L'homélie du dimanche (prochain)

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30 novembre 2016

Isaïe, Marx, et le vol de bois mort

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Isaïe, Marx, et le vol de bois mort

Homélie du 2° dimanche de l’Avent / Année A
04/12/2016

Cf. également :

Devenir des précurseurs

Maintenant, je commence

Crier dans le désert

Le Verbe et la voix

Res et sacramentum

Êtes-vous plutôt centripètes ou centrifuges ?

Une foi historique

 

Une volée de bois mort

En 1842, la Diète (= le parlement local) d’Augsbourg rédige un projet de loi qui prévoit de punir, emprisonner et faire payer les gens qui seraient pris à ramasser les bois morts dans une propriété privée. Le jeune Marx (il a 24 ans) s’indigne (à juste titre !) et écrit quatre articles de presse pour dénoncer la violence faite aux pauvres. Car ce sont les pauvres qui pour se chauffer ramassent les bois morts dans les forêts des riches.
Quelle est cette soi-disant justice qui ignore le droit des pauvres ?

Afficher l'image d'origineLes Pères de l’Église répétaient sans cesse aux riches des premiers siècles : in necessitate omnia communia (en cas de nécessité, toutes choses sont communes). Il en reste une trace dans le droit de glanage encore en vigueur en France depuis le 2 novembre 1554 !

« Le droit de glaner est autorisé aux pauvres, aux malheureux, aux gens défavorisés, aux personnes âgées, aux estropiés, aux petits enfants. Sur le terrain d’autrui, il ne peut s’exercer qu’après enlèvement de la récolte, et avec la main, sans l’aide d’aucun outil ». 

La résurgence actuelle de ce droit se manifeste par le droit de chiner les déchets récupérables des hypermarchés, les fruits et légumes ou fleurs après un jour de marché, ramasser après la récolte les pommes de terre ou les fruits restés sur le sol d’un verger etc. [1]

Notre première lecture d’Isaïe 11,1-10 lie la venue du Messie à une justice enfin respectueuse des petits :

« Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins. »

Voici comme en écho quelques lignes d’un article du jeune Marx du 25/10/1842 :

« Nous autres, gens qui ne sommes pas pratiques, nous revendiquons au nom de la foule pauvre, démunie politique et socialement, ce que cette horde docile de domestiques, ces soi-disant historiens ont inventé comme la véritable pierre philosophique pour transformer toute prétention impure en pur or juridique. Nous réclamons pour la pauvreté le droit coutumier, plus précisément un droit coutumier qui ne soit pas local, mais qui soit celui de la pauvreté dans tous les pays. Nous allons plus loin encore, et nous soutenons que le droit coutumier, par sa nature, ne peut être que le droit de cette masse du bas de l’échelle, de cette masse élémentaire qui ne possède rien »

La justice humaine est souvent une justice de classe : demandez aux noirs américains s’ils ont des chances égales aux blancs devant la peine d’emprisonnement. Demandez aux parisiens et banlieusards ayant le teint basané ou un prénom arabe ou africain s’ils ont les mêmes chances d’être contrôlés dans le métro…

La justice a toujours dû lutter pour son indépendance. Malgré la célèbre distinction de Montesquieu en faveur de l’indépendance des pouvoirs (législatif, exécutif, juridique), nos démocraties modernes favorisent toujours les puissants dans leurs tribunaux. Les juges ont plus souvent la main lourde pour les petits que pour les notables…

Isaïe, les Pères de l’Église et Marx connaissaient bien ces contradictions sociales, ou une justice injuste maintient les pauvres en état de domination et d’exploitation. Et cela continue !

L’espérance messianique va alors va s’incarner dans l’attente d’un pouvoir politique (pour les juifs, il sera issu de Jessé, père du roi David) qui enfin faire droit aux pauvres et leur rendra justice. L’exercice de cette justice messianique apaisera la société, au point que les vieux antagonismes disparaîtront : le loup et l’agneau, le veau et le lionceau, la vache et l’ourson, le lion et le bœuf, le nourrisson et le cobra, la vipère et l’enfant pourront cohabiter pacifiquement. On attendrait cela aujourd’hui pour chrétiens et musulmans, noirs et blancs, juifs et arabes, hétérosexuels et homosexuels, salariés et chômeurs, droite et gauche etc..

