L'homélie du dimanche (prochain)

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23 novembre 2013

Le Christ Roi fait de nous des huiles

Classé sous Communauté spirituelle — lhomeliedudimanche @ 0 h 01 min

Le Christ Roi fait de nous des huiles

Homélie du Dimanche 24 Novembre 2013 / Année C
Fête du Christ Roi

Qu’est-ce qui fait roi un homme ?

Le Christ Roi fait de nous des huiles dans Communauté spirituelle david1

Chez nous, ce qui fait un président c’est le soir du résultat des élections, et la cérémonie d’investiture qui suit (rappelez-vous Mitterrand au Panthéon une rose à la main?).

En Israël, ce qui faisait un roi, c’était l’onction, et l’onction d’huile.

 

La 1ère lecture décrivait ce rite d’intronisation : « ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël ». Être oint, recevoir l’onction, en grec, cela s’appelle la chrismation : devenir un Christ ! Appeler Jésus « le Christ », c’est reconnaître en lui un successeur de David, quelqu’un qui a reçu l’onction l’intronisant roi.

 

D’ailleurs par le baptême, par l’onction d’huile du baptême, nous devenons tous des oints, des christs !

À tel point que Cyrille de Jérusalem (4° siècle) avertissait le pouvoir romain qui persécutait les nouveaux baptisés : « ne touchez pas à mes christs ! »c’est-à-dire « ne touchez pas à ceux qui par l’onction d’huile sont devenus comme des christs. »

 

L’onction royale de notre baptême est donc à la fête en ce dimanche du Christ Roi, point d’orgue de l’année liturgique.

Dieu-roi-supr%C3%AAme-d%E2%80%99Isra%C3%ABl-L%E2%80%99onction-d%E2%80%99huile-qui-fait-les-messies baptême dans Communauté spirituelle« Toi qui fais maintenant partie de son peuple, Dieu te marque de l’huile sainte, afin que tu demeures éternellement membre de Jésus-Christ, prêtre, prophète, et roi » : ces paroles au moment où le prêtre/diacre verse l’huile sur le front d’un catéchumène en le signant avec cette huile, ces paroles redisent la grandeur royale de tout homme, de tout être humain. « L’homme, la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même » rappelle le Concile Vatican II (Gaudium et spes)…

Que nous dit cette onction d’huile de notre baptême, par laquelle nous participons à la royauté de David, bien plus encore : à la royauté du Christ ?

Comme un massage, où l’huile pénètre au plus profond de votre peau, la chrismation ouvre la voie à l’Esprit Saint au plus intime de votre coeur.


Comme un
parfum qui se dégage ensuite du corps, la chrismation vous invite à laisser émaner de vous une bonne odeur d’évangile, de sainteté, grâce à l’Esprit Saint qui travaille en vous.


Comme une
marque brillante qui luit sur le front du baptisé, la chrismation vous distingue entre tous, portant la trace de l’appartenance au Christ, comme un diadème royal.


Comme une
pommade qu’on applique sur des plaies pour les désinfecter et les soigner, l’huile vient apaiser vos brûlures intérieures, guérir vos blessures les plus secrètes? (cf. le Samaritain versant de l’huile sur les plaies du blessé?).


Comme une
énergie pour brûler et faire briller la clarté au bout d’une mèche de lampe, l’huile du baptême fait de vous des êtres de lumière pour illuminer le monde.

 

Voilà où s’enracine la dignité royale de tout baptisé : participer à la royauté du Christ sur l’univers.

En le transformant, par la science et les techniques.

En l’aimant, en bon gestionnaire qui sait bien ne pas être propriétaire de la Création, mais son ami, son partenaire.

Dans le travail professionnel tout particulièrement, cette dimension royale est à l’oeuvre. 

Parce que le travail est l’exercice ordinaire de la royauté de l’homme sur le monde, il ne faut pas espérer vivre l’évangile en dehors de cette réalité royale.

