L'homélie du dimanche (prochain)

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28 janvier 2015

Qu’est-ce que « faire autorité » ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 01 min

Qu’est-ce que « faire autorité » ?

Homélie du 4° Dimanche – Année B
Dimanche 01/02/2015

cf. également :  Ce n’est pas le savoir qui sauve

Medium is message

Quelle autorité !

Une autorité à faire rêver bien des parents, des éducateurs, des professeurs : « Jésus parlait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ».

Qu'est-ce que ·     Tiens ! : avez-vous remarqué au passage qu’on ne sait même plus ce qu’enseignait Jésus… Seule reste dans le texte la forte impression d’autorité qu’il a laissé sur son auditoire. Intéressant pour réfléchir sur l’autorité ! La manière de parler de Jésus est au moins aussi importante que le contenu qu’il exprime. La forme et le fond sont inséparables. Un théoricien des médias a formulé ce constat en un adage célèbre : Medium is message’ (Mac Luhan) : le message, c’est le média lui-même, c’est-à-dire la personne qui parle et la manière dont on elle parle.
Goethe disait la même chose autrement: « le but est dans le chemin ».

Nous sommes souvent obnubilés par le contenu soi-disant objectif de ce que nous voulons transmettre. Mais sommes-nous assez attentifs à la manière dont nous le disons ? Il ne suffit pas d’avoir raison, ou de savoir les bonnes connaissances : encore faut-il permettre à l’autre qui m’écoute de recevoir ma parole, et pour cela d’y mettre les formes. C’est d’abord cela l’autorité de Jésus. Que ce soit en couple, en famille, à l’école, au travail ou en Église, il y a tant de mal-entendus, qui proviennent plus de notre façon de communiquer que du contenu de notre parole !

 

 

 

Faire grandir l’autre 

·     La 2ème caractéristique de l’autorité de Jésus dans ce texte (le mot revient au début et à la fin : belle inclusion) est d’être au service de la croissance de l’autre.

Regardez cet homme tourmenté qu’on amène à Jésus. Il ressemble à bien des enfants difficiles dans nos classes, à bien des jeunes jugés ‘sauvageons’ par les adultes. Il ne parle plus, il ne sait plus que vociférer et crier. Bien des jeunes sont ainsi, prisonniers de la violence de leur quartier, de leur famille, de leur histoire personnelle. Pire encore, cet homme alterne de façon inquiétante le « je » et le « nous » : « es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es ». Sa personnalité est éclatée, il n’arrive pas à faire l’unité de son moi profond. Comme quoi le fait de savoir ne suffit pas pour garantir l’identité, la santé, le salut…

Nous dirions aujourd’hui que cet homme souffre d’un très fort clivage de la personnalité, un peu Dr Jekyll et Mr Hyde ! Il est divisé, fragmenté. Incapable d’unifier sa personnalité, il hésite sans cesse entre le je et le nous, le singulier et le pluriel, comme si il n’arrivait pas à être vraiment lui-même. Cette division intérieure, ce clivage de l’identité personnelle, nous le voyons souvent à l’œuvre hélas, surtout chez ceux qui sont fragiles, dans des périodes délicates de leur vie où ils se cherchent, surtout lorsqu’ils sont soumis à des influences extérieures qui les fragmentent et les éparpillent encore plus.

Eh bien, l’autorité de Jésus va justement être d’exorciser ce démon de la division intérieure ! Avec force, Jésus rétablit en cet homme la possibilité d’être un au lieu d’être plusieurs, de parler au lieu de crier…

 

Les deux racines du mot autorité 

Voilà qui rejoint l’étymologie du mot autorité.

Vous savez que ce mot se rattache à deux racines latines qui aident à réfléchir sur notre propre autorité aujourd’hui (cf. les études de Annah Arendt) :

 arendt dans Communauté spirituelle* autorité vient de « augere » = augmenter.

Dans la cité de Rome, l’autorité consistait à augmenter et à accroître les fondations de la vie commune, de la cité, posées par les ancêtres. Être en position d’autorité à Rome, c’était s’inscrire dans cette lignée ininterrompue de successeurs, depuis Romulus et Remus. C’était être relié à ses propres origines. Cette autorité permet à la fondation de perdurer, à la cité d’augmenter son pouvoir.

