L'homélie du dimanche (prochain)

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28 décembre 2013

La vieillesse est un naufrage ? Honore la !

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

La vieillesse est un naufrage ? Honore la !

Homélie pour la fête de la Sainte famille Année A
29/12/13

Un EHPAD : cinq lettres garantissant un certain confort pour les personnes âgées dépendantes accueillies dans cet établissement médicalisé.

Pourtant, dès l’entrée, un saisissement submerge le visiteur. Une batterie de regards vides alignés dans leurs fauteuils roulants, autour d’une cheminée sans feu ; un silence étrange vu la vingtaine de vieilles dames rassemblées là, et qui devraient papoter à plaisir. Est-ce encore vivre que de laisser le temps s’écouler ainsi, sans autre objectif que d’atteindre le prochain repas, sans autre parole que celles qui sont enfouies, incohérentes, dans les mémoires embrouillées ?

Vous cherchez le visage de la personne que vous êtes venu visiter. Elle a l’air toute surprise alors que vous lui avez rappelé 20 fois auparavant. Au moins est-elle heureuse de cette soudaine déchirure dans la longue solitude journalière répétitive. Mais la conversation devient très vite épuisante. Quand il n’y a plus de traces du passé, quand on est incapable de se projeter plus loin que le prochain repas, il ne reste plus que le présent à explorer. Les oiseaux dans les arbres, la pluie qui va revenir, et cette légère douceur de l’air qui pourrait bien nous permettre d’aller faire une balade dehors, ce que beaucoup de pensionnaires enfermés attendent avec impatience…

Le pire, c’est quand avec la déchirure de l’âge ressortent tous les défauts les plus graves jusque-là jugulés par l’éducation et le savoir-vivre. Rivalité, jalousie, agressivité, méchanceté les unes envers les autres… : les maisons de retraite fourmillent de ce venin d’inhumanité où l’incontinence touche également les attitudes mauvaises auparavant habilement contenues.

Et le pire du pire, c’est le troisième étage, l’étage des « cinglés », dont l’appellation polie de personnes désorientées ou le nom scientifique d’Alzheimer masque mal leur totale dépersonnalisation. Hébétés, à moitié déshabillés, ils errent dans les couloirs ou se terrent dans leur chambre, en donnant du Madame aux Messieurs, en ne reconnaissant plus personne, en n’ayant plus conscience du jour, de l’année, de leur dignité ni de leur identité.

Ressortir indemne de ces visites est impossible.

Le grand âge c’est donc cela aussi ! Pas seulement le beau vieillard adulé qu’était Nelson Mandela, ni les seniors en pleine forme de nos publicités pour happy-boomers. Mais une déchéance du corps, de l’esprit, du souffle. « La vieillesse est un naufrage » osait dire le général De Gaulle en regardant Pétain. Il visait l’errance morale du vieux maréchal. Mais le naufrage s’attaque aujourd’hui à toutes les capacités : physiques, intellectuelles, spirituelles. Nous vivons maintenant si vieux que statistiquement il y a de grandes chances que nos 10 dernières années, autour des 80-90 ans, se transforment en longue dérive dégradante.

L’avertissement de Ben Sirac le Sage (1° lecture) résonne avec d’autant plus de violence dans ce contexte. « Soutiens ton père dans sa vieillesse. Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force » (Si 3,2-14).

En cette fête de la Sainte Famille, voilà un devoir familial dur à entendre. Car c’est épuisant que d’accompagner ainsi des vieillards dans leur démence sénile. C’est en outre devenu si cher que bientôt notre société ne pourra plus payer pour des conditions d’accueil et de soins dignes. Allez faire un tour dans les longs séjours de nos hôpitaux, de nos hospices publics, et vous découvrirez des mouroirs qui n’ont rien à envier à ceux de Calcutta.

Pourtant, le sage nous avertit : « ne méprise pas tes vieux parents lorsque l’esprit les abandonne », sinon pourrais-tu toi-même espérer de la miséricorde pour toutes tes déchéances actuelles ou à venir ?

C’est l’ancien commandement : « honore ton père et ta mère » que la sagesse invite à revisiter. Que veut dire : honorer ses vieux parents lorsque apparemment ils sont réduits à une survie plus ou moins animale ?

