L'homélie du dimanche (prochain)

6 mars 2019

Brûlez vos idoles !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min

Brûlez vos idoles !

Homélie pour le 1° dimanche de Carême / Année C
10/03/2019

Cf. également :

Ne nous laisse pas entrer en tentation
L’île de la tentation
L’homme ne vit pas seulement de pain
Nous ne sommes pas une religion du livre, mais du Verbe
Et plus si affinité…
Une recette cocktail pour nos alliances
Gravity, la nouvelle arche de Noé ?
Poussés par l’Esprit

 

Idoles à brûler

Au lieu de vous prosterner devant des faux-dieux, jetez-les au feu et devenez libres !

La 3° tentation de Jésus au désert nous met sur cette piste (Lc 4, 1-13) : « Prosterne-toi, adore, et tu auras la gloire, la puissance » dit Satan en personne. Et la réponse cinglante du Christ : « Arrière Satan ! » équivaut au feu de joie qui brûle les fausses images de Dieu.

On se souvient d’ailleurs que c’est par le même reproche cinglant : « Arrière Satan ! », que Jésus a obligé Pierre à se détacher d’une vision trop humaine de sa mission.

Pierre idolâtrait tellement le succès humain qu’il ne pouvait pas imaginer la Passion, celle du Christ, et encore moins la sienne. Jésus l’a aidé à brûler cette conception trop païenne du succès et de la gloire, jusqu’à accepter lui-même le martyre à Rome, crucifié la tête en-bas.

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Brûlez vos idoles !

Rappelez-vous : c’est ce que Moïse a fait au veau d’or (Ex 32).

En voyant que le peuple dansait devant un veau d’or, et l’adorait à la place du Dieu unique, il s’enflamma de colère. Il brisa les tables de la loi, car l’idole et la loi ne peuvent vivre ensemble. Il fit brûler le veau, le moulut en poudre fine, et en saupoudra la surface de l’eau qu’il fit boire aux Israélites.

Drôle de geste : boire l’or fondu de l’idole… mais geste prophétique d’avertissement : attention vous devenez ce que vous adorez, comme vous vous incorporez votre boisson et votre nourriture !
Choisissez devant qui vous vous prosternez car vous serez transformés en ce que vous adorez…
D’ailleurs, le mot adorer vient de ad-orum = porter à la bouche, c’est-à-dire manger et boire. En faisant boire au peuple l’or fondu de l’idole, Moïse leur faisait prendre conscience de la force négative des cultes idolâtriques. Voilà pourquoi nous buvons le sang du Christ au lieu de l’or du veau…

Nous devenons ce que nous adorons : faisons donc attention à ce qui gouverne nos choix de vie.

 buisson dans Communauté spirituelle

Brûlez vos idoles !

Quelles sont ces idoles qui risquent de nous pétrifier, de nous transformer à leur image ?
Quels sont ces « Satans », comme dit le Christ, qui risquent de nous détourner du seul vrai Dieu ?
Le mot Satan vient d’un mot hébreu qui veut dire « faire obstacle » et qui désigne en fait une barre de fer qui bloque un chemin, une barre qu’on glisse dans les roues d’un char pour le renverser.
Satan s’ingénie à mettre des bâtons dans les roues des croyants pour les détourner de Dieu.
Et son bâton privilégié, c’est l’idole : le culte des images.

Idolâtrer, c’est s’arrêter à l’image au lieu de remonter à la source de cette image,
c’est aimer les créatures sans aimer leur créateur ;
c’est embrasser quelqu’un sur une photo et l’ignorer en réel,
c’est préférer l’argent à la relation humaine,
c’est vouloir le pouvoir et vouloir le conserver au lieu de vouloir servir et le pouvoir pour servir. Marx dénonçait à juste titre la « réification des rapports sociaux » comme la grande idolâtrie du XIX° siècle. Peut-être la dématérialisation des relations humaines deviendra-t-elle la grande idole du XXI°… ?

http://fr.web.img5.acsta.net/c_215_290/medias/nmedia/18/35/57/73/18660716.jpgComment découvrir ce qui en ce moment joue le rôle d’idole pour chacun de nous ?
C’est assez simple. Examinez froidement, objectivement ce à quoi vous consacrez le plus d’énergie, ou de temps, ou d’argent.
Certains dépensent une énergie folle à soigner leur réputation auprès des autres.
D’autres consacrent un temps disproportionné à des activités dont ils deviennent finalement les esclaves : l’écran d’ordinateur, de la console de jeu, le sport, une mauvaise solitude faite de repli sur soi et d’isolement, le pouvoir…
D’autres encore claquent un fric fou pour des choses finalement futiles : les cigarettes, l’alcool, le sexe, les gadgets, la voiture, la mode…
Même la famille peut devenir une idole (demandez à la Maffia !)