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Si Jésus était le Messie…

Afficher l'image d'origineDe là découle un argument extrêmement fort des juifs (voire des musulmans) contre le christianisme : si Jésus était vraiment le Messie, annoncé par Isaïe et les prophètes, il aurait dû rétablir cette juste justice. Le droit des pauvres devrait être respecté, la justice devrait défendre les petits ! Si c’était le cas, ça se saurait…

Force est de constater que depuis la mort de Jésus de Nazareth, le monde n’est pas meilleur qu’avant. En 2000 ans, la justice n’a guère progressé. Les antagonismes sont tout aussi effrayants qu’avant, sinon pires (cf. les hécatombes guerrières du XX° siècle, le plus sanglant de toute l’histoire de l’humanité). Tous les signes annonciateurs du Messie dans la Bible sont aux abonnés absents…

Les premiers chrétiens ont très vite fait ce constat désabusé : la mort de Jésus avait tout changé pour eux personnellement, mais pas grand-chose pour les sociétés environnantes. Même la conversion de Constantin au IV° siècle n’apportera pas la justice messianique attendue. Le droit romain est certes un progrès par rapport aux  droits barbares. Mais les dérives seront telles – avec hélas le concours des Églises - que la sentence de l’Ecclésiaste reste vraie 20 siècles après : « il n’y a rien de nouveau sous le soleil ».

L’eschatologie prend le relais du politique

Afficher l'image d'origineLes protestations chrétiennes contre la justice injuste se sont alors déplacées vers  l’attente eschatologique : puisque la première venue n’a pas été décisive, la deuxième le sera sûrement ! C’est le sens de la période liturgique de l’Avent : s’ouvrir à une transformation du monde qui ne sortira pas de l’effort de nos mains – on a vu que cet effort humain est stérile - mais de l’initiative de Dieu, de son irruption dans l’histoire humaine pour manifester la vocation de l’homme en plénitude.

L’Avent nous oblige à ne pas idolâtrer le progrès occidental, le nirvana bouddhiste ou le néant athée : Dieu créera un monde nouveau où la justice régnera.

En attendant, cette espérance peut déjà corriger, amender, transformer, accomplir les évolutions actuelles du droit et de la justice pour qu’elles correspondent à la vision messianique d’Isaïe. C’est la dimension politique de l’Avent : contester, protester, construire une autre justice qui prend souci du faible et du pauvre, qui sauve la vie des petits, qui délivre le pauvre qui appelle, ainsi que le chante le psaume 71 de ce dimanche.

La noblesse du combat politique pour les chrétiens s’enracine dans cette dimension eschatologique. Les évêques de France ont publié un message à l’approche des élections présidentielles de 2017 qui invite à revenir à cette option préférentielle pour les pauvres.

« Il est toujours bon de regarder la place qu’une société accorde aux plus faibles, aux plus fragiles en son sein, pour savoir s’il est en bonne santé, ce qui la fait tenir dans ses fondements. Ce sont toujours eux en effet qui nous aident à retrouver l’essentiel et le sens de l’homme que toute société doit protéger ». [2]

Comment chacun de nous va-t-il participer, apporter sa contribution à ce combat politique pour une juste justice ?


[1]. « Le glanage est étroitement lié aux coutumes locales et n’est admis que dans ce cadre-là » (arrêt de la cour d’appel de Montpellier, du 21 juin 2007). « Le ramassage de pommes de terre non récoltées sur des champs cultivés relève du glanage » (arrêt de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, du 20 novembre 1991).
[2] un monde qui change, retrouver le sens du politiqueDans un monde qui change, retrouver le sens du politique,Dans un monde qui change, retrouver le sens du politiqueDans un monde qui change, retrouver le sens du politique, Conseil permanent de la conférence des évêques de France, Bayard, 2016, p. 52.

 

1ère lecture : « Il jugera les petits avec justice » (Is 11, 1-10) Lecture du livre du prophète Isaïe

En ce jour-là, un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins.  Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.  Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.

Psaume : Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 12-13, 17

R/ En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des temps. (cf. Ps 71, 7)

Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !

En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.

Que son nom dure toujours ;
sous le soleil, que subsiste son nom !
En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ;
que tous les pays le disent bienheureux !

 

2ème lecture : Le Christ sauve tous les hommes (Rm 15, 4-9) Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, tout ce qui a été écrit à l’avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. Que le Dieu de la persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une seule voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.

 Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Car je vous le déclare : le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, en raison de la fidélité de Dieu, pour réaliser les promesses faites à nos pères ; quant aux nations, c’est en raison de sa miséricorde qu’elles rendent gloire à Dieu, comme le dit l’Écriture : C’est pourquoi je proclamerai ta louange parmi les nations,je chanterai ton nom.

 

Evangile : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 3, 1-12)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu. Alléluia. (cf. Lc 3, 4.6)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert :Préparez le chemin du Seigneur,rendez droits ses sentiers.

 Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : ‘Nous avons Abraham pour père’ ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.

 Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Patrick BRAUD

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26 novembre 2016

Recueil des homélies de l’Année C 2015/16

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NOUVEAU !

 

Le recueil des homélies de l’Année C 2015/16 est paru !

« Comme une ancre jetée dans les cieux »

Vous pouvez le découvrir et le commander, ainsi que les recueils des années précédentes, sur le site de Bookelis en cliquant sur l’image ci-dessous.

Vous pourrez choisir l’édition papier ou e-book.

Vous aurez également la possibilité de commander les archives des années A correspondant à notre année 2016/17, ainsi que des autres années…

De quoi offrir, de quoi lire, de quoi se nourrir !

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23 novembre 2016

Encore un Avent…

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Encore un Avent…

Homélie pour le 1° Dimanche de l’Avent / Année A
27/11/2016

Cf. également :

Bonne année !

Gravity, la nouvelle arche de Noé ?

L’absence réelle

La limaille et l’aimant

La « réserve eschatologique »

 

Vous connaissez sans doute la chanson de Jean-Jacques Goldman : « Encore un matin ».

Encore un matin
Un matin pour rien
Une argile au creux de mes mains
Encore un matin
Sans raison ni fin
Si rien ne trace son chemin

Matin pour donner ou bien
Matin pour prendre
Pour oublier ou pour apprendre
Matin pour aimer, maudire ou mépriser
Laisser tomber ou résister

Encore un matin
Qui cherche et qui doute
Matin perdu cherche une route
Encore un matin
Du pire ou du mieux
À éteindre ou mettre le feu

Un matin, ça ne sert à rien
Un matin
Sans un coup de main
Ce matin
C’est le mien, c’est le tien
Un matin de rien
Pour en faire
Un rêve plus loin

Remplacez le mot matin par Avent et vous aurez de quoi vous redonner de l’énergie pour entrer en Avent aujourd’hui !

En effet, année après année, la nouveauté liturgique de ce temps si particulier pourrait bien s’émousser. Après 10, 30 ou 50 Avents ayant pris toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, les plus anciens d’entre nous peuvent s’interroger : encore un Avent ? Que vais-je en faire ? Est-ce que vraiment cela va changer quelque chose ? La réponse de Goldman n’était pas une inintéressante : « un matin de rien, pour en faire un rêve plus loin ».

Explorons justement cette piste qui rejoint celle de l’Évangile de ce premier dimanche de l’Avent :« restez éveillés ; tenez-vous prêts ».

 

Anticiper demain

Veiller, c’est d’abord lutter contre l’assoupissement spirituel qui nous guette tous : la routine, les emplois du temps formatés, le manque de disponibilité à l’imprévu etc.

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Veiller, c’est ensuite guetter dans la nuit des signes de vie qu’on n’entendait pas auparavant. Tel volet qui claque au vent, telle chouette qui elle aussi a les yeux grand  ouverts, tel animal dont le pas signale la chasse nocturne, et tous ces bruits étrangers qui peuplent la nuit d’une activité incroyable. Si vous avez déjà veillé non loin d’un marigot en Afrique, vous avez immédiatement dans les oreilles ce vacarme invisible où le petit peuple du marigot – grenouilles, criquets et autres phacochères – s’en donne à cœur joie !

Veiller nous introduit donc dans une autre perception du monde : voir sans voir, entendre sans savoir, découvrir des sons et des ombres inconnues.

Le veilleur d’Avent sera celui qui devine un autre monde en train de palpiter en filigrane de l’actuel. Il sera attentif à ce qui naît plus qu’à ce qui se dégrade, aux forces de renouveau plus qu’aux fissures de crise, aux solutions inédites plus qu’aux problèmes angoissants, aux alternatives prometteuses plus qu’aux impasses désespérantes.

 

Demain dès aujourd’hui

Prenez le film « Demain » [1]. Un phénomène. Au début, ce documentaire militant et sérieux était conçu comme une bouteille à la mer, sans trop d’illusions. Mais le bouche-à-oreille a fait son succès : plus d’un million d’entrées en salles de cinéma, d’innombrables conférences, le César 2016 du meilleur documentaire.