Jésus fait preuve de cette autorité lorsqu’il reprend la loi de Moïse pour l’accomplir et la porter à son incandescence : « on vous a dit, eh bien moi je vous dis »(Mt 5)

C’est l’autorité des parents qui cherchent à faire croître leur enfant, à augmenter ses capacités, à développer en lui ce qu’il a de meilleur.

On redécouvre aujourd’hui l’importance de cette autorité parentale-là : si les parents n’exercent pas cette autorité de croissance, les enfants sont appauvris et diminués.

On redécouvre également cette forme d’autorité dans le management en entreprise : les managers doivent davantage servir la croissance - individuelle et collective - de leur équipe (servant leader) que faire sentir leurs galons hiérarchiques façon « chef » (command & control).

 

* autorité vient aussi de « auctor » = être l’auteur d’une initiative qui rallie tous les suffrages. C’est ce qu’on disait de Jésus : il enseignait avec autorité et non comme leurs scribes. Il « faisait autorité ». L’autorité du Christ, c’est sa force de persuasion, la persuasion d’une parole vraie et profonde qui suscite l’enthousiasme des auditeurs et leur fait dire :  » c’est vrai, j’adhère à ce que dit et fait cet homme, j’ai envie de le suivre ». En cela, Jésus se révèle être un authentique servant leader, quelqu’un qui suscite le désir de le suivre parce qu’on devient ainsi davantage soi-même.

C’est donc une autorité basée sur un consensus qu’elle sait créer.

L’intérêt de cette forme d’autorité, c’est qu’elle ne cherche pas l’obéissance mais la libre adhésion. Ceux qui semblent obéir à l’auteur d’une parole ou d’une initiative (que ce soit Jésus en Palestine, De Gaulle le 18 juin 1940, ou Luther King et ses marches non violentes) apportent en réalité leur soutien parce qu’ils se reconnaissent en lui. Cette autorité reçoit son pouvoir de ceux qui s’y rallient, et ne l’impose pas de l’extérieur. « Si tu veux, viens et suis-moi… » Les parents, les politiques, les dirigeants de l’Église gagneraient à pratiquer aussi cette forme d’autorité, par libre consensus…

 

schema_robbes autorité 


« On était frappé par l’enseignement de Jésus, car il parlait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes ».

Que l’Esprit du Christ nous apprenne à pratiquer cette  autorité-là, une autorité de service : pour la croissance de l’autre, pour créer des consensus permettant à chacun de se dépasser, de s’unifier…

 

 

1ère lecture : « Je ferai se lever un prophète ; je mettrai dans sa bouche mes paroles » (Dt 18, 15-20)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple :
« Au milieu de vous, parmi vos frères,
le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez.
C’est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu, au mont Horeb, le jour de l’assemblée, quand vous disiez :
“Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir !”
Et le Seigneur me dit alors : “Ils ont bien fait de dire cela. Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ;
je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles
que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais un prophète qui aurait la présomption de dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra.” »
– Parole du Seigneur.

Psaume : 94 (95), 1-2, 6-7abc, 7d-9

R/ Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur,
mais écoutez la voix du Seigneur.
(cf. 94, 8a.7d)

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit
le troupeau guidé par sa main.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
comme au jour de tentation et de défi,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

2ème lecture : La femme qui reste vierge a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée » (1 Co 7, 32-35)
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens

Frères,
j’aimerais vous voir libres de tout souci.
Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur.
Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé.
La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur, afin d’être sanctifiée dans son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de ce monde, elle cherche comment plaire à son mari.
C’est dans votre intérêt que je dis cela ; ce n’est pas pour vous tendre un piège, mais pour vous proposer ce qui est bien,
afin que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.

Evangile : « Il enseignait en homme qui a autorité » (Mc 1, 21-28)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. Alléluia. (Mt 4, 16)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui. Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. » Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

Patrick BRAUD

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25 janvier 2015

La soumission consentie

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 12 h 00 min

La soumission consentie

 

Discours de la servitude volontaireDans le numéro de Janvier 2015, le mensuel Philosophie Magazine publie des extraits de la célèbre œuvre de La Boétie (16° siècle) : Discours de la servitude volontaire”.

Le philosophe Miguel Benasayag en fait une lecture pour aujourd’hui, où la servitude de l’ancien tyran est remplacée par celle des nouvelles technologies (NTIC). Chacun peut continuer cette transposition, en repérant quelle soumission, consciente ou inconsciente, individuelle et/ou collective, le soumet à des forces obscures, et à un conformisme ambiant le privant finalement de sa liberté.

