fait la bête » (Blaise Pascal).
La parabole du bon grain et de l’ivraie de notre dimanche (Mt 13, 24-43) vient avec sagesse tordre le cou à ces deux mythes complémentaires de la noirceur sans nuances (déboulonner les statues) et de la bonté sans mélange (pas de contrôle).
Un mot d’abord sur le contexte historique de la parabole. Elle vise les faux chrétiens qui au premier siècle s’immisçaient dans les premières communautés chrétiennes pour des raisons multiples. Il y avait des convertis du bout des lèvres, prêts à retourner au judaïsme ou paganisme au premier obstacle. Il y avait des croyants sincères, mais que les menaces et persécutions effrayaient (à juste titre). Les moins courageux pouvaient dénoncer leur famille, l’Église, pour éviter la prison ou le supplice. Sans oublier les espions juifs ou romains infiltrés. L’ivraie semée avec le bon grain était d’abord cette part de la communauté qui pouvait se retourner contre elle sous la pression des ennemis des chrétiens, si nombreux à l’époque.
Une fois la paix de l’Empire accordée, après l’édit de Constantin (313), la parabole fournit un autre domaine d’interprétation, tout aussi pertinent.
Le mal est inéluctable
Le champ des semailles peut représenter la vie intérieure de chacun, son parcours spirituel. Dieu, le propriétaire du champ, n’y sème que du bon grain, mais ne peut empêcher qu’un ennemi tente de gâter la récolte en y mélangeant de l’ivraie. C’est donc que la présence du mal en nous est inéluctable : Dieu lui-même n’y peut rien ! Jésus fait avec sagesse un constat lucide : l’homme est mélangé. Il n’y a pas en lui que du bon. Il n’y a pas en lui que du mal non plus. Il est depuis toujours cet arc-en-ciel de nuances qui entache les héros les plus grands et empêche de désespérer des salauds les plus sombres. « N’enlevez pas l’ivraie » : l’avertissement est solennel ! Ne croyez pas que l’on puisse extirper totalement le mal de la vie collective ou personnelle. Cette tentation de la pureté est suicidaire, car « vous risquez d’arracher le blé en même temps ». Déboulonner les statues à cause de l’ambivalence de leurs titulaires peut conduire à abattre toutes les statues, c’est-à-dire à ne plus avoir d’histoire. Croire qu’on peut fabriquer un homme nouveau – socialiste, national-socialiste, écologiste – enfin pur de toute compromission, conduit à toutes les dictatures. Croire que l’homme n’est que bon, sans ivraie mélangée, conduit à une moisson gâtée, inexploitable. La tentation d’arracher l’ivraie fut celle des rigoureux qui voulaient exclure les lapsi (chrétiens ayant renié leur baptême sous la persécution) de la réconciliation ecclésiale. Ou la tentation cathare des parfaits se coupant du monde pour vivre entre purs. Ou les « justices » d’exception lors de l’épuration à partir de Mai 1945. Ou peut-être l’intransigeance catholique actuelle sur le divorce, la contraception, l’homosexualité. Ou bien c’est la peur des pratiquants réguliers lorsqu’ils voient débarquer en masse les occasionnels pour les Rameaux, la Toussaint, Noël…
Sur le plan personnel, ce constat lucide est salvateur : oui, c’est normal qu’il y ait du mal en moi. Je n’en suis pas responsable (« c’est un ennemi qui a fait cela »). Mais il me traverse, il s’incorpore à ma structure de pensée, d’action, de jugement. Simplement parce que je suis humain, je participe de ce mélange inextricable dont je ne me rends même pas compte, tant que les épis ne sont pas apparus. Ainsi le meilleur des hommes aux 18e-19° siècles peut être esclavagiste sans avoir de problème de conscience. Ainsi Jules Ferry peut-il être colonialiste au nom des Lumières par lesquelles l’Occident allait apporter progrès et civilisation à tous les peuples pensait-il. C’est ce que Jean-Paul II appelait les structures de péché au niveau collectif, et ce que depuis Augustin nous appelons péché originel au niveau personnel. Bien « malin » qui pourrait se croire libre de toute forme d’asservissement au mal d’une manière ou d’une autre ! D’ailleurs, qui sait si ceux qui veulent déboulonner les statues (parfois avec raison je le répète) ne seront pas durement jugés par leurs arrière-petits-enfants dans un siècle ou deux ? Qui sait si telle pratique qui aujourd’hui nous paraît évidente, naturelle et juste ne sera pas dénoncée par les générations suivantes comme inhumaine et intolérable (je pense à l’avortement par exemple) ? « La mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous » (Lc 6,38) : les zélateurs d’une pureté historique sans faille feraient bien de se méfier des revers de l’histoire où ils apparaîtront à leur tour comme des monstres aveugles et froids aux yeux de leurs successeurs.
