Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Assomption : Ne vous faites pas voler votre espérance
Cf. également :
Assomption : les sentinelles de l’invisible
L’Assomption de Marie, étoile de la mer
L’Assomption de Marie : une femme entre en Résistance
Marie, parfaite image de l’Église à venir
Marie en son Assomption : une femme qui assume !
En 2013, le Pape François avait centré son homélie de l’Assomption sur trois mots-clés caractérisant la foi et l’attitude de Marie : lutte, résurrection, espérance.
Relisons cette méditation, qui n’a pas vieilli, au contraire !
Homélie du pape François pour la fête de l’Assomption 2013
Chers frères et sœurs,
À la fin de la Constitution sur l’Église, le concile Vatican II nous a laissé une très belle méditation sur la Très Sainte Vierge Marie. Je relève simplement les expressions qui se réfèrent au mystère que nous célébrons aujourd’hui.
La première est celle-ci :
« Enfin la Vierge immaculée, préservée par Dieu de toute souillure de la faute originelle, ayant accompli le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire du ciel, et exaltée par le Seigneur comme la Reine de l’univers » (n. 59).
Et ensuite, vers la fin, il y a aussi celle-ci :
« Cependant, tout comme dans le ciel où elle est déjà glorifiée corps et âme, la Mère de Jésus représente et inaugure l’Église en son achèvement dans le siècle futur, de même sur cette terre, en attendant la venue du jour du Seigneur, elle brille déjà devant le Peuple de Dieu en pèlerinage comme un signe d’espérance assurée et de consolation » (n. 68).
À la lumière de cette très belle icône de notre Mère, nous pouvons considérer le message contenu dans les lectures bibliques que nous venons d’entendre. Nous pouvons nous concentrer sur trois mots-clés : lutte, résurrection, espérance.
Lutte, résurrection, espérance
Lutte
Le passage de l’Apocalypse présente la vision de la lutte entre la femme et le dragon. La figure de la femme, qui représente l’Église, est d’un côté glorieuse, triomphante, et de l’autre encore dans les douleurs. C’est en effet comme cela qu’est l’Église : si, au Ciel, elle est déjà associée à la gloire de son Seigneur, dans l’histoire, elle vit continuellement les épreuves et les défis que comporte le conflit entre Dieu et le malin, l’ennemi de toujours. Et dans cette lutte que les disciples de Jésus doivent affronter – nous tous, nous, tous les disciples de Jésus, nous devons affronter cette lutte – Marie ne nous laisse pas seuls ; la Mère du Christ et de l’Église est toujours avec nous. Toujours, elle marche avec nous, elle est avec nous. Elle marche toujours avec nous.
Marie aussi, dans un certain sens, partage cette double condition. Naturellement, elle est désormais entrée dans la gloire du ciel une fois pour toutes. Mais cela ne signifie pas qu’elle est loin, qu’elle est détachée de nous ; au contraire, Marie nous accompagne, elle lutte avec nous, elle soutient les chrétiens dans le combat contre les forces du mal. La prière avec Marie, en particulier le chapelet, a aussi cette dimension « agonistique », c’est-à-dire de lutte, une prière qui soutient dans la bataille contre le malin et contre ses complices. Le chapelet aussi nous soutient dans la bataille.
Résurrection
La seconde Lecture nous parle de la résurrection. L’apôtre Paul, écrivant aux Corinthiens, insiste sur le fait qu’être chrétien signifie croire que le Christ est vraiment ressuscité des morts. Toute notre foi se base sur cette vérité fondamentale qui n’est pas une idée mais un événement. Et le mystère de l’assomption de Marie dans son corps et dans son âme est aussi tout entier inscrit dans la résurrection du Christ. L’humanité de la Mère a été « attirée » par son Fils dans son passage à travers la mort. Jésus est entré une fois pour toutes dans la vie éternelle avec toute son humanité, celle qu’il avait prise de Marie ; et ainsi, elle, la Mère qui l’a fidèlement suivi pendant toute sa vie, qui l’a suivi par le cœur, est entrée avec lui dans la vie éternelle, que nous appelons aussi le ciel, le paradis, la maison du Père.
Marie aussi a connu le martyre de la croix : le martyre de son cœur, le martyre de l’âme. Elle a beaucoup souffert, dans son cœur, tandis que Jésus souffrait sur la croix. La Passion de son fils, elle l’a vécue au plus profond de son âme. Elle a été pleinement unie à lui dans la mort, et c’est pour cela que lui a été fait le don de la résurrection. Le Christ est prémices des ressuscités et Marie est prémices des rachetés, la première de « ceux qui sont au Christ ». Elle est notre Mère, mais nous pouvons aussi dire qu’elle est notre représentante, elle est notre sœur, notre sœur aînée, elle est la première des rachetés qui soit arrivée au ciel.
Espérance
L’évangile nous suggère le troisième mot : espérance. L’espérance est la vertu de celui qui, faisant l’expérience du conflit, de la lutte quotidienne entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, croit dans la résurrection du Christ, dans la victoire de l’amour. Nous avons entendu le chant de Marie, le « Magnificat » : c’est le cantique de l’espérance, c’est le cantique du peuple de Dieu en marche dans l’histoire. C’est le cantique de tant de saints et de saintes, certains connus, d’autres, très nombreux, inconnus, mais bien connus de Dieu : des mamans, des papas, des catéchistes, des missionnaires, des prêtres, des sœurs, des jeunes, et même des enfants, des grands-pères, des grands-mères : ils ont affronté la lutte de la vie, portant dans leur cœur l’espérance des petits et des humbles. Marie dit : « Mon âme exalte le Seigneur » – aujourd’hui aussi, l’Église chante cela et elle le chante partout dans le monde.
Ce cantique est particulièrement intense là où le Corps du Christ souffre aujourd’hui la Passion.
Là où il y a la Croix, pour nous chrétiens, il y a l’espérance, toujours. S’il n’y a pas l’espérance, nous ne sommes pas chrétiens. C’est pour cette raison que j’aime dire : ne vous faites pas voler l’espérance. Que personne ne nous vole l’espérance, parce que cette force est une grâce, un don de Dieu qui nous fait avancer en regardant le Ciel. Et Marie est toujours là, proche de ces communautés, qui sont nos frères, elle marche avec eux, elle souffre avec eux, et elle chante avec eux le « Magnificat » de l’espérance.
Chers frères et sœurs, nous aussi, unissons-nous de tout notre cœur à ce cantique de patience et de victoire, de lutte et de joie, qui unit l’Église triomphante à l’Église pérégrinante que nous sommes ; qui unit la terre et le ciel, qui unit notre histoire à l’éternité vers laquelle nous marchons. Ainsi soit-il.
Messe du jour
1ère lecture : La Femmede l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple.
Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement.
Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes,et sur chaque tête un diadème.
Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance.Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place.
Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »
Psaume : 44, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16
R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.
Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.
Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.
Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.
2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle ( 1 Co 15, 20-27a)
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.
Evangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Lc 1, 39-56)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée.
Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte :
« Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni.
Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?
Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi.
Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors :
« Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.
Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,
de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. »
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Patrick BRAUD