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14 décembre 2016

Sois attentif à tes songes…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Sois attentif à tes songes…


Homélie du 4° dimanche de l’Avent / Année A
18/12/2016

Cf. également :

Deux prénoms pour une naissance

Laisser le volant à Dieu

L’annonce faite à Joseph, ou l’anti Cablegate de Wikileaks

« Tu as de la visite »

 

L’annonce faite à Joseph…

On connaissait l’annonce faite à Marie : voici que l’incroyable nouvelle est annoncée à Joseph. Et de quelle manière ! En songe !

Tiens : Dieu nous parlerait-il lorsque nous sommes endormis ? La parole de Dieu se faufilerait-elle dans cette immense activité nocturne que nous appelons tantôt rêve, tantôt songe ?

 

Distinguer rêve et songe

On peut en effet distinguer les deux : le rêve est un travail de reconstruction effectué par l’inconscient pour donner sens aux évènements récents ou aider à les supporter. Par exemple, si dans la journée votre voisin ou votre patron vous a copieusement insupporté, vous allez rêver de lui la nuit en vous imaginant en train de prendre votre revanche sur lui…

Le songe est d’un autre ordre, surtout dans la Bible. C’est un message, un signal, qui surgit de l’intérieur, lorsque le sommeil a fait tomber nos défenses naturelles, et qu’alors Dieu a un peu plus de champ libre pour déployer sa parole…

Rappelez-vous les songes célèbres qui jalonnent l’Ancien et le Nouveau Testament :

- Le songe de Jacob qui fuit devant son frère Ésaü (Gn 28, 10-22) : il rêve d’une échelle dont le sommet atteint le ciel, avec les anges de Dieu en train d’y monter et descendre. En se réveillant, il n’a plus peur ; il croit que Dieu n’est pas loin de l’homme. Et Jésus lui-même se reconnaîtra dans ce rêve lorsque dans son procès il voit le Fils de l’Homme venant d’en haut. La croix sera cette échelle où Dieu et l’homme apprennent à communiquer et à communier l’un à l’autre…

- Le songe de Joseph, fils de Jacob, ministre de Pharaon ensuite en Égypte. (Gn 37)

Il voit les gerbes de ses frères s’incliner devant ses gerbes, ainsi que le soleil, la lune et les étoiles se prosterner devant lui. Ce songe lui révèle sa vraie vocation et sa vraie grandeur. Plus tard, il saura déchiffrer les songes de Pharaon, la période des vaches grasses et la période des vaches maigres, épargnant ainsi à l’Égypte une famine meurtrière (Gn 41). Les ministres des finances devraient savoir déchiffrer les rêves de leur président…

- Les mages seront avertis en songe de repartir par un autre chemin pour éviter la jalousie d’Hérode.

- Pilate, hélas, n’obéira pas au rêve de sa femme (Messieurs, écoutez vos femmes lorsqu’elles rêvent !…) lorsqu’elle le prévient que la complicité du meurtre de Jésus serait une grande souffrance (Mt 27,19) ; c’est souvent en rêve que nous percevons la nature réelle d’un être…

- Dans les Actes des Apôtres, Pierre voit en songe une immense nappe remplie d’animaux impurs pour les lois juives : « Debout Pierre prend et mange. Ce que Dieu a déclaré pur, ne le déclare pas souillé ! »

- C’est par un songe encore que commence la mission en Europe avec Paul qui entend un Macédonien (La Macédoine est au nord de la Grèce) lui apparaître en songe et le prie : « Pars en Macédoine et vient à notre secours ». Cette décision qui va bouleverser l’histoire européenne n’est pas le fruit d’une stratégie ou d’une réflexion politique : c’est une impulsion venue d’un songe… voilà qui laisse songeur…

Il y a encore des dizaines de songes qui dans les textes bibliques jouent un rôle prophétique de discernement du présent !

On voit à travers tous ces songes l’influence de la Bible sur Freud lorsqu’il bâtit sa théorie de l’interprétation des rêves…

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Jusqu’au bout de mes rêves

Mais nous, faisons-nous comme Joseph, cet homme juste qui voulait ajuster sa vie au désir de Dieu, et qui à cause de cela était attentif à ses rêves pour détecter si Dieu ne pouvait pas lui parler à travers les images de la nuit ? Est-ce que ça vous arrive de noter vos rêves ? De repérer ceux qui reviennent ? D’en parler à quelqu’un, et d’abord à vous-mêmes ?

