L'homélie du dimanche (prochain)

27 juin 2014

Jésus évalué à 360°

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Jésus évalué à 360°

Homélie pour la fête de Saint Pierre et Saint Paul / Année A
29/06/2014

 

Recevoir son identité

Connaissez-vous cette pratique managériale qu’on appelle l’évaluation à 360° ?

D’habitude, en entreprise, un salarié est évalué une fois l’an par son responsable direct. Cet entretien d’évaluation conditionne souvent une augmentation de salaire ou une évolution de carrière. Mais certaines entreprises se sont aperçues que se limiter au seul N+1 introduit un biais dans l’évaluation. D’où l’idée de demander à tous les collègues du salarié, voire à ses clients, ses fournisseurs, de contribuer eux aussi à cette évaluation. Un salarié est ainsi jaugé (dans la confidentialité, l’anonymat et si possible la bienveillance !) par ses pairs, ses N+1, ses N-1… à 360° donc.

Jésus aurait-il appris cette technique managériale à l’école de commerce de Nazareth ? L’épisode de ce dimanche (Mt 16, 13-19) nous met en tout cas en présence d’une pratique de cet ordre, transposée sur le plan spirituel.

En effet, en posant la question : « pour vous qui suis-je ? », Jésus demande à ses amis de l’aider à faire le point sur lui-même.

S’il avait voulu faire une interrogation orale à la manière d’un examen dont il connaîtrait les bonnes réponses, il aurait tout de suite rectifié les ?fausses’ identités proposées par les disciples. Non : il est à un moment stratégique de sa vie, et il a besoin du discernement de ceux qui le connaissent pour avancer. Répondre « Jean-Baptiste ressuscité » ou « Élie qui doit venir » le met déjà sur la voie. Car Jean-Baptiste est bien le prophète le plus proche du Messie, « le plus grand des enfants des hommes ». Et Élie est bien celui dont le retour annoncerait les temps messianiques.

Pourquoi a-t-il besoin de consulter ainsi ses amis ? N’est-il pas le fils de Dieu ? Il devrait le savoir mieux que les autres !

Jésus évalué à 360° dans Communauté spirituelle 51FQVJFQ0HL._SY300_Pourtant, dans son humanité, Jésus hésite. Avant de prendre avec courage la route de Jérusalem, dont il devine qu’elle lui sera fatale, Jésus a besoin qu’on lui dise qui il est vraiment. Dans son humanité, Jésus s’interroge ici sur son identité (va-t-il jusqu’à douter ?…), comme il questionne la volonté de son Père à Gethsémani sans pour autant la contester, au contraire. L’évaluation à 360° à laquelle il procède avec les Douze va l’aider à discerner ce pour quoi il est fait.

Ce faisant, il est profondément fidèle à sa double identité de fils (de Dieu, de l’homme). Être fils, c’est se recevoir d’un autre, accepter de ne pas être à soi-même sa propre origine. Fils de l’homme, Jésus se reçoit des hommes : il a besoin de recevoir son identité de ses compagnons de route aussi, comme il la reçoit de son Père.

 

Aussi, lorsque Pierre risque sa propre réponse (et non plus celle des autres), Jésus reconnaît en lui un message de Dieu lui-même : « ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux ». Dieu est donc capable de parler à travers les autres pour nous révéler qui nous sommes !

D’où l’importance pour nous aussi d’oser poser la question à nos compagnons de route : pour vous qui suis-je ?

D’où l’intérêt d’écouter attentivement les avis des autres sur notre action, notre personnalité.

Retour d’image

Lorsque c’est trop compliqué d’organiser une évaluation à 360° avec beaucoup de collaborateurs à consulter, on peut également procéder à un « retour d’image ». En individuel, quelqu’un demande alors à un collègue (ou client, ou N-1?) de lui dire quelle image il se fait de lui. L’entretien est plus qualitatif, et donne lieu à plus d’approfondissement des situations perçues  positivement ou négativement.

La Bible connaît de tels retours d’image, et notablement ceux que prodiguent les prophètes ? sans qu’on leur ait demandé ! ? à l’encontre de puissants de ce monde. Le plus célèbre est sans doute le retour d?image que le prophète Nathan donne au roi David, avec tact, pédagogie et grande fermeté, pour lui faire comprendre qui il est (suite à son adultère avec Bethsabée, la femme de son général d’armée, Urie, qu’il a en plus envoyé se faire tuer au front !) 

« Yahvé envoya le prophète Nathan vers David. Il entra chez lui et lui dit :
Il y avait deux hommes dans la même ville, l’un riche et l’autre pauvre. Le riche avait petit et gros bétail en très grande abondance. Le pauvre n’avait rien du tout qu’une brebis, une seule petite qu’il avait achetée. Il la nourrissait et elle grandissait avec lui et avec ses enfants, mangeant son pain, buvant dans sa coupe, dormant dans son sein: c’était comme sa fille. Un hôte se présenta chez l’homme riche qui épargna de prendre sur son petit ou gros bétail de quoi servir au voyageur arrivé chez lui. Il vola la brebis de l’homme pauvre et l’apprêta pour son visiteur. »
David entra en grande colère contre cette homme et dit à Nathan: « Aussi vrai que Yahvé est vivant, l’homme qui a fait cela est passible de mort ! Il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis cette action et n’avoir pas eu de pitié. »
Nathan dit alors à David: « Cet homme, c’est toi!
Ainsi parle Yahvé, Dieu d’Israël: Je t’ai oint comme roi d’Israël, je t’ai sauvé de la main de Saül, je t’ai livré la maison de ton maître, j’ai mis dans tes bras les femmes de ton maître, je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda et, si ce n’est pas assez, j’ajouterai pour toi n’importe quoi. Pourquoi as-tu méprisé Yahvé et fait ce qui lui déplaît ? Tu as frappé par l’épée Urie le Hittite, sa femme tu l’as prise pour ta femme, lui tu l’as fait périr par l’épée des Ammonites. Maintenant l’épée ne se détournera plus jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé et que tu as pris la femme d’Urie le Hittite pour qu’elle devienne ta femme. » (2S 12, 1-10)

« Cet homme, c’est toi ! » 

On connaît tous des patrons, des hommes de pouvoir, des responsables d’Église ou d’associations qui sont sourds à l’avis des autres sur eux-mêmes. Ils ne pratiqueront jamais l’évaluation à 360°… alors qu’ils se permettent de juger leurs subordonnés, de les muter ailleurs, de les promouvoir ou de les sanctionner.

