L'homélie du dimanche (prochain)

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27 janvier 2016

Les djihadistes n’ont pas lu St Paul !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Les djihadistes n’ont pas lu saint Paul !

Cf. également :

La grâce étonne ; c’est détonant !
Un nuage d’inconnaissance
La hiérarchie des charismes

Homélie pour le 4° dimanche du temps ordinaire / Année C
31/01/2016


Le documentaire de  intitulé « Salafiste » fait polémique en France, depuis sa sortie en salle ce Mercredi 27/01/2016. Fallait-il montrer ces images terribles du Mali ? Fallait-il donner la parole à des lettrés défendant tranquillement l’application de la Charia ? L’Express titrait hier : ‘Pourquoi il faut voir « Salafistes« , documentaire brut, brutal, mais éclairant’, alors que le ministère de la Culture interdisait le film aux moins de 18 ans.

Au moins la question est posée :

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Comment peut-on tuer au nom d’un dieu d’amour ?

Comment peut-on crier Allah Akbar en mitraillant des innocents à la kalachnikov ?

Comment peut-on se dire croyant, soumis à Dieu (islam = soumission) et appuyer sur le détonateur qui vous transforme en bombe humaine au milieu de la foule ?

Cette contradiction entre la foi et l’amour est terrible.

Elle vient de loin. Elle a déjà marqué l’histoire de l’Occident, à travers notamment les guerres de religion. L’indifférence religieuse du Sud-Ouest de la France par exemple remonte en grande partie à ces périodes troublées où protestants et catholiques se massacraient au nom de leurs croyances, de Béziers à la Rochelle, d’Albi à Toulouse…

Dans notre deuxième lecture, saint Paul ne parle pas seulement de foi, ni même d’amour, mais des trois : foi/amour/espérance. Voyons pourquoi.

 

1. La foi seule est meurtrière

Les djihadistes sont bel et bien mus par des raisons proprement religieuses, en plus des autres. Les belles âmes qui en France ne veulent voir que des racines sociales ou géopolitiques aux attentats de Daech ont du mal à intégrer cette dimension religieuse. Certes, de manière très marxiste, on peut expliquer pour une part ces comportements suicidaires par nombre de facteurs sociaux : les territoires perdus de la République, le chômage massif parmi les jeunes de la troisième génération d’immigrés, les siècles de colonialisme, les guerres injustes en Iran Irak Syrie Libye, le délitement des familles, la faillite de l’école etc. Si elles comportent leur part de vérité, ces explications matérialistes passent pourtant à côté de l’essentiel. Ceux qui tuent et se tuent le font au nom d’Allah, en étant persuadés de lui obéir, en bons musulmans soumis à la parole divine telle que le Coran est censé la retranscrire. Et les textes du Coran prônant le meurtre au nom de la foi en Allah sont légion :

Sourate 2,191. Et tuez-les, où que vous les rencontriez; et chassez-les d’où ils vous ont chassés: l’association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants.

Sr2,193. Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit entièrement à Allah seul. S’ils cessent, donc plus d’hostilités, sauf contre les injustes.

Sr3,10. Ceux qui ne croient pas, ni leur biens ni leurs enfants ne les mettront aucunement à l’abri de la punition d’Allah. Ils seront du combustible pour le Feu.

Sr3,157. Et si vous êtes tués dans le sentier d’Allah ou si vous mourez, un pardon de la part d’Allah et une miséricorde valent mieux que ce qu’ils amassent.

Sr3,158. Que vous mouriez ou que vous soyez tués, c’est vers Allah que vous serez rassemblés.

Sr4,74. Qu’ils combattent donc dans le sentier d’Allah, ceux qui troquent la vie présente contre la vie future. Et quiconque combat dans le sentier d’Allah, tué ou vainqueur, Nous lui donnerons bientôt une énorme récompense.

Tant que ces passages du Coran et bien d’autres semblables seront lus de manière littéraliste, sans exégèse historico-critique, la foi musulmane sera une source de dérive assassine, évidemment en contradiction avec le coeur de la foi chrétienne : Dieu est amour. Mais il faut pour cela remettre en cause le statut du texte du Coran, qui n’est sûrement pas la parole divine dictée à Mohamed, mais une compilation de rédactions successives de textes inspirés par leur contexte du VII° siècle en Arabie.

Des chrétiens ont eux-mêmes été capables de cette contradiction terrible, avant que la recherche scientifique des XVIII° et XIX° siècles sur la Bible ne leur permette de lire l’Ancien Testament et le Nouveau Testament autrement. Il faut se reporter à l’affaire Galilée et ensuite à la crise moderniste pour comprendre les siècles de débats dont l’Église a eu besoin pour finalement accepter de ne pas lire le texte au pied de la lettre.

Au nom de certitudes textuelles, crucifier les apostats, couper la main aux voleurs, lapider  les adultères ou imposer l’islam de force sont perçus par les fous de Dieu comme des exigences d’une foi sincère et conforme au Coran. Leur amour de Dieu prime sur l’amour des autres.

