L'homélie du dimanche (prochain)

29 juin 2016

Les 72

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

LES 72

 

Homélie du 14° Dimanche / Année C
Dimanche 3 Juillet 2016

 

Cf. également :

Briefer et débriefer à la manière du Christ 

Qu’est-ce qui peut nous réjouir ?

Secouez la poussière de vos pieds

Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »

Medium is message

 

Qui sont ces 72 dont seul parle Luc ?

Pourquoi un 2ème groupe à côté des 12 Apôtres ?

La question nous intéresse, car autant le dire tout de suite, c’est notre mission qui est en jeu dans celle des 72.

Afficher l'image d'origineIls sont 72, ce qui d’après Gn 10,1-32 (dans la version grecque des Septante) évoque la postérité des fils de Noé qui repeuple la terre après le déluge et avant Babel. Ce nombre 72 symbolise donc l’ensemble des nations, avec qui Dieu désire entrer en alliance.

Les 72 ne remplacent pas les 12 ; ils s’ajoutent à eux.

Les 12 sont les apôtres, symbolisant les 12 tribus d’Israël, envoyés du temps de Jésus. Les 72, eux, sont envoyés par « le Seigneur », c’est-à-dire par le Christ ressuscité, à toutes les nations.

Les 72 complètent l’action des 12, comme la somme de 72 et 12 l’indique : 6 x 12 + 1 x 12 = 7 x 12, soit la plénitude d’Israël (7 est le chiffre de la Création : les 7 jours; 12 est le nombre des tribus d’Israël) = l’Église des nations. (Notez que la prophétesse Anne au Temple de Jérusalem chez Luc avait justement… 84 ans = 7×12 ! Elle annonce en elle-même l’universalité de la foi chrétienne lorsqu’elle accueille le bébé Jésus au Temple…)

Au-delà des chiffres, on voit bien que Luc écrit pour montrer que les envoyés après les Apôtres ont bien été voulus par Jésus lui-même. Après Pâques, le Seigneur continue d’envoyer des ouvriers pour sa moisson.

 

Regardons ensemble les caractéristiques de ces 72.

 

1.    Ils sont autres que les 12

Le texte dit en effet : « le Seigneur en désigna 72 autres ».

Gardons nous d’ajouter trop vite : 72 autres disciples ou apôtres. Le texte dit qu’ils sont autres. Le nouvel envoyé est à la fois « autre » et en lien étroit avec ceux qui l’ont précédé. Il est « autre » en raison de la période nouvelle dans laquelle il est envoyé, et parce que les cultures à qui il s’adresse sont autres.

Ces 72 s’ajoutent aux 12, mais à la deuxième génération de missionnaires. St Luc sait qu’ils seront « autres ». Le groupe des 12 est unique, car témoin de la Résurrection du Christ; il n’y en aura pas d’autre. Grâce aux 72, la Parole initiale résonne au-delà des frontières, et sollicite de nouveaux auditoires.

C’est la nouveauté de notre mission chrétienne à chaque génération : il s’agit à la fois de prolonger l’action des 12 et en même temps d’être autres, de faire du neuf !

 

2.    Ces 72 sont envoyés là où le Christ n’est pas encore allé, mais projette de venir

Autrement dit, ils doivent préparer sa venue, défricher le terrain, être « en avant » du Christ.

Afficher l'image d'origineComment ne pas y voir l’immense champ d’apostolat des laïcs ? Les baptisés envoyés vivre leur foi dans les domaines politiques, économiques, culturels…

Là où le Christ n’est pas encore allé.

Explorer par exemple le champ de la recherche scientifique, du débat bioéthique, dans de redoutables questions que la foi chrétienne n’a pas encore pu éclairer.

Il y a tant de réalités humaines où le Christ n’est pas encore allé ! Aux baptisés de parcourir, en précurseurs, ces réalités nouvelles où le Seigneur lui-même voudrait se manifester…

 

3.    Ces 72 sont envoyés 2 par 2 : quelle sagesse !

Afficher l'image d'originePour éviter que l’un d’entre eux ne s’accapare le succès ou l’échec de leur mission ;

pour éviter de trop personnaliser l’annonce de la foi à la manière d’un gourou ;

pour se soutenir mutuellement… : les raisons sont nombreuses d’y aller 2 par 2.

Jamais seul.

Aujourd’hui encore c’est un critère sûr pour envoyer quelqu’un dans une responsabilité particulière : jamais seul ; toujours avec une équipe, au moins 2.

Équipe d’accompagnement au deuil, équipe d’Animation Pastorale, visite des malades, chargé des finances paroissiales au sein du Conseil économique, etc.… Jamais seul, au moins 2 par 2, en équipe : c’est une règle de sagesse.

 

4.    Ces 72 sont envoyés « comme des agneaux au milieu des loups »

Ce qui d’une part situe leur mission comme un combat contre le mal (« Je voyais Satan tomber comme l’éclair » dira Jésus), de façon très réaliste, et d’autre part leur interdit d’utiliser les même moyens que le mal pour triompher.

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Ce serait laisser gagner les loups que de nous transformer nous-même en loups ; mieux vaut demeurer agneau, quitte à le payer au prix fort, comme « l’Agneau de Dieu », pariant sur l’espérance qu’un jour « le loup habitera avec l’agneau » (Is 11,6).

L’envoyé ne veut pas la mort de ses adversaires, mais qu’ils vivent. Il ne répond pas au mal par le mal.

