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13 janvier 2016

Intercéder comme Marie

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Intercéder comme Marie

Cf. également :

La hiérarchie des charismes

Jésus que leur joie demeure

 

Homélie du 2° dimanche du temps ordinaire / Année C
17/01/2015

 

Comment prier pour les autres ? Où peut en trouver une école d’intercession ?

L’épisode des noces de Cana nous donne une référence solide : la mère de Dieu elle-même.

 

1. Partir du lien qui nous unit

Lisez attentivement comment elle intervient dans ce premier signe qui manifeste la gloire de Jésus à Cana. Elle n’est citée que trois fois dans ce passage, et toujours en tant que mère.

C’est peut-être un premier indice : si vous voulez intercéder pour quelqu’un, il faut d’abord partir de votre responsabilité, votre lien avec lui ou elle. Ici, c’est bien au titre de sa vocation de mère que Marie intervient. Nous, c’est parce que nous sommes parents, amis, voisins, collègues… de ceux que nous voulons porter dans la prière.

Cette identité de mère lui est d’ailleurs contestée par Jésus : « femme, que me veux-tu ? » Les commentaires les plus fins de cette réplique cinglante l’interprètent comme la vraie naissance de Jésus dans l’évangile de Jean : lorsque Marie accepte que son fils existe par lui-même, c’est comme si elle accouchait symboliquement de son enfant. Acceptant d’être femme, à juste distance de son fils, elle devient authentiquement mère en écoutant sa parole et en s’y conformant. « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère et une soeur et une mère » (Mt 12,49).

Voilà donc une première piste pour intercéder : partir du lien qui nous unit à ceux que nous voulons présenter devant Dieu, en acceptant que ce lien soit retravaillé, transformé, accompli par le fait même de l’exposer à la parole de Dieu dans la prière.

Afficher l'image d'origineLes Noces de Cana. Vers 1384-90.
Fresque du transept sud de l’église du Saint-Sauveur
à Tsalenjikha en Géorgie. 

Les trois mentions de Marie à Cana sont très sobres :

- la mère de Jésus était là

- la mère de Jésus lui dit : ils n’ont plus de vin

- sa mère dit aux serviteurs : faites tout ce qui vous dira.

Cela suffit pourtant à nous enraciner dans une belle attitude d’intercession à la manière de Marie.

 

2. Être là

Afficher l'image d'origineÇa n’a l’air de rien, mais la première condition de l’intercession est rarement remplie : être là.

Au temps de Jésus, cela signifiait être présent physiquement, s’être déplacé pour aller voir celui qui a besoin de nous, que ce soit ici à Cana pour partager une grande joie ou plus tard à Béthanie pour aller voir Lazare etc.

Au XXI° siècle, être là pour l’autre passe bien sûr par la présence physique - et Dieu sait combien elle est toujours déterminante - mais également par la présence vocale, écrite, audiovisuelle etc. Une lettre, un coup de fil, un mail, un audio-call avec Skype, un chat sur Facebook, une photo sur Instagram… : les moyens ne manquent pas de prouver à l’autre que nous sommes avec lui, et d’éprouver ainsi sa détresse et son manque.

Chacun en fait un jour l’expérience : lorsque la maladie est trop dure ou dure trop longtemps, lorsque la galère devient honteuse homme et socialement déclassante, lorsque les ennuis deviennent très sérieux, beaucoup de relations ‘ne sont plus là’, c’est-à-dire ne répondent plus présent à nos appels à l’aide, surtout s’ils ne sont pas explicites. Il y a mille  manières de détourner la tête et d’aller ailleurs. Il y a mille excuses qui permettent de ne pas se compromettre.

Être là, comme Marie sortie de chez elle pour répondre à l’invitation de Cana, est la première attitude de ceux qui veulent intercéder.

 

3. Présenter à Dieu le constat de la situation

Afficher l'image d'origine« Ils n’ont plus de vin ». Ce n’est pas une demande de la part de Marie : c’est un constat. Adressée à son fils, il résonne non pas comme une injonction, mais comme une grande confiance.