La foi seule devient idéologie, violence et domination de ceux qui ne partagent pas cette foi, le tout au nom de la vérité suprême qui est Dieu en personne :

Sr4,89. Ils aimeraient vous voir mécréants, comme ils ont mécru: alors vous seriez tous égaux! Ne prenez donc pas d’alliés parmi eux, jusqu’à ce qu’ils émigrent dans le sentier d’Allah. Mais s’ils tournent le dos, saisissez-les alors, et tuez-les où que vous les trouviez; et ne prenez parmi eux ni allié ni secoureur.

2. Feuerbach : foi et amour sont contradictoires

Afficher l'image d'origineEn 1841, Ludwig Feuerbach publie un essai qui va révolutionner l’Occident : L’essence du christianisme. Il y explicite les fondements de l’humanisme moderne, qui dénonce la foi en Dieu comme source d’intolérance. Son raisonnement est rigoureux, et hante encore aujourd’hui l’inconscient collectif européen : la foi seule est meurtrière. Car elle sépare les hommes en croyants et mécréants ; seul l’amour de l’humanité pour elle-même peut surmonter les divisions et les conflits inéluctables inéluctablement engendrés par les religions.

« La foi porte nécessairement à la haine, la haine à la persécution, dès que la puissance de la foi ne trouve pas de résistance, ne se brise pas contre une puissance étrangère, celle de l’amour, de l’humanité, du sentiment du droit. La foi, par elle-même, s’élève au-dessus des lois de la morale naturelle ; sa doctrine est la doctrine des devoirs envers Dieu, et le premier devoir est la foi.
Autant Dieu est au-dessus de l’homme, autant les devoirs envers Dieu sont au-dessus des devoirs envers l’homme, et ces devoirs entrent nécessairement en collision les uns avec les autres. »

« L’amour nous révèle l’essence intime, la foi révèle la forme. L’amour identifie Dieu et l’homme et unit les hommes entre eux ; la foi sépare l’homme de Dieu et les hommes les uns des autres ; car Dieu n’est que l’idée mystique de l’espèce, de l’humanité, et sa séparation d’avec l’homme entraîne nécessairement la séparation de l’homme d’avec son semblable, la destruction du lien social. Par la foi la religion se met en contradiction avec la raison, la moralité, le sens du vrai chez l’homme ; par l’amour elle cherche à rétablir l’accord ; la foi isole Dieu, fait de lui un être particulier; l’amour généralise, il fait de Dieu un être universel dont l’amour ne fait qu’un avec l’amour de l’homme. »

Avec brio, Feuerbach renverse alors la proposition centrale du christianisme : Dieu est amour, en : l’amour est Dieu.

« Dieu est l’amour. Cette proposition est la plus belle du christianisme. Mais la contradiction de l’amour et de la foi y est déjà contenue. L’amour n’est qu’un attribut, Dieu est le sujet. Mais qu’est le sujet indépendamment de son attribut ? C’est là une question que je ne puis m’empêcher de faire. Je ne la ferais pas s’il était dit, au contraire : l’amour est Dieu, l’amour est l’être suprême. Dans la première proposition le sujet est le fond obscur derrière lequel se cache la foi; l’attribut est la lumière par laquelle il est éclairé. Dans l’attribut j’affirme l’amour, dans le sujet la foi. »

Feuerbach en tire la conclusion logique que le véritable humanisme est celui qui se passe de la référence à un Dieu personnel, toujours source de clivages et d’exclusion de ceux qui ne croient pas en lui. La seule référence universelle est selon lui l’amour de l’homme pour lui-même, et c’est cet absolu qui prend alors le relais de l’ancienne notion de Dieu. Marx a repris cette thèse en la transformant en athéisme. Le petit père Combes l’a reprise en France pour séparer l’Église et l’État, et promouvoir la laïcité comme privatisation de la foi afin d’éviter la violence dans le domaine public.

 

3. L’espérance : le troisième terme pour sortir de la contradiction foi / amour

Le génie de Paul est de ne pas laisser la foi et l’amour en face-à-face. Il résout leur  antagonisme en apportant un troisième terme qui vient assumer le meilleur de l’opposition entre la foi et l’amour.

« Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1Co 13,13).

Afficher l'image d'origineDe manière quasi hégélienne - pourrait-on dire avec anachronisme - Paul fait de l’espérance le troisième terme qui vient empêcher la radicalisation des deux autres.

L’espérance indique un pas encore qui empêche d’enfermer quelqu’un dans une attitude actuelle de foi ou de non-foi. Espérer pour l’autre, quel qu’il soit, même et surtout s’il est mon pire ennemi, même s’il est le djihadiste qui a commis l’irréparable, c’est ne pas le vouer à l’enfer, mais laisser ouvert le chemin de sa rédemption. L’espérance empêche la foi de dégénérer en idéologie, car la certitude n’est alors plus de ce monde. Elle réintroduit entre la foi et l’amour cette juste distance qui leur permet de garder une tension féconde : ni trop près, car ce serait vouloir établir le royaume de Dieu sur terre (avec comme conséquence une violence injustifiable ; cf. le Christ refusant d’utiliser la force pour rétablir son règne) ; ni trop loin car ce serait renoncer à un véritable au-delà (au-delà de nos divisions actuelles, au-delà de nos convictions différentes, au-delà de la mort physique…).