 

5.    Ces 72 devront apprendre à recevoir de ceux vers qui ils sont envoyés

« Là où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Restez dans cette maison, acceptez ce qu’on vous servira ». Autrement dit : les cultures nouvelles vers qui vous êtes envoyés ont quelque chose à vous donner ; vous devez apprendre à recevoir d’elles, à vous nourrir de leurs richesses et pas seulement à leur donner.

C’est capital pour ne pas arriver en conquérant colonisateur ! En partageant l’intimité d’un peuple, d’une histoire étrangère, on reçoit beaucoup, on reçoit même de quoi vivre, et cela change fondamentalement l’annonce de l’Évangile. Annonce qui se fait alors de l’intérieur d’un peuple, et non de l’extérieur.

Apprenez à recevoir de ceux à qui vous désirez annoncer l’Évangile.

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6.    Ces 72 seront confrontés à l’échec

Patrick BraudIl y a des villes qui ne les accueilleront pas. Au lieu de perdre du temps, ils devront alors secouer la poussière de leurs sandales tout en maintenant que « le Règne de Dieu est tout proche ».

Savons-nous assez secouer la poussière de nos pieds lorsque le Christ n’est pas accueilli, pour aller l’annoncer ailleurs ?…

 

7.    Ces 72 reviennent tout joyeux raconter au Seigneur comment s’est passée leur mission

Afficher l'image d'origineRendre compte de la responsabilité exercée ; faire le point, un bilan personnel et collectif.
Débriefer.

Notre culture ecclésiale pratique trop peu l’évaluation.

Nous sommes mal à l’aise avec la culture du résultat.

Et pourtant c’est de raconter qu’ils sont joyeux.

Pratiquons nous assez ce retour de mission où on revient sur les succès, les échecs, en apprenant à nous réjouir de l’essentiel : nos noms « inscrits dans les cieux » ?

 

Décidément, ces 72 sont bien actuels !

À nous de le méditer pour la vie de notre Église aujourd’hui, mais également dans les responsabilités profanes auxquelles nous sommes envoyés…

 

 

 

1ère lecture : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve » (Is 66, 10-14c)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez ! Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire. Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

Psaume : Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur ! (cf. Ps 65, 1)

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2ème lecture : « Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus » (Ga 6, 14-18)

Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est d’être une création nouvelle. Pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie et pour l’Israël de Dieu, paix et miséricorde. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

Evangile : « Votre paix ira reposer sur lui » (Lc 10, 1-12.17-20)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Que dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse.
Alléluia. (Col 3, 15a.16a)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

 En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : ‘Le règne de Dieu s’est approché de vous.’ » Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché.’ Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »

Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Patrick BRAUD

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22 juin 2016

Sans condition, ni délai

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Sans condition, ni délai

 

Homélie du 13° Dimanche du temps ordinaire / Année C
26/06/2016

 

Cf. également :

Exigeante et efficace : la non-violence 

Du feu de Dieu ! 

 

Sans condition

Sommes-nous capables d’aimer sans condition ?

Nous pressentons que la gratuité fait partie structurante de l’amour. C’est peut-être l’amour parental qui en est le plus proche. Beaucoup de parents ont dit à leur enfant – et ils ont eu raison de lui dire – : quoi qu’il t’arrive dans ta vie, tu resteras notre fils/fille, et notre maison comme notre coeur te seront toujours ouverts.

Pourtant, même cet amour parental apparaît mélangé. Dès la conception d’ailleurs, puisque beaucoup d’enfants sont accueillis à condition qu’ils soient attendus et désirés, sinon l’IVG sera requis, parce que les conditions ne sont pas réunies pour accepter cette grossesse. Environ 96 % des parents à qui on diagnostique pendant la grossesse un risque d’avoir un enfant trisomique demandent l’avortement. Un certain eugénisme de fait est déjà pratiqué dans notre pays.

Même après la naissance, l’amour parental n’est pas si inconditionnel que cela : les abandons sont encore nombreux, la maltraitance physique également, sans compter les maltraitances psychologiques parce que l’enfant qui avait été rêvé ne correspond pas aux attentes de ses parents.

Jésus connaît bien les ambiguïtés des liens familiaux. Souvent il a refusé de les sacraliser et les a remplacés par les liens de la foi : « celui qui vient à moi doit me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre personne… » (Lc 14, 25-26).

Jésus, dans l’évangile de ce dimanche (Lc 9, 51-62), est d’une exigence inouïe. Il ose appeler un homme qui vient de perdre son père, et cela devait se voir à l’époque où le deuil était une étape sociale au vu et au su de tous. À la réponse : « laisse-moi d’abord aller enterrer mon père », Jésus a cette maxime cinglante devenue proverbiale : « laisse les morts enterrer leurs morts ». Et il lui répète son invitation : « suis-moi », comme pour l’arracher à cette sphère devenue morbide au nom de l’affection filiale. Pourtant, la loi juive comme les coutumes humaines les plus ancestrales font de l’assistance aux obsèques une obligation sociale impérative. Ne pas venir à l’enterrement d’un ami, d’un proche, même si on était fâché ou éloigné, est toujours perçu comme inacceptable. Tout devrait disparaître devant la mort, pense-t-on, et alliés ou adversaires s’inclinent toujours devant la dépouille du défunt.

Le fils semble donc obéir au respect humain le plus élémentaire en demandant d’abord d’aller enterrer son père. Il obéit en plus à la Torah, qui demande : « honore ton père et ta mère ». Et quoi de plus déshonorant que de ne pas avoir ses enfants pour le dernier adieu ?

Les deux hommes concernés par leur famille posent en quelque sorte une condition à Jésus : « je te suivrai à condition d’abord d’enterrer mon père / de dire adieu à mes proches ».