De quoi s’agit-il ? D’une enquête menée par une petite équipe de passionnés sur toutes les initiatives fleurissant aux quatre coins du monde pour imaginer une autre manière de vivre demain. On rencontre avec eux de drôles de cinglés qui ont créé leur monnaie locale, en Angleterre, avec des billets de 21 livres ! (pied de nez à l’orthodoxie monétaire…) Et ça marche ! Les échanges dans cette monnaie soutiennent une économie circulaire locale qui la rend plus résiliente aux crises environnantes.

On se balade dans Détroit, gigantesque friche industrielle vidée de la moitié de sa population depuis la débâcle de General Motors et autres compagnies d’automobiles. Les habitants cultivent des jardins urbains partout, avec fruits et légumes, et le fol espoir de nourrir tous les Détroisiens avec les récoltes de ces cultures omniprésentes en ville. Et c’est bien parti ! La permaculture permet d’ailleurs d’obtenir sur 100 m² et les rendements d’un hectare de monoculture industrielle : incroyable !

Vous découvrirez encore dans ce film la démocratie participative novatrice d’un petit village d’Inde où même les castes se mélangent ; l’étonnante usine Pochéco (fabricant d’enveloppe) près de Lille, entièrement végétalisée, autonome en énergie, avec un écart de salaire de un à quatre seulement [2]. Vous entendrez parler de l’objectif « zéro déchet » de San Francisco [3], du pari à vélo de Copenhague, de la révolution des casseroles en Islande, du  mouvement des villes en transition, des « Incroyables comestibles » etc.

On ressort de ce film avec plein de questions sur son propre mode de vie, de consommation, de travail mais également avec un moral d’acier : enfin des pistes pour anticiper le monde de demain, et pas seulement pour se lamenter sur le monde actuel et ses problèmes !

 

Anticiper Demain

Afficher l'image d'origineToutes proportions gardées, c’est à cette attitude de ‘reporter anticipateur’ que nous invite l’Avent, sur le plan spirituel.
Enquêter sur les soifs, les aspirations nouvelles autour de nous.
Détecter ce qui semble déjà prometteur de fraternité, d’intériorité, de recherche de Dieu.
Accompagner ce qui s’expérimente, même maladroitement, à travers des initiatives au début toute petites.
En parler autour de nous.
Chercher d’autres compagnons d’aventure pour développer et améliorer ces initiatives.
À travers tout cela, faire advenir les conditions d’un monde nouveau, où le changement des mentalités prépare le changement des façons de travailler, de consommer, se détendre, de se rencontrer…

Bien sûr, la venue ultime du Christ « à la fin » dont il est question en Avent n’est identifiable à aucun de ces phénomènes. Mais en attendant, l’Avent est cette période favorable pour laisser la venue du Christ transformer ce monde en ce à qu’il est appelé à devenir.

Saint Augustin répétait à ceux qui venaient de communier pour la première fois : « soyez ce que vous voyez, devenez ce que vous recevez ». Nous communions pour devenir le Christ reçu ! L’Avent a exactement ce rôle d’anticipation eschatologique : prendre conscience que nous nous transformons déjà en ce que nous serons un jour pour l’éternité.

C’est vrai de la réalité sociale évoquée par le film Demain, c’est vrai également de notre réalité la plus personnelle et la plus intime.

À nous d’encourager toutes les initiatives qui explorent une autre manière de vivre, de travailler, d’aimer.

À chacun de travailler son jardin intérieur, pour cultiver en lui-même toutes les jeunes pousses qui ne demandent qu’à le transfigurer du dedans.

Encore un Avent !

Cet Avent
C’est le mien, c’est le tien
Un Avent de rien
Pour en faire
Un rêve plus loin

 


[1]Demain, documentaire 2015 cosigné par Mélanie Laurent et Cyril Dion, cofondateur du mouvement Colibris (avec Pierre Rabhi)

[2]. « Il est plus économique de produire de manière écologique. » Tel est le leitmotiv d’Emmanuel Druon, PDG de Pocheco, entreprise du Nord-Pas-de-Calais spécialisée dans les enveloppes. Depuis vingt ans, il applique des principes « écolonomiques » à son activité, c’est à dire guidés par les trois piliers du développement durable : préservation de l’environnement, respect des salariés et du dialogue social, gains de productivité.