« Cela vaut la peine d’approfondir un peu plus la compréhension de ce passage évangélique : pour mieux comprendre Jésus et Marie, mais précisément aussi pour apprendre de Marie à prier de manière juste. Marie n’adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). En Terre Sainte, les noces étaient fêtées pendant une semaine entière; tout le village y participait, et l’on consommait donc de grandes quantités de vin. Or, les époux se trouvent en difficulté, et Marie le dit simplement à Jésus. Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Nous constatons ainsi deux choses dans les simples paroles de la Mère de Jésus : d’une part, sa sollicitude affectueuse pour les hommes, l’attention maternelle avec laquelle elle perçoit la situation difficile d’autrui; nous voyons sa bonté cordiale et sa disponibilité à aider. […]

Mais à ce premier aspect très familier à tous s’en ajoute un autre, qui nous échappe facilement : Marie remet tout au jugement du Seigneur. »

Extrait de l’homélie de Benoît XVI à Alttoting (Allemagne), 11 septembre 2006

Cf. http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/benoit-xvi-commente-les-noces-de-cana#sthash.z8jv7cIE.dpuf

C’est comme si Marie disait à Jésus : ‘tu as vu ce que j’ai vu ? Ce n’est pas à moi de te dicter ce qu’il faut faire pour les mariés, tu le sais mieux que moi. Je ne te demande pas ceci ou cela en particulier. Personne ne sait ce qui est le mieux pour l’autre ou pour lui-même. Mais, simplement, avec confiance, j’attire ton attention sur telle situation qui va devenir douloureuse. Je remets entre tes mains ces nouveaux mariés dont la joie est compromise. Fais pour le mieux.

 

La véritable prière de demande est bien celle-là : non pas ‘donne-moi ceci ou cela’, mais vois  là où j’en suis, là où il en est, et agit selon ton cœur’. C’est ce que les autres évangélistes appellent demander l’Esprit Saint plutôt que de demander du pain du poisson ou une pierre.

 

4. Laisser le Christ agir

« Faites tout ce qui vous dira ».

Marie ignore comment son fils va réagir. Elle ne sait pas s’il va intervenir directement ou non. Elle crée seulement les conditions de son action. Elle dégage les obstacles éventuels. On dirait aujourd’hui qu’elle crée un environnement propice à la résolution du problème. Attendre avec confiance l’action du Christ en faveur de celui pour qui j’intercède, sans chercher à la maîtriser, mais en m’engageant pour que soit possible : voilà la troisième et dernière attitude de Marie intercesseuse…

C’est la célèbre spiritualité du laisser-faire (Dieu), ou du non-agir (qui est une action véritable, cf. Le management du non-agir et « Laisse faire » : éloge du non-agir )

 

Les noces de Cana. Miniature du Codex Egbert.  Entre 980 et 993. Trèves. Stadtbibliothek. Les noces de Cana. Miniature du Codex Egbert.
Entre 980 et 993. Trèves. Stadtbibliothek. 


Intercéder pour l’autre (et pas seulement ceux que nous aimons instinctivement, rappelons-le !) est donc un cheminement spirituel qui peut s’inspirer de Marie à Cana :

- partir du lien qui nous unit en acceptant qu’il soit remodelé dans et par cette  intercession.

- être la, physiquement, au bout du fil, du stylo ou du clavier, faire le déplacement intérieur qui permet d’être aux côtés (à côté) de l’autre.

- présenter à Dieu le constat de la détresse de l’autre, sans exercer de pression, avec confiance.

- laisser le Christ agir tout en créant les conditions de possibilité de son action.

 

5. Être comme Marie : un catalyseur

Ajoutons juste que Marie ne s’attribue aucune gloire du signe de Cana. Elle n’a été qu’un catalyseur amorçant la réaction de Jésus.

Dans une réaction chimique, un catalyseur est une substance différente des deux substances en présence, sans laquelle il n’y aurait aucune interaction entre les deux. Le catalyseur se combine avec l’une pour réagir ensuite avec l’autre, mais à l’issue de la réaction chimique il est à nouveau distinct du composé final, comme s’il n’y avait été pour rien. C’est bien là le rôle de l’intercesseur-catalyseur : favoriser l’action de Dieu pour l’autre, et se retirer lorsqu’elle est accomplie.

 

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Que Marie de Cana nous inspire une intercession fidèle à l’Esprit de Dieu dont elle était remplie !

 

 

1ère lecture : « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari » (Is 62, 1-5)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.

Psaume : Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac

R/ Racontez à tous les peuples les merveilles du Seigneur !

(Ps 95, 3)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur, la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi !
Il gouverne les peuples avec droiture.

2ème lecture : « L’unique et même Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier » (1 Co 12, 4-11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier.

Evangile : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée » (Jn 2, 1-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Dieu nous a appelés par l’Évangile à entrer en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ.
Alléluia. (cf. 2 Th 2, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Patrick BRAUD

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