Même ces conditions, ultra légitimes, ne tiennent pas devant l’appel du Christ : « suis-moi ! » [1]. Certains commentaires voudraient spiritualiser ce passage en allant trop vite au sens symbolique de cette rupture demandée. Bien sûr, il s’agit de ne pas se laisser enfermer par son passé, même son passé familial. Bien sûr, Jésus nous libère par cette maxime de toute idolâtrie du lien du sang : notre vraie famille n’est pas régie par nos gènes, notre véritable identité n’est pas déterminée par le droit du sol ni le droit du sang. Notre vraie famille, c’est l’humanité tout entière et chaque personne en particulier. Voilà pourquoi nous appelons Dieu Père, et lui seul est père en plénitude. Et ce père-là, on n’est pas près de l’enterrer !

Il y a donc une sacrée libération de toute domination familiale dans l’Évangile, et cette fraternité universelle est encore aujourd’hui révolutionnaire.

Reste l’impératif très concret de Jésus : « laisse les morts enterrer leurs morts ». Ce n’est pas une théorie sur l’engagement, c’est un acte visible, socialement lourd de conséquences. Jésus a toujours préféré les décisions en actes à des discours abstraits, les personnes aux idées, les situations singulières aux théories générales.

 

Sans délai

Un couple qui prépare son mariage m’a fait découvrir ce texte autrement. Il y voit surtout la tentation du délai : délai pour éviter de se mettre en route tout de suite, excuse pour différer le véritable engagement. Le fiancé racontait :

« C’est ce que j’ai fait lors d’une première relation avec une autre femme, qui a duré des années. Je me disais : quand j’aurai un boulot stable, quand on aura une maison, quand on sera sûr d’être ensemble, quand on sera d’accord sur les enfants, quand… alors peut-être on se mariera. Mais en réalité, c’était le symptôme d’une hésitation plus profonde. Et de fait, nous nous sommes séparés au bout de quelques années, constatant qu’on n’arrivait pas à s’engager ensemble. »

Cette interprétation en termes de délai sonne fort juste : même si nous ne mettons pas apparemment de condition pour suivre le Christ ou dire oui à tel projet essentiel, il nous arrive souvent de contourner la décision en la procrastinant, c’est-à-dire en la reportant sans cesse à plus tard. Un peu comme l’alcoolique qui dit : j’arrête demain. Un peu comme le fumeur, sûr de lui : je peux arrêter de fumer quand je veux (donc je continue !).

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Suivre le Christ peut ainsi sans cesse être remis à plus tard : d’abord prendre soin de mon travail, puis de ma famille, puis de ma retraite… après on verra ! Prendre excuse d’un délai peut miner nos décisions les plus importantes.

Il existe certes une procrastination heureuse (notamment au travail !) : celle qui consiste à laisser s’évanouir d’elle-même l’écume des jours pour éviter de s’y noyer. Par exemple, ne pas répondre tout de suite à tous ses mails, et constater ainsi que la moitié d’entre eux se résolvent tout seuls… Mais la procrastination qui est ici dénoncée est d’un autre ordre : le délai sans cesse prétexté nous empêche en réalité de prendre la route, de nous engager vraiment, de passer les seuils essentiels (se marier, s’engager, terminer un travail de deuil, mettre ses actes en accord avec ce que l’on croit etc…).

 

Mettre des conditions ou prétexter un délai

Ne vous arrive-t-il jamais d’éviter ainsi de prendre une décision importante ?

Mettre cette stratégie – consciente ou non – en pleine lumière suffit le plus souvent à lui enlever son efficacité négative. L’appel du Christ à le suivre, à travers les routes que nous avons à prendre, peut alors se fait entendre, avec son exigence, maintenant, sans poser de conditions plus longtemps…

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[1]. Si l’on tient compte des coutumes du temps du Christ, il est possible que la raison donnée par cette homme à ne pas suivre Jésus directement n’ait rien à faire avec les obsèques de son père. Car, au Moyen Orient comme en Afrique et tous les pays chauds, on enterrait les morts le jour même à cause de la chaleur. Un délai de 24h maximum est toujours de mise dans l’islam. Les fils veillaient auprès du corps de leur père jusqu’à son enterrement. L’homme en question ne devrait donc pas être en train de parler avec Jésus ! Sa réponse sonne alors comme une excuse et un mensonge, pour remettre à plus tard le fait de prendre la route avec Jésus.

 

 

1ère lecture : « Élisée se leva et partit à la suite d’Élie » (1 R 19, 16b.19-21)
Lecture du premier livre des Rois
En ces jours-là, le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafath, comme prophète pour te succéder. » Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses bœufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. » Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de bœufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

Psaume : Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11
R/ Dieu, mon bonheur et ma joie ! cf. Ps 15, 2.11)

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !

2ème lecture : « Vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 1.13-18)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
Frères, c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi.

Evangile : « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem » « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 51-62)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ; Tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia. (cf. 1 S 3,9 ; Jn 6, 68c)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.
 En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »
 Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. »
 Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Patrick BRAUD

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15 juin 2016

Question d’identité

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Question d’identité

 

Homélie du 12° Dimanche du temps ordinaire / Année C
19/06/2016

Cf. également :

Le consentement de soi à soi 

Prendre sa croix chaque jour 

Jésus évalué à 360° 


Afficher l'image d'origineRetour d’ailleurs

Souvenez-vous d’une réelle expérience de dépaysement que vous avez vécue : lors d’un voyage, d’un séjour dans une autre culture, avec une autre langue, d’autres coutumes… Si vous vous êtes sentis vraiment ailleurs, étranger au milieu d’une société si différente, vous avez comme un choc en retour perçu les spécificités de votre propre identité. Immergé par exemple au coeur d’un village africain traditionnel pour qui les forces invisibles régissent la nature sont omniprésentes, vous percevrez plus nettement combien votre culture occidentale est marquée par la rationalité scientifique et technique. Ou bien, découvrant avec délices les traditions culinaires d’un pays inconnu, vous mesurerez combien vos propres habitudes alimentaires sont particulières et originales. Et cela vaut de même pour notre façon de s’habiller, de parler, de se saluer, de travailler…

Le détour par l’autre me permet de mieux me connaître moi-même, par comparaison, par différenciation.