L’espérance est ce troisième terme qui permet l’assomption (l’Aufhebung hégélienne) du conflit foi-amour en une aventure imprédictible. Poincaré a montré que si l’interaction de deux corps était parfaitement prévisible en physique, celle de trois corps est par contre radicalement indéterminée… Cette incertitude, liée à l’espérance, redonne le jeu nécessaire à l’articulation de la foi et de l’amour.

La triade des vertus théologales a donc un enjeu social majeur pour nos sociétés occidentales.

Hélas, les djihadistes ne lisent ni saint Paul, ni Feuerbach, ni Hegel… sinon ils sauraient… qu’ils ne savent pas.

Que l’Esprit du Christ nous montre à chacun comment mettre en mouvement dans notre vie cette dialectique ternaire : pas la foi seule / pas l’amour impersonnel / mais une dynamique féconde qui laisse l’avenir ouvert grâce à l’espérance en Dieu et en tout homme.

 

 

1ère lecture : « Je fais de toi un prophète pour les nations » (Jr 1, 4-5.17-19)
Lecture du livre du prophète Jérémie

Au temps de Josias, la parole du Seigneur me fut adressée : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. »

Psaume : Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17

R/ Sans fin, je proclamerai ta justice et ton salut. (cf. Ps 70, 15)

En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.

Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !

Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.

Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.

2ème lecture : « Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité » (1 Co 12, 31 – 13, 13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence.
J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.

Evangile : Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs (Lc 4, 21-30)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia. (Lc 4, 18cd)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre » Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même’, et me dire : ‘Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Patrick BRAUD

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20 janvier 2016

Saules pleureurs

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Saules pleureurs

Cf. également :

L’Aujourd’hui de Dieu dans nos vies
L’événement sera notre maître intérieur

Homélie du 3° dimanche du temps ordinaire / Année C
24/01/2015

Afficher l'image d'origineNous admirons souvent ces amples panaches verts au bord des fleuves : les saules pleureurs font partie de ces arbres à la puissance évocatrice impressionnante. On dirait qu’ils tirent du flux du courant à leur pied une grâce nonchalante dont les branches-lianes s’épanouissent en courbes majestueuses, en paraboles vert tendre retombant vers la rivière. Pourquoi nous faut-il penser aux larmes au point de les appeler pleureurs ? Peut-être parce que de la sève ou de l’eau de condensation peuvent s’écouler des feuilles et des branches en quantité abondante. Peut-être parce que ces branches semblent couler comme des larmes vers le fleuve…

En tout cas, le peuple écoutant la Loi proclamée et interprétée (cf. première lecture Ne 8,2-10) devient comme les saules pleureurs le long de nos rives. Il boit les paroles découlant des textes, il est touché par l’interprétation qu’en font les lévites, il est ému aux larmes lorsqu’il ressent l’actualité de ce message pour lui aujourd’hui.

 

Avez-vous jamais pleuré en écoutant ou lisant la Bible ?

Pleuré au point de laisser réellement couler ces perles d’abandon que sont les larmes du peuple écoutant Esdras ?

Vous avez sans doute pleuré devant un paysage à couper le souffle, ou quand une musique vous perce le coeur, ou devant l’être aimé qui vous comble de bonheur… Mais avez-vous souvenir d’une telle émotion à la lecture d’un passage biblique, à l’audition d’une homélie sur des lectures du dimanche, à l’écho qu’une parole de Dieu a suscité en vous ? Si non, priez instamment pour que ce don des larmes vous soit fait avant de mourir ! Celui qui est imperméable à la parole biblique au point de la laisser ruisseler sur lui comme sur les plumes d’un canard sans jamais en être inondé peut-il vraiment en vivre ? Comment un saule pourrait-il s’épanouir s’il n’était plus pleureur grâce à ses racines puisant l’eau du fleuve ?

 

Le don des larmes

Les siècles précédents faisaient l’éloge de ce don des larmes. Blaise Pascal notamment sur ses bouts de papier cousus dans la doublure de son vêtement en guise de témoins de sa conversion : « Joie, joie, joie, pleurs de joie »…

Les mystiques racontent avec pudeur comment certains passages de la Bible ont rompu en eux les digues intérieures qui cherchaient à maîtriser et contenir la grâce et la joie.

Dans la première lecture, le peuple pleure de contrition, car la parole de Dieu lui révèle son péché d’idolâtrie à l’origine de son exil à Babylone, et en même temps il pleure de joie, car le salut lui est donné par le Dieu d’Israël.

Pleurer est l’une des expériences les plus bouleversantes qu’il nous soit donné de vivre (cf. Et Jésus pleura).

Là, nous lâchons prise, enfin.

Là, nous consentons à nous-mêmes, vraiment.

« L’âme est émue de pleurs de joie. L’esprit conçoit une joie ineffable qui ne peut plus être cachée et qu’aucun mot ne peut exprimer… Il n’est pas dit ‘Heureux le peuple qui dit sa joie’, mais qui la connaît – cette joie qui peut être connue ne peut se dire. Elle est ressentie mais elle est bien au-delà de tout sentiment. La conscience de celui qui la ressent ne suffit pas à la contempler, comment pourrait-elle jamais l’exprimer. Je verrai ta face dans l’allégresse (Jb 33, 26).
Grégoire le Grand, Moralia 23, 10

Ces larmes nous lavent de nos souillures, puis fertilisent le terreau de nos vies pour s’épanouir en arabesques aussi belles que les lianes du saule…

 

Saül pleureur ?