Le Christ, « doux et humble de coeur », s’est soumis à cette évaluation à 360°, car il savait en avoir besoin pour assumer son identité messianique.

Qui serions-nous pour refuser cette évaluation et nous priver du pouvoir révélateur qu’elle véhicule ?

 

Effet boomerang

La suite de cet entretien est tout aussi étonnante. Simon a contribué à révéler à Jésus qu’il est vraiment le Messie, et Jésus en retour lui révèle qu’il est Pierre et pas seulement Simon. « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Déjà, il avait reconnu en lui le « fils de Yonas », saluant ainsi en Simon quelqu’un qui lui aussi se reçoit d’un autre. Et quel autre ! Yonas est en effet le prénom du fameux prophète à la baleine, destiné à élargir le salut aux non-juifs (cf. le livre de Jonas), ce que fera effectivement Pierre avec le centurion Corneille plus tard (Ac 10).

En complément de cette révélation qui va marquer la mission de Simon, Jésus lui révèle encore plus : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Jésus, qui est la pierre bientôt rejetée par les bâtisseurs mais bientôt élevée par Dieu en pierre d’angle, donne à Simon la mission d’être la pierre de fondation de son Église.

 

Deux enseignements peuvent être tirés de cet échange d’évaluations croisées :

- dire à l’autre qui il est m’aide à savoir qui je suis moi-même.

Au lieu de se taire par peur du responsable hiérarchique, ou par pudeur devant ses pairs, prendre la parole pour dire à l’autre ce que je perçois de lui (avec bienveillance et esprit constructif !) me permet de recevoir en retour des éléments sur ma propre identité.

- « seul le Christ manifeste pleinement l’homme à lui-même ». Cette phrase de Vatican II (GS 12) convient parfaitement à l’expérience de Pierre à Césarée de Philippe. Elle nous convient également parfaitement. Plus nous scrutons les Écritures, plus nous persévérons dans la prière, et plus nous découvrons qui nous sommes.

Le détour par Dieu est le plus court chemin vers soi-même !

Cette expérience est ancienne. Elle est aux origines du peuple d’Israël. « Je ne te lâcherai pas que tu ne m’aies béni » insistait Jacob se battant contre Dieu. Et voilà que son adversaire lui révèle (comme à Pierre) qui il est vraiment : Israël (le fort contre Dieu), source de bénédiction pour tous les peuples. (Gn 32).

En ce sens, la Bible est beaucoup moins une révélation sur Dieu (qui est toujours plus grand que ce qu’on dit de lui) que sur l’homme, déchiffrant à travers les événements quelle est sa dignité, sa grandeur, sa vocation.

 

Pratiquons donc entre nous l’évaluation à 360°, avec humilité et bienveillance.

Recevons des autres notre identité.

Battons-nous avec Dieu jusqu’à ce qu’il nous éclaire sur nous-mêmes.

Faisons le détour par le Christ pour qu’il nous manifeste pleinement à nous-mêmes.

 

 

Messe du jour

 1ère lecture : Pierre est délivré de prison par le Seigneur (Ac 12, 1-11)

Lecture du livre des Actes des Apôtres

À cette époque, le roi Hérode Agrippa se mit à maltraiter certains membres de l’Église. Il supprima Jacques, frère de Jean, en le faisant décapiter. Voyant que cette mesure était bien vue des Juifs, il décida une nouvelle arrestation, celle de Pierre. On était dans la semaine de la Pâque. Il le fit saisir, emprisonner, et placer sous la garde de quatre escouades de quatre soldats ; il avait l’intention de le faire comparaître en présence du peuple après la fête. Tandis que Pierre était ainsi détenu, l’Église priait pour lui devant Dieu avec insistance. Hérode allait le faire comparaître ; la nuit précédente, Pierre dormait entre deux soldats, il était attaché avec deux chaînes et, devant sa porte, des sentinelles montaient la garde.
Tout à coup surgit l’ange du Seigneur, et une lumière brilla dans la cellule. L’ange secoua Pierre, le réveilla et lui dit : « Lève-toi vite. » Les chaînes tombèrent de ses mains. Alors l’ange lui dit : « Mets ta ceinture et tes sandales. » Pierre obéit, et l’ange ajouta : « Mets ton manteau et suis-moi. » Il sortit derrière lui, mais, ce qui lui arrivait grâce à l’ange, il ne se rendait pas compte que c’était vrai, il s’imaginait que c’était une vision. Passant devant un premier poste de garde, puis devant un second, ils arrivèrent à la porte en fer donnant sur la ville. Elle s’ouvrit toute seule devant eux. Une fois dehors, ils marchèrent dans une rue, puis, brusquement, l’ange le quitta. Alors Pierre revint à lui, et il dit : « Maintenant je me rends compte que c’est vrai : le Seigneur a envoyé son ange, et il m’a arraché aux mains d’Hérode et au sort que me souhaitait le peuple juif. »

Psaume : 33, 2-3, 4-5, 6-7, 8-9

R/ De toutes leurs épreuves, Dieu délivre ses amis.

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe à l’entour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !

2ème lecture : Confiance de Paul au soir de sa vie (2Tm 4, 6-8.16-18)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre à Thimothée

Me voici déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. Je me suis bien battu, j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle. Je n’ai plus qu’à recevoir la récompense du vainqueur : dans sa justice, le Seigneur, le juge impartial, me la remettra en ce jour-là, comme à tous ceux qui auront désiré avec amour sa manifestation dans la gloire. La première fois que j’ai présenté ma défense, personne ne m’a soutenu : tous m’ont abandonné. Que Dieu ne leur en tienne pas rigueur. Le Seigneur, lui, m’a assisté. Il m’a rempli de force pour que je puisse annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre à toutes les nations païennes. J’ai échappé à la gueule du lion ; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce qu’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume. À lui la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

Evangile : Confession de foi de Pierre (Mt 16, 13-19)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Sur la foi de Pierre le Seigneur a bâti son Église, et les puissances du mal n’auront sur elle aucun pouvoir.Alléluia. (cf. Mt 16, 18)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jésus était venu dans la région de Césarée-de-Philippe, et il demandait à ses disciples : « Le Fils de l’homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? »
Ils répondirent : « Pour les uns, il est Jean Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres encore, Jérémie ou l’un des prophètes. »
Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux.
Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. »
Patrick BRAUD

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20 juin 2014

De quoi l’eucharistie est-elle la madeleine ?

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De quoi l’eucharistie est-elle la madeleine?

Homélie pour la fête du Corps et du Sang du Christ / Année A
22/06/2014

Une histoire juive

De quoi l'eucharistie est-elle la madeleine ? dans Communauté spirituelle 1118514_3059804Une histoire juive comme seuls les rabbins peuvent en raconter :

Hitler visite un jour un camp de concentration. Il voit un juif qui réfléchit, couché à même le sol.

- à quoi penses-tu ?

- je réfléchis à des problèmes de cuisine.

- ici, dans un camp de concentration, tu réfléchis à des problèmes de cuisine ?

- je voudrais vous expliquer. Il y a 3500 ans, un pharaon a voulu exterminer le peuple d’Israël. En souvenir de sa défaite, nous mangeons chaque année de la matsa (pain azyme). Il y a 2500 ans, un autre régnait sur 227 états et a voulu nous faire disparaître. Depuis, nous mangeons des beignets appelés « les oreilles de Haman » (amantaschen) lors de la fête de Pourim, en souvenir de sa défaite. Ensuite, il y a eu le roi des Grecs qui a voulu faire pareil, et chaque année, lors de la fête de Hanoukka, nous mangeons des pâtisseries spécialement cuisinées pour commémorer notre survie (soufganiot). Alors je me demandais : quel plat cuisiné va-t-on bien inventer pour fêter la défaite de Hitler qui approche ?…

 

Manger, c’est se souvenir

La tradition juive a toujours associé l’acte de manger et la mémoire. En cette fête du Corps et du Sang du Christ, il est bon de revisiter ce lien fondamental, qui joue toujours pour les chrétiens un rôle structurant (faire mémoire de la mort et de  la résurrection du Christ).

- Dès la Création, Dieu établit un ordre qui émerge du chaos, ordre dont les espèces vivantes doivent témoigner. Sont alors déclarés impurs à la consommation humaine les animaux qui transgressent cet ordre, c’est-à-dire qui ne respectent pas la différenciation originelle : le porc, le chameau, le lièvre, les poissons sans écailles etc. Certains mélanges également sont interdits par la cacherout (code réglementaire pour la nourriture) juive. Il est interdit de manger la viande avec le lait, par exemple. Il est également interdit de consommer le sang des animaux (pas de boudin !) parce que le sang c’est la vie, qui appartient à Dieu seul.

On le voit, ces interdits alimentaires n’ont pas de visées sanitaires ou hygiéniques comme voudraient le croire l’Occident trop rationnel, comme pour se rassurer en se disant qu’il peut s’en passer désormais. Le but est bien théologique : faire mémoire de la Création, qui est apparue grâce à la différenciation, et donc refuser toute confusion qui symboliquement ferait régresser celui qui mange vers l’état du chaos primitif.

 

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Du coup la commensalité (cum-mensa = partager la même table) a pris une importance considérable : manger avec un non-juif, c’est risquer de manger des aliments impurs, et donc c’est interdit. Les musulmans ne feront que reprendre plus tard ce communautarisme alimentaire juif, dont la fonction première est de préserver l’identité du groupe en l’empêchant de se dissoudre par le mélange avec les autres.

On voit mieux ce que l’eucharistie chrétienne a de révolutionnaire par rapport aux repas juifs ou musulmans. En faisant table commune avec les païens, pour le repas ordinaire comme pour le « repas du Seigneur » (1Co 11,20), les premiers chrétiens instaurent une rupture fondatrice : communier avec tous les peuples en s’appuyant sur la mémoire de la mort du Christ « pour la multitude » (Mc 14,24). 

 Paul ‘engueulera’ sérieusement Pierre en public à cause de son hésitation à faire table commune avec des non-circoncis :

« Quand Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il s’était donné tort.  En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il prenait ses repas avec les païens; mais quand ces gens arrivèrent, on le vit se dérober et se tenir à l’écart, par peur des circoncis.  Et les autres Juifs l’imitèrent dans sa dissimulation, au point d’entraîner Barnabé lui-même à dissimuler avec eux.  Mais quand je vis qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas devant tout le monde: « Si toi qui es Juif, tu vis comme les païens, et non à la juive, comment peux-tu contraindre les païens à judaïser ? » » (Ga 2, 11-14)

- D’autres particularismes alimentaires bibliques font le lien entre l’histoire du peuple et sa situation présente.

Depuis son combat contre Dieu lui-même (Gn 32, 22-33), Jacob-Israël ne mange plus de nerf sciatique (il n’y a là rien qui concerne l’hygiène ou la santé !). Car sa hanche a été démise pendant le combat à la hauteur de ce nerf, et il boîte depuis ce temps-là. Cet interdit bizarre (ne pas manger de nerf sciatique) est en fait une mémoire très concrète du combat qu’Israël mène contre Dieu depuis longtemps (en se roulant dans la poussière avec lui, durant la nuit..), et de la bénédiction qui en découle.

 

- Notre histoire juive du début évoque les plats et confiseries spéciales liées à des événements où le peuple a été sauvé de la persécution et du génocide (déjà…) : manger ces beignets, c’est faire mémoire de l’amour de Dieu qui a déjà libéré Israël et le libérera encore.