[3]. Objectif affiché : recycler 100% des déchets à l’horizon 2020. Le défi semble à la portée de la ville : en quelques années, San Francisco est parvenue à détourner 80% des déchets enfouis vers la réutilisation, le compostage et le recyclage.

 

1ère lecture : Le Seigneur rassemble toutes les nations dans la paix éternelle du royaume de Dieu (Is 2, 1-5)
Lecture du livre du prophète Isaïe

 Parole d’Isaïe, – ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem.
Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison du Seigneur se tiendra plus haut que les monts, s’élèvera au-dessus des collines. Vers elle afflueront toutes les nations et viendront des peuples nombreux. Ils diront : « Venez ! Montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. » Oui, la loi sortira de Sion, et de Jérusalem, la parole du Seigneur.
Il sera juge entre les nations et l’arbitre de peuples nombreux. De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre.
Venez, maison de Jacob ! Marchons à la lumière du Seigneur.

Psaume : Ps 121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5, 6-7, 8-9

R/ Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur. (cf. Ps 121, 1)

Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus,
les tribus du Seigneur.

C’est là qu’Israël doit rendre grâce
au nom du Seigneur.
C’est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.

Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs,
le bonheur dans tes palais ! »

À cause de mes frères et de mes proches,
je dirai : « Paix sur toi ! »
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
je désire ton bien.

2ème lecture : « Le salut est plus près de nous » (Rm 13, 11-14a)
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains

Frères, vous le savez : c’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil. Car le salut est plus près de nous maintenant qu’à l’époque où nous sommes devenus croyants. La nuit est bientôt finie, le jour est tout proche. Rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière. Conduisons-nous honnêtement, comme on le fait en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans luxure ni débauches, sans rivalité ni jalousie, mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ.

Évangile : Veillez pour être prêts (Mt 24, 37-44)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.
Alléluia. (Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. »
Patrick BRAUD

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16 novembre 2016

Les trois tentations du Christ en croix

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Les trois tentations du Christ en croix

Homélie pour la fête du Christ Roi /année C
20/11/2016

Cf. également :
La violence a besoin du mensonge
Divine surprise
Le Christ Roi fait de nous des huiles
Non-violence : la voie royale
Un roi pour les pires

On est habitué aux trois tentations de Jésus au désert au début de son ministère public [1] (Mt 4, 1-11). Mais voici qu’elles réapparaissent à la fin de sa vie, comme si elles n’avaient cessé d’être en filigrane dans chaque rencontre depuis ces trois années sur les routes de Palestine.  Sur le bois de la croix, le Messie humilié s’entend dire par trois fois : « sauve-toi toi-même ». Ce n’est plus la figure mythique du diable qui assume ici le rôle du tentateur, mais les figures plus concrètes, ordinaires, des chefs juifs, des soldats romains, du malfaiteur suspendu à côté de lui. La petite voix de la tentation nous viendra plus sûrement des gens habituels que du grand Satan !

Chacune de ces trois tentations sur la croix fait écho à celle correspondante au désert :

1) ordonne à ces pierres de devenir du pain => montre-nous, à nous les chefs du peuple, que tu es l’Élu, et que tu peux nourrir ce peuple par ta puissance.

2) jette-toi en bas du Temple => montre-nous, à nous les soldats, que tu es le roi des juifs, l’équivalent de César, l’autorité à laquelle nous devons obéir.

3) prosterne-toi devant moi pour avoir le pouvoir => montre-moi, à moi le malfaiteur crucifié avec toi, que tu as le pouvoir de nous arracher à cette mort infamante, et je te reconnaîtrai comme le Messie.

 :  

La tentation centrale de l’auto-rédemption

Même si trois acteurs différents cherchent à induire Jésus en tentation (‘ne nos inducat in tentationem’ dit le Notre Père en latin), leur argument central est le même : « sauve-toi toi-même ». Ils veulent remplacer le passif par un actif. Ils préfèrent se sauver que d’être sauvés. Car le passif de l’hétéro-rédemption suppose d’accepter de recevoir d’un autre, gratuitement, humblement. Alors que l’actif de l’auto-rédemption reste narcissique : je peux me glorifier de ce que j’ai fait de bien, je suis arrivé tout seul à traverser l’épreuve, la mort.