Saül a-t-il pleuré lors de son éblouissante rencontre du Ressuscité ? Le jeu de mots est tentant… On sait juste que ses yeux ont été touchés, d’une autre manière, par des écailles lui ôtant la vue. L’eau du baptême a ruisselé sur sa tête après que ces écailles soient  tombées : les larmes sacramentelles de l’Église ont coulé sur les yeux de Saül délivrés de leur carapace aveuglante.

« Les larmes du cœur, c’est ce qui distingue le fait extérieur des faits intérieurs. Vous savez que les hypocrites ne savent pas pleurer. Ils ont oublié comment pleurer, ils ne demandent pas le don des larmes » (Pape François, pour le Mercredi des Cendres 2015).

Être comme des saules pleureurs est donc l’un des enjeux de la vie spirituelle ! Cela demande du lâcher-prise, de la familiarité avec ses propres émotions.

 

Des pleurs à Nazareth ?

Les yeux des habitants de Nazareth sont fixés sur Jésus venant de proclamer le livre d’Isaïe (Lc 4,14-21). Certains ont-ils pleuré en entendant cet enfant du pays déclarer  accomplir la prophétie ? « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Ceux-là deviendront disciples. Les autres voudront éliminer celui qui se prétend prophète en son pays.

 

Devant quoi, devant qui pleurons-nous ?

Afficher l'image d'origineQuelles paroles nous émeuvent aux larmes ?

Gravons précieusement en mémoire, comme Pascal les cousant dans sa doublure, ces  moments si précieux où l’Écriture nous est devenue parole bouleversante.
Dans les moments de doute, revenons à ces pleurs de joie.
Dans les temps d’épreuve, ouvrons à nouveau ces réservoirs de confiance.
Et si par bonheur l’indicible nous submerge encore à nous faire pleurer à chaudes larmes, souvenons-nous de ces saules somptueux qui transforment le courant en frondaison magnifique…

 

1ère lecture : « Tout le peuple écoutait la lecture de la Loi » (Ne 8, 2-4a.5-6.8-10)
Lecture du livre de Néhémie

En ces jours-là, le prêtre Esdras apporta le livre de la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois. Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.

 Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les Lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »

Psaume : Ps 18 (19), 8, 9, 10, 15

R/ Tes paroles, Seigneur, sont esprit
et elles sont vie. 
(cf. Jn 6, 63c)

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

2ème lecture : « Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps » (1 Co 12, 12-30)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, prenons une comparaison : notre corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. Le corps humain se compose non pas d’un seul, mais de plusieurs membres.

Le pied aurait beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait cependant partie du corps. L’oreille aurait beau dire : « Je ne suis pas l’œil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait cependant partie du corps. Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? En fait, il y a plusieurs membres, et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ». Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie.

Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps.

Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison, d’assistance, de gouvernement, le don de parler diverses langues mystérieuses. Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ; tout le monde n’a pas à faire des miracles, à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter.

Evangile : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture »(Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
annoncer aux captifs leur libération.
Alléluia. (Lc 4, 18cd)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus. En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre »
Patrick BRAUD

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13 janvier 2016

Intercéder comme Marie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Intercéder comme Marie

Cf. également :

La hiérarchie des charismes

Jésus que leur joie demeure

 

Homélie du 2° dimanche du temps ordinaire / Année C
17/01/2015

 

Comment prier pour les autres ? Où peut en trouver une école d’intercession ?

L’épisode des noces de Cana nous donne une référence solide : la mère de Dieu elle-même.

 

1. Partir du lien qui nous unit

Lisez attentivement comment elle intervient dans ce premier signe qui manifeste la gloire de Jésus à Cana. Elle n’est citée que trois fois dans ce passage, et toujours en tant que mère.

C’est peut-être un premier indice : si vous voulez intercéder pour quelqu’un, il faut d’abord partir de votre responsabilité, votre lien avec lui ou elle. Ici, c’est bien au titre de sa vocation de mère que Marie intervient. Nous, c’est parce que nous sommes parents, amis, voisins, collègues… de ceux que nous voulons porter dans la prière.

Cette identité de mère lui est d’ailleurs contestée par Jésus : « femme, que me veux-tu ? » Les commentaires les plus fins de cette réplique cinglante l’interprètent comme la vraie naissance de Jésus dans l’évangile de Jean : lorsque Marie accepte que son fils existe par lui-même, c’est comme si elle accouchait symboliquement de son enfant. Acceptant d’être femme, à juste distance de son fils, elle devient authentiquement mère en écoutant sa parole et en s’y conformant. « Car quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère et une soeur et une mère » (Mt 12,49).

Voilà donc une première piste pour intercéder : partir du lien qui nous unit à ceux que nous voulons présenter devant Dieu, en acceptant que ce lien soit retravaillé, transformé, accompli par le fait même de l’exposer à la parole de Dieu dans la prière.

Afficher l'image d'origineLes Noces de Cana. Vers 1384-90.
Fresque du transept sud de l’église du Saint-Sauveur
à Tsalenjikha en Géorgie. 

Les trois mentions de Marie à Cana sont très sobres :

- la mère de Jésus était là

- la mère de Jésus lui dit : ils n’ont plus de vin

- sa mère dit aux serviteurs : faites tout ce qui vous dira.