Redoutable question, qui va peser sur le débat à l’Assemblée Nationale pour les lois dites ?de fin de vie’ : euthanasie active ou passive, suicide assisté, surcoût insupportable pour les déficits publics etc.

L’impératif catégorique demeure pour autant : « honore ton père et ta mère ».

Peut-être Jésus l’a-t-il vécu dans son enfance, confronté au grand âge, puis à la mort de son père adoptif ? Car Joseph, selon quelques traditions orales, aurait été beaucoup plus âgé que Marie, et serait mort au moment où Jésus émerge à la vie publique. Mais on ne sait rien ou presque de l’attitude de Jésus vis-à-vis des personnes âgées de son époque. Tout simplement parce que dans ce temps-là on ne vivait pas vieux !

C’est réellement une question moderne engendrée par l’allongement spectaculaire de l’espérance de vie, et de la santé qui y conduit. Difficile donc de trouver dans la Bible comment faire pour accompagner nos seniors ++ jusqu’au bout.

À nous d’inventer les chemins de respect et d’affection pour entourer nos aînés.

Ce n’est plus en prenant chez soi ses parents ou beaux-parents, comme on faisait autrefois à la ferme. Car nos appartements, nos rythmes de vie ne sont plus compatibles avec cela. Et cette cohabitation de générations engendrait bien des rancoeurs, frustrations et dominations dont nous ne voulons plus.

Alors, que faire pour ceux dont la force et l’esprit les abandonnent ?

La vieillesse est un naufrage ? Honore la ! dans Communauté spirituelle axe1Francoise- Une première réponse se trouve du côté de la recherche scientifique.

Combattre la douleur et le handicap liés à l’âge, entretenir la motricité et l’indépendance, vaincre Alzheimer (peut-être grâce aux cellules souches) etc…. Investissons massivement dans cette recherche, de qui dépendent nos conditions de vieillesse future.

- Une deuxième réponse se trouve du côté de l’innovation sociale. On peut imaginer des lieux de vie différent, des prises en charge à domicile alternatives, des associations mieux impliquées, des croisements intergénérationnels avec des écoles, des artistes etc. La lutte contre la solitude des personnes âgées est notamment un champ où les chrétiens ont un vrai savoir-faire (Petites Soeurs des Pauvres, conférences Saint-Vincent de Paul, service évangélique des malades etc…).

- Une troisième réponse sera proprement spirituelle. Un sursaut de la conscience collective pour ne pas se voiler la face devant cette question de plus en plus lourde, pour aller affirmer a priori la valeur et la dignité de toute personne humaine, justement – et plus encore – lorsqu’elle n’a plus  apparence humaine à cause du grand âge.

Le Christ a fait l’expérience de devenir un rebut de l’humanité, humilié, méprisé, regardé « comme un ver » et non comme un être humain. C’était pour que les défigurés de nos sociétés trouvent en lui un compagnon de route qui rappelle à tous la vraie beauté humaine que même la démence sénile et la déchéance des années ne peuvent extirper de l’existence de chacun.

En fêtant la Sainte Famille, réfléchissons aux engagements personnels et collectifs à prendre pour que nos aînés ne soient pas déshonorés par la perte de leurs facultés.

« Même si son esprit l’abandonne, ne méprise pas ton père ou ta mère ».

1ère lecture : Les vertus familiales (Si 3, 2-6.12-14)

Lecture du livre de Ben Sirac le Sage

Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils.
Celui qui honore son père obtient le pardon de ses fautes,
celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor.
Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé.
Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère.
Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie.
Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force.
Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.

Psaume : Ps 127, 1-2, 3, 4.5bc

R/ Heureux les habitants de ta maison, Seigneur !

Heureux qui craint le Seigneur 
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains : 
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison 
comme une vigne généreuse, 
et tes fils, autour de la table, 
comme des plants d’olivier. 

Voilà comment sera béni 
l’homme qui craint le Seigneur. 
Tu verras le bonheur de Jérusalem 
tous les jours de ta vie.

2ème lecture : Vivre ensemble dans le Christ (Col 3, 12-21)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Frère,
puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes ses fidèles et ses bien-aimés, revêtez votre c?ur de tendresse et de bonté, d’humilité, de douceur, de patience.
Supportez-vous mutuellement, et pardonnez si vous avez des reproches à vous faire. Agissez comme le Seigneur : il vous a pardonné, faites de même.
Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection.
Et que, dans vos coeurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former en lui un seul corps. 