Le repas le plus sacré de la foi juive, le Seder Pessah (= le rituel du repas pascal) est lui-même une catéchèse alimentaire. L’oeuf signifie à la fois la mort et la vie  qu’a traversées Israël ; l’os grillé rappelle l’agneau de la sortie d’Égypte (« pas un de ses os ne sera brisé » Ex 12,46 ; cf. Jn 19,36) ; les herbes amères sont le symbole de l’amertume de l’esclavage ; la quatrième coupe de vin annonce le retour du prophète Élie etc.

 Bref : le lien entre l’alimentaire et le mémorial est si fort pour un juif que Jésus a instinctivement prolongé cette tradition à travers le pain et le vin de la Cène. Il a chargé ses aliments d’un pouvoir symbolique extraordinairement fort, et en même temps très simple : faire mémoire de son corps livré, de son sang versé, qui nous associent à sa victoire pascale sur la mort.

 

De quoi l’eucharistie est-elle la madeleine ?

Le premier événement dont l’eucharistie est la mémoire est bien sûr la résurrection du Christ. C’est essentiel et fondateur.

Pourtant, tant que je n’ai pas mis ma propre chair sur cet événement, tant que je n’ai pas vu mon propre sang couler avec celui du Christ, comment faire mémoire ? Car personne n’a vécu physiquement de ses yeux l’événement pascal, personne après l’Ascension n’a renouvelé l’expérience des Onze ou celle de Thomas mettant ses mains dans les plaies du crucifié ressuscité.

Puis-je faire mémoire de quelque chose que je n’ai pas vécu en direct ? Évidemment oui, si l’on fait confiance aux témoignages de ceux qui y étaient. Pensez aux commémorations du débarquement des Alliés en Normandie le 6 juin 44 : les témoins oculaires se font rares, mais nous les croyons assez pour continuer à faire mémoire des milliers de morts dont le sang a été versé pour notre liberté. Combien plus faisons-nous confiance pour l’eucharistie au témoignage des quatre évangiles et du Nouveau Testament ! Mais cela risque de nous rester extérieur tant que nous en restons là, comme les commémorations militaires dont la ferveur s’émousse avec les siècles. Qui fait encore mémoire de 1871 (guerre franco-allemande), de 1648 (traité de Westphalie), de 313 (édit de Milan) etc. ?

La mémoire eucharistique ne sera vive et vivante que si chacun de nous y associe ses propres souvenirs, les événements de son parcours où quelque chose s’est joué de l’ordre du corps livré, du sang versé, du passage (c’est le sens du mot Pâques) sur une autre rive.

Proust a immortalisé le pouvoir mémoriel d’une simple madeleine.

 madeleine« Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté ; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents ; peut-être parce que, de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé ; les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913.

Eh bien : l’eucharistie sera pour nous un vrai trésor personnel si nous en faisons la madeleine de nos passages (Pâques) les plus forts.

Communier peut en effet nous remettre en mémoire les événements pascals qui ont jalonné notre histoire, et nous donner ainsi la force de continuer la route, appuyés sur la fidélité de Dieu à son action pour nous.

Ce sont souvent d’autres eucharisties qui reviennent en mémoire lorsque nous allons communier : celle d’un mariage, de funérailles, ou une messe célébrée autour d’un feu lors d’un camp d’aumônerie, devant une chaîne de montagnes ou dans le cockpit d’un voilier au mouillage…

Ce sont d’autres souvenirs encore que les textes du dimanche peuvent faire remonter à la surface : tel combat dont nous gardons les traces, tel éblouissement qui nous a marqué à tout jamais, telle parole biblique qui a joué un rôle particulier à un moment donné pour nous…

La musique et les chants se chargent de venir compléter cette mobilisation de la mémoire. Claudel lui-même ne sait pas pourquoi il a pleuré en entendant le Magnificat chanté à Notre-Dame de Paris. Mais il est ressorti chrétien de la cathédrale où il était entré athée, et il n’a cessé à chaque eucharistie d’entretenir ce feu intérieur dont il savait qu’il avait pris naissance là, au milieu du chant, derrière ce pilier à Notre-Dame…

Chacun de nous a ses madeleines eucharistiques !

Il suffit de travailler la présence de soi à soi, ou plutôt à son histoire : quels sont les événements de communion/de rupture qui m’ont fait devenir ce que je suis ? quelles sont les personnes qui m’ont donné de prendre de vrais virages, me sauvant  d’une mort certaine ? Quelles sont les paroles qui m’ont fait passer du désespoir à l’envie de vivre ?

Si vous laissez la liturgie eucharistique coudre ces points de suture entre votre passé et votre présent, alors faire mémoire du Christ ressuscité en allant communier deviendra faire mémoire de votre propre résurrection, dès maintenant.

Ainsi, quand bien même un nouvel Hitler s’avancerait, dominateur, pour vous humilier au milieu d’une concentration d’épreuves insupportables, répondez-lui avec humour : quelle nourriture vais-je inventer pour faire mémoire de ta défaite qui approche ?…

 

1ère lecture : Dieu nourrit son peuple (Dt 8, 2-3.14b-16a)

Lecture du livre du Deutéronome

Moïse disait au peuple d’Israël :
« Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert ; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire connaître la pauvreté ; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le c?ur : est-ce que tu allais garder ses commandements, oui ou non ?
Il t’a fait connaître la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne ? cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue ? pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur.
N’oublie pas le Seigneur ton Dieu qui t’a fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage.
C’est lui qui t’a fait traverser ce désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif.
C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau de la roche la plus dure. C’est lui qui, dans le désert, t’a donné la manne ? cette nourriture inconnue de tes pères. »

Psaume : Ps 147, 12-13, 14-15, 19-20

R/ Peuple de Dieu, célèbre ton Seigneur !

Glorifie le Seigneur, Jérusalem !
Célèbre ton Dieu, ô Sion !
Il a consolidé les barres de tes portes,
dans tes murs il a béni tes enfants.