Aller rendre visite à un autre me permet de mieux savoir qui je suis.

Autrement dit : notre identité, personnelle ou collective, est d’abord réceptive. Elle se reçoit d’un autre, au double sens de la transmission (j’hérite de l’identité transmise par mes parents, mon pays, ma langue etc.) et de l’altérité (je me construis en étant différent).

 

Afficher l'image d'origineEnquête d’identité

Dans ce passage d’évangile, Jésus s’interroge sur sa propre identité : « qui suis-je ? » Question radicalement humaine, qui travaille d’autant plus Jésus qu’il se perçoit comme habité par la présence divine d’une manière unique (d’où le titre de « fils unique de Dieu »). Au moment d’affronter sa Passion qui approche, il a besoin d’être ré-assuré dans cette identité qui va être fortement contestée et même niée dans le scandale de la croix.

Alors, humblement, au lieu de s’affirmer fils de Dieu de façon péremptoire et autoritaire, il va enquêter auprès de ses proches pour savoir ce que les gens disent de lui. Non pas qu’il ait la bonne réponse, comme s’il faisait passer un examen, en piégeant les disciples. Non : il a simplement besoin de connaître ce que les gens pensent de lui, pour mieux découvrir qui il est, pour mieux habiter son identité la plus personnelle.

Afficher l'image d'origineD’ailleurs, il ne reprend pas les premières réponses qu’on lui transmet (prophète, Élie…) comme un professeur corrigerait en rouge les mauvaises copies de ses élèves. Il recueille précieusement ces premières indications, car elles lui renvoient quelque chose de lui-même. Oui, il se situe bien dans la lignée des prophètes d’Israël. Oui, il est bien comme Élie dont la seconde venue devait inaugurer les temps messianiques. Oui, il est bien celui dont Jean-Baptiste a annoncé la mission, au prix de sa vie.

L’opinion publique peut certes se tromper. Mais elle a le plus souvent un certain flair, une réelle capacité à deviner bien des éléments de la personnalité de quelqu’un, et cela se manifeste à travers ce que les gens disent de lui. Dans l’Église, on appelle même cette capacité le « sens de la foi » (sensus fidei) des fidèles : on peut faire confiance à ce qu’une assemblée croit et perçoit, dès lors qu’elle est habitée par l’Esprit saint, qui est un esprit de discernement, de jugement, de conseil…

 

Notre identité nous renseignent sur nous-mêmes

La réponse de Pierre ne viendra pas contredire celle de l’opinion publique sur l’identité de Jésus. Elle la précisera : Jésus est le Messie, le fils de Dieu.

Nos proches sont ceux qui nous connaissent le mieux et peuvent renvoyer une image plus juste de nous-mêmes. Nos intimes savent sur nous des choses que nous ignorons. À nous de les demander, pour recueillir humblement la part de notre identité qui est entre leurs mains, dans leur regard, à notre contact.

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Le fait que Pierre ne comprenne pas bien le contenu de sa réponse ne diminue en rien la pertinence de celle-ci. Il aide Jésus à assumer son identité la plus profonde en lui transmettant ce que l’Esprit de Dieu a produit en lui de connaissance de sa personne.

Si le Christ lui-même s’est soumis à ce test de personnalité, s’il a accepté de recevoir son identité de la bouche de ses proches et des foules, qui serions-nous pour avoir l’orgueil de prétendre nous connaître sans demander aux autres comment ils nous perçoivent ?

En entreprise, on appelle cela l’évaluation 360°. Pour apprécier le professionnalisme et le relationnel d’un salarié, on ne demande pas seulement à son N+1 de l’évaluer, mais également à ses collègues, directs et indirects, à ceux dont il est responsable, à ceux à qui il doit rendre des comptes etc. Impossible d’évaluer quelqu’un sans recueillir de manière exhaustive cet ensemble d’appréciations (dans l’anonymat, pour préserver la liberté des réponses). Un collègue peut se tromper, mais l’ensemble des évaluations se trompe rarement. Jésus se soumet volontairement à un 360° en demandant ainsi à ses disciples de lui rapporter ce qu’on dit de lui.

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Quel parent aura le courage de le faire auprès de sa famille ?

Quel patron acceptera de consulter ainsi l’ensemble de ses salariés sur lui-même ?

Quel évêque aura l’humilité de demander comment il est perçu par le plus grand nombre ?

 

L’enjeu est évidemment pour nous de progresser : en acceptant l’image qui nous est  renvoyée, nous pouvons identifier les aspects de notre identité qui sont des atouts ou des obstacles à notre mission, qu’elle soit familiale, professionnelle ou ecclésiale.

Ré-assuré dans son identité de Messie, Fils unique, Jésus va pouvoir affronter résolument le conflit qui l’oppose aux pouvoirs religieux et politiques de Jérusalem.