« Voici un texte baigné de références antiques, dont la genèse épouse la situation politique du Périgord au XVIe siècle. Qu’a-t-il encore à nous dire, près de cinq cents ans plus tard ? Nos démocraties ne nous ont-elles pas affranchis de la tyrannie, faisant de nous des individus libres de congédier leurs dirigeants ? Et pourtant, si La Boétie pouvait observer les mœurs de nos contemporains, parions qu’il jetterait sur notre époque un regard des plus pessimistes. Car les mécanismes de l’asservissement ne se sont pas éclipsés avec l’Ancien Régime : nous continuons à goûter les douceurs d’une servitude sinon volontaire, du moins allègrement consentie.

Certes, la servitude volontaire revêt aujourd’hui des atours bien différents de ceux décrits par La Boétie.

 

1. Le premier changement majeur tient à la nature de la domination: celle-ci n’est plus politique, mais avant tout technologique et macroéconomique.

Les nouveaux tyrans ne sont plus nécessairement des chefs d’État; la tyrannie s’appuie désormais sur des rouages inédits, notamment incarnés par les sorciers du néomarketing : se vantant d’avoir le monde comme terrain de jeu, ces derniers explorent désormais, à l’aide des sciences cognitives, les mécanismes de notre désir de consommation. L’une des principales caractéristiques de cette nouvelle servitude tient à la généralisation des instances prédictives : chacun d’entre nous est devenu prédictible en étant réduit à un profil de consommateur. On peut désormais savoir si vous allez divorcer dans les trois ans à venir en analysant par des algorithmes vos relevés de carte de crédit… La politique des partis s’est elle-même rendue prisonnière de cet immédiat prédictif, en sondant sans relâche les intentions de vote des citoyens. En résulte une dissolution générale du sensdeuxième caractéristique de la servitude contemporaine — qui fait de nous les marionnettes d’une stratégie sans stratège.

 

2. Le deuxième changement majeur par rapport au type de servitude décrit par La Boétie tient à la dématérialisation de la domination.

La soumission consentie dans Communauté spirituelle

La tyrannie aujourd’hui ne passe plus par le corps du tyran, présenté dans le Discours comme l’incarnation de l’Un, ni par le corps des sujets, qui était malmené par l’autorité en cas d’insoumission. Les instruments de l’asservissement ne sont plus tant les armes que les machines : ordinateurs, téléphones, objets connectés en tout genre qui, sous couvert d’ouvrir de nouveaux possibles, nous rendent toujours davantage complice de notre esclavage. Ce constat ne relève aucunement d’une technophobie primaire. Regardons la place de plus en plus grande que prennent dans nos vies les applications installées sur nos téléphones, qui permettent de nous suivre pas à pas. N’entend-on pas résonner la mise en garde de La Boétie, demandant d’où le tyran « tire-t-il les innombrables argus [espions] qui nous épient, si ce n’est de nos rangs »?

Cette nouvelle forme de servitude volontaire a une conséquence décisive : si l’asservissement ne passe plus par le corps du tyran, comment s’en défaire ? Même si le Discours n’appelle aucunement à l’insurrection armée, il suffisait auparavant de faire feu contre le tyran pour voir la tyrannie s’effondrer. Mais aujourd’hui, contre qui tirer ? On répondra qu’il suffit de débrancher la machine pour que la servitude s’évanouisse. Or, si la logique de colonisation de l’humain par la machine arrive à son terme, il n’y aura plus personne pour débrancher l’instrument de notre asservissement. Là encore, il ne s’agit pas de professer un humanisme catastrophiste, se contentant d’en appeler à la dignité humaine contre la machine, mais de regarder en face le cauchemar de la servitude moderne : le tyrannicide y est rendu impossible.

 

3. La force de l’habitude.

En dépit de ces changements, et c’est là toute la force du texte de La Boétie, la structure de la servitude volontaire est fondamentalement restée la même. Celle-ci passe toujours par une dislocation des instances organiques et du tissu social. « Le tyran asservit les sujets les uns par les autres », écrit-il. Or, c’est toujours le même plaisir glauque de la complicité avec la domination qui continue à motiver les insultes racistes ou sexistes proférées par les « petits  tyranneaux » de notre temps. Cette dislocation du corps social va même plus loin encore aujourd’hui, puisque l’individu n’est pas capturé en tant qu’unité par les nouvelles formes de l’asservissement, mais morcelé d’après ses diverses habitudes de consommation.