Il fait régner la paix à tes frontières, 
et d’un pain de froment te rassasie. 
Il envoie sa parole sur la terre : 
rapide, son verbe la parcourt.

Il révèle sa parole à Jacob, 
ses volontés et ses lois à Israël. 
Pas un peuple qu’il ait ainsi traité ; 
nul autre n’a connu ses volontés.

2ème lecture : Le sacrement de l’unité (1Co 10, 16-17)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
La coupe d’action de grâce que nous bénissons, n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas communion au corps du Christ ?
Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.

sequence : La séquence est facultative et ad libitum : ()

Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.

Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
   tu ne peux trop le louer…

Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
   qu’on ne peut jeter aux chiens…

Evangile : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde» (Jn 6, 51-58)

Acclamation : Alléluia.Alléluia. Tu es le pain vivant venu du ciel, Seigneur Jésus. Qui mange de ce pain vivra pour toujours. Alléluia. (cf. Jn 6, 51.58)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Après avoir nourri la foule avec cinq pains et deux poissons, Jésus disait :
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »
Les Juifs discutaient entre eux : « Comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? »
Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.
En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson.
Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi je demeure en lui.
De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même aussi celui qui me mangera vivra par moi.
Tel est le pain qui descend du ciel : il n’est pas comme celui que vos pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Patrick BRAUD
 

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13 juin 2014

Trinité : ne faire qu’un à plusieurs

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Trinité : ne faire qu’un à plusieurs

Homélie pour la fête de la Trinité / Année A
15/06/2014

Même la famille a du mal?

Trinité : ne faire qu'un à plusieurs dans Communauté spirituelle bd35feca-201d-11e1-b53a-82616b81bcadUn repas de famille comme toutes les familles en vivent, à l’occasion de Noël, d’un anniversaire, d’une communion? La discussion à table en arrive aux impôts : la fameuse pression fiscale. Une des soeurs présentes part dans une longue diatribe véhémente sur le thème :

- regardez tout ce qu’on nous prend !

Je vois le visage d’une autre soeur se durcir et ses yeux se remplir de colère :

- tu as de la chance de payer des impôts. Nous on aimerait bien en payer, mais on n’est pas assez riches pour cela.

Le débat avec tout le monde enfle, s’envenime, au point que l’une des soeurs quitte la table en pleurant :

- on n’est vraiment pas du même monde !

Silence gêné et consterné évidemment après ce coup d’éclat : la fête est gâchée ; la joie de se retrouver en famille s’est évaporée à l’épreuve des différences trop grandes entre les modes de vie de chacun.

 

L’être humain est trinitaire

Dieu que c’est dur d’être unis en étant différents !

Dieu que c’est difficile de s’aimer alors que tout nous sépare !

C’est pourtant l’enjeu de cette fête de la Trinité : Dieu ne fait qu’un à trois, et il nous introduit dans cette intimité-là.

trinite2 amour dans Communauté spirituelleTrois personnes distinctes, une circulation d’amour entre elles les liant indissolublement : l’unité trinitaire est ce à quoi nous aspirons le plus profondément, parce que à son image nous avons été créés. Nous sommes faits pour vivre par de tels liens d’échanges réciproques où l’un et l’autre deviennent inséparables. Nous portons-nous la trace de cette communion divine, comme la cire garde en creux l’empreinte du sceau royal qui lui a donné sa forme.

Entre le Père et le Fils, dans l’Esprit, circule une telle intensité de relations que l’un n’est pas sans l’autre, et que chacun se reçoit et se donne en même temps, ne faisant plus qu’un dans ce don mutuel (les chrétiens grecs appellent périchorèse  cette joyeuse danse où l’amour circule entre les trois).

 

Ne faire qu’un à plusieurs : c’est bien cela notre vocation la plus fondamentale. Nous l’approchons lorsque l’amitié nous fait vibrer à l’unisson.

Nous la pressentons lorsque la ferveur sportive nous entraîne dans un même enthousiasme (la coupe du monde de football en témoigne !).

Nous la devinons lorsque la musique nous fait expérimenter une harmonie indicible. Nous l’expérimentons avec émotion devant la beauté de la création dont nous sommes issus.

Rien à voir avec la poupée de sel qui se dissout dans l’océan ! Non : l’unité trinitaire respecte le jeu de chacun. Distinguer pour mieux unir (Jacques Maritain) reste une maxime authentiquement chrétienne. Le Père n’est pas le Fils, l’Esprit est distinct des deux, et pourtant les trois ne font qu’un.

C’est en devenant profondément soi-même qu’on s’ouvre à la communion avec l’autre, et réciproquement. La communion divine exalte l’individualité de chacun en la mettant en relation avec la sienne.

L’adjectif chrétien est d’ailleurs synonyme de trinitaire en fait. Le Christ (chrestos en grec = oint) est l’oint, c’est-à-dire celui qui a reçu de Dieu le Père de l’onction de l’Esprit Saint. Le chrétien est donc celui qui, en suivant Jésus-Christ, reçoit du Père la force de l’Esprit pour vivre sa vie d’homme en communion (avec Dieu / les autres / lui-même / la nature…).

Pourquoi alors est-il si difficile d’être unis et différents ? Pourquoi tant de couples ne peuvent-ils pas durer jusqu’au bout sur ce chemin de communion (qui est trinitaire, au fond) ? Pourquoi tant de familles se déchirent-elles entre personnes de même sang ? Et les familles des peuples répercutent à l’infini ces divisions anti-trinitaires : entre catholiques et protestants autrefois, entre Hutus et Tutsis  récemment, entre palestiniens et israéliens toujours, hindous et musulmans encore…

Nous avons perdu la capacité de nous réjouir de ce que l’autre est vraiment autre. Au lieu de nous émerveiller de ce qu’il a et que je n’ai pas, nous jalousons, nous voulons lui ressembler à tout prix (cf. la violence mimétique analysée par René Girard). Au lieu de louer Dieu pour les talents et la personnalité de l’autre, nous cherchons à lui prendre, à le dominer, à le dévorer. Nous travestissons nos différences en inégalités, nous avons peur qu’elles soient source de domination.