 

Afficher l'image d'origineLa question est d’autant plus actuelle en ces temps ou certains courants de pensée en Occident voudraient faire croire que l’identité personnelle n’est qu’une construction sociale, qui pourrait donc être remodelée selon la seule volonté supposée libre de chaque individu. Choisir son sexe – pardon, son ‘genre’ – est par exemple emblématique de ces conceptions d’une identité choisie et non reçue. La contestation de la nature sociale de l’identité contraste d’ailleurs étonnamment avec la revendication écologique où l’être humain se reçoit de la nature tout autant qu’il la maîtrise.

Découvrir que l’identité est d’abord reçue avant d’être construite critique donc radicalement les prétentions à se modeler chacun sa propre identité sans vouloir dépendre de personne. Le mythe capitaliste du self-made-man récupéré par l’extrême gauche à son insu, en quelque sorte…

 

Prenez le temps cette semaine de poser la question par oral ou par écrit, à plusieurs autour de vous : pour toi, pour vous, qui suis-je ?

Acceptez les traits de personnalité dérangeants qui vous sont ainsi renvoyés, en positif comme en négatif, et vous verrez que vous serez de plus en plus vous-même…

 

 

 

1ère lecture : « Ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19,37) (Za 12, 10-11a ; 13, 1)
Lecture du livre du prophète Zacharie

Ainsi parle le Seigneur : Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé, ils feront une lamentation sur lui comme on se lamente sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement comme on pleure sur un premier-né. Ce jour-là, il y aura grande lamentation dans Jérusalem.
Ce jour-là, il y aura une source qui jaillira pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem : elle les lavera de leur péché et de leur souillure.

Psaume : Ps 62 (63), 2, 3-4, 5-6, 8-9

R/ Mon âme a soif de toi, Seigneur, mon Dieu.

(cf. Ps 62, 2b)

Dieu, tu es mon Dieu,
je te cherche dès l’aube :
mon âme a soif de toi ;
après toi languit ma chair,
terre aride, altérée, sans eau.

Je t’ai contemplé au sanctuaire,
j’ai vu ta force et ta gloire.
Ton amour vaut mieux que la vie :
tu seras la louange de mes lèvres !

Toute ma vie je vais te bénir,
lever les mains en invoquant ton nom.
Comme par un festin je serai rassasié ;
la joie sur les lèvres, je dirai ta louange.

Oui, tu es venu à mon secours :
je crie de joie à l’ombre de tes ailes.
Mon âme s’attache à toi,
ta main droite me soutient.

2ème lecture : « Vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ » (Ga 3, 26-29)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. Et si vous appartenez au Christ, vous êtes de la descendance d’Abraham : vous êtes héritiers selon la promesse.

Evangile : « Tu es le Christ, le Messie de Dieu. – Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup » (Lc 9, 18-24)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ;
moi, je les connais, et elles me suivent.
Alléluia. (Jn 10, 27)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce jour-là, Jésus était en prière à l’écart. Comme ses disciples étaient là, il les interrogea : « Au dire des foules, qui suis-je ? » Ils répondirent : « Jean le Baptiste ; mais pour d’autres, Élie ; et pour d’autres, un prophète d’autrefois qui serait ressuscité. » Jésus leur demanda : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Alors Pierre prit la parole et dit : « Le Christ, le Messie de Dieu. » Mais Jésus, avec autorité, leur défendit vivement de le dire à personne, et déclara : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. »
Patrick BRAUD

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8 juin 2016

Vers un diaconat féminin ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Vers un diaconat féminin ?

 

Cf. également :

La pierre noire du pardon

Chassez les mauvaises odeurs !


Homélie du 12° dimanche du temps ordinaire / Année C

11/06/2016

La surprise du pape

Afficher l'image d'origineLe pape François a surpris tout le monde récemment. Devant plusieurs centaines de supérieures majeures du monde entier, le pape François a indiqué le Jeudi 12 Mai qu’il était d’accord pour mettre sur pied une commission chargée de clarifier la question du diaconat féminin.

Ce n’est qu’après un temps de réflexion que le pape a répondu à l’une des supérieures majeures qui l’interrogeait sur l’accès des femmes au diaconat permanent : « Constituer une commission officielle pour étudier la question ? Je crois, oui. Il serait bon pour l’Église de clarifier ce point. (…) Je ferai en sorte qu’on fasse quelque chose comme ça. (…) Il me semble utile qu’une commission étudie la question. »

Imaginez la tête des cardinaux de la Curie lorsqu’ils ont appris cela… ! Quelques mois plus tôt, François avait déjà déconcerté l’aile conservatrice de l’Église catholique en ouvrant des pistes pastorales réelles pour les divorcés remariés. Dans son exhortation « Laetitia amoris » il appelait au discernement au cas par cas, en rappelant la primauté de la conscience sur la loi…

Et voilà qu’au détour d’une audience, il évoque ce qui serait une véritable innovation ministérielle : le diaconat féminin ! Innovation ? En réalité, ce serait plutôt un retour à la tradition la plus ancienne.

 

Jésus, un homme à femmes ?

Afficher l'image d'origineRegardez Jésus dans l’évangile de ce dimanche (Lc 7,36–8,3). Il pardonne à une femme publiquement connue pour sa mauvaise réputation. Et pire encore : il en fait une disciple ! Luc décrit ensuite la cohorte de femmes qui marchaient sur les routes avec Jésus : « Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources » (Lc 8,3).

Dans le Nouveau Testament, c’est le mot diakonos (serviteur) qui désigne le ministère diaconal. Et la première fois qu’il est utilisé, c’est pour une femme ! Luc  précise en effet que, au début de la vie publique de Jésus, la première à servir (diakonein ) Jésus et ses disciples fut la belle-mère de Pierre, une fois guérie de sa fièvre : « elle les servait » (Mc 1, 29-31). Le temps employé (aoriste = un imparfait qui se prolonge) implique une action qui dure, et non un service occasionnel. C’est donc que la belle-mère de Pierre remplit longtemps cet office : servir l’Église, à travers Jésus et les Douze.