On retrouve là un autre ressort de la soumission identifié par la Boétie : `La première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude. » J’ai en effet constaté dans mon expérience de clinicien à quel point l’incorporation de la soumission au travers d’habitudes autodestruc­trices est source de souffrances. Enfin, le signe le plus éclatant de la lucidité de La Boétie, c’est que la servitude actuelle passe plus que jamais par le divertissement, évoqué dans le Discours à travers la catégorie du « passe-temps ». Le credo du marketing moderne, c’est en effet que le produit doit amuser, donner du plaisir, afin de pouvoir vendre du désir. Pour ainsi dire, on n’est plus soumis par la force, mais par le rire.

 

Peut-on encore trouver dans le Discours de la servitude volontaire des pistes pour s’affranchir de cette aliénation ?

Trois voies de libération peuvent être dégagées dans l’appel de La Boétie.

- Tout d’abord, recouvrer sa liberté, c’est sortir des habitudes mortifères, sortir du pli qu’on a pris.

Méfions-nous ici des appels à l’émancipation qui disloquent un peu plus l’individu, en opposant la conscience claire de ce qu’il faudrait faire à l’habitude où il se trouve englué. Mieux vaut chercher d’autres possibles dans son pli, essayer de trouver de nouvelles surfaces de contact avec le monde qui nous entoure.

- Ensuite, face à la dématérialisation actuelle de la domination, la libération passe par la reconquête des corps, la « recorporisation ».

Il est frappant que le sursaut contre la servitude passe toujours par les corps : pensons au vendeur de fruits et légumes tunisien qui s’est immolé en 2010. C’est dans le sacrifice d’un corps que la révolution a trouvé son point de départ, bien plus que dans les réseaux sociaux.

- Enfin, la colonisation de l’humain par la machine n’a rien d’une fatalité : on peut lui opposer la colonisation de la machine par le vivant et la culture, à travers l’art aussi bien que des collaborations où se renouent affinités, désirs et projets. On retrouve ainsi l’amitié, sur laquelle La Boétie achève son Discours, comme le rempart le plus solide à notre asservissement.

Ainsi donc, sortir de la servitude volontaire est simple, mais pas facile. Quelle que soit la complexité de la situation, le choix de la liberté est simple. On sait pertinemment ce qu’il faudrait faire ! Mais la reconquête effective de la liberté n’est pas facile: elle implique de renoncer à la jouissance, du côté de la pulsion de mort, pour retrouver le plaisir d’être libre, qui fait, selon La Boétie, notre nature. « 

Propos recueillis par Mathilde Lequin

 

 

Miguel Benasayag

Né en Argentine, où il a lutté contre la dictature, ce philosophe et psychanalyste vit en France depuis 1978.11 est à l’initiative du réseau Malgré tout, qui milite pour une «résistance alternative ». Il a publié Organismes et Artefacts (La Découverte, 2010), De rengagement dans une époque obscure (avec Angélique Del Rey, Le Passager clandestin, 2011). Son dernier ouvrage Clinique du mal-être parait en février 2015 à La Découverte.
Patrick BRAUD

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21 janvier 2015

Qui est votre Ananie ?

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 00 min

Qui est votre Ananie ?

Fête de la Conversion de St Paul
Dimanche 25 Janvier 2014 – Année B

cf. également : Quel Éli élirez-vous ?

Qui est votre Ananie ?

Saint Paul raconte sa conversion par 3 fois !  : Ac 9, 1-19 / Ac 22, 1-21 / Ac 26, 1-29. C’est donc que c’est pour lui le vrai tournant de son existence. A l’écouter, on est frappé de l’importance jouée par ce personnage nommé Ananie, ce syrien de Damas, inconnu autrement des Écritures. Ananie a joué pour Paul le rôle de « frère aîné dans la foi », dirait-on avec nos mots actuels.

C’est grâce à Ananie – dont le nom signifie : ‘Dieu est favorable’ – que des écailles tombèrent des yeux de Saul et qu’il retrouva la vue. Ce qui veut dire sans doute qu’Ananie a aussi éclairé Paul sur la lecture des Écritures et son aveuglement d’autrefois.