Le Nouveau Testament met en garde contre toutes sortes d’idoles qui peuvent nous réduire en esclavage : l’argent (Mt 6,24), le vin (Tt 2,3), la volonté de domination du prochain (Col 3,5 Ep 5,5), la puissance politique (Ap 13,8), le plaisir, l’envie, la haine (Rm 6,19).
Même l’observance matérielle de la loi peut devenir idolâtrique (Ga 4,8) : les fondamentalistes et les traditionalistes de tout poil ne sont finalement que des idolâtres qui s’ignorent ! Ils chosifient le texte au lieu de laisser l’Esprit faire vivre le texte pour découvrir Dieu au-delà du verset.

Brûlez vos idoles !

Le problème, c’est qu’on y est attaché à nos petites statuettes divines intérieures !
On y tient à nos idoles !
On aime nos esclavages, comme Israël aimait les marmites d’Égypte pleines de viandes.
Le problème, c’est que le fruit de l’idolâtrie au départ semble savoureux, agréable, désirable, comme le disait la première lecture de la Genèse…
« C’est si bon que c’est presque un péché » disait fort justement une publicité…

Pour brûler nos idoles, il faut d’abord démasquer leur stratégie trompeuse : nous faire croire que c’est bon alors qu’elles nous empoisonnent.
Voilà pourquoi Moïse a fait fondre l’or du veau et l’a fait boire au peuple : pour qu’il goûte la véritable amertume que produit l’esclavage, et se détourne ainsi de ce poison qu’est l’appétissante idole… À l’inverse, le buisson ardent brûlait sans consumer, lui. Car l’amour ne détruit pas ceux qu’il enflamme, contrairement à « Satan ».

Quelquefois, il faut longtemps, très longtemps, avant que quelqu’un ne devienne écœuré de cette course aux idoles. Mais cela arrive. Des gens témoignent qu’ils ont failli se perdre dans la drogue, le sexe, l’argent ; et que maintenant ils ont la nausée à la simple évocation de leurs excès d’autrefois. « Comment ai-je pu me rouler à ce point dans la fange, pire qu’un cochon dans sa souille ? »

Le veau d'or

Brûlez vos idoles !

Voilà donc 40 jours pour discerner l’idole qui en ce moment est active en vous, le Satan qui vous met des bâtons dans les roues, le veau d’or qui vous laissera un goût amer à la bouche.
Débusquez votre idole intérieure.

Pour vous y aider, voici un petit exercice tout simple : choisissez un symbole de ce petit dieu de rien du tout qui vous accapare, écrivez son nom ou décrivez-le sur une feuille A4, enroulez-le autour d’une bûchette, gardez-le bien en évidence chez vous sous vos yeux jusqu’à Pâques, puis jetez-la dans le feu pascal (lors de la veillée) à la fin du Carême : ce peut être un mot (tabac, haine…), un objet (ex : un billet !), un dessin etc. Vous verrez : brûler ce qui nous brûle est très libérateur…

Pendant ce Carême, retrouvons ce que signifie le combat de Jésus au désert : adorer Dieu seul, pas les caricatures dérisoires des petits dieux de bazar, remplis de vanités…

Brûlons nos idoles, avant qu’elles ne nous consument…
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 Lectures de la messe

Première lecture
La profession de foi du peuple élu (Dt 26, 4-10)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple : Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, le prêtre recevra de tes mains la corbeille et la déposera devant l’autel du Seigneur ton Dieu. Tu prononceras ces paroles devant le Seigneur ton Dieu : « Mon père était un Araméen nomade, qui descendit en Égypte : il y vécut en immigré avec son petit clan. C’est là qu’il est devenu une grande nation, puissante et nombreuse. Les Égyptiens nous ont maltraités, et réduits à la pauvreté ; ils nous ont imposé un dur esclavage. Nous avons crié vers le Seigneur, le Dieu de nos pères. Il a entendu notre voix, il a vu que nous étions dans la misère, la peine et l’oppression. Le Seigneur nous a fait sortir d’Égypte à main forte et à bras étendu, par des actions terrifiantes, des signes et des prodiges. Il nous a conduits dans ce lieu et nous a donné ce pays, un pays ruisselant de lait et de miel. Et maintenant voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné, Seigneur. »