Cela suffit pourtant à nous enraciner dans une belle attitude d’intercession à la manière de Marie.

 

2. Être là

Afficher l'image d'origineÇa n’a l’air de rien, mais la première condition de l’intercession est rarement remplie : être là.

Au temps de Jésus, cela signifiait être présent physiquement, s’être déplacé pour aller voir celui qui a besoin de nous, que ce soit ici à Cana pour partager une grande joie ou plus tard à Béthanie pour aller voir Lazare etc.

Au XXI° siècle, être là pour l’autre passe bien sûr par la présence physique - et Dieu sait combien elle est toujours déterminante - mais également par la présence vocale, écrite, audiovisuelle etc. Une lettre, un coup de fil, un mail, un audio-call avec Skype, un chat sur Facebook, une photo sur Instagram… : les moyens ne manquent pas de prouver à l’autre que nous sommes avec lui, et d’éprouver ainsi sa détresse et son manque.

Chacun en fait un jour l’expérience : lorsque la maladie est trop dure ou dure trop longtemps, lorsque la galère devient honteuse homme et socialement déclassante, lorsque les ennuis deviennent très sérieux, beaucoup de relations ‘ne sont plus là’, c’est-à-dire ne répondent plus présent à nos appels à l’aide, surtout s’ils ne sont pas explicites. Il y a mille  manières de détourner la tête et d’aller ailleurs. Il y a mille excuses qui permettent de ne pas se compromettre.

Être là, comme Marie sortie de chez elle pour répondre à l’invitation de Cana, est la première attitude de ceux qui veulent intercéder.

 

3. Présenter à Dieu le constat de la situation

Afficher l'image d'origine« Ils n’ont plus de vin ». Ce n’est pas une demande de la part de Marie : c’est un constat. Adressée à son fils, il résonne non pas comme une injonction, mais comme une grande confiance.

« Cela vaut la peine d’approfondir un peu plus la compréhension de ce passage évangélique : pour mieux comprendre Jésus et Marie, mais précisément aussi pour apprendre de Marie à prier de manière juste. Marie n’adresse pas une véritable demande à Jésus. Elle dit simplement: « Ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). En Terre Sainte, les noces étaient fêtées pendant une semaine entière; tout le village y participait, et l’on consommait donc de grandes quantités de vin. Or, les époux se trouvent en difficulté, et Marie le dit simplement à Jésus. Elle ne demande pas une chose précise, et encore moins que Jésus exerce son pouvoir, accomplisse un miracle, produise du vin. Elle confie simplement le fait à Jésus et Lui laisse la décision sur la façon de réagir. Nous constatons ainsi deux choses dans les simples paroles de la Mère de Jésus : d’une part, sa sollicitude affectueuse pour les hommes, l’attention maternelle avec laquelle elle perçoit la situation difficile d’autrui; nous voyons sa bonté cordiale et sa disponibilité à aider. […]

Mais à ce premier aspect très familier à tous s’en ajoute un autre, qui nous échappe facilement : Marie remet tout au jugement du Seigneur. »

Extrait de l’homélie de Benoît XVI à Alttoting (Allemagne), 11 septembre 2006

Cf. http://www.mariedenazareth.com/qui-est-marie/benoit-xvi-commente-les-noces-de-cana#sthash.z8jv7cIE.dpuf

C’est comme si Marie disait à Jésus : ‘tu as vu ce que j’ai vu ? Ce n’est pas à moi de te dicter ce qu’il faut faire pour les mariés, tu le sais mieux que moi. Je ne te demande pas ceci ou cela en particulier. Personne ne sait ce qui est le mieux pour l’autre ou pour lui-même. Mais, simplement, avec confiance, j’attire ton attention sur telle situation qui va devenir douloureuse. Je remets entre tes mains ces nouveaux mariés dont la joie est compromise. Fais pour le mieux.

 

La véritable prière de demande est bien celle-là : non pas ‘donne-moi ceci ou cela’, mais vois  là où j’en suis, là où il en est, et agit selon ton cœur’. C’est ce que les autres évangélistes appellent demander l’Esprit Saint plutôt que de demander du pain du poisson ou une pierre.

 

4. Laisser le Christ agir

« Faites tout ce qui vous dira ».

Marie ignore comment son fils va réagir. Elle ne sait pas s’il va intervenir directement ou non. Elle crée seulement les conditions de son action. Elle dégage les obstacles éventuels. On dirait aujourd’hui qu’elle crée un environnement propice à la résolution du problème. Attendre avec confiance l’action du Christ en faveur de celui pour qui j’intercède, sans chercher à la maîtriser, mais en m’engageant pour que soit possible : voilà la troisième et dernière attitude de Marie intercesseuse…

C’est la célèbre spiritualité du laisser-faire (Dieu), ou du non-agir (qui est une action véritable, cf. Le management du non-agir et « Laisse faire » : éloge du non-agir )

 

Les noces de Cana. Miniature du Codex Egbert.  Entre 980 et 993. Trèves. Stadtbibliothek. Les noces de Cana. Miniature du Codex Egbert.
Entre 980 et 993. Trèves. Stadtbibliothek. 