C’est grâce à Ananie et par lui qu’il est baptisé, car Paul ne peut se baptiser tout seul : il découvre que c’est l’Église qui le baptise, cette même Église qu’il persécutait avant…

C’est grâce à Ananie qu’il prend de la nourriture, lui qui ne pouvait plus rien avaler depuis ce choc intérieur sur la route de Damas. Ananie le sauve de l’anorexie, tant physique que spirituelle, en lui donnant les aliments de la foi. On pense à la nourriture que l’on donne depuis toujours aux catéchumènes pour les fortifier sur leur route vers le baptême : l’imposition des mains lors des scrutins du Carême, la transmission du Notre Père et du Credo, la remise du livre des Évangiles…

Il est intéressant de ne pas dissocier Paul d’Ananie, ni Ananie de Paul.
Paul ne serait jamais devenu chrétien sans ce syrien, cet étranger de passage dans sa vie suite à une chute célèbre sur le chemin de Damas…

Il est intéressant également de se souvenir de l’autre Ananie, qui avec sa femme Saphire  a voulu tricher avec le partage dans la première communauté chrétienne de Jérusalem (Ac 5, 1-11) : là où l’Ananie de Paul donnera gratuitement (le baptême, la grâce), l’Ananie de Saphire a menti et gardé pour lui ce qu’il voulait soustraire au partage…

 

Et vous, qui a été votre Ananie ?

Qui est votre Ananie ? dans Communauté spirituelleFaites mémoire dans votre prière de ceux et celles qui ont joué ce rôle « d’aîné dans la foi » pour vous. Rendez grâce dans l’Eucharistie pour ces visages qui sont passés dans votre vie, quelquefois très vite, mais à qui vous devez tant…

Alors vous pourrez devenir à votre tour, un Ananie pour vos frères !

Comment ?

En acceptant de vous laisser envoyer vous aussi vers des étrangers et des gens de passage.

En surmontant votre peur de l’autre, comme Ananie surmontant sa peur du persécuteur juif qu’était Saul avant d’être Paul.

En accompagnant les catéchumènes et les chercheurs de Dieu d’aujourd’hui.

En les éclairant avec l’Évangile, en les nourrissant de la foi de l’Église, en leur redonnant des forces par un soutien fraternel…

Car Ananie symbolise le lien indissoluble qui existe entre Jésus et son Église.

Une même phrase revient dans les 3 récits que Paul fait de sa conversion : « Je suis Jésus, celui que tu persécutes ». Impossible d’être plus clair sur le lien qui unit le Christ-Tête à son Corps qu’est l’Église ! Faire du mal à l’Église, en paroles ou en actes, c’est persécuter Jésus lui-même. Mépriser l’Église, c’est faire insulte au Christ en personne. Serait-ce aimer que d’aimer la Tête de quelqu’un sans aimer son corps ? Et réciproquement… Imaginez – disait Saint Augustin – que vous vous approchez du Christ pour l’embrasser au visage alors que vous lui écrasez les pieds avec de gros souliers ferrés. Eh bien – s’écriait St Augustin – « le Christ criera plus fort pour ses pieds qu’on écrase que pour sa tête qu’on honore » !

Impossible d’être chrétien sans Église dans l’expérience de Paul, impossible d’être croyant sans avoir de lien avec une communauté, car le Christ et l’Église sont unis comme la Tête et le Corps, comme l’Époux et l’Épouse…

Cette découverte est tellement énorme pour Paul qu’il la raconte 3 fois dans le livre des Actes ! Trois fois, avec des variantes, des différences, et des points communs. Car celui qui a vécu une expérience forte de conversion ne se lasse pas de raconter ce qui lui est arrivé. Il en a besoin : pour lui-même, afin de mettre des mots sur cette rencontre éblouissante ; pour les autres, afin de les inviter eux aussi à raconter les grands virages, les grands tournants de leur existence. Avec les années, ce même récit se transforme : on se souvient d’autre chose, on mesure mieux la portée de tel détail, on va y puiser d’autres courages…

Et vous, pouvez-vous faire le récit des grands tournants de votre existence ?

Quand s’est-il passé pour vous quelque chose qui ressemble au chemin de Damas pour Paul ?