Or Jésus est le Fils par excellence. C’est-à-dire qu’il refuse d’exister par lui-même. Il n’est lui-même qu’en se recevant d’un autre qu’il appelle analogiquement Abba, Père. L’amour consiste d’abord pour lui à recevoir, à se recevoir. Se sauver soi-même, en serrant les dents, à la force du poignet, est une illusion dangereuse et serait contraire à son identité filiale. C’est d’être aimé qui nous rend humain. Mais accepter d’être sauvé par un autre peut sembler humiliant pour ceux qui veulent être chefs, peu conforme à l’honneur militaire pour des soldats, peu efficace pour un malfaiteur habitué à ne compter sur personne.

 

Les visages actuels de l’auto-rédemption

Aujourd’hui, cette tentation de l’auto-rédemption prend de multiples visages :

- s’en remettre à la seule majorité démocratique pour décider ce qui est bien ou mal, sans accepter la vérité de lois transcendantes

- refuser de demander de l’aide parce que mon couple va mal ; croire que je vais pouvoir régler mes problèmes tout seul

- ne pas avoir d’autre éthique professionnelle que les règles habituelles de mes collègues et de mon milieu

- préférer éliminer les autistes, les trisomiques et autres grands handicapés moteurs et mentaux avant qu’ils naissent, en sélectionnant les naissances selon des critères utilitaristes…

- rester dans l’entre-soi d’un cocon douillet d’amis et de relations sociales qui nous ressemblent…

La petite voix nous susurrant à l’oreille de nous sauver nous-mêmes n’a pas fini de décliner cette tentation à l’infini !

 

La résistance du Christ à la tentation

La réponse du Christ à cette invocation répétée trois fois sera par trois fois le silence…

Afficher l'image d'origineEn fait sa vraie réponse est de rester Fils jusqu’au bout. Jusqu’à crier, dans une déréliction extrême, qu’il ne comprend pas par quel chemin Dieu le fait passer, mais que pourtant il veut se recevoir de lui, même dans le néant et l’absurde : « Eloï, Eloï, lama sabbactani ! » 

Cette réponse du Christ peut devenir la nôtre, par lui, avec lui et en lui : nous battre contre Dieu, nous révolter, le traîner en justice devant tant d’injustices, mais jusqu’au bout rester ses enfants. Désirer tout recevoir de lui, même si nous ne comprenons pas ce qui nous est donné. Peut-être sans le savoir demandons-nous un scorpion alors que lui veut nous donner un œuf ?

La solitude du Christ abandonné sur la croix se révélera après coup être sa mission reçue du Père : aller chercher et sauver, au fond de l’enfer, ceux qui étaient perdus, et pour cela devenir avec eux le Perdu par excellence. Jésus sera ressuscité (c’est un passif, non un actif) par son Père afin que tous les perdus de la terre avec qui il fait corps dans sa Passion soient sauvés avec lui dans la force de l’Esprit.

L’ultime tentation du Christ n’a donc rien à voir avec celle de l’amour humain, comme l’ont cru avec romantisme Nikos Kazantzakis ou Dan Brown ! Ce n’est pas la possibilité d’une aventure supposée avec Marie-Madeleine qui déchire le cœur du crucifié, mais bien le combat spirituel contre le mal désigné par trois fois comme la volonté de se sauver soi-même.

 

Et nous ?

Réfléchissez bien : quand êtes-vous exposé à cette petite voix de l’auto-rédemption : « sauve-toi toi-même » ?

Quand êtes-vous tenté de réussir tout seul, sans l’aide des autres, sans l’aide de Dieu ?

Que veut dire pour vous : compter sur Dieu, et non sur vos seules forces ?

 



[1]. Rappelons que, justement, Marc ne détaille pas ces tentations au désert (Mc 1,13), sans doute en cela au plus près de l’évènement. C’est sur la Croix que se manifeste selon lui le vrai pouvoir du tentateur, par ces trois suggestions d’auto-rédemption.

 

 

1ère lecture : « Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël » (2 S 5, 1-3)

Lecture du deuxième livre de Samuel

En ces jours-là, toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair. Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : ‘Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.’ » Ainsi, tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël.

Psaume : Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6

R/ Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur.

(cf. Ps 121, 1)

Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur,
là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur.

C’est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.
Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t’aiment ! »

2ème lecture : « Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé » (Col 1, 12-20)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens

Frères, rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés.

 Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui.

 Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel.

Evangile : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume » (Lc 23, 35-43)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Béni soit le Règne qui vient, celui de David notre père.
Alléluia. (cf. Mc 11, 9b.10a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi !
Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »  Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. »  Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Patrick BRAUD

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