Intercéder pour l’autre (et pas seulement ceux que nous aimons instinctivement, rappelons-le !) est donc un cheminement spirituel qui peut s’inspirer de Marie à Cana :

- partir du lien qui nous unit en acceptant qu’il soit remodelé dans et par cette  intercession.

- être la, physiquement, au bout du fil, du stylo ou du clavier, faire le déplacement intérieur qui permet d’être aux côtés (à côté) de l’autre.

- présenter à Dieu le constat de la détresse de l’autre, sans exercer de pression, avec confiance.

- laisser le Christ agir tout en créant les conditions de possibilité de son action.

 

5. Être comme Marie : un catalyseur

Ajoutons juste que Marie ne s’attribue aucune gloire du signe de Cana. Elle n’a été qu’un catalyseur amorçant la réaction de Jésus.

Dans une réaction chimique, un catalyseur est une substance différente des deux substances en présence, sans laquelle il n’y aurait aucune interaction entre les deux. Le catalyseur se combine avec l’une pour réagir ensuite avec l’autre, mais à l’issue de la réaction chimique il est à nouveau distinct du composé final, comme s’il n’y avait été pour rien. C’est bien là le rôle de l’intercesseur-catalyseur : favoriser l’action de Dieu pour l’autre, et se retirer lorsqu’elle est accomplie.

 

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Que Marie de Cana nous inspire une intercession fidèle à l’Esprit de Dieu dont elle était remplie !

 

 

1ère lecture : « Comme la jeune mariée fait la joie de son mari » (Is 62, 1-5)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Pour la cause de Sion, je ne me tairai pas, et pour Jérusalem, je n’aurai de cesse que sa justice ne paraisse dans la clarté, et son salut comme une torche qui brûle. Et les nations verront ta justice ; tous les rois verront ta gloire. On te nommera d’un nom nouveau que la bouche du Seigneur dictera. Tu seras une couronne brillante dans la main du Seigneur, un diadème royal entre les doigts de ton Dieu. On ne te dira plus : « Délaissée ! » À ton pays, nul ne dira : « Désolation ! » Toi, tu seras appelée « Ma Préférence », cette terre se nommera « L’Épousée ». Car le Seigneur t’a préférée, et cette terre deviendra « L’Épousée ». Comme un jeune homme épouse une vierge, ton Bâtisseur t’épousera. Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.

Psaume : Ps 95 (96), 1-2a, 2b-3, 7-8a, 9a.10ac

R/ Racontez à tous les peuples les merveilles du Seigneur !

(Ps 95, 3)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur, la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté.
Allez dire aux nations : Le Seigneur est roi !
Il gouverne les peuples avec droiture.

2ème lecture : « L’unique et même Esprit distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier » (1 Co 12, 4-11)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier.

Evangile : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée » (Jn 2, 1-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Dieu nous a appelés par l’Évangile à entrer en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ.
Alléluia. (cf. 2 Th 2, 14)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

 En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. »
Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Patrick BRAUD

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6 janvier 2016

De Star Wars au baptême du Christ

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

De Star Wars au baptême du Christ

 

Homélie pour la fête du baptême du Christ / Année C
10/01/2015

Cf. également :

Baptême du Christ : le plongeur de Dieu
« Laisse faire » : éloge du non-agir
Le baptême du Christ : une histoire « sandaleuse »
« Laisse faire » : l’étrange libéralisme de Jésus
Lot de consolation
Yardén : le descendeur

« Je suis ton père ».

C’est sans doute la réplique la plus célèbre du cinéma mondial, la réplique-culte déclinée à l’infini sur les réseaux sociaux. Le dernier épisode (numéro 7) de la saga Star Wars a relancé une effervescence populaire inégalée autour de ces personnages devenus mythiques [1] : Obi-Wan Kenobi, Dark Vador, Luke Skywalker, Princesse Leia, D2R2 etc.

Osservatore romano Star Wars 7

Je suis ton père

« Je suis ton père » : c’est dans l’épisode 5 (l’Empire contre-attaque) que Dark Vador fait cette révélation-choc à Luke Skywalker, au cours d’un duel au sabre laser devenu culte lui aussi, avec la mutilation de Luc juste avant sa chute sans fin dans la Cité des lumières…


« Tu es mon fils bien-aimé ».

La déclaration centrale de notre évangile du baptême du Christ est comme un anti-écho de cette aventure. Impossible de ne pas étudier le parallèle (souvent antithétique) entre Star Wars devenue une quasi religion et les Évangiles [2] ! On parle même de « jediiisme » pour ce  nouveau mouvement religieux non théiste revendiquant 500 000 membres et trois temples aux USA !

Les inspirations du réalisateur George Lucas ne sont pas d’abord chrétiennes, mais plutôt bouddhistes. « Je n’ai pas voulu inventer une religion. J’ai voulu essayer d’expliquer de façon différente les religions qui ont existé. J’ai voulu les exprimer toutes. » Le créateur de Star Wars assume parfaitement la dimension religieuse de sa saga, qu’il a évoquée à de nombreuses reprises. De parents méthodistes, mais élevé par une gouvernante luthérienne, et lui-même agnostique, George Lucas a emprunté à toutes les religions et toutes les spiritualités possibles: monothéismes, spiritualités orientales, et aussi chamanisme indien et mythologies antiques. Ainsi il n’existe pas de Dieu personnel dans la saga, mais plutôt la Force, champ d’énergie impersonnelle qui englobe tout, de manière très orientale.