Accepter n’est pas consentir
Pour autant, ne pas extirper le mal ne signifie pas consentir. La parabole demande d’exercer cette forte vigilance pour repérer assez vite les parcelles contaminées. Et surtout elle demande d’enlever l’ivraie au temps de la moisson, pour la lier en bottes et la brûler. C’est donc qu’il faut le recul du temps et de la sagesse pour combattre l’ivraie en nous, mais il n’est pas question de capituler en laissant le mal abîmer la moisson intérieure. À quel moment extirper ce mal ? Certains pensent que le temps de la moisson de la parabole est celui de la mort individuelle, ou du jugement collectif. Sans doute, car la vérité de nos vies ne sera révélée en plénitude que face à Dieu, au-delà de la mort. Mais cela n’empêche pas cette révélation d’être à l’œuvre dès maintenant. Nous moissonnons plusieurs étés au cours de notre vie. À chaque fois, en prenant du recul, de la distance, en relisant notre histoire à la lumière des Écritures, nous apprenons à discerner ce qui peut être amassé dans le grenier du cœur et ce qui n’est finalement qu’un feu de mauvaises herbes. Ainsi, de moisson en moisson, loin de nous résigner à la présence du mal en nous, nous le transformons en compagnon de voyage qui nous rend vigilant sur notre croissance. C’est la fameuse « écharde dans la chair » (2 Co 12,7) qui rappelle Paul à l’humilité quand il se croit super-apôtre, et lui apprend à recevoir du Christ au lieu de compter sur lui-même. Le mal en nous est finalement utile, si nous muselons assez nos démesures pour ne pas trop blesser autrui. Pourquoi vouloir enlever l’écharde si elle me rend plus humain, l’ivraie si elle m’oblige à veiller sur le blé ?
D’autant qu’il existe comme une dissymétrie fondamentale entre les deux, la même qui existe entre le ciel et l’enfer. En effet, l’Église par la canonisation ose proclamer que telle personne est déjà « au ciel », alors qu’elle n’a jamais osé affirmer que tel criminel – fut-il Hitler en personne – serait « en enfer ». C’est que le mal n’est pas de même nature que le bien. L’ivraie ne peut empêcher qu’il y ait du blé, assez abondant pour emplir les greniers. La croix du Christ - grain de blé entre deux bandits - proclame la victoire de l’amour sur toute forme de mal, y compris la mort. Ivraie, où est ta victoire ? pourrait-on s’écrier en parodiant Paul ! Dès lors, le mal ne fait plus peur ; il ne peut gagner à la fin. Il suffit de le nommer tel pour émousser sa puissance et le réduire à un feu de paille. Formidable espérance qui permet aux grévistes de Gdansk de défier les chars soviétiques, mais aussi à Jacques Fesch de se détourner de ses crimes avant de monter à l’échafaud…
Dans le texte grec de la parabole et de son explication par Jésus (Mt 13, 24-43), l’ivraie est nommé 8 fois par le terme ζιζάνια = zizania qui a donné le mot zizanie en français. Semer la zizanie, est l’œuvre de l’ennemi qui veut corrompre la récolte. Le bon grain est nommé 8 fois lui aussi, mais avec deux mots différents : σπέρμα = sperma = la semence (5 fois) et σῖτον = sitos = le blé (3 fois). Cette apparente égalité à hauteur du chiffre huit semble renvoyer le résultat du mélange des deux au huitième jour, jour messianique de la moisson (καιρῷ = kairos).
Accepter le blé aussi, et même d’abord
Accepter le mal en soi n’est donc pas y consentir, ni encore moins s’y résigner. La parabole invite également à accepter le blé semé en nous, plus fondamental puisque l’ivraie vient de l’ennemi, pas du maître. Pour certains, c’est moins facile qu’il n’y paraît : se voir comme un champ de possibles multiples et généreux, découvrir au creux de ses sillons intérieurs les pépites de vie qui ne demandent qu’à croître, faire grandir avec elles la confiance en soi, en la bonne graine semée en chacun… Il faut parfois des années avant de se voir ainsi, avec réalisme, avec une joyeuse humilité n’enfouissant aucun des talents reçus si ce n’est pour les faire germer. L’amour de soi est au prix de ce travail d’auto-évaluation, où le regard des autres peut être décisif : quels sont les graines semées en moi porteuses de croissance, de fécondité ? Un coach de vie, un psychologue, des amis clairvoyants sont de précieux auxiliaires pour conquérir ainsi une juste estime de soi. Certains, abîmés par un passé familial et affectif déstructurant, auront beaucoup de mal à trouver ces pépites en eux et à ne pas céder au non-amour de soi. D’autres au contraire seront tellement favorisés qu’ils risqueront de passer à côté de la vraie richesse intérieure, ce qui demande toujours de traverser l’épreuve comme l’or au creuset. Il y faut des années, de la patience, voire de l’obstination ou au moins de la ténacité. Ce n’est jamais acquis une fois pour toutes : une mauvaise moisson, un incendie dans le champ, et tout peut être remis en question… Mais ceux qui font ce travail en eux pourront croire que le blé existe aussi chez l’autre, quel qu’il soit, Faidherbe ou Derek Chauvin (le meurtrier de George Floyd). Mieux : en témoignant de son parcours intérieur, ou simplement en étant là, en paix avec lui-même, il pourra induire chez l’autre la quête de l’amour de soi. Et l’on sait que la violence, la volonté de faire le mal sont liées à l’absence de cet amour de soi.