 

reiser Dieu 

La Trinité au travail !

Fêter la Trinité est donc un sacré antidote à notre violence inhumaine, et un beau rappel de l’avenir qui nous est promis. Si on y réfléchit, tout notre univers est façonné par cette structure trinitaire. On a parlé de l’amitié, du couple, du sport, de la musique, de la beauté du monde. Parlons aussi de notre univers au travail.

‘Que vient faire la Trinité au travail ?’ railleront certains, en rajoutant avec cynisme : ?en entreprise, on n’est pas dans le monde des Bisounours’.

Pourtant, à moins d’être un ultralibéral partisan de la concurrence à mort, où l’un des derniers marxistes exaltant la lutte des classes, la plupart des travailleurs aspirent à des relations professionnelles faites de collaboration, de solidarité, d’estime, de reconnaissance mutuelle.

Tous les sondages réalisés auprès des salariés français ou européens redisent que l’attente des travailleurs tourne bien sûr autour de la rémunération, mais aussi de la considération, du respect, de l’ambiance et de la qualité des relations au travail.

 

Le secret de l’unité trinitaire réside dans le mouvement : se recevoir/se donner. Cette dynamique de l’échange à la manière divine peut transformer toute activité professionnelle.

Pas question alors d’imposer son autorité hiérarchique à une équipe en faisant claquer ses galons : l’autorité se reçoit, avec humilité, de bas en haut, d’une équipe qui reconnaît à quelqu’un le rôle et la mission de la conduire à sa réussite.

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Plus question entre collègues de rivaliser par la force ou la tromperie : la coopération fera gagner tous ensemble (ce qui ne supprime pas l’émulation, mais la met au service de la réussite commune). Se recevoir inclura également la relation client/usagers/élèves : un grand professionnel est d’abord reconnu comme tel par ses clients, un bon fonctionnaire par les usagers du service public, un professeur génial dans l’admiration de ses élèves.

Se donner marquera en retour l’activité professionnelle du sceau du service. Le grand commerçant est celui qui veut d’abord le meilleur service pour son client (qualité, prix, délai…). Il fait son métier par passion. C’est la passion de se donner qui anime également le scientifique qui cherche et expérimente, le professeur qui déploie des trésors de pédagogie etc.. Même les travaux apparemment les plus ingrats peuvent être vécus dans cet état d’esprit de service. Refaire des centaines de fois les mêmes gestes devant une machine ne peut pas se vivre sans solidarité avec les autres opérateurs, avec ceux de la maintenance des machines, avec le souci de la qualité finale pour le client etc. La manière d’accomplir sa tâche lui donne un autre sens, une dimension plus humaine parce que reliée à d’autres. Cela ne supprime pas la pénibilité physique, le côté mécanique, répétitif – voire abrutissant – de certaines tâches. Cela permet de résister à la déshumanisation qui guette toujours le monde du travail. Mais peut-être aussi d’éviter que des traders deviennent fous, des patrons arrogants, des équipes démotivées parce que divisées et sans aventure commune.

 

Une économie de communion (chère aux Foccolaris) ira puiser dans la Trinité une source d’inspiration pour transformer les relations au travail, et le travail lui-même.

Fêter la Trinité le dimanche permet donc de revenir le lundi matin à son bureau/usine/école/commerce avec le goût de la communion eucharistique (qui est trinitaire) encore dans la bouche. Tout peut devenir matière à se recevoir/se donner. Toute activité (si elle est orientée vers le bien commun) peut engendrer de l’unité entre des gens différents.

Relisons donc nos responsabilités à la lumière de cette vocation trinitaire : ne faire qu’un à plusieurs.

 

 

1ère lecture : Le Dieu tendre et miséricordieux se révèle à son peuple (Ex 34, 4b-6.8-9)

Lecture du livre de l’Exode

Moïse se leva de bon matin, et il gravit la montagne du Sinaï comme le Seigneur le lui avait ordonné.
Le Seigneur descendit dans la nuée et vint se placer auprès de Moïse. Il proclama lui-même son nom ; il passa devant Moïse et proclama :
« YAHVÉ, LE SEIGNEUR, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. »
Aussitôt Moïse se prosterna jusqu’à terre, et il dit :
« S’il est vrai, Seigneur, que j’ai trouvé grâce devant toi, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la tête dure ; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous un peuple qui t’appartienne. »

Psaume : Ps Dn 3, 52, 53, 54, 55, 56

R/ À toi, louange et gloire éternellement!

Béni sois-tu, Seigneur, Dieu de nos pères :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni soit le nom très saint de ta gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu dans ton saint temple de gloire :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu sur le trône de ton règne :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu, toi qui sondes les abîmes :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Toi qui sièges au-dessus des Kéroubim :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

Béni sois-tu au firmament, dans le ciel :
R/ À toi, louange et gloire éternellement !

2ème lecture : Dans l’amour trinitaire (2Co 13, 11-13)

Lecture de la seconde lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères, soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.
Exprimez votre amitié en échangeant le baiser de paix. Tous les fidèles vous disent leur amitié.
Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion de l’Esprit Saint soient avec vous tous.

Evangile : « Dieu a tant aimé le monde…» (Jn 3, 16-18)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia. (cf. Ap 1, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Patrick BRAUD 

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6 juin 2014

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie

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Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie

 

Homélie pour la fête de Pentecôte
08/06/2014

 

Que fête-t-on à Pentecôte ?

- Une fête agraire où on se réjouit des premières gerbes de la moisson ?

C’était le cas il y a des milliers d’années. Et après tout, pourquoi ne pas se réjouir de la générosité de la nature en marquant symboliquement par l’offrande des prémices que c’est elle qui nous nourrit ?

- Le don de la Torah à Israël au Sinaï ?