Vivez dans l’action de grâce.
Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres avec une vraie sagesse ; par des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez à Dieu, dans vos c?urs, votre reconnaissance.
Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus Christ, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. 
Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient.
Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle.
Vous les enfants, en toutes choses écoutez vos parents ; dans le Seigneur, c’est cela qui est beau.
Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager.

Evangile : La Sainte Famille en Égypte et à Nazareth (Mt 2, 13-15.19-23)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Vraiment, tu es un Dieu caché, Dieu parmi les hommes, Jésus Sauveur ! Alléluia. (cf. Is 45, 15)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Après le départ des mages, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. »
Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte,
où il resta jusqu’à la mort d’Hérode. Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.

Après la mort d’Hérode, l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et reviens au pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. »

Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et rentra au pays d’Israël.

Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth.
Ainsi s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Patrick Braud

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23 décembre 2013

Noël : la trêve des braves

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La trêve des braves

Homélie de la nuit de Noël 2013

 » Joyeux Noël !  »
C’est ce que nous allons nous souhaiter, ce soir et demain.

 » Joyeux Noël !  »
C’est également le souhait, prononcé dans un français hésitant, que des soldats allemands ont adressé à des soldats français au milieu du no man’s land entre les tranchées de la guerre de 14-18, quelque part sur le font dans le Nord? Fait authentique qui a suscité la fureur des gradés, voulant poursuivre la boucherie…

Noël : la trêve des braves dans Communauté spirituelle 51M94CKJCCL._SY300_Si vous avez vu le film  tiré de ce fait de guerre, sorti au cinéma il y a quelques années (2005), vous vous souvenez sans doute de cette scène de la fraternisation entre allemands, écossais et français, la nuit d’un Noël de guerre, au milieu de la boucherie des tranchées.

Car l’impensable peut se produire même là, même dans la boue, dans la haine de l’ennemi apprise dès les bancs de l’école. Il aura suffit d’un « Stille Nacht, heilige Nacht » entendu dans la tranchée d’en face, pour que les cornemuses britanniques répondent avec l’« Amazing Grace », et les français rejoignant avec l’accordéon le choeur improvisé des chants de Noël en pleine guerre mondiale…

On va poser le fusil un instant pour aller, une bougie à la main, saluer celui d’en face, lui serrer la main, échanger avec lui cigarettes et chocolat ! Et lui souhaiter « Joyeux Noël » !

Les fraternisations durant 14-18 : la trêve de Noël 1914

Les fraternisations durant 14-18 : la trêve de Noël 1914

On voit alors les hommes se rassembler pour une messe de minuit assez surréaliste, en plein champ de bataille, où les adversaires prient ensemble, où les gradés chantent avec les gars de la troupe, où ceux qui fraternisent sont tout surpris de voir la même humanité sous des uniformes opposés !

Le prêtre anglican qui célèbre la messe de Noël au milieu de cette assemblée étonnante constate avec émotion : « Ce soir, des hommes ont envie de  se rassembler autour d’un simple calvaire, comme on se réchauffe autour d’un feu en hiver ! Même ceux qui n’y croient pas sont venus se réchauffer en écoutant la Parole de Dieu pour oublier la guerre ».

Voila la puissance de Noël : faire que « des ennemis enfin se parlent, des adversaires se tendent la main, des peuples qui s’opposaient acceptent de faire ensemble une partie du chemin » (Préface de la Prière eucharistique pour la Réconciliation n°2).


Dans nos familles, nous avons besoin de cette « trêve de Noël » : autour de la table ce soir, ou au téléphone avec ceux qui sont loin, déposons les armes s’il y a des conflits, faisons la paix s’il y a des motifs de querelles ; retrouvons nos frères, nos soeurs, nos enfants, nos proches sans arrière-pensée, avec le seul désir d’être en paix, avec le seul drapeau du pardon, avec pour seule tranchée la conviction de partager un destin commun.
Car dans nos familles aussi il y a des guerres inhumaines, alors que nous sommes capables de tant de fraternité lorsque chacun s’y met !