Les autres mentions d’un diaconat féminin sont bien connues dans le Nouveau Testament [1] :

Le verbe diakonein (servir) est maintes fois employé dans les évangiles : au sujet de la belle-mère de Pierre (Mc 1, 31), de Marthe (Lc 10,40; Jn 12,2), des serviteurs de Cana (Jn 2, 5,9), des femmes « qui les assistaient de leurs biens » (Lc 8,3; 23,49).

Puis il apparaît avec un sens ministériel dans les lettres de Paul :

« Je vous recommande Phoébée, notre sœur, diaconesse (diakonos) de l’Église de Cenchrées (R 16, 1) ».
« Que les diacres, de même, soient des hommes dignes, n’ayant qu’une parole, modérés dans l’usage du vin, fuyant les profits malhonnêtes. […] Que pareillement, les femmes soient dignes, point médisantes, sobres et fidèles en tout. (1 Timothée 3, 8-11)
Il ne fait nul doute que ces diaconesses ne devaient pas prêcher dans la liturgie pour Paul (1 Co 11, 5). En sens contraire, on signalera que les 7 diacres institués par les apôtres n’avaient pas non plus mandat d’évangéliser et que, pourtant, ils se sont attribués ce rôle (Ac 6,10 ; 8,5 ; 8,38).
Paul mentionne un couple qui est associé à son ministère : « Saluez Prisca et Aquilas mes collaborateurs en Jésus Christ »… « Saluez Marie, qui s’est donné beaucoup de peine pour vous ». « Saluez Tryphène et Tryphose, qui se sont donné de la peine dans le Seigneur » (Rm 16, 1-16). Paul se réfère ici à des tâches apostoliques.
« Evodie et Syntyche qui ont lutté avec moi pour l’Évangile, en même temps que Clément et tous mes autres collaborateurs » (Ph 4,2). La mention « pour l’Évangile » indique certainement une participation à l’œuvre d’évangélisation.

Sans trop connaître exactement le contenu de ce diaconat féminin, on peut au moins affirmer qu’il en existait un, voulu par le Christ, dès ses années publiques et dès les débuts de l’Église après la Pentecôte.

 

Le diaconat féminin dans les premiers siècles

Pline, dans une lettre à l’Empereur (en 111 ap. JC), mentionne qu’il a fait arrêter deux chrétiennes qui occupent une position officielle. “ D’autant qu’il me paraissait nécessaire d’obtenir la vérité de la part de ces deux femmes, qui sont appelées “ancillae” (= diakonous, diaconesses ?), même en leur appliquant la torture. “

On connaît également l’histoire de Thecla qui, par sa confession devant le juge à Antioche, convertit Tryphène et un groupe de femmes : “ Elle se rendit à la maison de Tryphène et resta là durant huit jours, l’instruisant de la Parole de Dieu, de sorte que la plupart de ses servantes se mirent à croire “ (Actes de Paul et Thecla, § 38-39).

Clément d’Alexandrie (155-220) en charge de l’école catéchétique d’Alexandrie, interprète la première épître à Timothée 3,11 comme une référence à des « femmes diacres ». Il écrit : « les Apôtres prirent des femmes avec eux, non comme épouses, mais comme sœurs pour partager leur ministère (syn-diakonos) auprès des femmes demeurant à la maison; par leur intermédiaire l’enseignement sur le Seigneur atteignit les quartiers des femmes sans éveiller de soupçon ». Origène, son successeur écrit au sujet de l’épître aux Romains 16,2 : « Ce passage démontre avec une autorité tout apostolique que les femmes étaient désignées au ministère de l’Église ».

La Didascalie des Apôtres prétend avoir été l’enseignement des Apôtres, mais elle reflète l’Église orientale du temps. Dans ce texte on trouve en détail les devoirs de tous les échelons de la hiérarchie. Dans un chapitre sur le respect dû aux évêques (ch XXV) nous lisons : « Parce que dans votre milieu l’évêque représente Dieu tout-puissant. Mais le diacre représente le Christ; et aimez-le. Les diaconesses devraient être honorées comme l’Esprit Saint, et les presbytres, être pour vous semblables aux Apôtres ». Le texte résume ainsi : « qu’une femme diacre soit ordonnée au ministère des femmes et un homme diacre au ministère des hommes ».

On rappelle aux évêques :

« À cause de cela nous affirmons que le ministère d’une diaconesse est tout à fait nécessaire et important. Car notre Seigneur et Sauveur lui aussi fut servi par des diaconesses qui étaient : Marie – Madeleine et Marie, la fille de Jacques et la mère de José, et la mère des fils de Zébédée, et d’autres femmes encore… et toi aussi tu as besoin du ministère des diaconesses en plusieurs occasions ».

Dans les livres liturgiques antiques, en particulier dans les Constitutions Apostoliques (vers 380, en Syrie), les diaconesses font partie du clergé tandis que les veuves en sont exclues. De plus, on impose les mains sur les diaconesses et leur consécration prend place entre le diacre et le sous-diacre. Les diaconesses semblent donc avoir été ordonnées [2].