Sans aucun doute, les chrétiens ne renieront pas cette interprétation historique de l’antique fête rurale. Oui, la sortie d’Égypte est un événement fondateur pour nous tous. Ou ici, le don des tables de la Loi à Moïse au sommet du Sinaï continue à structurer la vie des croyants et plus largement encore.

La Pentecôte chrétienne hérite de la fête juive de Shavouot le rôle central de la Loi dans l’Alliance (mais vécu dans l’Esprit).

 

- Le don de l’Esprit Saint aux disciples ?

Bien sûr, car la venue de l’Esprit Saint sur les Douze (reconstitués grâce à l’élection de Mathias à la place de Judas) marque l’accomplissement de l’Alliance pour les 12 tribus d’Israël, et l’accomplissement de la Loi dans l’amour.

 

Y a-t-il autre chose à fêter à Pentecôte en plus de ces trois dimensions pourtant majeures et monumentales ?

Peut-être…

 

Si on regarde de près le texte des Actes des Apôtres (Ac 2, 12-42), on peut deviner qu’il est en fait la jonction de deux interprétations d’un même événement. Il reste encore les points de suture de la fusion des deux récits.

 

La glossolalie

Un premier récit témoigne de l’effet de la Pentecôte sur les disciples eux-mêmes : des gens qui les entendaient ne les comprenaient pas, et pensaient qu’ils étaient ivres ! « Ils sont pleins de vin doux » raillent-t-il avec cynisme (Ac 2,13).  Et Pierre est obligé de préciser : « Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c’est la troisième heure du jour (9h du matin) » (Ac 2,15). C’est donc que les Douze  ne parlaient pas dans des langues étrangères, mais dans un méta-langage si l’on peut dire, au-delà des mots. Pour dévaloriser la libre expression des disciples chantant et parlant au-delà de la grammaire et du vocabulaire, on les accuse de délirer ; mais c’est bien une réelle expression de libre louange qui jaillit de la gorge des disciples. C’est le fameux scat de Pentecôte !

Selon ce premier récit, la venue de l’Esprit en nous produit une telle explosion de joie que les mots ne suffisent pas à exprimer cette intense expérience. Alors on se met à prier sans paroles, mais avec jubilation. Comme le jazzman oublie sa partition et se lance dans une brillante improvisation, telle Ella Fitzgerald inventant le scat  avec ses onomatopées célèbres, ou plus simplement comme il vous arrive de fredonner sous la douche ou en voiture un air dont pourtant vous n’avez plus les paroles.

Pentecôte : conjuguer glossolalie et xénolalie dans Communauté spirituelle Pentecostals_PraisingCe phénomène est mieux connu maintenant que des chrétiens protestants américains – qui se sont justement appelés pentecôtistes à cause de cela – ont redécouvert cette effusion de l’Esprit à la fin du XIX° siècle. Le renouveau charismatique a relayé cette expérience à l’intérieur du catholicisme.

Ce phénomène peut légitimement s’appeler glossolalie = parler en langue (au singulier : la langue de l’Esprit Saint, qui ne se réduit à aucune langue particulière).

 

C’est cette glossolalie qu’évoque Paul dans ses lettres aux corinthiens :

« Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu; personne en effet ne comprend: il dit en esprit des choses mystérieuses.  Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes; il édifie, exhorte, réconforte.  Celui qui parle en langue s’édifie lui-même, celui qui prophétise édifie l’assemblée.  Je voudrais, certes, que vous parliez tous en langues, mais plus encore que vous prophétisiez; car celui qui prophétise l’emporte sur celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète, pour que l’assemblée en tire édification.

 (..) C’est pourquoi celui qui parle en langue doit prier pour pouvoir interpréter.  Car, si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence n’en retire aucun fruit.

  Que faire donc? Je prierai avec l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence. Je dirai un hymne avec l’esprit, mais je le dirai aussi avec l’intelligence.  (?) Si donc l’Église entière se réunit ensemble et que tous parlent en langues, et qu’il entre des non-initiés ou des infidèles, ne diront-ils pas que vous êtes fous?  Mais si tous prophétisent et qu’il entre un infidèle ou un non-initié, le voilà repris par tous, jugé par tous;  les secrets de son coeur sont dévoilés, et ainsi, tombant sur la face, il adorera Dieu, en déclarant que Dieu est réellement parmi vous. » (1 Co 14, 2-24)

Rappelons à nouveau le témoignage de St Augustin sur ce chant au-delà des paroles :

« Chantez-lui le cantique nouveau, chantez bien. Chacun se demande comment chanter pour Dieu. Chante pour lui, mais évite de chanter mal. [?] Eh bien, il te donne cette méthode de chant : ne cherche pas des paroles, comme si tu pouvais expliquer ce qui plaît à Dieu. Chante par des cris de jubilation. Bien chanter pour Dieu, c’est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela consiste-t-il ? C’est comprendre qu’on ne peut pas expliquer par des paroles ce que l’on chante dans son c?ur. En effet ceux qui chantent, soit en faisant la moisson, soit en faisant les vendanges, ou n’importe quel travail enthousiasmant, lorsqu’ils se mettent à exulter de joie par les paroles de leurs chants, sont comme gonflés par une telle joie qu’ils ne peuvent la détailler par des paroles, ils renoncent à articuler des mots, et ils éclatent en cris de jubilation. [?] Que ton c?ur se réjouisse sans prononcer de paroles et que l’infinité de tes joies ne soit pas limitée par des syllabes. Chantez bien avec des cris de joie. » 

Aujourd’hui encore, la glossolalie de Pentecôte nous livre un message libérateur : n’ayez pas peur de laisser éclater votre joie ; ne vous retenez pas lorsque vous percevez la beauté du monde ou de quelqu’un. Chantez votre bonheur de vivre, fredonnez votre admiration de la nature, « scattez » votre émerveillement devant l’harmonie de l’univers autour de vous et en vous. Improvisez votre louange à partir des belles choses dont vous êtes témoins : cela décuplera votre sentiment de communion, et cela enracinera ses effets au plus intime de vous, pour longtemps.