Cet enfant, vulnérable et désarmé, sur la paille de la mangeoire, vient nous rendre nous-mêmes vulnérables et désarmés.
Vulnérables à la tendresse de nos proches, aux gestes et aux paroles d’affection qui ce soir nous toucheront vraiment.
Désarmés, c’est-à-dire : renonçant à la violence, renonçant à la maîtrise de l’autre, à la mainmise sur l’autre, qu’il ait 12 ans ou 80 ans, qu’il soit le conjoint ou le frère.

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Ce soir, laissons la grâce de Noël nous changer, nous transformer, faire fondre nos cœurs, à l’image des poilus de 14 qui écrivaient : « On en peut pas se tuer une nuit de Noël? » (Julien Arène, les carnets d’un soldat, Paris, 1917)


Et demain, revenus dans nos entreprises, notre milieu professionnel, amical, dans notre quartier, nous pourrons laisser la joie de Noël continuer à faire son chemin en nous : pourquoi ne pas voir en chacun ce compagnon d’humanité pour lequel le Christ est venu sur terre ?

Il est toujours possible de fraterniser, même quand on ne partage pas les mêmes idées, les mêmes coutumes, la même religion.


Que l’enfant de la crèche nous aide à ne jamais désespérer de cette capacité de fraternisation que chacun de nous porte en lui !

Frohe Weihnachten !

Merry Christmas !

Joyeux Noël !…

Messe de la Nuit

1ère lecture : Le prince de la paix (Is 9, 1-6)

Lecture du livre d’Isaïe

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi.
Tu as prodigué l’allégresse, tu as fait grandir la joie : ils se réjouissent devant toi comme on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les dépouilles des vaincus.
Car le joug qui pesait sur eux, le bâton qui meurtrissait leurs épaules, le fouet du chef de corvée, tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane.
Toutes les chaussures des soldats qui piétinaient bruyamment le sol, tous leurs manteaux couverts de sang, les voilà brûlés : le feu les a dévorés.
Oui ! un enfant nous est né, un fils nous a été donné ; l’insigne du pouvoir est sur son épaule ; on proclame son nom : « Merveilleux-Conseiller, Dieu-Fort,Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix ».
Ainsi le pouvoir s’étendra, la paix sera sans fin pour David et pour son royaume. Il sera solidement établi sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers.

Psaume : Ps 95, 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13ac

R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né :
c’est le Christ, le Seigneur.

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Joie au ciel ! Exulte la terre !
Les masses de la mer mugissent,
la campagne tout entière est en fête.

Les arbres des forêts dansent de joie
devant la face du Seigneur, car il vient,
pour gouverner le monde avec justice.

2ème lecture : La grâce de Dieu s’est manifestée (Tt 2, 11-14)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre à Tite

La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.
C’est elle qui nous apprend à rejeter le péché et les passions d’ici-bas, pour vivre dans le monde présent en hommes raisonnable, justes et religieux,
et pour attendre le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur.
Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

Evangile : Naissance de Jésus (Lc 2, 1-14)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Je vous annonce une grande joie. Aujourd’hui nous est né un Sauveur : c’est le Messie, le Seigneur !Alléluia. (cf. Lc 2, 10-11)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre ? ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie. ?
Et chacun allait se faire inscrire dans sa ville d’origine.
Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David.
Il venait se faire inscrire avec Marie, son épouse, qui était enceinte.
Or, pendant qu’ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter.
Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.
Dans les environs se trouvaient des bergers qui passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.
L’ange du Seigneur s’approcha, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte,
mais l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je viens vous annoncer une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple :
Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur.
Et voilà le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »
Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime. »
Patrick Braud

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21 décembre 2013

Deux prénoms pour une naissance

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Deux prénoms pour une naissance

Homélie du 4° dimanche de l’Avent / Année A
22/12/2013

Vous souvenez-vous de la pièce de théâtre intitulée : «  Le prénom », qui a d’ailleurs inspiré un film éponyme ?

Deux prénoms pour une naissance dans Communauté spirituelle 50119-1096-50119Familles et amis rassemblés attendent avec impatience des nouvelles de la grossesse de leur hôte. Mais à la question rituelle : « et vous avez choisi quel prénom ? », la réponse donnée par les parents viendra jeter le trouble. De fil en aiguille, les réactions à ce prénom révéleront les failles et les secrets cachés de ces familles apparemment unies. Il faut dire que le prénom en question n’est plus guère porté aujourd’hui ! J’avais bien un grand-père et un oncle qui s’appelaient ainsi, mais c’était avant la guerre de 39-45… Ce prénom maudit depuis, disparu de nos faire-parts de naissance, c’était… Adolphe ! Comme quoi la symbolique d’un prénom fait porter une lourde responsabilité aux parents qui l’imposent (littéralement : le posent sur) à leur bambin chéri !