Regardez Joseph : il est dans une situation impossible. Sa fiancée est enceinte d’un autre, mais il l’aime et ne veut pas lui faire honte publiquement… comment agir ? La répudier, c’est la déshonorer. L’épouser sans rien dire, c’est ne pas être en vérité avec elle…

Le Pape François décrit le déchirement intérieur de Joseph ainsi :

Au lieu de se défendre et de faire valoir ses droits, Joseph choisit la solution qui pour lui représente un énorme sacrifice. Et l’évangile dit : « Parce que c’était un homme juste, il ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret » (Mt 1,19).
Cette courte phrase résume un drame intérieur véritable, si nous pensons à l’amour de Joseph pour Marie ! Mais même dans cette circonstance, Joseph veut faire la volonté de Dieu et décide, certainement avec une grande douleur, de répudier Marie en secret. Il faut méditer sur ces paroles, pour comprendre quelle a été l’épreuve à laquelle Joseph a dû faire face les jours qui ont précédé la naissance de Jésus. Une épreuve semblable à celle du sacrifice d’Abraham, lorsque Dieu lui a demandé son fils Isaac (cf. Gn 22) : renoncer à la chose la plus précieuse, à la personne la plus aimée.
Pape François, Homélie pour le 4° Dimanche de l’Avent 2014

Comme souvent lorsqu’un dilemme nous travaille, nous sommes agités toute la journée et plusieurs jours… Vient alors la nuit où tout cela se décante, dans le relâchement intérieur. Et au réveil, des questions obscures confuses deviennent claires et simples : « c’est cela qu’il faut que je fasse… ». Ainsi pour mes devoirs de maths au collège : je me couchais sur la solution impossible et me levais à six heures du matin pour terminer le problème d’un seul jet, comme s’il s’était dénoué tout seul en rêvant…

C’est que dans le rêve, je n’ai pas toute la maîtrise de ma vie. Mes inhibitions, mes blocages, ma pudeur même, ne sont plus sur le qui-vive ; les douaniers de la pensée laissent passer quelques visiteurs clandestins aux frontières de notre esprit… Dans l’abandon physique, psychologique et spirituel de la nuit, il arrive que Dieu se faufile, habilement déguisé sous les traits d’un songe un peu étrange au début (cf. François d’Assise entendant en rêve : « reconstruis mon église…»)

Attention ! : tous les fantômes de la nuit ne sont pas parole de Dieu, loin de là. Il y a les chimères de l’inconscient, les projections de notre égoïsme, les souhaits de puissance, de domination, la recherche éperdue de reconnaissance et de gloire etc… Mais il y a parfois telle ou telle mise en scène qui pourrait bien avoir Dieu comme réalisateur et producteur… Alors, au sortir de la nuit il nous faut travailler comme le pêcheur qui a ramené ses filets à terre : patiemment, il les nettoie, les démêle, trie les algues, les poissons, les coquillages, et les ferle à nouveau pour la prochaine pêche…

Que saint Joseph, cet homme juste qui a accueilli Marie en reconnaissant le travail de Dieu fait en elle, nous rende attentif à nos songes où, aujourd’hui encore, Dieu nous dit : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse ».

« Ne crains pas d’accueillir ton conjoint, ton proche, tel que le travail de Dieu l’a façonné. C’est toi qui donneras son nom à l’enfant qui va naître ; c’est toi qui pourras nommer la vie que Dieu enfante encore aujourd’hui ».

Sois seulement attentif à tes rêves : un songe pourrait s’y glisser …


1ère lecture : Dieu promet un sauveur (Is 7, 10-16)
Lecture du livre d’Isaïe

Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz :
« Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. »
Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. »
Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu !
Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous).
De crème et de miel il se nourrira, et il saura rejeter le mal et choisir le bien.
Avant même que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te font trembler. »

Psaume : Ps 23, 1-2, 3-4ab, 5-6
R/ Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire !

Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !

C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au coeur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.

Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche la face de Dieu !

2ème lecture : L’Apôtre annonce le salut en Jésus Christ (Rm 1, 1-7)
Commencement de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Moi Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé par Dieu pour être Apôtre, mis à part pour annoncer la Bonne Nouvelle que Dieu avait déjà promise par ses prophètes dans les saintes Écritures, je m’adresse à vous, bien-aimés de Dieu qui êtes à Rome.
Cette Bonne Nouvelle concerne son Fils : selon la chair, il est né de la race de David ; selon l’Esprit qui sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur.
Pour que son nom soit honoré, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.
Vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, que la grâce et la paix soient avec vous tous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.

Evangile : La venue de l’Emmanuel annoncée à Joseph (Mt 1, 18-24)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia.(Mt 1, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ.
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Patrick Braud

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