Croissez et multipliez- vous !
Finalement, l’important dans la parabole est de grandir : « laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ». Que cette croissance soit mélangée ne doit pas nous étonner, nous scandaliser ou nous décourager. Chacun a son côté obscur et son côté lumineux. L’essentiel est de grandir, en humanité, en sagesse, jusqu’à relativiser la présence du mal en nous sans l’occulter. Car les moissons successives au long des années nous apprennent à ne pas nous attarder aux feux de mauvaises herbes qu’il faut régulièrement effectuer, pour nous concentrer sur les épis gorgés de vie avec à récolter.
Laissez pousser en vous le blé et l’ivraie, faites grandir sans cesse le meilleur de vous-même sans vous laisser détourner de cette croissance par la présence inévitable du mal en vous. Alors, le grenier de votre vie aura de quoi nourrir famille et amis, collègues et passants, tel Joseph en Égypte.
Toute ivraie brûlée, vous pourrez rire des échardes plantées dans votre chair en célébrant l’abondance de la moisson due à la générosité du semeur !
FAVI, Fonderie en Picardie (Hallencourt), FAVI est devenue leader mondial de la fabrication des fourchettes de boîtes de vitesse.
LECTURES DE LA MESSE
PREMIÈRE LECTURE
« Après la faute tu accordes la conversion » (Sg 12, 13.16-19)
Lecture du livre de la Sagesse
Il n’y a pas d’autre dieu que toi, qui prenne soin de toute chose : tu montres ainsi que tes jugements ne sont pas injustes. Ta force est à l’origine de ta justice, et ta domination sur toute chose te permet d’épargner toute chose. Tu montres ta force si l’on ne croit pas à la plénitude de ta puissance, et ceux qui la bravent sciemment, tu les réprimes. Mais toi qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement, car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance. Par ton exemple tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain ; à tes fils tu as donné une belle espérance : après la faute tu accordes la conversion.
PSAUME
(Ps 85 (86), 5-6, 9ab.10, 15-16ab)
R/ Toi qui es bon et qui pardonnes, écoute ma prière, Seigneur. (cf. Ps 85, 5a.6a)
Toi qui es bon et qui pardonnes,
plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent,
écoute ma prière, Seigneur,
entends ma voix qui te supplie.
Toutes les nations, que tu as faites,
viendront se prosterner devant toi,
car tu es grand et tu fais des merveilles,
toi, Dieu, le seul.
Toi, Seigneur, Dieu de tendresse et de pitié,
lent à la colère, plein d’amour et de vérité !
Regarde vers moi,
prends pitié de moi.
DEUXIÈME LECTURE
« L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables » (Rm 8, 26-27)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Frères, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles.
ÉVANGILE
« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson » (Mt 13, 24-43)
Alléluia. Alléluia.Tu es béni, Père, Seigneur du ciel et de la terre, tu as révélé aux tout-petits les mystères du Royaume ! Alléluia. (cf. Mt 11, 25)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus proposa cette parabole à la foule : « Le royaume des Cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ. Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi survint ; il sema de l’ivraie au milieu du blé et s’en alla. Quand la tige poussa et produisit l’épi, alors l’ivraie apparut aussi. Les serviteurs du maître vinrent lui dire : ‘Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?’ Il leur dit : ‘C’est un ennemi qui a fait cela.’ Les serviteurs lui disent : ‘Veux-tu donc que nous allions l’enlever ?’ Il répond : ‘Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps. Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Enlevez d’abord l’ivraie, liez-la en bottes pour la brûler ; quant au blé, ramassez-le pour le rentrer dans mon grenier.’ »
Il leur proposa une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a prise et qu’il a semée dans son champ. C’est la plus petite de toutes les semences, mais, quand elle a poussé, elle dépasse les autres plantes potagères et devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent et font leurs nids dans ses branches. » Il leur dit une autre parabole : « Le royaume des Cieux est comparable au levain qu’une femme a pris et qu’elle a enfoui dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé. »
Tout cela, Jésus le dit aux foules en paraboles, et il ne leur disait rien sans parabole, accomplissant ainsi la parole du prophète : J’ouvrirai la bouche pour des paraboles,je publierai ce qui fut caché depuis la fondation du monde. Alors, laissant les foules, il vint à la maison. Ses disciples s’approchèrent et lui dirent : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ. » Il leur répondit : « Celui qui sème le bon grain, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde ; le bon grain, ce sont les fils du Royaume ; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais. L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; les moissonneurs, ce sont les anges. De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son Royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal ; ils les jetteront dans la fournaise : là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père.
Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! »
Patrick BRAUD