Ne dites pas : ‘moi je n’ai rien à raconter ; je n’ai rien vécu d’extraordinaire.’ Souvenez-nous de la ferveur première de votre couple si vous êtes à deux, souvenez-vous des premières expériences de la mort, de la beauté du monde, de la grandeur de votre moi intérieur, de la brûlure de certains textes bibliques… Racontez-vous à vous-mêmes, puis racontez à d’autres, les chutes éblouissantes qui vous ont laissé le souffle court, les yeux aveuglés, l’estomac noué devant l’indicible…

 

Alors vous retrouverez les Ananie qui on jalonné votre route.

Alors vous pourrez devenir des Ananie pour vos frères…

 

 

1ère lecture : Saint Paul raconte sa conversion (Ac 22, 3-16)

Lecture du livre des Actes des Apôtres
Paul, menacé de mort par les Juifs de Jérusalem leur parlait ainsi : « Je suis Juif : né à Tarse, en Cilicie, mais élevé ici dans cette ville, j’ai reçu, à l’école de Gamaliel, un enseignement strictement conforme à la Loi de nos pères ; je défendais la cause de Dieu avec une ardeur jalouse, comme vous le faites tous aujourd’hui. J’ai persécuté à mort les adeptes de la Voie que je suis aujourd’hui ; je les arrêtais et les jetais en prison, hommes et femmes ; le grand prêtre et tout le conseil des Anciens peuvent en témoigner. Eux-mêmes m’avaient donné des lettres pour nos frères et j’étais en route vers Damas : je devais faire prisonniers ceux qui étaient là-bas et les ramener à Jérusalem pour qu’ils subissent leur châtiment. 

Donc, comme j’étais en route et que j’approchais de Damas, vers midi, une grande lumière venant du ciel m’enveloppa soudain. Je tombai sur le sol, et j’entendis une voix qui me disait : ‘Saul, Saul, pourquoi me persécuter ?’ Et moi je répondis : ‘Qui es-tu, Seigneur ? — Je suis Jésus le Nazaréen, celui que tu persécutes.’ » Mes compagnons voyaient la lumière, mais ils n’entendaient pas la voix de celui qui me parlait, et je dis : ‘Que dois-je faire, Seigneur ?’ Le Seigneur me répondit : ‘Relève-toi, va jusqu’à Damas, et là on t’indiquera tout ce qu’il t’est prescrit de faire.’ Comme je n’y voyais plus, à cause de l’éclat de cette lumière, mes compagnons me prirent par la main, et c’est ainsi que j’arrivai à Damas. Or, Ananie, un homme religieux et fidèle à la Loi, estimé de tous les Juifs habitant la ville, vint me trouver et, arrivé auprès de moi, il me dit : ‘Saul, mon frère, retrouve la vue.’ Et moi, au même instant, je retrouvai la vue, et je le vis. Il me dit encore : ‘Le Dieu de nos pères t’a destiné à connaître sa volonté, à voir celui qui est le Juste et à entendre la parole qui sort de sa bouche. Car tu seras pour lui, devant tous les hommes, le témoin de ce que tu as vu et entendu. Et maintenant, pourquoi hésiter ? Lève-toi et reçois le baptême, sois lavé de tes péchés en invoquant le nom de Jésus.’ »

Psaume : Ps 116, 1,2
R/ Allez par le monde entier annoncer la Bonne Nouvelle !

Louez le Seigneur, tous les peuples ;
fêtez-le, tous les pays !

Son amour envers nous s’est montré le plus fort ;
éternelle est la fidélité du Seigneur !

Evangile : « Allez dans le monde entier, proclamez la Bonne Nouvelle » (Mc 16, 15-18)
Acclamation : Alléluia. Alléluia.
Gloire au Christ qui est au dessus de tout, Dieu béni éternellement ! Alléluia. (Rm 9, 5)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres :
« Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création.
Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné.
Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils chasseront les esprits mauvais ; ils parleront un langage nouveau ; ils prendront des serpents dans leurs mains, et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Patrick BRAUD

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14 janvier 2015

Libres ricochets…

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 1 h 00 min

Libres ricochets…

Homélie du 2° Dimanche Année du temps ordinaire / Année B 
18/01/2015

cf. également :  Quel Éli élirez-vous ?

·         Avez-vous déjà médité sur ce jeu que les enfants adorent au bord d’un lac : les ricochets… ?