D’autres inspirations sont plutôt littéraires : George Lucas s’inspire de la structure du récit du voyage du héros, développée par Joseph Campbell dans le livre ‘Le Héros aux mille et un visages’ en 1949. Il reprend notamment les éléments que l’auteur décrit comme étant les épreuves suprêmes, le paroxysme de l’aventure : le héros se retrouve face à sa plus grande peur et doit en triompher. L’une de ces épreuves est l’affrontement avec la figure du père, grâce auquel le personnage devient plus adulte et plus sage.

Afficher l'image d'originePourtant, il y a bien des parallèles - souvent à l’envers - à établir entre les personnages, leur mission, leurs noms mêmes. Par exemple, le nom du moine Yoda vient de YOD, la plus petite lettre hébraïque (traduit par iota : cf. Mt 5,8 « pas un iota de la Loi ne passera »). Le plus petit, ici bas, en apparence, est en fait le plus grand. « Un grand guerrier ? Personne par la guerre ne devient grand » dira Yoda à Luke.

Obi-Wan Kenobi viendrait de : “Oh be one. Can you be ?” = « Oh sois un. Peux-tu l’être ? » Être un, ne faire qu’un avec le grand Tout est le but ultime de la quête bouddhiste.

Le nom de Dark Vador vient de Père obscur (Dark = sombre, Vador en anglais vient de Pater = père en latin, Father en anglais). Alors que le Père de Jésus est appelé « Père des lumières ».

Quant à l’autre Jedi quasi messianique, son prénom est un clin d’oeil au réalisateur (Lucas => Luke) et son nom signifie : « celui qui marche dans le ciel » (Skywalker). À tel point que les premières versions françaises voulaient le traduire en l’appelant au… Luc Courleciel ! (traduction heureusement abandonnée très vite). La différence avec le nom de Jésus là encore est flagrante : au lieu de se référer à ses propres pouvoirs (comme celui de maîtriser la Force pour Luke), au lieu d’être auto-centré, le nom de Jésus est hétéro-centré. Il renvoie à un autre que lui-même, qui seul est le salut (Yeshoua = Dieu sauve). Exister par soi-même, marcher dans le ciel à la force du poignet (ou d’une ascèse de vie tout orientale) est bien différent de mettre sa confiance en un autre, de le laisser agir à travers moi…

Cosplay de Dark Vador.Dark Vador ressemblerait plutôt… à Lucifer, avec son long vêtement noir sinistre et son casque nazi ! Pour obtenir l’immortalité (la survie de son fils menacé à sa naissance) il préfère basculer du côté obscur de la Force, tenté en cela par le sénateur Palpatine, figure à peine voilée du serpent de la Genèse murmurant à l’oreille du Jedi Anakin Skywalker que l’immortalité est à portée de main. Jedi déchu comme fut déchu l’ange Lucifer, Anakin deviendra Dark Vador, incarnant le principe du mal cherchant à tout attirer à lui. La transformation d’Anakin Skywalker, jeune Jedi aux capacités sans précédent, en l’un des méchants les plus célèbres de l’histoire du cinéma, n’est pas une chute brutale mais un lent basculement fondé sur les meilleures intentions, de celles qui, paraît-il, pavent les chemins de l’enfer. Un Lucifer moderne en quelque sorte. Sauf que dans le sixième épisode, il se sacrifie pour détruire l’étoile de la mort : même un Jedi déchu peut devenir le sauveur de tous !

Les autres parallèles entre Star Wars et la saga biblique sont nombreux.

Par exemple, le conflit central de Star Wars est bien la quête du père, voire le parricide, réactualisant en cela le mythe d’Œdipe, ou celui du dieu grec Zeus, qui accède au pouvoir en éliminant son père Chronos comme lui-même l’avait déjà fait pour son propre père. Or  dans la Bible, le conflit central n’est pas le parricide, mais le fratricide : le premier meurtre fut celui d’Abel par son frère Caïn. Le meurtre le plus lourd de conséquences fut celui de Jésus par ses frères juifs, rejeté hors de la vigne par ceux qui étaient ses frères de sang et de religion.

Quant à la légendaire formule: « Que la Force soit avec toi », on serait à peine étonné que la réponse soit « et avec ton esprit »… !

 

Tu es mon fils bien aimé

Revenons à la déclaration du baptême du Christ. Lui seul entend cette voix intérieure ; un autre que lui-même l’assure de son identité : tu es mon fils bien-aimé. Dieu ne dit pas : « je suis ton père ». La différence est de taille : Dieu désire assurer Jésus dans l’existence, et le susciter comme sujet libre, distinct de lui. C’est un Je qui parle à un Tu. Dark Vador centre la révélation sur lui-même : « je suis ton père », comme pour mieux aliéner la liberté de son fils à le suivre du côté obscur de la Force. Ce père-là n’est pas vraiment aimant, alors que le fils Jésus est « bien-aimé ». La même réalité : une filiation cachée aux yeux des hommes, est traitée de deux façons diamétralement opposées. L’une est une déclaration d’amour inconditionnelle, l’autre est une révélation qui fait pression pour obtenir l’obéissance de Luke à imiter son père en choisissant le mal. 