 

 

La xénolalie

En plus de la glossolalie, un autre phénomène vient se greffer à cette fête de Pentecôte. La seconde version de l’évènement contenue dans notre texte évoque le « parler en d’autres langues » (xéno-lalie) comme un fruit de la venue de l’Esprit Saint sur nous.

« Tous, nous les entendons parler dans notre langue maternelle » (Ac 2,8) : la xénolalie a donc pour but de parler la langue de l’autre, afin de le toucher au coeur, avec sa culture, son histoire, son génie propre. Ce phénomène est quant à lui beaucoup plus rare aujourd’hui ! Et depuis longtemps. À tel point que les Pères de l’Église, constatant sa disparition, l’ont transposé dans la capacité de l’Église à parler  toutes les langues de la Terre, puisqu’elle est catholique (= universelle). Elle s’enracine grâce aux missionnaires dans chaque peuple pour lui traduire l’Évangile et lui parler avec ces mots.

L’intention reste alors très actuelle : l’Esprit nous pousse à apprendre à parler la langue de l’autre, à nous ouvrir à sa culture, à lui annoncer l’Évangile dans sa sagesse spécifique, son vocabulaire, sa grammaire propre.

 

Conjuguer glossolalie et xénolalie

L’enjeu de Pentecôte serait alors de ne plus séparer ce que le texte des Actes a uni : la libre louange au-delà des mots (glossolalie) et l’élan missionnaire avec son exigence d’inculturation (xénolalie).

 

Savoir se réjouir sans aucune honte de le manifester / se décentrer pour parler à l’autre à partir de sa culture : les deux mouvements ne fonctionnent que lorsqu’ils ont leur source dans une vie intérieure, dans une vie spirituelle authentique.

S’émerveiller va de pair avec dialoguer.

Savourer la beauté du monde engage à aller vers l’étranger pour habiter son monde à lui.

Exulter de joie et apprendre la langue de l’autre sont deux mouvements qui s’impliquent mutuellement (pour la présence de Dieu en soi, pour mille autres raisons…)

Bref : l’intériorité maximum et l’altruisme le plus exigeant sont deux faces d’une même monnaie, celle de Pentecôte, celle de l’Esprit en nous.

Comment aller vers l’autre jusqu’à apprendre sa langue si on n’est pas capable de s’émerveiller, de se réjouir de tout ce qu’il y a de vrai, de beau et de bien dans sa culture, son histoire, sa personne ?

Et comment apprécier vraiment le bonheur de vivre si je n’apprends pas à déchiffrer ce monde, à en mesurer la beauté, l’harmonie, la complexité ?

 

Même en entreprise, ce double mouvement est extraordinairement fécond. Lorsqu’on est employé au cadre, apprendre à parler la langue de l’autre est fondamental si on veut travailler ensemble. Cela demande beaucoup de bienveillance, et une grande faculté de se réjouir de ce que l’autre est en lui-même, différent de soi. Celui qui est capable de voir avec bonheur le positif du collègue, du N+1 ou N-1, sera souvent le même qui sait comment s’adresser à lui, comment le respecter dans ce qu’il est tout en lui adressant sa demande et son désir de travailler ensemble.

 

Glossolalie et xénolalie : au-delà de ces termes techniques, ce sont des expériences très concrètes qui sont liées à notre fête de Pentecôte. Porter attention à soi et à l’autre, ou plutôt à la présence de Dieu en soi (effusion de l’Esprit, glossolalie) et à la qualité de ma présence à l’autre (lui parler dans sa culture, xénolalie)…

 

Chantez, fredonnez, scattez comme Ella, tout en traduisant, en bon interprète passionné de la culture de l’autre : que Pentecôte nous s’apprenne à unir la joie intérieure et la communion avec l’étranger…

 

 

 

Messe du jour

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Ac 2, 1-11)

Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble.
Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie.
Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux.
Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.

Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel.
Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue.
Déconcertés, émerveillés, ils disaient : 
« Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ?
Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ?
Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. »

 

Psaume : Ps 103, 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34

R/ O Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! 
Quelle profusion dans tes ?uvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, il expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses oeuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.

 

2ème lecture : L’Esprit du Christ fait l’unité de l’Église dans la diversité (1Co 12, 3b-7.12-13)

Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens

Frères,
sans le Saint-Esprit, personne n’est capable de dire : « Jésus est le Seigneur. »
Les dons de la grâce sont variés, mais c’est toujours le même Esprit.
Les fonctions dans l’Église sont variées, mais c’est toujours le même Seigneur.
Les activités sont variées, mais c’est toujours le même Dieu qui agit en tous.
Chacun reçoit le don de manifester l’Esprit en vue du bien de tous.

Prenons une comparaison : notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ.
Tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps. Tous nous avons été désaltérés par l’unique Esprit.

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Viens, Esprit-Saint, en nos c?urs,
et envoie du haut du ciel
un rayon de ta lumière.

Viens en nous, père des pauvres.
Viens, dispensateur des dons.
Viens, lumière en nos c?urs.

Consolateur souverain,
hôte très doux de nos âmes,
adoucissante fraîcheur.

Dans le labeur, le repos ;
dans la fièvre, la fraîcheur ;
dans les pleurs, le réconfort.

O lumière bienheureuse,
viens remplir jusqu’à l’intime
le c?ur de tous tes fidèles.

Sans ta puissance divine,
il n’est rien en aucun homme,
rien qui ne soit perverti.

Lave ce qui est souillé,
baigne ce qui est aride,
guéris ce qui est blessé.

Assouplis ce qui est raide,
réchauffe ce qui est froid,
rends droit ce qui est faussé.

A tous ceux qui ont la foi
et qui en toi se confient,
donne tes sept dons sacrés.

Donne mérite et vertu
donne le salut final
donne la joie éternelle.

Evangile : Jésus ressuscité donne l’Esprit Saint à ses Apôtres(Jn 20, 19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Pénètre le c?ur de tes fidèles ! Qu’ils soient brûlés au feu de ton amour ! Alléluia.

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »

Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Patrick BRAUD

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