Vous choisissez un caillou bien plat. Normalement, il doit couler. Normalement, il ne peut pas traverser le lac. Mais si vous lui imprimez une vitesse de rotation assez grande, grâce à un coup de poignet astucieux – auquel enfant je m’exerçais pendant des heures ! – et si vous le propulsez au ras de l’eau avec une trajectoire tangentielle et une force bien choisies, alors vous avez la surprise de voir ce caillou voler… rebondir… et de ricochet en ricochet accomplir l’impensable : traverser l’eau, aller d’une rive à l’autre…

·         C’est un peu ce qui se passe dans l’évangile d’aujourd’hui (Jn 1, 35-42) : l’appel à suivre le Christ ricoche des uns aux autres, les entraînant là où ils n’auraient jamais pensé pouvoir aller. Jean-Baptiste « lance » ses deux disciples à la suite de Jésus (et Dieu sait si pour un prophète comme Jean- Baptiste c’était dur à l’époque de « donner » ses disciples à un autre maître). L’un de ces deux, André, va chercher son frère Simon, et le propulse ainsi dans l’aventure où il deviendra Pierre (c’est-à-dire l’aventure de l’Église). Juste après, Philippe va chercher Nathanaël…

Libres ricochets… dans Communauté spirituelle 102awebIl en est souvent ainsi dans l’évangile de Jean : c’est par ricochets que l’appel se transmet d’une personne à une autre, constituant l’Église, de proche en proche. Et cet appel donnera à ces hommes et à ces femmes de traverser toutes les épreuves, de traverser la mort même, comme le caillou tout surpris de voler de rebond en rebond vers l’autre rive…

·         Si nous pratiquions cet appel « par ricochets », n’aurions-nous pas plus de chrétiens motivés ? plus de prêtres, de religieuses ? Demandez aux prêtres et religieuses que vous connaissez : c’est souvent grâce à telle rencontre, telle discussion, telle retraite avec d’autres, que le Christ leur a dit : « viens ». C’est rarement en direct !

Comme l’appel de Samuel (1° lecture), il y a toujours un Élie, un visage ami qui révèle ce que je porte en moi confusément et que je n’arrive pas à entendre du premier coup.

De ricochet en ricochet, Dieu fait feu de tout bois pour, patiemment, m’appeler à le rejoindre…

 

·   Mais si cet appel est une invitation très ferme : « viens », il est en même temps infiniment respectueux de la liberté : « viens et vois ». Plus encore : il suscite la liberté, il l’informe (au double sens de lui donner des informations pour décider oui  ou non, et de lui donner une formation pour l’éduquer à répondre).

.  La « Lettre aux catholiques de France » (1996) sur la « proposition de la foi » décrivait ainsi cette transformation de la pastorale de l’Eglise :

Dans la mise en œuvre de la mission de l’Église selon ses modalités les plus habituelles, notamment dans la vie des paroisses et dans la pastorale des sacrements, une transformation du même ordre est en train de se produire. Des institutions ecclésiales « classiques », qui semblaient ne rien réclamer d’autre que la conformité à des procédures bien rodées, réclament aujourd’hui, sous peine de dépérir, d’être incessamment améliorées, vérifiées, relancées. Ce qu’il suffisait naguère d’entretenir doit être aujourd’hui voulu et soutenu. Toutes sortes de démarches qu’une population majoritairement catholique nous demandait, en se coulant dans des automatismes communément admis, doivent être désormais proposées comme l’objet d’un choix.

De sorte que la pastorale dite « ordinaire », souvent vécue comme une pastorale de l’accueil, doit de plus en plus devenir aussi une pastorale de la proposition. Cette évolution a quelque chose d’onéreux. Certains la vivent comme une véritable épreuve. Mais de plus en plus nombreux sont les prêtres et les laïcs qui disent s’en trouver mûris et renouvelés dans leur foi. Un nombre croissant de pasteurs et, plus largement, d’acteurs de la pastorale comprennent qu’il y a là une exigence de la mission. Ils se découvrent du même coup appelés à aller davantage au cœur même de la foi. (n° 2)

.    Proposer la foi n’est pas l’imposer.

Nous ne sommes pas des témoins de Jéhovah ou des sectes cherchant à manipuler l’adhésion de leurs membres. Plusieurs fois le Christ a pris le risque de la libre réponse de ses amis : « voulez-vous partir vous aussi ? » demande-t-il aux 12 lorsque la foule le quitte, déçue par ses paroles trop fortes sur l’eucharistie. Sans cesse il appelle :« si tu veux… ». Le jeune homme riche d’ailleurs s’en va, librement (même s’il en est tout triste).