Il suffit en cette fête du baptême du Christ de rester sur cette déclaration centrale : « tu es mon fils bien-aimé ». Elle inaugure le départ en mission de Jésus, sa guerre à lui, contre l’étoile de la mort et du mal qui attire l’homme vers le néant. D’ailleurs le titre anglais de la série est bien : Star Wars (les guerres de l’étoile) et non pas la traduction française : la guerre des étoiles (Stars War). Dommage… C’est par une multitude de combats que le Christ s’attaque à la racine du mal en l’homme, l’étoile noire, jusqu’à la victoire de la croix. 

Comment s’engager dans un tel combat si l’on n’est pas sûr de ses arrières ? Comment affronter le père du mensonge (Satan) si l’on n’est pas ancré dans la vérité sur sa propre identité : « fils bien-aimé » ? Tous les éducateurs vous le diront : si l’amour parental vient à manquer, si les paroles et les preuves de ce lien indéfectible et inconditionnel ne sont pas données et redonnées sans cesse, alors l’enfant doutera de lui-même, sera tenté par la violence ou le repli. Impossible de prendre des risques dans la vie si l’on n’a pas quelque part en soi cette solide assise :« tu es mon fils bien-aimé ». Entreprendre, s’aventurer, sortir de soi, innover : toutes ces prises de risques qui conduisent à l’âge adulte demandent une solide base affective, une assurance d’alpiniste reposant sur la confiance en soi, parce que aimé d’un autre.

Est père celui qui donne cette assurance à un enfant, et non  celui qui veut obliger son fils à lui ressembler…

 

« Je suis ton père » : dans la bouche de Dark Vador, c’est la clé de son  cheminement personnel, de Jedi à père obscur. C’est la volonté de ramener Luke de son côté, lui infligeant la marque de la main coupée (comme Dieu marquant Caïn  après son fratricide ?), symbole d’une vie mutilée par une filiation inhumaine.

« Tu es mon fils bien-aimé » : dans la bouche du Père du ciel, c’est le don gratuit fait à Jésus pour qu’il aille librement au bout de sa mission.

Laissons la prière, la méditation des Écritures, la rumination des événements nous rendre attentifs à cette voix intérieure qui nous dit : « tu es mon fils bien-aimé », aux moments importants de notre histoire où il nous faut partir, risquer, changer, s’exposer, comme le Christ à partir du Jourdain.

File:Hortus deliciarum baptism of Jesus.jpg

Enluminure du Hortus deliciarum (XIIe siècle), Allemagne


[1]. Un film « confus et flou », qui ne fait que « singer les choix du passé », critique pourtant sévèrement L’Osservatore Romano dans son édition du 18/12/2015  cf. http://www.osservatoreromano.va/it/news/star-wars-confuso-e-sfocato

 

Une des plus belles déclarations d’amour d’un père à son enfant !

 

1ère lecture : « La gloire du Seigneur se révélera, et tout être de chair verra » (Is 40, 1-5.9-11)
Lecture du livre du prophète Isaïe

Consolez, consolez mon peuple, – dit votre Dieu – parlez au cœur de Jérusalem. Proclamez que son service est accompli, que son crime est expié, qu’elle a reçu de la main du Seigneur le double pour toutes ses fautes.

Une voix proclame : « Dans le désert, préparez le chemin du Seigneur ; tracez droit, dans les terres arides, une route pour notre Dieu. Que tout ravin soit comblé, toute montagne et toute colline abaissées ! que les escarpements se changent en plaine, et les sommets, en large vallée ! Alors se révélera la gloire du Seigneur, et tout être de chair verra que la bouche du Seigneur a parlé. »

Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : « Voici votre Dieu ! » Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance ; son bras lui soumet tout. Voici le fruit de son travail avec lui, et devant lui, son ouvrage. Comme un berger, il fait paître son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, il mène les brebis qui allaitent.

Psaume : Ps 103 (104), 1c-3a, 3bc-4, 24-25, 27-28, 29-30

R/ Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !

(Ps 103, 1)

Revêtu de magnificence,
tu as pour manteau la lumière !
Comme une tenture, tu déploies les cieux,
tu élèves dans leurs eaux tes demeures.

Des nuées, tu te fais un char,
tu t’avances sur les ailes du vent ;
tu prends les vents pour messagers,
pour serviteurs, les flammes des éclairs.

Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
Tout cela , ta sagesse l’a fait ;
la terre s’emplit de tes biens.
Voici l’immensité de la mer,
son grouillement innombrable d’animaux grands et petits.

Tous, ils comptent sur toi
pour recevoir leur nourriture au temps voulu.
Tu donnes : eux, ils ramassent ;
tu ouvres la main : ils sont comblés.

Tu caches ton visage : ils s’épouvantent ;
tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : « Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint » (Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7)
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre à Tite

Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Lorsque Dieu, notre Sauveur, a manifesté sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle.

Evangile : « Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit » (Lc 3, 15-16.21-22)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. 
Voici venir un plus fort que moi, proclame Jean Baptiste ;
c’est lui qui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
Alléluia. (cf. Lc 3, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait, le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe, descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »
Patrick BRAUD

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