La générosité de Dieu est la nôtre
La générosité de Dieu est la nôtre
Homélie du 13° Dimanche du temps ordinaire / Année B
28/06/15
Je vous propose aujourd’hui de méditer sur le rôle de la générosité dans notre vie.
Le mot générosité revient en effet deux fois sous la plume de Paul dans notre 2ème lecture.
L’attitude généreuse de Jésus dans l’évangile marque le passage de ce dimanche, puisqu’une force de guérison déborde de lui pour une femme et une jeune fille.
Et enfin le livre de la Sagesse dans la 1ère lecture contemple la Création, et y voit la trace de la générosité de Dieu.
Car c’est bien de là qu’il faut partir : la générosité est avant tout divine ! Ce n’est pas d’abord une valeur humaine : c’est une manière d’être de Dieu lui-même. « Il a créé toutes choses pour qu’elles subsistent » s’émerveille le Sage (Sg 1-2).
Vous êtes-vous déjà étonnés devant le spectacle de la nature, devant la beauté de la création ?
Comment se fait-il que quelque chose existe plutôt que rien ?
Dieu n’avait nul besoin de faire surgir d’autres existences que la sienne. Rien ne lui aurait manqué si le Big Bang n’avait pas explosé ; il serait toujours Dieu si l’homme n’existait pas ! En Dieu, l’acte créateur est un acte de pure générosité, qui correspond à la nature même de l’amour qu’est Dieu. « Bonum diffusum sui » disaient les Anciens : l’essence du bien est de se diffuser, de se communiquer généreusement à d’autres ». Le Verbe de Dieu, incarné en Jésus Christ, va jusqu’au bout de cette générosité divine :« lui qui est riche, il est devenu pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté » (2 Co 8, 9). Voilà « la générosité de notre Seigneur Jésus-Christ » comme l’écrit Saint Paul : débordante, gratuite, sans calcul. Il a généreusement renoncé à ses droits et privilèges divins pour faire corps avec l’humanité rejetée et méprisée, afin de la réintroduire en Dieu-Trinité.
Regardez d’ailleurs dans notre passage d’évangile : Jésus est tellement habité de cette générosité débordante qu’une force sort de lui, sans qu’il la contrôle, pour guérir une femme qui souffrait de ne plus être une femme (à cause de ses pertes de sang). Et quand il s’en aperçoit, il ne demande rien à cette femme en retour :« va en paix ». De même pour la fillette qui n’arrive pas à devenir une jeune fille : il la ressuscite à sa condition de jeune fille (12 ans ! chiffre symbolique) : « Talitha koum », mais ne demande rien en retour. Au contraire, il leur recommande avec insistance que personne ne le sache.
Avez-vous déjà vu plus grande générosité que ces deux générosités-là : la création par Dieu de la nature et de l’homme ? La re-création par le Christ d’une humanité ressuscitée avec lui ?
La générosité humaine va naître de cette double contemplation.
Ce n’est donc pas une valeur humaine, ni même humaniste : être généreux, c’est répondre à l’amour de Dieu par le même amour, c’est participer à la manière d’être de Dieu, c’est correspondre à l’image de Dieu en nous. Comme l’écrivait le livre de la Sagesse : « Dieu a fait de l’homme une image de ce qu’il est en lui-même ». La générosité en ce sens n’est pas d’abord une valeur morale : c’est une vocation divine. C’est une manière d’être divinisés… ! D’ailleurs l’étymologie nous met sur cette piste : généreux vient du latin genorosus qui veut dire « bonne race », de race divine donc !
On comprend alors l’appel pressant de Paul aux Corinthiens : imitez la générosité de Dieu / du Christ, en participant à la collecte organisée pour l’Église de Jérusalem ! La générosité devient ici le symbole de la communion entre églises locales. Paul dit même que c’est un « ministère » (2 Co 8, 4 ; 9,1 ; 12,55), une « liturgie » (9, 12). Et il appelle cette quête une « communion » (Koïnonia : Rm 12, 13 ; 15-26… 2 Co 8, 4 ; 9-13 / cf. 1 Tm 6, 18 Tite 13, 16…), du nom même qui désigne l’Église désormais depuis le Concile Vatican II ! Vous voyez pourquoi aujourd’hui encore on a raison de faire la quête en même temps qu’on présente le pain et le vin pour notre communion à Dieu : c’est de la même générosité dont il s’agit (dont il devrait s’agir !), la générosité humaine répondant à la générosité première du Christ pour nous.
Devenir chrétien est donc une question de générosité : répondre largement à l’appel infini de Dieu transmis par l’Église, offrir sa vie sans compter, ouvrir le cœur des hommes pour qu’ils puissent accueillir le don généreux qui leur est fait en Jésus-Christ…
Les scouts et guides de tous âges savent par cœur cette prière héritée de St Ignace de Loyola, dans laquelle nous demandons au Christ de participer à la générosité divine :
« Seigneur Jésus,
Apprenez-nous à être généreux,
A Vous servir comme Vous le méritez
A donner sans compter,
A combattre sans souci des blessures,
A travailler sans chercher le repos,
A nous dépenser, sans attendre d’autre récompense,
que celle de savoir que nous faisons Votre Sainte Volonté »
Alors cette semaine prenez le temps de réfléchir.
Où en êtes-vous de la contemplation de la générosité de Dieu envers nous ? à travers la création, à travers l’homme… ?
Où en êtes-vous de votre propre générosité en réponse ? comme attitude spirituelle et pas seulement morale.
Générosité dans l’usage de votre temps, de vos compétences, de votre argent, de votre patience, de votre pardon… : croyez-vous vraiment que Dieu vous appelle à être généreux comme il l’est envers tous ? Commencez-vous à découvrir que c’est là une manière de devenir Dieu lui-même, à son image et sa ressemblance ?
Que l’Esprit du Christ nous établisse dans cette contemplation de la générosité divine, et nous donne de la traduire en actes…
1ère lecture : « C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)
Lecture du livre de la Sagesse
Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui.
Psaume : 29 (30), 2.4, 5-6ab, 6cd.12, 13
R/ Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé. (29, 2a)
Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé,
tu m’épargnes les rires de l’ennemi.
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie.
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie.
Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
2ème lecture : « Ce que vous avez en abondance comblera les besoins des frères pauvres » (2Co 8, 7.9.13-15)
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
Frères, puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture à propos de la manne : Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien.
Evangile : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » (Mc 5, 21-43)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort ; il a fait resplendir la vie par l’Évangile.
Alléluia. (2 Tm 1, 10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans… – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – … cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : “Qui m’a touché ?” » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.
Patrick BRAUD