Psaume
(Ps 90 (91), 1-2, 10-11, 12-13, 14-15ab)

R/ Sois avec moi, Seigneur, dans mon épreuve. (cf. Ps 90, 15)

Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut
et repose à l’ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge,
mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

Le malheur ne pourra te toucher,
ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges
de te garder sur tous tes chemins.

Ils te porteront sur leurs mains
pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion,
tu écraseras le lion et le Dragon.

« Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre ;
je le défends, car il connaît mon nom.
Il m’appelle, et moi, je lui réponds ;
je suis avec lui dans son épreuve. »

Deuxième lecture
La profession de foi en Jésus Christ (Rm 10, 8-13)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, que dit l’Écriture ? Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de la foi que nous proclamons. En effet, si de ta bouche, tu affirmes que Jésus est Seigneur, si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, alors tu seras sauvé. Car c’est avec le cœur que l’on croit pour devenir juste, c’est avec la bouche que l’on affirme sa foi pour parvenir au salut. En effet, l’Écriture dit : Quiconque met en lui sa foi ne connaîtra pas la honte. Ainsi, entre les Juifs et les païens, il n’y a pas de différence : tous ont le même Seigneur, généreux envers tous ceux qui l’invoquent. En effet, quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

Évangile
« Dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où il fut tenté » (Lc 4, 1-13)
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (Mt 4, 4b)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, après son baptême, Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »

Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre. Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. » Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »

Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.
Patrick BRAUD

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3 mars 2019

Cendres : une conversion en 3D

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min

Cendres : une conversion en 3D

Homélie pour le Mercredi des Cendres / Année C
06/03/2019

Cf. également :

Cendres : soyons des justes illucides
Mercredi des Cendres : le lien aumône-prière-jeûne
Déchirez vos cœurs et non vos vêtements
Mercredi des cendres : de Grenouille à l’Apocalypse, un parfum d’Évangile

La radieuse tristesse du Carême
Carême : quand le secret humanise
Mercredi des Cendres : 4 raisons de jeûner
Le symbolisme des cendres


Les 3 manières de nous laisser convertir…

Les Cendres« Convertissez-vous et croyez à l’évangile » : cette phrase résonne en boucle ce Mercredi pendant la procession d’imposition des cendres dans nos églises. Cet appel relaie celui de Joël dans la première lecture (Jl 2, 12-18) : « revenez à moi de tout votre cœur », celui de Paul dans la deuxième ((2 Co 5, 20 – 6, 2) : « laissez-vous réconcilier avec Dieu », et celui de Jean-Baptiste au désert « proclamant un baptême de conversion » (Lc 3,3).

Mais qu’est-ce que se convertir ? Ou plutôt : se laisser convertir, car ce mouvement nous est donné plus que nous ne le produisons.

Le Nouveau Testament fait apparaître 3 types de conversion – qui sont encore les nôtres aujourd’hui – au titre de notre baptême, et les cendres du Carême nous y ramènent : retournement / redressement / accomplissement.

Illustrons à chaque fois la dimension de la conversion évoquée par la façon dont Charles de Foucauld l’a vécue, pour nous convaincre de la puissance de transformation symbolisée par la cendre sur nos fronts ou nos mains.

 

1) La conversion par retournement (comme une crêpe qu’on retourne en la faisant sauter dans la poêle !)

cadre _conversion.jpgLorsqu’un petit bout de chou apprend à faire du ski, sur les pentes de Serres-Chevalier ou du Mont d’Or, très vite il se heurte à une impasse : un mur de neige impraticable arrive tôt ou tard devant ses skis. Que faire ? Les moniteurs de ski nous apprenaient autrefois à effectuer une conversion : savante manœuvre (qu’il faudrait mimer !) où on tord une jambe pour qu’elle reparte en sens inverse, puis l’autre, à 180°.