Les civilisations traditionnelles ont gardé jusqu’à aujourd’hui une dimension symbolique très prégnante dans le choix des noms et des prénoms. En Afrique, le prénom est souvent lié à un événement qui a marqué la grossesse ou la naissance (« Dieu a donné » ; « le jour de la pleine lune » etc.). On se souvient que le nom de Nelson Mandela signifie : « celui qui crée des obstacles » ; bien vu ! Ou alors c’est le nom d’un ancêtre que l’on donne à nouveau pour attirer sa bénédiction protectrice sur son descendant.

 Emmanuel dans Communauté spirituelleLa culture biblique ne fait pas exception. Dans le peuple juif, les noms et les prénoms ont une signification. Ils invoquent le plus souvent l’alliance avec Dieu (Moïse = sauvé des eaux ; David = le bien-aimé ; Raphaël = Dieu guérit ; Élisabeth = la maison de Dieu etc.) ou bien des relations familiales (Saraï = ma princesse) ou un métier, une position sociale (Cohen = fonction sacerdotale ; Lévi = fonction lévitique etc.).

Il est donc cohérent de donner à l’enfant de Marie un nom à la hauteur de sa mission : Jésus = Yeshoua = Dieu sauve.

Sauver de la part de Dieu est au coeur de l’identité de Jésus. Il est le Rédempteur par excellence. Le Christ Rédempteur qui ouvre les bras au sommet de la montagne surplombant la magnifique baie de Rio (Brésil) en est un beau symbole. La coupe du monde de football de 2014 nous le donnera à voir sous tous les angles. C’est parce qu’il ouvre l’intimité qui l’unit à Dieu à chacun d’entre nous que Jésus est vraiment lui-même : Sauveur, Rédempteur.

Rappelons que sauver n’est pas seulement sauver de quelque chose : du mal, de la mort, du péché. Sinon, ce serait un peu désespérant, voire sectaire ! Car il faudrait d’abord convaincre l’autre que tout va mal pour lui et qu’il a besoin d’un réparateur avant de lui annoncer l’Évangile. Un peu comme ces plombiers peu honnêtes qui font un diagnostic épouvantable de vos toilettes, uniquement pour vous proposer de tout changer en vous faisant – disent-ils – un prix d’ami…

Même si bien des choses vont mal dans nos sociétés limitées et donc imparfaites, ce n’est pas à partir de la diabolisation de la situation présente que le Christ a annoncé son Évangile. Non : c’est à partir des aspirations les plus profondes que chacun porte en soi. Autrement dit, ce n’est pas être sauvé du mal qui est le plus important, c’est être sauvé en vue du bien. Être sauvé, c’est entrer dans la communion d’amour trinitaire, c’est faire l’expérience que Dieu habite en nous et nous en lui. Et ça, même l’homme le plus heureux de la terre le désire.

Le salut est finalement synonyme de divinisation : « devenir participants de la nature divine » (2P 1,4).

En cours de route, sur ce chemin de transfiguration, il y a certes le pardon pour guérir les blessures, la lutte pour être libéré du mal, mais ce ne sont que des étapes et non le but ultime.

lapin-bleu-noel-2010 être avec 

Le prénom de « Sauveur » (toujours donné en Corse ou en Italie : Salvatore) traduit donc bien l’identité de Jésus. Alors pourquoi lui donner un second prénom : Emmanuel ? Car le texte précise, en accomplissement d’une prophétie d’Isaïe : « Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous) » Is 7,10-16 (1° lecture de ce Dimanche).

Voilà donc une seconde signification : Dieu avec nous, qui vient en surimposition de la première : Dieu sauve. Comme un calque de Photoshop, ou un filigrane de billet de banque, être avec se conjugue avec le salut.

L’équivalence ainsi posée est simple.

Sauver suppose d’être avec.
Être avec permet d’apporter le salut.

Pas d’extériorité du salut (contrairement à l’islam), car Dieu est « plus intime à moi-même que moi-même » (saint Augustin), grâce à son Verbe devenu l’un d’entre nous.