Autrement dit, le fait d’appeler quelqu’un suscite et fait grandir sa liberté.

C’est le débat – quelque fois difficile – que nous avons souvent avec des parents qui demandent le baptême de leur enfant.

« Voudrez-vous lui parler du Christ et de l’Évangile, l’inscrire au caté en CE2 pour qu’il puisse découvrir ce qu’il y a dans son baptême ? »

« Mais nous on ne veut rien lui imposer, il choisira plus tard… »

« Comment voulez-vous qu’il choisisse si vous ne l’appelez pas à choisir ? comment choisir de faire du rugby si jamais les parents ne l’inscrivent au club ? idem pour la danse, la musique, le tennis… Allez-vous violer sa liberté quand vous lui imposerez l’école obligatoire ? quand vous lui apprendrez à être propre ? à respecter les règles de politesse et de vie en commun ?… »

 

·         C’est une fausse conception de la liberté de croire qu’on pourrait choisir dans le vide. Ne rien proposer, c’est enfermer l’autre dans l’impuissance, dans le non-choix. Appeler quelqu’un librement, c’est lui donner les moyens de dire oui ou non, et respecter sa réponse.

 

* appeler-au-mariage-de-dinechin-olivier-de-885878209_ML appel dans Communauté spirituelleC’est ce que nous essayons de faire au caté lorsque nous demandons aux enfants d’écrire une lettre, très personnelle, au moment où ils sont appelés à faire leur 1° communion. Ce n’est pas automatique de faire sa 1° communion : c’est la réponse à un appel, qui fonde et garantit leur liberté. S’ils ne le veulent pas cette année, alors ce sera peut-être l’année prochaine, ou dans 15 ans… Dieu est patient ! Il est également tenace, voire têtu, et ne renonce pas facilement à appeler chacun à vivre davantage…

 

* C’est ce que nous essayons de faire avec les futurs mariés : il n’est pas rare que, grâce à la préparation sérieuse qui s’étale sur plusieurs mois (1 an en pratique), ils réfléchissent et découvrent d’eux-mêmes qu’ils ne sont pas prêts ou pas volontaires pour le sacrement de mariage. Librement, ils peuvent alors dire oui ou non à l’appel que leur lance l’Église pour être dans le mariage sacrements de l’amour de Dieu, avec tout ce que cela comporte.

 

·         Vous voyez : lancer des ricochets au bord de l’eau peut nous entraîner très très loin ! De visage en visage, d’appels en rencontres, de discussions en événements intérieurs, nous nous surprendrons nous-mêmes à voler de rive en rive.

Caillou lancé avec force et agilité, tournoyant sans cesse sur lui-même, chacun pourra non seulement ne pas se laisser engloutir par les flots à traverser, mais aller de l’avant, vers son avenir, vers lui-même, au-delà…

 

·         Que ces libres ricochets continuent de nourrir la pratique de l’appel en Église : appel pour devenir catéchiste, pour fleurir l’église, pour accompagner les familles en deuil etc… Si nous transmettons à d’autres cette invitation, c’est pour que nos paroisses, nos communautés  soient de plus en plus invitantes, à l’école même du Christ : « venez, et vous verrez »

 

1ère lecture : Vocation de Samuel (1S 3, 3b-10.19)

Lecture du premier livre de Samuel

Samuel couchait dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. » L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.
Une troisième fois, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Retourne te coucher, et si l’on t’appelle, tu diras : ‘Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.’ » Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint se placer près de lui et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »
Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.

Psaume : 39, 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd

R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
En ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.

Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

2ème lecture : Notre corps appartient au Seigneur (1Co 6, 13b-15a.17-20)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
notre corps n’est pas fait pour la débauche, il est pour le Seigneur Jésus, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Quand on s’unit au Seigneur, cela ne fait qu’un seul esprit. Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais la débauche est un péché contre le corps lui-même.
Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple de l’Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.

Evangile : Vocation des trois premiers disciples (Jn 1, 35-42)

Acclamation : Alléluia. Alléluia.
En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie : par lui nous viennent grâce et vérité. Alléluia. (cf. Jn 1, 41.17)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit :
« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? »
Il leur dit : « Venez, et vous verrez. »
Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers quatre heures du soir.
André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ).
André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).
Patrick BRAUD

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