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26 juillet 2016

Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 21 h 51 min

« Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait. » (1 Jn 3,13)

 

Un prêtre a été assassiné ce matin à l’arme blanche, le Père Jacques Hamel.

Il célébrait la messe dans l’église de St Etienne du Rouvray, près de Rouen.

D’autres personnes ont été blessées.

Les deux terroristes ont été abattus. Visiblement des « radicalisés » islamistes, comme on les appelle désormais.

Jacques Hamel avait 84 ans. 

L’émotion est considérable.

Car en plus de tuer un innocent, c’est s’attaquer à un symbole que d’égorger un prêtre pendant qu’il célèbre l’eucharistie.

 

Mgr. Lebrun, l’évêque de Rouen, et Mgr. Vingt-Trois, cardinal archevêque de Paris, donnaient ce soir à TF1 quelques éléments pour aller plus loin que la seule émotion, bien légitime :

 

- il n’est pas surprenant que des chrétiens soient visés.

Depuis longtemps, les chrétiens d’Orient sont persécutés, exilés, massacrés dans une grande indifférence occidentale.

Ces chrétiens savent que l’islam politique est rarement tolérant, et que les pays où l’islam est religion d’État voient peu à peu leurs chrétiens chassés, expulsés. L’Iran, l’Irak, le Liban, l’Afghanistan, la Syrie, la Lybie, le Nigéria etc. ont eu leur population chrétienne divisée par deux ou même quasiment réduite à rien.

 

- c’est non seulement à un symbole chrétien que les terroristes s’attaquent, mais également à la laïcité à la française, qui garantit à chaque religion sa liberté de conscience et de culte.

 

- nul doute qu’ils cherchent à diviser le peuple français, à susciter la méfiance entre chrétiens et musulmans, car un pays divisé est affaibli de l’intérieur, et ne pourra plus mener ses guerres à l’extérieur, dont celle contre Daech.

 

- nous gagnerons la guerre contre Daech. Mais le fanatisme ne s’éteindra pas pour autant. Il a d’autres racines, profondes, et d’autres arguments pour séduire des personnalités fragiles ou malades psychologiquement. Il faut donc dès maintenant penser au-delà de la défaite militaire de Daech.

 

- multiplier les militaires et les surveillances policières ne pourra pas empêcher les attentats, qui sont par nature quasi-imprévisibles. La sécurité absolue est une illusion. Il nous faut apprendre à vivre avec cette violence présente au quotidien chez nous, potentiellement partout.

 

- cela demande de lutter contre Daech avec d’autres armes que les bombes ou les bougies.

Les musulmans en premier lieu doivent réfléchir à un magistère qui promulguerait les interprétations du Coran conformes à leur tradition. Sinon les sourates meurtrières du Coran – et il y en beaucoup – feront toujours autant de dégâts dans la tête de musulmans peu instruits qui prennent le texte pour la parole de Dieu incréée, c’est-à-dire  sans interprétation possible.

Cela demande aussi que l’Occident invoque d’autres causes que la seule liberté d’aller boire une bière sur les terrasses en ville. On ne combat par une soif d’absolu par une culture du divertissement…

 

- la parole du Christ sur l’amour des ennemis résonne avec d’autant plus de force en ces circonstances :

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament. » (Lc 6, 27-28 ; 35)

« Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,33)

Et Paul renchérit : « si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s’il a soif, donne-lui à boire; ce faisant, tu amasseras des charbons ardents sur sa tête.  Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien. » (Rm 12, 20-21)

Matthieu 5:44 

L’Église catholique est en deuil, et avec elle la communauté nationale comme pour la tuerie de Nice, du Bataclan, de Charlie Hebdo… Après le temps de la colère viendra celui de la réflexion. C’est là que nous devrons refuser les solutions trop faciles, les démissions idéologiques.

Actuellement, l’heure est au recueillement, et à la prière pour tous ceux que ce drame touche de près.

Mais hélas, d’autres attentats nous obligeront à reposer ces questions de fond, encore et encore.

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