Voilà une piste solide pour devenir nous-mêmes un autre Christ ! Être avec ceux qui souffrent et ceux qui réussissent, ceux qui désespèrent et ceux qui rayonnent.

Impossible d’être avec tous à soi tout seul. Il y faut l’Église entière : certains sont appelés à être avec les acteurs économiques, d’autres avec les abandonnés, certains avec le monde des artistes, d’autres encore avec celui des sportifs etc.. L’important est de vivre intensément une profonde communion avec ceux vers qui nous sommes envoyés. Sans complaisance pour leurs travers, leurs compromissions, leurs arrangements douteux parfois. Mais, avec l’amour du Christ rédempteur, accueillir tout ce qu’ils portent en eux de germes de vérité, vibrer à tout ce qui les passionnent authentiquement, et à partir de là leur ouvrir « la porte de la foi » (Ac 14,27).

Cette équivalence est donc fondatrice : sauver <=> être avec.

Puissions nous ne jamais oublier cette double implication que le Verbe de Dieu porte gravée en sa chair à travers le double prénom qui lui a été donné : Jésus / Emmanuel.

 

 

1ère lecture : Dieu promet un sauveur (Is 7, 10-16)
Lecture du livre d’Isaïe
Le Seigneur envoya le prophète Isaïe dire au roi Acaz : « Demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu, demande-le au fond des vallées ou bien en haut sur les sommets. » Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. » Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! Eh bien ! Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils, et on l’appellera Emmanuel, (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, et il saura rejeter le mal et choisir le bien. Avant même que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, elle sera abandonnée, la terre dont les deux rois te font trembler. »

Psaume : Ps 23, 1-2, 3-4ab, 5-6
R/ Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire !

Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.

Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au coeur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.

Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche la face de Dieu !

2ème lecture : L’Apôtre annonce le salut en Jésus Christ (Rm 1, 1-7)
Commencement de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Moi Paul, serviteur de Jésus Christ, appelé par Dieu pour être Apôtre, mis à part pour annoncer la Bonne Nouvelle que Dieu avait déjà promise par ses prophètes dans les saintes Écritures, je m’adresse à vous, bien-aimés de Dieu qui êtes à Rome. Cette Bonne Nouvelle concerne son Fils : selon la chair, il est né de la race de David ; selon l’Esprit qui sanctifie, il a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur. Pour que son nom soit honoré, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés. Vous les fidèles qui êtes, par appel de Dieu, le peuple saint, que la grâce et la paix soient avec vous tous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur.

Evangile : La venue de l’Emmanuel annoncée à Joseph (Mt 1, 18-24)
Acclamation : Alléluia. Alléluia. Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia.(Mt 1, 23)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ.
Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint.
Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret.
Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
Tout cela arriva pour que s’accomplît la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle mettra au monde un fils, auquel on donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ».
Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Patrick Braud

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14 décembre 2013

L’Église est comme un hôpital de campagne !

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L’Église est comme un hôpital de campagne !

Homélie du 3° dimanche de l’Avent / Année A
15/12/2013

Comme un hôpital de campagne après la bataille

Un jeune séminariste arrive en paroisse pour la première fois. C’est un stage d’immersion pastorale qui doit lui permettre de découvrir la réalité de la vie des paroisses. Au bout de quelques semaines, il fait un rapport étonné : « dans nos assemblées, il y a un nombre incroyable de gens qui ne vont pas bien. Jamais je n’avais vu autant de dépressifs, de gens perturbés, de souffrances en tous genres ! »

L'Église est comme un hôpital de campagne ! dans Communauté spirituelleIl venait de faire l’expérience de l’Évangile de ce dimanche : « Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » (Mt 11,2-11)Les premiers à accueillir la parole de Dieu sont bien les rebuts de la société, aujourd’hui comme hier. Comme l’écrivait Saint-Paul aux Corinthiens : « Aussi bien, frères, considérez votre appel: il n’y a pas beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages; ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n’est pas, pour réduire à rien ce qui est » (1Co 1,26-28).

