Riches en miséricorde ?
Riches en miséricorde ?
Homélie du 2° dimanche de Pâques /Année C
11/04/2010
C’est Jean-Paul II qui a voulu faire de ce 2° Dimanche de Pâques un jour pour fêter la miséricorde divine.
« Voici que le Fils de Dieu, dans sa résurrection, a fait l’expérience radicale de la miséricorde, c’est-à-dire de l’amour du Père plus fort que la mort. Et c’est aussi le même Christ, fils de Dieu, qui, au terme – et en un certain sens au-delà même du terme – de sa mission messianique, se révèle lui-même comme source inépuisable de la miséricorde, de l’amour qui, dans la perspective ultérieure de l’histoire du salut dans l’Église, doit continuellement se montrer plus fort que le péché. Le Christ de Pâques est l’incarnation définitive de la miséricorde, son signe vivant : signe du salut à la fois historique et eschatologique. Dans le même esprit, la liturgie du temps pascal met sur nos lèvres les paroles du Psaume : Misericordias Domini in aeternum cantabo, « Je chanterai sans fin les miséricordes du Seigneur ». (Dieu riche en miséricorde, n° 8)
Effectivement, il y a un lien très fort selon l’évangile entre Pâques et le pardon, entre la résurrection du Christ et la miséricorde du Père.
Le premier mot du Ressuscité est le mot de paix : « la paix soit avec vous ». Cette paix du coeur qui ne s’obtient qu’en la recevant d’un autre qui nous aime.
Le don que le Ressuscité fait à son Église pour vivre de cette paix est l’Esprit.
Le Pape Jean-Paul II le décrivait ainsi :
« Comme les apôtres autrefois, il est toutefois nécessaire que l’humanité d’aujourd’hui accueille elle aussi dans le cénacle de l’histoire le Christ ressuscité, qui montre les blessures de sa crucifixion et répète : Paix à vous ! Il faut que l’humanité se laisse atteindre et imprégner par l’Esprit que le Christ ressuscité lui donne. C’est l’Esprit qui guérit les blessures du coeur, abat les barrières qui nous éloignent de Dieu et qui nous divisent entre nous, restitue la joie de l’amour du Père et celle de l’unité fraternelle. » (Homélie du 30 avril 2000).
La petite Pentecôte d’aujourd’hui est donc liée à la circulation du pardon entre nous, entre Dieu et nous.
Car l’Esprit, c’est la relation vivante, personnifiée.
Relation de profonde communion entre Jésus et celui qu’il appelle « Abba », Père.
Relation d’unité fraternelle entre les hommes qui se reconnaissent dans cette filiation partagée en Jésus.
Fêter le pardon à la lumière de Pâques, et Pâques à la lumière du pardon : voilà un enjeu existentiel de ce dimanche de la divine miséricorde !
Et qui a des conséquences très concrètes.
- Si renaître, c’est pardonner, alors comment rester dans des amertumes, des conflits, des silences meurtriers ?
- Si ressusciter, c’est être pardonné, pourquoi ne pas s’ouvrir à cette humble confiance envers Dieu et envers ceux avec qui la relation est difficile ?
- Si la miséricorde est le signe de la victoire sur la mort, comment la réserver à quelques-uns ?
- Si la relation vivante est plus importante que tout, pourquoi laisser des objets ou des choses matérielles nous éloigner les uns des autres ?
Dans chaque famille, il y a des sources de blessure, d’opposition, de friction, de séparation…
Que cette fête de la miséricorde renouvelle nos relations familiales !
Dans chaque communauté, professionnelle, amicale ou ecclésiale, il y a des pardons à échanger.
Que cette identification entre Pâques et la miséricorde divine nous pousse à voir autrement nos collègues, nos amis, nos communautés de vie, pour y pratiquer cette miséricorde, et devenir « artisans de paix ».
1ère lecture : La communauté des premiers chrétiens (Ac 5, 12-16)
À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul coeur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge,
et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi.
On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards : ainsi, quand Pierre passerait, il toucherait l’un ou l’autre de son ombre. Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais. Et tous, ils étaient guéris.
Psaume : Ps 117, 1.4, 22-23, 24-25, 26ab.27a.29
R/ Éternel est son amour !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’oeuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire !
Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !
Dieu, le Seigneur, nous illumine.
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
2ème lecture : « Je suis le Vivant : écris ce que tu vois » (Ap 1, 9-11a.12-13.17-19)
Moi, Jean,votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus, je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus.
C’était le jour du Seigneur ; je fus inspiré par l’Esprit, et j’entendis derrière moi une voix puissante, pareille au son d’une trompette.
Elle disait :« Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises : à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée. »
Elle disait :« Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure. »
Je me retournai pour voir qui me parlait. Quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d’or ;
et au milieu d’eux comme un fils d’homme, vêtu d’une longue tunique ;une ceinture d’or lui serrait la poitrine ;
Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier,
je suis le Vivant : j’étais mort,mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts.
Écris donc ce que tu auras vu : ce qui arrive maintenant, et ce qui arrivera ensuite. »
Evangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jn 20, 19-31)
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! »
Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur.
Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. »
Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint.
Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu.
Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! »
Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. »
Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »
Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
1l y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre.
Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom.
Patrick BRAUD