Or, devenu adulte, je trouve que c’est une grande sagesse que de savoir reconnaître les impasses où je me suis enfermé, et d’avoir le courage de me retourner exactement à l’opposé.

Le baptême dans l’Esprit Saint est cette source de courage qui nous permet de dire non à des pentes suicidaires, qui nous appelle à effectuer une conversion radicale, par retournement.

Dans l’Évangile, c’est par exemple Zachée : il aimait tant l’argent, il voulait tant profiter de sa situation pour traverser la vie en 1ère classe. Il aura suffi que Jésus s’invite chez lui pour qu’il change du tout au tout, redistribuant l’argent volé, devenant fraternel…

À l’inverse, certains refusent cette conversion-là et persévèrent dans leurs impasses. Ainsi le criminel à la gauche de Jésus en Croix, qui jusqu’au bout ne veut pas se détourner du mal qui lui colle à la peau…

Charles de Foucauld a été ‘retourné comme une crêpe’ par Dieu lui-même :
+ du fêtard de l’école St Cyr (il avait toujours du foie gras et un bon sauternes sur sa table de nuit…) à l’ascète du désert,
+ du riche noble, cherchant à séduire, au moine caché de Nazareth cherchant ‘l’abjection de la croix’,
+ de l’agitation superficielle de son milieu social parisien à l’adoration eucharistique, silencieux moteur de sa vie au milieu du désert du Sahara.

Qu’y a-t-il en moi qui doive être retourné, pour que je devienne fidèle à l’Esprit de mon baptême ?

 

2) La conversion par redressement (comme un bâton tordu qu’on redresse pour s’appuyer dessus)

Je contemplais autrefois –  fasciné  - le maréchal-ferrant taper les fers des chevaux rougis au feu de braise. Avec dextérité, en maniant force et savoir-faire, il arrivait à détordre les fers, à les aplatir, à leur faire épouser la forme exacte du sabot du cheval…

MARECHAL-FERRANT, D'HIER ET D'AUJOURD'HUI

L’Esprit de Dieu joue un peu au maréchal-ferrant avec nous : il redresse ce qui est tordu, nous embrase pour nous rendre malléables, nous ajuste à la forme divine qui est en nous.

Dans l’Évangile, la conversion par redressement c’est par exemple Lévi. Lévi, fonctionnaire des écritures fiscales, qui devient Matthieu, passionné de l’écriture de son Évangile sur Jésus. Il aura suffi que Jésus le voie à son bureau de douanes et lui dise : « suis-moi ». Et sa merveilleuse capacité d’écriture, il va maintenant la mettre au service du Christ.

À l’inverse, Pilate refusera finalement de réorienter la soif de vérité qui était la sienne : « qu’est-ce que la vérité ? » Au lieu de laisser Jésus l’emmener vers une vérité radicale, il en restera à une recherche désordonnée et finalement cynique.

Ainsi Charles de Foucauld devient Charles de Jésus, pour signifier qu’il ne veut recevoir sa noblesse que du Christ. Son réseau de relations mondaines et puissantes, il l’a utilisé pour lancer un appel à la solidarité et à la justice en faveur, de l’Algérie et du Maroc, alors colonies françaises. Il a comme « redressé » son capital culturel et relationnel pour le mettre au service des Touaregs, de manière authentiquement désintéressée.

Qu’y a-t-il en moi qui doive être redressé, pour que je devienne fidèle à l’Esprit de mon baptême ?

 

3) La conversion par accomplissement (comme une fleur qui s’épanouit)

C’est la plus belle. C’est le bourgeon qui s’épanouit en fleur, puis la fleur en fruit.
C’est l’attitude de milliers de personnes qui mettent leurs qualités, leur énergie, leur compétence, le meilleur d’eux-mêmes, au service de Dieu et de leurs frères.

Dans l’Évangile, c’est par exemple Nicodème, qui fait jouer sa culture, son érudition juive pour interroger Jésus pendant la nuit ; puis il fait jouer son appartenance au Sanhédrin pour plaider en sa faveur et réclamer un procès juste. Enfin il ose demander le corps de Jésus pour l’ensevelir.

Il y a aujourd’hui des milliers de justes qui osent aller jusqu’au bout de ce qu’ils portent en eux, quitte à prendre des risques. L’Esprit Saint leur donne d’accomplir leur vie en se mettant au service de Dieu et de leurs frères.