Corinthe était un double port sur l’isthme unissant la Grèce du Nord au Péloponnèse. Cet isthme se situe à l’intersection de deux grands axes commerciaux : l’axe est-ouest où arrivent les produits de luxe orientaux et l’axe nord-sud. C’était l’équivalent du port d’Amsterdam chanté par Jacques Brel. L’Église de Corinthe était composée de dockers – des tatoués, des durs ! -, de prostituées habituées des marins loin de leurs bases, de petites gens qui grouillaient autour de la manne commerciale de la marine marchande. Voilà pourquoi St Paul ose dire que somme toute l’assemblée de Corinthe a une sale gueule. Le visiteur distingué venant d’ailleurs se boucherait le nez en passant entre les rangs de ces baptisés-là.

Voilà pourtant ceux que Jésus donne comme le signe messianique par excellence : les boiteux de la vie, les estropiés de l’amour, les aveugles du savoir, les lépreux mis à l’écart, les sourds à qui on ne parle plus…

Les Grecs et les Romains des premiers siècles étaient choqués par cette réalité ecclésiale, comme notre jeune séminariste. Les uns aimaient les esthètes et les philosophes, les autres les gladiateurs et les tribuns : ils ne pouvaient que mépriser au début ce ramassis d’esclaves et d’inférieurs qui constituait le gros des troupes chrétiennes…

Quelle folie à leurs yeux de croire que l’humanité nouvelle était en train de naître au milieu de ces assemblées qui relèvent plus de la Cour des Miracles que de l’aréopage d’Athènes !

 

Commencer par le bas

Jésus y voit au contraire l’accomplissement de la volonté de son Père : « la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ». Cela n’exclut nullement les riches de cette annonce : ils ont toute leur place dans la vie de l’Église. Mais de fait, Jésus constate que les humiliés, les pauvres, les souffrants sont plus généreux dans l’accueil de sa parole. C’est ce que Nietzsche reprochera au christianisme, qu’il qualifiera de religion d’esclaves, par opposition au culte du surhomme dont il voulait être le prophète.

Or, si les pauvres sont au coeur de l’Église, ce n’est pas pour glorifier la pauvreté ou la souffrance. C’est au contraire pour annoncer un monde réconcilié où enfin la pauvreté et la souffrance seront vaincues. Cela commence à partir du bas, et cela gagne le corps social tout entier, lorsque la place des plus petits est reconnue comme la première.

Le pape François, dans sa retentissante interview de 2013 aux revues jésuites, prend l’image suivante :

« Je vois avec clarté que la chose dont a le plus besoin l’Église aujourd’hui c’est la capacité de soigner les blessures et de réchauffer le coeur des fidèles, la proximité, la convivialité.

Je vois l’Église comme un hôpital de campagne après une bataille » .

707430237_small Avent dans Communauté spirituelleUn hôpital de campagne en pleine guerre, ce n’est pas beau à voir. Visionnez les films sur la Grande Guerre ou la seconde, et vous verrez combien l’humanité est laide, affreuse, mutilée, repoussante lorsqu’elle est défigurée par la haine. « Les sentiers de la gloire » de Stanley Kubrick ou « Il faut sauver le soldat Ryan » de Steven Spielberg nous font deviner le dégoût et l’horreur que peut éprouver un infirmier qui ramasse les corps déchiquetés pour les apporter à l’hôpital de campagne.

Eh bien, en Jésus, Dieu en personne ne s’est pas bouché le nez, n’a pas détourné son regard, n’a pas eu peur d’accueillir cette misère humaine pour la soigner, la désinfecter, la panser, la guérir.

D’où la conséquence capitale que le pape François en déduit pour la mission des baptisés :

« Il est inutile de demander à un blessé grave s’il a du cholestérol ou si son taux de sucre est trop haut ! Nous devons soigner les blessures. Ensuite nous pourrons aborder le reste.

Soigner les blessures, soigner les blessures… Il faut commencer par le bas. »

Autrement dit : arrêtez de prononcer des jugements au nom de la morale sur vos contemporains.

Arrêtez de leur poser des conditions a priori pour s’approcher de la Bible et des sacrements.

Arrêtez de leur demander d’être des chrétiens 100 % cohérents – ce que vous n’êtes pas vous-mêmes - pour pouvoir s’approcher de l’Église.

Vous devinez ce que cela devrait changer dans nos assemblées : accueillir et aller chercher les personnes telles qu’elles sont, sans leur poser de questions indiscrètes, sans mettre sur leurs épaules des fardeaux que nous-mêmes sommes incapables de porter. Que ce soient des personnes divorcées/remariées, homosexuelles, en complète contradiction ou non avec l’Évangile, chacune a le droit de s’entendre dire : « mon ami, descends au plus profond de toi ; aujourd’hui Dieu veut demeurer chez toi ».