Épiphane de Salamine écrit : « Il y a bien dans l’Église l’ordre des diaconesses, mais ce n’est pas pour exercer des fonctions sacerdotales, ni pour lui confier quelque entreprise, mais pour la décence du sexe féminin, au moment du baptême ».

la diaconesse phébée

Le texte des Constitutions Apostoliques explique en détail le rite de l’ordination des femmes diaconesses. Comme le diacre, elles sont ordonnées par l’évêque en présence de tout le clergé. Il étend les mains sur elle et prie… : « puisse Dieu jeter un regard sur sa servante qui doit être ordonnée à la fonction de diaconesse et lui donner le Saint Esprit… » (VIII:20,21). Ce rite est semblable à celui de l’ordination des prêtres et, comme le clergé, elle partage à l’eulogia des offrandes eucharistiques (VIII:31).
Dans l’exercice des œuvres de charité, diacres et diaconesses sont sur un même pied. « Que les diacres soient en toutes choses, comme l’évêque lui-même; seulement ils doivent être plus actifs; que leur nombre soit proportionnel à l’importance de l’Église de sorte qu’ils puissent accomplir leur ministère auprès des malades en travailleurs qui n’ont pas honte. Et que les diaconesses soient attentives à prendre soin des femmes; mais que les deux, diacres et diaconesses, soient prêts à porter les messages, à voyager à leur sujet, à remplir leurs fonctions et à rendre service… » (III:30). 

Les Constitutions apostoliques attestent donc de la persistance d’un diaconat féminin pendant toute cette période. Avec au moins trois arguments de nature différente :

- liturgique : les candidats au baptême étaient complètement dévêtus avant d’être immergé trois fois dans l’eau. Il fallait donc des femmes pour conduire et plonger des femmes dans l’eau du baptême, par pudeur.

- missionnaire : pour rentrer dans les maisons, les pièces, les univers des femmes, les hommes étaient interdits. Seules des femmes pouvaient s’adresser à d’autres femmes, pour annoncer l’Évangile, accompagner, fortifier. Un ministère de la prédication au féminin en somme.

- symbolique : l’Esprit Saint est féminin en hébreu (ruah YHWH). L’action de l’Esprit dans l’Église est donc portée par une symbolique féminine : intériorité, inspiration, assurance missionnaire (parresia) etc.

 

Dans la partie orientale de l’Église, le diaconat féminin s’est développé jusqu’aux VIII° et IX° siècles. Beaucoup de femmes diacres sont mentionnées par le calendrier de l’Église Orthodoxe comme des saintes à vénérer.

À côté de la diaconie du Christ, masculine, il doit donc exister la diaconie de l’Esprit, féminine, pour que la symbolique trinitaire soit complète.

 

Après les trois premiers siècles

Peu à peu, le diaconat féminin tomba en désuétude, aussi bien en Orient qu’en Occident. Deux raisons au moins provoquèrent ce recul :

- le baptême des enfants se substitua à celui des adultes, rendant inutile le ministère liturgique des diaconesses.

- la ‘sacerdotalisation’ du ministère rapprocha les théologiens des positions juives sur les impuretés rituelles (cf. livre du Lévitique par exemple) au nom de laquelle on finit par écarter totalement les femmes des autels.

Sans oublier ce que Yves Congar appelait le « déficit pneumatologique de l’Église » en Occident, qui a conduit à survaloriser la médiation christique au détriment de la mission de l’Esprit Saint.

La figure féminine devint exclusivement celle de Marie, vierge et mère, en oubliant celle des femmes qui accompagnaient Jésus, le servaient, géraient l’argent de l’Église et participaient à l’élan missionnaire, jusqu’à prêcher l’Évangile aux côtés des apôtres.

 

Qu’apporterait un diaconat féminin aujourd’hui ?

Précisons d’abord que, comme pour le diaconat masculin, son rétablissement serait laissé au discernement des conférences épiscopales locales. Ainsi les Églises d’Afrique, bénéficiant depuis longtemps la présence de catéchistes au ministère irremplaçable, n’ont pas souhaité rétablir le diaconat permanent comme Vatican II leur en offrait la possibilité. Gageons qu’il en serait de même pour un diaconat féminin.

Afficher l'image d'origineMais en Occident, avec la montée en puissance du rôle des femmes dans la société et dans l’Église, véritable signe des temps selon Jean XXIII, l’attente est énorme. Car l’inégalité dans l’Église est trop importante entre hommes et femmes, à cause du ministère seulement détenu par les premiers, qui leur confère inéluctablement une domination, une primauté, un pouvoir de décision et de gestion dont seules quelques miettes tombent actuellement dans la mission des milliers de femmes activement responsables au quotidien de la vie ecclésiale (catéchèse, aumônerie, animation liturgique, charité etc.).

Au-delà de la seule égalité, c’est également la prédication qui a besoin de retrouver sa composante féminine. Déjà de grandes voix, de grands écrits de théologiennes commencent à marquer l’exégèse, la réflexion morale, etc. Mais, le dimanche à la messe paroissiale comme autour d’un feu de camp de guides ou autour de malades rassemblés dans la chapelle de l’hôpital, une lecture au féminin des textes de la messe devient urgente :

- parce que partout ailleurs, dans la vie professionnelle, associative, politique, de telles voix font entendre combien hommes et femmes s’apportent mutuellement lorsqu’ils concourent ensemble à une même mission.

- parce que l’Église doit témoigner de son espérance eschatologique d’un temps où « il n’y a plus ni l’homme ni la femme », comme l’écrit Paul sans en tirer toutes les conséquences.

- parce que les vieilles obsessions lévitiques sur l’impureté rituelle ne sont plus de mise, depuis que Jésus a déclaré pure toute la création :

« Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l’homme ne peut le souiller, parce que cela ne pénètre pas dans le coeur, mais dans le ventre, puis s’en va aux lieux d’aisance ? (ainsi il déclarait purs tous les aliments).  Il disait : Ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. Car c’est du dedans, du coeur des hommes, que sortent les desseins pervers: débauches, vols, meurtres,  adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison.  Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l’homme. » (Mc 7, 18-23)

La crainte de voir des femmes s’approcher de l’autel n’est pas évangélique !