Se sanctifier par le travail, sanctifier le travail lui-même, et sanctifier le monde à travers le travail : l’onction d’huile du baptême nous donne une spiritualité très concrète, très ordinaire, très simple.

Mais faire son travail en ayant conscience de participer à la royauté du Christ sur l’univers, cela change tout ?

Car il y a bien un lien entre ces deux royautés que nous fêtons aujourd’hui : celle du Christ et la nôtre. Dans notre évangile de ce Dimanche, comment Jésus manifeste-t-il qu’il est Roi ? Paradoxalement ! En se recevant d’un Autre.  En refusant de se sauver soi-même.

Vous l’avez entendu, cette dernière tentation sur la Croix, qui revient par 3 fois dans le texte : « si tu es le Roi des Juifs, le Messie, l’oint de Dieu sauve-toi toi-même ! » Jésus résiste à cette tentation de l’auto-rédemption ; il a confiance en son Père ; il se reçoit de lui jusqu’au bout.

En cela il est Roi, parce que le rôle du Roi est de renvoyer sans cesse à un Autre que lui-même. Et il associe le « bon larron » à cette formidable aventure : puisque ce criminel accepte de recevoir, d’être sauvé par un Autre, il lui sera beaucoup donné, dès aujourd’hui, en Paradis.

Faudrait-il être un peu larron pour devenir Roi ? Peut-être?, car « celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour »? comme l’affirmait Jésus en contemplant l’amour de la pécheresse qui justement lui versait un parfum précieux sur les pieds.

 

Que cette fête du Christ Roi nous aide à reprendre conscience de ce que l’onction d’huile sur notre front ne cesse d’opérer en nous depuis notre baptême : tu es le roi du monde, pour l’aimer, le chérir, à la manière du Christ, en Christ.

 

1ère lecture : David reçoit l’onction royale (2 S 5, 1-3)

Lecture du second livre de Samuel

Toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Nous sommes du même sang que toi ! Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, tu dirigeais les mouvements de l’armée d’Israël, et le Seigneur t’a dit : ‘Tu seras le pasteur d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël.’ »
C’est ainsi que tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël.

Psaume : Ps 121, 1-2, 3-4, 5-6a.7a

R/ Ton règne, Seigneur, est un règne de paix.

Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs : 
ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur, 
là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur.

C’est là le siège du droit, 
le siège de la maison de David.
Appelez le bonheur sur Jérusalem : 
« Que la paix règne dans tes murs ! »

2ème lecture : Dieu nous a fait entrer dans le royaume de son Fils (Col 1, 12-20)

Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Colossiens

Frères,
rendrez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part, dans la lumière, à l’héritage du peuple saint.
Il nous a arrachés au pouvoir des ténèbres, il nous a fait entrer dans le royaume de son Fils bien-aimé, par qui nous sommes rachetés et par qui nos péchés sont pardonnés.
Lui, le Fils, Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né par rapport à toute créature, car c’est en lui que tout a été créé dans les cieux et sur la terre, les êtres visibles et les puissances invisibles : tout est créé par lui et pour lui.
Il est avant tous les êtres, et tout subsiste en lui. 

Il est aussi la tête du corps, c’est-à-dire de l’Église. Il est le commencement, le premier-né d’entre les morts, puisqu’il devait avoir en tout la primauté.
Car Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.

Evangile : Le Roi crucifié (Lc 23, 35-43)

Acclamation : Alléluia. Alléluia. Béni soit le règne de David notre Père, le Royaume des temps nouveaux ! Béni soit au nom du Seigneur Celui qui vient ! Alléluia. (cf. Mc 11, 10)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc

On venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! »
Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Une inscription était placée au-dessus de sa tête : « Celui-ci est le roi des Juifs. »
L’un des malfaiteurs suspendus à la croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même, et nous avec ! »
Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu n’as donc aucune crainte de Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne. »
Jésus lui répondit : « Amen, je te le déclare : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Patrick Braud

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