Une morale de réponse et non de préalable

L’appel à la conversion fera son chemin après. Le choc de la rencontre produira son fruit ensuite. La fréquentation de l’Écriture des sacrements donnera faim et soif de cohérence après : ayons confiance en la puissance du renouveau apporté par l’Esprit du Christ.

Mais c’est une conséquence et non pas un préalable.

La morale n’a jamais été une condition d’accès au salut, sinon le bon larron n’aurait jamais entendu le Christ lui ouvrir le Paradis.

Notre morale est une morale de réponse et non de préalable.

Le coeur du message chrétien n’est pas la morale, mais la foi, l’abandon confiant au Dieu qui nous aime infiniment. Nietzsche avait pressenti que le salut se situe « au-delà du bien et du mal ». Mais pour les chrétiens, ce n’est pas un idéal volontariste de l’homme se surpassant lui-même. C’est plutôt la devise de St Augustin : « aime, et fais ce que tu veux »

790b60eb3c84eea4e2877d8a505c1eda Eglise« Soigner les blessures… Soigner les blessures. Il faut commencer par le bas » nous répète inlassablement le pape François.

Le « bas » de notre société française, quel est-il ? Écoutez le Secours Catholique, les communautés Emmaüs ou ATD Quart-Monde nous parler de ceux et celles qu’ils rencontrent. Ouvrez les yeux sur vos voisins, vos familles mêmes, traversées par le chômage, l’handicap, la violence. L’Église reconstruit une société nouvelle en commençant par le bas.

 

 

Ni rigoristes, ni laxistes.

Laissons le dernier mot au Pape François qui invite l’Église à se convertir, à revenir à sa mission essentielle :

« L’Église s’est parfois laissé enfermer dans des petites choses, de petits préceptes. Le plus important est la première annonce : Jésus Christ t’a sauvé ! Les ministres de l’Église doivent être avant tout des ministres de miséricorde. Le confesseur, par exemple, court toujours le risque d’être soit trop rigide, soit trop laxiste. Aucune des deux attitudes n’est miséricordieuse parce qu’aucune ne fait vraiment cas de la personne. Le rigoureux s’en lave les mains parce qu’il s’en remet aux commandements. Le laxiste s’en lave les mains en disant simplement : ‘cela n’est pas un péché’ ou d’autres choses du même genre. Les personnes doivent être accompagnées et les blessures soignées. »

 

 

 

1ère lecture : Les merveilles du salut à venir (Is 35, 1-6a.10)
Lecture du livre d’Isaïe

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse,
qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et de Sarône. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu.
Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent,
dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. »
Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds.
Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. 

Ils reviendront, les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie, un bonheur sans fin illuminera leur visage ; allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuiront.

Psaume : Ps 145, 7, 8, 9ab.10a

R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !

Le Seigneur fait justice aux opprimés ; 
aux affamés, il donne le pain, 
le Seigneur délie les enchaînés. 

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, 
le Seigneur redresse les accablés, 
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l’étranger. 
Il soutient la veuve et l’orphelin.

D’âge en âge, le Seigneur régnera.

2ème lecture : « Ayez de la patience : la venue du Seigneur est proche » (Jc 5, 7-10)
Lecture de la lettre de saint Jacques

Frères, en attendant la venue du Seigneur, ayez de la patience. Voyez le cultivateur : il attend les produits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la première et la dernière récoltes.
Ayez de la patience vous aussi, et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche.
Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte.
Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.

Evangile : Jean Baptiste et Jésus (Mt 11, 2-11)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Prophète du Très-Haut, Jean est venu préparer la route devant le Seigneur et rendre témoignage à la Lumière.Alléluia. (cf. Lc 1, 76 ; Jn 1, 7)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jean le Baptiste, dans sa prison, avait appris ce que faisait le Christ. Il lui envoya demander par ses disciples : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »
Jésus leur répondit : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi ! » 

Tandis que les envoyés de Jean se retiraient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés voir au désert ? un roseau agité par le vent ?… Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme aux vêtements luxueux ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi.
Amen, je vous le dis : Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui. »
Patrick Braud

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