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À l’inverse, il est hélas possible de gâcher, de gaspiller ses talents les meilleurs en ne les poussant pas à l’accomplissement maximum. Pensez par exemple au jeune homme riche, si près du but, si proche de la communion intime avec le Christ, et qui n’ose pas aller jusqu’au bout du radicalisme évangélique. Il s’en alla tout triste…

Charles de Foucauld a accompli le meilleur de son héritage et de ses talents : sa passion d’explorateur du Maroc se réalise en plénitude dans son retour à Béni Abbés, puis à l’Assekrem en Algérie ; sa formation scientifique à St Cyr, il l’épanouira au service de la culture des Touaregs du désert : c’est lui qui a écrit le premier dictionnaire touareg, qui a fixé la grammaire, l’écriture de cette langue.

Qu’y a-t-il en moi qui aspire à s’accomplir en se laissant féconder par l’Esprit de mon baptême ?

 

Carême 2016 : 40 jours pour se convertirL’Esprit Saint nous donne de vivre en plénitude le baptême de conversion proclamé par Jean-Baptiste.
« Combler les ravins, et abaisser les collines »
, c’est se laisser retourner par l’appel du Christ.
« Rendre droits les sentiers tortueux »
, c’est accepter d’être redressé, appuyé sur le Christ.
« Préparer les chemins du Seigneur », c’est mobiliser mes énergies les plus vraies pour que s’accomplisse en moi sa venue.

Nous sommes maintenant invités à venir en procession recevoir les Cendres du Carême qui commence, temps de conversion du cœur et non seulement des lèvres.

Pour accueillir la Résurrection de Pâques en nous, acceptons de recevoir des mains d’un autre ce poussiéreux symbole de notre condition humaine appelée à porter la gloire du Vivant.

Que l’Esprit du Christ imprègne avec les cendres nos fronts offerts, qu’il fertilise notre désir de changer vraiment, et qu’il nous prépare au combat du Carême.

Seigneur, à quelle(s) conversion(s) m’appelles-tu ?…

 

Lectures du Mercredi des Cendres

1ère lecture : « Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements » (Jl 2, 12-18)
Lecture du livre du prophète Joël

Maintenant – oracle du Seigneur – revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment. Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et laisser derrière lui sa bénédiction : alors, vous pourrez présenter offrandes et libations au Seigneur votre Dieu. Sonnez du cor dans Sion : prescrivez un jeûne sacré, annoncez une fête solennelle, réunissez le peuple, tenez une assemblée sainte, rassemblez les anciens, réunissez petits enfants et nourrissons ! Que le jeune époux sorte de sa maison, que la jeune mariée quitte sa chambre ! Entre le portail et l’autel, les prêtres, serviteurs du Seigneur, iront pleurer et diront : « Pitié, Seigneur, pour ton peuple, n’expose pas ceux qui t’appartiennent à l’insulte et aux moqueries des païens ! Faudra- t-il qu’on dise : “Où donc est leur Dieu ?” »
Et le Seigneur s’est ému en faveur de son pays, il a eu pitié de son peuple.

Psaume : 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17

R/ Pitié, Seigneur, car nous avons péché ! (cf. 50, 3)

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave- moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.

Oui, je connais mon péché,
ma faute est toujours devant moi.
Contre toi, et toi seul, j’ai péché,
ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait.

Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.

Rends- moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Seigneur, ouvre mes lèvres,
et ma bouche annoncera ta louange.

2ème lecture : « Laissez- vous réconcilier avec Dieu.
Voici maintenant le moment favorable » (2 Co 5, 20 – 6, 2)

Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères, nous sommes les ambassadeurs du Christ, et par nous c’est Dieu lui- même qui lance un appel : nous le demandons au nom du Christ, laissez- vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n’a pas connu le péché, Dieu l’a pour nous identifié au péché, afin qu’en lui nous devenions justes de la justice même de Dieu. En tant que coopérateurs de Dieu, nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. Car il dit dans l’Écriture : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut.

Evangile : « Ton Père qui voit dans le secret te le rendra » (Mt 6, 1-6.16-18)

Acclamation : Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance.
Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur.
Ta Parole, Seigneur, est vérité, et ta loi, délivrance. (cf. Ps 94, 8a.7d)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps- là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.

 Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

 Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Patrick BRAUD

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