- parce que prêcher, baptiser, marier relève tout autant de l’action de l’Esprit dans le monde que de la prolongation du ministère du Christ. La dimension masculine du service au nom du Christ n’exclut pas, mais appelle au contraire la dimension féminine du service dans la force de l’Esprit (ruah YHWH) qui guérit, qui relève, qui réchauffe, qui assouplit, qui console…

 

Il y a loin d’une remarque papale lors d’une audience de religieuses à une véritable réforme remettant l’homme et la femme à égalité dans l’Église. Mais cette ouverture est trop belle pour ne pas espérer qu’un chemin soit désormais possible…

 

 


[1]. Les références suivantes doivent beaucoup au site : Femmes et Ministères.

[2]. Le mot employé pour leur ordination est  le même que dans le canon 19 du concile de Chalcédoine : cheirotonia ou  cheirathesia. Il est habituellement employé pour l’ordination de l’évêque, des presbytres et des diacres.

 

 

1ère lecture : « Le Seigneur a passé sur ton péché : tu ne mourras pas » (2 S 12, 7-10.13)
Lecture du deuxième livre de Samuel

En ces jours-là, après le péché de David, le prophète Nathan lui dit : « Ainsi parle le Seigneur Dieu d’Israël : Je t’ai consacré comme roi d’Israël, je t’ai délivré de la main de Saül, puis je t’ai donné la maison de ton maître, j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître ; je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas assez, j’ajouterai encore autant. Pourquoi donc as-tu méprisé le Seigneur en faisant ce qui est mal à ses yeux ? Tu as frappé par l’épée Ourias le Hittite ; sa femme, tu l’as prise pour femme ; lui, tu l’as fait périr par l’épée des fils d’Ammone. Désormais, l’épée ne s’écartera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Ourias le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. » David dit à Nathan : « J’ai péché contre le Seigneur ! » Nathan lui répondit : « Le Seigneur a passé sur ton péché, tu ne mourras pas. »

Psaume : Ps 31 (32), 1-2, 5abcd, 5ef.7, 10bc-11

R/ Enlève, Seigneur, l’offense de ma faute. (cf. Ps 31, 5e)

Heureux l’homme dont la faute est enlevée,
et le péché remis !
Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense,
dont l’esprit est sans fraude !

Je t’ai fait connaître ma faute,
je n’ai pas caché mes torts.
J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur
en confessant mes péchés. »

Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute.
Tu es un refuge pour moi,
mon abri dans la détresse,
de chants de délivrance, tu m’as entouré.

L’amour du Seigneur entourera
ceux qui comptent sur lui.
Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes !
Hommes droits, chantez votre allégresse !

2ème lecture : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 16.19-21)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates

Frères, nous avons reconnu que ce n’est pas en pratiquant la loi de Moïse que l’homme devient juste devant Dieu, mais seulement par la foi en Jésus Christ ; c’est pourquoi nous avons cru, nous aussi, au Christ Jésus pour devenir des justes par la foi au Christ, et non par la pratique de la Loi, puisque, par la pratique de la Loi, personne ne deviendra juste. Par la Loi, je suis mort à la Loi afin de vivre pour Dieu ; avec le Christ, je suis crucifié. Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. Il n’est pas question pour moi de rejeter la grâce de Dieu. En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien.

Evangile : « Ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour » (Lc 7, 36 – 8, 3)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Près du Seigneur est l’amour, près de lui, abonde le rachat.
Alléluia. (Ps 129, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, un pharisien avait invité Jésus à manger avec lui. Jésus entra chez lui et prit place à table. Survint une femme de la ville, une pécheresse. Ayant appris que Jésus était attablé dans la maison du pharisien, elle avait apporté un flacon d’albâtre contenant un parfum. Tout en pleurs, elle se tenait derrière lui, près de ses pieds, et elle se mit à mouiller de ses larmes les pieds de Jésus. Elle les essuyait avec ses cheveux, les couvrait de baisers et répandait sur eux le parfum.
En voyant cela, le pharisien qui avait invité Jésus se dit en lui-même : « Si cet homme était prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est : une pécheresse. »
Jésus, prenant la parole, lui dit : « Simon, j’ai quelque chose à te dire. – Parle, Maître. » Jésus reprit : « Un créancier avait deux débiteurs ; le premier lui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ni l’un ni l’autre ne pouvait les lui rembourser, il en fit grâce à tous deux. Lequel des deux l’aimera davantage ? » Simon répondit : « Je suppose que c’est celui à qui on a fait grâce de la plus grande dette. – Tu as raison », lui dit Jésus. Il se tourna vers la femme et dit à Simon : « Tu vois cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as pas versé de l’eau sur les pieds ; elle, elle les a mouillés de ses larmes et essuyés avec ses cheveux. Tu ne m’as pas embrassé ; elle, depuis qu’elle est entrée, n’a pas cessé d’embrasser mes pieds. Tu n’as pas fait d’onction sur ma tête ; elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds. Voilà pourquoi je te le dis : ses péchés, ses nombreux péchés, sont pardonnés, puisqu’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. » Il dit alors à la femme : « Tes péchés sont pardonnés. » Les convives se mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme, qui va jusqu’à pardonner les péchés ? » Jésus dit alors à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix ! » Ensuite, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources.
Patrick BRAUD

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